Olivier Poivre, dit d'Arvor, depuis des années roule dans les allées du Pouvoir, surtout de Droite, d'ambassades en sinécures prestigieuses. Nommé directeur de France Culture en septembre 2010 par Jean-Luc Hees, le responsable de Radio France, il a décidément un sens très elliptique de la gratitude.
Parenthèse. Jean-Luc Hees placé en 1999 à la tête de France Inter par le futur député Modem Cavada, y introduisit une belle brochette d'extrême gauche, Pascale Clark, Philippe Val, Michel Polac, Frédéric Bonneaud, Gérard Lefort. Plus tard, devenu président de Radio France, il soutiendra contre vents et marées ce porte-parole d'une France radicalement diverse qu'est « l'humoriste » Yassine Belattar. Idéologue à géométrie variable, Hees, auteur d'un livre élogieux sur Sarkozy, fut nommé à la tête de Radio France sur pression de celui-ci, avec pour mission de faire le ménage parmi ses anciens amis. Fermez la parenthèse.
Ami intime de Martine Aubry, Poivre a, dans une tribune libre confuse publiée par L'Express, défini un projet culturel qui recoupe clairement celui de Hollande. Mais, attention, précise-t-il avec aplomb, « en tant que citoyen et écrivain, j'ai l'occasion de m'exprimer sur des sujets ayant trait à la culture et à ses enjeux dans la société... Cette vision... m'engage évidemment à titre personnel, au-delà de toute prise de position politicienne ». Aplomb, provocation ou brigue-t-il le ministère de la Culture ? On n'ose imaginer quelqu'un de notre famille occupant une telle fonction et s'en allant soutenir la droite nationale. Il serait sur le champ débarqué en grandes pompes. Rien de cela ici. Sarkozy - candidat ? président ? - s'interroge aussitôt sur France-Inter, appartenant à la même administration : « …Est-ce que c'est normal dans une radio de service public ? ». Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) franchement orienté à gauche puisque l'immense majorité de cette corporation s'y complaît, gêné aux entournures, est obligé de protester, certes sans éclats : « Olivier Poivre d'Arvor ! Ça suffit !... En prenant publiquement position pour un candidat, il a mis en péril la crédibilité de toutes les chaînes de Radio France. [...] En n'édictant pas de règles, la direction de Radio France permet cette confusion ».
Quoi qu'il en soit, la servilité de rigueur de la clique médiatique, en particulier celle de Radio France avec mention spéciale pour France Culture, ne saurait apporter la moindre crédibilité à de telles bouffées d'humeur. France Inter, France Info, France Culture ont depuis des mois transformé en un strict duel Sarkozy-Hollande la campagne électorale. Plus grave : si l'on donne rarement la parole aux "petits" candidats sur ces antennes, encore s'efforce-ton de les citer aimablement de temps en temps. Concernant Marine Le Pen, malgré ses concessions et reniements, toutes les citations sont négatives, toutes les interviews, souvent par de petites dindes analphabètes, consistent à l'empêcher de parler d'autre chose que de ses signatures et de sa chute dans les sondages.
Arrêtons-nous cependant un instant sur le régime de faveur accordé par ces trois stations à Mélenchon et ses acolytes puisque c'est un défilé permanent de personnalités communistes, comparses du candidat du Front de Gauche. Mieux encore, il y a 5 ans, Corinne Lepage, présente dans l'élection, se vit privée pour la durée de la campagne de l'éditorial hebdomadaire qu'elle assurait sur France Culture. Et c'était bien normal.
DES COLLABORATRICES RACISTES
Aujourd'hui, l'ultra-gauchiste Clémentine Autain compte toujours parmi les cinq femmes éditorialistes des Matins de France Culture depuis qu'en février 2008 Ali Baddou l'introduisit dans une fonction dont elle est indéboulonnable. Et pourtant n'est-elle pas porte-parole de Mélenchon, après qu'elle ait fait un bout de chemin en 2007 avec Besancenot ? Ce qui ne l'empêche pas, quatre minutes tous les lundis matins, d'infliger aux auditeurs une cosmogonie passée au filtre borné de son sectarisme. On pourrait ne pas s'offusquer d'une telle présence dans le service pubÛc si la tolérance s'y étendait à tous les points de vue. Mais, on se souviendra que France Culture est la radio qui expulsa Elizabeth Lévy, trop droitiste, et Renaud Camus, trop antisémite au goût de ses directeurs. Il s'agit bien d'une clique, dans laquelle on peut être raciste à condition de diffamer la race blanche, le christianisme et la culture européenne. Mélenchon embrasse les trois options. C'est son affaire mais Clémentine Autain, aussi, ce qui ne saurait être toléré dans une radio qui n'appartient ni aux PC, ni aux trotskistes ni au Parti de Gauche.
M. Poivre dit d'Arvor s'est-il ému des vociférations de Mme Autain ? Jamais, semble-t-il. En tout cas s'il l'a fait elle ne fut pas sanctionnée comme Elizabeth Lévy et Renaud Camus. Donnant quelque crédit à l'opinion selon laquelle quelle que soit la radicalité d'une opinion si elle est exprimée par un individu d'extrême gauche elle est recevable. Mais passible des tribunaux si énoncée par l'extrême droite. En tout cas écartée avec horreur des antennes de France Culture. Où l'on fit grand accueil au brûlot anti-nationaliste de l'ancienne collaboratrice de la station Caroline Fourest, autre laïcarde
qui ne s'en accorde pas moins avec la charia lorsqu'elle s'applique à la Libye. Ne s'exclamait-elle pas sur France 2 à propos de la prise de pouvoir des barbus : « Bien sûr qu'il y des gens qui étaient intégristes, djihadistes mêmes. Eh bien il fallait les défendre quand même parce que nos principes d'universalisme nous font refuser la dictature ». C'est sans doute ce que dans cette société de duplicité et d'imposture on appelle la liberté de penser. Et Mélenchon, lui, ne voit de dictature ni à Cuba, ni en Chine pour le plus grand confort intellectuel de M. Poivre.
Le blogger Paul le Poulpe sur le site Riposte laïque brocarde Clémentine d'une pique ajustée : « Quand j'entends parler Clémentine Autain, je pense à ces petites bourgeoises qui ne sont que les enfants de leur lecture, et qui parlent d'une classe ouvrière qu'elles n'ont jamais rencontrée ». Ce qui ne l'empêche pas, comme son chef, de soutenir férocement la laïcité quand il s'agit de l'imposer au catholicisme mais de voler toutes griffes dehors dès qu'on effleure son islam bien-aimé.
Accueillie par toutes les radios et télévisions, elle est indifférente au fait que l'on égorge les animaux et que des millions de Français consomment en l'ignorant une viande hallal non étiquetée dont ils paient la taxe de certification qui sert à la construction de mosquées. Critiquer, contester revient à ses yeux à critiquer, contester les bienfaits de l'immigration et c'est pour cette pathétique égérie du prolétariat le comble du racisme.
Un racisme, il est vrai, qui ne l'indispose pas beaucoup lorsqu'il prend pour cible les Français, leur race et leur culture. Clémentine Autain, tout à l'apologie de l'immigré et de la suppression des frontières, ne répugne pas à signer des pétitions auxquelles on l'eût imaginée réfractaire. Voyez comme les apparences sont trompeuses. En 2006, elle signa Le manifeste des Indigènes de la République, une diatribe raciste anti-Français, puis prétendit s'en retirer à cause de la présence de Tarik Ramadan (Un habitué, lui, de France Culture : 20/11/11, 17/12/9, 8/6/1). Mais celle de Houria Boutelja, la dénonciatrice des "souchiens", ne la dérange pas. En dépit d'innombrables propos qu'on imaginerait délictueux dans « une société démocratique comme la nôtre ». Écrivant, par exemple, en juin 2006 : « Demain, la société toute entière devra assumer pleinement le racisme anti-Blanc...si vous voulez sauver vos peaux, c'est maintenant...Il n'est pas dit que la génération qui suit acceptera la présence des Blancs ». Et recevant, dans un procès qui lui était intenté à Toulouse en novembre 2011, le soutien de toute l'extrême gauche, à commencer par le Parti de Gauche de Mélenchon et Autain.
Dans son texte à L'Express, Poivre, le protecteur de Clémentine, dévoilait un projet culturel d'ultra-gauche, dénonçant « la lepénisation du discours politique contraire à l'esprit français », « l'inégalité face à l'obtention des savoirs », « les paroles régressives sur la prétendue inégalité des civilisations et l'entrée des peuples dans l'Histoire », « le repli identitaire », « la fermeture de notre pays (aux) étudiants étrangers », etc. Un bon gros discours de désintégration de notre société, alors que partout dans le monde les autres renforcent la leur. Confortent leur culture et leur identité.
France Culture, arme de dissolution de nos résistances spirituelles.
René BLANC. Rivarol du 9 mars 2012
anti-national - Page 1193
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(racisme anti français) Le PDG de France Culture enlève son masque
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La gauche liberticide -- Stop à l'arrogance des nuls !
Une règle semble s’établir : plus le gouvernement démontre son incompétence, plus il affiche son mépris pour ceux qui le contestent. Sa suffisance n’a d’égale que ses insuffisances, comme dit la sagesse populaire.
Il est logique que la porte-parole du gouvernement figure en bonne place dans la série. Prise la main dans le sac pour avoir fait de la propagande en faveur du « mariage » homo dans un collège public, et chacun peut la voir et l’entendre sur une video, elle ose accuser Christine Boutin, qui s’en offusque à juste titre, de « manipulation grossière ». Sa justification consiste à prendre les Français pour des imbéciles. Elle était là dans le cadre de la lutte contre l’homophobie, dit-elle. Traduire : on peut faire la promotion du « mariage » unisexe dans les établissements publics parce que ça rentre dans le cadre de la lutte contre l’homophobie. On ne peut pas l’évoquer dans les établissements catholiques, parce que cela favoriserait l’homophobie, ce que n’a pas manqué de dire l’inénarrable Peillon. Ce déni infantile a le mérite d’un double dévoilement : c’est d’abord l’expression d’un refus de la démocratie et du pluralisme qu’elle exige. La gauche qui sévit en France est idéologique et intolérante. C’est ensuite la démonstration sans doute involontaire que la lutte contre l’homophobie peut être le Cheval de Troie du prosélytisme homosexuel.
