La polémique sur l'installation des crèches dans des lieux publics, et surtout dans des mairies où elles font concurrence à déesse Marianne, n'en finit plus de faire des vagues. Serait-ce là encore la goutte d'eau qui fait déborder le vase ? L'outrance intrinsèque au laïcisme (voir le communiqué du Parti Radical, daté du ... 4 novembre) a fini par exaspérer le commun des Français, attaché aux joies simples, parmi lesquelles la crèche de Noël.
Prudents, les laïcards se réfèrent à l'article 28 de la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat :
"Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions."
L'histoire se répète : la sainte famille est exclue des places publiques, il n'y a pas de place pour elle, elle est priée d'aller voir ailleurs et de se cacher.
Bruno Retailleau dénonce une "décision grotesque", Nicolas Bay une "vision erronée de la laïcité", Jean-Frédéric Poisson une "idéologie irrespectueuse de notre culture"...
Sur Facebook les pages fleurissent (ici, là et là), sur Twitter, le hashtag#TouchePasAMaCrèche rencontre un franc succès.
Nicolas Cadène, rapporteur général auprès de l'Observatoire de la laïcité, est un peu embêté. Selon lui, c'est parce qu'il y a une représentation de Jésus et de Marie en miniature que la structure ne peut être exposée. Maisil reconnaît néanmoins qu'il faut examiner au cas par cas et ne pas être excessif :
"Il y a 20 ans, ce genre de choses n'aurait pas posé problème. Si ici, cela semble justifié, il ne faut pas que la laïcité devienne une arme anti-religion alors que c'est un outil de vivre ensemble. En temps de crise, elle est parfois détournée à des fins de raidissement, de repli sur soi ou de discrimination de l'autre."
"Arme anti-religion", c'est bien le cas si l'on lit les statuts de l'association de la Libre Pensée qui a attaqué le Conseil Général de Vendée en Justice pour supprimer la crèche de Noël qui était pourtant exposée depuis 1988 à la satisfaction des employés de mairie :