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La revanche inattendue des syndicats
Le succès de la grève de la RATP de ce 24 septembre ne confirme pas seulement la difficulté, de plus en plus criarde, de la réalisation, deux ans après l'élection présidentielle, d'un régime de retraites "universel".
La loi des démocraties modernes indique qu'il n'est guère possible de réaliser les grandes réformes au-delà des 100 premiers jours d'un mandat présidentiel. De sorte que, plus on avancera dans le quinquennat actuel, plus on se rapprochera de l'an 2022, et plus ce dossier risquera de se trouver paralysé, indépendamment même de la question de la pertinence du projet.
Au moins aussi importante, la piqûre de rappel de l'existence des organisations syndicales, et de celle des considérations corporatives légitimes, après les protestations professionnelles des avocats, des infirmières, des pilotes de ligne, etc la semaine précédente, après la manifestation plutôt spectaculaire de FO le 21 septembre, permettait de prévoir sinon l'orage du moins l'averse.
Dans le cas des transports en commun d'Île de France, l'effet thrombose, annoncé la veille par la prévision d'une grève massive, se traduisant dès le lendemain matin par 291 km de bouchons routiers, a renforcé la capacité de dissuasion de l'Intersyndicale. La menace de relance d'un nouveau conflit, confirmé par un préavis de grève illimitée déposé pour le 5 décembre pourrait bien faire plier le pouvoir.
Le pays se retrouve ainsi dans un schéma que nos élites dirigeantes croyaient pouvoir oublier, depuis 12 ans, en vertu de l'existence d'un mince filet théorique de sécurité baptisé service minimum en 2007, sous la présidence Sarkozy.
Depuis plusieurs années, les bureaucraties syndicales françaises avaient essuyé, en effet, échec sur échec, reculs sur reculs, humiliations sur humiliations. Les tentatives de mobilisations,
• depuis celle contre la Loi El Khomri d'août 2016, dès le quinquennat de François Hollande,
• puis contre la Loi Pennicaud de septembre 2017 réformant le Code du travail, par la vertu de 5 ordonnances, seule opération réussie de la présidence Macron,
• puis contre la réforme de la SNCF consécutive au rapport Spinetta de février 2018, annoncée à grand bruit et finalement insignifiante.
Tout cela avait marqué gravement la décadence non seulement de la CGT, mais aussi de la galaxie des centrales concurrentes.
La poussée de fièvre des gilets jaunes, dans son caractère à la fois anarchique, évolutif et protéiforme a marqué, elle aussi, par ses 45 mobilisations du samedi, le déclin des bureaucraties qui se sont retrouvées à la traîne de ce mouvement social spontané et dès lors marginalisés.
Le déclin semblait irrémédiable. Et en partie légitime eu égard à la médiocrité du service que proposent ces organisations généreusement aidées par la réglementation. Les confédérations rivales, combien sont-elles ? CFDT, CFTC, FO, UNSA, CFE-ex-CGC, SUD-solidaires, FSU, on ne sait même plus comment les compter. Certes on se rengorge souvent en soulignant que la CFDT est devenue la mieux implantée dans le secteur privé. Mais si on observe les doctrines dont elle se réclame on se demande à quoi elle sert. Et, au total, le chiffrage des syndiqués en France reste l'un des plus faibles du monde industriel, on parle de 8 % des salariés, ce qui divisé par 8 ou 9 centrales ne fait guère masse.
Or, la maladresse avec laquelle on a procédé dans la concertation autour de "la" réforme des retraites a redonné une vigueur aux formes syndicales de la protestation sociale, permettant aux mouvements divisés et rivaux, Force Ouvrière d'un côté, direction de la CGT de l'autre, de se refaire une santé et de reprendre le chemin de la grévicuture.
On peut donc dire "merci" aux technocrates de Bercy, merci à l'endormeur Delevoye, et merci d'abord à celui qui l'a sorti de son farniente, qui l'a nommé, et finalement désavoué, en le faisant ministre, un de plus.
JG Malliarakis
https://www.insolent.fr/2019/09/la-revanche-inattendue-des-syndicats.html
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Que reste-t-il des Lumières ? (1re partie) par Pierre LE VIGAN
Plus de 250 ans après le lancement de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751), que reste-t-il des Lumières ? Un mythe et beaucoup d’ambiguïtés.
Le mythe, c’est l’idée que l’usage de la raison a été inventé par les Lumières. C’est très excessif. C’est faire peu de cas de Grecs, des Romains, des Renaissants et même des théologiens. Mais il reste un acquis de la pensée des Lumières : c’est l’idée que les hommes font leur histoire. Qu’ils ont la responsabilité de leur histoire. Les Lumières le disent et l’intègrent dans le développement de leur pensée. « Bien et mal coulent de la même source » dit justement Jean-Jacques Rousseau. Cette source, c’est l’homme, avec sa grandeur et avec ses limites. En outre, les Lumières n’ont pas inventé la notion de bien commun mais elle fut présente chez la plupart de ses penseurs. Ceci distingue les Lumières d’un certain libéralisme individualiste.
Le mythe des Lumières doit donc être ramené à ses justes proportions : les Lumières n’ont pas été une préfiguration de la Révolution française mais un mouvement qui a d’abord séduit les élites du royaume. « Les penseurs des Lumières n’ont rien compris à la Révolution » remarque Jean-Marie Goulemot, professeur à l’Université de Tours (dans Adieu les philosophes. Que reste-t-il des Lumières ?, Le Seuil, 2001). C’est justement la grande faiblesse des Lumières : leur culte du progrès, à la notable exception de Rousseau, s’est accompagné d’une incompréhension ou mécompréhension de l’histoire – peut-être à l’exception, elle aussi plus que notable, de Voltaire. En d’autres termes, les penseurs les plus importants du XVIIIe siècle sont irréductibles à la catégorie des Lumières.
Ambiguïté des Lumières. Au nom de la tolérance, les penseurs des Lumières poursuivent l’objectif d’un rapport de force idéologique et social. Nombre de penseurs des Lumières appellent à ne respecter que la raison mais déplorent de possibles « abus » des Lumières, comme « la dureté, l’égoïsme, l’irréligion et l’anarchie » (Moses Mendelssohn). Les Lumières critiquent l’arbitraire du pouvoir mais, en expliquant que tout pouvoir vient du peuple, elles légitiment en un sens les abus et l’arbitraire d’un pouvoir qui prétendrait avoir une légitimité absolue car venant du peuple. Un inventaire est nécessaire.
I – Les origines des Lumières et la France
On assimile souvent les Lumières à la pensée de la Révolution française, et plus largement à la genèse de la modernité. Les Lumières, ce serait Voltaire, et ce serait aussi Rousseau, et ce serait Diderot, et d’Alembert, voire un peu Benjamin Franklin, et tout de même aussi Kant, ce qui n’est pas une mince affaire. Si les Lumières sont un mot-valise, il est à craindre qu’elle soit lourde à porter. Et qu’une telle étendue de la notion n’aide pas à y voir clair. Et si le plus important dans les Lumières était ce dont on parle le moins, ce que le libéralisme des temps hypermodernes tend le plus à occulter, à savoir la notion de bien commun ?
La novation constituée par les Lumières est sans doute d’articuler, comme l’a relevé Tzvetan Todorov, le rationalisme et l’empirisme, d’une part Descartes, Leibniz et d’autre part Francis Bacon, John Locke, George Berkeley, David Hume.
Les Lumières partent d’Angleterre, de Locke et Berkeley, de la Cyclopaedia de Ephraïm Chambers et culminent avec l’Encyclopédie Britannique de 1768. On a d’ailleurs souvent fait commencer les Lumières à la crise de la première Révolution anglaise, celle de 1641 -1649, qui aboutit à la décapitation du roi Charles Ier. Les Lumières passent par la France et se terminent en Allemagne. Elles sont l’effet des liens de plus en plus étroits – mais qui restent conflictuels – entre les pays d’Europe, et d’une connaissance mutuelle croissante due au développement des échanges. Les Lumières ne se conçoivent pas sans l’amélioration des voies de communication et le développement de la poste. Ainsi, Voltaire aura environ un millier de correspondants.
Quelle est l’idée centrale des Lumières ? C’est d’émanciper la connaissance de la tutelle des religions. L’idée, c’est l’autonomie du peuple et de chacun : deux idées pas toujours compatibles au demeurant. Mais les Lumières, c’est aussi l’aspiration au bien commun qui pose des limites aux désirs de chacun. Les Lumières, c’est encore non pas exactement les droits de l’homme mais les droits humains, un principe d’universalité des droits de chaque homme, même s’il s’agit essentiellement… des droits de l’homme blanc et européen.
