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anti-national - Page 1191

  • De la dialectique géopolitique

    « La dernière heure de la politique anglo-saxonne sonnera, le jour où les Allemands, les Russes et les Français s’uniront », rappelait Karl Haushofer en citant Homer Lea. L’intention de Haushofer était de persuader les puissances continentales de la nécessité de coopérer entre elles et de parvenir à une forme d’union transcontinentale. Dans son plaidoyer, il aimait citer le vieil adage romain : Fas est ab hoste doceri ( = Il est un devoir sacré d’apprendre de l’ennemi). Dans ses écrits, Haushofer a donné de multiples exemples de diversions anglo-saxonnes visant à détruire toute coopération grande-continentale potentielle. Au départ de citations tirées d’ouvrages de géopolitologues et de diplomates anglais ou américains, Haushofer a déduit la nécessité d’asseoir une coopération continentale et souligné le danger qu’une telle coopération signifierait pour les atlantistes. Mais s’il est important d’apprendre de l’ennemi et de le connaître, il est tout aussi important de connaître ses alliés potentiels et toutes les spécificités qui les structurent.

    Dans la littérature géopolitique, nous rencontrons souvent le terme de "grand espace" (Großraum). On l’utilise pour créer une partition, devenue classique, entre l’Europe Centrale (Mitteleuropa), l’Eurasie, l’Europe orientale et d’autres "grands espaces" de mêmes nature et dimensions. Souvent, la Russie est identifiée à l’Eurasie, ce qui nous induit à oublier que la Russie est un Etat complexe, une création politique couvrant des zones très différentes entre elles, si bien qu’on ne peut pas la qualifier uniquement d’eurasienne, ce qui serait un simplisme. Définir l’Europe orientale constitue une autre difficulté terminologique, car elle peut être tantôt considérée comme le prolongement de l’Eurasie tantôt comme un territoire coincé entre l’Eurasie et la Mitteleuropa, donc comme une sorte de périphérie de l’Eurasie. Toutes ces théories oublient que l’Europe de l’Est a connu son propre développement historique. En outre, elle est aussi un complexe géographique dont les assises territoriales reposent sur la plaine est-européenne. Ensuite, elles omettent d’insister sur un fait patent : au cours de l’histoire, l’Europe de l’Est a influencé les destinées de l’Europe toute entière de manière significative, alors qu’elle n’avait aucune relation avec le reste de l’Eurasie. En prenant ces données en considération, nous devons faire une distinction claire entre les termes Europe de l’Est et Eurasie et montrer ce qui les différencie de la Mitteleuropa.

    Europe de l’Est et Mitteleuropa

    Le penseur russe Nicolaï Danilevski, qui fut aussi implicitement un géopolitologue, est essentiellement l’auteur de "La Russie et l’Europe". Dans cet ouvrage, il critiquait les Européens et leur propension à dire que la Russie les "étouffait" et les "étranglait" à cause de sa puissance, de sa masse territoriale et de ses dimensions gigantesques. Au départ de son point de vue, qui est évidemment russe, il accusait les Européens de développer une russophobie qui concourait à envisager la destruction de l’Empire des Tsars. Ce sentiment d’étouffement que ressentaient les Européens du 19ième siècle est à la source de tous les sentiments anti-russes en Europe et de tous les antagonismes visant la Russie.

    Le 20ième siècle, avec sa succession ininterrompue d’événements sanglants et ses conflits intereuropéens, a donné raison à Danilevski. Sur ce plan, il n’y a pas grand chose à ajouter à sa démonstration. La dernière campagne en date menée par l’Occident contre la Russie, à peine sortie des ruines de l’Union Soviétique, est une preuve supplémentaire qu’aucun compromis ne pourra jamais être conclu entre la Russie et l’Occident, même si cette campagne se déroule encore seulement avec des moyens politiques, économiques et diplomatiques; toutefois, les moyens militaires ne doivent pas être exclus de nos spéculations, mêmes celles qui portent sur un avenir proche. La Russie et l’Occident sont donc des ennemis irréductibles et la lutte entre ces deux protagonistes durera jusqu’à l’extermination de l’un ou de l’autre.

    Mais qu’entendons-nous par le terme "Occident"? Sommes-nous en mesure de le définir vraiment? L’Angleterre et les Etats-Unis ont été les alliés de la Russie pendant les deux guerres mondiales et, même aujourd’hui, ils affirment tous qu’ils sont alliés et offrent leur "partenariat" à Moscou. La Russie n’a jamais représenté le moindre danger pour ces deux pays et il me semble impossible qu’ils puissent partager ce sentiment d’étranglement et d’étouffement, dû à un voisin trop puissant, disposant d’un espace démesuré et s’étendant sur un territoire immense. La perspective est pourtant bien différente lorsque nous parlons de l’Europe centrale. L’histoire nous montre quantité d’épisodes où le développement et la prospérité de la Mitteleuropa a été arrêté brusquement, que cet espace a subi les pires catastrophes civilisationnelles à cause d’une poussée venue de l’Est. Il suffit de rappeler les défaites allemandes lors des deux guerres mondiales, les succès russes pendant la Guerre de Sept Ans (1756-1763), les campagnes russes à travers l’Autriche, l’Italie et la Suisse pendant les guerres napoléoniennes ou, plus tard, pendant ces mêmes guerres, à travers la Prusse, après la défaite de Napoléon en Russie en 1812-13, voire les interventions russes contre les révolutionnaires en Autriche et en Hongrie en 1848 : tous ces événements ont contribué à faire naître une méfiance en Europe, vis-à-vis de la Russie. L’Europe de l’Est, avec son vaste espace, surplombe littéralement la Mitteleuropa. Cet espace procure des avantages militaires qui ont été souvent mis à profit au cours de l’histoire; ses détenteurs ont profité de ces avantages et de ces positions géographiques pour créer des conditions intéressantes voire pour assurer une réelle domination sur la Mitteleuropa.

    L’évolution de la Russie

    Dans son histoire, longue de 1200 ans, la Russie a connu de nombreux changements et, aujourd’hui, nous ne pouvons pas simplement parler des prétentions historiques que cultiverait la Russie à l’Est comme à l’Ouest ou de constantes de la politique russe, surtout à l’égard de l’Europe. La Russie de Kiev est un Etat est-européen typique comme la Pologne ou les Etats baltes. De par ses caractéristiques, la Russie de Kiev était tout à la fois un obstacle à toute expension de l’Ouest vers l’Est, un tremplin pour l’expansion russe du Nord vers le Sud, ce qui, dans tous les cas de figure, bloquait tout passage de l’Est à l’Ouest. Dans le même temps, cette Russie de Kiev contrôlait la plaine est-européennes, hinterland naturel de la Mitteleuropa, mieux, elle contrôlait le vaste territoire qui s’inclinait vers l’Europe centrale, inclinaison naturelle qui pouvait, le cas échéant, se transformer en une domination politique effective sur les territoires orientaux de la Mitteleuropa. Ces données géographiques élémentaires constituent de fait la source du long antagonisme entre l’Europe de l’Est et la Mitteleuropa. Au départ d’un territoire situé en Europe de l’Est, les Goths ont pénétré dans l’Empire romain, achevant leur course sur les rives de l’Afrique du Nord. Après les Goths, d’autres peuples barbares ont pénétré en Europe centrale et occidentale. Les Slaves, pour leur part, n’ont jamais résidé dans ces régions à l’époque, du moins avant leurs propres migrations vers l’Ouest et le Sud. Cette région est donc la meilleure place d’armes pour amorcer des raids en profondeur dans le territoire européen. Si nous lançons un regard rétrospectif sur la profondeur de ces raids perpétrés par des peuples ayant choisi la plaine est-européenne comme base pour leurs campagnes guerrières et conquérantes et si nous prenons la peine de réexaminer les conséquences de leurs conquêtes pour le développement historique de l’Europe (y compris la chute de l’Empire romain), alors nous pouvons dire, quasi avec certitude, que l’Europe de l’Est est une menace constante, une épée de Damoclès suspendue au-dessus du reste de l’Europe.

    Si nous prenons acte de ces faits, nous pouvons conclure que le contrôle de la plaine est-européenne est d’une importance cruciale pour le contrôle du reste de l’Europe. La lutte entre Moscou et la Pologne a duré pendant plus de 300 ans et s’est terminé par une victoire russe. A partir de ce moment, l’influence russe sur les affaires européennes commence vraiment. Nous ne devons pas oublier que le Tsar Ivan le Terrible exerçait une influence considérable en Europe. Après une éclipse assez longue, le 18ième siècle peut être considéré aujourd’hui comme l’ère de la plus grande influence russe en Europe (coïncidant avec le triomphe total de la Russie sur la Pologne). Après que la Russie se soit faite la maîtresse de cette "place d’armes" en Europe, on spéculait sur la prochaine marche russe vers l’Ouest et vers la prise de Berlin, capitale de la Prusse, ce qui est arrivé pendant la Guerre de Sept Ans. L’Europe centrale n’avait pas,ne pouvait pas avoir de réponse réelle à ce défi. L’Europe de l’Est a choisi la voie la plus facile, sans amorcer d’innovations originales : elle a préféré devenir un jeu de pions entre les puissances orientales (la Russie) et les puissances occidentalistes et pro-atlantistes (la France), voire directement le jeu de pion au service de l’atlantisme (l’Angleterre). Tous les projets de conquérir définitivement l’Europe de l’Est se sont terminés en cauchemars, en catastrophes totales. Les alliances avec la grande puissance orientale se sont rapidement transformées en une vassalité complète, où cette Europe de l’Est servait à étrangler les initiatives indépendantes de la Mitteleuropa, l’obligeant à ne plus se situer qu’à la périphérie des grands événements mondiaux. L’Europe centrale a répondu à cedéfi en cultivant une hostilité oblique, voire ouverte, contre l’Est, spécialement contre la Russie. Derrière cette hostilité, nous retrouvons cette peur atavique de l’Est, mais aussi, une crainte réelle de voir cette région d’Europe assumer une réelle indépendance, capable de façonner un avenir spécifique.

