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  • La droite et le socialisme par Pierre LE VIGAN

    Il est d’usage de considérer la droite comme le contraire du socialisme. La droite serait anti-socialiste pour la simple raison qu’elle serait une anti-gauche, ce qui revient à dire que la gauche, ce serait, peu ou prou, d’une manière ou d’une autre, le socialisme. Paradoxal alors que le socialisme a longtemps excédé les catégories de droite et de gauche, avant l’affaire Dreyfus.

    Or l’opposition au socialisme n’est pas constante dans l’histoire de la droite, de même que la gauche est fort loin de se définir principalement par l’adhésion à l’idée socialiste – aussi variée et polymorphe que puisse être cette idée. Les choses sont en effet plus compliquées. D’une part, les courants d’idées que sont le socialisme, le nationalisme, etc., ne se situent pas sur le même plan que les catégories de droite et de gauche. D’autre part, droite et gauche elles-mêmes ne sont pas les symétriques l’une de l’autre.

    Un détour est ainsi nécessaire par la gauche pour comprendre la droite. Raymond Huard défend à propos de la gauche l’hypothèse suivante :  la question ne serait pas de savoir si la gauche est une ou plurielle (« les gauches »), mais serait plutôt de se demander si la gauche est une donnée permanente de la vie politique française ou si « elle se construit dans certaines conjonctures historiques alors qu’à d’autres moments, cette notion (de gauche) n’est pas opératoire pour décrire les forces politiques, ne correspond pas à une réalité objective, ni même à l’impression subjective des individus (1) ».

    Cette hypothèse est convaincante. Elle consiste à voir en la gauche un rassemblement qui ne prend forme que dans des circonstances historiques précises – et rares. On peut estimer qu’une définition de la droite relèverait d’une définition non symétrique. À savoir qu’on pourrait toujours repérer la présence d’une droite dans l’histoire française des deux derniers siècles, et que celle-ci se définirait par le souhait de maintenir l’ordre établi.

    Naturellement, cet ordre changeant régulièrement, la droite change aussi, c’est-à-dire qu’elle change pour que rien ne change. En ce sens, cette droite dite « conservatrice » est aussi, et surtout, une droite moderne; elle conserve ce qui est compatible avec les mutations de la modernité : c’est-à-dire, en dehors du pouvoir de l’argent, pas grand chose. Cette droite se définit toujours  par le refus du constructivisme. Cette droite est en ce sens naturellement anti-socialiste : parce que c’est une droite « libérale », c’est-à-dire tolérante envers les évolutions qui se font sans contrôle humain conscient, alors qu’une droite conservatrice (radicalement conservatrice) peut être constructiviste, dans la mesure où la volonté de conserver, de maintenir (certains équilibres, certaines mœurs, etc.) n’équivaut pas au « laisser-faire » (comme le montre l’exemple de l’écologie). D’où la possibilité – entrevue par la « Nouvelle Droite », autour de la revue Éléments, d’un conservatisme révolutionnaire, tendance qui peut amener cette droite (radicale, ou dite « extrême » par ses ennemis ou ceux qui tout simplement ne la comprennent pas) à considérer certaine variante de socialisme comme la plus apte à restaurer certains principes qui sont les siens, par exemple l’unité de la communauté du peuple, la souveraineté nationale, la justice au sein du peuple, etc. Si la droite classique, au pouvoir ou proche du pouvoir depuis deux siècles, est anti-socialiste, paradoxalement, c’est parce qu’elle vient de la gauche, d’une certaine gauche de 1789, celle qui se définit par un principe d’opposition aux structures communautaires et une volonté de « naturaliser » le social, cette gauche de 89 qui a historiquement évolué vers la droite pour laisser la place à d’autres gauches selon un processus de sinistrisme parfaitement élucidé par Albert Thibaudet (2).

    Les rapports de la droite au socialisme sont donc évolutifs pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que le socialisme en France connaît des mutations idéologiques considérables, et que sous le nom de « socialistes » cœxistent parfois des conceptions totalement incompatibles, de la gauche « progressiste » à la « gauche réactionnaire » (3).

    Ensuite parce que, si l’« on ne se pose qu’en s’opposant », la droite change en fonction de l’évolution de la gauche, et de la « seconde naissance » que connaît celle-ci, en 1848-49, quand la Montagne  (Ledru-Rollin, Schoelcher, et les démocrates socialistes) se rapproche des socialistes, et quand la gauche, comme l’a justement remarqué Maurice Agulhon, commence à s’identifier, non seulement à la Révolution de 89-93, à la République, et au suffrage universel, mais aussi à « l’espérance sociale ». Comme le signalait Karl Marx (Les luttes de classes en France) en 1849, l’union du parti des ouvriers, et celui de la petite bourgeoisie était considérée comme « le parti rouge ». D’où un lien entre socialisme modéré et radical-socialisme (4). En d’autres termes, le changement social et la République deviennent une espérance commune à partir du milieu du XIXe siècle.

    Enfin parce qu’il existe une droite non libérale dont le rapport au socialisme oscille entre le refus de toute eschatologie « progressiste » et néanmoins la sympathie pour l’esprit communautaire et organique dont le socialisme peut être porteur.

    Dès Babeuf, des convergences entre un certain socialisme et les positions d’une certaine droite apparaissent. L’opposition entre les « ventres creux » et « le million doré » évoque l’opposition du « peuple » et des « Gros » (Pierre Birnbaum) généralement repérée comme un des thèmes de la droite radicale. Il y a aussi dans le communisme de Babeuf une composante libertaire et une passion du peuple réel contre les abstractions universalistes qui le conduisent à s’insurger contre ce qu’il appelle le « populicide » vendéen.