Les Lumières se sont heurtées à des adversaires externes, les « obscurantistes » mais aussi à des adversaires internes, les réductionnistes, ceux qui croient à l’inéluctabilité des Lumières, réductionnistes dont Rousseau, quoi que l’on puisse lui objecter par ailleurs, ne faisait pas partie. Il n’a en effet jamais évacué le tragique de la condition humaine.
À l’origine des Lumières, il y a souvent à la fois un mouvement social et un mouvement national, comme le soulèvement hollandais contre la domination espagnole de Philippe II. Loin de se vouloir révolutionnaires, les philosophes des Lumières se voulaient généralement porteurs d’idées visant à une plus grande stabilité, sur le plan de l’équilibre social (Hobbes) ou de la prévention des catastrophes naturelles (Descartes). Ce qui ouvre réellement la voie aux Lumières, c’est de s’opposer, comme Hobbes, et surtout comme Spinoza et Pierre Bayle, à toute censure. Pour Spinoza (1632 – 1677), « la raison à elle seule peut nous conduire à la béatitude, et fonde une religion naturelle, indépendante de la révélation historique » remarque le philosophe Ariel Suhamy (dans Spinoza, Ellipses, 2008). C’est pourquoi Spinoza est un partisan de la « lumière naturelle » de la raison. Mais il ouvre aussi la voie au panthéisme, au romantisme, bien au-delà des Lumières et parfois… contre les Lumières. Cela ne veut pas dire un rejet de tout esprit religieux. C’est en outre une position « avancée » qui ne fait pas l’unanimité. De fait, Locke et Leibniz croient pour leur part encore à la providence divine.
Ainsi s’esquisse une coupure entre les Lumières radicales – les ultras des Lumières – et les Lumières « modérées ». À l’origine des Lumières, il y a encore les doctrines du droit naturel, issu de la nature elle-même et de sa compréhension par la raison. Ce sont les doctrines du Hollandais Hugo Grotius et de l’Allemand Samuel Pufendorf (1632 – 1694). Tous deux défendent le principe de la distinction entre l’État et la société, cette dernière étant régie par l’ordre naturel. « Le droit naturel est immuable, jusque-là que Dieu même n’y peut rien changer » (Grotius, Du droit de la guerre et de la paix, 1625). Pour John Locke (1632 – 1704), le gouvernement civil est issu de la loi naturelle. C’est un contrat par lequel les hommes acceptent l’autorité politique en échange de la sécurité. Cela n’a aucun rapport avec la foi et si des restrictions à la liberté de croyance sont possibles ce ne peut être que pour la cohésion de la nation et non pour des motifs intrinsèquement religieux : « notre entendement est d’une nature qu’on ne saurait le porter à croire quoi que ce soit par la contrainte » (John Locke, Lettre sur la tolérance, 1686).
On rattache souvent les Lumières au culte du progrès. Ce n’est pas toujours vrai. Ainsi Pierre Bayle (1647 – 1706) ne croit pas au progrès; il cultive un doute systématique. La croyance au progrès de l’esprit humain caractérise par contre Fontenelle (1657 – 1757) qui défend aussi l’idée, dans la lignée de Copernic et Galilée, que l’homme ne peut plus se considérer comme le centre de l’univers. Fontenelle fut raillé par Voltaire (Micromégas). Pour Leibniz, le principe de la raison ne relève pas d’une intercompréhension entre les hommes mais est surplombant : c’est une harmonie préétablie d’origine divine (Monadologie, 1714). C’est le principe de raison suffisante.
Voltaire mettra aussi en scène Leibniz pour le ridiculiser dans Candide, non sans le caricaturer. Pour Mandeville, le vice et l’égoïsme sont les conditions de la prospérité (La Fable des Abeilles, 1705). « Seuls les fous veulent rendre honnête une grande ruche ». Friedrich von Hayek, au XXe siècle, verra en Mandeville un précurseur du libéralisme qu’il défendra contre les collectivistes et aussi contre les nationalistes.
Selon Peter Sloterdijk, le véritable ancêtre des Lumières est, à côté de Spinoza, le Tchèque Coménius (1592 – 1670), le « Galilée de l’éducation » dira Michelet. Selon Coménius, l’éducation peut rendre les êtres humains meilleurs. « Tout doit être enseigné à tout le monde, sans distinction de richesse, de religion ou de sexe », écrit-il. Coménius reprenait l’idée platonicienne de l’élévation de l’âme (Via Lucis. La voie de la lumière, 1642). La condition de cette élévation est l’éducation dont fera l’éloge même Rousseau, pourtant réservé quant à l’idée de progrès.
Les Lumières dans les Îles britanniques (ou îles anglo-celtes)
Si les Lumières ont pris naissance outre-Manche, elles ne sont pas seulement anglaises, elles sont britanniques. L’Écosse y a une grande part. Ce sont en effet les Écossais Francis Hutcheson, David Hume, Adam Smith, Adam Ferguson et d’autres, professeurs à l’Université d’Édimbourg, qui l’illustrent. Pour Hume, le commerce, le droit, la politique, l’État sont des artifices nécessaires pour donner plus de force à l’homme, animal plus fragile que les autres animaux. L’ordre social n’est pas le fruit d’une providence divine. Il est contingent. James Dunbar s’interroge : « Tout ce qui m’entoure n’est-il pas désordre, confusion, chaos ? Existe-t-il alors quelque principe de stabilité, d’ordre ? » (Essai sur l’histoire de l’humanité dans les époques violentes et cultivées, 1781). James Harrington défend l’idée (Oceana, 1656, destiné à Cromwell, puis L’art de légiférer, 1659) que l’économique détermine le politique. En d’autres termes, les rapports économiques, et notamment la propriété, détermineraient la nature du pouvoir politique, celui-ci n’étant qu’une superstructure – ce qui représente une préfiguration du matérialisme historique de Marx. L’histoire relève donc d’une sociologie historique et non des desseins de la Providence comme le pensait Bossuet.
Les Lumières écossaises constituent une tendance radicale des Lumières. La théorie du droit naturel de Hobbes et Locke est renversée au profit d’une étude des « circonstances » – le contexte – socio-historiques et d’un matérialisme économique. Pour Francis Hutcheson, nous disposons d’un sens moral donné par Dieu – une idée déjà développée par Lord Shaftesbury (1671 – 1713). Ce sens moral, s’il est naturel, peut néanmoins être mieux éduqué par la raison, indique Francis Hutcheson (Recherche sur l’origine de nos idées de beauté et de vertu, 1725). Cette conception sera attaquée par Kant comme ne faisant pas pleinement jouer son rôle à la raison.
L’époque des Lumières est loin d’être univoque. Les Lumières ne sont pas une doctrine. Elles ne sont définies qu’à la fin du processus, par Kant, et encore la définition n’est-elle pas forcément convaincante du point de vue rétroactif. C’est plutôt la définition d’un projet. Les Lumières sont une dynamique, et surtout un climat. Pas une pensée unique. Le rapport au monde devenant moderne, au monde « se modernisant », est ainsi complexe en fonction des penseurs. Il n’y a pas un rapport unique des Lumières à la modernité, ni au progrès et à la « souhaitabilité » ou « désirabilité » de ce l’on appelle alors le progrès.
Ainsi, l’Irlandais d’origine anglaise Jonathan Swift illustre, dans Les voyages de Gulliver (1726) les méfaits du monde moderne où le culte de l’argent s’allie souvent au culte du pouvoir. Contre l’idée d’un progrès possible dans l’art de gouverner, Jonathan Swift se réfère à des valeurs connues de tout temps. Pour Swift, la « science de gouverner [doit rester] dans des bornes très étroites, la réduisant au sens commun, à la raison, à la justice, à la douceur, à la prompte décision des affaires civiles et criminelles ».
Pour David Hume, les choses n’existent qu’en tant qu’elles existent pour nous, qu’elles sont quelque chose pour nous, que nous en avons fait l’expérience. C’est l’empirisme. Comme nous ne pouvons faire l’expérience de l’essence des choses, cette philosophie conduit au scepticisme, à la suite de Pyrrhon et de Montaigne, un scepticisme qui trouvera un nouveau souffle avec la philosophie analytique au XXe siècle.
Samuel Johnson est une autre figure qui, pour être rattachée aux Lumières, est surprenante et au vrai inclassable. Conservateur au sens sociétal du terme, il critique les Whigs, rivaux des Tories, et leur modernité qui consiste, selon lui, dans la valorisation de l’argent et l’appel au renversement des anciennes hiérarchies. Il avait créé un journal intitulé The Idler (le désoeuvré, le fainéant), se faisant notamment le défenseur des gens condamnés à de la prison pour dette.
