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  • « Autopsie d’un crash annoncé », l’échec du Front national disséqué

    2211846755.jpgCamille Galic, journaliste et essayiste 

    Polémia cliquez ici

    Avant même sa publication par les petites éditions Muller (les grandes maisons s’étant toutes récusées, sous la pression de leurs auteurs vedettes, vive la pluralité d’opinion ! ou par crainte de faire le jeu de la Bête) le 1er mars, une décade avant le congrès du Front national à Lille, Enfant de la Nation, le tome I des Mémoires de Jean-Marie Le Pen, était en tête des ventes d’Amazon, les 50 000 premiers exemplaires étant tous retenus. Dans ce volume qui court de sa naissance à la création du Front national en 1972, le président honoraire de ce parti (poste supprimé dans les nouveaux statuts du FN soumis à l’approbation des congressistes de Lille) évoque très fugitivement la rupture de 2015 avec sa fille et les déboires de celle-ci dans les campagnes électorales de 2017. Ce qui n’est pas le cas d’un autre livre, Autopsie d’un crash annoncé, dû à Hubert de Mesmay.

    Dénonçant la dérive idéologique, sociétale et organisationnelle ayant conduit à l’échec de ce qu’il appelle le « Néo » (Front), ce docteur en droit, banquier, officier de réserve, depuis 1984 militant dans l’Essonne puis conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur jusqu’en 2015, en impute la responsabilité à Florian Philippot — Flipo sous sa plume. Un énarque gauchisant n’ayant de sa vie voté FN, ignorant tout de son propre aveu de l’histoire de ce mouvement alors qu’il se prévaut, peut-être indûment, de sa proximité avec le socialiste Chevènement et se complaît dans une vision idéalisée de l’ère gaullienne,mais bien décidé à faire du « syndicat des indigènes de ce pays » (dixit Jean-Marie Le Pen), un instrument à sa botte. Et donc, comme le montre Hubert de Mesmay dans plusieurs chapitres,  tournant résolument le dos à quatre décennies de combat souvent héroïque pour la préservation de l’héritage national et de notre identité alors que se manifeste en Europe de l’Est, mais aussi du Danemark à l’Italie, un incontestable sursaut identitaire.

    Cependant Flipo n’est évidemment pas le seul responsable et coupable. Tout énarque et zélé courtisan des médias qu’il est, il serait resté un zéro sans l’appui inconditionnel, puis l’alignement tout aussi inconditionnel de Marine Le Pen —  frappée comme elle l’avoua d’un « véritable coup de foudre intellectuel » pour son nouveau mentor —  sur les théories et les obsessions de celui-ci. Fût-ce les plus risquées, notamment sur le retour à une économie dirigiste héritée du pacte gaullo-communiste à la Libération, la sortie de l’Europe et de l’euro et l’adhésion aux nouvelles valeurs sociétales en commençant par le « mariage pour tous » et « l’islam compatible avec la République ». Autant de virages que le Front national paya cher à la présidentielle de mai 2017 ainsi qu’aux législatives de juin, où des résultats très en-deçà de ses espérances et des prévisions (peut-être volontairement erronées) des instituts de sondages le privèrent d’élus en nombre suffisant pour constituer un groupe à l’Assemblée nationale et d’une partie substantielle du financement public, calculé sur le nombre d’électeurs.

    C’est donc finalement à la présidente du Front national, devenue selon lui « philippo-dépendante » au point de renier l’héritage, que Hubert de Mesmay réserve — parfois injustement, puis qu’elle réunit tout de même le 3 mai dernier près de 11 millions de voix, un record — ses flèches les plus acérées. Même si Marion Maréchal-Le Pen n’est pas épargnée pour sa conduite de la campagne des régionales de 2015 en Paca, où elle se montra parfois imprudente. Par exemple en choisissant comme tête de liste dans les Alpes-Maritimes la girouette Olivier Bettati qu’elle bombarda vice-président du groupe FN au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, avant que cet ancien RPR, rival puis adjoint d’Estrosi à la mairie de Nice, n’abandonnât le bateau en novembre 2017 pour rallier le Centre national des indépendants et paysans.Toutefois, Jean-Marie Le Pen lui-même ne s’était-il pas naguère targuéde « prises de guerre » quise révélèrent souvent des leurres, tels Olivier d’Ormesson, Bruno Chauvière, Guy Le Jaouen ou le Dr François Bachelot, élus députés grâce à lui mais partis à la première tempête ?

