Depuis le Grand Palais hier, le Premier ministre Edouard Philippe s’est livré à l’exercice dit de « restitution du Grand débat » après deux mois de consultation citoyenne qui ne fut que poudre aux yeux et diversion pour gagner du temps. En septembre 2007 à Calvi (Corse), François Fillon avait créé l’émoi en confessant qu’il était « à la tête d’un Etat qui est en situation de faillite sur le plan financier (…) qui est depuis 15 ans en déficit chronique, (…) qui n’a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans. Ça ne peut pas durer ». Faut-il croire que oui, finalement, ça peut durer douze ans après ce constat, alors que la situation économique de notre pays s’est encore aggravée ? Et peut-on encore alourdir, pour rétablir les comptes de l’Etat, taxes et impôts qui matraquent les Français et ce, avec un résultat particulièrement délétère pour les catégories populaires et les classes moyennes en voie de déclassement ?
Le Figaro le soulignait, « diagnostiqué dès août 2013 par Pierre Moscovici, alors ministre de l’Économie, le ras-le-bol fiscal des Français a franchi un cap pour atteindre la tolérance fiscale zéro. À en juger par les propos d’Édouard Philippe (hier) la baisse des impôts fait désormais figure d’urgence nationale. «Les débats, je le crois, nous indiquent clairement la direction à prendre : nous devons baisser et baisser plus vite les impôts», «Nous sommes parvenus à une situation où hésiter serait pire qu’une erreur, ce serait une faute. Le besoin de changement est si radical que tout conservatisme, toute frilosité, serait à mes yeux impardonnable, a glissé Édouard Philippe. Or, poursuit le quotidien, « si tout le monde s’accorde sur le diagnostic, il n’en va pas forcément de même sur la posologie. Qui dit baisses d’impôts dit baisses de dépenses. C’est là que le grand débat national atteint ses limites, c’est là que les ennuis commencent pour Emmanuel Macron. » Ennuis qui apparaissent aussi, note Bruno Gollnisch, avec le refus par le Premier ministre de tirer toutes les conclusions du ras-le-bol de nos compatriotes. Le gouvernement pointe des priorités qui sont (peut-être) celles qui ont été exprimées par les participants au Grand débat mais qui sont singulièrement tronquées, floutées, affadies, détournées. M. Philipe a ainsi cité « quatre exigences » : « baisser la fiscalité, renouer les liens avec les territoires se sentant délaissés, renforcer le lien démocratique avec les citoyens et mieux répondre à l’urgence climatique. »
A contrario, pas un mot sur le RIC comme volonté de redonner de l’initiative au peuple, et silence complet sur LE GRAND NON DIT, la grande cause du malaise français, à savoir l’immigration massive qui détruit, balkanise notre communauté nationale, fragilise le corps social et qui coûte un pognon de dingue (de 17 à 84 milliards d’euros chaque année selon les études les plus étayées) comme dirait l’autre… Si ce gouvernement voulait vraiment alléger le fardeau fiscal des Français et même faire un geste pour l’environnement, c’est aussi dans ce domaine qu’il faudrait urgemment agir!
Mais nous l’avions dit, le Grand débat fut une grande arnaque. Sur Twitter, le journaliste Brice Couturier affirmait que « les deux millions de Français qui ont participé au Grand Débat aimeraient bien bénéficier, de la part des médias, de la même attention sympathique que les 20 000 Gilets Jaunes qui restent. » Ce qui lui a valu cette réplique de Jean-Yves Le Gallou : « où tirez vous ce chiffre de 2 millions de Français ayant participé au Grand débat (aux sujets pré cadrés) ? trois jours avant la clôture du débat il y avait seulement 100000 contributions ! » Nous citions d’ailleurs le 13 mars sur ce blogue les propos du politologue Jérôme Fourquet, qui constatait que «la France qui a participé à cette vaste enquête est celle qui a voté pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle. »
Une absence de représentativité qui explique aussi le résultat du baromètre YouGov pour le Huffpost début avril, dans lequel « 61% des Français interrogés estiment que les propositions qui émaneront des débats n’infléchiront pas la politique du gouvernement. Une tendance en progression de 2 points par rapport au mois de mars. » Bref, souligne RT, « Un Grand débat très contesté et dont les Gilets jaunes ont été les grands absents ». Une consultation citoyenne qui « a peiné à convaincre, non seulement parmi les Gilets Jaunes, mais aussi parmi de nombreux Français, puisque selon un sondage Elabe du 3 avril, seuls 6% penseraient que le grand débat est un réel succès. D’après la même enquête d’opinion, 79% des concitoyens jugent en revanche que le Grand débat national «ne résoudra pas la crise politique que traverse le pays». Un avis partagés par certains commentateurs. Invité à s’exprimer sur RT France, Nicolas Vidal, directeur de la publication dePutsch, estime ainsi qu’à défaut d’entreprendre un réel bouleversement de la politique macronienne, le Grand débat (…) ne (serait) qu’un grand contournement de la démocratie».
A cette défiance, ô combien légitime, vis-à-vis du gouvernement, répond celle qui ne cesse de s’accroître également concernant les grands médias, déjà pointée le mois dernier lors des douzième édition des assises du journalisme à Tours. « Les indicateurs du 32e Baromètre de la confiance dans les médias réalisé par le groupe Kantar pour La Croix sont en berne » constate le quotidien. « Sur le fond, un petit tiers des Français (32 %) se déclarent satisfaits de la couverture médiatique de cette crise sociale (du mouvement des GJ, NDLR), alors qu’une moitié (51 %) la juge mauvaise. De loin, les plus mécontents sont ceux qui s’informent sur Internet (à 61 %) et les sympathisants de La France insoumise (67 %) et du Rassemblement National (66 %). » Surtout, « les journalistes sont jugés indépendants par seulement un quart des sondés et la confiance envers les différents médias est au plus bas. La radio, traditionnellement jugée comme le moyen d’information le plus fiable, sort à peine la tête de l’eau (avec 50 % de niveau de confiance, – 6 points sur un an), devant la presse écrite (à 44 %, – 8 points), la télévision (à 38 %, – 10 points), et Internet (à 25 %, comme en 2018). Le mouvement des Gilets Jaunes a eu un effet dévastateur sur la télévision, qui est à son plus bas niveau historique, souligne Carine Marcé, directrice associée à Kantar Public notamment auprès des 18-24 ans (28 %) et des employés(29 %), deux catégories globalement très méfiantes. »
« Il y a un décrochage important entre les milieux culturels et les niveaux d’éducation, observe le sociologue Jean-Marie Charon. Les plus âgés et les moins diplômés regardent encore très majoritairement le petit écran. Les “intellos” n’ont pas les mêmes sources d’information que les milieux populaires : ils écoutent la radio et s’informent sur les sites de la presse écrite et auprès des médias créés sur Internet. Il y a bel et bien une information à deux vitesses, qui pose plus que jamais le débat de la qualité de l’information. » Qui pose surtout plus que jamais le débat pour la préservation de la liberté d’expression, d’analyses et de constats qui a trouvé refuge et une visibilité nouvelle sur internet. C’est cette liberté-là (certes non exempts parfois de dérives), la possibilité d’accès à une alternative à la pensée (voire à la propagande) dominante qui fait souffler un vent de panique sur le Système… et des velléités de censure.
https://gollnisch.com/2019/04/09/les-croire-serait-pire-quune-erreur-ce-serait-une-faute/