L’Écossais Adam Smith, élève de Francis Hutcheson, écrit sa Théorie des sentiments moraux (1759) avant sa célèbre Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776). Son idée est que la morale vient de la sympathie que l’on éprouve ou non pour autrui. Si j’apprécie quelqu’un, je me comporterais de manière bienveillante vis-à-vis de cette personne. La bienveillance n’est pas un préalable aux relations sociales, c’est une conséquence de la sympathie. Sur le plan des décisions et des comportements des agents économiques, l’Enquête d’Adam Smith prétend démontrer que la marché s’autorégule et aboutit à ce que la recherche par chacun de son intérêt profite à l’intérêt général. Ceci suppose toutefois deux vertus selon Adam Smith : la prudence et la justice.
Si l’homme est au départ une table rase, comme le soutenait Locke, comment se forge-t-il une personnalité ? C’est le sujet du roman d’éducation de Laurence Sterne, Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme achevé en 1768.
Les Lumières en France
En France, il y a deux périodes des Lumières : l’une va de la période de la Régence, cette « révolution tranquille », jusqu’à Montesquieu et L’esprit des lois (1748), et il y a la deuxième période, celle, plus doctrinaire, des philosophes, à partir de 1750, avec les débuts de L’Encyclopédie (1751). C’est une période marquée par des penseurs aussi différents que Voltaire, Rousseau, Diderot.
Montesquieu défend le principe d’un ordre naturel contre le contractualisme, qui est aussi un constructivisme, de Hobbes. Mais l’ordre naturel selon Montesquieu n’est pas le prolongement d’un ordre divin, c’est un ordre humain et donc faillible. Les lois sont particulières aux habitudes humaines et ne peuvent donc être universalisées.
Pour La Mettrie (1709 – 1751), le corps est une machine mais surtout une chimie complexe. La pensée est elle-même une machine productrice de signes. Pour La Mettrie, les grandes aspirations humaines ne doivent pas être idéalisées, elles correspondent tout simplement à des fonctions chimiques et biologiques. « Le corps n’est qu’une horloge dont le nouveau chyle [résultat de la digestion] est l’horloger » (L’homme-machine, 1748).
Le comte de Buffon, anobli par Louis XV, n’est pas un théoricien des Lumières mais son projet dans le domaine de l’anatomie le rattache à l’ambition encyclopédique de son temps : rassembler toutes les connaissances, décrire les espèces, comprendre les différences de mœurs et d’habitat. Il partage cette ambition notamment avec Daubenton, et avec le Suédois Linné.
L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, le second ayant une autorité scientifique, se voulait au départ une traduction de l’encyclopédie anglaise (Cyclopaedia ou Dictionnaire universel des arts et des sciences) de Éphraïm Chambers (1728). Pierre Bayle avait ouvert la voie des encyclopédies critiques avec son Dictionnaire historique et critique (1697), L’Encyclopédie est engagée : il ne s’agit pas seulement de décrire; les jugements critiques abondent sur tous les sujets. Les auteurs plaident pour une monarchie parlementaire à l’anglaise, et contre le principe de légitimité absolue du pouvoir royal. La puissance du roi vient du consentement du peuple et est soumise à des conditions, comme la puissance paternelle l’est. C’est en fait un contrat avec des obligations réciproques. « Le prince ne peut pas disposer de son pouvoir et de ses sujets sans le consentement de la nation, et indépendamment du choix marqué dans le contrat de soumission. » Et encore : « Le gouvernement est […] un bien public qui par conséquent ne peut jamais être enlevé au peuple (Encyclopédie, article « Autorité politique », tome I, 1751) ».
Claude-Adrien Helvétius (1715 – 1771), né Schweitzer, considère que l’intérêt est le critère essentiel de nos conduites et de nos jugements. Helvétius est le père de l’utilitarisme. Ce sont pour lui les sens qui nous révèlent tout. Sa doctrine est aussi un sensualisme. « Toute idée qu’on nous présente a toujours quelque rapport avec notre état, nos passions, nos opinions. » La presque totalité des hommes, explique encore Helvétius, « ne peuvent estimer dans les autres que des idées conformes aux leurs, et propres à justifier la haute opinion qu’ils ont tous de la justesse de leur esprit (De l’esprit, discours II, chapitre 3) ».
Voltaire est un esprit universel : historien, poète, conteur, philosophe (sans la lourdeur de beaucoup de ceux-ci). C’est tardivement qu’il exprime réellement une pensée personnelle. Et cette pensée est pessimiste, notamment dans Candide (1759) – un état d’esprit peut-être dû en partie au bouleversement de l’auteur face au terrible tremblement de terre de Lisbonne de 1755 (plus de 50 000 morts) et face aux guerres européennes incessantes. Voltaire appelait ses contes des « couillonneries », ceci pour indiquer qu’il n’y attachait pas une importance excessive. Ils n’en sont pas moins pleins de finesse. La morale de Candide est que, dans un monde dont il ne faut pas attendre de grands bonheurs, le mieux est encore de travailler sans se faire d’illusions. Voltaire s’opposait ici à Leibniz et à son optimisme philosophique. « Les grandeurs, dit Pangloss, sont fort dangereuses, selon le rapport de tous les philosophes […]. Vous savez comment périrent Crésus, Astyage, Darius, Denys de Syracuse […]. Vous savez… – Je sais aussi, dit Candide, qu’il faut cultiver notre jardin. – Vous avez raison, dit Pangloss : car, quand l’homme fut mis dans le jardin d’Éden, il y fut mis ut operaretur eum, pour qu’il travaillât, ce qui prouve que l’homme n’est pas né pour le repos. – Travaillons sans raisonner, dit Martin ; c’est le seul moyen de rendre la vie supportable (Candide, chapitre XXX). »
Autre ouvrage de Voltaire, le Dictionnaire philosophique portatif – on dirait aujourd’hui « de poche » –, paru en 1764 d’abord de manière anonyme, systématise et synthétise sa pensée émancipée vis-à-vis de toutes les crédulités. Le ton en est volontiers polémique. L’ouvrage est mis à l’index par le Vatican en 1765 et brûlé dans plusieurs villes. On a beaucoup souligné l’opposition de Voltaire à l’Église et aux autorités religieuses manifestée par sa formule « Écrasez l’infâme ! ». Toutefois, Voltaire est déiste – c’est-à-dire croyant en Dieu mais rejetant tout surnaturel et toute tradition religieuse. Il n’est pas athée ; c’est pourquoi il oppose la religion naturelle, pacifique et saine, aux religions « artificielles » qu’il voit comme stupides et meurtrières.
Rousseau (1712 – 1778), pour sa part, se fait connaître par un Discours sur les sciences et les arts (1751) dans lequel il critique l’idée qu’il y aurait un progrès de la moralité en même temps que des progrès des connaissances et des techniques. À la même époque, il collabore à L’Encyclopédie (article « musique »). Dans la Nouvelle Héloïse (1761), il critique les développements de la « civilité », de la politesse, et en somme de la civilisation. Pour Rousseau, politesse et civilisation représentent une insincérité foncière. Dans la Lettre à d’Alembert (1758), il avait déjà mis en question les vertus du théâtre – un des modes de la civilité – en lequel il voyait une école d’affectation préjudiciable à la perpétuation des mœurs sincères et franches.
C’est ainsi toute la stratégie des Lumières que récuse Rousseau : faire passer des idées nouvelles par le moyen de conversations mondaines, « de salon ». Pour Rousseau, la forme en dit long sur le fond, et de ce fond, il ne veut pas.
Du contrat social, que publie Rousseau en 1762, est un éloge du politique. Rousseau entend démontrer que l’homme n’étant pas naturellement apte à vivre en société, il faut un pouvoir politique pour empêcher les guerres permanentes. C’est ici une analyse assez proche de celle de Hobbes. Mais pour Rousseau, le pouvoir politique doit être étroitement dépendant de la société. Il doit être son émanation. Partant de là, le pouvoir a une très forte légitimité, qui peut justifier des dérives que l’on appellerait de nos jours totalitaires. Rousseau considère qu’il faut accepter dans le cadre du contrat social des clauses qui « bien entendues se réduisent toutes à une seule, savoir l’aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté. Car, premièrement, chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous, et la condition étant égale pour tous, nul n’a intérêt de la rendre onéreuse aux autres. De plus, l’aliénation se faisant sans réserve, l’union est aussi parfaite qu’elle ne peut l’être et nul associé n’a plus rien à réclamer (Du contrat social, Livre I, chapitre 6) ». « À l’instant, au lieu de la personne particulière de chaque contractant, cet acte d’association produit un corps moral et collectif composé d’autant de membres que l’assemblée a de voix, lequel reçoit de ce même acte son unité, son moi commun, sa vie et sa volonté. Cette personne publique qui se forme ainsi par l’union de toutes les autres prenait autrefois le nom de Cité, et prend maintenant celui de République ou de corps politique, lequel est appelé par ses membres État quand il est passif, Souverain quand il est actif, Puissance en le comparant à ses semblables. À l’égard des associés, ils prennent collectivement le nom de Peuple, et s’appellent en particulier citoyens comme participants à l’autorité souveraine, et sujets comme soumis aux lois de l’État. Mais ces termes se confondent souvent et se prennent l’un pour l’autre; il suffit de les savoir distinguer quand ils sont employés dans toute leur précision… » (ibid., Livre I, chapitre 6).
