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  • Entretien avec Frédéric Pichon : « La finalité de la politique, c’est la recherche du bien commun »

    05/12/2014 – PARIS (via l’hebdomadaire Minute)
    Connu comme avocat – il est notamment celui de « Minute » – Frédéric Pichon [photo] a rejoint Souveraineté, Identité et Libertés (Siel), présidé par Karim Ouchikh, dont il est devenu viceprésident. Il s’explique sur son engagement au sein de cette composante du Rassemblement Bleu Marine et sur le rôle qu’il entend y jouer.

    « Minute » : Pourquoi avoir rejoint ce petit voire tout petit parti ?

    Frédéric Pichon : Parce que ce parti, qui est en effet petit par le nombre actuel d’adhérents mais grand par les idées, incarne, au sein du Rassemblement Bleu Marine, une sensibilité qui me semble pleine d’avenir au moment où l’UMP n’a plus de corset idéologique et est en voie de décomposition. Le Siel incarne, à côté du navire amiral qu’est le Front national, une sensibilité qui lui permet d’accueillir aussi bien des déçus de l’UMP que des gens issus de La Manif pour tous, des souverainistes ou des identitaires, dans un contexte de droitisation de la société, ce que Guillaume Bernard (1) appelle « le mouvement dextrogyre ». Ce que j’appelle « la droite “Valeurs actuelles“ » hésite à franchir le cap pour des raisons parfois sociologiques. Nous leur proposons une structure appropriée.

     

    Quelle est cette « sensibilité spécifique »?

    Siel signifie Souveraineté, Indépendance et Libertés. La souveraineté est un point commun à tous les patriotes, je ne la détaillerai pas. La notion d’identité est essentielle dans notre sensibilité car notre conception de la nation n’est pas uniquement juridique: elle assume toute l’histoire de France et notamment son héritage chrétien, et intègre évidemment le combat civilisationnel contre la loi Taubira et tout ce qui est lié: PMA, GPA, idéologie du genre, etc. Le troisième point est la défense des libertés, au pluriel, point qui est moins mis en avant par le Front national.

    Dans Siel, en effet, le mot Libertés est écrit avec un s. Ce n’est donc pas une référence au triptyque républicain. Il y aurait même un côté Ancien Régime. Quelle est la signification de ce pluriel?

    Cela signifie que l’Etat doit intervenir à titre subsidiaire, c’est-à-dire, pour dire les choses simplement, que l’action publique doit revenir de droit à la plus petite entité; l’échelon supérieur ne doit intervenir que si l’échelon inférieur ne peut pas résoudre le problème.

    Le principe de subsidiarité est un principe essentiel. S’il faut rétablir la notion de politique, notamment eu égard aux impératifs de souveraineté et d’indépendance vis-à-vis de l’UE, du FMI, de l’Otan, que sais-je encore, qui peuvent nécessiter dans certains cas le recours à la notion d’Etat stratège (dans les secteurs de la défense, de la recherche ou de l’énergie), il faut être souple au niveau de l’organisation intérieure. L’Etat n’a pas à se substituer aux autorités subalternes ou inférieures si ce qu’on appelait autrefois les corps intermédiaires font ce qu’ils ont à faire: les collectivités territoriales, les associations, la société civile au sens large.

    Cela est valable dans tous les domaines, notamment pour les libertés économiques et pour les libertés familiales – je pense notamment à la question scolaire.

    Vous êtes très décentralisateur en fait…

    Autant il faut restaurer la figure et l’autorité de l’Etat dans les domaines régaliens que sont la justice, la police, la défense nationale, autant, pour tout ce qui concerne l’économie à l’intérieur du territoire national ou l’éducation, je suis en effet favorable à la décentralisation.

    Je note que vous ne faîtes pas vôtre le mot de planification qui figure dans certain programme… Vous êtes membre du Siel et, en même temps, vous l’êtes aussi du Front national. Vous avez d’ailleurs intégré dimanche le comité central du FN. Comment conciliez- vous ces deux appartenances et même, comment croire à l’autonomie de l’un par rapport à l’autre?

    Il y a d’abord un élément statutaire à rappeler: rien, dans les statuts du Siel, n’interdit la double appartenance, non seulement avec le Front national mais avec tout autre parti. La question sera abordée lors du prochain congrès du Siel, en 2015, car elle fait débat en interne, mais pour le moment, c’est ainsi.

    Cela veut-il dire que l’on peut être membre de la Droite forte, de la Droite sociale, de la Droite populaire et appartenir au Siel?


    Le Siel a tout de même pour vocation de participer à l’accession de Marine Le Pen à la présidence de la République…

    Pour en revenir à votre question précédente, disons que le Siel peut faire venir des gens qui, pour de multiples raisons, n’adhéreraient pas directement au Front national et qui se sentiraient plus « en sécurité » dans cette structure. Il peut participer au rééquilibrage en cours du Front national…

    Le SIEL reconnaît Marine Le Pen comme incarnant la véritable opposition nationale au gouvernement socialiste et il y a autour du vaisseau amiral qu’est le FN différentes petites escouades qui ont toute leur place.

    On peut dire que vous seriez plutôt Marion Maréchal que Florian Philippot?

    [rires] A titre personnel, j’ai plus d’affinités avec Marion Maréchal mais je considère que chacun a sa place. Il s’agit d’arriver au pouvoir et de rassembler tous les patriotes. Il y a des patriotes de gauche, il y a des patriotes de droite, et Florian Philippot, à sa manière et avec son talent, rassemble des gens issus de la gauche ou des milieux souverainistes de gauche et, à ce titre, il a tout à fait sa place. Moi mon rôle, au sein du Siel, c’est de ramener les patriotes de droite.

    Est-ce que vous vous définissez toujours comme « alter européen » plus que comme souverainiste ? Vous écriviez en 2009 que c’est « autour de [ces] quatre défis que sont l’identité, la puissance, la justice sociale et le respect des libertés et solidarités communautaires que cette nouvelle Europe doit se construire ».