    Si l’égalitarisme de Babeuf ne rencontre pas de sympathie à droite, son populisme et son esprit libertaire trouvent un écho dans la droite radicale. Mais c’est un autre socialisme qui prend forme tout au long du XIXe siècle. Il se réclame de la transparence et de la rationalité et Karl Marx en représente la figure centrale. À la « fausse science » libérale, il oppose la « vraie science » des rapports sociaux. « L’humanité est en dehors de l’économie politique, l’inhumanité est en elle », écrit Marx. Au pessimisme d’une certaine théocratie pour qui « l’homme est un diable », Marx oppose l’idée selon laquelle rien de ce qui est diabolique ne serait humain, le mal étant seulement concentré dans la phase bourgeoise de l’évolution humaine, propos symétrique et tout aussi absurde. Le mal ne serait qu’un produit de circonstance de l’économie bourgeoise, qui dépossède l’homme de lui-même, et lui enlève sa « mienneté » (Paul  Ricoeur).

    Les critiques marxiennes mettront cinquante ans à avoir un écho à droite, avec la Jeune Droite de Thierry Maulnier et les spiritualistes des années Trente, qui ne se réduisent pas à la droite anti-conformiste, mais lui sont liés de maintes façons (5). Ce délai de réaction de la droite peut paraître long. Mais les critiques de Marx sont aussi longues à influer sur le socialisme français lui-même. En effet, l’idée socialiste en France, à partir de la IIe République, et malgré Proudhon dont les points de vue originaux font le « Rousseau du socialisme »,  se confond souvent avec un « maximalisme de la République » (Ernest Labrousse). Le socialisme est dans cette perspective la République « poussée jusqu’au bout », idée que l’on trouve très présente chez Jean Jaurès et jusqu’à, toute proportion gardée, Max Gallo dans les années 1980. Avec ce socialisme-là, ni la droite libérale, ni la droite radicale ne se reconnaisse d’affinités. Pour la première, la République, pour être acceptable, ne saurait être autre chose qu’un orléanisme sans roi. Pour la seconde, la République est une imposture sous sa forme libérale, qui ne cache que la domination de l’Argent-Roi.

    À la fin du XIXe siècle apparaît un autre socialisme français qui éveille des sympathies à droite. C’est un socialisme peu républicain, ou du moins critique par rapport à la tradition républicaine inaugurée en 1792, un socialisme anti-autoritaire, anti-belliciste (qui se rappelle justement le rôle funeste de la Gironde dans l’embrasement de l’Europe en 1792), et « mutuelliste » et fédéraliste (on peut être fédéraliste tout en critiquant bien entendu le rôle belliciste objectif de la Gironde en 1792). C’est le socialisme de Proudhon qui influence, outre le mouvement ouvrier, l’essentiel de l’anarchisme en France. Ce socialisme est aussi en partie celui de la C.G.T. naissante (alors que la S.F.I.O. est plus marquée par le « maximalisme de la République »). L’éclosion de ce socialisme libertaire et anti-parlementaire est suivie avec intérêt par Maurras, pour qui la royauté doit être une fédération de « libres républiques », et pour qui le socialisme uni à la monarchie comme « un gant va à une belle main ».

    Le socialisme est à ce moment pris dans les contradictions que l’aventure de Boulanger, puis l’affaire Dreyfus, avait mis en évidence. Première crise : le boulangisme. Certains socialistes, comme Paul Brousse et les « possibilistes de droite » se rangent résolument  dans le camp de la légalité parlementaire, tandis que d’autres, bien qu’anti-boulangistes, dénoncent aussi les « républicains bourgeois » dont « l’amour du lucre » est, disent-ils, la cause du boulangisme. Dans ce dernier camp se situe Jean Allemane, figure centrale du socialisme de l’époque, et les « possibilistes de gauche ». Proche de cette position est le Parti ouvrier français dont le mot d’ordre est : « Ni Ferry, ni Boulanger » (6). D’autres socialistes encore, comme Benoît Malon, comme les blanquistes (et c’est aussi la tentation de Lafargue), voient en Boulanger le moyen de renverser la République anti-ouvrière de Jules Ferry.

    Deuxième moment de clivage : l’affaire Dreyfus. Elle divise à nouveau le socialisme, entre hommes de gauche privilégiant les « droits de l’homme », et anti-bourgeois intransigeants. Ceux-ci rencontrent des sympathies à droite, d’autant que la droite, même dans ses composantes radicales, est, avant la naissance de l’Action française, ralliée à la République (la Ligue de la Patrie française de Jules Lemaître, futur maurrassien, se donne alors pour objectif d’instaurer une « République de tous », qui soit protectrice des ouvriers, de même que François Duprat parlera vers 1970 d’instaurer l’« État du peuple tout entier »).

    Aussi s’élaborent des rapprochements entre un socialisme de la base, principalement « un syndicalisme qui, entre 1906 et 1910, avait fait craindre la révolution à la société bourgeoise » (Michel Winock)  et une certaine droite radicale, autour de la jeune Action française. C’est notamment l’expérience, en 1911, du Cercle Proudhon (7).

    Cette configuration favorable à un rapprochement entre opposants de droite et de gauche est de courte durée. Dès avant 1914, c’est le socialisme comme « républicanisme de gauche » qui devient dominant. Pour autant, le caractère agonal de certaines influences perdure. Dans les années Trente, des conceptions corporatistes comme celles de François Perroux et de  Maurice Bouvier-Ajam sont imprégnées de l’esprit du socialisme fédéraliste et « auto-gestionnaire » de Proudhon. Il en sera de même pour les thèmes des gaullistes (principalement les gaullistes dits « de gauche ») concernant la participation comme troisième voie. De même, la « dérive fasciste » (Philippe Burrin) d’une certaine classe politique de la fin des années Trente et de l’Occupation concerne tout autant des hommes politiques originaires de la gauche que de la droite. Il est même assuré que ceux qui viennent de la gauche furent ceux qui mirent dans l’adhésion à un socialisme national fascisant le plus de souci de « rigueur » doctrinale et surtout de continuité idéologique (voir en ce sens les Mémoires de Marcel Déat et ses écrits politiques d’avant et pendant l’Occupation, Mémoires politiques, Denoël, 1989).