    Surtout, l’auteur ne pardonne pas à Marine son éloignement des « fondamentaux » du Front et le « parricide » que, poussée par le clan Philippot, soucieuse de se dédiaboliser définitivement et peut-êtreégalement irritée par la popularité persistante du Commandeur, elle perpétra en 2015. Une initiative peu ou pas du tout comprise par la plupart des militants et une bonne partie de son électorat et qui lui coûta des dizaines de milliers de voix. De même que son obstination à snober les Manifs pour tous dont elle ne perçut pas que, bien au-delà des seuls catholiques pratiquants, elles incarnaient un élan national, vital et identitaire contre les forces de destruction de la famille et donc de la patrie.

    Comment Marine, si attentive à traquer les déclarations déviantes et notamment celles de son père, a-t-elle pu tolérer que Philippot comparedédaigneusement le débat sur le mariage gay à « la culture du bonsaï » et, au banquet patriotique supplantant le traditionnel défilé du 1er-Mai, applaudir Sophie Montel quand, dans une envolée ultra-féministe, ce député européenappela à la « sanctuarisation de la contraception » et de l’avortement ?

    Et tout ça pour ça… Après le débat raté contre Macron (qui lui-même, pourtant, n’avait pas été étincelant) et les déceptions électorales qui s’ensuivirent, Philippot et Montel, prenant acte d’un échec dont ils avaient pourtant leur part, ont claqué la porte pour créer leur groupuscule Les Patriotes, dont ils sont respectivement président et vice-président — la seconde annonçant la parution d’un livre où elle annonce vouloir « tout balancer » sur le fonctionnement erratique et les « vices » soudainement découverts d’un parti dont elle était l’apparatchik zélée depuis des décennies.

    Ce sont ces erreurs de jugement, cette versatilité idéologique, cette mauvaise « gestion des ressources humaines »(mais qui ne date pas de l’intronisation de Marine puisqu’elle fut à l’origine de la scission mégrétiste de 1998) avec une volonté de « rajeunissement », certes compréhensible car il est toujours délicat pour un jeune leader d’être entouré de subordonnés dont certains vous ont connu enfant, mais qui fut mené avec brutalité au détriment des militants les plus solides, que le légiste Hubert de Mesmay dissèque au cours de son « autopsie », menée exclusivement à charge.

    Autopsie d’un crash annoncé, par Hubert de Mesmay, 276 pages avec appareil de notes, plusieurs annexes et un glossaire « décalé » mais pas d’index ni de table des matières. Ed. Synthèse nationale cliquez ici, décembre 2017

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Le désir de dédiabolisation ne sert à rien, sinon à perdre du terrain

    6a00d83451619c69e201bb09fb0497970d-800wi.jpgDans Présent, Françoise Monestier évoque l'intervention de Steve Bannon au congrès du FN :

    "[...] Avec sa veste de chasse et sa dégaine de gentleman-farmer, on aurait pu croire que Steve Bannon débarquait de son ranch ou revenait d’une balade en forêt. Arpentant la tribune du palais des congrès – comme, en son temps, Jean- Marie Le Pen –, celui qui a hissé Donald Trump à la Maison-Blanche est venu asséner une leçon de patriotisme à une salle sous le charme. Constatant que « l’histoire est de notre côté », il fustige pêle-mêle « les élites, les médias, les chiens du système qui n’avaient jamais cru que le peuple pouvait voter dans son propre intérêt ». Ses mots les plus durs ont été pour les « banques centrales et les Davos’men qui veulent que vous soyez comme des hamsters dans une roue, esclaves de vos dettes ». Et ses mots les plus doux pour Marion qui a récemment conquis le public républicain.

    Il résume la victoire de Trump en trois points : « Stopper l’immigration massive pour aider les travailleurs américains, faire revenir les jobs manuels aux USA et sortir des guerres inutiles. » Son message est clair : les nationaux doivent être fiers de leurs pays et de leurs traditions, se moquer du tiers comme du quart « d’être traités de xénophobes ou de racistes : c’est leur badge d’honneur ». Un manuel de combat ovationné par une salle enthousiaste et qui montre combien le désir de dédiabolisation ne sert à rien, sinon à perdre du terrain. [...]"