    Ces piliers fondamentaux sont les mêmes au niveau de la nation. Pour ce qui est de l’Union européenne, j’ai accompli une évolution personnelle. Je pensais à l’époque, comme Guillaume Faye(2), qu’on pouvait braquer le conducteur de l’autobus pour le faire changer d’orientation. Je ne crois plus que cela soit possible. Je crois que l’Union européenne est intrinsèquement perverse, et donc à ce titre qu’elle n’est pas réformable.

    En revanche, ce n’est pas parce que je suis opposé à l’Union européenne dans sa forme actuelle, qui est une institution à la fois totalitaire, jacobine et bureaucratique dans sa façon de fonctionner en interne, et ultralibérale visà- vis de l’extérieur, qu’il s’agisse des flux migratoires ou des mouvements de capitaux, que je rejette l’Europe: je suis attaché à la notion d’Europe en tant que civilisation.

    Mais ce qui a marché dans l’histoire, ce sont les alliances intergouvernementales qui étaient dues à des circonstances particulières. Par exemple, il n’a pas été nécessaire d’organiser un gouvernement européen pour livrer la bataille de Lépante. Les alliances se sont faites au regard des menaces qui se présentaient.

    Selon vous, il y a bien une civilisation européenne ?

    Bien sûr, c’est une réalité historique et culturelle.

    Vous avez fait référence à Guillaume Faye. Pour que les choses soient tout à fait claires, vous, vous êtes catholique. C’est même le déterminant de votre engagement.

    Le combat que je mène est un combat politique. Le fait d’être catholique éclaire mon engagement mais la finalité de la politique n’est pas la finalité du combat spirituel. La finalité de la politique, c’est la recherche du bien commun, c’est la défense de la patrie. Je me bats pour tous mes compatriotes, y compris ceux qui ne partagent pas ma foi. Ma foi peut dicter un certain nombre de comportements mais je ne mélange pas le combat spirituel et le combat temporel.

    Que pensez-vous de la notion de « grand remplacement », qui a été débattue ces dernières semaines? Certains y voient une vue de l’esprit, d’autres un complot, les troisièmes une réalité.

    Pour moi, ce n’est ni une vue de l’esprit, ni un complot, c’est une réalité. Il s’agit malheureusement de la conséquence d’une convergence de catastrophes dues à la politique d’ouverture des frontières de la France et de l’Union européenne. C’est une réalité incontestable. C’est Philippe Martel, le chef de cabinet de Marine Le Pen, qui disait qu’il suffit de prendre le métro tous les jours, ce que je fais moi-même, pour se rendre compte de la réalité du grand remplacement.

    Qu’est-ce qui vous inquiète le plus dans ce « grand remplacement » ? L’aspect ethnique ou l’aspect religieux, c’est-à-dire le fait que l’islam progresse dans notre pays ?

    Ma conception de l’identité est civilisationnelle. Le péché principal – et on le voit bien avec la conversion de milliers de Français à l’islam – est que, en raison du poids démographique qui fait que dans certaines cités, voire dans certaines villes, il y a 80 % de gens issus de l’immigration, des Français de souche, qui sont une minorité, en viennent à adopter « naturellement » la culture des populations arrivantes. Pour moi, le défi essentiel est civilisationnel.

    Comment lutter contre cette évolution ?

    Pour lutter contre l’islamisation de la France, il faut lutter contre l’immigration. On ne peut pas dissocier, comme le font certains, la lutte contre l’immigration et la lutte contre l’islamisation. Les deux vont de pair. Il faut non seulement arrêter l’immigration mais aussi en inverser les flux.

    Cela étant, il ne faut pas faire l’autruche. Certains, en nombre, resteront en France. Il faudra les assimiler. C’est la raison pour laquelle je n’oppose pas le concept de remigration à celui d’assimilation. Les deux vont de pair. Au nom du principe de réalité, il faudra intégrer les deux notions : il faudra d’abord faire remigrer ceux qui ont vocation à retourner dans leur pays, ensuite assimiler les autres.

    Mais pour assimiler, encore faut-il que la France en donne envie. Lorsque les jeunes voient la Gay Pride ou l’élection de Conchita Wurst, on peut comprendre qu’ils ne soient pas attirés par les modèles de leur pays d’accueil…

    Le combat est donc double: pour le retour des frontières – et en organisant le nécessaire retour au pays des personnes qui ne sont ni assimilées ni assimilables; et pour l’assimilation des autres, à qui il faut proposer un modèle qui soit enraciné dans l’histoire de notre pays.

    Un bon exemple d’assimilation, ce serait finalement le président du Siel, Karim Ouchikh ?

    [rires] Oui, Karim Ouchikh est l’exemple même de l’assimilation. Il est non seulement à l’aise avec l’histoire de France – il développe une conception très chère à Péguy, celle d’enracinement – mais, qui plus est, il s’est converti au christianisme. Ce n’est pas un point de passage obligé mais c’est un signe supplémentaire d’assimilation et d’adhésion à la France.

    Quelle est la nature des accords électoraux entre le Siel et le FN au sein du RBM?

    Sans qu’il y ait de quota de candidatures, il y a statutairement des accords entre le Siel et le RBM. Pour les élections départementales, par exemple, des candidatures sont gelées pour être spécifiquement attribuées au Siel afin de permettre à celui-ci de présenter des candidats. Il devrait en être de même pour les régionales.

    Cela veut-il dire que Frédéric Pichon, élu RBM, en 2015, c’est possible?

    Oui, c’est possible…

    Propos recueillis par Lionel Humbert

    1. Le politologue Guillaume Bernard est maître de conférences à l’Ices, l’Institut catholique d’enseignement supérieur, à La Roche-sur-Yon, en Vendée.
    2. Guillaume Faye fut une figure intellectuelle de la Nouvelle Droite avant de s’éloigner de celle-ci.