    Les atlantistes, avec leurs diversions, avec leur présence sur les côtes de l’Europe occidentale, en créant des réseaux de renseignements, des réseaux financiers et diplomatiques sur l’ensemble du continent, ont dévoyé l’essence traditionnelle de l’identité européenne. Mais l’Europe de l’Est, qui, typologiquement parlant, est liée à la civilisation de la Mitteleuropa, a développé une forme d’expansion différente, absorbant une partie de l’espace de la Mitteleuropa pour la simple raison qu’il n’y avait pas d’autre opportunité ou perspective pour développer un avenir avec plus d’indépendance. Cela reste une grande question : y a-t-il encore une réponse sobre et cohérente de la part des puissances centre-européennes face au colosse territoriale qu’est l’Europe de l’Est? Cependant, on a pu constater que la confrontation militaire était la pire des décisions à prendre. La caste guerrière allemande a presque toujours perdu la bataille en Europe de l’Est. Les défaites se sont effectivement succédées : d’Alexandre Nevski aux défaites face à la Pologne. Toutes ces défaites sont des défaites de la Mitteleuropa dans sa tentative de pénétrer l’espace est-européen. Parmi les victoires allemandes à l’Est, il faut cependant compter l’établissement de colonies et de comptoirs sur les côtes orientales de la Baltique, bases de la future Hanse. Dans une perspective continentaliste russe (slave/danilevskienne), on pourrait dire que ces établissements hanséatiques sont en quelque sorte les archétypes des alliances transatlantiques, commerciales et maritime ("carthaginoises") que sont l’Alliance atlantique, l’OTAN et l’UE.

    L’Allemagne (et la Suède) n’ont donc réussi qu’une expansion limitée au pourtour de la Baltique,ne conquérant en fait qu’une mince bande territoriale et littorale. Cette expansion révèle des éléments thalassocratiques. Très rapidement, la Hanse, dès l’époque de sa création, a pris les formes d’une corporation commerciale et maritime, c’est-à-dire les formes d’un pseudo-empire thalassocratique. L’expansion en direction des littoraux de la Baltique orientale n’a toutefois pas exigé de forger les conditions préalables nécessaires à la conquête de l’Europe de l’Est. L’Allemagne avait dès lors une plus vaste base territoriale, une plus grande "place d’armes" pour amorcer son processus d’expansion et n’avait pas d’ennemi puissant. L’expansion vers la Baltique et la Mer du Nord avait commencé longtemps avant toute tentative sérieuse de pénétration à l’Est. Cette expansion a donc été une réussite dans la plupart de ses requisits. Dans un tel contexte, nous devons considérer les expansions en direction des côtes orientales et nord-orientales de la Baltique, vers la Prusse orientale, la Poméranie et les Etats baltes, comme un processus autonome en soi et ne pas le confondre avec une pénétration réelle du territoire de l’Europe de l’Est, dont la nature est fondamentalement continentale. Toute tentative de conquête de cet espace continental s’est soldée par des expériences négatives dramatiques du point de vue allemand. Adolf Hitler a commis cette erreur classique, avec les conséquences les plus tragiques qui soient, dès la rédaction de son ouvrage Mein Kampf, où il voit l’expansion allemande vers le littoral oriental de la Baltique comme un exemple positif pour toute expansion allemande vers l’Est. D’un succès limité dans un espace réduit et particulier, il a voulu tirer une règle générale pour tout l’Est de l’Europe dont l’espace est vaste et non comparable à celui, très réduit, du littoral de l’Est de la Baltique.

    Les Allemands et l’Eurasie

    Il y a donc les expériences négatives de l’Europe centrale dues au sentiment d’étranglement ressenti face à l’Europe de l’Est et dues aussi aux invasions antérieures de peuples venus de l’Est. Mais il est un autre défi venu de l’Est, face auquel les représentants de la Mitteleuropa germanique ont enregistré plus de succès. Ce défi est celui de l’appel de l’Asie centrale. Nous voulons aborder ici la question des raids en direction de ces landes et steppes via lesquelles les peuples de l’Est et de l’Asie centrale sont arrivés en Europe centrale. Le complexe géologique des landes et des steppes constitue la voie d’accès au centre de l’Asie et relie le cœur de l’Asie au cœur de l’Europe. Cette voie est la route historique des migrations utilisée jadis par les peuples asiatiques dans leurs tentatives de pénétrer en Europe. Huns, Magyars et Mongols ont créé tour à tour des empires au centre de l’Eurasie et ont déboulé en Mitteleuropa, où ils ont été arrêté par les Francs, les Bavarois et, à leurs suite, par les empereurs germaniques. C’est sur un mode analogue à celui pratiqué par la Russie de Kiev, dont l’expansion vers le Sud barrait la route à toute expansion européenne vers l’Est que l’on doit percevoir le rôle géopolitique et stratégique de la Mitteleuropa : elle aussi a une orientation "méridienne" et, par sa position sur la carte, a bloqué l’avancée des hordes d’Attila et de Gengis Khan. La Russie de Kiev, dans une moindre mesure, la Mitteleuropa, dans une mesure majeure, sont des goulots d’étranglement. Les empires des peuples turco-mongols sont des empires petits-eurasiens, ne couvrent que le berceau de l’Eurasie, car ils ne tiennent que son centre, le cœur de la masse continentale eurasienne; à partir de ce cœur, ils tentent d’atteindre les océans, accumulent les conquêtes et établissent des empires, avec, à terme, la volonté de créer un unique empire de la Grande Ile du Monde (du Vieux Monde). Aucun de ces empires n’a réussi son projet.

    L’Empire russe, qui a voulu perpétuer les traditions de la Horde d’Or, a voulu poursuivre les efforts de cette armée mongole, a été placé devant un choix : ou dynamiser les atouts de l’Europe de l’Est ou dynamiser les atouts de la perspective eurasienne-gengiskhanide. La Russie était placée devant une alternative géopolitique. La défaite de Novgorod et la victoire de Moscou ont surtout signifié la fin de l’idéologie commerciale de Novgorod, qui avait des aspects thalassocratiques et était assez étroitement liée à la hanse nord-allemande. De plus, la suprématie moscovite a mis un terme à l’idéologie est-européenne de la Russie et a poussée cette dernière dans un système idéologique eurasien. A cette époque, la politique russe a reçu ses premiers éléments eurasiens, s’est orientée vers l’Est, vers les Monts Ourals, vers la Sibérie. Néanmoins, les orientations politiques russes vers l’Ouest sont demeurées quasi identiques à celles de l’option est-européenne de Novgorod, comme le prouve le conflit avec la Pologne pour la domination de cette zone géographique de l’Europe. Les premiers éléments eurasiens de la stratégie générale russe se sont exprimés de manière patente lors de l’intervention des armées du Tsar en Hongrie en 1848, intervention qui constitue une poussée offensive vers l’Ouest. De manière plus claire encore, les mouvements des armées russes et soviétiques lors des deux guerres mondiales, de même que les interventions soviétiques en Europe centrale après 1945, sont des options stratégiques de type eurasien. Mais, même dans ces cas, la géopolitique eurasienne de l’URSS reste au service d’une expansion en Europe de l’Est, voire d’une pénétration en Mitteleuropa. Lors de la seconde guerre mondiale, par exemple, les efforts principaux des armées russes se sont portés en direction de Berlin, de l’Ukraine et de la Hongrie, soit en direction de la plaine de Pannonie et de Vienne, visant très logiquement à restaurer la domination du cœur de l’Eurasie sur les franges du continent, soit une domination de tout le complexe géologique des plaines et des landes.

    La plus importante bataille sur le Front de l’Est s’est déroulée à Stalingrad et non pas à Moscou ou à Leningrad. La Russie soviétique a fait usage des dividendes de cette bataille en poursuivant l’avancée de ses armées en Ukraine et jusqu’en Hongrie, ce qui a permis à l’URSS de dominer pleinement l’Europe de l’Est. Du point de vue centre-européen, il me paraît extrêmement important d’observer la continuité de la politique russe qui va d’une démarche géostratégique est-européenne à une démarche eurasienne. Cependant, l’intérêt des puissances centre-européennes n’est pas de voir émerger une Russie pro-atlantiste, à l’idéologie commerçante, au système économique proto-capitaliste, sur le modèle de certaines institutions russesnées dans le sillage des réformes de Pierre le Grand. Ce modèle russe-là est celui que veulent reconstruire les mondialistes russes actuels depuis le début de la perestroïka. Cette politique atlantiste-perestroïkiste va tout à fait à l’encontre des intérêts réels de la Mitteleuropa, exactement comme l’était la politique d’intervention en Europe de l’Est de l’ancienne Russie tsariste et de l’URSS après 1945.

    Une Russie atlantiste serait une Russie qui aurait abandonné l’essence continentaliste traditionnelle de la Russie. Dans un tel cas, et dans un premier laps de temps, nous devrions nous attendre à une réédition des inclinaisons russes vers l’Europe de l’Est (comme au 18ième siècle), simplement parce que seule cette Europe de l’Est dispose de ports dans la Baltique et la Mer de Barendsz, et non pas les plaines et landes de l’Eurasie. Ces ports sont les seules voies navales possibles vers l’Atlantique pour la Russie. L’orientation atlantiste-perestroïkiste éventuelle de la Russie pourrait s’avérer une arme redoutable aux mains des forces atlantistes, comme ce fut le cas lors des deux guerres mondiales, surtout à cause del’ignorance allemande, qui ne comprenait pas l’essence réelle de la géopolitique russe et le rôle des différentes zones géographiques au cours des différentes époques historiques de cet immense pays. Une telle Russie atlantiste pourrait servir à étrangler, d’une manière nouvelle, l’Europe centrale ou contribuer à l’aligner définitivement sur les volontés de la communauté atlantique. Mises à part ces deux orientations, la pro-atlantiste et l’est-européenne, la Russie pourrait opter pour une troisième voie, celle du petit-eurasisme, première étape en direction d’une coopération eurasienne générale, dont l’objectif principal est de conquérir l’Ile du Vieux Monde toute entière, soit la Grande Eurasie, et d’y éliminer définitivement toute emprise atlantiste, de quelque ordre que ce soit. Dans le cas d’une telle perspective eurasienne, l’Allemagne a le pouvoir de résister. En effet, une rétrospective historique nous permet de constater que les âges héroïques, nobles et efficaces de l’histoire allemande de tradition continentale ont toutesété des périodes de rejets des courants eurasistes au cœur de la Mitteleuropa. Les nouveaux Etats de l’Europe centrale sont nés de ce conflit, tout comme l’Etat franc est né de la lutte contre les Huns et tout comme le Saint Empire Romain de la Nation Germanique, dont l’apex fut au 13ième siècle au moment des invasions mongoles.

