- Page 56
-
-
Retour à Maurras : « Ce pays-ci n'est pas un terrain vague ... »
L’hospitalité
Il s'agit de savoir si nous sommes chez nous en France ou si nous n'y sommes plus ; si notre sol nous appartient ou si nous allons perdre avec lui notre fer, notre houille et notre pain ; si, avec les champs et la mer, les canaux et les fleuves, nous allons aliéner les habitations de nos pères, depuis le monument où se glorifie la Cité jusqu'aux humbles maisons de nos particuliers. Devant un cas de cette taille, il est ridicule de demander si la France renoncera aux traditions hospitalières d'un grand peuple civilisé. Avant d'hospitaliser, il faut être. Avant de rendre hommage aux supériorités littéraires ou scientifiques étrangères, il faut avoir gardé la qualité de nation française. Or il est parfaitement clair que nous n'existerons bientôt plus si nous continuons d'aller de ce train. (…)
Ce pays-ci n'est pas un terrain vague. Nous ne sommes pas des bohémiens nés par hasard au bord d'un chemin. Notre sol est approprié depuis vingt siècles par les races dont le sang coule dans nos veines. La génération qui se sacrifiera pour le préserver des barbares et de la barbarie aura vécu une bonne vie.
(…) La jeune France d'aujourd'hui est en réaction complète et profonde contre ce double mal. Elle rentre chez elle. Ses pénates intellectuels, ses pénates matériels seront reconquis. Il faut que l'ouvrier français, le savant, l'écrivain français soient privilégiés en France. Il faut que les importations intellectuelles et morales soient mises à leur rang et à leur mérite, non au-dessus de leur mérite et de leur rang. L'étiquette étrangère recommande un produit à la confiance publique : c'est à la défiance du pays que doit correspondre au contraire la vue de tout pavillon non français. Qu'une bonne marque étrangère triomphe par la suite de cette défiance, nous y consentons volontiers, n'ayant aucun intérêt à nous diminuer par l'ignorance ou le refus des avantages de dehors, mais l'intérêt primordial est de développer nos produits en soutenant nos producteurs. Le temps de la badauderie à la gauloise est fini. Nous redevenons des Français conscients d'une histoire incomparable, d'un territoire sans rival, d'un génie littéraire et scientifique dont les merveilles se confondent avec celles du genre humain.
Charles Maurras
L’Action française, 6 juillet 1912
-
Bordeaux, mardi 3 avril : contre la répression judiciaire, tous devant l'Ecole Nationale de Magistrature !
Communiqué de Riposte laïque et de Résistance républicaine :
Alors que de plus de plus d'internautes, de patriotes, d'hommes politiques, d'écrivains, de cinéastes, se retrouvent devant les tribunaux, et parfois menacés de prison, ce gouvernement vient d'annoncer, par la voix du Premier ministre Edouard Philippe, la mise en place d'une nouvelle loi, encore plus répressive que la précédente, qui faisait pourtant partie des plus sévères du monde.
Le prétexte annoncé est de lutter contre le racisme. Celui du Coran, de Merah, des imams officiant dans des mosquées sous haute surveillance ( ou pas ) ? Vous n'y êtes pas. Il n'en est même pas question. Il s'agit de respecter à la lettre l'esprit du politiquement correct, des associations dites antiracistes et de ce régime. Quiconque osera s'attaquer à l'invasion migratoire sera accusé de racisme. Quiconque osera protester contre l'islamisation de notre pays, et dira la vérité sur la réalité de l'islam, se verra accusé d'inciter à la hain.
L'objectif de ce gouvernement est clair : faire pression sur les hébergeurs pour qu'ils éliminent d'eux-mêmes tous les textes qui seront signalés par de véritables cafards du net, recrutés par la Dilcrah, et payés avec l'argent de nos impôts. Les juges, dont certains se sont illustrés dans le scandale "Murs des cons" auront toute latitude de faire supprimer un article dans les 48 heures, voire de fermer un site.
Cerise sur le gâteau, 400 personnes vont être recrutées pour aller dans les écoles (qui n'ont sans doute pas d'autres priorités) et laver le cerveau de nos enfants, pour leur apprendre ce qu'est la bonne presse, et les éloigner de la réinfosphère.
C'est donc à une véritable déclaration de guerre contre la liberté d'expression et contre l'information alternative permise par Internet que nous sommes confrontés. Nous voilà plus près des modèles totalitaires que de la tradition française !
Nous appelons tous ceux qui, dans ce pays, sont attachés aux libertés publiques, qui faisaient hier que la France était enviée dans le monde entier, à se mobiliser pour mettre en échec ce mauvais coup.
