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  • Russie Europe Etats-Unis : l'analyse d'Emmanuel Todd

    Présenter une analyse des développements récents dans les affaires du monde ne signifie pas nécessairement adhérer aux présupposés idéologiques de celui qui en est l'auteur, et la présentation d'éléments différents de nos "habitudes intellectuelles" peut apporter un éclairage enrichissant. Il est aussi intéressant de constater qu'une approche différente amène à certaines conclusions convergentes.

    Dans cet esprit nous vous proposons un entretien récent donné par Emmanuel Todd à Atlantico, et repris par l'excellent Dissonance, d'Alexandre Latsa.

    Atlantico : Après avoir un temps cru à l’émergence d’une démocratie modèle en Ukraine, les chancelleries européennes et américaines semblent avoir été prises de court par la diplomatie de Moscou et les mouvements dans l’Est du pays. En quoi l’engagement de l’Occident a-t-il pu reposer sur un malentendu ?

    Emmanuel Todd : Lorsque je repense à cette crise, je m’étonne de voir qu’elle ne s’inscrit pas dans la logique qui était en train de se dessiner en Europe jusqu’ici. Le début du XXIe siècle avait été marqué par un rapprochement des «Européens» et des Russes, avec l’établissement de positions communes assez fortes dans des moments de crise. On se souvient de la conférence de Troyes en 2003, où Chirac, Poutine et Schroeder avaient manifesté ensemble leurs refus de l’intervention américaine en Irak. Cet événement laissait l’impression d’un Vieux Continent évoluant globalement vers la paix tandis que l’Amérique de Georges W.

    Bush, fidèle à la ligne Brzezinski, restait dans un esprit de confrontation à l’égard de Moscou en s’appuyant sur d’anciens satellites soviétiques, avec les Pays baltes et la Pologne comme partenaires anti-russes privilégiés. 

    L’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche a coïncidé avec un retournement de la posture américaine. Sa ligne, telle que je la percevais à l’époque, était d’apaiser les tensions avec l’Iran et la Russie pour mieux pouvoir engager le fameux «pivot» vers l’Asie où réside la menace de long-terme pour la puissance américaine.Ce retrait de Washington aurait dû renforcer la volonté des Européens, et particulièrement des Allemands, de se rapprocher de Poutine pour parachever un grand partenariat commercial, énergétique et industriel.

    Aurait ainsi pu se dessiner une Europe d’équilibres basée sur un moteur franco-germano-russe. Il est difficile de contester que l’Histoire a pris une toute autre direction : nous sommes en pleine confrontation entre la Russie et l’Union européenne, désormais sous leadership économique et diplomatique allemand.

    Ce renversement s’explique  je crois par un changement rapide de la posture allemande. On me déclare souvent germanophobe mais je ne pense être ni insultant, ni très loin de la vérité, en diagnostiquant que les élites de ce pays souffrent d’une certaine «bipolarité»psychologique et historique dans leurs rapports avec la Russie, hésitant, oscillant sans cesse entre bienveillance et conflit. Cette dualité est manifeste dans le glissement de Bismarck à Guillaume II, le premier souhaitant devenir le partenaire de l’Empire des Tsars, le second rentrant brutalement dans l’engrenage menant à 1914. Dans une séquence encore plus courte, nous aurons le Pacte Molotov Ribbentrop d’août 1939 , rapidement annulé par l’invasion par Hitler de la Russie en 1941. Les historiens évoqueront-ils un jour un basculement de Schröder à Merkel?

    C’est bien l’Allemagne qui désormais fait le jeu du côté occidental, mais un jeu hésitant entre phases agressives et moments de repli durant lesquels elle reprend sa posture conciliante, moments il est vrai de plus en plus brefs. C’est bien le voyage en Ukraine du ministre allemand des Affaires étrangères, Steinmeier, qui a marqué le début de la séquence actuelle. La présence de son homologue polonais Sikorski à Kiev était comme la garantie d’une posture agressive de la mission. On ne peut jamais soupçonner la Pologne de bipolarité vis-à-vis de la Russie : son hostilité est stable, atemporelle, une sorte de manie qui ne fait jamais place à la dépression.

    Laurent Fabius, fidèle à lui-même, ne savait sans doute pas ce qu’il faisait-là. Un Rainbow Warrior de plus à sa collection.

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    Paula Corbulon

  • Rabbins et juifs antisionistes se joignent à la manifestation de soutien à Gaza…

    Manif contre intervention israélienne / Montréal – Canada 11 juillet 2014

    Montréal – alors que la menace d’une intervention terrestre se fait de plus en plus pressante sur la bande de Gaza. Continuer la lecture 

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Hervé Juvin : la fin de la mondialisation et le retour des identités

    « Ce que j’appelle « grande séparation », c’est cet espoir un peu fou, très largement dominant aux Etats-Unis, notamment à travers le transhumanisme, de s’affranchir totalement de la condition humaine. » (Hervé Juvin)

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – On croyait que la mondialisation conduirait à l’uniformisation du monde sous la bannière du modèle occidental. Mais l’auteur de La grande séparation montre que celle-ci réveille au contraire les particularismes identitaires.(Figaro Vox)

    Figarovox: Votre livre s’intitule La grande séparation. Qu’est-ce que cette grande séparation? De quoi nous séparons nous ?

    Hervé Juvin : La condition politique repose sur la séparation des groupes humains qui assure leur diversité. Jusqu’ici cette séparation entre les hommes provenait de la langue, des mœurs, des lois et des cultures, et se traduisait par le phénomène universel de la frontière: on traçait des séparations matérielles entre «nous» et les «autres». Il s’agissait d’une séparation géographique, matérielle, et horizontale. La Nation était la traduction politique de cette séparation. Depuis une trentaine d’années, on assiste à un phénomène nouveau, une forme de transgression qui se traduit par le «tout est possible» ou «le monde est à nous». Tout cela est en train de faire naitre une nouvelle séparation qui bouleverse radicalement tout ce qui faisait le vivre-ensemble et le faire société. Ce que j’appelle «grande séparation», c’est cet espoir un peu fou, très largement dominant aux Etats-Unis, notamment à travers le transhumanisme, de s’affranchir totalement de la condition humaine. L’ultra-libéralisme, l’hypertrophie du capitalisme financier, le retour du scientisme sont l’une des faces d’un visage dont le transhumanisme, la transexualité, le transfrontiérisme sont l’autre face. Il faut en finir avec toutes les limites, toutes les déterminations de la nature. Ainsi Google a pour objectif affiché de lutter contre la mort à travers sa filiale Calico. L’idéologie transgenre veut que chaque homme et chaque femme puissent choisir leur sexe. Des entreprises très «humanistes» comme Goldman Sachs remboursent les opérations de changement de sexe de leurs employés!