    L’Europe de l’Est contre l’Eurasie

    La vision de Danilevski — qui voulait créer une grande union panslaviste — ne s’est réalisée que par la fondation du Pacte de Varsovie. Si nous ne tenons pas compte des nuées idéologiques qui ont entouré la création de cette alliance militaire téléguidée depuis Moscou, il apparaît clairement que la ligne directrice de ce Pacte suit les contours généraux suggérés par Danilevski pour son union panslaviste sous tutelle russe. Ce Pacte scelle la victoire de l’Europe de l’Est, mais non pas de l’eurasisme. L’Europe de l’Est, avec l’ensemble de son territoire, a absorbé une bonne part de la Mitteleuropa, transformant le reste de son espace centre-européen en une périphérie de l’Ouest atlantiste. Du point de vue des intérêts de Moscou, la création du Pacte de Varsovie consistait à se donner un titre de propriété sur l’Europe de l’Est. L’option est-européenne de la politique traditionnelle de la Russie l’avait emporté, sanctionnant la pleine domination russe de la région, après une victoire complète sur les puissances centre-européennes. Des victoires similaires avaient eu lieu au cours de l’histoire passée et il m’apparaît donc logique de s’attendre à de nouvelles pénétrations de type géopolitique est-européen en Europe centrale dans le futur. Si nous analysons de ce point de vue les clauses du Traité Ribbentrop-Molotov d’août 1939, nous pouvons dire qu’il s’agit d’une victoire des stratèges d’orientation est-européenne et non pas des stratèges d’orientation eurasienne ou centre-européenne (allemande), parce qu’avec cette victoire, Moscou a rétabli son contrôle sur les Pays Baltes, tandis qu’avec le nouveau partage de la Pologne, qui en a résulté, puis avec la conquête de la Carélie, à la suite de la Guerre soviéto-finlandaise de l’hiver 1939-40, l’URSS de Staline obtenait la domination complète de la zone géostratégique de l’Europe de l’Est, y compris le littoral oriental de la Baltique, gagnant ainsi des têtes de pont pour toute éventuelle expansion future vers l’Ouest. L’une des erreurs les plus patentes du commandement allemand et de la géopolitique allemande face aux problématiques de l’Europe de l’Est et de la Russie, est d’avoir très mal compris les dynamiques et constantes géopolitiques des différentes parties de la Russie et leur signification pour l’Europe centrale.

    En signant ce pacte, les Allemands ont non seulement cédé le contrôle de l’Europe de l’Est à l’URSS, mais aussi les parties du Nord-Est de l’Europe à partir desquelles ils pouvaient, le cas échéant, lancer une offensive efficace contre l’Europe de l’Est, à l’intérieur même de son territoire (même s’il est difficile d’évoquer un succès réel, vu l’immensité territoriale de l’Europe de l’Est). L’histoire nous enseigne, par exemple, que l’Etat polono-lithuanien a pu avancer ses pions très profondément dans le territoire est-européen, en prenant notamment le contrôle de Smolensk et de sa région pendant plusieurs siècles. Cette conquête polono-lithuanienne a été possible parce que cet Etat possédait justement la frange littorale baltique, que Ribbentrop a abandonnée à Staline en août 1939; il s’agit en l’occurrence du territoire des Etats baltes actuels, qui s’étend suffisamment au Nord et à l’Est pour offrir un tremplin adéquat pour pénétrer sur une plus grande profondeur le territoire de l’Europe de l’Est proprement dite. Autre facteur de ce succès polono-lithuanien : l’Europe de l’Est, à l’époque, était fragmentée en un grand nombre de petits Etats. Mise à part, l’occupation allemande de l’Ukraine, après 1918 pendant le chaos de la guerre civile russe, qui ne fut que de courte durée, l’autre grande opération allemande dans la région, amorcée en juin 1941, s’est soldée par un échec : l’Allemagne, principale puissance de la Mitteleuropa, a été incapable de se rendre maîtresse de la grande masse territoriale de l’Europe de l’Est. Les Allemands, comme Napoléon, ont connu l’échec et la catastrophe, parce qu’ils n’ont pas étudié correctement les caractéristiques de cette région ni analysé en profondeur les événements historiques antérieurs. Ils ont succombé à la croyance naïve en l’invincibilité de la technique allemande, qui ne pouvait leur assurer une victoire dans un tel environnement géographique.

    Le pacte Ribbentrop-Molotov a constitué une solution diplomatique positive pour la Russie soviétique (dans la perspective de sa géopolitique est-européenne). Ce fut un succès parce qu’avec ce pacte, elle a réussi à infiltrer complètement la frange extrême-occidentale de l’espace est-européen, ce qui a créé les conditions de la pénétration ultérieure, après 1945. Cependant, si l’on procède à une analyse sur le long terme dans une perspective eurasienne, la vision est-européenne, qui a présidé à ce pacte Ribbentrop-Molotov, est très négative. Pour comprendre cette négativité intrinsèque, il faut opérer une rétrospective historique plus profonde, revenir à l’âge des migrations inter-européennes de la proto-histoire, quand les ancêtres des Hellènes ont pénétré dans la péninsule balkanique, puis réfléchir aux implications géopolitiques de l’entrée des Goths, et ensuite des Slaves, dans cette même péninsule. Nous constatons, en analysant ces événements historiques cruciaux que cette partie de l’Europe de l’Est consiste en un tremplin pour avancer plus à l’Ouest vers l’Europe centrale et occidentale. Les Goths, en partant de l’actuelle Ukraine, ont pu marauder dans l’Europe entière, prendre Rome, puis conquérir les côtes de l’Afrique du Nord, après avoir conquis les côtes septentrionales de la Mer Noire. Pendant ces migrations et ces conquêtes, ils ont abandonné l’Europe de l’Est mais sont devenus un barrage efficace contre les flux migratoires offensifs des autres peuples venus de la steppe eurasienne pour envahir l’Europe. Ce peuple, venu d’Europe de l’Est, et, plus tard, les Slaves, ont conquis l’Europe centrale ou des parties importantes de celle-ci, mais, comme ils n’étaient pas dépendants du ou liés au système géographique/géologique des landes et des steppes de l’Eurasie, ils n’ont pas gardé de liens aveccet espace, ni même avec l’Europe de l’Est, ce qui les a empêché d’élaborer des projets plus vastes. La géopolitique russe du 19ième siècle était orientée vers l’Europe centrale et, pour cette raison, a marginalisé ses dimensions eurasiennes. Cela a induit la géopolitique russe à négliger le courant expansionniste en Asie centrale, de peur de troubler ses relations avec la Turquie (d’inspiration touranienne) et avec les Britanniques, présents en Inde. La Russie a laissé ainsi aux Britanniques les mains libres dans cette région.

    Le Pacte de Varsovie a connu un destin similaire. Ses intérêts étaient trop focalisés sur l’Europe. La Guerre Froide, de plus, a impliqué des immixtions soviétiques en Amérique du Sud et en Afrique, ce qui sacrifiait du même coup toute coopération avec la Chine. Donc, si la Russie actuelle opte à nouveau pour une perspective est-européenne, même sous le manteau d’une intégration euro-russe, nous pouvons nous attendre à un relâchement des intérêts russes pour l’Extrême-Orient, parallèlement à une submersion de la Russie dans les affaires européennes, ce qui aurait pour résultat que la Russie deviendrait très facilement une victime des subversions atlantistes. Celles-ci susciteraient immanquablement un nouvel antagonisme sino-russe, cette fois parce que l’expansion naturelle de la Chine s’étendrait aux régions frontalières de la Russie sibérienne, que le gouvernement central moscovite négligerait, tant il serait occupé à parfaire sa submersion dans les affaires européennes. C’est en tout cas ce que prévoit Brzezinski, qui espère une dissolution de la cohésion en Asie centrale et craint une coopération eurasienne dans cette partie hautement stratégique de l’échiquier mondial. C’est pour ces raisons que la nouvelle Russie post-soviétique doit abandonner sa perspective est-européenne pour adopter une perspective eurasienne.

    Cette nouvelle Russie post-soviétique utilisera ses atouts est-européens comme une option en réserve, purement potentielle, comme alternative éventuelle en cas de changement de donne, mais opposera son eurasisme au continentalisme du panturquisme et de la Chine, utilisé aujourd’hui par les forces thalassocratiques atlantistes pour réaliser des objectifs qui sont strictement atlantistes et anti-continentaux. L’option essentielle de la nouvelle Russie post-soviétique, son orientation et ses objectifs devront être strictement eurasiens. La dynamique eurasienne devra œuvrer tous azimuts, au départ du noyau central de la masse continentale eurasienne pour s’étendre, dans un premier temps, à tout le système des landes et steppes d’Eurasie, pour assurer, dans un deuxième temps, la maîtrise de l’Ile du Vieux Monde tout entière et rejeter définitivement l’influence atlantiste hors du Grand Continent.