Dans le duo Peillon/Vallaud-Belkacem, chacun aura reconnu un morceau d’anthologie : l’arroseur arrosé. L’impayable Peillon, qui n’a rien appris, ni rien oublié depuis Ferdinand Buisson, voulait donner une leçon de laïcité à une école catholique, qui, par définition n’y est nullement tenue et il se prend en pleine figure la démonstration de l’absence de neutralité d’un ministre de la République dans un établissement de l’enseignement public. Il faut d’ailleurs reconnaître à notre ministre de l’éducation nationale, un talent pour les gaffes qui confine au génie. On peut compter sur lui pour rallumer les mèches ou les pétards qui s’éteignent. C’est ainsi qu’il avait souhaité rouvrir le débat sur la légalisation du cannabis. Dans les deux cas et chez nos deux ministres, les mots sont les mêmes : il faut « avancer », « arracher » les préjugés familiaux de la tête des enfants, la France ne doit pas être « retardataire ». Le bon sens, c’est le cas de le dire, nous enseigne pourtant que la marche arrière est bien utile pour sortir d’un sens interdit dans lequel on s’est engagé par absence de « précaution ». Les propagateurs de la pédophilie libérée des années 1970 en sont le vivant témoignage, eux, qui parlent beaucoup, mais refusent qu’on en reparle. Le bon sens familial aura tendance à dire aux ministres : mêlez-vous de vos affaires et les vaches seront bien gardées. Quant à la France, depuis le temps que la droite et surtout la gauche lui font descendre les marches, elle aurait bien envie d’en remonter quelques-unes.
En pointe de cette vague, il y avait Duflot, cette géographe spécialiste de l’environnement qui situait le Japon et son terrible Tsunami dans l’hémisphère austral. Elle avait, elle aussi, plaidé pour la légalisation du cannabis pour des raisons écologiques mystérieuses et participé à la cathophobie gouvernementale en dénonçant l’égoïsme foncier de l’Eglise, pourtant engagée au premier chef dans l’aide aux sans-logis. Le président de la République avait d’ailleurs, sans doute par souci de cohérence dogmatique, fait retirer le portrait de l’abbé Pierre de la tribune sur laquelle il intervenait lors d’une visite à Emmaüs. Le locataire de Matignon, lui qu’on accuse à tort de ne pas savoir diriger son gouvernement, a pourtant su donner le sens de la marche. Il n’y a personne qui sache, comme lui, se prendre les pieds dans le tapis avec autant d’assurance et de constance. « Minable » avait-il dit de Depardieu à propos du départ de celui-ci pour la Belgique, le pays de Waterloo. Il n’a pas pensé un seul instant que Depardieu était un artiste mondialement connu, et qu’on le veuille ou non, associé à l’image de la France. Il a donc réussi ce coup de la gaffe à trois bandes : d’abord, dire au monde entier que notre matraquage fiscal en constante évolution était un piège qu’il fallait à tout prix éviter, ensuite dire aux russes soucieux de démocratie que leur système pouvait être jugé préférable au nôtre, enfin susciter chez Gégé ce rôle grandiose du bouffon, au sens le plus noble du terme, c’est-à-dire de celui qui peut dire au roi qu’il est grotesque quand il l’est. Son exil au pays de la Bérézina est une provocation jubilatoire qui devrait aider le pouvoir à être lucide : il n’est pas à la hauteur de sa prétention.
7/01/2013
Lu sur le site de Christian Vanneste,Correspondance Polémia – 13/01/2013
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Quand les RG dénoncent les réseaux franc-maçons à l’oeuvre…
Le 7 janvier dernier, l’ancienne directrice des renseignements généraux en Charente-Maritime entre 2005 et 2008, Jacqueline Bernard, dénonçait sur France Bleue les réseaux franc-maçons et l’influence qu’ils exercent dans le milieu politique:
Une ancienne commissaire des RG dénonce les... par enquete-debat -
Manif pour tous : 1 million de Français dans la rue : le triomphe du pays réel
C’est 1 million de Français, au bas mot, qui ont manifesté, ce dimanche 13 janvier contre la dénaturation du mariage et de la filiation pour exiger le retrait pur et simple du projet de loi. Moins intelligent que François Mitterrand, qui avait reculé sur la question de la soviétisation de l’école, il n’est pas sûr que François Hollande comprenne immédiatement le message adressé par le peuple de France à un pouvoir autiste.
Déjà, la Taubira a déclaré qu’un référendum serait anticonstitutionnel et qu’il n’en était pas question, comme si l’exécutif, depuis de nombreuses années avait hésité à modifier la Constitution à son avantage, au plutôt à celui de l’oligarchie européenne. Pourquoi Taubira et Hollande, otages du LGBT, ne l’envisagent-ils pas pour demander au peuple son avis sur l’avenir de la famille ?
DE TOUTE FAÇON, CE QUE LES FRANÇAIS RÉCLAMENT, CE N’EST PAS UN RÉFÉRENDUM, MAIS LE RETRAIT PUR ET SIMPLE DU PROJET DE LOI !
Un pouvoir autiste est-il capable de le comprendre ?
François Hollande, création du parti socialiste, alors que le Parti socialiste avait été la création de Mitterrand, sera-t-il capable de suivre l’exemple de son aîné ?
Malheureusement, rien n’est moins sûr. C’est pourquoi, contre Hollande, mannequin des LGBT,
LA MOBILISATION NE FAIT QUE COMMENCER I
L’Action Française sera de toutes les manifestations contre la dénaturation du mariage et de la filiation jusqu’au retrait du projet de loi !
Voir également Le Figaro
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Depardieu est devenu russe : pas fous ces gaulois
RiaNovosti livre une tribune libre signée de Alexandra Latsa, journaliste français qui vit en Russie et anime le site DISSONANCE, destiné à donner un « autre regard sur la Russie ». Polémia publie de temps à autre certains de ses articles. L’affaire Depardieu, dont les médias français se sont fait des gorges chaudes, ne lui a évidemment pas échappé, ce qui lui donne l’occasion de remettre quelques pendules à l’heure.
Cet épisode de la société médiatique française est tellement burlesque que nous prenons la liberté de faire suivre cette tribune d’une mazarinade reçue d’un correspondant qui, lui aussi, traite cette affaire avec beaucoup d’humour.
PolémiaLe 3 janvier 2013 est apparu un texte assez surprenant sur le site du Kremlin, annonçant que le président Poutine attribuait la nationalité russe à l’acteur français Gérard Depardieu.
Ce décret présidentiel vient après une polémique entre l’acteur et les autorités françaises suite à l’adoption d’un projet de loi pour taxer à hauteur de 75% les très hauts revenus dans l’Hexagone.
L’acteur avait alors fermement critiqué ce projet de loi, avant de choisir d’émigrer en Belgique, puis de rendre son passeport pour avoir vu son acte qualifié de « minable » par le premier ministre français Jean-Marc Ayrault. L’affaire a rebondi lorsque les autorités russes ont invité l’acteur à s’installer dans le pays, en lui promettant que le régime d’imposition de 13% ne serait pas modifié. Dernier rebondissement de cette affaire donc : l’attribution souveraine par le président de la nationalité russe à l’acteur. Celui-ci a ensuite écrit une incroyable lettre d’amour au peuple russe et à son président, affirmant également « qu’en Russie il faisait bon vivre ». Le 5 janvier au soir, l’acteur russe a donc reçu son nouveau passeport à Sochi et dès le lendemain il s’est vu proposer un poste de ministre de la culture d’une région du centre de la Russie européenne, qu’il a humblement refusé.Le mainstream médiatique français s’est évidement déchaîné de façon compulsive dans les jours qui ont suivi cette déclaration positive sur le président russe. Pour Rue89 Obélix serait désormais l’ami des Tyrans, pendant que chez Médiapart on se félicite du départ d’Obélix et « qu’un citoyen français qui affirmait que la Russie était une grande démocratie n’allait pas nous manquer ». Pour le Nouvel Obs, être naturalisé par le peu recommandable maître du Kremlin prouverait que le premier ministre français a raison et que « Depardieu serait donc bien un minable » (sic) ou encore que la véritable patrie d’Obélix « serait surtout son compte en banque » et enfin que cette faveur d’un quasi-dictateur (sic) « rendait l’acteur indéfendable ». Certains donneurs de leçons et autres moralistes autoproclamés ont même estimé nécessaire de rappeler à l’acteur que, non, la Russie n’était pas une démocratie, on aimerait cependant les entendre avec autant de ferveur sur la situation en Arabie Saoudite, en Corée du Nord ou au Zimbabwe… Enfin pour le Figaro l’acteur aurait de « sulfureuses relations » en Eurasie, puisqu’il a fait l’éloge du président de la République de Tchétchénie Ramzan Kadyrov et est aussi proche de la famille présidentielle ouzbèke. Le Figaro rappelle cependant que l'acteur fait aussi de la « publicité pour des banques d'oligarques kazakhs ou encore la compagnie aérienne arménienne Armavia, et promeut également la cuisine azerbaïdjanaise ».
On aurait souhaité que le mainstream médiatique français rappelle qu’Obélix n’est cependant pas encore grand prince d’Eurasie mais plutôt que ses liens avec l’ex-espace soviétique sont anciens et réels. Celui-ci a, par exemple, acheté l’année dernière des vignobles en Crimée, fait des dons à des hôpitaux de Saint-Pétersbourg en 2011, a tourné dans la série « Raspoutine » et est surtout très populaire en Russie, notamment par sa présence régulière lors de galas et événements mondains en Russie. Il a même été membre du jury du Festival du film de Moscou.
On s’étonne, du reste, de l’émoi que suscite chez certains journalistes le départ de Gérard Depardieu de France, lui qui ne fait que suivre la route de la très grande majorité des fortunes et célébrités françaises : Yannick Noah, Johnny Halliday, Florent Pagny, Alain Delon, Paul Loup Sulitzer, Marion Bartoli, Richard Gasquet, Gilles Simon, Jo-Wilfried Tsonga, Sébastien Loeb, Amélie Mauresmo ou encore les familles Meunier (Carrefour), Castel (Nicolas, Vichy Célestins), Weirtheimer (Chanel), Mulliez (Auchan et Décathlon), Bernard Arnault ou encore de Christian Clavier exilé à Londres. La liste n’est pas exhaustive.
