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Le « Mariage pour tous » fera exploser l’UMP
La question de l’abrogation de la loi Taubira, elle, n’est que le premier maillon du déchirement.
500.000 personnes dans les rues de Paris et 25.000 à Bordeaux, le 5 octobre 2014, contre la politique anti-famille du gouvernement. L’UMP tente de récupérer le mouvement, et pourtant, aucun communiqué d’appel à la manifestation n’a été reçu en provenance de la rue de Vaugirard.
Seuls Hervé Mariton (qui recueille 1 % d’intentions de vote chez les sympathisants UMP pour la présidence), Guillaume Peltier (qui roule pour Nicolas Sarkozy, très ambigu sur le sujet) et Henri Guaino se sont prononcés en faveur de l’abrogation de la loi Taubira (même si Henri Guaino a précisé que cela serait très difficile).
Dernière en date à avoir révélé le vrai visage de l’UMP, Valérie Pécresse : « Abroger la loi Taubira, humainement, ça n’est plus possible. »
En extrapolant un peu les arguments de Valerie Pécresse, pourra-t-on en déduire aussi qu’abroger la réforme pénale de Taubira sera aussi humainement impossible ? Renverser les flux migratoires, réserver les allocations familiales aux seuls Français, supprimer le droit du sol, supprimer le regroupement familial, supprimer l’Aide médicale d’État, « humainement impossible » ?
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Adrien Abauzit revient sur la polémique Zemmour/Salamé sur le régime de Vichy
Alors que 100% des médias mentionnant le livre d'Eric Zemmour contestent les chiffres avancés par ce dernier concernant la responsabilité de Vichy dans le sauvetage des français de confession juive sous l'occupation, Adrien Abauzit revient, au travers d'historiens reconnus pour leurs travaux, sur cette polémique où la rationnalité semble avoir perdu tout ancrage pour laisser place à l'idéologie et l'émotion. 95% des français juifs ont-ils survécu à l'holocauste ? Si oui, qui est responsable de ce taux très élevé ? Entretien avec Agence Info Libre.
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Le pouvoir des vertueuses incantations
Il n'y a pas de nécessité, pour le politique français, de s'inscrire dans le réel : l'espace politique est purement virtuel, le temps politique est purement virtuel.
Prenons un exemple purement spatial : les zones non-urbaines. 60 % de la population y vit, mais elles sont oubliées. Le politique a décidé que les villes étaient l'avenir de l'humanité, parce que les études prouvent que plus de la moitié de la population mondiale est déjà urbaine. Donc, exit les campagnes, désormais sans médecins, sans hôpitaux, sans écoles, sans bureaux de poste. De la même manière, le politique a décidé que la bonne santé d'une entreprise, d'un secteur, se mesurait à sa capacité à exporter, avec cette typique arrogance missionnaire française. Donc, on a basculé toute l'agriculture dans le productivisme et on s'est félicité de la capacité des volaillers à exporter en Arabie Saoudite et des maraichers à envoyer leurs poireaux en Russie. Aujourd'hui, les volaillers sont en faillite et les paysans jettent leurs légumes.
Le choix des mots
Mais ce n'est pas grave, car dans l'espace et le temps virtuels des politiques, rien n'est irrémédiable car tout peut être dit, ou plutôt nommé, ou plutôt renommé. L'État islamique fait régner une terreur sans nom dans les pays où l'inconscience des démocraties lui a permis de prospérer? On ne l'appellera pas Etat et on dira qu'il n'est pas islamique (Laurent Fabius, 15 septembre). La chose a d'immédiats avantages : on ne vexe aucun musulman de France, malgré leur évidente passivité - voire leur tacite accord -, sensible au cours des dizaines d'années où le terrorisme islamiques a ensanglanté la planète et où les pays islamique ont fait régner leur charia immonde. Le « vivre-ensemble » est préservé, et la question musulmane planquée sous le tapis. Quant à Daech, malgré l'effroi, il a continué tranquillement à égorger, piller - et vendre son pétrole.
La courbe du chômage ne s'est pas inversée ? On demandera à être jugé sur toute la durée du mandat et, dans la novlangue la plus pure, on se félicitera (comme Rebsamen le 23 septembre) de la baisse des demandeurs d'emplois de catégorie A en France métropolitaine - ce qui est une excellente façon d'ignorer l'ensemble des chômeurs et les territoires français hors France continentale.