    La première direction dans laquelle cette dynamique devra s’ébranler est le Sud. Il convient effectivement d’occuper la partie méridionale du cœur de l’Eurasie, celle que l’on appelle la "Route de la Soie". Il s’agit des territoires actuels de la Turquie, de la Perse (l’Iran) et de l’Asie centrale, bases de tout bond en avant vers les mers du Sud. Sur ce plan, Moscou doit relever un défi majeur : les projets panturcs, actuellement "sponsorisés" par les forces atlantistes. Les projets paniraniens, pour leur part, s’opposent aux efforts britanniques et américains de reconstruction géopolitique de l’Asie du Sud et du Centre. Pour l’Europe en général, pour l’Allemagne en particulier, il est d’une importance cruciale qu’un axe de communication puisse être établi entre cette zone, la Russie et l’Allemagne. Les géopolitologues, politologues, politistes et experts allemands, qui ont potassé les disciplines connexes de la géopolitique, doivent comprendre aujourd’hui la signification primordiale de ces voies de communication en Eurasie et des liens qui doivent les unir à l’Europe. Cette voie a toujours été celle des conquérants, celle des grandes dynamiques de l’histoire : aujourd’hui, dans la perspective eurasienne générale, qui est en train de se dessiner, elle doit devenir la voie de la coopération grande-continentale, car elle est la base d’une identité géopolitique réelle, elle fonde la communauté d’intérêts de toutes les puissances européennes. Cette route passe par les plaines du Sud de l’Ukraine, à partir de la Roumanie et de la Hongrie. Au terme de cette route, nous trouvons l’Autriche, la Bavière et même le Nord de la France, région où s’est achevée dans le désastre l’invasion des Huns d’Attila. Le souvenir de cette invasion hunnique, qui a scellé définitivement le sort de l’Empire romain, fait que les territoires autrichien, hongrois et roumains, qui forment l’espace danubien, sont (ou devraient être) les objets premiers de la géopolitique allemande. Leur organisation géopolitique (civile et militaire) est la condition sine qua non de toute géopolitique allemande et impériale efficace.

    A ce niveau, nous devons souligner toute l’importance de l’orientation traditionnelle d’une partie de la géopolitique allemande vers les pays danubiens (qui recèlent un véritable chaos, préfèrent généralement se remémorer le passé plutôt que d’envisager l’avenir), orientation qui implique une attention accrue pour la plaine hungaro-roumaine qui donne finalement accès au cœur de l’Eurasie. Si l’Allemagne adopte à nouveau, de concert avec l’Autriche et la Hongrie, cette orientation danubienne-eurasienne traditionnelle, cela aura un effet positif sur l’attitude russe en Ukraine et sur le pourtour de la Mer Noire. Dans la même optique, on peut interpréter le passé de manière intéressante : on se souviendra que l’Allemagne, en déployant ses forces selon un axe Nord-Sud, a bloqué toute expansion eurasienne de la Russie soviétique vers l’Ouest, selon une vieille logique européenne. En adoptant une logique danubienne, selon un axe Ouest-Est, l’Allemagne évitera de rééditer son erreur fondamentale; elle transformerait ses énergies, que les Slaves ont toujours trouvé agressives, en une logique de coopération dynamique de longue durée, permettant aussi de dégager définitivement l’Allemagne de l’étau atlantiste dans laquel elle est enserrée depuis près de six décennies. Cette logique danubienne-eurasienne aurait également pour effet de renforcer le véritable esprit traditionnel russe. La Russie, ainsi stimulée, focaliserait ses activités dans la moitié septentrionale du noyau central de l’Eurasie, afin d’investir progressivement sa moitié méridionale, créant de la sorte une véritable coopération avec l’Eurasie méridionale.

    La nouvelle Russie pourrait prendre exemple sur le modèle géopolitique du premier Etat moscovite offensif, c’est-à-dire l’Empire mongol, qui avait pris le contrôle de ce noyau territorial eurasien, pour ensuite investir le Sud, en prenant successivement la Perse en l’Inde. Le modèle mongol indique à la nouvelle Russie la voie à suivre. Rappelons ici également la victoire des Mongols sur les Turcs, victoire de l’Eurasie sur Touran. En déployant sa logique est-européenne, la Russie a maintes fois tenté de vaincre les Turcs sur le sol européen, notamment dans les Balkans. Les armées russes ont enregistré de véritables triomphes dans ces entreprises, mais jamais une victoire totale, car Constantinople et l’Anatolie sont fermement restées entre les mains des Turcs. Les Mongols, pourtant, contrairement aux efforts des Russes dans les Balkans, ont suivi une logique eurasienne et attaqué les Turcs par l’Est, utilisant à leur profit le vaste territoire continental s’étendant derrière le front. C’est ainsi qu’ils ont infligé une défaite catastrophique aux Turcs, représentants de Touran.

    Si la Russie abandonne ses priorités est-européennes pour s’orienter à fond dans la perspective eurasienne, le touranisme turc ne pourra plus menacer ni l’Europe ni la Russie. Le modèle de la Russie moscovite (qui a pris le relais de la Russie de Kiev et de Novgorod) a donc été l’Empire mongol, qui contrôlait le territoire central de l’Eurasie, ce qui lui a permis d’en contrôler plus tard les franges méridionales à proximité de l’Océan Indien. La victoire des Mongols eurasiens sur les Turcs touraniens est une expérience positive et doit servir de modèle et de guide dans l’avenir aux nouveaux Russes post-soviétiques. Quand la Russie pratiquait une géopolitique est-européenne, elle a surtout tenté de vaincre les Turcs sur le champ de bataille balkanique, afin de prendre Constantinople et de s’installer sur le territoire anatolien. En 1877-78, les armées russes ont failli emporter le morceau, mais, finalement, avec l’appui de l’Angleterre, les Turcs ont conservé tous leurs atouts géostratégiques (Constantinople et les détroits, le tremplin anatolien vers l’Egée et la Mésopotamie, etc.). Les expéditions russes dans les Balkansont été la mise en œuvre d’une géopolitique est-européenne, amorcée dès l’ère de la Russie de Kiev, pour se perpétuer jusqu’à la seconde guerre mondiale (les exigences de Molotov en novembre 1940 à Berlin l’attestent de manière éloquente). Il semble effectivement impossible, pour la Russie, de battre les Turcs dans les Balkans et en Thrace; en revanche, en les prenant à revers par l’Est, comme le firent les Mongols au cours de notre moyen âge, la victoire est quasi assurée, comme celle de Tamerlan (Timour Leng) à Angora (Ankara) en 1402. Cette victoire mongole a donné du répit à l’Europe et obligé les Turcs à reconquérir l’Anatolie et le Kurdistan, avant de se retourner contre l’Europe après la prise de Constantinople en 1453. Si la Russie adopte demain une perspective eurasienne dans sa géopolitique, elle renouera avec cette perspective de Tamerlan, au grand profit de l’Europe tout entière. Cela laissera les mains libres à l’Allemagne, pour réamorcer sa politique de coopération avec la Turquie, qui cessera alors de fait d’être atlantiste, et pour étendre la sphère d’influence européenne à la Mésopotamie (ce que les Américains veulent empêcher en occupant l’Irak) et lui donner une fenêtre sur le Golfe Persique et l’Océan Indien.

    Sans un partage des tâches, et sans l’appui russe sous la forme d’une réorientation géopolitique de type eurasien, rien ne sera possible, ni pour l’Allemagne, ni pour une autre puissance européenne. A l’inverse, sans un appui allemand, la Russie ne pourra pas réanimer ses dynamiques eurasiennes en sommeil. L’Europe n’aura pas de fenêtre sur l’Océan Indien, son vieux rêve depuis Rome et les Croisades, et la Russie n’aura pas d’accès à l’Océan Indien sans une véritable coopération germano-russe, cette fois sans les ambiguïtés néfastes du pacte Ribbentrop-Molotov. Mais pour arriver à ce double résultat, il faut entamer, au plus vite, un travail sérieux de guerre cognitive, apprendre à bien connaître l’histoire, la géographie et les besoins de nos futurs partenaires. Si les partenaires ne se connaissent pas, de graves dangers nous guettent, comme cela s’est passé maintes fois au cours de l’histoire, car alors les projets de partenariat, même portés au départ par les meilleurs intentions du monde, finissent par sombrer dans l’horreur de nouveaux conflits entre puissances terrestres, ce qui ne peut se dérouler qu’au seul bénéfice du pseudo-empire thalassocratique d’Outre-Atlantique.

    Sacha PAPOVIC,(Belgrade, août 2003). http://www.voxnr.com

  • J'accuse François Hollande – par le Général Antoine-Roch Albaladéjo

    J'accuse François Hollande de mensonge. Au poste qu'il occupe aujourd'hui François Hollande a tous les moyens de savoir ce qui s'est réellement passé le 17 Octobre 1961 à Paris.
    Il peut ainsi vérifier que le FLN avait décidé d'organiser une manifestation au cours de laquelle il prévoyait la destruction de quelques installations parisiennes et quelques assassinats ciblés de membres du service d'ordre et du MNA, son adversaire politique.
    Il pourra ainsi vérifier qu'il n'y eut pas 300 morts, mais 7, dont un Français, consécutifs à la violence de quelques meneurs du FLN. Quant aux 2300(!) blessés, on n'en trouve que peu de trace, sinon dans les déclarations mensongères d'anciens FLN.

    Du “VILLAGE CARTON”
    à SAINT-CYR
     
    Antoine-Roch ALBALADEJO est né à Arzew, faubourg “Tourville”, quartier plus connu sous le nom de ”Village Carton” où ses grands-parents familièrement appelés “Tio Antonio” et “Tia Fabiana” exploitaient une épicerie près de l’école. Ses parents demeuraient à Oran (Delmonte) et son père étant employé aux C.F.A. Il fréquenta l’école primaire de ce quartier où excellait un maître du nom de JUAN.
    Après de brillantes études secondaires au collège Ardaillon, il choisit la carrière des armes et entra à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan.
    Au sein de la Légion Étrangère il s’imposa pour terminer au grade de Général de Brigade (Promotion du 4.12.1994), ce qui ne l’empêcha pas de s’adonner à l’écriture et d’éditer, entre autres livres, “Vol de pumas sur Caracas”.
    Aujourd’hui à la retraite il se consacre à sa famille et trouve encore le temps de s’engager dans la vie associative puisqu’il préside l’Association des Anciens d’Ardaillon et participe aux réunions annuelles des Delmontois et parfois à celles des Anciens du Cours Complémentaire d’Arzew, en souvenir de sa ville natale.
     
