Dans nombre de communes rurales, il n’y a plus d’agriculteurs, et l’observateur avisé s’étonne presque d’en voir autant sur les routes et les ronds-points aujourd’hui, aux abords de Paris et des autres grandes villes de France. Certains, même, s’en effraient comme si le monde paysan était en lui-même porteur d’un danger sur les logiques métropolitaines et mondialisées de notre époque, ces logiques que l’Union européenne traduit si bien, c’est-à-dire si mal pour les producteurs de base et les équilibres sociaux de nos pays d’Europe. Michel Houellebecq, dans son livre Sérotonine (publié il y a cinq ans) que tout le monde cite aujourd’hui, a bien vu le processus d’effacement des paysans de notre paysage, aussi bien physique que mental (1) : « Ce qui se passe en ce moment avec l’agriculture française, c’est un énorme plan social, le plus gros plan social à l’œuvre à l’heure actuelle, mais c’est un plan social secret, invisible, où les gens disparaissent individuellement, dans leur coin. »
Lire la suite