    Comme nous l'avons vu avec le nouveau nom du FN, il faut passer outre la diabolisation des médias, et cesser de chercher à se justifier.

    Dans un autre article de Présent, Guy Rouvrais écrit :

    "[...] « Les banques centrales contrôlent votre argent, les gouvernements centraux votre citoyenneté, et les forces capitalistes sont là pour maîtriser jusqu’à votre citoyenneté », a clamé Bannon. Cette libération est… en marche. Il n’est que de regarder la carte de l’Europe, les partis opposés à l’UE ne cessent de progresser de façon spectaculaire et, déjà, ils gouvernent, seuls ou au sein d’une coalition, en Pologne, en Hongrie, en Autriche, en République tchèque. Et, en Allemagne, sans gouverner, l’AfD pèse d’un poids toujours plus lourd sur la coalition en place. Car entre Schultz et Merkel, ce n’est pas un mariage d’amour – ils ont tant dit du mal l’un de l’autre pendant la campagne électorale ! –, c’est une union forcée : en l’absence d’alliance, de nouvelles élections étaient inévitables et la droite nationale eût alors devancé les sociaux-démocrates du SPD.« L’histoire est de notre côté et va nous mener de victoire en victoire. Vous faites partie d’un mouvement mondial qui est plus grand que la France, plus grand que l’Italie, plus grand que la Hongrie, plus grand que tout ça. L’histoire est avec nous, c’est pour ça qu’ils [l’establishment] ont tellement peur de vous », a insisté Bannon.

    D’où les calomnies pour tenter de disqualifier les nationaux, sans même s’aviser de ce qu’ils insultent aussi leurs électeurs, des citoyens à part entière qui se reconnaissent en eux ! Qu’importe ! assure Bannon : « Vous vous battez pour votre liberté ? Ils vous traitent de xénophobes. Vous vous battez pour votre pays ? On vous appelle “racistes”. Mais les temps de ces paroles dégueulasses sont finis. Laissez-vous appeler racistes, xénophobes, portez-le comme un badge d’honneur. Parce que chaque jour, nous devenons plus forts et eux s’affaiblissent. » C’est en somme un « Populistes de tous les pays, unissez-vous ! » qu’il lance. Quand Steve Bannon parle de victoire aux congressistes du Front, ce ne sont pas des paroles de théoricien en chambre mais celles d’un praticien qui a fait gagner un homme dont toute la classe politico-médiatique américaine se gaussait, trop sûr de sa défaite face à la candidate du système, Hillary Clinton. [...]"

    Michel Janva

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html

  • Bruno Gollnisch : "Il manque Jean-Marie Le Pen. Il n’est de bonne modernité qu’enracinée dans la tradition"

    Même s'il n'intègre malheureusement pas le bureau exécutif, Bruno Gollnisch est élu à la 5ème place du nouveau Conseil national qui comptera 100 membres. Cela montre la popularité de l'homme et de la ligne traditionnelle qu'il incarne alors qu'il a failli à plusieurs reprises être exclu du FN.

    Ouest-France a pu recueillir ses impressions lors du Congrès du FN :

    "Compagnon de route de Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch est l’un des derniers survivants du Front national historique qui s’apprête à tourner une page, selon le souhait de sa présidente, Marine Le Pen. « Je suis toujours en contact avec lui. Nous nous voyons souvent. »

    Quand on lui demande comment il vit ce congrès de la « refondation », il ne cache pas une certaine amertume. « Il y a des aspects positifs », explique-t-il. « C’est un moment de cohésion, mais elle n’est pas complète. Il manque Jean-Marie Le Pen. Il n’est de bonne modernité qu’enracinée dans la tradition », souligne ce spécialiste de civilisation japonaise (...) « Encombrant, Jean-Marie Le Pen ? Il me semble pourtant que ses mémoires font un tabac dans les librairies. C’est bien la preuve qu’il est resté populaire. »