  • Non, Manuel Valls, la France n’est pas le paradis des chômeurs

    Pour Manuel Valls, en France le chômage est “très bien indemnisé”. Mais qu’en est-il vraiment ? Les comparaisons avec nos voisins européens brisent un tabou comme le souhaite Emmanuel Macron: seuls les gros salaires bénéficient de confortables compensations.

    Manuel Valls et Emmanuel Macron relancent l’idée d’une réforme de l’indemnisation des chômeurs et Pôle emploi veut renforcer le contrôle des chômeurs suspectés de ne pas rechercher activement un emploi. L’objectif est de réduire le déficit de 4 milliards de l’assurance-chômage. Pour cela Emmanuel Macron, il doit “pas y avoir de tabou ni de posture» sur l’assurance-chômage”. Réponse attendue du Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, “la gauche n’a pas de tabous, mais elle a quelques totems”.

     

     

     

    Au delà des mots, pour les 3,4 millions de demandeurs d’emploi sans aucune activité en France métropolitaine la France est-elle paradis ou enfer pour les chômeurs? Sont-ils vraiment les mieux indemnisés d’Europe comme le laisse entendre Manuel Valls pour qui la France “a fait le choix d’un chômage très important et très bien indemnisé”?

     

    Les chômeurs britanniques n’ont que leurs larmes pour pleurer

    Une question simple pour une réponse plus compliquée. En fait, les systèmes d’indemnisation dépendent de plusieurs critères: les conditions d’octroi des indemnités, le montant de ces indemnités, leur durée de versement ou encore les obligations faites aux chômeurs en matière de recherche d’emploi.

    C’est donc complexe, sauf dans quelques rares pays comme la Grande-Bretagne où le montant de l’indemnisation des chômeurs est on ne peut plus simple : c’est a un forfait dont le montant ne dépend que de l’âge : quel que soit le salaire : les plus de 25 ans perçoivent outre-Manche 87 euros par semaine et les moins de 25 ans 69 euros. Point barre. La durée d’indemnisation de seulement 6 mois est, elle aussi, la même pour tous.

    C’est sans nul doute le système le moins généreux en Europe et si Manuel Valls a relancé l’indémodable polémique sur l’indemnisation des chômeurs français lors de sa récente visite officielle à Londres, ce n’est évidemment pas fortuit. Comparé aux chômeurs britanniques, les Français sont effectivement beaucoup mieux indemnisés.

    Si le calcul de l’allocation en Grande-Bretagne est des plus simples, en France c’est l’un des plus compliqués. Le taux d’indemnisation pratiqués varie entre 75 % pour les bas salaires et 57,4 %. Un jeune en contrat de professionnalisation payé en dessous du SMIC et gagnant 1 100 euros brut percevra 825 euros d’allocations, soit 75 % de son ancien salaire si l’entreprise se sépare de lui. Mais au dessus de 2.054 euros brut, l’indemnisation est de 57,4 % du salaire brut, moins la CSG et la CRDS, soit 1 401 euros net et 56 % de son salaire.

    Le paradis c’est au Danemark

    Les comparaisons de ce “taux effectif de remplacement” sont très délicates. Pour faire simple, la France compense plutôt bien l’ancien salaire, mais c’est aussi le cas dans d’autres pays comme le Danemark qui indemnise à 90%, le Luxembourg à 90%, la Suède de 50 à 80%, les Pays-Bas à 75%, mais aussi la Belgique à 65%… Quant à l’Allemagne, elle compense à 60% et même à 67% à partir d’un enfant à charge. Mais attention, c’est sur la base du salaire net. C’est donc un peu moins généreux qu’en France.

    En Espagne, l’indemnité est de 70% du salaire pendant les 6 premiers mois, puis elle tombe à 50 %. Au Portugal, elle passe de 65 à 55 %, également au 7e mois. Le système français est alors plus avantageux.

    Mais être indemnisé par Pôle emploi, pour un grand nombre de chômeurs, ce n’est pas Byzance. Les demandeurs d’emplois français perçoivent en moyenne 980 euros bruts d’allocations mensuelle. Le système français est surtout généreux pour les hauts salaires: le plafond du salaire pris en compte pour l’indemnisation étant de 12.124 euros, cela permet de percevoir jusqu’à 6.161 euros d’allocations par mois !

    Ce plafond est trois à quatre fois plus important que dans le reste de l’Europe. Il est de 2.450 euros en Allemagne, de 2.370 euros Danemark, de 1.600 euros en Belgique ou de 1.170 euros en Italie.

    Reste également à prendre en compte les conditions nécessaires pour avoir droit au chômage. En France, il suffit en effet de travailler – et donc de cotiser – quatre mois pour bénéficier d’une durée équivalente d’allocation chômage. Et cette durée de cotisation est strictement égale à celle de l’indemnisation chômage jusqu’à 24 mois. Pour les plus de 50 ans, cela passe à 36 mois.

    No limit en Belgique

    C’est beaucoup plus généreux qu’en Allemagne où, lorsque vous avez travaillé un an, vous ne percevez des allocations que pendant six mois, contre 12 en France. Et vous n’avez pas le droit au chômage si vous n’avez pas travaillé au moins un an au cours des 2 dernières années. Même principe pour la durée maximale d’indemnisation de 24 mois: il faut avoir travaillé 48 mois.

    En Espagne ou en Italie, c’est encore plus dur puisque la durée de cotisation ouvre droit à une durée d’indemnisation trois fois plus courte. Cela dit, les Pays-Bas et le Danemark offrent des conditions à peu près équivalentes à celles de la France. Au Danemark par exemple, il faut travailler un an pour avoir droit au chômage, mais les chômeurs bénéficient alors de 2 ans d’indemnisation.