En outre, beaucoup de Français ne savent pas que nombre de stars françaises séjournent régulièrement en Russie, que ce soit Alain Delon, Patricia Kaas, Pierre Richard, Mireille Matthieu ou Lara Fabian, preuve s’il en est que le pays leur sied un minimum et que la culture française a un public fidèle en Russie. Quant aux proches de Masha Méril, ils ont eux tout simplement accepté les passeports russes offerts par les autorités russes. Mais on pourrait aussi se demander pourquoi aucun journaliste n’a jugé utile de répondre aux propos de David Cameron qui, il y a 6 mois, incitait ouvertement et publiquement les Français et les entreprises françaises à venir s’exiler fiscalement en Angleterre en affirmant simplement que : « Nous déroulerons le tapis rouge pour souhaiter la bienvenue aux entreprises françaises qui paieront maintenant des taxes en Grande-Bretagne et financeront nos services publics et nos écoles ». Mais évidemment, la Belgique et l’Angleterre ne sont pas la Russie, et dire du bien de Poutine et de la Russie est un sacrilège moral qui déclenche systématiquement la fureur des médias, ce sans aucune logique ni aucun discernement.
En Russie, quelques rares voix dissidentes se sont aussi élevées contre cette décision du Tsar Poutine, preuve s’il en est que chacun peut s’y exprimer. C’est le cas par exemple du très rebelle Edouard Limonov qui s’est félicité de cette naturalisation par son pire ennemi en espérant qu’Obélix l’accompagne tous les 31 du mois aux manifestations contre le Kremlin, un vœu dont on peut imaginer qu’il restera pieux. Mais Edouard Limonov, qui a été naturalisé français lors de la cohabitation de 1987, sait sans doute mieux que quiconque de quoi il parle, lui qui vient également justement de rendre son passeport français pour pouvoir se présenter aux dernières élections en Russie. Quant au journaliste Matvei Ganapolski, il affirme, sur la radio d'opposition Echo Moskvy, « qu’on n'oubliera et on ne lui pardonnera jamais cette phrase : c'est une grande démocratie ».
D’ailleurs, pour bien se rendre compte du ridicule des attaques contre Obélix, il est maintenant reproché à l’acteur de vouloir acheter une maison dans le sud de Moscou sous prétexte que le district hébergerait un hôpital psychiatrique ou encore d’avoir accepté une maison en Mordovie sous prétexte que le territoire hébergerait une colonie pénitentiaire. La région russe est même qualifiée de « « Pétaouchnok" russe, l’auteur de cette brillante analyse ayant visiblement oublié de mentionner que cette simple région est, à elle seule, presque de la taille de la Belgique. Gérard Depardieu est même désormais accusé d’être un agent du KGB, on se demande où cela va encore pouvoir aller. Mais pour certains analystes, c’est aussi son rejet de la ville et son attrait pour la Russie profonde (la Mordovie et les bouleaux) qui lui vaut la haine de beaucoup de commentateurs qui s’intéressent d’habitude plus à la Russie manifestante, urbaine et occidentalisée qu’à la Russie des campagnes et des traditions.
Cette affaire donne cependant à réfléchir et pas seulement sur l’agression médiatique médiocre qui vise le plus célèbre Gaulois tout autant qu’une décision souveraine et légale du président démocratiquement élu du plus grand pays du monde. Les questions à se poser concernent à mon avis plutôt le village gaulois duquel Obélix lui-même a fini par partir. La triste vérité est que la France est devenue un pays fiscalement étouffant, et aussi un pays à l’économie ralentie avec plus de 9 millions de personnes ne travaillant pas à temps plein, soit 30% de la population active, et que Depardieu ne fait que rejoindre les quelques millions de Français déjà présents à l’étranger. Celui-ci n’est sans doute pas du reste parti pour des raisons uniquement fiscales, mais aussi pour fuir un climat politique et moral simplement détestable, et ne parlons pas du climat médiatique.
Mais quoi d’étonnant, finalement, à cela puisque nos élites poussent depuis des décennies à la création d’une Europe sans frontières, dans laquelle chacun est libre de s’installer et vivre où il veut ? On ne peut du reste que s’étonner des discours à consonances patriotiques accompagnant les critiques du départ de Depardieu, alors même que la notion de patrie est vilipendée en France au moins autant que celle de frontière. Certains hommes politiques français ont du reste dans cette affaire pu montrer leur vrai visage. Daniel Cohn-Bendit a carrément traité notre Obélix national de « crétin fini » pendant que Jean-Christophe Cambadélis lui rappelait avec humour (?) que « Depardieu voulait déjà devenir belge. Donc je me suis dit que Poutine n'était pas la Grande Catherine et que Depardieu n'était pas Diderot ou Voltaire ». Plus récemment, d’ailleurs, c’est Brigitte Bardot qui pour d’autres raisons vient de menacer de demander elle aussi la nationalité russe et de quitter la France à jamais. Le ministre de l’économie Benoît Hamon a déclaré en plaisantant qu’elle « pourra demander Gérard Depardieu en mariage, ce sera formidable ! », ce qui lui a valu en retour d’être traité « d’imbécile écolo » par la célèbre actrice. De nombreux autres élus se sont, eux, lâchés sur Twitter comme on dit, je laisse les lecteurs seuls juges.
On se demande ce que la planète doit penser d’un tel niveau d’échanges entre les politiques et les artistes français. Une chose est certaine : les Français n’aiment pas qu’on insulte leurs artistes et le gouvernement français va sans doute payer très cher cette affaire. Notre gouvernement aurait du reste sans doute préféré que ce projet de loi sur la fiscalité ne devienne pas un sujet de conversation planétaire, faisant par ricochet de la France le pays le plus impopulaire chez les riches de ce monde. La question que tout le monde se pose est désormais de savoir si l’on va assister à un exil de riches (et de moins riches) Gaulois vers la Russie de Poutine.
L’Hexagone n’a du reste pas vraiment de quoi se réjouir, ayant perdu Depardieu et risquant de perdre Brigitte Bardot, la patrie de Voltaire n’a en retour l’année dernière hérité que des FEMEN, pendant que certains leaders écologistes français souhaitent tout simplement que les Pussy Riots soient naturalisées françaises et même élevées au rang de citoyennes d’honneur de la ville de Paris. Pour les lecteurs qui ne savent pas de qui on parle, je leur conseille de lire ceci : un son de cloche par ailleurs absolument identique à celui de nos syndicalistes nationaux, notamment le leader de FO Jean-Claude Maillard qui a déclaré « Je trouve cela triste de dire, comme il l'a dit, que la Russie est une grande démocratie. Je préfère Pussy Riot à Gérard Depardieu dans le cas présent ». Préférer les Pussy Riot à l’un des plus grands acteurs français est une pirouette mentale dont de toute évidence seuls certains membres de la gauche plurielle française ont le secret, sans doute tout comme Panoramix seul a la formule de la potion magique.
Depardieu et Bardot contre les Femen et Pussy Riot ? On peut se demander si la République y gagne au change ou si, par Toutatis, le ciel n’est pas simplement tombé sur la tête de certains journalistes, politiques et syndicalistes. Comme le relève très bien Jacques Sapir (ici et là) : « La réalité russe s’avère, une fois de plus, bien différente des apparences. L’affaire Depardieu, en réactivant les fantasmes de toute nature ainsi que le fond antirusse d’une partie de la presse française, ne contribue pas à un examen objectif de cette réalité. »
Alexandre Latsa Correspondance Polémia – 13/01/2013
RiaNovosti
9/01/2013
Lettre de Gégé à Ayrault
Monsieur,
Vous êtes prof et bourge et je suis un titi,
Vous êtes un Nantais et je suis un nanti !
N’êtes-vous pas heureux en tant qu’homme de gauche
Qu’un titi puisse avoir quelque argent dans sa poche ?
De plus je l’ai gagné en toute honnêteté
Sans voler, sans frauder ni même spéculer.
J’ai reçu de par Dieu le talent de séduire
Et suis dès lors vendeur d’émotion et de rire,
Ce dont vous ne pouvez qu’assez peu vous vanter :
Car lorsque je vous vois paraître à la télé
Jean ai Marc d’un Ayrault fatigué et sinistre
Dont on m’a assuré qu’il est 1er ministre !
J’aime l’amour, la vie et le jus de la treille,
Mon casier n’est en plus chargé que de bouteilles…
J’ai donc sans coup férir du jour au lendemain
Fait ma niche fiscale en mon nid de Néchain.
J’aime mieux exporter les kilos que je pèse
Que de risquer en France une mauvaise Grèce !
Votre sécurité qu’on appelle sociale
Ne soigne pas encore les hernies fiscales,
Je vais donc me soigner, disons à moindres frais,
En buvant du pot belge au lieu d’impôts français.
Je reviendrai en France un beau jour, quand le fisc
Ne me dira plus simplement : je confisque
Mais qu’il respectera le travail que j’ai fait
Pour concourir un peu au bonheur des Français.
Pour n’être point taxé… d’être un inter – « minable »
J’arrête ici les frais, car ils sont impayables !
Gérard Depardieu -
Les indignations à géométrie variable de Laurence Parisot
PARIS (NOVOpress Breizh) – On connait la devise des libéraux : « Nationalisons les pertes et privatisons les profits ». Ce principe semble tellement ancré dans les cerveaux de la classe dominante qu’il mériterait de figurer dans le préambule de la Constitution. Evidemment, le discours et l’action de Laurence Parisot, la patronne du Medef, s’inscrivent dans cette ligne à géométrie variable.
Recevant des journalistes, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, leur indique qu’il travaille sur un projet de « nationalisation transitoire » de Florange. Il aggrave son cas en ajoutant que « le problème des hauts-fourneaux de Florange, c’est Mittal ». Ensuite, en ces temps de disparition des frontières, affirmer que « nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu’ils n’ont pas respecté la France » relève du crime de lèse-majesté. Enfin le ministre estime que « les mensonges de Mittal depuis 2006 sont accablants » et qu’« il n’a jamais tenu ses engagement » vis-à-vis de l’Etat français. Aussi sort-il l’argument massue de la nationalisation (Les Echos, 26/11/12).
