Si la mémoire de 14-18 est bien présente, le choix élyséen de ne pas célébrer la victoire a un goût de sacrilège.
« Il est des lieux où souffle l'esprit ». La phrase, taillée pour la colline de Sion, va comme un gant à Douaumont. Là, 130 000 combattants reposent dans l'ossuaire, Français et Allemands. En contrebas s'étend le cimetière, planté de 16 000 tombes françaises. Un drapeau tricolore flotte au vent de Lorraine.
Une visite en ces lieux s'impose. Il faut y aller de préférence hors-saison, après le mois de novembre, quand le clairon s'est tu et que les badauds sont partis. En hiver, les couronnes de fleurs fanées sont blanchies de givre. Les villages « morts pour la France », ruines édentées, scintillent faiblement sous quelques centimètres de neige. Une ambiance sépulcrale règne dans la vaste forêt de Verdun. On s'émeut au bois des Caures. On se recueille aux forts de Vaux et Douaumont, sans cesse pris et repris. On frémit en songeant au lance-flamme embrasant, dantesque, les couloirs des forteresses. On s'émerveille devant l'histoire à peine croyable du commandant Raynal, envoyant, comme une dernière chance son pigeon Vaillant. On échoue aux portes de la ville-cénotaphe : Verdun. En 843, c'est là que l'empire carolingien fut partagé en trois. La cité épiscopale est dominée par sa citadelle et par les deux tours de la cathédrale Notre-Dame, mais aussi par un autre monument, moins ancien, plus massif. C'est l'escalier de la Victoire. Au sommet des 73 marches, se dresse une fière statue de guerrier, le regard tourné vers l'est. Y résonnent éternellement les paroles du fameux chant « Et Verdun la victorieuse, pousse un cri que portent là-bas les échos des bords de la Meuse. Halte-là, on ne passe pas ».
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