    En terme de durée, la Belgique offre théoriquement le régime le plus favorable puisque l’indemnisation est en principe illimitée, mais elle est dégressive puis se réduit après 14 mois à un forfait de moins de 916 euros (483 euros pour un chômeur vivant avec une personne ayant un emploi) et peut être suspendue temporairement si le chômeur ne cherche pas activement un emploi.

    La France n’est donc pas le paradis pour les chômeurs, mais pas l’enfer non plus. Pour les salaires moyens ,le système d’indemnisation se situe dans la bonne moyenne européenne. En revanche, la situation est meilleure qu’ailleurs pour les ex-cadres sup débarqués du fait de leur âge avancé.

    myeurop.info

    http://fortune.fdesouche.com/362671-non-manuel-valls-la-france-nest-pas-le-paradis-des-chomeurs#more-362671

  • Bernard Connolly et l'effondrement des nations européennes

    En 1995, Bernard Connolly, économiste formé à Oxford, est haut fonctionnaire britannique de la Commission européenne. Fonctionnaire de catégorie A4, il touche un salaire de 560 000 francs par an. Dans les immeubles de l’administration de Bruxelles, Bernard Connolly participe à la mise en place de la monnaie unique. Sa mission consiste à suivre l’évolution des politiques monétaires dans les États membres de l’Union européenne et à analyser les implications nationales de la mise en œuvre de l’Union européenne et monétaire. Bernard Connolly est l’un des personnages les mieux placés pour nous parler de l’euro !
    Il rédigea un ouvrage intitulé The Rotten Heart of Europe. The dirty war for Europe’s money (Le cœur pourri de l’Europe. La sale guerre pour la monnaie européenne) qu’il fit publier sans l’autorisation préalable de son autorité hiérarchique. De nombreux extraits de ce livre furent diffusés dans le Financial Times. On reprocha à Bernard Connolly d’avoir révélé les futurs dégâts sociaux qu’occasionnerait l’euro. Il ne devait pas rendre public les objectifs recherchés par les familles oligarchiques à l’origine du projet de l’euro et de l’Union monétaire européenne. "Dès 1995, avant même l’introduction officielle de la monnaie unique, l’auteur conclut que le futur euro est le coeur pourri de l’Europe. La devise européenne est préparée de telle façon qu’elle risque de conduire à un violent conflit franco-allemand. (...) L’auteur mitraille Jacques Delors, les eurocrates, Mitterrand, Helmut Kohl et son entourage, John Major et les euro-enthousiastes britanniques, les politiciens danois, les hommes de Felipe Gonzalez, les responsables italiens, les Irlandais. Il n’est jamais plus en verve que lorsqu’il décrit les hauts fonctionnaires français abominables énarques, et il soigne tout particulièrement l’ancien directeur du Trésor, Jean-Claude Trichet, aujourd’hui gouverneur de la Banque de France, manifestement sa bête noire". (source : La Tribune, 26.06.1996.)
    Il laissait entendre que les hauts fonctionnaires et les experts des différents pays passaient des arrangements les uns avec les autres sans prévenir leurs ministres, que les commissaires de Bruxelles constituaient une nouvelle caste très dangereuse. Mais tout cela ne rappelle t-il pas ce que disait V. Boukovsky lorsqu’il établissait des parallèles judicieux entre l’Union européenne et l’Union soviétique ?
    Bernard Connolly annonce une lutte de pouvoir sans précédent entre l’Allemagne et la France. Les leaders de ces deux pays savent que détenir le contrôle de la monnaie européenne, c’est détenir le pouvoir sur leur propre avenir économique et aussi sur celui du reste de l’Europe.

  • Les deux moteurs idéologiques de la droitisation

    Gaël Brustier, docteur en sciences politiques et membre du Parti socialiste, auteur de Voyage au bout de la droite, de La Guerre culturelle aura bien lieu etLe Mai 68 conservateur, déclare au Figarovox :

    "Que ce soit à l'UDI, à l'UMP ou au FN, le conservatisme nouveau est en dynamique. Tous les candidats à la présidence de l'UDI ou de l'UMP ont dû composer avec, à des degrés divers. Certains ont marqué le refus d'emboiter le pas à ce mouvement, mais d'autres, à l'instar de Nicolas Sarkozy, ont clairement marqué leur soutien aux thèses conservatrices. D'autres enfin, ont essayé de capter la puissance diffuse de ce mouvement: Jean-Christophe Fromantin ou Hervé Mariton. La question de l'abrogation de la loi Taubira n'est qu'une des facettes de cette montée du conservatisme, qui s'attache à répondre à tous les aspects de la vie sociale. [...]

    Il faut distinguer deux moteurs idéologiques de la «droitisation»: le national-populisme et le conservatisme nouveau, que nous voyons se lever. Ce dernier est l'objet de l'attention du Front national, qui n'était guère préparé à devoir y répondre. Les cortèges de La Manif pour tous, ce n'est pas le Front national. Les droites radicales européennes sont tiraillées aujourd'hui, pour schématiser, entre deux idéaux-types, une ligne Wilders et une ligne incarnée en France, au sein du FN, par Marion Maréchal Le Pen. La première s'efforce de séduire des électorats jusqu'ici réticents à l'égard des droites radicales, comme les gays ou les femmes, en pointant les dangers supposés liés à l'immigration extra-européenne ou à la présence de l'islam en Europe. La seconde est une ligne plus classiquement conservatrice. Il s'agit d'idéaux-types, car, en Europe, du FPÖ à l'UDC de Blocher et Freysinger, en passant par tous les autres mouvements de la droite radicale européenne, on distingue une large palette de nuances dans l'intégration de ce regain du conservatisme… C'est davantage le FN qui cherche à séduire ce vivier, que la droite qui peut parvenir à séduire le gros de l'électorat FN à partir de cette ligne."