Diderot (1713 – 1784) se distingue tant de Rousseau que de Voltaire par son athéisme. Dans Le rêve de d’Alembert écrit en 1769, (une œuvre en trois parties : « Entretien entre d’Alembert et Diderot », « Le Rêve de d’Alembert », « Suite de l’entretien précédent »), Diderot met en scène, sous forme de dialogues, ses conceptions matérialistes antichrétiennes mais n’excluant pas de reconnaître de la valeur aux religions « naturelles ». C’est ce qu’il exprime dès l’écriture de ses Pensées philosophiques, publiées anonymement (1746). Dans le corps humain, Il n’y a pas d’âme, il n’y a qu’un cerveau et des neurones.
C’est un développement radical de la pensée des Lumières, dans lequel sont valorisées les expérimentations de tous ordres, tandis que Diderot appelle à rompre avec toutes les servitudes y compris l’esclavage (ainsi dans Contribution à l’histoire des deux Indes, 1772, sous la direction de l’abbé Raynal). Dans Le rêve de d’Alembert (« Suite de l’entretien précédent »), un personnage exprime le point de vue de Diderot en affirmant : « c’est que nous ne dégraderions plus nos frères en les assujettissant à des fonctions indignes d’eux et de nous. […] C’est que nous ne réduirions plus l’homme dans nos colonies à la condition de la bête de somme. » Il n’y a pas de morale révélée ni universelle, affirme encore Diderot dans le Supplément au voyage de Bougainville (1796, posthume). Avec cette pensée non systématique et différentialiste du point de vue culturel, les Lumières françaises culminent dans bien autre chose que l’optimisme et le culte du progrès qu’on leur attribue bien souvent.
Le baron d’Holbach, d’origine allemande, contributeur de L’Encyclopédie, présentait deux faces. L’une était celle d’un homme de débat. L’autre était celle d’un propagandiste déterminé de l’athéisme et du matérialisme philosophique. Ses coups de butoirs matérialistes se manifestent par Le système de la nature en 1770 – qui fut condamné à être brûlé cette même année – et Le bon sens, ou idées naturelles opposées aux idées surnaturelles (1772). Ses idées étaient fort appréciées par Diderot. Hostile à tout déisme, à la différence de Voltaire et Rousseau, d’Holbach nie l’intérêt de l’hypothèse de Dieu même comme simple Grand Architecte de l’Univers, dépourvu de dimension sacrée. D’Holbach ne se contente pas de prôner le matérialisme athée. Il développe ses conceptions sociales dans Système social ou principes naturels de la morale et de la politique (1773) et La politique naturelle ou discours sur les vrais principes du Gouvernement (1773). Selon d’Holbach, le système physique détermine le système politique, d’où le déterminisme et ce qu’on a appelé le « fatalisme » de d’Holbach. La souveraineté repose selon d’Holbach sur un pacte social et non sur un droit divin et la volonté générale est son fondement. D’Holbach, mort quelque temps avant la prise de la Bastille, le 21 janvier 1789, est peut-être l’auteur qui a le plus influencé les révolutionnaires et constituants de 1789 – 1791. Voire le seul qui les ait réellement influencés.
Il faut sans doute rattacher à d’Holbach et aux Lumières radicales le curé Jean Meslier (1664 – 1729), dont le Testament, en tout cas celui qui lui est attribué, fut publié par Voltaire en 1762. Ce texte est empreint de matérialisme, de libertinage au sens philosophique, d’athéisme et même d’anarchisme social. Il ne critique pas l’existence d’une morale mais veut lui donner un autre fondement que la religion. D’Holbach s’abrita derrière Meslier pour défendre ses propres thèses (Le bon sens du curé Meslier, 1772). De même, Morelly (Code de la nature ou Le Véritable esprit des lois, 1755) appartient aux Lumières radicales, voire aux Lumières « ultra » et développe des idées communistes (abolition de la propriété privée, collectivisme…). « I – Rien dans la Société n’appartiendra singulièrement ni en propriété à personne, que les choses dont il fera un usage actuel, soit pour ses besoins, ses plaisirs, ou son travail journalier. II – Tout Citoyen sera homme public sustenté, entretenu et occupé aux dépens du Public. III – Tout Citoyen contribuera pour sa part à l’utilité publique selon ses forces, ses talents et son âge; c’est sur cela que seront réglés ses devoirs, conformément aux Lois distributives (dans Lois fondamentales et sacrées qui couperont racine aux vices et à tous les maux d’une Société) ».
La Révolution française s’est-elle réclamée des Lumières ? Elle s’est réclamée un peu de Voltaire et surtout de Rousseau, mais il ne faut pas surestimer l’influence des publications intellectuelles : les livres politiques étaient les moins lus. Ce qui est sûr, par contre, c’est que la plupart des penseurs des Lumières, quand ils étaient encore vivants durant la Révolution, ne lui ont manifesté aucune sympathie. L’abbé Raynal, co-auteur avec Diderot de L’Histoire des deux Indes, écrit à l’Assemblée constituante en mai 1791 une lettre dans laquelle il défend la monarchie constitutionnelle et s’insurge, après avoir des années auparavant rappelé « les devoirs des rois », contre ce qu’il voit maintenant, et appelle « les erreurs du peuple ».
Pierre Le Vigan
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Grand Remplacement en Europe : la Suisse, en difficulté, tente de résister (Polémia)
Polémia continue son tour d’Europe du Grand Remplacement. Après avoir étudié l’emblématique cas de la Suède puis l’inquiétante submersion démographique de la Belgique, l’espoir d’une réaction politique au Danemark, le désastre multiculturel britannique, le suicide de l’Allemagne, les tentatives de résistances de l’Autriche, l’espoir naissant en Italie, la spirale infernale en Espagne, l’islamisation galopante des Pays-Bas et le bon élève portugais… c’est au tour de la Suisse d’être étudiée par Paul Tormenen. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les inquiétudes sont bien moins importantes au Portugal que dans le reste de l’Europe de l’ouest…
La Suisse connait une immigration très importante depuis plusieurs décennies. Cette immigration suscite des craintes, voire un rejet dans une partie de la population helvète. Ces craintes sont schématiquement de deux ordres : concurrence sur le marché du travail en ce qui concerne les Européens et remise en cause du modèle culturel par les extra-européens. Cela d’autant plus que dans la période récente, l’intégration d’une partie de la population extra-européenne peine à se réaliser.
Face à cela, les réponses apportées par les autorités helvètes oscillent entre ouverture et fermeté. Une fermeté qui est parfois demandée par la population à l’occasion de référendums fréquemment organisés en Suisse. L’immigration choisie n’est pas un vain mot dans le pays, même si une partie de l’opposition politique voudrait que le gouvernement aille plus loin sur le sujet.
Des flux d’immigration très importants
Depuis la deuxième guerre mondiale, la Suisse a connu deux mouvements importants d’immigration. Le premier a coïncidé avec le développement industriel des années 50 et 60. Le second a commencé en 1975. Il est ininterrompu depuis cette période.
Après la 2e guerre mondiale, le gouvernement suisse a accordé de nombreux titres de séjour à des travailleurs essentiellement européens dans un contexte de relance de la production industrielle. L’immigration a ensuite subi un coup d’arrêt avec le retour au pays de près de 300 000 travailleurs étrangers au moment de la crise économique liée au choc pétrolier (1973). La Suisse a depuis lors accueilli chaque année un nombre croissant et important d’étrangers en proportion de sa population.
Alors que 92 000 immigrés permanents s’installaient dans le pays en 1981, ils étaient 146 000 sur la seule année 2018 (1).
L’immigration nette (immigrants moins émigrants) est invariablement excédentaire sur la période 1962-2017. C’est une moyenne de 163 000 personnes qui arrivent chaque année dans le pays (2).