    La gauche aime en effet la rigueur intellectuelle, y compris quand elle devient le contraire de la rigueur humaine. C’est ce qui la mène à professer, parfois, plus qu’un césarisme en épaulettes, ce que Péguy appelait « un césarisme en veston ». Dans le même temps, un certain nombre d’hommes classés « à droite », de Charles Péguy à Alain de Benoist, considèrent que la misère est un obstacle au développement de la vie intérieure, et qu’il n’y a pas de communauté qui vaille sans que règne l’équité entre ses membres. De ce fait, si une certaine droite, de Leroy-Beaulieu au Club de l’Horloge professe depuis cent ans un anti-socialisme viscéral, une autre droite (radicale ou révolutionnaire) n’a cessé d’avoir de profondes convictions sociales. Droite moderne et droite contre-moderne n’ont cessé de s’opposer ici d’une manière plus profonde que l’opposition dite « droite – gauche ».

    Pierre Le Vigan

    Notes

    1 : Raymond Huard, in La Pensée, n° 291, 1993.

    2 : Albert Thibaudet, Les idées politiques de la France, 1932.

    3 : cf. Marc Crapez, La gauche réactionnaire, Berg, 1996, et Naissance de la gauche, Michalon, 1998.

    4 : cf. Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, n°1, « Le radicalisme », 1980.

    5 : cf. Jean-Louis  Loubet del Bayle, Les non-conformistes des années Trente, Le Seuil, 1969, réédition en 1987.

    6 : cf. Claude Mainfroy, « Sur le phénomène radical », in Cahiers d’histoire de l’Institut de recherches marxistes, op. cit.

    7 : Les Cahiers du Cercle Proudhon furent réédités dans les années 1980 par ce qui était alors la Nouvelle Action française de Bertrand Renouvin, puis l’ont été par Avatar Éditions, « La culture sans barrières », Cahiers du Cercle Proudhon, 2007, introduction d’Alain de Benoist.

    • Le présent article, remanié pour Europe Maxima, est paru dans Arnaud Guyot-Jeannin (sous la direction de), Aux sources de la droite, L’Âge d’Homme, 2000.

    http://www.europemaxima.com/la-droite-et-le-socialisme-par-pierre-le-vigan/

  • Christophe Castaner inaugure un institut islamiste à Lyon

    Christophe Castaner inaugure et soutient l’Institut Français de la Civilisation Musulmane le 19 septembre 2019. Cet institut invite dans ses séminaires des islamistes notoires comme Omar Abdelkafi (Frère Musulman égyptien), Youssef Ibrahim, et fut co inauguré par le secrétaire général de la Ligue Islamique Mondiale, Mohamed Al-Issa qui prescrit dans sa thèse de doctorat jihâd offensif et meurtre des renégats/apostats.

    https://www.lesalonbeige.fr/christophe-castaner-inaugure-un-institut-islamiste-a-lyon/

  • Emmanuel Macron pas étranger au scandale de la vente d’Alstom aux Américains

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    La vente à l’Américain General Electric d’Alstom relève du scandale d’Etat. Tous les protagonistes se sont goinfrés. Il aura fallu le livre d’un cadre d’Alstom, Frédéric Pierrucci, littéralement pris en otage par la justice américaine et emprisonné dans des conditions dantesques, pour que le grand public comprenne que le PDG d’Alstom, Patrick Kron, avait bradé un fleuron industriel français pour s’épargner de fâcheux ennuis. Mais il n’était pas seul décisionnaire. Les personnages de ce vaudeville pathétique où la France a perdu gros ont tous la caractéristique d’y avoir largement gagné. Et d’avoir pu se féliciter des choix du ministre de l’Economie de l’époque, un certain… Emmanuel Macron. Et c’est ça qui nous gouverne aujourd’hui.

    L’hebdomadaire Marianne a enquêté. Edifiant.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Après les seniors, le gouvernement va spolier les auto-entrepreneurs

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    Après avoir renoncé, en une journée, à supprimer l’exonération des charges sociales pour les personnes âgées de plus de 70 ans, le gouvernement propose, maintenant, de s’attaquer aux auto-entrepreneurs. Nous aurons, en 2020, le déficit le plus élevé d’Europe et le ministre du Budget essaye désespérément de le contenir à 2,2 % du PIB. Comme le gouvernement refuse d’utiliser la seule méthode qui fonctionne, c’est-à-dire diminuer drastiquement le nombre de fonctionnaires dans les services où ils sont en surnombre (si on excepte le budget soumis à une cure sévère), il est aux abois financièrement et essaye de couper les dépenses dans toutes les directions. Mais on sent l’improvisation et le manque de réflexion. Les mesures qu’il propose à la va-vite ont, le plus souvent, bien plus d’inconvénients que d’avantages. C’est le cas de la dernière trouvaille : s’attaquer à l’exonération de charges des auto-entrepreneurs, mesure phare de M. Sarkozy, tellement utile que même M. Hollande, pourtant acharné à détruire tout ce que son prédécesseur avait mis en place, n’avait pas jugé bon de modifier ce dispositif.

    Jusque-là, ceux qui créaient leurs petites entreprises individuelles ne payaient que 25 % des charges sociales qu’ils devaient la première année, 50 % la seconde et 75 % la troisième. Le nombre d’auto-entrepreneurs a crû au-delà des prévisions et le coût de la mesure a atteint 1,4 milliard d’euros. Insupportable, paraît-il, pour nos finances. Désormais, l’exonération sera totale la première année et les auto-entrepreneurs paieront plein pot à partir de la seconde année. Ceux qui opté pour ce régime avant la réforme verront leurs avantages rognés : 25 % la seconde année (au lieu de 50 %) et 10 % la troisième (au lieu de 25 %).