    Cette idéologie des «trans» vise à construire un homme hors-sol, délié de toute origine, et déterminé uniquement par sa propre volonté. C’est le retour du mythe de l’homme nouveau appuyé sur un délire scientiste qui voudrait que chacun soit à lui-même son petit Dieu autocréateur, pur produit de son désir, de ses intérêts ou de sa volonté propre. C’est cela, la grande séparation: la fabrique d’un homme sans origines, sans liens et sans foi, mais qui à chaque instant se choisit lui-même et choisit qui il est.

    «Plus rien ne nous est étranger», tel est le résultat de la mondialisation. Pourtant à mesure que l’on cherche à détruire le même, l’autre revient toujours plus fort. L’uniformisation a pour conséquence un retour des particularismes. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

    On peut considérer qu’à bien des égards la mondialisation est achevée. J’ai la chance de voyager beaucoup dans le monde: il n’y a plus de jungles, de mangroves, de déserts, aussi perdus soient-ils où vous n’avez pas des gens qui sortent un téléphone portable de leur poche. La mondialisation des outils techniques – pour la plupart conçus en Occident – est à peu près aboutie. Le phénomène auquel on ne s’attendait pas, ce que j’appelle dans mon livre «l’aventure inattendue», c’est que l’uniformisation du monde est en train de réveiller les différences. L’exemple le plus frappant est celui de l’islam radical. Malraux parlait de «l’invincible sommeil de l’islam»: il y a trente ou quarante ans, l’islam était quelque chose d’endormi, d’immobile et d’assez pacifique. On peut dire ce qu’on veut sur les dérives extrémistes de l’islam, mais une chose est sûre: le retour (et dans certains cas l’invention) d’un fondamentalisme musulman (pratiques, cultes et doctrines rigoureux et agressifs) est généralement le produit direct d’une confrontation avec la modernité occidentale. Ceux qui vont combattre le djihad, en Syrie ou ailleurs, ceux qui ont commis des attentats en Occident, notamment le 11 septembre, n’étaient pas des pauvres sans boulot ni éducation, mais des ingénieurs, des gens diplômés, parfaitement intégrés à la civilisation moderne. Il est intéressant de voir qu’une partie des mouvements fondamentalistes en Afrique – je pense notamment à Boko Haram – sont directement l’effet de l’agression de sociétés traditionnelles par les évangélistes et les missionnaires financés souvent par les fondations américaines. La mondialisation, dans laquelle on a voulu voir une homogénéisation du monde est en train de déboucher sur son contraire: le retour des particularismes identitaires, des singularités, et plus généralement un retour du «nous».

    L’illusion du multiculturalisme du «village monde» a-t-elle vécu ?

    Depuis 40 ans on avait assisté à la proclamation de l’individu absolu, sans aucune appartenance, seul face au monde. On a aujourd’hui un retour de bâton de la réalité: on ne vit pas riche et seul dans un océan de ruines, on ne vit bien que quand on sent qu’on appartient à un ensemble, à un groupe, quand on est dans le faire-société avec d’autres, et c’est probablement ce que cette phase très déroutante de la mondialisation est en train de nous révéler.

    Est-ce à dire que chacun va retourner chez soi et se confiner dans le séparatisme ethnique ?

    Quelle forme la séparation politique va-t-elle prendre en réaction à cette grande séparation? Difficile de le dire. Mais ce qu’il est important de comprendre c’est qu’on ne peut dire «nous» que lorsqu’on a déterminé qui sont les «autres». Il y a quelque chose de profondément mensonger et dangereux dans la grande séparation qui fait de tous les hommes sont les mêmes – les hommes réduits à l’idiot utile des économistes! Si tous les hommes sont les mêmes, je suis absolument isolé, seul et incapable de dire «nous». Dans la plupart des pays occidentaux, on assiste à cet isolement croissant des individus, qui n’ont plus de repères, plus de structures, plus de capacité à dire «nous». Pour dire «nous», il faut qu’il existe des «autres» qui ne sont pas appelés à devenir les mêmes. Nos amis américains disent volontiers: tout homme ou femme sur cette terre n’aspire qu’à une chose: devenir un américain comme les autres. C’est la négation absolue de l’altérité. C’est aussi l’inverse du respect pour l’Autre, celui qui ne sera jamais le même, celui qui à ce titre m’aide à sentir mon identité. La paix dans le monde repose sur l’idée inverse: indépendance et différence. J’ai trop longtemps vécu et travaillé à Madagascar, eu des amis marocains, fréquenté l’Inde, je respecte trop les Malgaches, les Marocains, les Indiens, pour vouloir qu’ils deviennent des Français comme les autres. Ils ont leurs identités, leurs coutumes religieuses, leurs mœurs, qui sont éminemment respectables: au nom de quoi puis-je dire que je suis supérieur à eux? Quel droit m’autorise à dire que l’avenir d’un malgache, d’un marocain ou d’un hindou est de devenir un Français comme moi?

    C’est quelque part le crime de l’universel: de penser que ce qui est bon pour moi est bon pour le reste de l’humanité.

    Oui, mais nier l’universel, n’est-ce pas nier le propre de la culture européenne ?

    C’est le grand débat des Lumières et de la prétention au règne universel de la raison. L’idée que nous, Occidentaux, Européens, Français, Américains, aurions mis en place depuis les Lumières un modèle idéal de vie pour l’humanité, entre la croissance économique et la révolution industrielle, la démocratie et les droits de l’homme. Je ne le crois absolument pas. Je crois que d’autres sociétés qui vivent avec d’autres lois, d’autres mœurs, selon d’autres règles, ont su offrir les conditions du bonheur à leurs habitants. Je ne souscris pas à l’idée selon laquelle notre régime politique, notre musique, notre art, notre culture seraient le point d’aboutissement de l’humanité vers lequel tous les autres peuples devraient converger. Il y a une voie chinoise, une voie hindoue, des voies africaines, qui feront des sociétés équilibrées et heureuses, sûres de leurs identités, différentes de la voie américaine ou de la voie européenne.