    À 68 ans, Bruno Gollnisch observe avec beaucoup de circonspection les évolutions en cours du parti qu’il a rejoint en 1983. Le changement de nom ? « Je suis réservé, parce que sous le nom de Front national, nous avons consenti d’énormes sacrifices. En général, les partis changent de nom pour faire oublier leurs turpitudes. Regardez l’UNR, qui est devenue UDR, RPR, UMP… Le Front national, lui, n’a jamais manqué à l’honneur et à la probité. »

    Compagnon de route de Jean-Marie Le Pen, qu’il soutient depuis la présidentielle de 1974, Bruno Gollnisch regrette la mise à l’écart de Jean-Marie Le Pen, dont le titre de président d’honneur du parti a été supprimé lors du congrès de Lille. Il reste réservé sur le changement d’appellation de la formation d’extrême droite. 

    Réservé, mais pas hostile. « Je serai favorable au changement de nom si cette évolution couvre une nouvelle réalité qui est celle des alliances. Si le parti veut nouer des alliances, il est naturel d’adopter un sigle qui ne soit pas purement FN. Du reste, ce n’est pas tellement nouveau. En 1986, nous avions monté des listes Rassemblement national aux élections législatives. »

     
    Le FN rebaptisé Rassemblement national : @brunogollnisch évoque un "moindre mal" et parle d'un "changement enraciné dans la tradition".
    >> http://bit.ly/2p3hMpm 
  • Jean-Marie Le Pen se verrait bien reprendre le nom du Front National, Marine s’y oppose

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    Jean-Marie Le Pen est écœuré par la décision de Marine Le Pen d’abandonner le nom Front National. Depuis lundi matin, il répète à tous les médias que c’est « un véritable assassinat politique ».

    Le fondateur du FN a d’ailleurs estimé qu’il aurait désormais « plus de droit que quiconque » à utiliser le nom de Front national maintenant que sa fille Marine a rebaptisé le parti en Rassemblement National.

    Interrogé sur France Inter pour savoir s’il allait adhérer au Rassemblement national, il a répondu « certainement pas », et « je fais toute réserve sur les possibilités que j’ai éventuellement pour reprendre le nom de Front national ». Sur insistance des journalistes, il ajoute « Ça veut dire que si Mme Le Pen abandonne le titre de Front national je crois que j’ai plus le droit que quiconque à en user si j’ose dire ».

    Il est « désastreux qu’on abandonne le nom Front national car c’est un repère inimitable et incontournable », a-t-il encore déclaré, estimant que Marine Le Pen a « manqué d’imagination semble-t-il » en choisissant ce nouveau nom, qui a « déjà été utilisé deux fois, une fois aux cantonales de 1985 et une fois aux législatives de 1986 ».

    Bien entendu, Marine Le Pen a aussitôt réagi en déclarant qu’il était hors de question qu’elle laisse son père reprendre le nom Front National.

    http://www.medias-presse.info/jean-marie-le-pen-se-verrait-bien-reprendre-le-nom-du-front-national-marine-sy-oppose/88685/

  • LES ISLAMISTES DE LA GHOUTA BIENTÔT VAINCUS

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    Les jours passent et l’étau de l’armée syrienne se resserre inexorablement sur les 20.000 combattants islamistes de la Ghouta orientale. Après deux semaines de bombardements puis deux semaines d’assauts terrestres, les positions islamistes sont aujourd’hui coupées en trois, c’est-à-dire en autant de groupes islamistes. Ces trois tendances ne s’aiment guère et se sont même violemment affrontées à de nombreuses reprises pour la suprématie de la Ghouta.

    De cela les médias occidentaux ne parlent guère, préférant, à l’unisson, dénoncer par une obligatoire litanie « les crimes de l’armée de Bachar », comme si ce n’était pas l’armée syrienne ! On se demande à quoi sert la pluralité de la presse en France, tant celle-ci ne parle que d’une seule voix, avec les mêmes bilans non vérifiés de l’OSDH (Observatoire syrien des droits de l’homme), les mêmes slogans (Bachar, « l’homme qui tue son propre peuple ») et les mêmes indignations de circonstance.

    Aujourd’hui, les trois groupes islamistes rivaux tiennent chacun leur ville : Douma pour l’Armée de l’islam, soutenue par l’Arabie saoudite, Arbine pour Faylaq al-Rahmane, soutenue par le Qatar, et Harasta pour le Front al-Nosra, que plus personne ne soutient.