Evidemment, aux yeux des commanditaires de la présidente du Medef, l’interventionnisme présumé d’Arnaud Montebourg constitue le péché suprême. Evoquer la « nationalisation » mérite l’enfer. Mme Parisot monte donc sans tarder au filet : la déclaration du ministre du Redressement productif au sujet d’une « nationalisation transitoire » de l’aciérie de Florange est « tout simplement et purement scandaleuse ». Parlant de « pression » et même de « chantage », la porte-parole du grand patronat rappelle un principe qui lui semble frappé au coin du bon sens : ce n’est pas à l’Etat « de commencer à dire à chaque entreprise de France : voilà votre stratégie » (RTL, 29/11/12).
Donc Laurence Parisot n’a pas sa langue dans sa poche lorsqu’il s’agit de critiquer les velléités de nationalisation du Gouvernement. Mais il est d’autres circonstances où le silence de la présidente du Medef est carrément assourdissant. C’est le cas lorsque la société de conseil aux investisseurs Proxinvest publie son rapport annuel consacré à « la rémunération des dirigeants des sociétés françaises » (11 décembre 1212). Des montants déconnectés des performances de l’entreprise et insuffisamment conditionnés sur le long terme : telles sont les grandes tares du système de rémunération des patrons du CAC 40, décortiqué par Proxinvest.
La rémunération totale d’un grand patron du CAC 40 s’est élevée à 4,24 millions d’euros en moyenne en 2011 (+4% par rapport à 2010). Toutefois, si l’on ne tient pas compte des indemnités de départ versées à certains dirigeants, dont le bonus différé de 16 millions d’euros attribué à Maurice Lévy, le président de Publicis, la rémunération de ces patrons a baissé de 3% en moyenne en 2011.
« La baisse aurait pu être plus significative, car le CAC 40 a perdu 17% en 2011 et les bénéfices nets cumulés ont reculé de 10% », note Loïc Dessaint, directeur associé chez Proxinvest. Au hit-parade des patrons les mieux payés en 2011, Maurice Lévy arrive largement en tête avec 19,6 millions. Il est suivi par Carlos Ghosn (Renault) avec 13,3 millions d’euros, Bernard Charlès (Dassault Systèmes) avec 10,9 millions et Bernard Arnault (LVMH) avec 10,8 millions d’euros. Jean-Paul Agon (L’Oréal) avec 7,7 millions d’euros arrive en cinquième position (Le Figaro Economie, 12/12/12).
Si l’on considère qu’en 2011 l’indice boursier a baissé de 17 %, on peut considérer, comme le fait Loïc Dessaint, qu’ « en France, les rémunérations sont tranquilles, les conditions de performances ne sont pas hyper exigeantes » (Le Monde, 12/12/12). Silence radio de Laurence Parisot quant à cette anomalie. Il est vrai que les PDG du CAC 40 sont les vrais patrons du Medef…et on voit mal leur employée critiquer ceux qui l’ont fait reine.
Autre occasion ratée de se lamenter pour Madame Parisot : PSA. La situation financière de ce groupe apparait tellement dégradée que, fin octobre, le gouvernement se décide à lui apporter son soutien ; il y a urgence. Cette aide prend la forme d’une garantie de 7 milliards d’euros accordée à « Banque PSA Finances », la filiale crédit du groupe, qui reste entièrement privée. Cette garantie permettra d’emprunter sur les marchés à des taux raisonnables. Mais l’Etat exige l’entrée au conseil de surveillance d’un administrateur indépendant qui le représentera. C’est ainsi que Louis Gallois, réputé « patron de gauche » a été coopté par le conseil de surveillance ; il sera également membre du comité stratégique (mardi 18 décembre 2012).
Avec l’arrivée de Louis Gallois, le gouvernement compte peser d’avantage sur la stratégie de PSA. En effet, Arnaud Montebourg se montre critique sur les choix passés de l’entreprise et s’interroge sur la pertinence de son plan de rebond – qui inclut 8.000 suppressions d’emplois – et de son alliance avec General Motors (Le Figaro Economie, 19/12/12). Etrangement, Laurence Parisot ne trouve rien à redire à l’entrée de l’Etat dans la chasse gardée de la famille Peugeot. Elle en vient même à oublier ce qu’elle affirmait sur RTL quelque temps auparavant à propos de ArcelorMittal : ce n’est pas à l’Etat « de commencer à dire à chaque entreprise de France : voilà votre stratégie ».
A la vérité, depuis quelques années, PSA s’est habitué à bénéficier des aides de l’Etat. Lorsque Nicolas Sarkozy, président de la République, avait présenté un plan de sauvetage de l’automobile (lundi 09 février 2009), PSA avait bénéficié d’un prêt de 3 milliards d’euros de la part de l’Etat, auquel il fallait ajouter un second de 500 millions pour sa filiale bancaire. Bien entendu Renault avait bénéficié des mêmes avantages. Là encore, Laurence Parisot n’avait vu aucun inconvénient à l’intervention de l’Etat. Bien sûr, elle pourra toujours objecter qu’aux Etats-Unis, l’Etat fédéral avait engagé 81 milliards de dollars de fonds publics pour sauver General Motors et Chrysler, les deux entreprises se trouvant de fait nationalisées.
Bref, vouloir nationaliser Florange relève d’une intention « scandaleuse », tandis que fournir des ballons d’oxygène à PSA ressemblerait à un acte tellement normal qu’il n’y a pas lieu d’en parler. Telle semble être la philosophie de Laurence Parisot qui proteste quand ça arrange les intérêts de ses patrons. Et qui se tait dans le cas contraire.
Paul Le Guern http://fr.novopress.info
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Manif pour tous : une victoire à la Pyrrhus ?
Le dimanche 13 janvier, on va compter les troupes qui ont défilé, dans les rues de Paris, contre le mariage homo. Notre époque aime les chiffres, même quand ils sont faux. Cela rassure. Entre 800 000 selon les organisateurs, et 340 000, selon la police, on se fera une idée en trouvant un juste milieu. La foule était toutefois énorme, il faut s'en féliciter.
Mais qu’importe au fond. Même s’il y avait eu les 850 000 manifestants qui ont fait reculer Mitterrand, en 1984, en conspuant la réforme Savary, la nature ambiguë de ce mouvement en aurait-il été changé ?
Il faut avouer que Marine Le Pen a montré, pour le coup, un doigté politique digne d’un véritable chef de parti. Elle a fait la preuve, à cette occasion, qu’elle savait mesurer un mouvement d’ampleur selon ce qu’il vaut, et qu’elle a eu le courage d’aller contre ce qui paraissait évident pour beaucoup de militants et de sympathisants du Front national. En prenant des distances, sans désavouer une protestation légitime, elle a manifesté sa maturité et son sens politique.
Il n’est bien sûr pas question de contester le bienfondé d’un mouvement qui répond de façon véhémente à une entreprise de destruction de la société, à l’offensive agressive d’une secte utopiste et fanatique qui prend son inspiration dans ce que l’Amérique exporte de plus nocif et de plus inquiétant.
Encore faudrait-il que ce caractère éminemment américain de l’idéologie gay (dont l’un des signes est l’usage immodéré, dans ses slogans, de la langue anglaise) soit nettement souligné. La présence ostentatoire de l’UMP, avec Jean-François Copé, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, n’engage pas à supposer que l’on aille dans cette voie. Celle, non moins voyante, de personnalités telles que la désastreuse Boutin, qui prend directement ses ordres outre Atlantique, ou d’organisations impliquées dans le combat occidentaliste inspiré de la théorie du choc des civilisations, n’inspire pas davantage de sympathie. Au moins auront-elles eu l’occasion de s’interroger avec profit sur l’engagement, à leurs côtés, de mouvements musulmans hostiles au « mariage pour tous ».
A priori, donc, la mobilisation de citoyens de tous horizons, des gens de droite, certes, mais aussi, dans une moindre mesure, de gauche, des hétérosexuels, mais aussi des homosexuels effarés par l’absurdité d’une loi commanditée par une minorité agissante, des personnes qui appartiennent à ce que l’on nomme la « majorité silencieuse », celle qui ne s’agite pas devant les caméras en faisant croire qu’elle représentent quelque chose, ce grand sursaut d’indignation contre le diktat d’une secte intolérante, cette insurrection des consciences, font chaud au cœur. Cela faisait bien longtemps qu’il n’y avait eu une telle réaction, revendiquant clairement la tradition. Nous avions l’habitude des terrains abandonnés les uns après les autres, des combats perdus, parfois sans lutte, des quolibets de cette caste vaniteuse, hautaine, qui prétend incarner l’intelligence, quand elle n’a pour missel que son petit bagage de bobos en baskets.
Mais, hélas, ce n’est qu’une réaction. Sans lendemains ? Taubira et Hollande ont déjà assuré que le gouvernement ne reculerait pas devant « la rue », sûrs qu’ils sont d’œuvrer pour le « progrès » et l’ « avenir ». La leçon a des antécédents. Fillon n’avait pas cédé lorsqu’il avait entrepris, en 83 et 2010, ses réformes des retraites. Sarkozy avait, en 2007, insulté la décision du peuple français de voter non, en 2005, au référendum sur le traité de constitution européenne. Pourquoi les socialistes agiraient-il différemment ? Cela fait maintenant longtemps que la France d’en bas est méprisée par les héritiers des philosophes de Lumières, qu’ils soient de gauche ou de droite.
Il serait ainsi nécessaire de s’interroger sur l’ambivalence d’une droite de gouvernement, qui fait mine (comme Raminagrobis) d’aller dans un sens pour agir de l’autre. Quelle est la véritable finalité de son compagnonnage avec une protestation qui va à l’encontre de la logique libérale, laquelle nie radicalement l’existence de nécessités « naturelles » ? Sarkozy lui-même a exprimé, plus ou moins discrètement, sa préférence pour le mariage gay. Combien sont-ils, parmi les cadres de l’UMP, à partager secrètement, ou non, cette idée ? Il est permis de se rappeler que c’est Chatel (partisan du mariage gay) qui a introduit dans l’enseignement des classes de seconde l’enseignement de la théorie du gender.
Mais nous aurons compris que, pour ces goupils, il s’agit de tactique. Non seulement parce que, contre toute évidence, et malgré un endoctrinement massif néo-soixantuitard de dizaines d’années, il existe encore, comme le fameux village gaulois, un môle de résistance au délire moderniste. Le plus réjouissant est que beaucoup de jeunes y participent. Mais ces Tartuffes libéraux visent à construire une « union des droites », déplaçant légèrement l’axe politique du libéralisme mou au libéralisme dur, néocon, que Sarkozy a tenté d’exprimer, sans trop y parvenir parfois, mais qu’un type comme Copé, encore plus roublard et sans complexe, semble annoncer.