    Michel Janva

  • « L'invention rhétorique » contre la dérision généralisée

    Jusqu'alors donc aucun groupe organisé n'a mordu de manière efficiente sur l'esprit de sérieux cynique et glacé induit par l'art contemporain. Il y a eu, et il y a encore des résistances naïves et donc dérisoires à l'art contemporain (le refus du n'importe quoi par de petites municipalités, par exemple) ; mais on n'a pas vu de résistance organisée et argumentée permettant de vaincre l'art glacé par des stratégies, notamment rhétoriques, ironiques, efficientes, (la rhétorique : la vérité rendue forte ; l'ironie : la dérision sur les spécialistes de la dérision) ; « L'art, c'est ce que je décide d'exposer » affirme à juste titre ce commissaire d'exposition qui omet d'ajouter « dans les limites de l'acceptable institutionnel », C'est-à-dire que l'artiste ou le commissaire doit finalement jouer serré entre ce qui s'est déjà fait, et qui est donc dépassé, et ce qui serait socialement irrecevable. L'art contemporain est donc totalement à l'opposé du n'importe quoi ou du nonchalant : il s'agit toujours au contraire de stratégies de placement extrêmement calculées. Seulement, ce que l'on place, c'est de la provocation bientôt exténuée. L'art contemporain ne constitue en aucun cas une « imposture », bien au contraire : c'est l’art du néo-capitalisme en situation hégémonique, qui ne peut produire que cela comme art mais qui le produit avec sérieux et méthode parce qu'il a une fonction idéologique fondamentale.

    Dans les limites de l'acceptabilité institutionnelle, l'art contemporain est bien alors un art de décision pure : l'art, c'est effectivement la provocation recevable par l'institution que tel agent reconnu du monde de l'art décide de porter au statut d'œuvre. En ce sens, la décision assistée par l'institution fait l'œuvre. Et il y a évidemment un consensus néo-bourgeois autour de la définition de l'acceptabilité des provocations qui explique l'inexistence d'un art signifiant.

    On ne peut alors vaincre un art réduit à la décision autorisée que par un surcroît provisoire et maîtrisé de provocation dans la définition de l'acceptabilité de la décision artistique. L'art décisionnel est jusqu'alors le terrain de jeu réservé de la néobourgeoisie urbaine. Mais il suffit que le peuple s'approprie avec assurance les règles du jeu, simplistes, de cet art « magique » garanti institutionnellement pour que tout change.

    Jacques-Yves Rossignol

  • Parisot et Besancenot, même combat !

    Fiche de lecture de Bernard Mazin, essayiste.

    « Le seul concept qui permet de rendre compte du mouvement actuellement à l’œuvre dans nos sociétés libérales, … c’est celui « d’horizontalisation ».

    J’entends par là le processus de délégitimisation, de destitution et de décrédibilisation de tout rapport à la « transcendance », au « symbolique », à l’ « immatériel » … Je parle du déclassement de ce que l’on appelle, depuis Nietzsche, les « valeurs », [c’est-à-dire] ce qui nous détermine à agir de telle ou telle manière au nom d’une idée ou d’un sentiment ineffable, et qui échappe à ce que l’on appelle d’ordinaire la rationalité. »


    Ainsi s’exprime, dans son ouvrage « La Gauche du capital : Libéralisme culturel et idéologie du marché », récemment publié aux éditions Krisis, Charles Robin, qui fait partie de ces auteurs comme Jean-Claude Michéa (1), Costanzo Preve (2), Jacques Julliard (3) et d’autres, qui sont passés par la gauche communiste, trotskyste ou maoïste, mais qui ont su dépasser leurs appartenances partisanes pour élever leur réflexion au niveau métapolitique. Ils ont en commun de mettre en évidence la convergence qui s’opère sous nos yeux depuis la fin du XXe siècle entre les versions économique et politique du libéralisme, ce qui confère à leurs analyses une pertinence pour notre famille de pensée, même si leurs propositions restent souvent plus nébuleuses. Le livre de Charles Robin rassemble un texte intitulé « Le libéralisme comme volonté et comme représentation », que l’auteur qualifie d’ « essai philosophique à tonalité pamphlétaire », et une série d’articles qui résument, commentent ou développent certains aspects de l’ouvrage-source. Cette configuration a pour inconvénient d’entraîner quelques redites, mais le lecteur aura tôt fait de dégager les lignes de force de la pensée « robinienne ».

    L’extrême gauche, chien de garde du capitalisme

    Dans un premier temps, Charles Robin revient aux sources philosophiques du libéralisme et rappelle que « la philosophie libérale se présente, dès l’origine, comme un courant de pensée double », reposant :

    • d’une part sur le postulat suivant lequel l’initiative privée et la libre concurrence au sein du Marché sont ce qui garantit seul le bien commun par l’équilibrage et par l’harmonisation naturels des intérêts particuliers ;
    • d’autre part sur la primauté du principe de liberté individuelle à l’égard des conventions sociales imposées de manière arbitraire par les institutions.

    Il s’agit donc d’un « programme philosophique global qui pose l’individu et sa liberté (supposée “naturelle”) comme les seules instances normatives de la vie en société ». Et Robin de poursuivre :

    « … Dès l’instant où l’idéal philosophique du “gouvernement par la liberté” a été posé comme la visée théorique et pratique qui structure tout l’édifice de la pensée libérale, l’opposition classique entre libéralisme politique et libéralisme économique tend inévitablement à s’abolir. Cela revient à dire […] qu’il n’existe aucune contradiction de principe entre la lutte des “libertaires” d’extrême gauche, pour une expansion illimitée des libertés individuelles (la “libéralisation des mœurs”) et les plaidoyers incessants des économistes libéraux en faveur d’un Marché mondial “libre”, “ouvert” et “concurrentiel”. »

    Le cœur de l’analyse repose donc sur l’idée de l’unité du libéralisme, via la convergence entre formalisme politique et matérialisme économique. Cette idée peut être résumée de la façon suivante :