Entre 1980 et 2018, le solde migratoire fait ressortir 1,7 million d’étrangers supplémentaires (3).
Une population immigrée en croissance
La population étrangère est en hausse constante en Suisse. Elle est passée de 14 % de la population totale en 1980 à 25 % aujourd’hui (4). La confédération helvétique fait partie des pays comptant la plus forte proportion au monde de résidents nés à l’étranger (5).
Alors que le pays comptait 285 000 résidents étrangers permanents en 1951, il en compte maintenant 2,1 millions. Ceci alors que la population du pays est de 8,5 millions d’habitants (6).
Les Européens (Italiens, Allemands, Portugais et Français) représentent les plus forts contingents de la population étrangère (80 %) résidant en Suisse (7).
La population issue de l’immigration (étrangers nés à l’étranger ou naturalisés après être nés en Suisse, naturalisés et étrangers nés en Suisse avec au moins un des deux parents nés à l’étranger) a été estimée en 2017 à 37 % de la population (8).
Parmi la population extra-européenne permanente, les Asiatiques (165 000), les Africains (109 000) et les Turcs (67 000) sont les plus présents (9). La population musulmane représentait en 2016, selon le Pew Research Center, près de 6 % de la population, soit près de 400 000 personnes. Selon les projections de l’institut américain, la population musulmane pourrait représenter en 2050 entre 8 et 12 % de la population suisse (10).
L’immigration européenne
La concurrence sur le marché du travail entre étrangers et nationaux et l’ampleur des flux migratoires font l’objet de critiques qui concernent non seulement les extra-européens mais également l’immigration européenne. Plusieurs accords sur la libre circulation des ressortissants européens ont été signés entre Berne et l’Union européenne à partir des années 2000 mais ils sont toujours contestés, en particulier par un parti politique, l’U.D.C. Ce parti a pris, depuis plusieurs années, des initiatives visant à les résilier. (11) Ce qui n’est pas sans provoquer des craintes auprès des frontaliers, dont beaucoup sont Français.
L’immigration extra-européenne
Si l’immigration extra-européenne ne représente en Suisse qu’une minorité de la population, plusieurs signaux mettent en lumière uneintégration difficile voire défaillante d’une partie d’entre elle.
Un islamisme en progression
Une partie de la communauté musulmane suisse est en voie de radicalisation :
- Une étude récente menée par l’université des sciences de Zurich aboutit au constat que près de 21 % des jeunes musulmans vivant en Suisse estime que la charia a une valeur supérieure à la loi suisse (12).
- A l’extrême de la radicalisation, un conseil central islamique suisse a vu le jour et compterait près de 3 500 membres. Outre l’accusation d’inciter ses membres à la polygamie et de justifier l’excision des filles (13), elle fait l’objet d’une action en justice au chef de soutien à Al Qaida (14).
- Le prosélytisme islamique se manifeste parfois dans les écoles. C’est ainsi qu’à Winterthur, des enseignants se plaignent que des élèves musulmans incitent les non musulmans à jeûner pendant le ramadan (15).
- Comme dans d’autres pays européens, les monarchies du golfe sont accusées d’ « arroser » les établissements cultuels et culturels islamiques. S’exprimant sur de généreux financements qataris, un des auteurs des « Qatar papers » expliquait à Genève : « Il s’agit de prendre en charge chaque individu musulman vivant en Europe depuis sa naissance jusqu’à sa mort » (16). Les financements de la Ligue islamique mondiale basée en Arabie Saoudite « irrigueraient les mosquées et les organisations prêchant un islam wahhabite » selon un enseignant de l’université de Berne (17). Des mosquées turques seraient financées par la direction des affaires religieuses de Turquie, dont un rapport affirme que l’islam est supérieur au christianisme et au judaïsme (18) et que le dialogue inter religieux est inacceptable (19). On pourrait multiplier les exemples. Si l’islamisme semble se répandre en Suisse, le pays compte plusieurs « vigies » efficaces qui sont actifs tant dans l’observation de ces faits que dans les initiatives visant à les interdire ou à tout le moins les réduire.
Une intégration en question
Que ce soit en matière d’assistance sociale, de délinquance que de comportement en société, plusieurs statistiques et faits relatés montrent que l’intégration d’une partie des extra-européens est un mot vain.
- Une étude récente de l’Office fédéral de la statistique met en avant une sur-représentation de certaines nationalités parmi les bénéficiaires de l’aide sociale. C’est ainsi que fin 2017, 83 % des somaliens et 54 % des Erythréens et des Congolais vivant en Suisse bénéficiaient de l’assistance sociale (20). Plus globalement, sur les 350 000 bénéficiaires des aides sociales, 57 % étaient étrangers (21).
- Les détenus en prison sont très majoritairement étrangers : à 80 % dans les prisons romandes, et de 50 à 60 % dans les prisons alémaniques. Les origines ethniques majoritaires dans les prisons romandes sont l’Europe de l’est, l’Afrique noire et le Maghreb (22). Sur la période 1988-2017, on assiste à une augmentation conséquente de la part des étrangers en détention avant jugement dans l’ensemble du pays (23). Globalement, 7 prisonniers sur 10 sont étrangers, ce qui est la plus forte proportion en Europe (24).
- L’incivilité se manifeste à plusieurs occasions : c’est le manque de respect (insultes, crachats) à l’égard de maître-nageurs dans certaines piscines (25). C’est, dans certains services d’urgence, le personnel victime d’agressions sexuelles et de menaces de mort (26). Dans les deux cas, des migrants sont pointés du doigt par des professionnels. La Suisse n’échappe pas aux rivalités violentes de bandes de cités issues de l’immigration, comme dans la banlieue de Zurich où la palme de « Bronx de la Suisse » est chèrement disputée (27).
Face à une situation qui se dégrade, le système démocratique suisse permet une expression directe des citoyens sur des sujets de société. Il leur permet également de ne pas subir des choix qu’ils désapprouvent.
La Suisse met en pratique la démocratie directe, à l’opposé du pouvoir sans partage du Président Macron qui craint plus que tout que des « questions de gauche finissent avec des réponses de droite » (28). En particulier sur le thème de l’immigration pour lequel il mène une politique « en marche forcée » (29).
Les votations sur l’immigration
Les citoyens suisses ont été amenés à s’exprimer de nombreuses fois sur l’immigration. Récemment les thèmes suivants ont fait l’objet d’une « votation », un vote référendaire :
- l’interdiction de la construction de minarets (2009),
- le renvoi effectif des criminels étrangers (2010 et 2016),
- la fin de l’immigration de masse (2014),
- la primauté du droit national sur les accords internationaux (2018) (30). Cette dernière proposition a été refusée, bien que l’immigration subie (regroupement familial, asile) découle des accords et traités internationaux signés par le pays. Comme le souligne le juriste J.L. Harouel, « les libertés publiques ont été déclassées par les droits fondamentaux, dont profitent principalement les immigrés, systématiquement admis à tous les acquis et avantages des peuples européens » (31). Un constat qui est à relativiser en Suisse, comme nous allons le voir.
Le renvoi des criminels étrangers (votation en 2010), l’interdiction de la construction de minarets et la limitation de l’immigration ont obtenu la double majorité requise, du peuple et des cantons.Mais la votation contre l’immigration de masse ne s’est toujours pas traduite par de nouvelles règles de circulation des individus entre la Suisse et l’Union européenne, en raison notamment du blocage des institutions européennes. Une nouvelle votation à ce sujet devrait être organisée en 2020 (32).
Priorité nationale et immigration choisie
En dépit d’une immigration importante, la Suisse a depuis longtemps voulu garder la maîtrise des flux migratoires et protéger son marché du travail. La politique de l’immigration choisie se manifeste dans les conditions exigées pour venir, vivre et travailler dans le pays :
- La Suisse a adopté en 2014 une priorité d’information aux demandeurs d’emploi résidants concernant les offres d’emploi pour certains métiers. Ceci avant que l’employeur ne soit autorisé à prospecter plus avant (33).
- Pour les extra-européens, les conditions d’accès à l’emploi sont encore plus draconiennes: on peut parler d’une véritable préférence nationale dans ce cas. L’employeur doit apporter la preuve qu’un suisse ne peut pas être recruté sur le poste qui est pourvu par un étranger. Des quotas de travailleurs étrangers ont été mis en place. L’intégration à la société suisse est également évaluée dans le temps (34).
- La politique de l’immigration choisie se vérifie dans les qualifications – de plus en plus élevées – des immigrants, ce qui favorise leur insertion dans le marché du travail (35).