    Toutes les civilisations se valent, alors? Il n’y a pas de valeurs transcendantes, pas de droits de l’homme, pas d’universel… L’excision et le mariage forcée des petites filles est de même valeur que la quasi égalité hommes-femmes en Occident ?

    On a le droit de défendre un système de valeurs qu’on croit universel. Vous n’allez pas me faire dire que je suis pour la lapidation! Personne évidement ne peut souhaiter être mis en détention sans jugements, être torturé, etc… Mais on ne peut pas ne pas constater les désastres que produit l’imposition par le haut du modèle occidental dans les sociétés traditionnelles. L’universalisme européen et américain n’a abouti qu’à des champs de ruines: en Afrique, en Afghanistan, en Irak, en Libye… Et la folle course en avant du développement menace la survie de l’humanité ; au nom de quoi arracher ces millions d’hommes qui vivaient hors de l’économie du capitalisme, de l’accumulation, dans un équilibre avec la nature, pour les précipiter dans un système qui détruit les biens vitaux et les services gratuits de la nature?

    Les motifs humanitaires masquent souvent des ingérences guerrières. Le «droit au développement» masque l’agression impitoyable de l’obligation de se développer, qui a fait des ravages en Asie et en Afrique. Les limites à l’universel ne sont pas seulement morales, mais physiques. La pénétration sans limites d’internet répand dans des populations entières des rêves qu’elles n’auront aucun moyen de satisfaire, à moins de faire exploser la planète. Il est impossible que 9 milliards d’humains vivent comme un Américain moyen. Ne pas se rendre

    compte de cela, c’est créer les conditions d’une humanité frustrée. Non seulement cet universalisme sème les graines du malheur, mais il est contre-productif: plus il essaie de s’imposer, plus il réveille des particularismes de plus en plus agressifs.

    C’est là un point essentiel en géopolitique aujourd’hui: l’agression des modèles universels réveille les logiques de la différence politique. Je cite dans mon livre celui que je considère comme le plus grand ethnologue du XXe siècle Elwin Verrier, pasteur britannique marié avec une fille de la tribu des Muria: au bout de quarante ans passés à côtoyer les tribus indiennes, il a abouti à la conclusion suivante: laissons les vivre comme ils sont, hors du développement économique. Mêlons-nous de ce qui nous regarde: sagesse qui nous éviterait bien des bêtises!

     Eugénie Bastié
    4/07/2014

    Hervé Juvin est un écrivain et essayiste français. Il poursuit un travail de réflexion sur la transformation violente de notre condition humaine qui, selon lui, caractérise ce début de XXIe siècle. Il est par ailleurs associé d’Eurogroup Consulting. Son dernier livre La grande séparation, pour une écologie des civilisationsa été publié aux éditions Gallimard (Le Débat, 2014).

    Source : FIGARO VOX > VOX MONDE

    Voir aussi :

    « La Grande Séparation. Pour une écologie des civilisations » de Hervé Juvin
     
    (Georges Feltin-Tracol)

    « La Grande Séparation » de Hervé Juvin (Bruno Guillard)

    « Le renversement du monde/ Politique de la crise » de Hervé Juvin

    Le retour à l’identité (édito 05/08)

    L’identité vue par Samuel Huntington et Alain de Benoist

    L’identité nationale selon Huntington

    http://www.polemia.com/herve-juvin-la-fin-de-la-mondialisation-et-le-retour-des-identites/

  • Les quatre vertus cardinales allemandes : méthode, sérieux, continuité, sens du collectif

    Heine a tout dit, voilà 150 ans, de la formidable et parfois inquiétante efficacité des Allemands. « C’est la méthode »   

    Pardonnez-moi, Seigneur, parce que j’ai pêché. Je ne communie pas dans la passion footballistique et je ne partage pas la ferveur populacière pour nos dieux du stade. Né dans un pays recouvert de neige six mois par an, j’avais quelques excuses pour préférer le ski ou la montagne, ou la voile plus tard. Les joueurs de balles n’en restent pas moins les héros de notre temps et le football un phénomène social. On peut aussi regarder un match de foot ou de rugby avec plaisir tout en songeant que les héros d’épopée d’autrefois avaient bien plus d’allure.

    Dans un article avant la finale, le Monde nous renseignait sur les raisons tactiques des succès de la Mannschaft. Ce sont quatre vertus qui expliquent les réussites sportives, économiques ou politiques de l’Allemagne, participant du génie de son peuple ou de l’éthos de la nation : la méthode, le sérieux, la continuité, le sens collectif.

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  • Food, Inc les alimenteurs

    Ce reportage décortique les rouages d’une industrie qui altère chaque jour notre environnement et notre santé. Des immenses champs de maïs aux rayons colorés des supermarchés, en passant par des abattoirs insalubres, un journaliste mène l’enquête pour savoir comment est fabriqué ce que nous mettons dans nos assiettes. Derrière les étiquettes pastorales de « produits fermiers », il découvre avec beaucoup de difficulté le tableau bien peu bucolique que les lobbys agro-alimentaires tentent de cacher : conditions d’élevage et d’abattage du bétail désastreuses, collusion entre les industriels et les institutions de régulation, absence de scrupules environnementaux, scandales sanitaires… Éleveurs désespérés, experts indépendants, entrepreneurs intègres et défenseurs du droit des consommateurs esquissent, chacun à leur manière, le portrait d’une industrie qui sacrifie la qualité des produits et la santé de ses clients sur l’autel du rendement.

    http://www.contre-info.com/

  • L’arbre qui cache la forêt

     

    A l’occasion de notre fête nationale et du traditionnel défilé du 14 juillet, la lettre de l’Association de Soutien à l’Armée Française (ASAF) relevait avec raison que  « La France doit placer son indépendance et sa cohésion au-dessus des divisions, des dilutions et des repentances ; elle doit se rassembler pour sortir de la crise et s’opposer à la  disparition historique  de son armée qui constitue depuis des siècles un élément central de son identité. Les Français doivent s’unir et faire front comme nos aïeux le firent, il y a 100 ans, au cours de la Grande Guerre, avec un courage qui étonna le monde ». La paupérisation de notre outil  militaire, constatée au premier rang par  nos soldats engagés actuellement au Mali dans des conditions logistiques et matérielles au bord de la rupture,  à des conséquences directes sur l’indépendance et la capacité de notre pays à défendre ses intérêts. Intérêts que les Français ne défendent jamais aussi bien que quand ils votent FN et le sursaut patriotique qui s’est manifesté   dans les urnes ces derniers mois laisse augurer des jours meilleurs.