    « La doctrine dite du libre-échange ne constitue pas autre chose que l’application à la sphère marchande du principe de liberté individuelle qui gouverne l’épistémologie politique du libéralisme du droit naturel […] dans un second temps, en déléguant à l’économie le soin de fixer les modalités sous lesquelles toute vie humaine serait appelée désormais à se dérouler – à savoir la recherche permanente du profit – les partisans de la thèse du libre-échange [invitent inéluctablement] à l’élimination méthodique de tous les obstacles politiques et culturels à l’avènement du marché, c’est-à-dire, en définitive, à l’abolition de tout ce qui, dans les lois, les coutumes et les mœurs léguées par l’histoire, entrave encore l’action rationnelle des individus, c’est-à-dire la libre poursuite par ceux-ci de leurs intérêts bien compris. […] Il existe, par conséquent, un lien étroit qui invite à voir dans la lutte incessante des libéraux politiques en faveur d’une émancipation sans fin vis-à-vis des structures normatives traditionnelles (Eglises, Morale, Tradition) la condition culturelle et anthropologique de l’expansion du principe marchand que les libéraux économiques appellent unanimement de leurs vœux. »

    Cette analyse, exposée dans la seconde partie, « L’extrême gauche et le libéralisme », est reprise sous une forme plus concrète dans l’entretien intitulé « L’extrême gauche, armée de réserve du libéralisme ».

    L’auteur y dénonce en particulier deux mythes couramment répandus :

    • l’idée que le libéralisme serait une doctrine exclusivement économique politiquement incarnée dans la « droite ». Il a beau jeu de rappeler que les véritables racines intellectuelles du libéralisme, au XVIIIesiècle, étaient à gauche et se situaient au confluent du courant « jusnaturaliste » et du courant « utilitariste » ;
    • l’idée que l’extrême gauche serait la seule force d’opposition au libéralisme et à ses effets humainement dévastateurs.

    Il en résulte une contradiction philosophique intenable pour l’extrême gauche qui, dans la mesure où elle adosse sa condamnation du libéralisme économique à une défense inconditionnelle des principes du libéralisme culturel et des droits « sociétaux », est amenée ainsi à « déplorer les conséquences de ce dont elle chérit les causes ».

    Historiquement, les libéraux politiques des Lumières cherchaient à lutter contre les forces d’oppression de l’Ancien Régime. Leur représentation de la liberté humaine était conçue comme la capacité de s’affranchir de tout lieu de « dépendance » ou même d’ « appartenance », que celle-ci soit familiale, nationale ou encore historique, à l’égard d’une autorité supra-individuelle. Elle débouchait sur ce que Jean-Claude Michéa a nommé « l’aptitude de l’homme à se déraciner perpétuellement ».

    Depuis Mai-68, les « apôtres de la pensée libertaire [travaillent] bien plus efficacement, de fait, à l’aménagement méthodique des conditions politiques et culturelles de son « atomisation », soit à la mise en circulation du modèle social et anthropologique […] le plus adapté aux besoins idéologiques du marché ».

    Comme le note Hervé Juvin (4), « La société politique libérale tente d’aspirer chacun vers l’abstraction du sujet du droit, elle le déshabille de tout ce qui fait de lui un être de chair et de sang, un passé, des origines, des liens, une terre et une histoire, pour le rendre fluide, liquide, mobile, indéfiniment ». Et Robin de conclure sur ce point :

    « Tel est donc l’irréductible paradoxe du travail de désymbolisation accompli par les théoriciens de l’extrême gauche depuis ces quarante dernières années. En proclamant partout l’égale illégitimité de toutes les figures traditionnelles de l’autorité, sous couvert de lutter contre l’oppression et l’exploitation capitalistes, il se donnait les moyens de noyer définitivement les derniers îlots de résistance culturelle à l’extension sans fin du règne de la marchandise. »

    Ainsi se met en place un univers culturo-marchand dans lequel les problématiques « sociétales » (lutte pour la diversité, pour la défense des minorités, contre toutes les discriminations…) se substituent à la « question sociale » d’autrefois, avec la complicité de la classe politique, (presque) toutes tendances confondues, et des médias.

    Charles Robin ne se contente pas de rester au niveau de la philosophie pure. Il passe de la théorie à la pratique en braquant le projecteur sur différents champs de manœuvre de l’idéologie de l’extrême gauche libertaire au profit du capitalisme mondialiste :

    • l’école et le système éducatif conviés au nivellement par le bas ;
    • la défense du métissage et la thématique de l’antiracisme ;
    • la sexualité avec la mise en place d’une « économie libidinale » au service de la « désinhibition pulsionnelle » et de la « libération du désir ».

    Il ne répugne pas, au passage, à désigner certains maîtres à penser de la « déconstruction » comme Pierre Bourdieu et leurs relais politiques, certes beaucoup plus indigents intellectuellement, comme Olivier Besancenot. Il convoque aussi les complices censément de « droite », du MEDEF à Nicolas Sarkozy ou à Valérie Pécresse. C’est sans doute là que se niche la dimension pamphlétaire de l’ouvrage.

    Le réalisme contre l’utopie

    Le problème des réflexions de Charles Robin et des auteurs cités plus haut auxquels il s’apparente est qu’elles sont certes très pertinentes dans l’analyse et le constat, mais n’offrent pas de perspectives tangibles ou acceptables à nos yeux.

    On rappellera à cet égard que Constanzo Preve se qualifiait lui-même de « marxiste dissident » et plaidait la compatibilité entre le marxisme et la réhabilitation d’une certaine forme de communautarisme.

    D’autres, comme Jean-Claude Michéa, entrevoient une solution dans le retour à la « convivialité » en s’inspirant de la notion de « common decency » orwellienne ou, comme Alain de Benoist, dans la décroissance.