    Cette modification est, osons le mot, stupide ! En effet, les auto-entrepreneurs contribuaient considérablement à la baisse du chômage, pour un coût minimal. Supprimer leurs avantages va dissuader beaucoup de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale et va doper le taux de sans-emploi. Les 200 misérables millions d’euros économisés en limitant l’exonération de charges sociales seront très vite dépensés en allocations chômage et en aides sociales. Ridicule ! Cette exonération de charge n’était pas un cadeau ou une aide indue. Tout le monde sait que, lorsqu’on lance une entreprise, les premières années, celles du démarrage, sont les plus dures. Il faut se faire connaître et prouver qu’on est compétent. Au bout de trois ans, soit on a réussi et on peut payer plein pot, soit on a mis la clé sous la porte. Diminuer le poids des charges sociales était donc une mesure intelligente, logique, pleine de bon sens. Revenir sur ce dispositif est ridicule : l’amateurisme de ce gouvernement fait peur. Espérons que, comme pour les charges sociales pour les seniors de plus de 70 ans, le gouvernement fera machine arrière devant la bronca qu’il aura déclenchée.

    Christian de Moliner

    https://www.bvoltaire.fr/apres-les-seniors-le-gouvernement-va-spolier-les-auto-entrepreneurs/

  • Marion Maréchal : N’attendons pas l’homme providentiel. L’homme et la femme providentiels, c’est chacun, chacune d’entre vous

    Marion Maréchal : N’attendons pas l’homme providentiel. L’homme et la femme providentiels, c’est chacun, chacune d’entre vous

    Marion Maréchal est intervenue en fin d’après-midi à la Convention de la droite. Extraits de son discours :

    La première étape du combat se joue ici, c’est de rompre définitivement avec la droite des experts-comptables ! Celle de ceux qui veulent être modernes… Être dans le vent, ou l’ambition des feuilles mortes que sont certains politiques aujourd’hui. Cela fait 30 ans que la droite ne réfléchit plus et n’a plus rien à proposer. L’écologie est conservatrice, c’est un combat identitaire. Nous sommes légitimes pour porter ce combat. Nos gouvernements ont renoncés à porter une politique économique plus traditionnelle : agriculture, industrie, artisanat. Nous devons être du côté du réalisme contre l’idéologie. Nous avons le droit d’opposer notre culture française à des revendications politco-religieuses. Pour s’assimiler, il faut s’assimiler à quelqu’un et à quelque chose. Le camp des réalistes que nous sommes a le devoir de se fixer sur 5 grands défis. Le grand remplacement, le grand déclassement, l’épuisement écologique, le basculement anthropologique, et le grand affrontement des puissances. Face aux droits des minorités, nous devons affirmer le droit à la continuité historique. Cela passe par la mise en place d’une politique nataliste ! Et tant pis si j’ai dit un gros mot. J’admets que je souhaite pour ma fille une société ou l’enfant ne soit pas un produit à consommer. Je souhaite en tant que femme ne pas être un produit. Le progressisme devient un anti humanisme : tout se vend, de l’utérus à l’enfant.

    Je ne crois pas du tout que tout soit écrit par avance. La France a connu des chutes. Mais elle a aussi et surtout connu d’incroyables résurrections. Je ne comprends pas du tout que l’on puisse perdre espoir ! Je crois que le grand basculement politique s’opérera par ce type d’initiatives. N’attendons pas l’homme providentiel. L’homme et la femme providentiels, c’est chacun, chacune d’entre vous, là où vous êtes, pour agir dans le sens de vos convictions et des intérêts du pays. N’attendons pas que l’Etat nous sauve, actuellement il est phagocyté par une idéologie et des intérêts contraires à l’intérêt national. Je suis convaincue que le basculement politique s’opérera par ce type d’initiative et par la multiplication des ilots de résistance au sein de la société civile. Comme nous le faisons mon équipe et moi-même, avec l’ISSEP, en contribuant à former une nouvelle génération de dirigeants au service de leur pays. La France c’est nous, elle vit en nous, elle existe par nous et elle existera demain par ce que nous aurons su recevoir et transmettre. La France peut rayonner aujourd’hui dans le grand combat pour la dignité humaine !

    Je ne suis pas de celles qui défendent bec et ongle l’UE, dont je pense qu’elle a été mal pensée et qu’elle est en de nombreux points délétère. Mais en politique, c’est le terrain qui commande. Et le terrain, aujourd’hui, est européen. Je suis très optimiste car nous avons la clé du destin européen. Nous n’avons quasiment jamais été mis en minorité. Notre servilité actuelle est volontaire. Renversons ce système.

    Nous devons bâtir sur le roc, pas sur des coups médiatiques ! Par les idées, par les loyautés, les réseaux, des élus locaux, des soutiens financiers, culturels, intellectuels, par la confiance des entreprises. Pour y parvenir, il y a urgence à rompre avec la droite des expert comptables, ce champs de ruine idéologique qui n’a comme seul obsession que d’apparaître “moderne”. Ici, nous portons de plus grandes ambitions. Et ce ne sont pas seulement des ambitions de droite. Ce sont des ambitions françaises. Il n’est pas simple de faire preuve de bon sens, face à une actualité devenue un véritable Gorafi géant. Face aux délires du camp progressiste, le camp des réalistes que nous sommes a le devoir de se concentrer sur les grands défis du siècle. Pour moi, le plus grand obstacle est celui du désespoir. Où serions nous si nous avions perdu espoir après la défaite de 1870 ? De 1940 ? Nous sommes condamnés à l’espoir, alors agissons ! Et alors demain, j’en suis convaincue, nous serons au pouvoir.