    J'accuse François Hollande de saboter tous les efforts faits par notre pays pour intégrer les immigrés. Comment aimer un pays dont le président fait de telles déclarations ? Chacun peut mesurer le désastre provoqué chez les jeunes maghrébins par de tels mensonges.
    J'accuse François Hollande d'avoir serré dans ses bras des Ben Bella et autre Bouteflika. Des terroristes qui ont provoqué et encouragé les pires atrocités qui n'aient jamais été commises dans le monde. Des gouvernants qui au pire ont encouragé, sinon au moins fermé les yeux sur les crimes et les tortures atroces dont furent victimes des milliers de Harkis. Un individu, Bouteflika, qui s'est acharné à éradiquer notre langue en Algérie et qui aujourd'hui se noie dans ses mensonges sur la présence Française en Algérie, dont il peut mesurer la réussite tous les jours dans son pays (prêt à demander réparations pour les ports, aéroports, hôpitaux, écoles, barrages, pétrole, gaz, etc... qu'on lui a laissés, intacts).
    J'accuse François Hollande de faire semblant d'oublier que 95% des esclaves furent vendus par leurs propres chefs de tribus Africains et que plus de 95% des Français n'avaient rien à voir avec ces crimes au fond de leurs provinces.
    J'accuse François Hollande de toujours donner raison aux ennemis de la France, d'attiser leur haine des Français et d'abaisser ainsi son pays. Ce n'est sûrement pas le rôle d'un Président de la République digne de ce nom.

    Général Antoine-Roch Albaladéjo

    http://www.francepresseinfos.com/

  • les socialistes prennent peur…

    Les ministres socialistes s’inquiètent. Quand Vincent Peillon, le ministre de l’Éducation nationale, tance l’enseignement catholique, c’est la manifestation du 13 janvier prochain qu’il a en ligne de mire, dans son viseur. Et la crainte d’un remake de 1984 et du recul de François Mitterrand devant la mobilisation pour l’école libre.

    Parce qu’il faut le dire, Vincent Peillon fait preuve, dans cette affaire, d’une rare mauvaise foi. Il a beau se targuer de philosophie, il n’en est pas moins un politicien, et parmi les plus démagogues. Expliquer, comme il le fait dans son courrier aux recteurs, qu’il appartient à ces derniers « de veiller à ce que les débats qui traversent la société française ne se traduisent pas, dans les écoles et les établissements, par des phénomènes de rejet et de stigmatisation homophobes », c’est, quoi qu’il s’en défende, insinuer, laisser entendre, accréditer l’idée que l’opposition au mariage gay fait de vous, potentiellement du moins, un homophobe. Ce que ne cessent d’ailleurs de répéter les organisations gays et lesbiennes.

    Quant à la « neutralité » dont les écoles cathos devraient faire preuve… elle ne s’applique manifestement pas à l’enseignement public. Pour preuve le couplet de l’inénarrable ministre des droits de la Femme, Najat Vallaud-Belkacem, tenu dans un collège du Loiret. Ce jour-là, évoquant le projet de loi du gouvernement, elle expliquait : « Ça veut dire que, finalement, pourront se marier des gens qui s’aiment, même s’ils sont de même sexe, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. » Et d’ajouter : « Ça va permettre plus d’épanouissement, plus de liberté, plus d’égalité dans la société. Il faut comprendre ça comme une avancée. » Un propos pas partisan pour deux sous, d’une totale « neutralité »… Il faut dire que notre ministre venait d’interroger les gamins de cette classe de Fleury-lès-Aubrais : « Ça vous choque, le mariage homosexuel ? » La moitié des collégiens avait levé la main…

    Nos ministres sont inquiets. Paniqués, même. Alors, ne reculant devant aucune grosse ficelle, ils tentent, par avance, de réduire les manifestants du 13 janvier prochain à des cathos confits dans la naphtaline, pétris de sentiments homophobes, arcboutés sur des valeurs d’un autre temps. Pas sûr qu’ils arrivent à en convaincre les Français qui sont maintenant 69 % à demander un référendum sur le « mariage pour tous ». Même si nos huiles socialistes ont reçu un soutien de taille. Et oui, Jack Lang – qui, lui, ne sent pas du tout la naphtaline – vient d’apporter son soutien à son successeur de la rue de Grenelle : « L’école doit être une oasis de respect de la neutralité politique et religieuse. » Parole d’expert…

    Robert Ménard dans Boulevard Voltaire

    http://fr.altermedia.info/

  • 2003-2013 : les dures leçons de la guerre d’Irak

     

    Par Jean-Dominique Merchet pour RIA Novosti

     L’Irak d’aujourd’hui ressemble-t-il à l’Allemagne de 1955 ? Dix ans après la guerre américaine contre l’Irak, déclenchée le 20 mars 2003, cette question semble insensée. Et pourtant ! C’était bien là le projet officiellement affiché par les cercles néoconservateurs de Washington.

    Comme après la seconde guerre mondiale, ils voulaient imposer la démocratie, la paix et le développement par la force, une sorte de « wilsonisme botté », en référence au président Woodrow Wilson (1913-21).

    Leur projet a sombré corps et âmes, au royaume tragique des plans démiurgiques. Comparons avec l’Allemagne : dix ans après l’invasion alliée en 1945, la République fédérale était un Etat démocratique et libéral, dont l’économie était entrée dans une longue phase d’expansion et qui, se réconciliant avec ses voisins, posait les bases d’une union avec eux. Un immense succès – que l’on vit se reproduire au Japon.

    Le contraste avec l’Irak d’après Saddam Hussein est terrible. Force est de constater que ce qu’on appela le « camp de la paix » (France, Allemagne et Russie), l’axe Chirac-Schroeder-Poutine, avait alors raison de crier casse-cou !

    L’armée américaine a quitté l’Irak en 2011 : elle y a perdu 4486 des siens (plus 318 morts d’autres nationalités, essentiellement britanniques), sans compter les milliers de blessés, physiquement ou psychologiquement. 4.486 morts américains, des dizaines de milliers de vies brisées, pour quoi ?

    Cette guerre a couté au minimum 770 milliards de dollars, selon les chiffres du Pentagone. Des économistes avancent des chiffres encore plus considérables. Tant d’argent dépenser pour quel résultat ?

  • L'affaire Frijide Barjot : une régression civilisationnelle

    L'affaire Frijide Barjot : une régression civilisationnelle
    Le Diable réside dans les détails. Plusieurs révèlent à quel point notre société dégénère intellectuellement et culturellement, sinon politiquement, rabattant tout problème au niveau qu'on appellera libido-moraliste.
    Oublions les Pussy Riot, qui constituent pourtant un emblème en ce sens.
    Le cas Frijide Barjot, l'égérie du combat contre le mariage pour tous, est tout aussi symbolique.
    On a pensé peut-être la mettre dans l'embarras parce qu'elle semble se contredire. N'a-t-elle pas, le 13 juillet 2007, célébré, au club de l'Etoile, un mariage virtuel entre Jean-Luc Romero et son compagnon. N'a-t-elle pas milité pour le Pacs en 1999 ?
    De Civitas, pour qui il en faut moins pour finir au bûcher, jusqu'aux médias alignés sur le dogme politiquement correct du mariage gay, voilà qui devrait suffire à discréditer sa lutte. Elle renierait un engagement qui devait être définitif, et trébuche sur ses contradictions.
    Ces accusations sont bien caractéristiques d'un temps qui n'a ni l'imagination, ni l'intelligence de concevoir la complexité de l'homme et du monde.
    Pourquoi d'abord, dans l'absolu, priver tout être d'un droit à la contradiction, laquelle, entre autre, présente l'inestimable avantage de l'éloigner de la condition robotique ? Sans revenir au tao, au zen ou au scepticisme antique, on conviendra qu'il n'est pas de vie, fût-elle intellectuelle, sans elle, qui est le prix de l'engagement et de la complexité de l'existence.
    Dans le même ordre d'idée, toujours dans le but d'interdire toute véritable recherche, comme un point Godwin, un débat avec un bobo s'achève immanquablement par l'argument qui tue : ceux qui s'opposent sont "intolérants". Tarte à la crème du lobotomisé contemporain, tractopelle de la non pensée, conclusion sans rémission de l'intolérant moderne au sourire de Mickey.
    On remarquera, en outre, que cette apparente palinodie enregistre l'évolution d'un personnage soumis aux projecteurs rasants des médias. Sans entrer dans la vie intime de Fride Barjot, Virginie Tellenne dans le civil, il semblerait que les cinq années qui nous séparent de 2007 aient connu, de sa part, une conversion. Le passé doit-il juger le présent ? Possède-t-on le droit de changer ? Des prises de position anciennes doivent-elle essentialiser une personne, et la fixer, comme le cadavre d'un papillon sur un panneau taxinomique, dans une catégorie éternelle ?
    Beaucoup plus grave : la « pensée » contemporaine semble considérer que l'on ne puisse percevoir le monde que sur un seul plan. Un choix doit tout niveler sur cette option, qui aspire tout l'être. Nous en revenons à cette incapacité, dénoncée tout à l'heure, à accepter la contradiction. Mais il ne s 'agit pas tout à fait de cela ici. Il est question du fait de mélanger tous les niveaux d'être. Ainsi, la condition d'homosexuelle entraînerait ipso facto l'adhésion au mariage gay, ce qui n'est nullement le cas dans le milieu. Cette injonction ressemble fort à une forme de terrorisme moral.
    On voit aussi que les enjeux dérivent de plus en plus de choix de vies, et, particulièrement, de préférence sexuelle. Certaines puissances idéologiques tendent à faire porter, mêlant freudisme vulgaire et permissivité néolibérale, tout le poids de la société sur la « libération » libidinale. La dimension de l'homme est réduite à cette aune. La relation physique est devenue le paradigme à partir duquel on juge de la morale et des vertus civiques.
    Un autre détail a retenu aussi l'attention, bien qu'une telle banalité maintenant rende la chose invisible, parce que banale.
    Le « club de l'Etoile » doit être, indubitablement, une boîte sélecte, vu le nom. Je ne m'engagerais pas sur ce terrain, n'ayant jamais fréquenté les discothèques, sauf une fois, pour voir et entendre.
    J'y ai découvert pas mal de grotesque, de vulgarité, et beaucoup de bruit, un vacarme assourdissant (nonobstant la souffrance que peut éprouver, en l'occurrence, un mélomane). Il y est rigoureusement impossible de parler, de dialoguer au-delà de quelques éructions vocales.
    Or, il semblerait que ce fût dans ces endroits extravagants que des relations se nouent entre politiques, « artistes », journalistes, hommes et femmes d'influence (je ne parle pas des comités et clubs occultes, qui sont plus regardants au choix des happy few).
    De Henri IV à la troisième république, les salons ont été des lieux idoines pour permettre à des personnages dotés de savoir, de talent, de pouvoir ou d'esprit, de commercer entre eux. Ces cercles élitistes étaient souvent dirigés par des femmes, des aristocrates ou des bourgeoises, qui, par leur grâce, leur finesse, leur culture et leur civilité, produisaient ce miracle de mettre en présence des personnages que, parfois, tout opposait. On y approfondissait des thèmes, des problèmes, sans forcément les résoudre, on brillait par le génie ou l'intelligence, les imbéciles étaient bannis, il fallait faire ses preuves, savoir parler avec clarté, perspicacité, et tolérance. Ces salons ont fait plus pour la vie culturelle et politique que l'Académie, les journaux et la Chambre des députés.
    Puis vinrent les partis, avec leur encartage, leur foin idéologique et leur enrégimentement policier.
    Les partis ont l'air de s'être étiolés, comme évanouis dans la société marchande, indifférente et apolitique. Demeurent ces lieux imbéciles que sont les discothèques, qui incarnent une société en mal de civilisation.
    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