Cela nous porte directement aux mouvements libertariens américains, au Tea party et autres allumés de la liberté sans limites. Or, Ron Paul a ouvertement appuyé le mariage gay. La liberté ne se réduisant pas selon des catégories issues d’un passé haïssable, parce que passé, chacun est libre de disposer de son corps comme il l’entend, dans la logique utilitariste la plus pure du libéralisme. On voit la conjonction entre les revendications libertaires et le point de vue libéral. Il n’est nullement certain qu’une vision semblable ne soit pas la ligne réelle de l’UMP. Néanmoins, dans l’optique de l’alternance, qui permet à la partie adverse de légiférer dans des domaines qu’on accepterait comme siens, mais qu’on fait semblant, de façon théâtrale, de combattre, l’innocuité de l’engagement présent ne porte pas à conséquence. Comme le dit Marine Le Pen, c’est de l’enfumage, aussi bien du côté de la gauche, qui cherche à faire oublier les problèmes économiques et sociaux du pays, que de la part de la droite, qui se refait à bon compte une virginité, comme ces prostituées qui placent leurs enfants dans les écoles de curés.
Cependant si l’on cherche encore plus de raisons d’être, malgré tout, malgré ce réjouissant sursaut de révolte, circonspect, voilà ce qu’on peut dire :
Il n’est pas tout à fait assuré que la décision du gouvernement Hollande soit entièrement de l’ « enfumage ». Car elle vient de loin, est contenue dans les gènes du libéralisme, depuis sa naissance il y a maintenant près de cinq cents ans. Le mythe du progrès implique l’arrachement aux contraintes de la nature, même si, comme dans toute utopie, ce projet amènera des lendemains cauchemardesques. Il faut mettre sur le même plan le mariage gay, la dislocation actuelle du code du travail, l’ouverture tous azimuts des frontières, la destruction des nations, c’est-à-dire des liens avec la terre qui nous vit naître, la dissolution des repères, de l’Ecole, de l’éducation etc. C’est un mouvement de fond.
Pire : tout y devient relatif. La Tradition en tant que telle, pour peu qu’on puisse encore la comprendre, ce qui ne va pas de soi pour une civilisation qui en a oublié la discipline austère et les principes qui passeraient aisément pour des atteintes aux droits de l’homme, n’était pas vraiment perçue, dans les temps anciens, comme « tradition ». Elle était comme l’air qu’on respire. On l’incorporait, elle faisait corps avec notre être. Dès lors qu’on la nomme « tradition », elle perd de son évidence naturelle, elle tend à devenir une option, un point de vue, une « opinion », un choix de vie.
Le libéralisme progressiste peut bien tout admettre : les mouvements extrémistes, les mouvements anti-avortement, les baba cools, les homosexuels, les sectes évangélistes puritaines, les partouzes, l’abstinence, la malbouffe, la gastronomie, la messe etc. Tout se vaut. Les communautés sont des groupements d’êtres qui cohabitent. Du moment qu’on mesure les choix, qu’on publie des sondages, qu’on vote, qu’il y a une majorité, une minorité, l’affaire est conclue. En revanche, le monde de la Tradition est profondément intolérant, parce que son optique est la seule possible. L’atomisation du monde libéral, sa désagrégation en monades soi-disant libres, qui ont la prétention d’accéder à une vérité vite invalidée par la concurrence de milliers d’autres, ne laisse aucune chance à ce qui était sanctionné par les millénaires pour perdurer. Une fois le mouvement lancé, il est pratiquement impossible de l’inverser. La question de savoir si l’on aurait pu l’arrêter, et quand, est vain. En tout cas, nous sommes, pour ainsi dire, dans son stade terminal.Claude Bourrinet http://www.voxnr.com -
Programme « Viber » : attention, espionnage israélien
« Viber » est un programme gratuit qui, installé sur les téléphones modernes, permet d’appeler gratuitement une personne équipée du même logiciel.
On estime actuellement à 100 millions le nombre d’utilisateurs de Viber.Or il apparaît que le fondateur de la compagnie Viber Media et son propriétaire est Talmon Marko, un américano-israélien qui a servi 4 ans dans l’armée israélienne.
Il aurait été nommé au poste de directeur exécutif responsable des renseignements au commandement central…« Sachant que le programme Viber offre un service gratuit à 100%, permet l’échange de vidéos et des messages textuels, et ne diffuse pas de publicité. Face à ces données, une question se pose : quel est l’objectif d’un tel service, gratuit à 100% ?
La réponse est simple : le programme « Viber » sur les Androïd et Iphone par exemple est capable de lire tous les contacts figurant sur la liste des contacts téléphoniques, même ceux qui ne font pas partie du programme.
Viber est aussi capable de localiser le lieu de l’utilisateur, ses comptes électroniques, l’enregistrement de sa voix, de vidéos et la prise de photos !
Il a également la capacité d’espionner toutes les informations présentes dans les fichiers téléphoniques et de connaitre tous les programmes utilisés par les utilisateurs !
C’est donc à travers ce programme gratuit très populaire, qu’on offre à « Israël » nos informations personnelles, gratuitement aussi ! »Lien permanent Catégories : actualité, anti-national, insécurité, international, lobby, magouille et compagnie 0 commentaire -
Ils ont livré la France au Qatar
Sous Sarkozy comme avec Hollande, le richissime émirat dispose des mêmes facilités pour racheter des pans entiers de notre économie. Que signifie l’appétit d’ogre de ce petit pays ? Pourquoi Paris lui ouvre-t-il ses portes ?
La dépêche, stupéfiante, est tombée le 6 novembre dernier : l’ambassadeur du Qatar, Mohamed Jaham al-Kuwari, annonçait à l’Agence France-Presse que son pays avait l’intention d’investir 10 milliards d’euros dans des sociétés du CAC 40. Répondant au journaliste qui évoquait quelques rares déclarations de personnalités qui, comme Bernard-Henri Lévy, Jean-Luc Mélenchon ou Julien Dray, ont manifesté leur inquiétude sur l’influence du Qatar en France, l’ambassadeur a conclu l’interview par une formule aussi ironique qu’arrogante : «C’est quoi, le problème ?»
En effet, il n’y a, apparemment, aucun problème. Apprendre que le fonds souverain qatari va presque doubler le montant de ses participations dans le CAC 40 ne pose aucun problème au gouvernement ni à l’opposition. Organiser la Coupe du monde de football dans un pays où ce sport n’intéresse personne et va nécessiter la construction de stades munis de sols réfrigérants pour pouvoir supporter des températures à 45° C (bonjour Kyoto !), ça n’interpelle personne dans le monde du sport – pas même Michel Platini -, ni dans celui de l’écologie, surtout pas Yann Arthus-Bertrand. Coïncidence : son dernier film a été financé par des Qataris…
Savoir que des Qataris pourraient sélectionner des entrepreneurs de banlieue sur une base communautariste n’inquiète pas grand monde. Installer une annexe de Normale Sup à Doha, ville où l’on est payé 400 dollars ou 12 000 selon la couleur de sa peau, ne dérange personne, et surtout pas Monique Canto-Sperber, présidente du pôle interuniversitaire Paris Sciences et Lettres et Philosophe spécialiste de «l’éthique».
Qu’enfin la France impose à tous ses partenaires l’admission directe du Qatar au sein de la francophonie, sans passer par la case «observateur», comme l’exigeaient les usages jusqu’alors, cela n’ennuie pas grand monde non plus.
A Doha, on appelle ça le «français sonnant et trébuchant». Mais, à Paris, le silence est de rigueur. Depuis des années. On peut même dater l’origine de l’amitié franco-qatarie : le premier voyage de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, à Doha, en décembre 2005. Sarkozy s’est lié d’amitié avec le Premier ministre qatari, Hamad ben Jassem al-Thani, «HBJ» pour les intimes, au risque de mélanger les genres.
Lorsqu’il arrive à l’Elysée, Sarkozy prend l’habitude de recevoir tous les mois «HBJ». Au menu des discussions, les emplettes en France du fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA). Selon un patron du CAC 40, «Guéant avait une liste de courses pour les Qataris. On avait l’impression que l’Elysée leur donnait à racheter la France».
C’est durant le quinquennat Sarkozy que le Qatar est entré dans le capital de plusieurs groupes du CAC 40. Le président a même donné de sa personne, en faisant pression sur le président du PSG, Sébastien Bazin, gérant du fonds Colony Capital, pour lui demander de vendre le PSG selon les conditions du Qatar. Bazin proposait aux Qataris 30 % du club de foot parisien pour 30 millions d’euros. Après l’intervention présidentielle, ils en ont récupéré 70 % pour 40 millions (ils en sont désormais propriétaires à 100 %).
Convention fiscale
Mais le sport n’est qu’une conséquence d’une orientation stratégique prise à l’Elysée. C’est sous l’ère Sarkozy que le Qatar s’est imposé – sans provoquer un quelconque débat, même au sein du gouvernement Fillon – comme un médiateur de la diplomatie française au Proche et au Moyen-Orient : intervention financière pour libérer les infirmières Bulgares en Libye (juillet 2007), aide au rapprochement entre Nicolas Sarkozy et Bachar al-Assad, puisque, avant d’aider les combattants, le Qatar était un allié solide du régime baasiste.
Et, bien sûr, plus récemment, le Qatar, seul pays arabe à le faire, a participé – financement de l’armement, formation des combattants libyens et même présence de 5 000 hommes des forces spéciales – à l’intervention militaire occidentale contre Kadhafi.
La puissance grandissante du Qatar en France semble stimulée par la faiblesse de nos responsables politiques, déboussolés par la crise mondiale et appâtés, parfois, par les largesses supposées de ce petit pays. Ami personnel de la famille de l’émir, Dominique de Villepin, aujourd’hui avocat d’affaires, a pour principal client le Qatar Luxury Group, fonds d’investissement personnel de la cheikha Mozah bint Nasser al-Missned. A droite, parmi les habitués de Doha, on trouve aussi Philippe Douste-Blazy, Rachida Dati ou Hervé Morin.
Dans les milieux diplomatiques français, cette politique du «tout-Qatar» agaçait certains, qui espéraient que François Hollande, réputé partisan d’un resserrement des liens avec l’Algérie, allait en quelque sorte «rééquilibrer» la politique française dans la région.