    Depuis cinq ans, ces groupes tenaient un territoire en continu qui a compté jusqu’à 15.000 km2. Aujourd’hui, ils se partagent à peine 50 km2. Le morcellement de ce territoire en trois parties empêche maintenant toute alliance, même de circonstance, entre islamistes. Elle rend également vaine toute contre-attaque éventuelle. L’issue est donc inéluctable.

    Pour l’assaut final, les Russes ont fait venir des renforts : des Palestiniens favorables à Bachar, issus des camps de réfugiés, et des chiites afghans, rapatriés du front de Deir ez-Zor. Les Iraniens sont tenus à l’écart : ils sont trop autonomes et les Russes ne veulent pas s’en embarrasser. Ils veulent garder la main pour d’éventuelles négociations suivies de redditions et d’évacuations qui éviteraient plusieurs jours de sanglants combats.

    D’ailleurs, une dizaine de combattants d’Al-Nosra se sont rendus avec leurs familles le 10 mars et ont été, comme d’habitude, évacués vers la province d’Idleb, le grand fief islamiste, au nord-ouest de la Syrie.

    Quant aux civils, ils sont toujours pris en otage par les islamistes. Plusieurs ont été tués ces derniers jours en tentant de s’enfuir et de forcer les barrages des combattants. D’autres sont passés et ont pu témoigner de leur quasi-impossibilité de quitter la Ghouta, tant les tirs des snipers sont redoutables.

    Le rétrécissement du territoire tenu par les islamistes ne les empêche cependant pas d’envoyer quotidiennement des obus sur Damas. Une dizaine de morts sont à déplorer ces derniers jours. Mais ce ne sont pas des « rebelles », alors cela n’intéresse pas nos médias.

    http://www.bvoltaire.fr/islamistes-de-ghouta-bientot-vaincus/

  • « Je n'ai dans les yeux que l'Amérique » (Joe Dassin)

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    Claude Bourrinet

    En politique, tout est signe. Toute action vise à créer un effet ou une connotation, de façon que l'image qu'on a de l'acteur soit, virtuellement ou ostensiblement, modifiée ou fortifiée par ce nouveau message, ou ce stimulus. Bien que le bon peuple, qui va de l'électeur grégaire au militant moyen, y voit souvent une péripétie romanesque, un remuement psychologique, un événement inter-relationnel empreint d'émotion.

    Ainsi l'invitation surprise de Steve Bannon, au congrès FN de Lille, est-il plus qu'un signe, mais une appartenance de plus en plus assumée, si l'on en juge par les voyages outre-Atlantique répétés de responsables avérés ou putatifs du FN chez nos « amis américains », dont on sait qu'ils nous ont libérés en 44.

    Steve Banon fut banquier d’investissement chez Goldman Sachs, il a changé la ligne éditoriale de Breitbart News, pour la rendre compatible avec le choc des civilisations promu par les Néo Cons, il a fait un film très décrié pour dénoncer le mouvement Occupy Wall Street, et pour finir il est fervent sioniste et anti iranien rabique .

    Pourquoi ne pas avoir invité un représentant de poids de la Russie conservatrice de Poutine ? C'était tout à fait possible. On ne se précipite pas, du reste, à Moscou, même si, une fois, Marine s'y produisit (mais c'était bien « avant »), tandis que l'on est à New York ou ailleurs dans le Nouveau Monde, nouvelle Terre de promesse, comme chez soi.

    Ce tropisme yankee correspond à l'américanophilie affichée de la plupart des partis d'extrême droite européens, alliés du FN, qui complètent d'ailleurs leur sympathie pour l'Oncle Sam par un sionisme agressif. Le FN rentre dans le rang.

    L'enthousiasme délirant du mouvement « patriote » pour Trump, même si, par intermittence, quelque douche froide vient parfois tempérer ce délire, n'est pas anodin. Il montre que, comme beaucoup de Français déformés par la colonisation culturelle américaine, les frontistes adorent l'Amérique.

    L'Amérique qui reste l'Amérique, une puissance anglo-saxonne conquérante, dominatrice, bien qu'un peu moins sûre d'elle, une thalassocratie dont les intérêts sont, par essence, contraires au continent européen, qui voit dans les autres nations une terre de mission, et dans leurs admirateurs... des laquais naturels. Nolens Volens !