Nous organiserons, pour lancer ce mouvement de protestation, un rassemblement symbolique, le mardi 3 avril, devant l'Ecole Nationale de Magistrature de Bordeaux, à partir de 18 heures. Une dizaine d'intervenants, dont des avocats, militants associatifs, politiques, intellectuels et animateurs de site, prendront la parole.
Nous appelons les habitants de Bordeaux et de la région à venir nombreux, et encourageons, partout où cela est possible, les amoureux de la parole libre à multiplier ce genre d'initiative.
-
L’Union européenne félicite Twitter pour sa politique de censure
Jusqu’en novembre 2017 Twitter attribuait aux « bons » comptes (ceux des journalistes officiels et des politiques mainstream) un petit rond bleu avec un V majuscule au milieu, V comme Vérifié. Si la plupart des anciens comptes avec un V ont été maintenus, un certain nombre se sont vus supprimer leur V, principalement dans les rangs de la droite conservatrice américaine. Miracle de Noël, le compte Twitter de Julien Assange a mystérieusement disparu puis s’est retrouvé rétabli la nuit de Noël 2017.
L’UE satisfaiteL’Union européenne a félicité les entreprises américaines pour leur loyauté dans leur programme de « lutte contre les contenus haineux ». Traduction : tout compte sur un réseau social s’exprimant d’un ton un peu vif contre l’Union européenne et sa politique pourra – pardon devra – être supprimé.
Dans un communiqué de la Commission européenne du 20 janvier 2018, le Vice Président de la Commission européenne pour le marché numérique, Andrus Ansip (photo), s’est félicité des progrès :
« Les résultats d’aujourd’hui montrent clairement que les plateformes en ligne prennent au sérieux leur engagement d’examiner les notifications et de supprimer dans la journée les discours haineux illégaux »
Mais veut aller plus loin
Mais « d’autres défis demeurent malgré tout, notamment l’absence de retour systématique d’informations aux utilisateurs ». La rééducation des utilisateurs est considérée comme insuffisante car un tiers d’entre eux ne sont pas avertis. « Le retour d’informations aux utilisateurs fait toujours défaut pour près d’un tiers des signalements en moyenne, les taux de réaction variant d’une entreprise des technologies de l’information à l’autre ». Fort heureusement « 70% des messages haineux dénoncés sont supprimés …grâce aux signalements par les ONG et instances publiques participant à l’évaluation ». Big Brother et Big Other ont de beaux jours devant eux.
Article paru sur le site Ojim
-
Que prévoient les Turcs en Syrie ?
Analyse d'Antoine de Lacoste :
En un mois l’armée turque est donc parvenue à ses fins et a pris l’enclave kurde d’Afrine. Ses pertes ont été minimes (moins d’une cinquantaine de morts), mais il est vrai qu’elle a utilisé les hommes de l’ASL (Armée syrienne libre) comme fantassins de première ligne. Ces ex-djihadistes reconvertis en supplétifs turcs ont eu en revanche plusieurs centaines de morts.
Les Kurdes ont résisté un certain temps puis ont été écrasés par les bombardements turcs. Dans cette guerre, la maîtrise de l’air est, plus que jamais, décisive.
Les combattants kurdes ont ensuite choisi de ne pas défendre Afrine. On peut supposer qu’ils ont voulu s’épargner des pertes excessives pour un combat perdu d’avance.
Les deux mille combattants kurdes partis de la rive gauche de l’Euphrate (sans l’accord de leur parrain américain) n’ont pu participer à cette bataille: ils ont été bloqués par l’armée syrienne, probablement sur ordre de Moscou.
Beaucoup se sont lamentés sur l’abandon des Kurdes par les occidentaux. Ils ont en effet été lâchés par leur allié américain, mais il n’y a là rien de surprenant. Depuis 1975 et la chute de Phnom Penh et de Saïgon, la politique interventionniste américaine est un vaste cimetière d’alliés ou de supplétifs sacrifiés sur l’autel de la géopolitique.
Il faut aussi souligner que les Kurdes ont été avant tout victimes de leur intransigeance. En effet, pour éviter l’entrée de l’armée turque dans Afrine, les Russes ont proposé un marché aux Kurdes : ils abandonnaient l’autonomie d’Afrine et laissait entrer l’armée syrienne. Ils auraient pu ainsi rester et éviter l’immense exode des habitants, très majoritairement kurdes. Ils ont refusé et les Russes, qui ne doivent rien aux Kurdes, ont laissé les mains libres à Erdogan.
Les Kurdes ont toujours été de piètres politiques et cela explique bien des choses.