  • La République des copains et des coquins

    L’honneur perdu d’un préfet et d’un sénateur...

    Le président du conseil général de l’Aube, flashé en excès de vitesse, repart libre après l’intervention du préfet.

    Flashé à 140 km/h par les gendarmes sur une portion de route limitée à 90 km/h, Philippe Adnot, sénateur et président du conseil général de l’Aube repart avec son véhicule après l’intervention du préfet du département Christophe Bay. On ne se mange pas entre gens du même monde…

    NPI

  • Excellente tribune de Christian Vanneste : La gauche liberticide

    En « tançant » l’enseignement catholique, Peillon révèle la nature de la gauche qui sévit dans notre pays. Héritière des Jacobins et de la Terreur, du laïcisme haineux et sectaire de la IIIe République jusqu’à la guerre de 1914-1918, la gauche n’est pas seulement un boulet économique, qui, au nom de la revanche sociale et de la guerre aux riches, tue la croissance et l’emploi, c’est aussi une force qui divise les Français et menace leurs libertés.

    Au nom d’une conception du progrès qui consiste à renverser les traditions et les principes, y compris ceux du bon sens, sur lesquels s’appuie notre société, la gauche a entrepris d’instituer un « mariage » entre personnes du même sexe. Non contente d’imposer une absurde révolution anthropologique à une partie importante des Français qui n’en veut pas, et de refuser un référendum à la majorité qui le souhaite, la gauche entend passer en force en faisant taire les opposants. La stratégie est simple : il s’agit d’ôter toute légitimité à la parole du contradicteur pour que la pensée unique soit effectivement la seule, de gré ou de force. Ce terrorisme intellectuel consiste donc à disqualifier tout adversaire. Ainsi lorsque le Secrétaire général de l’Enseignement catholique demande que le débat sur le « mariage » homosexuel soit suscité dans les établissements de son ressort, le ministre se fait censeur et prétend le lui interdire. Cette attitude est triplement scandaleuse.[...]

    La suite sur NdF

  • « La démocratie peut-elle devenir totalitaire ? » Actes de l'Université d'été de Renaissance catholique

    En décembre 2012, l'association Renaissance catholique a édité les Actes de sa 17e Université d’été tenue en 2008. Le thème en était : « La démocratie totalitaire ». Ce livre de 406 pages est désormais disponible sous le titre : La Démocratie peut-elle devenir totalitaire ?. F.M.

     A eux seuls, les titres retenus résument l'esprit des organisateurs de ces productions. Pourtant, associer démocratie et totalitarisme s'impose a priori comme un oxymore. Mais une légère lecture en diagonale modifie rapidement cette première réaction.

    La première partie du livre est consacrée aux différentes manifestations de la démocratie à travers les siècles. La deuxième partie montre en quoi notre démocratie française contemporaine glisse insidieusement vers le totalitarisme.

    Une brève évocation de l'intervention de chacun des auteurs devrait permettre de saisir l'essence de leurs propos afin de poursuivre par une lecture soigneuse de chaque texte de ce livre.

    Michel de Jaeghere commence ce livre en comparant « Démocratie athénienne et démocratie moderne ». Alors que le début de son intervention rappelle que le totalitarisme se définit par la prétention de l'Etat à tout régenter, il cite Platon en conclusion pour résumer son message. Ainsi, « ce qui perd la démocratie ce n'est rien d'autre que le désir insatiable de liberté qui conduit les individus à lui sacrifier le bien public. L'habitude de l'égalitarisme donnée par l'égalité politique empoisonne les relations sociales, parce que les hiérarchies naturelles n'y sont plus supportées ni comprises ». Le passage de la démocratie à la tyrannie est alors possible.

    Jacques Trémolet de Villers évoque « Les libertés dans l'ancienne France ». Le début de son texte affirme d'emblée que « Il reste encore beaucoup de choses de la France d'avant dans la France d'aujourd'hui. Et si nous voulons qu'il y ait une France demain, il faudra faire renaître et faire revivre ces libertés de la France d'avant qui sont celles de la France de toujours (…). Cela faisait donc, dans la France d'avant, trois régimes de liberté (…). Pulvériser tous ces corps en individus rendait possible la pulvérisation de toutes ces libertés et la mise en place d'un pouvoir d'Etat agissant à coups de lois et de règlements (…). »

    C'est la période allant de 1789 à 1945 qui intéresse Philippe Conrad avec une question à laquelle répond son texte : « Quelles sont les étapes qui ont permis à la démocratie moderne de s'imposer au XXe siècle comme un rigoureux impératif moral ? » La réponse est dans le titre de son article « L'hégémonie démocratique ». Elle « est aujourd'hui étroitement liée à la prépondérance de la puissance américaine, de “l'empire bienveillant” tel qu'il se désigne lui-même selon la formule de Zbigniew Brzezinski ». La conséquence est alors que : « La démocratie applique depuis très longtemps ce principe selon lequel il ne doit pas y avoir de liberté pour les ennemis de la liberté. Cela, pour la plus grande tranquillité des diverses nomenklatura et classes dirigeantes parasitaires et prédatrices que nous connaissons. Ces classes dirigeantes maintiennent leur pouvoir grâce à un contrôle social et idéologique maximal assuré par les médias. »

    Dans « Les fondements philosophiques de la démocratie moderne », Maxence Hecquart donne quelques repères sur les assises intellectuelles du monde d'aujourd'hui. L'économie lui apparaît comme la référence absolue car : « Seule la matière, le tangible, peut désormais constituer un bien commun. C'est pourquoi le discours de nos politiques est essentiellement économique. » Sa conclusion découle de ce constat: « La démocratie n'est pas le pouvoir du peuple (…). La démocratie moderne n'est intelligible qu'à travers une métaphysique du devenir qui lui donne sa cohérence (…). Elle nie la stabilité des essences et l'ordre du monde, parce qu'elle rejette en définitive l'existence (…) de Dieu. »

    Cette première partie du livre réunissant cinq articles regroupés dans la partie sur : « D'une démocratie à l'autre » se conclut par le texte de Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique. Celui-ci s'intéresse aux relations de « L'Eglise et la démocratie de Pie VI à Benoît XVI ». Il dissocie d'emblée « la démocratie dite classique, qui est un mode, parmi d'autres, de désignation des gouvernants (…), de la démocratie dite moderne, qui prétend être le seul système légitime de gouvernement et qui est devenue aujourd'hui une véritable religion initiatique avec ses dogmes (…). Ce texte très documenté se termine avec un chapitre sur « Benoît XVI et la démocratie » et la dénonciation du relativisme éthique : « Benoît XVI reste fidèle à l'enseignement de son prédécesseur, dénonçant comme lui le relativisme éthique et affinant sa critique de la démocratie moderne par une dénonciation vigoureuse de la dictature du relativisme (…).

    Les fondements intellectuels de la démocratie moderne étant établis par ces auteurs, les six suivants purent développer dans la deuxième partie pourquoi nous vivons « Le totalitarisme démocratique ».

    Martin Dauch voit dans « L'individualisme totalitaire » la cause de tous les dysfonctionnements. Prolongeant le texte de Jean-Pierre Maugendre, il cite le cardinal Ratzinger, devenu pape sous le nom de Benoît XVI, pour qui « l'on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien de définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs ». Ainsi, « l'idéologie démocratique (…) repose sur le principe que toute légitimité s'est incarnée dans l'individu (…). Il ne s'agit pas seulement d'une forme extrême d'égoïsme (…), mais bien de l'émergence d'une idéologie politique qui fait de l'individu la mesure de toute chose ».

