Selon un sondage Ifop pour Atlantico sur les attentes des Français pour les prochains mois, la lutte contre le chômage demeure prioritaire. Et en ce qui concerne la perception de l'immigration clandestine, les attentats de janvier ne semblent pas avoir eu d'impact notable.
Le but de cette enquête était de faire un point sur les priorités des français par rapport à une étude précédente en date d’août 2014, pour voir si oui ou non les événements de janvier avaient perturbé la hiérarchie des préoccupations des Français.
On s’aperçoit d’un certain nombre de permanences, au premier rang desquelles le chômage, qui demeure la préoccupation numéro 1 des Français. Viennent ensuite les questions de santé et de sécurité, la lutte contre la délinquance ayant progressé de 5 points. Mais on constate aussi des évolutions spectaculaires notamment en ce qui concerne l’éducation. De la 5e position, elle est passée à la deuxième, enregistrant une progression de 10 points. De la même façon, on constate une progression de 8 points sur la question de l’amélioration de la situation dans les banlieues. La lutte contre l’immigration clandestine, quant à elle, poursuit sa progression, avec une augmentation de 5 points. Les préoccupations relatives aux services publiques et à l’environnement, elles sont reléguées en bas de tableau.
Les attentats ont donc eu un effet très marqué sur certaines préoccupations : éducation, amélioration de la situation dans les banlieues, délinquance et lutte contre l’immigration clandestine. On aurait pu penser que la tentation sécuritaire allait flamber. Or elle a progressé, mais moins que l’éducation ou la situation dans les banlieues. Il en est allé de même concernant la lutte contre l’immigration clandestine : une progression, certes, mais pas aussi forte qu’escompté. On comprend mieux l’extrême sensibilité de l’opinion et des médias à tout ce qui a trait à la laïcité à l’école. Finalement, la question qui s’est posée à la société était : comment expliquer que des jeunes, qui ont été scolarisés dans les écoles de la République, en arrivent à de telles extrémités ? Qu’en déduire en matière éducative ? La situation dans les banlieues va de pair avec cette préoccupation, car les Français constatent que l’État a beau avoir dépensé des milliards, la situation reste préoccupante, et que c’est sur ce terreau que des entreprises djihadistes ont prospéré.
Sur l’immigration clandestine, tout se passe comme si les derniers événements venaient prolonger une tendance préexistante, qui consistait à rendre cette question de plus en plus sensible et urgente à traiter aux yeux de l’opinion française.
Selon les sensibilités politiques, la hiérarchisation des préoccupations n’est pas la même. Pour les sympathisants de gauche, le chômage, l’éducation et la santé demeurent prioritaires. Chez les sympathisants UMP le chômage occupe la même place, par conte la ressemblance s’arrête là, car en deuxième position vient la délinquance, et en troisième, l’immigration clandestine. Au Front national, l’immigration clandestine occupe le haut du tableau à 83 %, le chômage vient après avec 14 points de moins, puis la lutte contre la délinquance. La question du pouvoir d’achat arrive en quatrième position chez les sympathisants FN, alors que chez les autres familles politiques elle est bien plus loin (20 points de plus qu’à l’UMP et 10 points de plus qu’à gauche). C’est la composante très populaire du FN qui ressort. Malgré le caractère attendu de certains résultats, on se rend bien compte que l’immigration clandestine taraude bien plus la droite que la gauche, à raison de 64 % contre 26 %. Cependant il serait erroné d’affirmer que l’UMP et le FN ont la même grille de lecture, car sur ce sujet l’écart est de 20 points, et il n’arrive qu’en troisième position à droite, là où il est premier à l’extrême droite. La sensibilité entre les deux électorats n’est donc pas la même.