Que va faire Erdogan maintenant ? Il a, dans l’immédiat, deux sujets prioritaires à régler.
Tout d’abord Afrine. La ville est quasiment vidée de ses habitants et occupée, très brutalement, par les djihadistes de l’ASL. La Turquie ayant des millions de réfugiés syriens sur son sol, la tentation est grande d’en installer à Afrine. Ce serait ni plus ni moins qu’une opération de nettoyage ethnique, mais les Turcs réfléchissent sérieusement à cette éventualité.
Ensuite le reste du territoire autonome kurde qui court, plus à l’est, tout le long de la frontière turque. Il commence par la ville de Manbij qu’Erdogan a juré de prendre. Le problème c’est que plusieurs dizaines de soldats américains y stationnent… On voit mal l’armée turque se lancer dans une telle opération !
Pour Erdogan, le problème kurde reste donc entier, et pour la Syrie c’est une occasion perdue de reconquérir en douceur un territoire qui lui appartient.
Quant aux Américains, leur stratégie est toujours aussi floue, tandis que les Russes, méthodiquement, poursuivent la reconquête progressive des dernières poches islamistes.
-
Terres de Mission #72 : Retourner au pacte de Reims ?
-
DES MILLIERS DE JUIFS SONT CHASSÉS DE FRANCE ! UN PETIT REMPLACEMENT QUI PRÉFIGURE UN GRAND REMPLACEMENT ?
Les chiffres, les statistiques, les graphiques de Jérôme Fourquet (de l’IFOP) dans L’Express sont effrayants. Par milliers, des Juifs quittent leur patrie – la nôtre – pour s’en chercher une autre. Le département de Seine-Saint-Denis, pour ne citer que lui, est devenu presque entièrement « judenrein ». Une expression forgée par les nazis qui veut bien dire ce qu’elle veut dire.
On les agresse, on les frappe, on les tue. Leurs enfants doivent quitter les écoles publiques où leur sécurité n’est plus assurée dès lors que l’établissement scolaire compte un certain nombre d’élèves « issus de la diversité ».
Mais c’est qui, « on » ? Jérôme Fourquet le dit sans détours : « Des dizaines de milliers de jeunes islamisés. » Certains s’acharnent sur les Juifs parce qu’il est écrit dans le Coran que les Juifs sont « des singes et des porcs ». D’autres parce que, dans de nombreuses familles maghrébines, le mépris du Juif fait partie des meubles.
Nombre de crimes antisémites sont d’ordre crapuleux. Il est, en effet, bien connu que « les Juifs ont de la thune » ! Souvenez-vous de Youssouf Fofana et de son gang des Barbares… Ajoutons à ces griefs l’idée, tout à fait insupportable, que des descendants de « dhimmis » d’Afrique du Nord réussissent là où ceux qui les haïssent échouent.
Toutes les enquêtes et tous les sondages effectués auprès de personnes se revendiquant de la religion musulmane et cités par Fourquet convergent. Toujours les mêmes mots : « les Juifs ont trop de pouvoir », « les Juifs tiennent les médias », « les Juifs tirent les ficelles de tout ».
Et de ce chaudron de haine et de ressentiment jaillit une bouffée délirante : « le complot juif » ! Il faut rappeler, ici, que ces Juifs-là, agressés et chassés, sont français. C’est leur pays qu’ils quittent, même s’ils en ont un autre prêt à les accueillir.
Ne fermons pas les yeux. Si les Juifs sont les plus exposés actuellement, viendra ensuite le temps des « mécréants ». On se doit, maintenant, de citer les célèbres phrases du pasteur Niemöller à l’époque d’Hitler : « Quand ils ont pris les Juifs, je n’ai rien dit : je n’étais pas juif… Quand ils ont pris les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit : je n’étais pas social-démocrate… Quand ils ont pris les syndicalistes, je n’ai rien dit : je n’étais pas syndicaliste… Et quand ils sont venus me prendre moi, il n’y avait plus personne pour protester. » Pensons-y toujours.
-
« A temps critique, jeunesse héroïque » – Pierre Studer présente la charte de France Jeunesse Civitas
Pierre Studer, président de France Jeunesse Civitas, a présenté la charte de ce mouvement lors de la Fête du Pays Réel.
-
Les royalistes en Mai 68. Partie 3 : L'Action Française contre les "Vietniks".