Certes, François Hollande s’est rendu en Algérie le 19 décembre. Mais il avait vu le Premier ministre de l’émirat, Hamad ben Jassem al-Thani, dans un palace parisien dès le début de 2012. Les deux hommes s’étaient d’ailleurs déjà rencontrés une première fois en 2006, François Hollande le recevant en tant que premier secrétaire du PS. Depuis son élection, il l’a revu à deux reprises, et a accueilli l’émir Hamad ben Khalifa al-Thani à l’Elysée, le 22 août 2012. Un traitement privilégié.
Autre signe de continuité, l’entrée d’investisseurs qataris au capital de France Télécom en juin 2012…
«Les gouvernements passent, mais les intérêts demeurent. Les accords financiers entre la France et le Qatar n’ont pas été interrompus, remarque le chercheur Nabil Ennasri, Hollande a seulement mis un terme à l’affichage publicitaire façon Sarkozy.»
Incroyable : la convention fiscale entre les deux pays – une sacrée niche fiscale qui dispense un investisseur qatari de tout impôt sur les plus-values réalisées sur la revente de biens immobiliers en France -, qui avait été tant décriée par le PS (du temps de l’opposition), n’a pas été abrogée…
Il faut dire que, même sous Sarkozy, les Qataris ont eu la prudence de créer ou de maintenir des liens solides avec la gauche française. L’ambassadeur du Qatar en France, Mohamed Jaham al-Kuwari, a préparé la transition politique de longue date en multipliant les contacts avec plusieurs dirigeants socialistes : Ségolène Royal, Laurent Fabius, Elisabeth Guigou, Jack Lang, Bertrand Delanoë, Martine Aubry, mais aussi Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, qui a séjourné à Doha en pleine campagne de la primaire socialiste, ou encore Manuel Valls, seul émissaire du candidat à avoir rencontré l’émir en décembre 2011.
Sous nos latitudes tempérées, le Qatar est un sujet de consensus. Jusque dans les médias, où il est devenu le pays des Bisounours. Comme dans l’émission «Un œil sur la planète», diffusée sur France 2 l’automne dernier, le présentant comme un nouvel eldorado, terre d’accueil de tous les ambitieux et les entrepreneurs.
Ou encore dans une interview de l’ambassadeur de France au Qatar publiée dans la revue Géoéconomie (1). Le diplomate s’enthousiasme d’abord sur les perspectives de coopération entre les deux pays, faisant miroiter aux groupes français la perspective des 120 milliards mobilisés en vue de la Coupe du monde de football en 2022. Autant de beaux contrats pour Bouygues, Vinci, Carrefour et quelques autres.
Mais l’ambassadeur y ajoute le supplément d’âme indispensable aux esprits délicats que nous sommes supposés demeurer : le printemps arabe aurait ainsi révélé – comme l’a reconnu lui-même François Hollande – d’importantes convergences entre les deux pays. L’honneur est sauf.
Feuilletons le dossier de presse «Qatar en France». Il s’y dessine peu à peu un véritable storytelling qatari, que l’on pourrait résumer comme suit : le Qatar est un «nanopays» richissime – 78 260 dollars de revenu par Qatari en 2009, ça fait rêver – mais coincé entre deux géants, l’Iran, avec lequel il doit partager le gisement de gaz North Dome, l’un des plus grands du monde, et l’Arabie saoudite, 14 fois plus peuplée et disposant d’avoirs neuf fois supérieurs.
Cette fragilité obligerait les Qataris à se montrer à la fois plus intelligents et plus diplomates que leurs voisins. Ils chercheraient ainsi une «assurance vie» - l’expression revient chez tous nos interlocuteurs – et seraient prêts à signer des chèques XXL à ceux qui sont susceptibles de lui garantir une protection. La France, avec son siège au Conseil de sécurité de l’ONU, constitue son meilleur allié.
Autre argument en faveur des Qataris, leurs investissements sont jugés «très professionnels». Leur charte, «Vision nationale pour le Qatar 2030», adoptée en 2008, prévoit que les revenus des placements des fonds souverains qataris se substitueront à ceux du gaz.
Il faudrait donc se réjouir, s’enthousiasme Patrick Arnoux, du Nouvel Economiste, de leur intérêt pour nos grands groupes : «L’entreprise Qatar, dirigée d’une main ferme par le cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, investit certes par milliards sur des actifs qui ont trois points communs : ils sont unitairement importants, prometteurs pour l’avenir et à forte rentabilité.» Et de vanter les financiers qataris, «issus des meilleures banques américaines comme Lehman Brothers» (curieux, cet éloge d’une banque qui a fait faillite en 2008, déclenchant la crise dans laquelle nous pataugeons encore !).
Et puis, nous assurent tous ces amis français des Qataris, ces derniers ne sont ni gourmands ni exhibitionnistes ; excepté chez Lagardère, ils n’exigent pas de siéger dans les conseils d’administration des sociétés dont ils deviennent actionnaires.
Une alternative aux Saoudiens
Riches en capitaux disponibles, respectueux de l’indépendance de leurs partenaires, les Qataris sont aussi, nous dit-on, modernes. Leur nouvelle constitution donne aux 200 000 Qataris le droit d’élire des représentants locaux qui pourront même être des femmes (au sein d’une chambre cependant strictement consultative).
La chaîne Al-Jazira, qu’ils ont créée en 1996, présentée comme une sorte de CNN arabe, aurait révolutionné l’information au Proche-Orient. La femme de l’émir, la cheikha Mozah bint Nasser al-Missned, a contribué à une véritable cité du savoir à la périphérie de Doha, ouverte aux musées et aux universités occidentales.
Enfin, le sentiment de fragilité des Qataris les pousserait à devenir une tête de pont entre le monde arabo-musulman et l’Occident. Songez que la plus grosse base militaire américaine, autrefois à Bahreïn, a déménagé à Doha et que les Qataris maintiennent des liens avec Israël. Ils constituent ainsi une alternative plus présentable que les Saoudiens, qui soutiennent les salafistes dans la région. Et si le Qatar représentait cet islam modéré dont tant d’Occidentaux espèrent l’avènement depuis des années ?
Bien sûr, comme tout storytelling, celui portant sur le Qatar reflète une partie de la réalité. L’émir, qui a chassé son père du pouvoir en 1995, s’est révélé un fin stratège. «Le Qatar est le premier à avoir acheté des méthaniers, analyse l’économiste Hakim el-Karoui, et à garder ainsi la maîtrise du transport du gaz.» Résultat : le pays frôle les 20 % de croissance en 2012, après 16 % en 2010 et 12 % en 2009.
Ensuite, il semble bien que la stratégie qatarie soit la plus subtile des pays du Golfe. «Les Qataris ne sont pas que des payeurs, observe l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, ils sont astucieux et mènent une stratégie d’équilibre, entre Al-Jazira d’un côté, le phare du printemps arabe, la base américaine sur leur territoire et leurs relations assez bonnes avec Israël.»
Enfin, il est patent que les Qataris ne mélangent pas forcément leur politique diplomatique, pas facile à décrypter, et leurs investissements pour lesquels ils recherchent, c’est un banquier qatari qui parle, un «absolute return», autrement dit une garantie de retour sur investissement.
Mais ces indéniables atouts – prospérité économique, stratégie au long cours, subtilité diplomatique – ne doivent pas occulter la face moins reluisante du petit Etat. La condamnation à perpétuité, le 28 novembre, du poète Mohammed al-Ajami, coupable… d’un court texte critique sur l’émir, jette une lumière blafarde sur la modernité qatarie.
Et il y a surtout la relation très particulière que le Qatar entretient avec l’islamisme politique. L’émirat a été, depuis quinze ans, le refuge de bien des activistes radicaux, tel Abassi Madani, l’ex-patron du FIS algérien. Le Hamas a déménagé ses bureaux de Damas à Doha, et la récente visite de l’émir à Gaza n’est pas passée inaperçue.
La chaîne de télé Al-Jazira s’est fait connaître en devenant le diffuseur exclusif des communiqués d’Al-Qaida, et certains ne manquent pas de souligner que Doha a été exempt de tout attentat terroriste. Exilé au Qatar depuis quarante ans, le plus célèbre prédicateur islamiste, Youssef al-Qardaoui, officie chaque semaine sur Al-Jazira.
L’homme a déclaré que «les opérations martyres sont l’arme que Dieu a donnée aux pauvres pour combattre les forts», et que, «tout au long de l’histoire, Allah a imposé aux juifs des personnes qui les puniraient de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. [...] C’était un châtiment divin. Si Allah le veut, la prochaine fois, ce sera par la main des musulmans».
Cet activisme n’étonne pas Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité de la DGSE (services secrets français) : «Comme la famille régnante veut ravir à la famille Al-Saoud d’Arabie saoudite son rôle moteur dans le contrôle de l’islam sunnite à l’échelle mondiale, elle héberge volontiers les imams et prêcheurs de tout poil, à condition qu’ils soient plus extrémistes que les oulémas saoudiens, de façon à leur rendre des points. Et le Qatar finance partout et généreusement tous les acteurs politico-militaires salafistes, dont la branche la plus enragée des Frères musulmans, hostiles à la famille Al-Saoud et bien sûr au chiisme, mais aussi aux régimes “laïcs” et nationalistes arabes susceptibles de porter ombrage aux pétromonarchies.»
Enfin, le Canard enchaîné affirme que les services français ont repéré une présence qatarie dans le nord du Mali, où sévissent des groupes jihadistes. «On pense, explique Roland Marchal, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri), qu’un certain nombre d’éléments des forces spéciales qataries sont aujourd’hui dans le nord du Mali pour assurer l’entraînement des recrues qui occupent le terrain, surtout d’Ansar Dine.» Ansar Dine, un groupe jihadiste non lié à Al-Qaida.
Bref, la famille régnante au Qatar n’a sans doute pas de doctrine bien établie, mais son jeu diplomatique, fondé sur une double exigence – concurrencer les Saoudiens dans le monde musulman et diaboliser l’Iran – peut l’amener à des positions fort lointaines de «l’islam des Lumières».
Y compris en France. «Si quelqu’un, affirme un bon connaisseur du dossier, avait la curiosité de se poster en face de l’ambassade du Qatar, il pourrait y prendre en photo d’éminents animateurs de la mouvance islamiste radicale.»