    Michel Sarlon-Malassert voit dans cet individualisme le berceau de « La tyrannie de la consommation » à laquelle il oppose la vision de ce qu'il qualifie Les Décroissants dont Serge Latouche, cité, est une des figures connues. Dans le débat avec le public, retranscrit dans le livre, il avance ce qui apparaît comme sa conclusion : « Après avoir été croissante, la production a commencé peu à peu à patiner (…). Tout a changé (…). La proposition est devenue : il faut développer les besoins pour continuer à faire tourner l'appareil de production. »

    J'avoue avoir été indisposé par la lecture du texte, très complet et très technique, du docteur Xavier Dor sur « Les ravages de la culture de mort ». Il y décrit avec détails les mille et une variantes pour faire avorter les femmes. Madame Françoise Dor a cependant conclu dans le débat qu' « il y a une jeunesse tout à fait remarquable, tout à fait militante et que tous les espoirs sont permis ».

    Dans un registre plus accessible et avec humour, Henry de Lesquen détaille ensuite les différentes manifestations de ce qu'il qualifie de « police de la pensée ». Il introduit son propos par le traitement de l'homophobie, mentionnant au passage un bon mot d'Oscar Wilde pour qui « si Adam avait été homosexuel, nous ne serions pas là pour en parler ». Son propos dérive ensuite sur les discriminations que subissent les Français blancs et catholiques face à la volonté des élites de les « caféauliser ». Finalement, c'est, à terme, un statut d'infériorité qu'on cherche à leur imposer. La fin de son texte est un appel à « prendre conscience de la décadence et refuser le désespoir, car la fatalité n'existe pas ».

    Bruno Gollnisch à la fin de l'ouvrage répond à la question : « Qui gouverne en démocratie ? » Sa réponse est limpide : l'Union européenne. Exposant tout à la fois le cadre formel à l'origine de ce constat, mais aussi des anecdotes sur la vie parlementaire au sein de cette institution supranationale, il montre comment tout un ensemble de « pouvoirs » participe à un détournement de la volonté populaire. Face à ces réseaux, il préconise la création d'autres réseaux, tant sur une base nationale qu'internationale. Par des propos prophétiques, il exhorte les lecteurs à « tremper vos mains dans le cambouis, qu'il s'agisse de la politique politicienne ou de tous les autres domaines d'activité dont la reconquête est nécessaire à la renaissance de notre patrie ».

    Enfin, parmi ces textes s'intercale celui de votre serviteur qui avait participé à cette manifestation à la demande du président-fondateur de Polémia. Il put à cette occasion exposer le contenu du livre La Tyrannie médiatique,  Accessoirement, il s’ouvrit à de nouvelles « grilles de lecture ».

    En guise de conclusion à cette recension, Jean-Pierre Maugendre souligne que « L'intérêt de cet ouvrage collectif est de permettre une réflexion quasiment exhaustive sur ce sujet d'une cruciale actualité. En effet, chaque intervenant apporte l'éclairage de sa spécialité et de ses compétences spécifiques, ce qu'une seule personne serait incapable de faire. La formule ainsi élaborée a largement fait ses preuves depuis 20 ans, cet ouvrage étant le quinzième d'une série qui constitue un ensemble sans équivalent pour ceux qui cherchent à réfléchir aux problématiques de notre temps, au-delà du politiquement correct et de la pensée unique. »

    Frédéric Malaval  http://www.polemia.com
    5/01/2013

    Actes de la 17e Université d’été de Renaissance catholique, La Démocratie peut-elle devenir totalitaire ?, Editions Contretemps, nov. 2012, 406 pages.

    Les ouvrages évoqués sont disponibles sur le site de Renaissance catholique

  • DALO : 2 000 000 logements vide en France !   explications SVP

    Droit au logement est un droit fictif, un faux espoir, le droit "opposable" stupide ! comme le fumeux principe de précaution, dans ces deux cas c'est la réponses énarchique, étatique, face aux réalités d'une France qui ne compte que 56 % de propriétaires (ou l'on détruit les patrimoines et ou on empêche les jeunes générations de s'en constituer un ) par des prélèvements très lourds, une fiscalité confiscatoire et par l'émigration des forces vives est leurs capitaux. 
La crise des logements sociaux est l'un des facteurs qui participent au déclin moral et économique de notre société. Sans toit, sans adresse ni dignité les "pauvres" sont condamnés à vie dans un assistanat humiliant, une trappe à misère. 
Les politiques publiques du logement mises en place par l'Etat jacobin, centralisateur, fonctionnarisé et géré par des multitudes d'organismes HLM ne parviennent pas à satisfaire les demandes, ni pour la quantité et la qualité à des prix raisonnables. 
Le secteur privé a toujours été laminé, méprisé, accablé de taxes, d'impôts, de réglementations très inégalitaires et contraignantes. 
Au lendemain de la guerre sous la pression communiste, les propriétaires forcement "exploiteurs" ne disposent plus des revenus pour investir, entretenir leur parc locatif. 
Des lois très favorables aux locataires indélicats, aux squatters, avec la complicité d'une justice coûteuse et lente, cela décourage les investissements pour la location. 
Résultat : 2 000 000 logements vides ? Inutiles. Soit en attente de travaux, soit que leurs propriétaires ne veulent plus louer par crainte des impayés ou des impôts ! 
Il faut faire des réformes pour que le secteur privé participe dans la sécurité à l'offre locative ! Pour désengorger les HLM des locataires qui s'y incrustent faute d'offres à prix abordables. 
L'offre de logement doit être régulée par le marché et par la garantie du respect de la propriété privé. C'est un droit naturel, universel, inscrit dans la Constitution de 1789 ! Seul le marché peut s'adapter aux besoins des français en quantité et en qualité, dans la liberté, avec une fiscalité raisonnable avec des contrats équilibrés entre les deux parties bailleurs/locataires. 
Le DAL (droit au logement )  et les autres mouvance d'extrême gauche qui prônent les réquisitions se trompent. Un droit au logement ne saurait être un droit naturel, car il est impossible à réaliser sans prendre aux uns pour donner aux autres.
    Les droits des uns ne peuvent s'exercer aux dépens des droits des autres. L'état ne peut tout faire. Avec des lois simples, des réformes réelles, le public et le privé peut résoudre l'offre et le prix des logements. 
La liberté d'entreprendre dans la responsabilité,  sans trop de contraintes coûteuses  est un facteur de réussite. 60 ans d'échec en matière de logement d'état, c'est la triste réalité….. 
Effectivement, c'est une stupidité totale. Si nous n'avions pas tant d'immigrés que l'Etat nourrit, habille, loge à nos frais, il y aurait une quantité suffisante de logements pour les Français qui sont souvent plus mal logés que les immigrés. Une certaine concurrence s'établirait entre les propriétaires bailleurs et maintiendrait les loyers à un niveau honnête. En 2009, nous avons perdu 200.000 emplois industriels et nous avons laissé entrer autant, sinon plus d'immigrés. Un jour, les Français vont se réveiller et tout va voler en éclats. Parfois, je me demande s'il n'y a pas un complot contre la France. Toutes mes salutations.
    2010  EVRARD Michel.

    ET AUSSI
La pénurie de logements dépend aussi grandement d'une immigration massive, toujours aussi peu contrôlée et pas du tout choisie contrairement à ce qu'affirme l'illusionniste qui nous sert de Président.
Chaque année, par centaines de milliers de nouveaux immigrés viennent alourdir le fardeau  des Français. Ils réclament une prise en charge totale, demande que la France s'échine à satisfaire car des lois idiotes et mortelles pour notre pays prévoient que tout individu, même entré illégalement sur le territoire français, est en droit d'exiger l'application de ces lois !
Nous ne pouvons les loger ni leur procurer du travail, d'ailleurs ils sont peu nombreux à entrer chez nous pour ce motif les aides et allocations de toutes sortes leur suffisent, et en plus nous devons emprunter des milliards d'euros à l'international pour satisfaire à leurs besoins ! Nous délirons et nous sommes au bord du précipice !
Avec 5 millions de personnes en âge de travailler et qui n'ont pas d'emploi, le problème de la main d'œuvre doit être résolu avec des solutions franco-françaises et non par un appel incessant à l'immigration pour arriver, par des formations adaptées au monde du travail et des salaires étudiés, à diminuer fortement le coût du chômage. 
Croire que les immigrés d'aujourd'hui paieront nos retraites demain est faux : dans 20 ans ils seront aussi à la retraite, une retraite qu'il faudra assumer. Leurs enfants, passés par l'Ecole de la République ou par les collèges et lycées musulmans, qui pulluleront bientôt, auront d'autres ambitions que de remplacer leurs parents sur les chantiers ou dans le usines !! Faire encore et toujours appel à de nouvelles couches d'immigrés extra-européens c'est tout simplement entrer dans un cercle infernal alors que par le simple jeu de la fécondité la France sera africaine et musulmane à plus de 50% avant la mi-siècle.
La solution minimale qui s'offre à nous pour redresser cette situation c'est un moratoire d'au moins dix ans pendant lequel toute immigration sera suspendue. Ce temps nous permettra peut-être de régler les problèmes des immigrés qui acceptent de s'intégrer par le travail et par le respect des lois et des coutume françaises, les autres devront être renvoyés chez eux.