     Ringard la défense de la nation ? L’enquête menée le 25 mai par Harris Interactive selon la méthode des quotas sur le vote des 18-35 ans avait  montré que si l’abstention  est très élevée au sein  de cette tranche d’âge (74%!),  les jeunes avaient aussi  majoritairement voté FN aux européennes selon un sondage de l’institut Ipsos 

     Après Libération,  Le Figaro rapportait le 10 juillet sur son  site une autre percée du vote FN dans ce qui était aussi appréhendée  jusqu’alors comme une « chasse gardée » de la  gauche, à savoir la fonction publique. « Le  succès du Front National parmi les fonctionnaires est une relative nouveauté » et une proche de Martine Aubry comme « Marylise Lebranchu s’en inquiète ». Le  ministre chargée de la Fonction publique   a  donc « organisé un débat sur la question en invitant des spécialistes des fonctionnaires et de l’extrême droite. Luc Rouban (directeur de recherches au CNRS, collaborateur du CEVIPOF, NDLR)  et Joël Gomblin (membre de l’Observatoire des radicalités, NDLR)  ont été invités pour livrer un constat et donner des pistes pour endiguer la montée du Front National ».

     « À la dernière présidentielle, Marine Le Pen a séduit 30% des fonctionnaires de catégorie C. Elle pointe également à 5% chez les enseignants et 6% chez les cadres, selon les chiffres du quotidien (Libération du 7 juillet, NDLR). Des données en nette augmentation qui se rapprochent de plus en plus du vote de la population totale».

     Le Figaro citait Mme Lebranchu: « Si nos politiques produisent des résultats, est-ce qu’on réussira (…) faire refluer (le FN)?». «Le FN est un parti qui a un langage de défense absolu des fonctionnairesy compris des enseignants». «Je ne sais pas à quel point le mal est profond et si on va réussir à avancer. Ma question, c’est: comment donner une forme d’espoir?,essaie de conclure avec enthousiasme (sic)  Marylise Lebranchu ».

     De l’espoir, François Hollande a essayé hier d’en donner en s’adressant aux Français, annonçant notamment qu’il ne renonçait pas à une autre réforme sociétale, à savoir accorder à la fin de son mandat en 2017 le droit de vote aux aux élections locales aux  immigrés non communautaires. Le PS a d’ores et déjà annoncé la  mise en place cet automne d’un Comité national pour le droit de vote des étrangers.  Pour que cela puisse se faire a déclaré M. Hollande, il faudrait arriver à un large consensus. Toute modification de la Constitution  implique en effet  d’être approuvée par  les suffrages des trois cinquième des députés et  sénateurs.

     Gageons qu’une très large fraction des Français y étant opposée, peu de dirigeants et de candidats  de l’UMPS se mouilleront pour réclamer ladite réforme à quelques mois de la présidentielle…A la tête  du MRC depuis que Jean-Pierre Chevènement a passé la main,  Jean-Luc Laurent , dans un communiqué en date du 9 juillet , expliquait que son petit parti était « défavorable à cette campagne nostalgique ».

     « Souvent présenté comme un progrès démocratique, l’octroi du droit de vote aux étrangers aux élections locales aurait en réalité pour effet la création de citoyens de seconde zone, contraire au modèle républicain de notre pays qui lie étroitement citoyenneté et nationalité. La citoyenneté n’a pas vocation à être  saucissonnée : elle constitue un ensemble indivisible de droits et devoirs. La France n’a pas besoin ni d’une sous-citoyenneté ni d’une citoyenneté locale. C’est par une politique active de la nationalité que nous donnerons légitimement le droit de vote à tous désirent devenir françaisAvec les personnes immigrées et leurs enfants, la République doit se donner les moyens de pleinement fabriquer des Français ».

     Difficile de ne pas voir en effet que le cocktail immigration massive-droit du sol-regroupement familial  fabrique des Français de papier à grande cadence. Ce qui pour le coup n’émeut guère MM. Chévènement, Laurent et consorts.  Une réalité, autrement plus préoccupante,  que le débat qui s’annonce  sur le droit de vote des immigrés ne doit pas cacher affirme Bruno Gollnisch.

    http://gollnisch.com/2014/07/15/larbre-cache-foret/

     

  • Avocats et notaires, nouvelles cibles du gouvernement : la paille et la poutre

    Sous le prétexte de rendre « six milliards d’euros de pouvoir d’achat aux Français », Arnaud Montebourg et le gouvernement socialiste envisagent de s’attaquer de diverses manières aux professions réglementées : avocats, notaires, greffiers, huissiers, dentistes, auto-écoles…

    Six milliards d’Euros, c’est moins que ce que les États-Unis viennent de voler aux épargnants et clients de la banque française BNP-Paribas, sans que M. Montebourg ni ses collègues ne bougent le petit doigt !

    La grande majorité de ces professions libérales et officiers ministériels ne peut être ainsi jetée en pâture à la vindicte populaire comme syndrome de la « rente et du monopole ». Il y a eu des abus, mais bien moins que dans des secteurs laissés à une concurrence anarchique. L’encadrement de ces professions est un gage de sécurité et de responsabilité. Les notaires par exemple sont solidairement responsables des fautes qu’un des leurs aurait pu commettre.

    Cédant en fait une fois de plus aux directives de Bruxelles, ce nouveau gage permet de camoufler l’incapacité de nos gouvernants à laisser respirer entrepreneurs ou ménages pressurés par une fiscalité indécente.

    Car 6 milliards d’Euros, c’est aussi 8 fois moins que les 47 milliards d’intérêts de la dette nationale, qui absorbent chaque année la quasi totalité de ce que l’impôt sur le revenu rapporte à l’État. Comme ne cesse de le rappeler Marine Le Pen, Droite et Gauche offrent aux banques privées ces redevances, s’interdisant depuis 1973 d’emprunter à la Banque de France.

    Ils voient la paille dans l’œil de l’autre, mais refusent de voir la poutre qui est dans le leur.

    http://gollnisch.com/2014/07/11/avocats-et-notaires-nouvelles-cibles-du-gouvernement-paille-et-poutre/

  • La véritable histoire du 14 juillet

    Figarovox - 11/07/2014

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Pourquoi le 14 juillet est-il devenu notre fête nationale ? Depuis quand ? L'historien Jean Sévillia nous raconte les dessous de cet événement symbolique et les enjeux de sa commémoration.