De mesures en plans
Et ainsi de suite, Cambadélis fulmine contre Bruxelles mais le Sénat demande (25 septembre) que les directives européennes soient transcrites plus rapidement dans nos lois, le redresseur productif Montebourg assiste impavide à la plus grande série de faillites de petites entreprises et d'artisans (sans parler du secteur associatif, sinistré) tout en se félicitant des pauvres milliers d'emplois qu'il a momentanément sauvée dans les entreprises médiatiques.
On ne compte plus les Plans, les Chocs (et les états de choc, à chaque catastrophe naturelle ou humaine) et les Étapes - et, protégés par un brouillard impénétrable de mots vides à la coque dure, les gouvernants avancent, impavides, au milieu des ruines qu'ils ne voient plus mais portés par les 34 plans de reconquête de « la Nouvelle France industrielle », comme on l'a proclamé à l'époque (Macron a décidé d'enterrer les 34 plans) ou les 20 mesures de soutien au bâtiment ou le prochain « machin ». Et le Medef parle d'un million d'emplois, et Mélenchon parle de VIe République, etc.
Paraître et durer
Le réel n'est plus qu'une matière plastique où le politique, le médiatique, a toujours raison : quand il explique que « c'est difficile », il se donne déjà absolution de son échec et réclame même qu'on lui sache gré de son honnêteté; quand il réclame de la décence, il exige le droit à l'oubli ; quand il parle de valeurs, il sous-entend que celui qui n'est pas d'accord en est dépourvu, de ces valeurs qui se passent de toute définition mais qui permettent de fulminer l'excommunication.
Chaque discours est une incantation non paspour exorciser le mauvais sort mais pour conjurerle réel, le tenir à bout de mots, à distance des formules; non pas pour implorer le ciel mais pour convoquer les esprits, solliciter les langages, repeindre les consciences. L'espace civilisé s'effrite, maisons en ruines et champs en jachère, letemps s'abolit, zones pavillonnaires et pôles decompétitivité, le monde s'aplatit, chemises d'Indeet cerises du Chili. Les Français s'appauvrissentet s'abêtissent, mais la mystique socialo-républicaine enrichit chaque jour son manuel, chaqueéchec générant son incantation: maigre consolation.
Hubert Champrun monde & vie Ier octobre 2014 -
TVL Politique Eco n°17
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Espagne :La moitié des électeurs du PP ne revoteront pas pour le PP
... en raison de son refus de restreindre l'avortement :
"Ainsi, le Parti populaire est parvenu en cédant à toutes les révolutions sociétales socialistes (« mariage gay », avortement…) à descendre presque aussi bas que le PS français alors qu’il fait nettement mieux sur le terrain économique : réduction des déficits publics, légère baisse du chômage (qui reste malgré tout très élevé), retour à une croissance modérée après plusieurs années de récession… Tout ceci après avoir hérité d’une situation catastrophique causée par plusieurs années de gestion socialiste calamiteuse (immigration de masse, bulle immobilière gigantesque…). [...]
De leur côté, les associations pro-vie appellent les Espagnols à ne plus voter pour le PP et à venir manifester massivement contre l’avortement le 22 novembre prochain. Cet appel a été lancé par une quarantaine d’associations qui représentent plus de 4 millions de familles espagnoles."
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Les franco-sceptiques acceptent mal les critiques de l'UE
Lu sur le blog d'Yves Daoudal :
"« Le projet de budget de la France est assez loin de l'objectif, à la fois en terme de déficit et de mesures effectives, concernant le déficit structurel et le nombre et la qualité des réformes qui doivent être réalisées… On leur a donné deux ans et la question est : comment ont-ils utilisé ce temps ? Pour être tout à fait franc, je crois qu'ils ne l’ont pas utilisé. »
Le propos est de Jeroen Dijsselbloem, ministre des Finances des Pays-Bas et actuel président de l’Eurogroupe.