La guerre du Vietnam et l'intervention des troupes états-uniennes du côté du Sud-Vietnam pro-occidental déclenchent dès 1965 un vent de contestation aux États-Unis mêmes, vent qui souffle bientôt en tempête sur tous les pays du « camp capitaliste » et particulièrement sur les campus, désormais de plus en plus vastes et ouverts aux nouvelles classes montantes des sociétés démocratiques. Le mouvement étudiant SDS (Students for a Democratic Society), à l'origine de la première manifestation américaine contre la politique interventionniste des États-Unis au Vietnam, fait partie de cette nouvelle gauche radicale très portée sur la « théorisation » et capable de fournir à ses militants un instrument dialectique efficace. Sans doute parce que la jeunesse a besoin de certitudes plus encore que de réalités et de nuances, elle est moins attirée par une Eglise qui doute que par des chapelles qui affirment... Et les groupuscules marxistes-léninistes, trotskistes et maoïstes, profitent de la réprobation d'une grande partie de l'opinion publique en Europe de l'Ouest (et même du général de Gaulle dont le discours de Phnom-Penh retentit encore douloureusement aux oreilles de l'administration états-unienne...) pour recruter et former des cadres, en Allemagne, en Italie et bien sûr en France, que « l'oncle Ho » connaît bien...
A Paris, les groupes d'extrême-gauche, même s'ils ne comptent pas beaucoup de membres actifs, font bien du bruit et savent se faire une large publicité par des « opérations » (manifs, chahuts, éventuellement bagarres) qu'ils font « mousser », comme savaient le faire jadis les Camelots du Roi, « première bande révolutionnaire d'Europe » selon un observateur d'avant 1914 : tout est utilisé, et la guerre du Vietnam est une véritable aubaine. Autour de ce thème, ils cristallisent tous les mécontentements d'une jeunesse mal à l'aise dans une société de consommation dont le confort ne remplace pas encore le « supplément d'âme » indispensable aux jeunes, cet idéalisme un peu romantique qui fait parler de la jeunesse comme d'une folie passagère, d'une passion incontrôlable...
Dans les rues de Paris apparaissent des vendeurs du Courrier du Vietnam et d'autres publications pro-Vietcong, et à partir de 1966-67, les accrochages entre militants d'AF et communistes, qu'ils soient « orthodoxes » ou « révolutionnaires », redeviennent monnaie courante, l'AF dénonçant les atrocités commises par le Nord-Vietnam d'Ho Chi Minh. Désormais la guerre qui embrase le Sud-est asiatique semble, au moins pour un temps, devenir le point de référence (et de fixation) des militants politiques, comme le souligne Ludivine Bantigny dans son récent « 1968. De grands soirs en petits matins » : « La guerre du Vietnam obsède et nourrit la colère, en France aussi », ce que, dès décembre 1967, AF-Université (le mensuel des étudiants monarchistes d'AF) traduit par une couverture représentant un soldat vietnamien brandissant une kalachnikov sur fond de carte parisienne, avec ce titre explicite : « Les obsédés du Vietnam » qui pourrait avoir inspiré la phrase de Mme Bantigny. Ce thème semble ainsi investir totalement le champ politique étudiant, et même au-delà (mais de façon moindre) : tout le monde doit prendre position.
Pour l'AF, le choix est clair : la lutte anticommuniste reste une priorité. Les premières prises de position du mouvement, ou plutôt de l'hebdomadaire Aspects de la France, ne semblent pas très originales : « (…) A cause de l'importance grandissante du conflit vietnamien, les Français se tournent à nouveau vers l'Asie du Sud-Est, ou plutôt les journaux leur disent de s'intéresser à la guerre qui s'y déroule. (…)
Ainsi nous assistons à un viol des consciences, ainsi nous voyons par aveuglement ou par opportunisme des hommes rendre peu à peu la subversion sympathique à ceux qui de façon naturelle devraient la détester. Ceux qui se servent du feu sauront-ils le maîtriser ? (…)
Saluons les soldats qui contiennent la marée rouge au Vietnam pour qu'elle ne vienne pas un jour battre à leur porte – et à la nôtre. » (1). N'est-ce pas aussi pour l'AF un moyen de montrer son antigaullisme traditionnel quand le général de Gaulle, en 1966, a dénoncé les bombardements américains au Vietnam dans son discours de Phnom Penh ? Si bien que les royalistes maurrassiens s'unissent à d'autres nationalistes pour « faire le coup de poing » contre les meetings « Paix au Vietnam » organisée par la gauche marxiste : c'est le cas à Toulouse le 6 février 1967, ou à Aix-en-Provence, où les militants d'AF sont l'épine dorsale d'un « Front Universitaire anti-communiste » dont le seul but semble être de gêner la propagande marxiste.