    Il serait juste que le Front national soit rebaptisé, et qu'il s'appelle désormais "Coffee Party" (café sauterie, en français).

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  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray [XXI]

    Immigration italienne dans les années 30 (Musée national de l'histoire de l'immigration)

    Nous poursuivons la publication d'une série qui devrait faire date ; qui forme un ensemble à lire en entier : une étude de Pierre Debray parue en novembre 1985 dans le mensuel Je Suis Français, sous le titre Une politique pour l'an 2000. Nous sommes ici dans la 2ème partie de cette étude. La lecture de ces textes expliquera aux lecteurs qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LES NOUVELLES INVASIONS BARBARES

    Il ne reste plus grand temps. Si, dans la prochaine décennie, les Français continuent de subir un déclin démographique, ancien et profond, qui brutalement s'accélère depuis 1974, la vieille nation sortira de la scène de l'Histoire. Ce ne sera pas sous les bravos et les hourrahs. L'événement peut être daté avec une certaine précision. Il devrait se produire vers.2050, un peu plus tôt, un peu plus tard. En tout cas, tout se sera joué en l'an 2000. Le processus deviendra irréversible. Seules des circonstances fortuites, liées à des conflits locaux ou généralisés, pour l'heure imprévisibles, allongeront ou accourciront les délais.

    Nous sommes les derniers Français capables de renverser le destin. C'est une affaire de nombre. Le redressement temporaire du taux de fécondité qui a suivi la seconde guerre mondiale, s'est continué jusqu'en 1964 et n'a décliné que progressivement, jusqu'en 1974, fera sentir ses effets pendant une dizaine d'années encore. En 1982, on a commencé de fermer des classes, dans le primaire. On continue d'en ouvrir dans le secondaire. Jusqu'à la fin du siècle, à condition de commencer immédiatement, une moyenne de trois enfants par famille suffirait pour assurer la survie de la nation. Dans les décennies suivantes, compte tenu du nombre décroissant de femmes capables d'engendrer, il en faudrait quatre, puis cinq.

    Objectif réalisable, étant donné la fécondité naturelle de l'espèce mais qui supposerait, pour être atteint, une dictature de fer, à la chinoise. On peut imaginer qu'un régime totalitaire imposerait, à chaque couple, d'avoir, dans les délais requis, le nombre d'enfants indispensable !! Ceux qui feraient mieux seraient richement récompensés. Les défaillants, exclus de la fonction publique et du Parti unique, accablés d'impôts, mis au ban de la société, seraient privés du bénéfice des retraites, tout en supportant la charge. Il ne leur resterait pour échapper à la vindicte publique, que la ressource de l'insémination artificielle et de la location d'utérus. Il ne s'agit encore que de politique-fiction. Pourtant le moment approche où il ne restera plus d'autre choix, en dehors de la résignation à la servitude.

    Nous pouvons encore éviter le recours à un totalitarisme, qui s'accompagnerait nécessairement d'une idéologie raciste et xénophobe sans, pour autant, accepter la fatalité du déclin. Il faudrait une volonté politique. En avons-nous le désir ? Chacun semble occupé à défendre son niveau de vie, ses grands privilèges ou ses petits, ses intérêts corporatifs, son confort. Un pays qui se contente de vivre au jour le jour se rend incapable de penser à long terme.

    Pourtant, selon l'expression de M. Mitterrand, « c’est une question de survie »et M. Chirac évoque le moment où l'Europe ne pourra plus résister à la poussée des peuples pauvres et nombreux. Un Français sur cinq se montre sensible à la propagande de M. Le Pen, dont ses adversaires reconnaissent qu'elle pose « les vraies questions » tout en n'apportant pas les bonnes réponses. Certes, il ne suffit pas de prendre des mesures policières et de refouler les étrangers. Il est néanmoins difficile de contester que si notre génération n'adopte pas une politique cohérente, celle qui nous suit sera acculée à choisir entre l'Apartheid et la transformation en mosquée de Notre Dame de Paris. Pour ne pas déranger le sommeil des Français, les hommes politiques leur chantent des complaintes. Le 14 Novembre 1984, après sa fameuse déclaration sur « la question de survie » le Président de la République s'est borné à approuver des mesures empruntées à l'attirail, désormais classique, des « aides financières à la famille » d'une consternante mesquinerie. Quant aux propositions de l'opposition, elles témoignent d'un manque d'imagination que les difficultés économiques ne suffisent pas à expliquer.