    FigaroVox - Depuis quand et pourquoi le 14 juillet est-il devenu notre fête nationale ? Que commémore-t-on exactement ?

    Jean Sévillia - C’est en 1880 que le 14 juillet est devenu fête nationale. Reprenons le contexte. En 1871, après l’effondrement du Second Empire et la défaite face aux Prussiens, se met en place, avec une majorité royaliste élue au suffrage universel, un régime d’attente, fait pour préparer la restauration de la monarchie, restauration qui n’aura pas lieu en raison de la division entre légitimistes et orléanistes et du refus du comte de Chambord, l’aîné des Bourbons, de composer avec les principes issus de la Révolution. Faute de roi s’installe une République conservatrice, la République des ducs (Mac-Mahon, Broglie, etc.)  En 1876, les républicains de conviction obtiennent la majorité à l’Assemblée. En 1877, ils forcent le Président conservateur, Mac-Mahon, à se soumettre en acceptant la prééminence du pouvoir législatif sur le pouvoir exécutif. En 1879, le Sénat passe aux républicains et Mac-Mahon démissionne. Commence alors la République des Jules (Simon, Grévy, Ferry), la République des républicains.

    Sous le Second Empire, on fêtait la Saint-Napoléon le 15 août, date de l’Assomption, grande fête mariale dans l’Eglise catholique, fête confortée, en 1854 par la proclamation du dogme de l’Immaculée-Conception par le pape Pie IX. Le 15 août était donc la fête nationale de la France sous Napoléon III. Symboliquement, quand ils arrivent au pouvoir, en 1879, les républicains veulent donc instaurer une fête nationale qui soit en accord avec le projet politique dont ils sont porteurs : républicaniser la France, la couper de l’influence de l’Eglise. Depuis 1872, le parti républicain organisait des manifestations privées à la date du 14 juillet. Lors d’un discours prononcé le 14 juillet 1872 à la Ferté-sous-Jouarre, Gambetta avait ainsi exalté le souvenir de la prise de la Bastille, affirmant que le peuple de Paris ne s’était pas levé « pour renverser une Bastille de pierre, mais pour détruire la véritable Bastille : le Moyen-Age, le despotisme, l’oligarchie, la royauté ».

    La loi promulguée le 6 juillet 1880 annonce que « la République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle ». Le choix de cette date, en réalité, ratifie une pratique antérieure du parti républicain, mais en jouant sur la double signification du 14 juillet : les radicaux commémorent la prise de la Bastille (14 juillet 1789), tandis que les modérés, à qui la violence révolutionnaire fait peur, préfèrent se souvenir de la Fête de la Fédération (14 juillet 1790).

    Dès lors, ce choix fera-t-il l'objet d'un consensus ?

    En 1880, le 14 juillet ne fait pas l’unanimité. Ni les conservateurs, qui n’ont accepté la République que par défaut, ni les catholiques, heurtés de front par l’anticléricalisme gouvernemental, anticléricalisme qui restera le ciment du parti républicain jusqu’en 1914, ne sont prêts à commémorer un événement révolutionnaire. Jusqu’à la Grande Guerre, le 14 juillet, à l’instar de l’école laïque de Jules Ferry, restera idéologiquement marqué : il est un symbole républicain, c’est-à-dire de gauche, anticlérical et patriotique au sens des Volontaires de l’An II. Peu à peu, toutefois, il deviendra une fête populaire, avec ses bals et ses lampions.

    Le 14 juillet 1919 voit le défilé de l’armée française victorieuse, derrière Joffre et Foch, avec des détachements de tous les pays vainqueurs. Les deux France se retrouvent dorénavant dans un 14 juillet qui revêt plus une signification militaire et nationale que politique.  La politique revient le 14 juillet 1935 avec le défilé politico-syndical des organisations de gauche, prélude au défilé unitaire du 14 juillet 1936 qui rattache le Front populaire au mouvement de 1789.

    Le 14 juillet 1945, c’est de nouveau un défilé de la victoire. A l’exception de 1989 et du défilé du Bicentenaire griffé par le couturier Jean-Paul Goude, la fête nationale s’est éloignée de sa source originelle. Elle n’est plus qu’une fête militaire, chérie du grand public, une fête populaire, avec ses feux d’artifice et encore ses bals de pompiers, et un micro-événement politique pour les amateurs de « petites phrases », dans les années où le chef de l’Etat parle à la télévision… Les restrictions budgétaires ont enterré la garden-party, qui était en passe de devenir une tradition mixte, à la fois républicaine dans la mesure où tout citoyen, virtuellement, pouvait être amené à fouler les pelouses de l’Elysée, et monarchique dans l’autre mesure où il fallait une invitation du Château pour y participer.

    On a fait de la prise de la Bastille l’élément fondateur marquant le début de la Révolution française. Est-ce vrai ? Est-ce réellement la borne qui marque « le début de la fin d’un monde » ?

    Le 20 juin 1789, quand les députés du tiers-état qui se sont proclamés les mandataires de toute la population française, excluant de la représentation nationale la noblesse et le clergé, se rassemblent dans la salle du Jeu de Paume, à Versailles, et font serment de ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution à la France, la Révolution commence vraiment, puisque les institutions qui maintenaient l’ancienne France deviennent caduques. Il en est de même pour le 4 août 1789, où ce qu’on appelle improprement «  l’abolition des privilèges », privilèges qui représentaient en réalité l’organisation socio-territoriale de droit coutumier de l’Ancien Régime, marque l’entrée dans un monde nouveau.Le 5 et 6 octobre 1789, quand la foule ramène la famille royale à Paris et que le roi est prisonnier de la révolution parisienne, marque aussi la fin d’un monde.

    La prise de la Bastille était-elle un mouvement populaire spontané, une révolte plébéienne contre l’arbitraire, ou bien une manipulation des masses orchestrée par le haut ?