Michel Sapin a répondu :
« Monsieur Dijsselbloem n'est pas l'Europe. Monsieur Dijsselbloem ne représente pas l'Europe. »
Et Manuel Valls :
« Il faut respecter la France, c'est un grand pays. Je n'accepte pas de leçons de bonne gestion. Je demande à chacun beaucoup de sang-froid, beaucoup de respect, surtout de la part de partenaires européens. »
Mais Jeroen Dijsselbloem, qui « représente l’Europe » dans la mesure où il est le président du club des pays qui ont la monnaie unique, ne fait que dire tout haut ce que les experts de la Commission européenne disent tout bas – pas si bas que cela, d’ailleurs.
On remarque que pour défendre leur gestion désastreuse nos politiques jouent sur le sentiment de l’honneur national bafoué, alors que lorsqu’il faut faire accepter de nouvelles pertes de souveraineté ils expliquent qu’il faut dépasser le cadre national. Ainsi quand on met davantage encore la France sous la coupe de Bruxelles (notamment en permettant à l’exécutif européen de contrôler les budgets nationaux), on nous explique que l’union fait la force et que la France est un trop petit pays pour jouer seule dans la compétition mondiale, mais quand ce même exécutif européen menace de nous sanctionner avec les sanctions que nous lui avons octroyées, tout à coup la France devient un grand pays auquel on ne fait pas la leçon… C’est pitoyable."
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Conférence de Serge Latouche : « Construire l’avenir avant ou après l’effondrement ? »
Dans le cadre du cycle 2013-2014 « Une société du bien vivre – Pour sortir de la tyrannie de l’économie », co-organisé par les Amis de la Terre et le Mouvement politique des objecteurs de croissance, Serge Latouche, professeur émérite d’économie de l’Université d’Orsay, a donné une conférence intitulée « Construire l’avenir avant ou après l’effondrement ? ».
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Djihadistes “français” partis en Syrie : le pire reste à venir
Quand on apprend que onze membres d’une même famille ont récemment quitté Nice pour faire le djihad en Syrie, cela pose de réelles questions sur le fameux modèle du Vivre ensemble vanté par ceux qui nous gouvernent.
Dans une tribune parue sur FigaroVox, Hugues Moutouh craint que la vague de départs «sans précédent» que connaît aujourd’hui la France précède une vague de retour potentiellement terroriste. Cette inquiétude n’est d’ailleurs pas sans rappeler la campagne militante lancée – voici quelques mois – par le Bloc identitaire et intitulée “Aujourd’hui, djihadistes en Syrie. Demain, terroristes en France !”
Les jeunes qui répondent à l’appel des djihadistes sont certes des victimes, des personnes fragiles, mais ils peuvent très vite se transformer en bourreaux. Mais sur ces sujets sensibles il est préférable d’éviter de mettre de l’huile sur le feu. Rien ne sert de faire peur. Il faut être vigilant sans céder à la panique. La vérité est que la situation aujourd’hui est globalement maîtrisée, mais que le pire est encore à venir. Nous sommes dans une phase qui presente finalement peu de risques à très court terme puisque les apprentis djihadistes français quittent la France. Dans quelques mois, lorsque l’intervention militaire occidentale aura produit tous ses effets, nous serons confrontés à une nouvelle phase beaucoup plus dangereuse pour la sécurité de nos concitoyens. Les combattants défaits chercheront alors à rentrer chez eux.
http://fr.novopress.info/176559/djihadistes-francais-partis-en-syrie-pire-reste-venir/
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Julius Evola : « L’Idée Olympienne et le droit naturel »
II résulte des exemples choisis dans les chapitres précédents que pour comprendre un grand nombre de phénomènes de l’époque contemporaine il faut adopter comme points de référence des idées et des principes appartenant à ce que nous avons l’habitude d’appeler monde de la Tradition. Ceci vaut également pour le domaine politique et social. Aujourd’hui, on ne se rend pratiquement plus compte du niveau auquel nous sommes tombés à cause des forces et des mythes qui mènent l’Occident moderne. La dimension intérieure et le sens profond de nombreuses structures et conceptions font défaut, en raison précisément de l’inexistence de points de référence corrects et de la distance qui est la condition de toute vision claire.