A Rennes, les étudiants royalistes participent à cette campagne en dénonçant l'hypocrisie de la presse de gauche, et en insistant sur l'absence d'équilibre quant aux informations distillées par la grande presse et les journalistes considérés comme trop souvent tendancieux : « On se scandalise des ponts détruits, de la vie « sous les bombes », de l'escalade américaine, mais la position du « couteau sous la gorge » n'est pas plus confortable. QUI a eu le courage de dénoncer, durant les années passées, la véritable, l'horrible escalade des gorges tranchées, des seins coupées, des membres écartelés, des moissons ravagées, des enterrés vivants et des brûlés vifs par les terroristes Vietcongs ? ».
Dans les universités, les lycées ou sur les marchés, militants d'AF et vendeurs du Courrier du Vietnams'affrontent donc régulièrement, ce que relatent les rubriques d'activités des sections publiées dans A.F.U. durant toute l'année scolaire 1967-68, mais Patrice Sicard (l'une des jeunes plumes les plus prometteuses de la nouvelle génération royaliste des années 60) qui observe avec attention l'agitation pro-vietnamienne devenue le véritable point de repère et base du recrutement de l'extrême-gauche, va plus loin dans l'analyse du phénomène, en dépassant la simple lecture politique ou « partisane » : « (…) Le Vietnam devient un traumatisme à symptômes obsessionnels (…).
L'engagement « pour le Vietnam » représente chez le lycéen ou l'étudiant français une démarche d'ordre pathologique. Le 17ème parallèle représente d'abord une autre chose, négation radicale du milieu (familial, local, national, confessionnel), où s'est déroulé l'enfance : l'hystérie pro-FNL peut donc servir d'exutoire à un effort d'affranchissement individualiste, ou pulsion sociale. (…)
Ce défoulement se double d'une persistance manichéenne héritée de la petite enfance : les « gentils » et les « méchants » sont maquillés en Vietcong et Marines. Il s'agit d'une crispation inconsciente sur une explication sommaire du monde (…). C'est une traduction post-marxiste du schéma hitlérien, à ceci près que le Mal au lieu d'être juif, latin ou bolchevique, devient occidental. » (2). Déjà, il discerne les vraies causes de ce que sera Mai 68 et les motivations profondes des manifestants et émeutiers.
De plus, il revient, au lendemain du mois de Mai, sur l'importance des « Comités Vietnam », sur le rôle de ceux-ci et sur la stratégie à adopter à leur égard : « Nous dénonçons depuis quatorze mois les « Comités Vietnam » comme les pilotis d'une nouvelle organisation révolutionnaire dans la jeunesse, distincte du communisme classique et proche de l'Union Nationale des Etudiants de France. Les C.V.N. prenaient prétexte du conflit vietnamien pour créer dans les lycées et les facultés un bouillon de culture favorable au drapeau rouge ; il fallait donc éviter de leur répondre en jouant la carte « Sud-Vietnam », il fallait briser leur schéma de propagande. » (3). En prônant le nationalisme français plutôt que « l'occidentalisme » de l'extrême-droite « madelinienne » (du nom d'Alain Madelin, qui deviendra par la suite le chantre d'un libéralisme décomplexé, et qui était alors l'un des dirigeants emblématiques du mouvement Occident, dont le symbole était la croix celtique), l'Action Française cherche à éviter d'être en « contre-dépendance » de l'extrême-gauche sur un thème que cette dernière maîtrise bien et sur lequel elle veut amener ses adversaires pour mieux se valoriser elle-même. Mais l'AF parvient-elle toujours à contourner ce piège ? Là aussi, la politique de la « ligne de crête » est délicate et parfois incomprise, y compris au sein des militants et sympathisants de l'AF...
Mais, ce qui a servi de thème porteur pour nombre de groupes d'extrême-gauche et qui les a nourri depuis de longs mois, n'est pas, pour autant, le déclencheur ni même l'accélérateur de Mai 68... A moins que la question des résidences universitaires et de leur mixité ne soit rien d'autre que l'application de la stratégie « Créer partout des petits Vietnam » ? En fait, et Sicard semble l'avoir bien compris, « la vérité est ailleurs »...
(à suivre : La question étudiante vue par l'Action Française à la veille de Mai 68)
Notes : (1) : Gérard Baudin, dans AFU, février 1967, numéro 120.
(2) : Patrice Sicard, dans Aspects de la France, 22 février 1968, numéro 1013.
(3) : Patrice Sicard, dans AFU, juin 1968, numéro 135.
-
Chronique économique Factuelle 1 : Confiance, justice et économie par le Pr Jean-Louis CACCOMO