- L’acquisition de la nationalité suisse est très exigeante : il faut vivre en Suisse depuis au moins douze ans et connaitre les us et coutumes du pays pour pouvoir prétendre accéder à la nationalité suisse. Il n’y a pas de droit du sol pour la deuxième génération.
D’autres initiatives visent à ne plus subir une situation qui aux yeux de nombreux suisses se dégrade :
- La Confédération helvétique n’hésite pas à expulser les criminels étrangers : cela a été le cas de 1 000 d’entre eux en 2017.
- Le gouvernement suisse n’a pas ratifié le Pacte de Marrakech sur les migrations fin 2018.
- Des cantons ont adopté l’interdiction de la burqa, comme celui du Tessin et de Saint Gall (36).
En matière d’asile, l’heure est à la fermeté :
- Les voyages à l’étranger des réfugiés ne seront prochainement plus autorisés (37).
- Le Conseil fédéral a pris en avril 2019 plusieurs mesures visant à accélérer l’accès des réfugiés au marché du travail, avec un parcours obligatoire (acquisition de la langue en trois ans, objectifs chiffrés d’insertion dans le marché du travail, etc.) (38).
- Les déboutés du droit d’asile sont moins fréquemment autorisés à travailler en Suisse.
- La Suisse se singularise en Europe par un taux important d’expulsions des déboutés du droit d’asile : 56 % des expulsions prononcées sont réalisées, alors que la moyenne est de 36 % en Europe (12 % en France ) (39).
Les conséquences sont immédiates : alors que les demandes d’asile explosent en France, elles sont en diminution en Suisse en 2018 par rapport à 2017 (40).On assiste à des départs en nombre de Suisse de déboutés du droit d’asile pour la France, notamment d’Erythréens (41).
Face à des flux migratoires importants, le gouvernement suisse a pris plus ou moins récemment des mesures montrant un niveau élevé d’exigence vis-à-vis de l’immigration, une volonté de la juguler et de défendre le mode de vie autochtone.
Les suisses peuvent, grâce à leur système démocratique, proposer et s’exprimer sur des sujets soumis à référendum. Ils ont affirmé dernièrement le rejet d’une immigration de masse. Si la réponse concrète apportée à la volonté populaire peut, en certaines occasions, décevoir, les votations ont permis d’infléchir les politiques menées vers plus de fermeté.
Paul Tormenen 28/09/2019
(1)« Bilan de la population résidente permanente étrangère 1951-2018». Office fédéral de la statistique. 27 août 2019.
(2)« Immigration nette sur 5 ans. Suisse » Université de Sherbrooke.
(3) Ibid (1).
(4)« Part de la population résidente permanente étrangère ». Office fédéral de la statistique. 2019.
(5)« Immigration et diversité : la Suisse a-t-elle un secret ? ». E. Piguet. Questions internationales. Septembre 2017.
(6)« Population : effectif et évolution ». Office fédéral de la statistique. 2019.
(7) « Population de nationalité étrangère ». Office fédéral de la statistique. 2019.
(8) « La population issue de l’immigration augmente doucement ». RTS. 11 octobre 2018.
(9) Ibid (1).
(10) « Europe’s muslim population ». Pew research center. Novembre 2017.
(11) « Pourquoi l’UDC veut en finir avec la libre circulation des personnes ». Swissinfos.ch. 13 septembre 2019.
(12) « Extremismus unter jugendlichen : ideologie ist verbreiteter als gewaltbereitschaft ».ZAHW. 6 novembre 2018.
(13) « Le conseil islamique suisse justifie la circoncision des filles ». Le Matin.ch. 19 février 2018.
(14) « Le conseil central islamique, une structure aux activités criminelles ». RTS. 22 septembre 2017.
(15) « Gruppenzwang lasst auch christliche schuler fasten ». Heute. 20 mai 2019.
(16)« Le Qatar accusé d’arroser généreusement l’islam de Suisse ». I. Hamel. Le Point. 3 mai 2019.
(17) « Radicalisation : bienvenue en Suisse ». Gatestone institute. 21 juin 2018.
(18) Ibid (16).
(19) « Turkey rejects moderate islam ». Gatestone institute. 30 novembre 2017.
(20) « Diese nationen beziehen am haufigsten sozialhilfe ». 20 Minuten.ch. 25 avril 2019.
(21) « Aide sociale : près de 350 000 bénéficiaires en 2017, dont 57% de nationalité étrangère ». 5 septembre 2019.
(22) « Les prisons romandes paient les factures de la politique migratoire ». RTS. 18 février 2018.
(23) « Le nombre de détenus en Suisse a augmenté de 50% en trente ans ». RTS. 6 février 2019.
(24) « Pourquoi en Suisse 7 prisonniers étrangers sur 10 sont étrangers ». Swissinfo.ch. 7 avril 2019.
(25) « Bademeisterinnen werden beschimpft und bespuckt ». 20 minuten. 7 juillet 2019.
(26) « La revue de presse alémanique ». RTS. 26 août 2018.
(27) « Outre-Sarine, des jeunes se disputent le titre de Bronx pour leur localité ». RTS. 9 mai 2019.
(28) « Emmanuel Macron n’est pas prêt pour la démocratie directe ». Swissinfo.ch. 8 février 2019.
(29) « Emmanuel Macron : l’immigration en marche forcée ». Polémia. 8 février 2019.
(30) « La Suisse dit non au repli nationaliste ». Euronews. 26 novembre 2018.
(31) « Les droits de l’homme détournés et trahis ». J.L. Harouel. Conflits. Septembre 2019.i
(32) « Pourquoi l’UDC veut en finir avec la libre circulation des personnes ». Swissinfo.ch. 13 septembre 2019.
(33) « Vote sur l’immigration, 4 ans plus tard ». Le Temps.9 février 2018.
(34) « Ressortissants des non membres de l’UE/AELE ». Secrétariat d’Etat aux migrations.
(35) « Une augmentation spectaculaire de l’immigration hautement qualifiée en Suisse ». Social change in Switzerland. P. Waner. I. Steiner. Octobre 2018.
(36) « Suisse : un canton vote à une écrasante majorité pour l’interdiction de la burqa ».Sudinfo.be. 23 septembre 2018.
(37) « Les voyages vers l’étranger interdits aux réfugiés et aux admis provisoires ». RTS. 4 septembre 2019.
(38) « La Suisse veut faire travailler les réfugiés ». La Tribune de Genève. 10 avril 2019.
(39) « Projet de loi de finances ». Sénat français. « La Suisse renvoie à nouveau des réfugiés vers des zones de guerre ». RTS. 21 avril 2019.
(40) « La Suisse n’attire pas les demandeurs d’asile ». 20 minutes.ch. 1er février 2019.
(41) « De plus en plus d’Erythréens fuient la Suisse et se réfugient en France ». Infomigrants. 9 mai 2019.
https://www.polemia.com/grand-remplacement-europe-suisse-difficulte-tente-resister/
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Chirac : la République des hommages – Journal du vendredi 27 septembre 2018
1) Chirac : la république des hommages
Le décès d’un ancien président de la République, outil de propagande médiatique. Alors que Jacques Chirac est mort jeudi, Emmanuel Macron entend bien surfer sur la vague mortuaire en multipliant les hommages… une pratique que n’aurait pas renié le défunt président.
2) Les roms s’installent à Antony
A Antony dans les Hauts-de-Seine, un camp rom s’est installé dans une zone d’activité. Une installation illégale que la mairie tente de combattre par tous les moyens mais sans véritable succès.
3) La fin du tabac à la française
La France dit adieu à son tabac. Ce vendredi, les machines de la dernière usine de transformation de tabac en France ont arrêté de tourner avant une fermeture définitive le mois prochain. La fin d’une activité historique dans le sud-ouest du pays.
4) L’actualité en bref
https://www.tvlibertes.com/chirac-la-republique-des-hommages-journal-du-vendredi-27-septembre-2018
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Il y a des écolos instruits et honnêtes
En Allemagne, en Belgique, en France, les écolos instruits se soumettent au GIEC ou même à Greenpeace, qui tient les propos les plus excessifs, et Greta porte le flambeau de l’apocalypse. L’esprit critique est endormi par les répétitions, dans tous les médias, par la notion nouvelle de « science consensuelle ».