La décadence de l’idée d’État, l’avènement de la démocratie, l’idée « sociale » et même le nationalisme comme phénomène de masse rentrent dans ce cadre. On ne sait plus du tout ce que cela signifie. Ailleurs, nous nous sommes (1) occupé de cette question et nous avons rappelé que, pour s’orienter, il faut partir de la dualité entre « forme » et « matière ». Pour les Anciens, la « forme » a désigné l’esprit, la matière la nature, la première se rattachant à l’élément paternel et viril, lumineux et olympien (ce terme étant pris dans un sens qui deviendra clair pour le lecteur), la seconde à l’élément féminin, maternel, purement vital. L’État correspond à la « forme », le peuple, le demos, la masse correspondent à la « matière ». Dans une situation normale le principe forme, conçu d’une certaine manière comme doué de vie propre et transcendant, ordonne, freine, limite et dirige vers un niveau plus élevé ce qui se rapporte au principe matière. La « démocratie », dans son sens le plus large, implique non seulement la dissociation de cette synthèse entre les deux principes qui définit toute organisation supérieure, mais aussi l’autonomie et la prédominance du principe matériel – peuple, masse, société – vers lequel se déplace désormais le centre de gravité. De l’État il ne reste plus alors que l’ombre : c’est l’État vide de tout contenu, réduit à la simple structure « représentative » et administrative du régime démocratique, c’est l’État de droit dans lequel un ensemble de lois abstraites, dont le sens originel a été perdu, représente l’extrême point de référence normatif ; on a enfin l’« État socialiste du travail » ou des « travailleurs » et autres choses du même genre.
C’est de cette mutilation que dérivent le matérialisme foncier et le caractère purement « physique » des organisations sociales modernes. Toute base manque pour que chaque activité acquière un sens supérieur, pour que la « vie » tende à participer à ce qui est « plus-que-vie », selon les voies et les disciplines connues en d’autres temps. Quand on demande aujourd’hui à l’individu de servir, de ne pas envisager seulement ses intérêts personnels égoïstes, on le fait uniquement au nom de la « société », de la « collectivité », c’est-à-dire d’abstractions et, en tout cas, de quelque chose qui n’implique aucune rupture qualitative de niveau, le matérialisme n’étant certes pas refoulé avec le passage de l’individu à la société et à la collectivité, mais pouvant être au contraire renforcé par ce changement. On pourra trouver un développement de ces idées dans notre ouvrage mentionné plus haut.
Nous nous pencherons ici sur un point particulier, sur ce qu’on appelle le « droit naturel», droit qui a joué un rôle important dans les idéologies subversives modernes. Le fond même de cette idée, c’est une conception utopique et optimiste de la nature humaine. Selon la doctrine du droit naturel, ou jusnaturalisme, des principes immuables, innés chez l’homme et donc universels, existeraient au sujet du juste et de l’injuste, du licite et de l’illicite ; et ce qu’on appelle la « raison ordonnée » pourrait toujours les reconnaître. L’ensemble de ces principes vise à définir le droit naturel, qui revêt ainsi plus ou moins les caractères mêmes de la morale, de sorte qu’on voudrait lui attribuer une autorité, une dignité et une force profondément impérative que le « droit positif » – c’est-à-dire le droit défini par l’État – ne posséderait pas. A partir de là, on a pu mettre l’État en accusation ou du moins minimiser son autorité. Ses lois, en effet, ne seraient justifiées que par la pure nécessité, n’auraient pas de justification supérieure, devraient être mesurées, pour être légitimes, par le « droit naturel ». L’Église catholique elle-même a suivi cet ordre d’idées, non sans raison et sur un plan polémique, pour s’opposer au principe de la pure souveraineté politique au nom des « droits naturels de l’homme », qui s’identifient plus ou moins, sous leur forme moderne, aux « immortels principes » jacobins de 1789. L’Église a souvent été la gardienne et la vengeresse du droit naturel, pour s’arroger justement une position supérieure à celle de l’État.