    Les problèmes conjoints de la natalité et de l'immigration ne datent pas d'aujourd'hui. En 1911, déjà, les étrangers (en comptant les naturalisés de fraîche date) représentaient 3,3 % de la population française. Ce qui provoquait des rixes sanglantes à Marseille et dans le bassin minier du Nord, les syndicats ouvriers reprochant aux patrons de recruter à l'étranger des briseurs de grève et des travailleurs au rabais. L'opinion s'inquiétait déjà de l'insécurité dont elle tenait les immigrés pour responsables, de la charge qu'ils représentaient pour l'assistance publique, de leurs mœurs irrégulières. En 1911, précisément, Jacques Bertillon publiait un livre, « la dépopulation de la France » ; qui condamnait « la colonisation » du pays par les étrangers qui s'introduisaient librement dans notre pays.

    Ces dangers, rétrospectivement, paraissent dérisoires. Les immigrés, dans l'ensemble, se sont intégrés. Les mariages mixtes l'emportaient d'ailleurs sur ceux dont deux époux étaient étrangers. Mais d'où venaient ces travailleurs, qui acceptaient les tâches les plus pénibles et les moins bien payées, dont, déjà, les Français ne voulaient plus ? Des Belges, des Allemands, des Anglais et des Suisses jusqu'au milieu du XIXème siècle, puis de plus en plus d'Italiens, d'Espagnols, de Polonais, tous gens facilement assimilables.

    Le rayonnement de notre culture exerçait une véritable fascination. Devenir Français représentait une promotion sociale, ainsi qu'en témoignent Kessel ou Ikor. De fait, l'intégration provoquait en une génération, un alignement sur le mode de vie des Français de souche. La misère des premières années, qui engendrait la délinquance, la promiscuité sexuelle et les aides de l'assistance publique faisait place à une aisance relative, à la vie de famille, à la stabilité de l'emploi. L'école, publique ou privée, contribuait pour une bonne part. Dans ma petite ville, le fils du « turc », qui vendait sa camelote en plein air, possède depuis longtemps une belle boutique, préside l'association des anciens élèves et s'est marié à une chrétienne.

    Bertillon, comme Guiot, criait au loup et s'il y en avait un, du moins, ne demandait-il qu'à se transformer en chien de garde. Aujourd'hui, le loup est d'une autre espèce. Il n'a pas l'intention de se laisser domestiquer. Nos avertissements risquent cependant de n'être pas pris au sérieux. Après tout, il est facile de nous objecter que nos craintes naissent, comme celles de M. Bertillon, d'un imaginaire corrompu par un racisme inconscient. Hitler ayant déshonoré l'antisémitisme, nous n'oserions plus nous attaquer aux Juifs et nous les remplacerions par les arabes, qui après tout, sont aussi, des sémites. Quelques groupuscules d'extrême droite, qui crient « la France aux Français » justifient les dénonciations vertueuses des grandes consciences de la gauche malthusienne. S'il n'y a plus de Français, ou trop peu, il faudra bien que la France soit à d'autres. Les grandes consciences malthusiennes, à leur insu, font le lit du racisme et de la xénophobie, qui, à leur tour, les confortent dans leur aveuglement. Il y a là un cercle vicieux, une dialectique qu'il convient de briser.

    Les mouvements migratoires sont aussi anciens que le genre humain. Ils constituent un facteur de progrès. Nos rois l'avaient si bien compris qu'ils encourageaient des travailleurs étrangers à venir travailler chez nous afin de nous enseigner des techniques que nous maitrisions mal. C'est ainsi que des paysans hollandais asséchèrent le marais poitevin. Qui serait assez fou pour soutenir que Madame Curie, parce que née Skodowska, n'a pas servi le prestige de la France ? D'ailleurs, les groupes humains, qu'isolèrent les conditions géographiques, sont demeurés à l'âge de pierre.   A suivre  (A venir : Les nouvelles invasions barbares 2).

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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