    Le 12 juillet 1789, Camille Desmoulins appelle les Parisiens à prendre les armes. Le 14 juillet au matin, quelques milliers d’émeutiers envahissent les Invalides, et prennent armes et canons. A l’autre bout de Paris, la Bastille, prison d’Etat dénoncée par les libellistes comme un symbole de l’arbitraire royal, est assaillie non par la population spontanément mobilisée, mais par une bande d’agitateurs qui ont préparé l’opération. Del’édifice sont extraits, en fait de victimes de l’absolutisme, sept prisonniers, dont quatre faussaires, deux fouset un débauché. Le gouverneur Launey, qui a capitulé devant l’émeute et qui a été conduit à l’Hôtel de Ville, est assassiné avec Flesselles, le prévôt des marchands, leurs corps étant dépecés et leurs têtes placées au bout d’une pique. 83 assaillants ont péri dans l’assaut. Le premier sang de la Révolution a coulé. L’opération a été orchestrée, mais elle a revêtu tout de suite un sens politique et une dimension symbolique.

    On évoque souvent les mots de Louis XVI dans son journal le jour de cet événement historique : 14 juillet : rien, pour montrer l’aveuglement et la nonchalance du roi. Comment se fait-il que ce dernier ne se soit pas rendu compte de l’importance de l’évènement ?

    Rappelons d’abord que ce « rien » consigné par Louis XVI dans son carnet désignait son tableau de chasse, vide en l’occurrence puisqu’il n’avait pas chassé ce jour-là. Il est néanmoins exact que le roi n’a pas tout de suite pris la mesure de ce qui s’est passé à la Bastille, d’où le dialogue, authentique ou apocryphe, survenu lorsqu’on lui a raconté les événements : « Mais c’est une révolte ? – Non, Sire, c’est une Révolution ! ». Horrifié par le récit de la mort de Launey et Flesselles, Louis XVI sera conforté dans son refus de verser le sang, disposition d’esprit qui va lui dicter sa conduite face à la Révolution.

    Le 14 juillet peut-il être le moment permettant la réconciliation des deux histoires de France, révolutionnaire et contre-révolutionnaire, dans la « République, notre royaume de France » chère à Péguy ?

    La question me semble un peu dépassée, dans la mesure où la vie politique française ne s’organise plus du tout autour de l’axe pour ou contre la Révolution. Le débat sur la Révolution n’est pas épuisé intellectuellement, mais il n’a pas de traduction politique immédiate. En sens inverse, le 14 juillet d’aujourd’hui n’a pratiquement rien à voir avec la Révolution, ce qui était déjà le cas en 1989, lors du défilé du Bicentenaire évoqué plus. Encore une fois, le 14 juillet n’est plus que la fête de l’armée, ce qui déplace le débat : le rituel militaire est-il vraiment compris dans une époque où le patriotisme n’est plus enseigné, où l’armée est invitée à se battre pour les droits de l’homme et non pour le territoire national ou les intérêts extérieurs du pays, et où le sens du sacrifice renvoie à une morale en voie de disparition ?

    Propos recueillis par Eugénie Bastié

    http://www.jeansevillia.com/index.php?page=fiche_article&id=355

  • « Le cosmopolitisme, voilà l’ennemi »

    Il s’agit d’une idéologie fort ancienne, qui revêt aujourd’hui un caractère semi-religieux, qui a ses croyants et ses « mécréants »

    Les années 1970 marquent une fracture spectaculaire dans notre histoire : en un millénaire, jamais un régime n’avait, comme l’a fait celui des quarante dernières années, sacrifié la France à une idéologie. Cette idéologie, c’est le cosmopolitisme voulu, avec la complicité des élites françaises, par la superclasse mondiale et l’empire américain : un cosmopolitisme qui livre depuis quarante ans une guerre sans merci à la nation, la famille, l’éducation, la langue, la religion ; une idéologie qu’il faut dénoncer comme telle et combattre sans faux semblant. Un texte lumineux de Pierre Milloz.

    Polémia.

    La manière dont la France est gouvernée depuis une quarantaine d’années l’efface peu à peu de la scène de l’histoire universelle. Ses dirigeants ont cessé de poursuivre prioritairement ce qui aurait dû être leur objectif majeur : l’identité, le rayonnement, la pérennité de la nation dont ils ont la charge. Ils ont, au contraire, donné la priorité à des mesures tendant à mettre en œuvre une idéologie peu compatible avec cet objectif : le cosmopolitisme.

    Il s’agit d’une idéologie fort ancienne, qui revêt aujourd’hui un caractère semi-religieux, qui a ses croyants et ses « mécréants » (au sens étymologique du terme). Certes, elle n’a pas l’ambition d’expliquer le monde et elle ne promet aucun au-delà. Mais elle prétend offrir à l’homme un destin, un idéal terrestre.

    Elle lui propose en effet de travailler à créer un univers rénové, où les hommes pourront se réunir sur toute la surface du globe comme une seule famille, en une vaste communauté éprise de paix, fraternelle et égalitaire, où l’amour de l’ «autre» s’épanouira, où sera prohibée toute forme de domination et de discrimination et au sein de laquelle l’homme pourra enfin pleinement exercer cette faculté qui est propre à son espèce : la liberté (*).

    Détruire les traditions par la contrainte

    Pour accéder à ce nirvana, évidemment fondé sur la foi en la bonté de l’homme et sur la négation du péché originel, le croyant cosmopolite ne se dissimule pas qu’il faudra bien des combats. C’est qu’en effet les « mécréants » constituent pour le moment l’immense majorité de l’humanité. Peu convaincus de la bonté essentielle de l’homme, ils estiment que ce projet grandiose n’est qu’une utopie dangereuse. Pour eux, la société est forcément fondée sur des valeurs et des traditions établies sur des réalités. Ils constatent notamment que l’affectivité se porte davantage vers les proches (nation, terroir, famille, amis) que vers l’ « autre »; que l’humanité est divisée en groupes homogènes (nations, tribus, ethnies) dotés de leurs propres langues et plus portés à s’affirmer qu’à fusionner ; que l’homme doit voir sa liberté encadrée pour que soient régulés ses penchants et instincts mauvais (Etat, famille, école, religion). Autant dire que ces valeurs et traditions, attachées à ces réalités, sont incompatibles avec le grand dessein.

    Pourtant elles ne sont pas figées, elles pourraient évoluer dans le sens souhaité par le cosmopolite, surtout s’il y aidait. Mais non, il préfère les détruire et faire place nette. Pour lui, en effet, elles ne sont en rien nécessitées par la nature des choses et elles ne sont qu’inadmissibles artifices imposés par les conventions sociales. L’intérêt de l’homme est donc de les éliminer pour ouvrir le chemin du but ultime, pour s’affranchir des contraintes qu’elles lui imposent et accéder enfin à la Liberté. Pour obtenir ce résultat, le cosmopolite est prêt, si la persuasion ne suffit pas, à contraindre le « mécréant » : « On le forcera d’être libre », disait déjà Rousseau. Ainsi le « croyant » exprime-t-il une foi ardente et quasi religieuse qui le porte à estimer que toute initiative tendant à approcher de l’apothéose est morale et légitime puisqu’elle tend au Bien.