Que l’on nage ici parmi les simples abstractions est prouvé par le fait qu’après des siècles et des siècles de controverses personne n’est jamais parvenu à donner une définition précise et univoque de la « nature humaine » au singulier, de la naturalis ratio, et du critère objectif pour estimer ce qui lui est vraiment conforme. En général, on n’a pu se référer qu’à quelques principes élémentaires réputés tacitement nécessaires pour que la vie en société soit possible (c’est ainsi que Grotius parle de « ce qui convient à la nature humaine raisonnable et sociable »). Mais c’est ici que l’équivoque se présente : divers types d’unité sociale sont en effet concevables et ont existé, et les prémisses « naturelles » des uns ne sont pas les mêmes, ou ne sont que partiellement les mêmes, que celles des autres. D’ailleurs, au moment d’abandonner la formule générale et de définir le droit naturel, qui devrait être unique et universel, on a tantôt ajouté, tantôt retranché tel ou tel principe, selon les auteurs et les époques.
Par exemple le jusnaturalisme des XVll et XVIII siècles s’est bien gardé de se rappeler certaines idées que les auteurs anciens incluaient à coup sûr dans le « droit naturel ; » on signalera seulement que dans l’Antiquité le droit naturel, bien souvent, n’excluait pas l’institution de l’esclavage.
II est cependant incontestable que partout où il est question de droit naturel on retrouve un certain dénominateur commun, un noyau aux caractéristiques typiques qui ne correspond pas du tout à la nature humaine en général, mais bien à une certaine nature humaine, par rapport à laquelle la « société » prend une forme et un sens tout à fait particuliers. Le droit naturel n’est en rien le droit au singulier, valable et évident partout et pour tous, mais seulement une forme du droit, la conception particulière du droit qu’eurent un type de civilisation et un type d’homme bien définis. Quant à l’idée selon laquelle ce droit, à la différence du droit politique, correspond à la volonté divine, ou qu’il est en lui-même normatif, ou encore qu’il est enraciné dans la conscience de l’homme en tant qu’être de raison, et ainsi de suite jusqu’à l’« impératif caté- gorique » de Kant, tout cela est mythologie pure, tout cela n’est qu’un appareil spéculatif au service de ceux qui défendent et cherchent à faire prévaloir ce qui répond à une mentalité donnée et à un certain idéal de la vie en société (2).
Le caractère éthique, pour ne pas dire sacré, conféré au droit naturel est nié au droit positif, né, dit-on, de la nécessité, voire même de la violence – et l’on en arrive en effet à concevoir parfois les institutions du droit politique positif comme magis violentiae quam leges. II est assez évident que tout cela est propre à la façon de voir d’une civilisation déjà entrée dans la phase laïque et rationaliste. II est établi en effet qu’aux origines il n’y eut jamais de loi purement politique, de droit purement « positif » ; aux origines le droit fut un ius sacrum, tirant l’essentiel de son autorité normative d’une sphère qui n’était pas simplement humaine.
Cela fut vrai dans le domaine des constitutions politiques les plus variées, pour les villes comme pour les États et les empires, et même la science moderne de l’Antiquité a dû le reconnaître. Cette situation devait déjà s’être obscurcie dans les consciences en raison d’un processus d’involution lorsqu’on opposa le droit naturel au droit positif, en réservant au premier et en refusant au second une origine et un caractère éthiques et spirituels. II faut donc relever en passant que nous sommes en présence d’un paradoxal renversement de valeurs : on distingue l’existence naturaliste des hommes qui vivent more barbarorum, en dehors de telle ou telle civilisation supérieure, des hommes qui vivent dans un ordre positif, bien articulé, hiérarchique, centré sur l’idée d’État, mais on en conclut que les premiers seraient avantagés sur les seconds. Eux seuls vivraient selon la naturalis ratio, eux seuls suivraient la « loi de Dieu écrite dans le coeur des hommes », tandis que les autres ne respecteraient que des normes créées par la nécessité, révocables, imposées à l’homme par l’homme.
Les apologistes du « bon sauvage », les Rousseau et compagnie se contentèrent de tirer les conséquences logiques de ce point de vue.