    https://www.lesalonbeige.fr/marion-marechal-nattendons-pas-lhomme-providentiel-lhomme-et-la-femme-providentiels-cest-chacun-chacune-dentre-vous/

  • Après la mort de Jacques Chirac, la vraie droite s’affiche en Convention

    Après la mort de Jacques Chirac, la vraie droite s’affiche en Convention

    Eric Zemmour a ouvert la série des interventions en critiquant le progressisme :

    Le progrès c’est la grande religion de notre temps. Une femme peut être un père, merci Agnes Buzyn, comment ne pas être emporté par le niveau de cette analyse… ? Le progressisme est un matérialisme divinisé. Comment ne pas être ébloui par les tenues de Sibeth Ndiaye, sommet de l’élégance française ? Le progressisme fait de l’individu des êtres entièrement construits comme des légos, et qui peuvent ainsi être facilement déconstruits. L’ennemi à abattre, chez les progressistes, c’est l’homme blanc hétérosexuel et catholique, lui qui est coupable de tous les maux. Le seul ennemi des féministes hystériques est l’homme blanc. Si les femmes ne soutiennent pas les causes des LGBTIQ…XYZ, elles ne sont plus que de sales bourgeoises. L’Extrême-gauche a rangé son registre marxiste et la lutte des classes pour la défense des minorités.

    L’universalisme droit de l’hommiste nous empêche de nous défendre contre l’islam radical qui conquiert inexorablement le terrain. Ceux qui ont voulu nous sortir de la guerre des nations nous ont amenés dans la guerre des races et des religions. Faisons une comparaisons avec les années 30, ils aiment tellement ça. Aujourd’hui nous vivons sous un nouveau pacte Germano-Soviétique. L’avenir est régit par une contrainte démographique, et ça, nos élites ne l’ont pas compris. Nous assistons à une colonisation inversée. L’Islam est prêt à nous vaincre avec son drapeau et sa charia. Tous les problèmes en Europe sont aggravés par l’immigration, non pas créés, mais aggravés. Les racailles et l’Islam se comportent en conquérants, l’alliance de la djelaba et la kalach.

    Nous devons restaurer mes amis, restaurer la France, en étant fidèle à notre identité. Les jeunes français, seront-ils majoritaires sur la terre de leurs ancêtres. Cette question est capitale aujourd’hui, pensez-y.

    Puis Robert Ménard a appelé à ne pas avoir peur des Torquemada du 20h :

    Face aux biens-pensants, il faut attaquer, ne pas se laisser faire. J’ai besoin d’avoir des alliés autours de moi, j’ai besoin de vous pour m’aider.

    Je veux quelqu’un, un chef, qui défende la vie des petites gens, face aux racailles qui détruisent tout, partout. L’immigration, chez nous ce n’est pas un concept. Les deux tiers des élèves sont des immigrés, dont une large partie de musulmans. Un maire comme moi dans une ville comme ça, dans 20 ans il y en aura plus. Alors je ne veux plus de cette droite qui a peur de tout ! Je veux une droite optimiste, le vrai clivage il est là. Sarkozy, Macron, Chirac, ils ont incarnés l’optimisme. Soyons une droite optimiste, mais qu’attendons nous, mettez les mains dans le cambouis, avec les vrais gens. On veut être le porte parole des petites gens. Je vous donne rendez vous dans 3 ans à l’Élysée, pas ici. 

    Après Gilles-Willam Goldnadel, c’est le député LR Xavier Breton, en pointe contre la loi de bioéthique, qui est intervenu :

    La gauche est là pour émanciper, il faut s’émanciper des déterminisme, nous nous croyons dans l’enracinement, à partir de là on fait vivre. La personne humaine est fondée sur 3 piliers. La réalité physique, celle de l’éducation, et enfin celle de la reconnaissance sociale. L’enfant n’est pas que le produit de la volonté des adultes.

    Je dîne avec qui je veux, je conventionne avec qui je veux.

    Il avait été critiqué par son camp après un dîner avec Marion Maréchal et d’autres élus, en juin.

    Vient ensuite Jean-Frédéric Poisson, critiquant l’islamisation :

    Il existe un projet qui souhaite créer une République compatible avec l’islam. Ce mouvement, religieux et culturel, est financé par des états musulmans. Ils souhaitent installer le communautarisme. Petit à petit, se profile une fracture culturelle et cultuelle au sein de la société française. La conquête de l’islam est en cours ! C’est une décision qui a été prise par les Etats musulmans il y a 20 ans. Ils veulent fracturer la France et l’Occident ! Face à l’absence de projet commun, l’Islam en propose et réunit ses troupes. C’est l’absence de projet qui nous affaiblit.

    C’est trop tard, c’est perdu … j’entends trop souvent cela. Nous seront en capacité de présenter aux Français un projet qui répondra à toutes ces inquiétudes, à toutes ces menaces. Il faut prendre conscience de ce que nous savons faire, débattre, défendre un projet, partager des convictions fortes … Est-ce que nous disposons d’un agenda commun? Il nous faut une organisation commune, un agenda politique commun, si nous ne le faisons pas, nous avons perdu. Mais je suis sur que nous avons la capacité de le faire. Nous allons entendre des choses passionnantes dans la journée à venir. Mais pour gagner les prochaines élections, il nous faut un agenda politique commun, un projet commun.

    Guillaume Bigot a ensuite fustigé le politiquement correct :

    La dictature de la pensée n’a jamais existé, il existe en revanche une dictature de l’idéologie. Vous pensez en dehors du cadre, vous êtes un salaud. La classe dirigeante est grégaire, elle à des préjugés de classe dirigeante. Les élites croient que la menace c’est l’islam terroriste alors que la vraie menace c’est l’islam culturel.

    Gibert Collard a critiqué le laxisme de la justice.