Premier instrument de l’influence du Qatar dans le monde arabe, la chaîne Al-Jazira s’est révélée être «le DRH du printemps arabe», selon l’expression de Naoufel Brahimi el-Mili, professeur de science politique et auteur du livre le Printemps arabe, une manipulation ?
Ce dernier a passé des mois à décrypter les émissions de la chaîne qui fut la première à mettre en scène le martyre du vendeur de légumes tunisien Mohamed Bouazizi, dont le suicide, le 4 janvier 2011, a embrasé la Tunisie, avant que la révolte ne se propage en Libye ou en Egypte. A chaque fois, Al-Jazira accompagne et «feuilletone» les mouvements et les combats.
Il apparaît que, partout, les Qataris soutiennent les Frères musulmans, qui constituent la principale force politique du printemps arabe. Et qu’Al-Jazira est leur bras armé. Brahimi note ainsi que le nouveau ministre des Affaires étrangères libyen, Mohamed Abdelaziz, était un journaliste de la chaîne, de même que Safwat Hijazi, devenu une sorte de «conseiller spécial» du gouvernement égyptien. Pour Brahimi, le projet du Qatar est limpide : «Imposer la révolution “démocratique” par le bas, puisque les révolutions par le haut, façon néoconservateur bushiste, ont échoué.»
Autre sujet d’inquiétude, l’activisme sportif des Qataris – Grand Prix de l’Arc de triomphe, achat du PSG, Mondial de handball (2015) et Coupe du monde de football (2022) – ne relève pas forcément d’un amour désintéressé du sport mais bien d’une stratégie délibérée de soft power.
C’est d’ailleurs Nicolas Sarkozy lui-même, cumulant le rôle de superconsultant des Qataris avec celui de président de la République, qui aurait conseillé à l’émir de «passer par le sport» pour implanter Al-Jazira en France. D’où la création de la chaîne BeIN Sport, au risque de déstabiliser le système audiovisuel français, et notamment le financement du cinéma.
Enfin, et ce n’est pas le moins inquiétant, les Qataris manifestent un intérêt particulier pour les secteurs industriels sensibles et stratégiques. Cette inclination est d’abord apparue dans le dossier EADS. A la fin des années 90, l’émir sympathise avec Jean-Luc Lagardère, avec lequel il partage une passion des chevaux.
Les deux couples sympathisent, Bethy Lagardère initiant la cheikha Mozah aux joies de la vie parisienne, tandis que les équipes Lagardère apportent à l’émir leurs conseils avisés dans l’audiovisuel lors de la création d’Al-Jazira. Avant même la mort de Jean-Luc Lagardère, en 2003, l’émir avait émis le vœu d’entrer au capital d’EADS.
Mais Jean-Paul Gut, alors haut dirigeant d’Airbus, avait habilement orienté les Qataris vers une prise de participation dans le groupe Lagardère lui-même, ce qui était moins intéressant pour le Qatar mais répondait à l’inquiétude de l’héritier, Arnaud Lagardère, qui souhaitait s’assurer des alliés solides dans sa société holding. Mais, quand le groupe allemand Daimler a voulu vendre ses parts dans EADS, le Qatar s’est porté acquéreur, ce qui entraîna une vive réaction d’Angela Merkel aboutissant à un engagement de l’Etat allemand à la place de Daimler.
Si les Qataris se sont senti l’audace d’avancer sur des dossiers aussi sensibles, c’est que les liens entre la France et le Qatar sont anciens : 80 % de l’équipement militaire qatari est français et, pour l’anecdote, les 15 ha que la Direction générale de l’armement loue à Bagneux (Hauts-de-Seine) appartiennent à une banque qatarie…
Poker menteur
Autre indice de l’intérêt des Qataris pour les secteurs stratégiques, l’affaire Altis, une société de semi-conducteurs en difficulté que les Qataris voulaient acheter en 2009 pour créer une industrie similaire au Qatar. Mais Augustin de Romanet, alors patron de la Caisse des dépôts, a jugé le projet suspect, et le Fonds stratégique industriel s’est finalement substitué à l’émirat.
Encore plus inquiétant, le jeu de poker menteur autour d’Areva : il s’en est fallu de peu que l’émirat mette la main sur les mines d’uranium du groupe nucléaire ! A la manœuvre, l’ancien secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant, l’intermédiaire de choc Alexandre Djouhri, Henri Proglio, le PDG d’EDF, et François Roussely, du Crédit suisse – une des banques conseil en France des Qataris avec la banque Rothschild.
L’alternance est, apparemment, un concept qui ne s’applique pas à cet aréopage. C’est d’ailleurs peut-être ce qui a conduit l’ambassadeur du Qatar à annoncer de nouveaux investissements dans les groupes français.
A ce rythme-là, la France va finir par avoir plus besoin du Qatar que l’inverse.
IMMOBILIER : 4 MILLIARDS NET D’IMPÔTS
Les avoirs immobiliers en France des Qataris se partagent entre différents membres de la famille régnante. Ils comprennent des immeubles de luxe et de nombreux hôtels. Au total, l’immobilier détenu par l’émirat dans notre pays atteindrait ainsi 4 milliards d’euros. Début 2008, les Qataris ont obtenu le vote au Parlement français d’un statut fiscal qui les exonère d’impôt sur leurs plus-values immobilières en France. Et ils en profitent : ces dernières années, ils ont racheté des hôtels de luxe comme le Martinez et le Carlton, à Cannes, le Royal Monceau, le Concorde Lafayette, l’hôtel du Louvre, à Paris, le Palais de la Méditerranée, à Nice. Mais ils ont également fait main basse sur le somptueux hôtel Lambert sur l’île Saint-Louis, à Paris, le splendide hôtel d’Evreux de la place Vendôme, à Paris, l’immeuble Virgin des Champs-Elysées, le siège de Vivendi, avenue de Friedland, à deux pas des Champs-Elysées, le siège d’Areva près de l’Opéra, et la tour Pacific à la Défense, ainsi que sur le centre de conférences Kléber, lieu chargé d’histoire – le haut commandement militaire allemand s’y était installé sous l’Occupation et c’est là qu’ont été signés les accords de Paris mettant fin à la guerre du Vietnam. Le destin du centre Kléber est de devenir un palace pour milliardaires…
Au total, les avoirs qataris en France – immobilier et CAC 40 – dépasseraient donc les 10 milliards d’euros selon nos calculs. Une somme qui rejoint les statistiques de la Banque des règlements internationaux (9,79 milliards), ce qui représente trois fois moins que les investissements du Qatar en Grande-Bretagne, mais deux fois plus que ceux de l’Allemagne.
(1) «Qatar, l’offensive stratégique», no 62, été 2012.
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Délocalisations, tous responsables (ou presque !)
Délocalisation, développement des pays pauvres, intérêt des citoyens et des consommateurs sont des sujets galvaudés. Qu’est-ce qu’une délocalisation ? Dans quels cas une délocalisation est-elle acceptable ? Que faire lorsqu’elle ne l’est pas ? Nous avons en fait le choix, du moins si on nous aide un peu.
Qu’est-ce qu’une délocalisation ?
Délocaliser c’est déplacer une activité industrielle, artisanale ou de service local vers un autre pays en remplacement partiel ou complet de cette activité.
Les neuf évidences des délocalisations
Première évidence : les délocalisations ne concernent pas que l’industrie mais également les services. Ainsi nous avons vu la majorité des centres d’appels basculer progressivement vers des pays étrangers. Evolution possible grâce aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) et à leurs coûts de plus en plus bas. Avant la délocalisation des centres d’appels, quelques initiatives de secrétariat à distance ont été menées.
Deuxième évidence : Les délocalisations ne concernent pas uniquement les activités à faible valeur ajoutée mais tout type d’activités. Ainsi la Recherche et Développement, la médecine, la chirurgie esthétique, etc. sont maintenant concernées. Ce qui veut dire que presque tous les métiers sont aujourd’hui concernés. Une usine qui disparaît, c’est des ouvriers, des chefs d’équipes, des secrétaires, des comptables, des logisticiens, des acheteurs, des qualiticiens, des personnes des services généraux, de l’environnement, de la recherche et développement, des cadres, des dirigeants, etc. qui disparaissent. Si le mouvement continue, même les sièges sociaux disparaîtrons car ils n’auront plus de raison de rester en France si plus aucune n’activité ne se fait localement… Les managers qui favorisent ces délocalisations scient la branche sur laquelle ils sont assis à très court terme.
Troisième évidence : si au commencement des délocalisations les produits ou services voyageaient du producteur vers le consommateur, aujourd’hui il peut arriver que le consommateur se déplace pour obtenir un service moins cher ou avec un meilleur rapport qualité/prix. Il est possible maintenant de se déplacer pour obtenir des services de santé, de chirurgie esthétique vers des pays proches mais moins chers.
Quatrième évidence : Se développer à l’étranger n’est pas forcément délocaliser. Une entreprise Française qui crée une usine ou un centre R&D étranger est-elle forcément une entreprise qui délocalise ? Ce n’est évidemment pas le cas. Une entreprise doit « idéalement » produire là ou le produit est consommé. Ceci à plein d’avantages aussi bien économiques qu’écologique. Savoir que la fabrication d’un blue-jean nécessite de faire plusieurs fois le tour du monde avant d’arriver en temps que produit finit dans nos magasins est une hérésie. Certaines entreprises l’on bien comprit comme Toyota qui produit également ses voitures en France, ou comme Décathlon qui finalement à décidé de produire ses vélos en France (relocalisation) car le surcoût d’une dizaine d’euros n’était pas significatif en regard des avantages. Citons également le cas d’une entreprise fabriquant du mobilier de bureau : après avoir délocalisé en Chine, la production a été relocalisé en France car les délais d’acheminement de 3 mois par bateau lui faisaient perdre des clients (le client avaient le choix entre attendre 3 mois pour recevoir leur commande ou de choisir parmi un nombre très limité de modèles ou couleurs en stock). Se rapprocher de ses clients est un choix justifié et naturel pour une entreprise, que cela nous arrange ou non.