Étant établi que dans les lois particulières des États antiques il n’y avait pas d’opposition entre droit naturel et droit positif, que ce qu’on appelle le droit naturel ne possède aucune dignité spéciale mais n’est qu’une forme du droit visant à un certain type d’unité sociale, il faut maintenant envisager ce qui est en quelque sorte la « constante » de toutes les théories jusnaturalistes, à savoir l’égalitarisme. Tous les hommes seraient égaux selon le droit naturel ; selon Ulpien, l’égalité ne s’étendrait pas seulement aux êtres humains, elle serait également valable pour tous les êtres vivants. Le droit naturel proclame la liberté illimitée, intangible et innée de chaque individu. C’est pourquoi le même Ulpien, dans l’Antiquité, souligna l’absurdité juridique de la manumissio, c’est-à-dire de l’affranchissement des esclaves, l’état d’esclavage n’existant pas selon le droit naturel tel qu’il le concevait. Sous ses formes pures le droit naturel est lié à une conception communiste de la propriété – communis omnium possessio -, qui procède logiquement de l’idée selon laquelle le droit des égaux est égal. Mais relevons sans tarder un détail révélateur. Selon le droit naturel antique, l’enfant né d’unions naturelles, illégitimes, était considéré comme le fils, non du père, mais de la mère, et ce même dans les cas où il n’était pas difficile d’établir la paternité.
On doit à un spécialiste génial de l’Antiquité, J-J. Bachofen, presque totalement oublié par la culture actuelle, la définition de l’idée qui est à l’origine de cette façon de voir les choses. Bachofen l’a découverte dans la conception « physico-maternelle » de l’existence. Celle-ci se rapporte à un type de civilisation qui ne sut concevoir rien de plus élevé que le principe physique de la génération et de la fécondité naturelle, personnifié, sur le plan religieux et mythologique, par des divinités maternelles et surtout par la Terre Mère, Magna Mater.
Devant la Mère génératrice tous les êtres sont égaux. Son droit ignore exclusivismes et différences, son amour a horreur de toute limite, sa souveraineté n’admet pas que l’individu s’arroge un droit particulier sur ce qui appartient « par nature » collectivement à tous les êtres. Ce qui distingue l’individu, ce qui le rend différent d’un autre, est ici insignifiant. La qualité de « fils de la Mère » accorde à chacun un droit intangible, sacré et égal. A l’égalité s’associe l’intangibilité physique et, en général, un idéal spécifiquement fraternel et social de la vie organisée est affirmé comme « conforme à la nature ». Tout cela implique obligatoirement un matriarcat explicite. Les origines peuvent être oubliées, le fond religieux chthonien (lié à la « terre ») peut devenir totalement invisible, mais n’en subsister pas moins dans un esprit et un pathos précis, dans une conformation intérieure : ce qui est le cas lorsqu’on soutient abstraitement, de façon rationaliste, les principes du droit naturel.
On sait ce que le droit le plus ancien de Rome contient d’irréductible à cet ordre d’idées : la puissance paternelle, l’autorité virile du patriciat, du Sénat et des Consuls, la conception même de l’État et, enfin, la théologie de l’imperium. II y eut donc dans la Rome antique une opposition entre un droit et des institutions correspondant à ces orientations, et des formes particulières, s’appuyant sur certains cultes, appartenant aux couches de l’antique civilisation méditerranéenne généralement appelée pélasgienne, au centre de laquelle on retrouve, sous des expressions typiques, le culte des Grandes Mères de la nature, de la vie, de la fécondité. Si nous nous référons à l’origine du droit qui se concrétisa positivement dans l’État romain, nous avons comme facteur déterminant jusqu’à une certaine période et pour les strates supérieures de la romanité, une conception religieuse, de nouveau, mais opposée cette fois à la conception chthonienne : car la souveraineté de l’État et de sa loi exprima ce que l’homme antique d’origine indo-européenne attribua aux puissances paternelles de la Lumière et du ciel lumineux contre les divinités maternelles de la Terre ou du Ciel. C’est pourquoi Christof Steding a pu parler à juste titre des « divinités olympiennes du monde politique ». Nous avons déjà rappelé que les divinités ouraniennes et olympiennes furent aussi celles qui régissaient le monde conçu comme cosmos et ordo. La conception grecque du cosmos, d’un tout ordonné et articulé, qui équivaut à la notion indo-européenne de rta, revient dans l’idéal romain de l’État et du droit, et une correspondance étymologique (rta, ritus) nous permet de saisir le sens le plus profond du ritualisme sévère qui était la contrepartie du droit patricien romain.