    Un « pacte républicain » d’inspiration cosmopolite…

    C’est avec cette idéologie en arrière-plan que la France est gouvernée depuis une quarantaine d’années : des partis politiques, ne s’opposant que sur l’accessoire, se sont coalisés sous le nom usurpé de « pacte républicain » pour exercer à tour de rôle le même pouvoir d’inspiration cosmopolite. Et un effort gigantesque de prosélytisme a été consenti. Les dignitaires n’ont cessé de noyer leur cosmopolitisme sous une logorrhée ruisselante de noblesse vertueuse : tolérance, égalité, ouverture au monde, accueil affectueux de l’ « autre », fraternité fusionnelle, antiracisme, renonciation généreuse aux prérogatives nationales, altruisme, octroi à l’ « autre » de privilèges, pénitence pour expier les inexpiables « dominations » dont la France se rendit coupable, désintéressement, etc., autant de qualités que les religions prêchent (souvent en vain) aux individus et qui ont prévalu dans un domaine où elles n’ont que faire : la gestion de l’Etat.

    …servi par le clergé médiatique

    Parallèlement le clergé médiatique a répandu la bonne parole et le catéchisme avec une insistance et une mauvaise foi qui rappellent les propagandes d’un passé récent et il a systématiquement renvoyé les blasphémateurs, les pécheurs et les mécréants (au sens courant du mot, cette fois) dans l’enfer diabolique du Mal où il les voue à retrouver Hitler, le nazisme, le fascisme, le racisme et quelques autres. Ainsi a été obtenu l’acquiescement au moins apparent du peuple français à une politique d’inspiration cosmopolite.

    Or celle-ci a été menée, de Georges Pompidou à François Hollande, avec une constance et une cohérence qui permettent de récuser la fable selon laquelle la « gauche » mènerait l’opération et la « droite », quoique hostile, ne l’entérinerait que par faiblesse : l’analyse de l’action politique de ces quarante dernières années prouve, au contraire, on va le voir, que c’est une conviction commune qui anime les uns et les autres.

    La nation, cible principale des cosmopolites

    La nation (on négligera ici la distinction classique entre la nation et l’Etat) est le symbole parfait de ces groupements qui divisent l’humanité : à ce titre le cosmopolite ne lui accorde aucune sollicitude particulière. La nation française a donc été sa cible principale depuis plus de quarante ans.

    – Son existence est menacée par la loi Pleven qui est fondamentale, car elle donna le coup d’envoi du cosmopolitisme en France. Votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, elle introduisait dans le droit français cette aberration qui sape les fondations même de la nation : au nom de l’égalité et de la non-discrimination, elle interdit de distinguer entre un Français et un étranger (1972, Pompidou, président de la République, Chaban-Delmas, premier ministre). La loi Gayssot (1990, Mitterrand/Rocard)confirmera.

    – Son aisance financière fut amputée par la quasi-interdiction faite à la Banque de France de consentir des avances à l’Etat, à taux nul ou réduit (loi du 3 janvier 1973, Pompidou/Chaban-Delmas).

    – Son identité est compromise par une immigration-submersion que favorise décisivement le « regroupement familial »(décret du 29 avril 1976, Giscard d’Estaing/Chirac). Lorsque les immigrés et leurs descendants atteignent 20% de la population totale, que les mosquées se multiplient sur le territoire français et qu’un rapport officiel propose d’assumer la « dimension arabo-orientale de la France », c’est qu’un nouveau personnage s’installe sur l’ « Hexagone ». Tous les gouvernements sans exception y ont, depuis quarante ans, contribué, au nom de l’ouverture à l’autre, de la non-discrimination et de l’égalité.

    – Sa souveraineté est lourdement entamée et même parfois supprimée, qu’elle soit politique (Traité de Maastricht, 7 février 1992, substituant l’UE aux organismes de coopération économique préexistants, Mitterrand/Rocard), budgétaire(accord du 9 décembre 2011 accordant à la Commission de l’UE un droit de regard sur les budgets des Etats-membres, Sarkozy/Fillon), monétaire (9 mai 1998, création de l’euro et disparition de la monnaie nationale, Chirac/Jospin),ou militaire (7 novembre 2007, réintégration dans les structures de l’OTAN, Sarkozy/Fillon).

    La langue, deuxième cible des cosmopolites

    La langue. La diversité des langues, parmi lesquelles la langue française, est un autre facteur de division de l’humanité. Pas plus que la nation, la langue française ne mérite donc de sollicitude. Pourtant, face à l’invasion et à la mondialisation de l’anglais, vecteur culturel de l’impérialisme américain, elle a besoin du soutien des pouvoirs publics. Or ceux-ci favorisent l’anglais. Cet ancien ministre socialistepouvait écrire en 2006, dans un chapitre intitulé « L’anglais, avenir de la francophonie » : « La langue française n’est pas indispensable : le monde a bien vécu sans elle (…) si elle devait céder la place, ce serait à des langues mieux adaptées… etc. », avant, en qualité de ministre des Affaires étrangères, d’être chargé de… la francophonie (19/6/2007, Sarkozy/Fillon).Un de nos présidents de la République choisissait l’anglais, au soir de son élection, pour s’adresser à la presse (Giscard d’Estaing)etun ministre de l’Education nationale exhortait les Français à ne pas considérer l’anglais comme une langue étrangère (30/08/1997, Chirac/Jospin). Et en confirmation de cette orientation,il vient d’être décidé d’introduire l’anglais comme langue d’enseignement dans l’enseignement supérieur français (loi du 22 juillet 2013, Hollande/Ayrault).

