L'Amérique a pour habitude de dénoncer les crimes de ses ennemis pour justifier, en toute bonne conscience, ceux qu'elle commet sur une plus grande échelle.
Après le bombardement d'un abri antiaérien d'un quartier résidentiel de Bagdad, qui a provoqué la mort d'environ quatre cents civils irakiens dans la nuit du 12 au 13 février, les autorités américaines ont prétendu qu'il s'agissait d'« un objectif militaire, un centre de commandement et de contrôle militaire qui adressait directement des instructions à la machine de guerre irakienne ». Et Martin Fitzwater, porte-parole de la Maison-Blanche, a précisé « Nous ne savons pas pourquoi des civils se trouvaient à cet endroit. Mais nous savons que Saddam Hussein ne partage pas notre respect de la vie humaine. En fait, il a montré, en différentes occasions, qu'il était prêt à sacrifier des vies et des biens pour mener à bien ses objectifs de guerre. »
L'Amérique se drape dans les grands principes qu'elle n'a cessé de violer. Faut-il lui rappeler qu'elle a déversé 372 000 tonnes de napalm sur le Vietnam ? Faut-il lui rappeler qu'elle a exterminé plus de cent mille civils à Hiroshima, le 6 août 1945, et quatre vingt mille autres, trois jours plus tard, à Nagasaki ? Faut-il lui rappeler que ses aviateurs ont participé, le 14 février 1945, aux bombardements de Dresde, qui ont causé la mort de deux cent cinquante mille innocents, pour la plupart des réfugiés qui, fuyant les atrocités de l'Armée rouge, avaient cru trouver refuge dans cette ville dépourvue d'objectifs militaires (1) ?
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