    Je comparaitrai devant la justice pour une photo prouvant l’horreur de l’état Islamique. J’ai reçu un papier, d’un psychiatre, spécialisé dans le traitement des transsexuels … La justice en est là. Plus sérieusement. Au fondement de toute société il y a l’idée de justice. C’est fondamental.

    Paul-Marie Coûteaux s’est voulu optimiste :

    Le vieux socle progressiste que l’on croyait impérissable, est en train de partir en fumée.

    Dans un débat avec le Dr Alexandre, Olivier Babeau et Ivan Rioufol, Fabrice Hadjaj a fustigé :

    La République en Marche c’est la république de la fuite en avant. On aborde beaucoup la question de la puissance. Que puis-je faire ? Que suis-je capable de faire ? Mais cette puissance manque trop souvent de finalité. La civilisation du poisson rouge c’est des techno-leaders incapables d’attention plus de 30 secondes. Voulons-nous chercher l’immortalité? Ou bien acceptons-nous la mort? Le système techno-capitaliste à très bien compris et utilisé ce questionnement anthropologique.

    https://www.lesalonbeige.fr/apres-la-mort-de-jacques-chirac-la-vraie-droite-saffiche-en-convention/

  • Le déficit de la Sécurité sociale devrait atteindre 5,4 milliards d'euros en 2019

    7497678_a4590556-f7b1-11e7-aaab-8b8ac93e15fe-1_1000x625.jpgLe retour à l'équilibre n'est pas attendu avant 2023. 

    Mauvaise nouvelle pour les ministères de la Santé et des Comptes publics. Le déficit de la sécurité sociale s’est aggravé en 2019.
    Alors qu'ils prévoyaient en 2018 un léger excédent budgétaire, le déficit de la Sécurité sociale atteindra finalement de 5,4 milliards d'euros cette année, selon les chiffres quasi définitifs du projet de budget 2020 que le gouvernement doit dévoiler lundi et dont l'AFP a eu connaissance. Le retour à l'équilibre est attendu pour 2023. 
    En juin dernier, la Commission des comptes de la Sécurité sociale prévoyait un déficit entre 1,7 et 4,4 milliards d'euros. Elle estimait le coût de l'exonération de cotisations sur les heures supplémentaires dès le 1er janvier et la baisse du taux CSG pour une partie des retraités "respectivement 1,2 et 1,5 milliard d'euros". De quoi aggraver le "creusement" du déficit "qui atteindrait alors 4,4 milliards" ajoutant que "la trajectoire de retour à l'équilibre de la sécurité sociale pourrait être remise en cause".
  • DANIEL CONVERSANO, ÉDITEUR, INTERVIENDRA LORS DU RENDEZ-VOUS "BLEU BLANC ROUGE" DE SYNTHÈSE NATIONALE LES 12 ET 13 OCTOBRE À RUNGIS (94)

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  • Jean-Marie Le Pen : “Chirac ne voulait pas sauver cette France. Il était d’accord avec la gauche pour faire advenir ce qui est advenu”

    Jean-Marie Le Pen : “Chirac ne voulait pas sauver cette France. Il était d’accord avec la gauche pour faire advenir ce qui est advenu”

    Rédigée avant le décès de Jacques Chiracvoici l’analyse qu’offre Jean-Marie Le Pen dans le 2ème tome de ses mémoires “Tribun du peuple”. Elle a le mérite de ne pas être atténuée par le deuil de circonstance :

    “Je voulus pourtant pousser Chirac à tenir le rôle que son étiquette politique commandait. Sa mauvaise réputation plaidait en sa faveur. Le surnom de Facho Chirac que lui avait donné Le Canard enchaîné, celui de Bulldozer qu’il devait à Pompidou, l’appel de Cochin que lui avaient mitonné Pierre Juillet et Marie‐France Garaud, le récit de Mai 68 qui courait, où on le voyait négociant rue de Grenelle avec un pistolet dans la poche. Gagné par cette mythologie qu’il laissait astucieusement répandre, je lui faisais crédit d’être une force de la nature arriviste, peu regardante sur les moyens, mais sans états d’âme quant aux convictions. J’espérais donc que la raison aurait prise sur lui et que, si l’union des droites servait son intérêt, il s’y résoudrait. Je le croyais requin pour les ambitions, méduse pour les idées. Je me trompais. L’histoire allait prouver que derrière ce commode profil de Rastignac se cachait un militant résolu de l’Anti‐France.

    Pour l’instant, Bernard Pons, alors secrétaire général du RPR, mit un terme à tout espoir immédiat le 15 juin 1983 en déclarant : Au niveau national, un accord de principe pour une politique commune RPR-UDF est intervenu. Cet accord exclut la participation des représentants de Front national.

    Il existait donc de bonnes exclusions, de légitimes discriminations  ! J’en tirai la conséquence. Le bureau politique du FN réuni à Paris le lundi 18 juillet prit acte de la situation créée par la décision de l’UDF et du RPR de présenter chacun sa propre liste aux élections européennes et de la volte‐face de Jacques Chirac sur le problème européen. Il a demandé à son président JMLP de conduire la liste de l’opposition nationale. L’histoire a parfois des ironies délicates : c’est la raideur idéologique de Chirac qui, en refusant toutes mes demandes d’alliance, allait provoquer le raz‐de‐marée du FN aux européennes de 84  ! »

    « Les trois ans qui venaient de passer auraient dû voir le triomphe de Chirac. À partir de l’échec du PS aux législatives partielles de 1982, suivi des manifestations pour l’école libre et de la poussée électorale continue contre la gauche, il jouit d’une exceptionnelle conjoncture politique. Le peuple ratifie la position de droite nationale que lui ont tracée Marie‐France Garaud et Pierre Juillet. Il lui suffit de tenir fermement son cap pour ramasser la mise. Le faible poids, à l’époque, de l’électorat immigré et la désaffection de la gauche lui garantissent une marée d’électeurs autour d’une droite décidée. Il ne risque pas de perdre au centre ce qu’il gagne à droite : il peut compter sur une majorité de type juin 68.