    Y.P. 2010

  • D'uranium en plutonium

    Fin novembre 2011, certains média se sont inquiétés d'une présence de radioactivité anormale dans certaines régions de l'hexagone. Les conversations allèrent bon train, particulièrement dans le sud-ouest où la prolifération des champignons est soudainement apparue suspecte à tel point que certains pharmaciens en déconseillèrent vivement la consommation... Mais bien vite, l'apathie reprit ses droits et ce fut de nouveau « RAS., circulez braves gens, il n'y a rien à voir ! »
    Comment ignorer cependant que la menace nucléaire d'autrefois est aujourd'hui encore plus dangereuse car plus volatile ?
    Graham Alison, ex-secrétariat à la Défense dans l'administration Clinton, a démontré en son temps, combien il était facile de nos jours, de faire passer clandestinement des matériaux fissiles par courrier ou livraison express...
    Peut-on donc parler de simple coïncidence lorsqu'un institut de recherche américain  s'en  alarme, déclarant que de l'uranium hautement enrichi a déjà été détourné et volé dans le passé. Les premiers faits constatés remontant aussi loin qu'aux années 1950 et 1960, sur le site nucléaire de Numec à Apollo, Pennsylvanie. Site désaffecté que l'ingénierie militaire US s'emploie aujourd'hui à nettoyer à un coût de 170 millions de dollars.
    Et certains s'insurgeront-ils, criant à l'obsession ou l'acharnement, en apprenant que les enquêteurs affirment avoir la preuve "irréfutable" que ce vol a été commis au profit d'Israël, pour son programme nucléaire - jamais officiellement reconnu, rappelons-le.
    Telle est la conclusion sans appel, à partir de documents déclassifiés émanant notamment du « department of Energy et Atomic Energy Commission ainsi que du FBI et de la CIA », comme l'a déclaré Grant Smith, directeur de l'IRmep (Institute for Research : Middle Eastern Policy) au Daily Star de Washington.
    « Histoire fabriquée » conteste le fondateur et ancien directeur de Numec, Zalman Shapiro, âgé aujourd'hui de 91 ans. Pourtant, un rapport du département de l'Energie confirme bien que des prélèvements effectués en Israël sur le site de Dimona* portent la même signature isotopique que le matériel produit par le site Portsmouth Gaseous Diffusion, Ohio, fournisseur de Numec.
    Une évidence significative, si prouvée, fait remarquer Victor Gillinsky, membre de la Nuclear Regulatory Commission de 1975 à 1984, qui ajoute : « Ce site produisait de l'uranium hautement enrichi, plus enrichi que ce qui était [alors] d'usage aux Etats-Unis ou ailleurs car utilisé exclusivement comme carburant pour la Marine de guerre. Enfuit, Portsmouth était le seul endroit au monde à le produire... Des échantillons prélevés par des agents de la CIA à Dimona ne pouvant qu'être minimes, peut-on vraiment s'assurer qu'ils proviennent de Portsmouth ? »
    Mais les faits sont têtus et contredisent ce scepticisme... En effet, de nouveau en 2001, un document précisait que 269 kg de ce même uranium avait disparu de Numec sous la direction de Z. Shapiro, de 1957 à 1968. Fait troublant, cette même année 1968, les plus notoires des espions israéliens avaient visité le site de Numec, comme le prouve la permission accordée par AEC (Atomic Energy Commission) mentionnant quatre noms : Rafaël Eitan, Avraham Ben-Dor, Ephraim Biegun and Avraham Hermoni.
    - Ancien membre du Mossad, Eitan dirigea l'opération aboutissant à la capture d'Adolf Eichmann en Argentine. Il fut ensuite nommé directeur du Israel's Bureau of Scientific Relations (connu en hébreu sous l'acronyme Lekem, organe de renseignement spécialisé dans l'acquisition d'informations confidentielles tant scientifiques que militaires, en provenance de l'étranger).
    On retrouvera d'ailleurs Eitan dans l'affaire Jonathan Pollard **.
    - Ben-Dor fut le bras droit d'Eitan dans la capture d'Eichmann et servit longtemps comme agent du Shin Bet. Il fut forcé à démissionner en 1986.
    - Chef de la section technique du Mossad, Biegun était spécialisé dans l'électronique et la communication.
    - Hermoni, quant à lui, fut le directeur technique (nucléaire) de RAFAEL/ Rafaël, acronyme hébraïque de « Autorité pour le développement de l'armement », connu actuellement sous le nom de Rafaël Advanced Défense Systems Ltd et collaborant également avec différentes sociétés américaines (Lockheed Martin, Raytheon) et européennes (Thales, EADS, BAE) sur plusieurs projets de missiles, drones et systèmes d'armements.
    Comme le souligne encore Grant Smith, cette question de vol d'uranium est particulièrement importante au moment où les États-Unis tentent d'enrayer le programme nucléaire iranien.
    « Nous pensons essentiel, dit-il, de connaître la vérité au sujet de la collaboration US, intentionnelle ou pas, dans le programme nucléaire israélien ». D'autres révélations, pas moins inquiétantes, ont été rendues publiques par l'European Trans-Uranium Instruite (ETUI) de Karlsruhe, en Allemagne où des scientifiques traquent la circulation de matériaux fissibles en provenance de l'ex-Union Soviétique.
    LE RÔLE TROUBLE D'ISRAËL
    Qui sait ou se souvient qu'en 2002, une quantité d'uranium 235 est trouvée dans l'appartement parisien de trois individus, courtiers en armes ? Raymond Loeb en est le locataire, ses deux co-équipiers, Serge Salfati et Yves Ekwella, voyagent sous passeports camerounais. Les services de renseignements français y découvrent des billets d'avion en provenance du Kazakhstan. L'ETUI établit que l'uranium provient du site nucléaire de Chelyanbisk-70 dans les profondeurs de l'Oural, ayant cheminé de l'Ukraine en Pologne, puis d'Allemagne en France - transporté par le chef de la mafia russe, Semyon Yokovich Moglivich, spécialiste en stupéfiants, blanchiment d'argent sale, trafic d'armes et d'humains. Depuis 1991, Loeb s'est positionné, attendant l'effondrement de l'Union soviétique. Il obtient, comme assistance, un passeport israélien pour lui-même et 23 de ses associés et les documents de voyage leur sont fournis par l'ancien tycoon, Robert Maxwell et Edmund Safra, un banquier millionnaire, basé en Amérique.
    Maxwell sera assassiné plus tard par une équipe du Mossad après qu'il eut menacé de divulguer ses liens aux services secrets. Safra meurt mystérieusement dans l'incendie de sa penthouse de Monte-Carlo...
    Moglivich, quant à lui, est toujours à la tête de la plus grosse famille "criminelle" de Moscou, la Rising Sun en anglais, et fait des matériaux fissibles, sa spécialité. Les 5 grammes d'uranium trouvés à Paris sont à 85 % de l'uranium enrichi - ce qui est suffisant pour produire une bombe. Mais bien heureusement, pour cette fois, les services français ont pu s'en emparer avant l'intervention du Mossad dont le rôle fut ainsi mis au grand jour, par la petite mais très sophistiquée unité de renseignement hollandaise Intel-1 ; celle-ci étant depuis des mois sur la brèche, dans un bunker justement construit autrefois pour la famille royale en cas d'attaque soviétique sur Amsterdam !
    Comme le concède l'équipe de l'ETUI : « Tracer l'origine militaire ou civile de cet armement de haut risque est semblable à la traque d'un voleur sans empreintes digitales ».
    Aujourd'hui transformé en gare centrale, l'ancien bunker est lieu de transit de matériel nucléaire volé dans les laboratoires russes, en particulier le Arzamas-16 de Nizhnii Novgorod (ex Gorky).
    Des officiers du Mossad se sont empressés de préciser qu'ils s'étaient procuré ce matériau volé pour éviter qu'il ne tombe entre les mains d'islamistes. Déclaration plausible qui n'a pas convaincu les détectives d'Intel-1 persuadés que ce nucléaire a été secrètement transporté de l'aéroport de Schipol, Amsterdam à la centrale de Dimona, Israël.
    En fait, tout commence lorsqu'en octobre 1992, un avion cargo de la compagnie israélienne El Al s'écrase juste après le décollage. Intel-1 est informé qu'il transportait des produits chimiques capables d'être utilisés comme gaz neurotoxiques.
    Depuis six ans, le Mossad s'est établi au sein de El Al, dans l'aéroport de Schipol au 2e étage de bureaux connus sous le nom de « Petit Israël » et Intel sait que leur lien avec la compagnie d'aviation fait partie intégrale de ce trafic d'armes. Assurée de ne pas être poursuivie, une taupe avoua à Intel avoir passé du matériel nucléaire d'Ukraine en Allemagne puis en Hollande ; d'avoir ensuite rencontré un homme à la gare centrale qu'il identifia grâce à des photos. Il s'agissait d'un agent du Mossad basé à Schipol.
    Le réacteur de Dimona, mis en service en 1963, produisait déjà suffisamment de plutonium pour équiper l'armée israélienne d'une bombe atomique avant la Guerre des Six Jours. Aujourd'hui, avec ses 200 engins nucléaires du Negev, Israël a la capacité de décimer ses voisins arabes. Comment donc s'étonner que l'Iran, même s'il n'est pas encore en capacité de le faire, ne veuille légitimement se protéger d'une telle éventualité ?
    Michelle FAYARD-JIRARD. Rivarol du 20 janvier 2012
    * Dimona est une centrale nucléaire située dans le désert du Néguev à 12,7 km au sud-est de la ville de Dimona en Israël qui en reconnaît l'existence mais refuse de communiquer sur son objectif militaire. Sa construction débuta en 1958, avec l'aide de la France, selon les Protocoles de Sèvres, accord secret en sept points entre Israël, la France et l'agrément discret de la Grande-Bretagne. Notons que le complexe a été construit en secret et en dehors du régime d'inspection de l'Agence internationale de l'énergie atomique.
    ** D'origine juive mais né au Texas, on se souviendra que Jonathan Pollard, spécialiste du renseignement de la Marine américaine, fut inculpé pour espionnage au profit d'Israël et condamné à la prison à vie en 1987. Il lui a été reproché en particulier, d'avoir livré à Israël le manuel des codes d'accès et de cryptage des écoutes de la NSA dans le monde, manuel qui aurait été ensuite livré (en pleine guerre froide) aux Soviétiques en échange de l'émigration vers Israël d'un million de juifs. Son histoire a directement inspiré le personnage de Jeremy Pelman dans le film Les Patriotes d'Éric Rochant. Source Wikipedia. Pollard a reçu la citoyenneté israélienne en 1998. Le 12 mai de cette même année, le Premier ministre d'alors, Benjamin Netanyahu, admet que Pollard est un espion opérant pour les services secrets israéliens, espérant négocier sa libération. George Tenet, ancien chef de la CIA, aurait alors menacé de démissionner. Source : < newsbbc.co.uk >