Ce droit était différencié et, par opposition au droit naturel, avait en propre le principe hiérarchique. Au lieu de l’égalité des individus devant la Grande Mère, on avait le principe d’une dignité différenciée fondée sur une origine donnée, sur une position particulière occupée au sein d’une lignée, d’une gens, sur les rapports avec la res publica, enfin sur des vocations spécifiques. La plèbe, en revanche, posséda une forme de droit et un idéal communautaire où l’origine, la lignée, la distinction particulière de l’individu ne pesaient pas grand-chose. Dans les débuts la communauté fut d’ailleurs placée avant tout sous la protection de divinités féminines et chthoniennes vengeresses.
En réalité, dans l’État romain antique la plèbe avait surtout adoré, même en des temps assez reculés, des divinités de ce genre, et les plébéiens étaient précisément désignés, dans le langage du droit, « les Fils de la Terre ». La relation entre certaines particularités de ces cultes et l’atmosphère du « droit naturel » est également significative. Les fêtes mêmes, à Rome, en l’honneur de ces déesses comprenaient souvent une sorte de retour à l’état de justice tel que le concevait le droit naturel primordial, l’abrogation momentanée des critères du droit positif : on y célébrait le retour à l’égalité universelle qui ne connaît ni privilèges ni différences de lignée, de sang, de sexe et de caste. En outre, c’est dans le temple de Féronia. une de ces Mères, qu’était situé le trône de pierre sur lequel les esclaves s’asseyaient pour être affranchis, obtenant de la déesse la reconnaissance de leur parité naturelle avec les hommes libres ; Fides et Fidonia étaient deux autres divinités féminines analogues qui, comme l’a rappelé précisément Bachofen, protégeaient maternellement la plèbe contre les invida iura et les malignae leges (équivalant aux formes du droit positif politique et patricien), ce qui explique la présence d’un temple construit en leur honneur par les affranchis. Nous retrouvons d’autres divinités ou figures féminines légendaires liées aux premières revendications de la plèbe ; elles apparaissent aussi dans les cultes de l’Aventin, le mont si cher à la plèbe. Et lorsque Ulpien justifie par le droit naturel l’attribution à la mère des fils engendrés hors des normes du droit positif, il ne fait que reprendre un vieux point de vue matriarcal (resté très vivant parmi les Étrusques), selon lequel les enfants étaient avant tout enfants de la mère, non du père, et portaient le nom de la mère. Bien d’autres détails du même genre pourraient être allégués ; ils renvoient tous à la même perspective.
Les formes du « droit naturel » qui l’emportèrent toujours plus dans le cadre de la Rome tardive et décadente doivent donc être considérées comme le reflet de la domination alors exercée, à Rome, par les classes sociales inférieures et mêlées. II ne s’agit donc pas – il importe de le souligner – d’une école juridique précise, mais d’un ethnos donné et d’une civilisation donnée qui réapparurent durant la période de l’écroulement universaliste de l’Empire. Le personnage d’Ulpien, homme de sang phénicien, est d’ailleurs très probant. Le présumé « droit naturel » doit être jugé en fonction d’une phase de la contre-offensive menée par le monde méditerranéen asiatique et pélasgien contre Rome, et qui se faisait aussi par la diffusion croissante de cultes et de moeurs exotiques dans la romanité décadente. Sous différents aspects, le christianisme poursuivit cette action, et après la justification théologique donnée au principe de l’égalité de tous les hommes, il n’y a pas lieu de s’étonner de la place accordée par le catholicisme au droit naturel.
Sans aller plus loin dans le cadre de ces références aux origines, ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que les principes du droit naturel ne sont pas les principes indispensables à la vie en société, mais des principes qui visent à fonder et à légitimer un certain type de société. En langage moderne, ils correspondent à une « éthique sociale », opposée à une « éthique politique » . Un certain type d’homme existe, et a toujours existé, pour lequel ce qui est « conforme à la nature » , profondément impératif, c’est un ensemble de principes et de valeurs qui non seulement ne sont pas identiques à ceux du droit naturel, mais qui les contredisent partiellement, tout en conservant eux- mêmes un certain caractère d’uniformité et d’universalité. A la place de l’égalité, de la liberté et de la fraternité, on trouve ici au premier plan les principes de la différence, de l’inégalité, de la justice (au sens du suum cuique) et donc de la hiérarchie ; l’idéal d’une unité non fraternaliste, communautaire et naturaliste, mais héroïque et virile ; non l’éthique de l’« amour », mais l’éthique de l’« honneur ». Celui qui lira notre ouvrage Révolte contre le monde moderne y découvrira justement la récurrence d’orientations et de formes typiques possédant ces caractères, qui furent évidentes pour une certaine humanité et qu’elle reconnut sur des bases essentiellement spirituelles. pour en faire les fondements d’un autre type de civilisation et de société.