    Si, donc, il avait persisté dans son discours de droite, je n’avais ni place ni utilité.

    Or c’est le moment qu’il choisit pour lancer la stratégie inverse. En fonçant à gauche, il m’ouvrait un boulevard. En refusant avec hauteur et grossièreté toute alliance, il révulsait son aile droite et la poussait dans mes bras. C’est incompréhensible si on le considère comme un homme de droite recherchant le pouvoir. Si l’on accepte au contraire de penser qu’il n’était, ni n’est, de droite, tout s’éclaire. Chirac a sacrifié son destin de président en 1988 à ses convictions de militant politique de gauche. Cela peut surprendre, et pourtant, ses proches lieutenants envoyaient des signes clairs à l’opinion. Ainsi Jacques Toubon avait‐il confié au Monde du 3 février 82 : Jospin, à l’ENA, j’étais plus à gauche que lui  !

    Comme si c’était un titre de gloire  ! Sur l’immigration, Chirac était clair dans le néfaste. Dès la fin du mois d’octobre 1977, il avait déclaré : Lier le chômage à la présence des immigrants est une réaction primaireEn 1979, il s’était prononcé aussi pour le vote des immigrés aux élections municipales (donc indirectement aux sénatoriales). À L’Heure de vérité, en juin 1982, il pontifiait sur le registre moral : Il serait inadmissible de renvoyer maintenant les immigrés.

    Les petites phrases démagogiques (et vulgaires) qu’il devait lâcher plus tard pour tenter de capter l’électorat populaire relèvent donc du pur théâtre politique.

    Il avait aussi voté avec la gauche la loi sécurité et liberté, poussé en avant la loi Veil, il était le premier ministre du regroupement familial. Quand le quotidien britannique de gauche The Guardian l’interrogea sur le Front national, il laissa tomber : L’honneur du gaullisme est d’avoir toujours marginalisé l’extrême droite (…)

    Quoi qu’il en soit, étant donné l’idéologie dont Chirac était tissé, et qui n’avait pas varié depuis le temps où il vendait L’Humanité à la criée et signait l’appel de Stockholm, son refus de saisir la main que je lui tendais était logique. Sans doute voulait‐il le pouvoir, mais il ne voulait pas le devoir à une coalition des droites ni se trouver forcé à mettre en œuvre une politique de droite.

    Ce qui est extraordinaire, c’est qu’il dirigeait ce que l’on tenait pour le plus grand parti de droite en France, et que les membres de ce parti le gardaient à leur tête. C’est la preuve, d’abord, de la force d’un appareil qui ne s’embarrassait pas de démocratie, ensuite, de l’infiltration gauchisante, sans doute maçonnique, de cet appareil. Si l’on excepte quelques jours après la municipale de Dreux, il m’a toujours exclu avec constance.

    En 1985, lors de mon voyage en Nouvelle‐Calédonie et de la préparation des législatives, les militants de droite étaient remontés par la dérive mitterrandienne de la société française. Ils manifestaient des convictions et préconisaient des solutions proches du FN, parfois plus radicales. Cela se traduisit par une plateforme de gouvernement RPR‐UDF en vue des législatives qui pompait littéralement le programme du FN. C’est alors que Bernard‐Henri Lévy jeta dans la presse l’interdit contre le Front national, qui se traduisit par la stratégie du cordon sanitaire menée par Chirac à l’Assemblée nationale, malgré le désir de nombreux élus de droite de se rapprocher de nous.

    Qu’est‐ce qui a fait marcher Chirac  ? C’est la grande question non résolue qui a donné forme à trente ans de politique en France. Pourquoi, sous quelle influence Jacques Chirac est‐il volontairement tombé dans le piège de François Mitterrand et a‐t‐il de ce fait sacrifié son élection en 1988  ? Pourquoi a‐t‐il rejeté l’alliance du Front national, grâce à laquelle la droite aurait pu mener une politique de droite et sauver la France que nous avons aimée  ?

    Il me semble que la réponse est dans la question. Au‐delà des détails et des manœuvres politiciennes, je crois tout simplement que Chirac ne voulait pas sauver cette France, qu’il était d’accord avec la gauche pour faire advenir ce qui est advenu.

    Il était d’accord avec la gauche, nourri de la même idéologie, pour changer la France et remplacer son peuple. Ce n’est pas un hasard s’il allait faire tant de tintouin, plus tard, sur la fracture sociale. Étudiant marxiste vieilli, Chirac n’accorde nulle importance à la lignée ni au territoire, son monde se divise exclusivement en classes. La nation est pour lui une vue de l’esprit qu’il convient de jeter aux poubelles de l’histoire. Je n’ai pas tout de suite mesuré l’irréfragable solidité des convictions antinationales de Chirac, mais j’ai senti sa haine. Si Chirac ne voulut pas d’une majorité de droite nationale qu’essayaient de négocier Junot, Violet et Malaud, c’est qu’il haïssait la droite et la nation (…)

    Le système avait employé tous ses moyens à éliminer le FN à l’aide de plusieurs campagnes de dénigrement. Pourtant, nous avions trente‐cinq élus, plus que le Parti communiste, dans l’ensemble d’excellente qualité. Mieux encore, nous avions amené le débat sur nos idées, nous avions mis sur la table l’immigration, ses liens avec le marasme économique et l’insécurité. Nous avions obligé la droite à prendre position sur la question.