L’Europe est seule à se ruiner. La foi obscurcit la conscience des écolos, qui en oublient de se renseigner, d’évaluer prix et avantages des énergies renouvelables, éoliennes en tête. Celui qui se renseigne – il faut dire que se renseigner n’est pas évident, vu les efforts déployés par les médias subsidiés – apprend la vérité et l’enrichissement honteux des producteurs d’énergies occasionnelles dites « vertes »…
Heureusement, tous les écolos d’Europe ne sont pas hypnotisés. On peut même apprendre que l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM) de l’ONU a tiré la sonnette d’alarme : ce n’est pas le climat qui pose problème mais les alarmistes qui sèment la terreur ! Le directeur de l’OMM, Petteri Taalas, accuse les médias de terroriser les citoyens alors que le GIEC serait moins catégorique…
Ne nous réjouissons pas trop vite. Le Finlandais Petteri Taalas est naïf de croire que son accusation portera des fruits : il n’observe pas que le GIEC, en trente ans, n’a jamais calmé le jeu, n’est jamais intervenu dans la presse, et son silence devant les excès des médias est certainement calculé. Ce silence fait la fortune de quelques-uns bien décidés à se remplir les poches grâce à la foi de ceux qui croient en Greta, à la science consensuelle.
Mais Petteri Taalas n’est pas le seul Finlandais raisonnable, heureusement. Ainsi, les écolos finlandais veulent ceinturer leurs villes de centrales nucléaires qui assureront chauffage et électricité ! Ces centrales sans le moindre danger donneront leur énergie 24h/24h, elles sont d’un prix très raisonnable, pourront disposer des « déchets » des centrales précédentes. Par malchance, l’Europe continentale ayant perdu toute compétence en matière de recherche nucléaire, les Finlandais prévoient de tout importer…
La Finlande pourrait importer de Chine. Pourtant, il existe encore une équipe de recherche nucléaire active en Belgique avec le projet MYRRHA (Multi-purpose hYbrid Research Reactor for High-tech Applications/Réacteur de recherche multifonctionnel hybride pour applications de hautes technologies). Ce projet est obligé de cacher, depuis vingt ans, ses applications énergétiques potentielles ! Les écolos locaux essayent, avec succès, de freiner MYRRHA et d’empêcher la Belgique de résoudre le problème des déchets nucléaires – essentiellement un carburant parfait pour les centrales nucléaires de 4e génération ! -, d’empêcher même la Belgique de poursuivre la production d’isotopes utiles en médecine et dans l’industrie.
On peut vraiment se poser la question : l’avenir de notre planète intéresse-t-il ceux qui agissent « pour le climat » à l’instigation de ceux qui agissent pour leur portefeuille… et pour vider notre portefeuille ? Souhaitons qu’à l’exemple de la Finlande, tous les écolos d’Europe s’instruisent.
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Lamentable: Passage en force de l'amendement PMA
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Octobre noir : la colère cerne la macronie, par Francis Bergeron
Une semaine noire sans précédent se prépare
La semaine noire qui s’annonce est un événement totalement inédit. La convergence des mécontentements va se manifester dans la rue, pendant plusieurs jours. Il y a là comme la conclusion d’une pratique gouvernementale détestable, et une réponse au « en même temps » d’un système à bout de souffle après deux ans et demi à peine aux manettes.
Le 2 octobre, les policiers battront le pavé. C’est une manifestation à l’initiative d’une vingtaine d’organisations syndicales. Cette « marche nationale de la colère » est très inquiétante pour le pouvoir macronien : elle confirme le fossé qui s’est creusé entre la police et son ministre de tutelle, le malaise qui règne au sein de ce corps, constamment montré du doigt, mobilisé pour des actions répressives qui vont souvent à l’encontre de ce que pensent profondément les policiers.
Depuis quelques jours, les mouvements sociaux annoncés à partir du 5 octobre prennent de l’ampleur. Les syndicats de la SNCF et de la RATP annoncent une entrée dans la grève illimitée à cette date, pour protéger leurs avantages acquis. En principe, face à ce genre de revendication, la droite se range du côté du pouvoir, par réflexe de bon sens, et par détestation du désordre. Le samedi 5 octobre, les Français de droite pourraient toutefois se sentir parfaitement neutres dans cette confrontation, considérant que les manifestations syndicales vont sanctionner d’abord une méthode, en l’occurrence la méthode Delevoye. La réforme des retraites, qui a valu à Delevoye une promotion ministérielle, se révèle une réforme parfaitement socialiste, consistant à prendre dans la caisse des systèmes bien gérés (par exemple, les professions libérales) pour renflouer les régimes en perdition. Quant aux professions privilégiées, il n’en est pas moins utopique de croire que l’on peut rejouer la nuit du 4 Août, abolir ces privilèges, d’un simple coup de baguette magique. Il faut du temps, il faut un pouvoir fort et cohérent, bénéficiant d’un large soutien populaire, susceptible de faire pression par sa capacité de conviction. Et il faut par-dessus tout de la subtilité. Nous sommes loin du compte.
Une profonde évolution du corps social
D’autres professions, comme les infirmiers et tous les oubliés de la France des 35 heures et des quatre jeudis vont profiter de ce jour de colère sociale pour se faire entendre. Et les Gilets jaunes ? L’acte XLVII de mobilisation pourrait être extrêmement spectaculaire, dans ce contexte.
Le dimanche 6 octobre, nous aurons la grande manifestation de révolte de ceux qui ne se résignent pas à la marchandisation des corps, à l’évolution vers l’eugénisme. Il s’agit d’une révolte spirituelle, familiale, sans doute moins violente dans la forme, mais c’est certainement la plus profonde de toutes ces révoltes, car elle touche au plus intime de chacun d’entre nous. Elle sanctionne une profonde évolution du corps social. Les communautés chrétiennes, notamment, se sentent devenir étrangères dans leur propre pays, et elles résistent difficilement à la tentation d’un « repli identitaire », pour préserver leurs fondamentaux. Si la mode, dans les mots, est à l’intégration (des étrangers, des « réfugiés », etc.), nous assistons en fait à une désintégration de la société, dont les manifestations de début octobre ne constituent sans doute que des signes avant-coureurs.
Francis Bergeron
Article paru dans Présent daté du 26 septembre 2019
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LA PLANETE BRULE, LA PLANETE FOND. VRAIMENT ?
Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat
Ils sont venus, ils sont tous là, dès qu’ils ont entendu ce cri, « elle est là, la Gretha (Thunberg) »… Quelle image de respectabilité peuvent-ils donner tous ces adultes, toutes ces excellences qui se précipitent pour écouter une gamine de 16 ans qui leur fait la leçon ? Il faut voir son regard furieux, quasiment haineux ! Ils viennent se prosterner pour se faire fouetter au martinet, martinet qui, d’ailleurs, est complètement condamné dans le pays d’origine de la donzelle, cette très belle et très décadente Suède. (Bernadotte, reviens, ils sont devenus fous !).
Une ado spontanée ou manipulée par papa et maman ?
Soyons sérieux. La jeune fille, dont le visage me fait plus penser à la poupée maléfique d’un film d’horreur hollywoodien qu’à celui d’une ado de 16 ans qui devrait être sur les bancs de son lycée, est manipulée par ses parents qui en tirent profit, eux-mêmes marionnettes d’intérêts plus puissants, qui sont dans les coulisses, et qui tirent les ficelles. Car l’écologie, c’est du fric ! C’est le nouvel Eldorado des pourfendeurs de pollueurs patentés, la caverne d’Ali Baba des grands donneurs de leçons, genre Nicolas Hulot ou Arthus Bertrand, dont la beauté des photos n’est pas en phase avec son pénible discours lénifiant qui accompagne, généralement, ses images télévisées. Oui, l’homme pollue, oui la terre, si elle se réchauffe quelque peu, - a-t’on pensé aux éruptions solaires comme l’une des causes, dont on ne parle jamais ? -, connait des épisodes de dérèglement climatique. Oui la mer d’Aral, la mer Morte, le lac Tchad, s’assèchent et des glaciers reculent, tandis que le niveau des océans augmente, mais beaucoup, beaucoup moins que ce que les climato-catastrophistes nous prédisent. Mais quand l’homme le veut, il peut redresser ses erreurs. Et puis, il n’y a pas que l’homme qui, aux marges, contribue à ces évolutions : les cycles de vie de notre planète nous enseignent qu’il y a eu dans l’histoire du globe des épisodes, par exemple, de glaciation.