    La famille, troisième cible des cosmopolites

    La famille. Depuis des millénaires, et pas seulement en France, on croit que la famille est fondée sur l’union d’un homme et d’une femme et la procréation par ce couple. Cette vision de la famille est incontestablement restrictive, mais on pensait qu’elle était liée à la nature des choses. Le cosmopolite pense que cette vision, loin d’être imposée par la réalité, n’est qu’une convention sociale qu’il faut abolir pour rétablir la liberté. Sans bouleverser la législation intéressant la famille traditionnelle, il a créé des structures parallèles, remettant en cause la notion de sexe et les relations entre sexes : création du Pacs, qui ouvrait la voie au mariage homosexuel (novembre 1999, Chirac/Jospin),institution du mariage homosexuel (loi du 17 mai 2013, Hollande/Ayrault),introduction feutrée de la théorie du genre au lycée (circulaire du 30 septembre 2010, Sarkozy/Fillon).

    L’école et l’éducation, quatrième cible des cosmopolites

    L’enseignement. Le souci louable de l’égalité des chances a conduit à substituer le collège unique (loi du 11 juillet 1975, Giscard d’Estaing/Chirac)au système scolaire de la IIIe République avec ses filières de prestige inégal. Le cosmopolite a considéré que les structures sociales et l’appartenance des familles à celles-ci commandaient en fait le choix des filières et que l’égalité des chances en était affectée. Il a estimé en conséquence qu’on rétablirait cette dernière si on instituait une formation unique, celle du « collège unique ». C’était une fois de plus refuser de tenir compte des réalités et notamment des aptitudes des enfants à tel ou tel type d’enseignement. Il apparaît aujourd’hui que, pour avoir voulu ériger l’uniformisation en principe au lieu d’aborder la question de l’égalité des chances dans toutes ses nuances, on rencontre un échec d’autant plus retentissant que l’inégalité des chances en a été aggravée et que le système d’enseignement antérieur a été détruit sans être remplacé.

    L’école et l’éducation.

    L’autorité est ressentie par le cosmopolite comme une forme de domination dont il convient d’affaiblir l’exercice. L’observateur est tenté d’attribuer à cette vision l’orientation qui a été imposée à la manière d’enseigner et à la nature des rapports entre l’élève et le maître, ou plutôt (évitons les gros mots) le formateur. On a voulu mettre « l’élève au centre du système » (?) (loi du 10 juillet 1989, Mitterrand/Rocard) et on a soit confirmé soit suscité diversesinnovations pédagogiques.Pour schématiser, et au risque d’exagérer, disons qu’aux cours magistraux, aux dictées, à la méthode syllabique ont été substituées les activités ludiques, les sorties scolaires, la méthode globale, toutes innovations pédagogiques censées soustraire l’élève aux influences abusives et lui permettre d’exprimer sa personnalité. Les résultats catastrophiques se sont ajoutés à ceux du collège unique (cf. les enquêtes internationales).

    Dans le même temps, l’école cesse d’être un lieu de neutralité, où les doctrines et les opinions sont exposées et confrontées. Elle tend à devenir, au contraire, un lieu où peut s’exprimer sans obstacle l’idée dominante, où l’antiracisme devient l’alpha et l’omega de la pensée critique, où l’histoire de France a disparu en tant que telle des programmes de l’enseignement primaire et où le sentiment national paraît un anachronisme.

    La religion, cinquième cible des cosmopolites

    La religion. La religion catholique est étroitement liée à l’histoire de la France. Elle est porteuse de valeurs, traditions et rites que le cosmopolite juge incompatibles avec sa conception de la liberté. L’Eglise catholique en France cependant ne paraît pas plus maltraitée par le cosmopolitisme d’aujourd’hui qu’elle ne le fut parfois. Mais cette indifférence, teintée de malveillance, contraste avec la sollicitude accordée à l’islam, à ses pratiques religieuses (tolérance des boucheries hallal, par exemple) et à ses fêtes (présence du premier ministre et du ministre de l’Intérieur à l’Aïd el Kebir, entre autres, Ayrault, Valls). Il y a, dans cette sollicitude, une volonté de pénitence en même temps que de reniement des chapitres de l’histoire où la France exerça une « domination ». Cette volonté de reniement l’emporte sur le sentiment et même sur l’attachement à la laïcité.

    Ainsi le cosmopolitisme a-t-il – hélas ! – dominé la vie politique française des quarante dernières années. Sa prévalence aura été assez importante pour que le Club de l’Horloge lui consacre sa dernière université annuelle. Pour autant, bien sûr, il n’y a jamais eu de complot cosmopolite à proprement parler, avec réunions secrètes des conjurés… Mais il y a eu divers facteurs convergents : d’abord, l’épanouissement d’une idéologie devenue dominante à l’issue des troubles de Mai-1968 et en dépit de son rejet massif par le suffrage universel aux élections de 1968 ; ensuite, l’influence d’éléments extérieurs qui l’ont aidée à devenir dominante. On peut même penser qu’ils furent déterminants.

    Superclasse mondiale et empire américain à la manœuvre

    Au premier rang, les grands intérêts économiques et financiers, ceux de la superclasse mondiale favorable à la mondialisation de l’économie et aux mouvements migratoires du tiers-monde. Les membres français de ce groupe ne paraissent malheureusement pas s’opposer aux opérations de démembrement de la France. L’un d’eux parmi les plus éminents pouvait écrire dès février 1970 : « La structure qui doit disparaître, le verrou qui doit sauter, c’est la nation ». On ne saurait être plus clair.

    Au second rang, l’empire américain. Les Etats-Unis, en effet, se sont faits les champions du cosmopolitisme, qu’ils nomment «droits de l’homme» et ils invoquent volontiers ceux-ci à tout moment, même pour justifier leurs opérations militaires ; ils exercent à ce titre une pression idéologique intense (en liaison étroite avec les grands intérêts économico-financiers) sur les pays soumis à leur influence.

    En définitive, les années 1970 marquent bien une fracture spectaculaire dans notre histoire : en un millénaire, jamais un régime n’avait, comme l’a fait celui des quarante dernières années, sacrifié la France à une idéologie. C’est pourquoi les Français sont aujourd’hui en droit de considérer que la Ve République gaullienne est morte et que nous vivons, depuis le 28 avril 1969, date de la démission du général De Gaulle, en un régime nouveau, sans précédent car a-national : la VIe République.

    Pierre Milloz

    notes

    (*) Cette idéologie est fort ancienne. On peut considérer que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 lui a donné une première mise en forme, à ceci près que le mot « citoyen » apporte une restriction de taille à la portée générale du texte. La Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, en revanche, ne fait aucune restriction de ce genre.

    http://www.polemia.com/le-cosmopolitisme-voila-lennemi/