    Chirac réagit aussitôt. Il lança contre notre remarquable équipe, que la géographie de l’Assemblée plaçait à l’extrême droite du président de séance, la consigne de l’isoler par un cordon sanitaire. Tel fut le vocabulaire employé, que nul, dans ce cas, ne jugea nauséabond. Les députés de sa majorité ne devaient ni voter les textes que nous proposerions ni nous adresser la parole. Le journaliste Franz‐Olivier Giesbert devait révéler plus tard que Chirac avait choisi lui‐même les députés RPR limitrophes des nôtres afin de s’assurer que la consigne soit bien respectée.

    Cependant était apparu au cours de la campagne électorale un phénomène que l’on nomme aujourd’hui la porosité de nos électorats. Lassés de la mollesse de la fausse droite, de nombreux Français rejoignaient les rangs du FN, d’autres plus nombreux votaient pour lui, c’est pourquoi le RPR et l’UDF avaient copié leur plateforme de gouvernement sur notre programme afin d’éviter une plus forte hémorragie. La France se posait maintenant une question simple : Chirac allait‐il tenir les promesses qui l’avaient fait vice‐roi, allait‐il mener les réformes annoncées et satisfaire le mouvement d’espérance qui nourrissait sa rhétorique pâteuse  ?

    La gauche le redoutait, les naïfs de la droite l’espéraient. En tant que président du Front national, comptable de l’espoir de mes électeurs, il me revenait d’en juger, vite et juste ; en tant que président du groupe Front national, il m’appartenait d’exprimer nettement ce jugement. Ma responsabilité était importante. Nous eûmes un débat. Le subtil Bruno Gollnisch prônait l’abstention afin de « laisser sa chance à Chirac » et de ne le condamner qu’après, sur pièces. Cela me sembla bien byzantin. Aucun d’entre nous ne croyant que Chirac eût la volonté de bien faire, c’était un stratagème un peu vain, surtout peu compréhensible par nos compatriotes. Il fallait être plus clair. Je répondis à Gollnisch : Les Français ne nous ont pas élus pour que nous nous abstenions  !

    C’est dans cet esprit que je montai à la tribune. La question de confiance était posée par Chirac, j’y répondis sans note ni détour. Mon improvisation fut jugée brillante par une assemblée silencieuse. Un seul mot comptait pour moi, confiance : j’ai parlé sans me référer à un papier, parce que je pense qu’il s’agissait d’exprimer un sentiment intime. La confiance, cela ne s’écrit pas, cela ne se décrit pas, cela se ressent : on a ou on n’a pas confiance. Monsieur le Premier ministre, je n’ai pas confiance. (…)

    Passant l’éponge sur les avanies subies (on voit que je n’étais pas rancunier quand il s’agit de l’intérêt national), je tentai, par Malaud, par Junot, par Violet, d’obtenir, sinon un accord de gouvernement, du moins un gentlemen’s agreement, l’assurance que, sur des points importants, la majorité tiendrait ses propres engagements. Peine perdue. Le refus de Chirac, alors comme toujours, eut un côté buté, incompréhensible, presque hystérique (…) Je lui laissai quand même sa chance, sans le dire. Comme il draguait depuis l’appel de Cochin la part nationale de la droite, il était naturel qu’il veuille m’évincer, la politique n’est pas un jeu de collégiennes. Je comprenais jusqu’à un certain point ses coups bas.

    Si l’on excepte quelques jours après la municipale de Dreux, il m’a toujours exclu avec constance. Pourquoi  ? Dans une confession au Quotidien de Paris, il avouait pourtant : Le Pen et moi n’avons pas les mêmes idées, mais ce n’est en aucun cas un fasciste  !

    Certains expliquent l’ostracisme constant dont m’a frappé Chirac par le piège de Mitterrand. Ce n’est pas convaincant. Sans doute, Mitterrand, ayant vu très vite l’impasse où le menaient la catastrophe économique et la désaffection populaire qu’il provoquait, comprit qu’il ne pourrait se maintenir que par artifice. Après 1984, quand le PC fut descendu à 10 % et nous montés à peu près au même niveau, l’attelage des gauches ne pouvait continuer, l’arithmétique lui imposait de diviser les droites.

    Il est tout aussi clair que Mitterrand se servit de notre croissance à cet effet. Mais cela ne nous dit pas pourquoi Jacques Chirac est tombé dans ce piège visible comme le nez au milieu de la figure. Rien ne l’empêchait de faire alliance avec le FN. On l’a vu à Dreux, où nous n’étions pas encore frappés de diabolisation majeure. L’alliance des droites, que je proposais depuis 1974, que préconisaient certains amis de Chirac, Junot, Malaud, restait possible. Chirac n’en voulut pas. Même après les législatives de 1986, bien que le Front national fût devenu une force politique durable dont la droite aurait besoin pour prendre le pouvoir, il maintint une exclusion qui devait lui coûter en 1988 la présidence de la République.

    Pourquoi  ?

    La solution échappe à la pure rationalité. Jean Madiran et François Brigneau, deux grands journalistes de la droite nationale, ont émis une hypothèse. Ils pensaient que Chirac a respecté l’engagement pris avant les législatives de 1986 par Alain Madelin auprès du B’nai B’rith, au nom du RPR et de l’UDF, de ne jamais passer avec le FN d’alliance nationale. L’un des anciens dirigeants du B’nai B’rith, Yves‐Victor Kamami, reconnaît et la rencontre au début de 1986 et l’engagement, même s’il critique le mot pacte. Ôtons donc le mot pacte. Il n’y a pas eu signature, mais il y a eu engagement, cela ne relève nullement de la théorie du complot. La collection du Monde et celle du Monde juif le confirment.”

    Pour commander le tome 2 des mémoires de Jean-Marie le Pen, c’est ici.

    https://www.lesalonbeige.fr/jean-marie-le-pen-chirac-ne-voulait-pas-sauver-cette-france-etait-daccord-avec-la-gauche-pour-faire-advenir-ce-qui-est-advenu/