Le GIEC, instrument de propagande
Le GIEC est composé de savants, de « sachants » et d’experts, tous acquis à la théorie du réchauffement par l’activité humaine. Il y en a d’autres, les « climato sceptiques » ou plutôt « climato réalistes », qui ne partagent pas ce point de vue, et ils sont tout aussi savants que leurs collègues. Mais on en parle moins, sinon avec dédain, quand ce n’est pas franchement avec une pointe de mépris ou de condescendance. Et pendant ce temps-là, on oublie d’évoquer l’explosion démographique de certains continents, particulièrement l’Afrique, dont les populations excédentaires contribuent, forcément, à l’épuisement des ressources de la planète, soit directement par l’exploitation pour survivre, soit en exportant leurs matières premières contre espèces sonnantes et trébuchantes. (Ne l’oublions pas : où est alors, le pseudo « pillage » effectué par les Occidentaux ?). Qui dira à l’Inde et à la Chine de stopper leur développement afin d’élever le niveau de vie de leurs populations ? Qui maitrisera la fécondité des femmes du continent noir ?
Des solutions inadaptées
On nous vend des solutions miracles, comme la voiture électrique ou l’éolienne, sans peser le pour et le contre, sans examiner sereinement les inconvénients majeurs de ces pseudos alternatives. L’Allemagne a fermé ses centrales nucléaires sous le poids politique de ses écolos, pour mieux polluer avec ses centrales à charbon. A New-York, sous l’égide du progressiste Secrétaire-général de l’ONU, le Portugais Antonio Guttères, on a rejoué la comédie de la COP-21 de Paris, avec seulement la moitié des 136 chefs d’Etat présents à l’Assemblée générale. Une fois de plus, on s’est congratulé, car 66 pays ont adhéré aux objectifs de neutralité carbone à hauteur de 2050. C’est bien. Mais quid des Etats-Unis ? Lesquels n’ont pas l’intention de cesser leurs diverses activités pour faire reculer, avec succès, le chômage. A Paris, ils étaient 195 pays présents, réunis sous la houlette du sieur Fabius ! Avec seulement 66 signataires, quelle déperdition. Il y a bien, aussi, 30 Etats qui ont promis de dire STOP au charbon d’ici à 2020, mais 2020, c’est demain ! C’est un délai impossible à tenir, tout ça c’est de la Com ! Voit-on d’ici quelques mois la Pologne réussir à remplacer toutes ses centrales à charbon, comme sa voisine allemande ? Les jeunots boutonneux de tous les pays du monde peuvent bien défiler dans les rues de leurs capitales respectives, tant que sereinement, cas par cas, Etat par Etat, l’inventaire des nuisances et les capacités financières réelles des uns et des autres pour les combattre, ne seront pas inventoriées, on n’avancera pas. Disons-le, le malheur des uns, peuples menacés de submersion, comme les habitants du delta du Gange au Bangladesh par exemple, fait le bonheur des autres : au Groenland, la fonte des glaces améliore la pêche et découvre des superficies nouvelles susceptibles d’accueillir des cultures pour peu que la science s’en mêle : et Dieu sait si, au Koweït comme en Israël, l’agriculture « artificielle », hors sol, peut nourrir son homme. De nouveaux passages raccourcissent la navigation à l’extrême nord de la planète, diminuant du coup la consommation en énergies fossiles des cargos et autres porte-containers. Dans cette affaire climatique, il y a beaucoup d’hypocrisie. La question du climat, vous connaissez le stupide slogan « c’est pour défendre la planète », est aujourd’hui devenue une sorte de champ d’épandage, pour faisans qui escroquent sans vergogne les gogos !
Gag de fin !
Et il y a aussi des situations comiques, terminons par un cas emblématique, et heureusement que le ridicule ne tue plus ! Madame Ségolène Royal, pompeusement nommée ambassadrice des pôles en septembre 2017 au Conseil de l’Arctique, - un « zinzin » composé des pays riverains, des peuples autochtones et d’ONG -, a surtout brillé par son absence dans cette instance aux réunions cycliques. Ce n’est pas moi qui le dit, mais Mikaa Mered, chercheur et enseignant à l’Institut libre d’études des relations internationales et spécialiste des pôles, cité par notre excellent confrère Présent : - « elle ne s’est jamais rendue à la moindre instance diplomatique arctique officielle ». Voilà un exemple de fonction honorifique complètement inutile que la République a concédé en 2017, à l’ancienne candidate à la présidentielle. Pas vraiment un fromage, mais une fonction qui s’est surtout traduite par des voyages en avion qui polluent, forcément. (Déplacements payés, bien sûr, par le contribuable). L’ancienne très dépensière présidente de la défunte région Charente-Poitou aurait-elle eu peur de rencontrer des pingouins, qui lui auraient sans doute trop rappelé la dégaine de son ancien compagnon, le père de ses enfants ?
(A noter que notre ami Jean-Claude Rolinat a repris chaque vendredi midi le cycle hebdomadaire de son émission de politique étrangère « Et pourtant elle tourne », sur la web-radio « Radio Libertés », partenaire de TV-Libertés, en compagnie de Pierre Bergerault.
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Bruno Gollnisch : « Jacques Chirac n’a pas apporté de remèdes aux problèmes du pays »
Bruno Gollnisch, qui partageait avec Jacques Chirac l’amour de la culture japonaise, réagit à la mort de l’ancien président de la République.
Au micro de Boulevard Voltaire, il compatit « à la peine de son entourage » mais évoque également les combats politiques qui les ont opposés.
Vous êtes à Kyoto, au Japon. Jacques Chirac appréciait énormément la culture de ce pays. C’était un point que vous aviez en commun.
Jacques Chirac est très souvent venu incognito au Japon. Il est d’ailleurs assez étonnant que cela n’ait pas suscité davantage d’intérêt de la part des commentateurs. Il était amateur de la culture japonaise. Il en avait compris certains aspects, contrairement à Nicolas Sarkozy.
Quand on parle de Jacques Chirac à un membre du Rassemblement national, on ne peut s’empêcher d’évoquer ce 21 avril 2002. Comment aviez-vous jugé la réaction de Chirac vis-à-vis de l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour ?
Je me souviens très bien de cette période, puisque j’étais directeur de campagne de Jean-Marie Le Pen. Compte tenu de mes convictions chrétiennes, je souhaite le salut de son âme. Je compatis à la peine de sa famille, de son entourage et de ses amis.
Il est bien évident que, sur le plan politique, je juge très sévèrement l’inaction de Jacques Chirac. Il était à la tête du RPR, devenu ensuite l’UMP, puis Les Républicains. Ce mouvement gaulliste a constamment piqué les voix des électeurs de droite pour ne pas faire la politique qu’ils souhaitaient. Jacques Chirac était un commentateur imperturbable assez majestueux. Il habitait convenablement sa fonction en apparence, mais il commentait les problèmes du pays, la fracture sociale, l’immigration insupportable sans jamais porter aucun remède. Il est resté totalement prisonnier de cette espèce de cercle invisible que la gauche avait dressée autour des hommes de droite, ou du moins qu’ils se prétendaient être.
Comment les Japonais ont-ils réagi lorsqu’ils ont appris la mort de Jacques Chirac ? Observez-vous une émotion internationale ?
Pour le moment, rigoureusement rien. Il est 22 heures, au Japon. L’immense majorité des Japonais ne connaît rien à la politique française, pas plus que les Français ne connaissent quelque chose à la culture japonaise. Si on annonçait, en France, le décès de M. Nakasone ou de tel ancien Premier ministre japonais, je ne crois pas que cela susciterait énormément d’émotion dans la population. Cela étant, la télévision va en faire état. J’aurai les réactions seulement dans quelques jours, lorsque je rencontrerai des membres de l’élite politique japonaise. Ils me feront part de leur sentiment.
Le décès de Jacques Chirac est-il la fin d’une époque ?
C’était un adversaire particulièrement injuste. Encore une fois, cet homme a fait croire aux Français qu’il allait résoudre les problèmes de l’insécurité, de l’immigration et de la perte des valeurs traditionnelles au travers de son ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua. En réalité, il a érigé une barrière infranchissable à l’égard des gens du Front national.
Il est devenu Premier ministre en 1986 en profitant du rejet, par la majorité des Français, du gouvernement socialo-communiste et de la présidence Mitterrand.En réalité, de toutes les réformes qu’il avait annoncées, il a uniquement réalisé la réforme du Code électoral dans l’unique but d’obtenir la fin (ce qu’il a d’ailleurs obtenu) de la représentation politique du Front national au Parlement. J’ai des souvenirs très précis de cette époque, puisque j’étais moi-même jeune député à l’Assemblée nationale. C’est la seule réforme qu’il ait faite à ce moment-là.
En 2002, son refus de débattre avec Jean-Marie Le Pen sous les prétextes habituels, « On ne débat pas avec la haine, etc. » Je disais, à l’époque, que ces prétextes étaient méprisables.
Comment mon jugement aurait-il pu changer ? C’était tout à fait contraire à la tradition démocratique de la France.