Mais on ne peut ignorer le fait que le « droit positif » a lui aussi revêtu, par la suite, des caractères qui l’ont souvent fait ressembler à ce qu’il aurait toujours été si l’on en croit les jusnaturalistes. II peut avoir représenté la codification de formes imposées par un pouvoir brutal, privé de toute légitimité ; encore plus souvent, il a été ramené au droit courant qui régit la société bourgeoise au niveau d’une routine (3) de l’État-administration.
Quant à l’État de droit, il repose, comme nous l’avons signalé, sur une sorte de fétichisme du droit positif, un droit positif vidé et sans âme, auquel on prétend attribuer une immutabilité et une validité absolues, comme s’il était descendu du ciel propre et net, comme s’il n’était pas la solidification d’une situation politique et sociale donnée, la création d’un certain groupe humain dans l’histoire. Toutes ces choses ne sont que sous-produits et déviations. Mais le reconnaître n’entame en rien ce que nous avons dit au sujet de toute revendication s’inspirant du « droit naturel » dans le cadre de la démocratie, de l’idéologie sociétaire et même d’un certain christianisme engagé dans une lutte contre l’idée politique et éthique de l’État.
Notre excursus, nécessairement sommaire, fait comprendre le sens profond de ces bouleversements subversifs : il ne s’agit pas ici de concepts abstraits et philosophiques, mais des indices signalétiques d’une régression, de l’apparition et de la victoire de l’homme d’une certaine race intérieure, du déclin d’un type d’homme supérieur, de ses symboles et de son droit. La crise du monde traditionnel a favorisé la renaissance d’un substrat foncièrement « matriarcal »et naturaliste aux dépens du prestige dont jouissait précédemment le symbole paternel, qui subsista dans les grandes dynasties européennes « de droit divin ». La « matière » qui se libère de la « forme » et qui devient souveraine : démocratie, masse, « peuple », « nation », communauté ethnique et de sang opposée à tout ce qui est État – ce sont autant de variantes de ce bouleversement ; ce sont les principes d’un idéal politique et d’un lien entre les individus qui ne sont plus virils et spirituels, mais qui se rapportent essentiellement à une substance naturaliste, au monde de la quantité et, éventuellement, aux sentiments collectifs irrationnels enflammés par des « mythes ».
La remarque d’un auteur déjà cité, Steding, selon laquelle ce sont les natures spirituellement féminines, « matriarcales », qui se déclarent pour le « peuple » et la «société», qui conçoivent la démocratie comme l’apogée de toute l’histoire mondiale, cette remarque garde une valeur incontestable.
Dans un autre chapitre nous verrons sur quel plan se situent certaines revendications contemporaines typiques touchant au domaine sexuel (la « révolution sexuelle ») ; et nous pourrons alors constater que d’autres courants de l’époque convergent aussi vers le même point que celui dont nous avons parlé.
Notes
(1) Dans notre livre Les hommes au milieu des ruines. Paris, 1972, chapitre III.
(2) Rappelons un exemple historique significatif de l’origine d’un certain droit naturel. La Couronne anglaise avait accordé progressivement aux citoyens certains droits dans le domaine purement politique, à la suite de différents conflits. Ces droits furent absolutisés par Locke et dans la déclaration américaine d’indépendance et ils reçurent carrément un fondement théologique : ces droits historiques furent transformés en « droits naturels » antérieurs et supérieurs à toute société politique, inaliénables et conférés par Dieu à la créature.
(3) En français dans le texte (N.D.T.).
Julius Evola, Chapitre VIII de L’Arc et la Massue
http://la-dissidence.org/2014/10/12/julius-evola-lidee-olympienne-et-le-droit-naturel/