    Robin, quant à lui, revendique son adhésion pleine et entière au projet d’une société qui aurait fait sienne le mot d’ordre de Marx « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

    Tous ces penseurs, au-delà de leurs différences idéologiques parfois considérables, ont en commun d’estimer qu’il existe un dysfonctionnement « structurel » du modèle capitaliste et qu’il n’est de remède que dans une mise en cause radicale et totalisante du Système.

    C’est sans doute sur ce point que l’on est tenté d’adopter une position moins tranchée que Charles Robin et ses épigones. D’une part, les catégories ne sont pas aussi absolues que la présentation qui en est faite : souvenons-nous, par exemple, que Friedrich von Hayek, grand défenseur s’il en est de l’économie de marché, a été simultanément un critique intransigeant du rationalisme cartésien et de ses conséquences sur l’abandon de l’enracinement et des traditions.

    D’autre part, l’idéologie « libertarienne », que ce soit sous la forme économique de l’ultra-libéralisme ou sous celle du « Jouissons sans entraves ! » des héritiers de Mai-68, n’est qu’une utopie, et, comme telle, elle s’expose au mieux à la dégénérescence, au pire à la révolte dès qu’elle est mise à l’épreuve du réel.

    A cet égard, il ne faut pas minimiser le phénomène de « défiance préventive » des classes populaires à l’égard des entreprises de « modernisation » entendue précisément comme une volonté de déracinement systématique. La gauche et l’extrême gauche ne comprendront jamais ce phénomène, tout engluées qu’elles sont dans le tabou du « Progrès continu ». Mais les forces de résistance existent.

    Le « gouvernement planétaire » et le village global, tout comme l’idée de « citoyens du monde » sont des utopies qui ne se réaliseront jamais. Pour autant, il ne faut pas organiser la riposte autour d’autres utopies. Pour notre part, il nous semble qu’une perspective plausible est plutôt à rechercher du côté de l’analyse dumézilienne de l’organisation trifonctionnelle des sociétés indo-européennes, en l’occurrence le rééquilibrage et le découplage entre la fonction souveraine et la fonction marchande. Par ailleurs, l’on observe que des pays de plus en plus nombreux mettent en œuvre des expériences de gouvernement reposant sur la synthèse libérale et nationale (Hongrie, Inde, Turquie…). Sauf à considérer que l’évolution vers le cosmopolitisme est une tendance irrésistible, il n’est pas vain de penser que ce type d’expérience soit amené, sous l’influence de peuples de plus en plus rétifs à la mondialisation, à se multiplier dans les années à venir.

    Bernard Mazin, 1/12/2014

    Charles Robin, La Gauche du capital : Libéralisme culturel et idéologie du marché, Editions Krisis, octobre 2014, 245 pages.

    Notes :

    1. De Jean-Claude Michéa, deux ouvrages ont été commentés sur le site : Impasse Adam Smith, par Michel Geoffroy le 20/05/2011 (http://archives.polemia.com/article.php?id=3810), et Les mystères de la gauche, par C.D. le 13/03/2013 (http://www.polemia.com/les-mysteres-de-la-gauche-de-lideal-des-lumieres-au-triomphe-du-capitalisme-absolu-de-jean-claude-michea/). On peut aussi lire sur le même thème : Le Complexe d’Orphée, Ed. Flammarion, Coll. Climats, 2013, 357 p.
    2. De Costanzo Preve, La Quatrième Guerre mondiale a été présenté sur le site par Bruno Guillard le 19/03/2014 (http://www.polemia.com/la-quatrieme-guerre-mondiale-de-costanzo-preve/). Un commentaire de l’ouvrage Eloge du communautarisme (Ed. Krisis, 2012, 267 p.) interviendra prochainement.
    3. Cf. Jacques Julliard, Les Gauches françaises 1762-2012, Ed. Flammarion, 2012, 940 p. On notera que J. Julliard et Jean-Claude Michéa viennent de publier un ouvrage de « lettres croisées » intitulé La Gauche et le Peuple, Ed. Flammarion, octobre 2014, 318 p.
    4. Hervé Juvin et Gilles Lipovetsky, L’Occident mondialisé, Ed. Grasset, 2011, 256 p.

    http://www.polemia.com/parisot-et-besancenot-meme-combat/

  • Le ramadan, oui, la crèche de Noël, non !

    Plusieurs religions mais plusieurs façons de les traiter ; autant dire que le combat est inégal et perdu d’avance pour les chrétiens.

    Les élites françaises sont amoureuses de la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. Le mot « laïcité » est de ceux qui reviennent le plus souvent dans les litanies de la mythologie républicaine. Et ce mot, comme tant d’autres, a le mérite d’avoir tous les sens qu’on veut bien lui prêter ; c’est-à-dire de n’en avoir finalement aucun. Une expression fourre-tout que l’on invoque quoi que nous ayons à dire. Au nom de la laïcité, on peut par exemple fustiger que la République transmette ses condoléances suite à la mort du pape Jean-Paul II tout en acceptant, le plus naturellement du monde, que l’on donne aux imans la possibilité d’être formés et d’exercer dans un cadre prévu par une République plus allergique à la soutane qu’à la djellaba.

    La réalité est que la laïcité est l’armature idéologique qui permet de lutter contre le christianisme tandis que les minorités religieuses, islamique ou juive surtout, sont à la fois soutenues et promues par une autre armature idéologique : l’antiracisme. Plusieurs religions mais plusieurs façons de les traiter ; autant dire que le combat est inégal et perdu d’avance pour les chrétiens.

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  • À qui profitent les émeutes de Ferguson ?

    L'émotionnel mondial occasionné par de tels événements amène légitimement le chroniqueur à s'interroger à propos de la révolte autour de la mort d'un jeune Afro-Américain dans le Missouri et de la décision du grand jury de ne pas poursuivre le policier responsable de ce drame.

    Sans aucune honte aujourd'hui je démarque donc largement, maladroit traducteur, l'article publié par Thomas Sowell dans "National Review" ce 2 décembre.

    Tom_4bJe commets de la sorte ce quasi-plagiat la conscience tranquille, n'ayant pas pris le temps de contacter cette excellente publication qui aura inspiré depuis 1953 le mouvement conservateur américain et qui fut saluée à ce titre par son meilleur disciple le président Reagan lors de son 30e anniversaire.

    Je me contente de la citer, sachant je facilite ainsi la tâche de ceux de mes gracieux lecteurs qui s'inspirent avec quelques jours de retard de "L'Insolent" sans jamais en mentionner l'existence.

    Économiste de l'école de Chicago, l'auteur, natif de Caroline du nord, ayant grandi à Harlem, met en exergue une remarque du sociologue démocrate américain Daniel Patrick Moynhian (1927-2003) : "vous êtes en droit d'avoir vos propres opinions, vous n'êtes pas en droit d'avoir vos propres faits".

    On va voir en effet combien cet apophtegme s'applique à l'affaire présente.

    Peu de temps après le coup de feu qui tua Michaël Brown le 9 août 2014, ce jeune homme de 18 ans pesant 130 kg était décrit comme un "gentil géant". Mais après que fut divulguée une vidéo le montrant en train de brutaliser un commerçant auquel il avait volé de la marchandise, le procureur général des États-Unis et ministre de la Justice Éric Holder exprima le désagrément que lui causait cette divulgation. En d'autres termes, aux yeux de Holder la vérité constituait une offense mais non le mensonge.

    Beaucoup de prétendus témoins oculaires du drame ont donné des recensions contradictoires de l'événement. Certains se sont même contredits dans leurs propres versions successives.

    Fort heureusement le grand jury n'avait pas à se fonder sur de telles déclarations, quoiqu'une partie des médias se soit crus obligés d'y souscrire.

    Ce dont disposait le grand jury, et que le reste du public ignorait jusqu'à l'annonce de sa décision, était un ensemble de faits matériels qui racontaient une histoire bien différente de celle qu'on entendait partout. Trois médecins légistes différents, dont l'un représentait la famille de Michaël Brown, ont examiné les éléments matériels. Ceux-ci comprenaient les résultats de l'autopsie, les traces d'ADN de Michaël Brown sur la porte du car de police et sur l'arme du policier, les photographies du visage meurtri et enflé du policier Darren Wilson et les taches de sang dans la rue où Brown a été abattu.

    Ces éléments de preuves matérielles étaient difficilement conciliables avec les affirmations, proclamées haut et fort, et selon lesquelles Brown avait été abattu dans le dos, les mains en l'air, tout en essayant de se rendre. Au contraire, ils coïncidaient avec le témoignage du policier.

    En outre, ils étaient conformes aux déclarations d'un certain nombre de témoins noirs, ayant déposé sous serment, malgré les craintes qu'ils exprimaient pour leur sécurité, menacée par des foules déchaînées.

    Les médias ont présenté les émeutes, les pillages et les départs de feu comme autant de réactions populaires à la décision du grand jury de ne pas inculper le policier. En fait elles ont commencé longtemps avant le grand jury ait même commencé son enquête, et bien avant qu'ait été annoncé la moindre décision.

    Pourquoi certaines personnes persistent à croire ce qu'elles veulent croire, il est difficile de répondre à une telle question.

    Mais plus importante est la question de l'évaluation des conséquences à attendre de l'explosion d'anarchie ayant commencé à Ferguson, puis s'étant étendu au Missouri avant de se propager à travers tout le pays.

    Les premières victimes des saccages commis par la foule à Ferguson furent des gens qui n'avaient rien à voir avec Michaël Brown ou avec la police. Il s'agit notamment de personnes, beaucoup de noirs ou de membres d'autres minorités, dont les entreprises qui les employaient ont été détruites, et ne pourront peut-être jamais être relancées.

    Mais ce ne sont là que les victimes directes. Si l'on se réfère à l'expérience des autres communautés ravagées par de telles émeutes dans les années antérieures on peut soutenir que des noirs encore à naître paieront encore, dans les années à venir, pour le prix de toutes les émeutes.

    Parfois, c'est un quartier en particulier qui ne parvient pas à se rétablir, et parfois c'est toute une ville. Detroit en offre un exemple classique. Il s'y produisit l'émeute la plus grave des années 1960 : 43 morts – dont 33 Noirs. Les entreprises ont déserté Detroit quitté, emportant avec elles les emplois et les recettes fiscales qui eurent été indispensables pour sauver la ville. Les gens de la classe moyenne – aussi bien les noirs que les blancs - ont fui, eux aussi.

    Harlem était au nombre de ces nombreux ghettos qui ne se sont jamais remis des émeutes des années 1960. Plusieurs années plus tard, une de mes nièces, ayant grandi dans le même immeuble de Harlem où j'avais moi-même grandi quelques années avant elle, se plaint amèrement de la façon dont les magasins et autres entreprises ont quitté le quartier.

    Il y avait beaucoup de magasins dans ce quartier où j'ai grandi. Il y avait un dentiste, un pharmacien et un opticien, tous à moins d'un pâté de maisons. Mais c'était avant que le quartier ait été balayé par des émeutes.

    Qui tire bénéfice des émeutes de Ferguson ? Les plus grands bénéficiaires sont les politiciens démagogues et communautaristes. En tant que maire de Detroit Coleman Young fut l'un des nombreux démagogues politiques qui assurèrent leur propre réélection, en utilisant une rhétorique de nature à faire fuir les gens susceptibles, certes, de créer des emplois et de payer des impôts, mais qui ont aussi vocation à voter contre les politiciens démagogues.

    Les démagogues politiciens ont prospéré, tandis que Detroit est devenu un terrain vague.

    http://www.insolent.fr/2014/12/a-qui-profitent-les-emeutes-de-ferguson-.html