Cinquième évidence : Dans l’intérêt d’un pays, il faut produire le plus possible localement et vendre le plus possible à l’étranger. Ceci entre en contradiction avec le point précédent. Si pour l’écologie il vaut mieux ne pas acheter de produits fabriqués loin, pour un pays il vaut mieux exporter le plus possible (et donc fabriquer localement). Cette contradiction transparaît dans les avis divergents que l’on entend aujourd’hui concernant les délocalisations. Si les délocalisations sont légitimes parfois pour l’entreprise elles sont contraires à l’intérêt local et à l’écologie (à l’exception des services intellectuels, encore que cela consomme de l’électricité en serveurs, téléphone et transmissions d’informations). Ainsi chacun défend ses intérêts et tout le monde à « égoïstement » raison.
Sixième évidence : Les délocalisations semblent profiter aux pays pauvres mais la réalité est plus complexe. Nous entendons parfois que les délocalisations sont nécessaires et utiles aux pays pauvres. Cet argument très altruiste (lorsqu’il émane des habitants des pays à hauts-coûts) est portant discutable. Les pays pauvres se développant trop vite agrandissent souvent leurs inégalités locales. Ainsi, entre les paysans Chinois qui ont conservés leur métier et ceux qui ont intégrés les usines, il y a maintenant un écart de pouvoir d’achat très grand. Le développement économique rapide d’un grand pays comme la Chine et l’Inde ne concerne et ne concernera pas toute sa vaste population. Pire, il fait monter les prix locaux, rendant plus pauvres encore les laissés pour compte de l’industrialisation. Etre paysan est de plus en plus dévalorisé dans ces pays et pourtant il est nécessaire de nourrir cette population citadine sans cesse grandissante qui ne produit pas sa propre nourriture. Ceci implique des importations massives de denrées alimentaires en provenance de l’étranger. D’un point de vue écologique, ces développements rapides sont une catastrophe, l’eau en Chine n’est pas buvable et ne le sera pas avant très longtemps. Les usines utilisent parfois des produits interdits et/ou dangereux ; Difficile de contrôler de si nombreuses entreprises alors que ces pays n’ont pas encore la culture nécessaire ni les moyens. Une croissance économique rapide attise les appétits des plus corrompus, développant mafias et abus en tous genres (scandale du lait frelaté en Chine et corruption). Les délocalisations massives et non contrôlées vers ces pays tout en leur apportant croissance à deux chiffres, leurs posent de nombreux problèmes sociaux, énergétiques, écologiques, politiques et même économiques.
Septième évidence : Il est à noter que les délocalisations rapides auxquelles l’Europe procède ne sont pas facilement réversibles et ne sont pas pérennes pour l’Europe et pour les pays en voie de développement. Ces derniers ont parfois une masse de population si importante (se comptant en milliards d’individus) qu’elle est difficilement épuisable. Le nombre de pays potentiellement en voie de développement est également assez important. Si les délocalisations continuent à ce rythme nous n’aurons bientôt plus rien à délocaliser ce qui n’est pas pérenne pour nous et pour ces pays. Les grand pays comme la Chine et l’Inde en sont conscients et parient sur une croissance de la consommation locale forte pour prendre le relais lorsque l’occident cessera d’être leur principal donneur d’ordre. C’est un pari et une course contre la montre qui n’est pas gagnée au premier abord. La paupérisation de l’occident est en revanche programmée.
Huitième évidence : Les délocalisations ne sont pas toujours rentables et relèvent parfois de l’idéologie. Aussi incroyable que cela puisse paraître, une « mode » des délocalisations s’est répandue et un dirigeant qui ne délocalise pas est mal vu par ses actionnaires. Si décider une délocalisation est une action simple et facile, réussir une délocalisation afin qu’elle soit profitable à l’entreprise demande de nombreuses compétences. Ce qui est ridicule avec ces délocalisations ratées est que ceux qui les ont mises en place (de manière coûteuse) ne veulent pas supporter le poids de leurs erreurs, ils font tout pour masquer, au sein de l’entreprise, cet échec. Le manque de rentabilité d’une délocalisation peut tenir à beaucoup de sujets : manque de main d’œuvre qualifiée, forte concurrence entre entreprises qui délocalisent (turn-over important et salaires croissants), sous-estimation des écarts culturels, sous-estimation des frais de management, gestion de projet, voyages, formation, de la qualité des infrastructures du pays (route, réseau, téléphone, Internet…), productivité de la main-d’œuvre locale, temps de mise en place d’un centre qui fonctionne de manière optimale, éloignement des clients finaux, corruption locale, loi locale mal connue, etc. Dans cette liste, le choix du pays est primordial mais le pays idéal n’existe pas. Dans la course à la recherche du profit immédiat, une délocalisation est souvent éphémère. Les délocalisations en cascade (d’un pays pauvre vers un pays encore plus pauvre) d’une activité qui vient à peine d’atteindre ses performances maximales, diminuent encore la rentabilité de ces opérations !
Neuvième évidence : Ainsi, les délocalisations ne concernent pas que les pays occidentaux, mais également les pays en voie de développement. La Chine délocalise elle-même certaines de ses usines au profit de l’Afrique par exemple. Les victimes des délocalisations sont beaucoup plus nombreuses et variées qu’on peut l’imaginer.
Que faire ?
Laisser le marché se réguler lui-même ne donnera rien car ceux qui décident de délocaliser n’ont souvent aucun intérêt commun avec le reste des personnes concernées par ce phénomène. L’intérêt des actionnaires est axé sur le profit immédiat sans vision du long terme. Délocaliser appauvrit le pays et donc diminue le marché local ? Qu’importe, les pays en voie de développement sont de nouvelles cibles de consommation encore plus grandes et alléchantes ! Pourtant ces pays en pleine expansion ne comptent pas rester uniquement des cibles commerciales et leurs entreprises comptent bien profiter en priorité de cette croissance. Le protectionnisme que l’on s’interdit pour des raisons idéologiques en Europe ne pose en revanche aucun problème à ces pays. Nous allons donc « dans le mur ».
Que faire si le marché ne va pas dans la bonne direction ? Il faut que nous, consommateurs, prenions nos responsabilités rapidement tant qu’il en ait encore temps. Il faut également que nous ayons les moyens d’assumer nos responsabilités. Tout le monde peut remarquer que le prix d’un objet n’a plus aucun lien avec sa qualité ni même son lieu de fabrication. Cela fait bien longtemps (plus de 20 ans) que les marques de luxe ont commencé à délocaliser très discrètement. Le consommateur ne peut plus, comme autrefois, faire confiance au prix afin de désapprouver les délocalisations qui finalement lui sont néfastes. C’est donc une vraie question, comment faire valoir ses intérêts en temps que consommateur ? Il faut être clair ce n’est actuellement pas possible. Le système ne permet pas au client de choisir. Il faut donc réguler un peu, juste assez pour que les consommateurs aient le choix.
Propositions
Il pourrait par exemple être rendu obligatoire un marquage règlementaire sur chaque produit indiquant : ou le produit est conçu (R&D), ou il est assemblé, ou il est emballé. Pour chacune des trois catégories un pourcentage serait rendu obligatoire. Bien sûr cela ne va pas dans le sens de l’intérêt des multinationales qui délocalisent mais dans le sens de la démocratie et de l’information du consommateur. Ainsi je suis sur que certain nous expliquerons tout le mal qu’ils pensent de cette proposition qui va contre leur intérêt purement financier et/ou idéologique.
PS : Remarquons également que le bas prix des produits qui voyagent beaucoup tout au long de leur cycle de fabrication et de vente est en fait un hold-up sur la planète car si l’on payait au juste prix le CO2 dégagé par ce cycle ils couteraient chers. Le marquage concernant le CO2 dégagé par la fabrication de chaque produit est un premier pas vers l’information du consommateur et vers un choix possible de société.
Mise à jour : Réponse aux lecteurs de ce billet :
Réponses aux différents commentaires des lecteurs:
1. “Calamity jane” demande ou partent les impôts des travailleurs des autres pays suite aux délocalisations françaises. Réponse: dans leur pays bien sûr, les délocalisations n'apporte rien à la France, peut-être enrichissent-elles les actionnaires français de ces entreprises, mais l'on sait que cela ne dure pas et que les plus riches actionnaires ne dépensent pas plus en gagnant plus, c'est donc de l'argent qui est réinvestit dans d'autres délocalisations potentiellement.
2. “Conglomérat” dit qu'il est évident qu'il faille interdire les délocalisations. Réponse : ca c'est vraiment illusoire et penser que c'est possible dans un monde globalisé est très naïf. Il faut donc agir autrement.
3. “S1LV3RSNAK3” pense que ce n’est pas possible d'acheter français avec un petit salaire. Réponse : c'est bien entendu faux. Certains produits français sont aussi peu chers que des produits importé et de meilleure qualité ! Comme l'indique le commentaire de "4 aout". Le tout est de savoir ou c'est réellement fabriqué, d'ou la proposition que je fais.
4. “Mosca7” pense qu'il faut taxer aux frontières les produits importés. Réponse : Encore une utopie impossible dans un monde globalisé. Il faudrait sortir d'Europe et quand bien même la réaction des pays taxés serait de taxer nos produits en retours...
5. “La lumière” pense que la solution est un gouvernement mondial. Réponse : cela ne résoudrait pas les inégalités mondiales (les délocalisations persisteraient mais s'appelleraient autrement puisqu'il n'y aurait qu'un seul pays) et aggraverait surement la corruption.
6. “Sergio” se demande en quoi il est coupable de privilégier le made in France ? Réponse : en rien chaque consommateur fait se qu'il veut qu'on se le dise !
7. “Patron heureux” aimerait bien installer des bureaux en Chine car cela voudrait dire que sont entreprise est forte. Réponse : Vous avez raison, c'est l'objet de l'évidence N°4.
8. “paysan” trouve que je dénonce des évidences. Réponse : Bien entendu que nous savons tous cela depuis longtemps. Mais si vous êtes perspicaces, vous voyez bien que rien de sérieux n'a été fait, que la situation empire chaque jour et qu'il faut réagir à notre niveau déjà. Concernant le "ou délocaliser ensuite ?" que paysan demande, la réponse sera dans le prochain article à paraître le we prochain sur la désindustrialisation française.
9. “Icare” demande que l'on ferme le marché Français et Européen aux entreprises qui délocalisent. Réponse : voir points 2 et 4
10. “Valou” pense que lorsqu'il n'y aura plus de pouvoir d'achat pour les produits étrangers on pourra reconstruire. Réponse : Cela signifiera que la France sera devenu le plus pauvre de tous les pays, vu le nombre de pays pauvres, on a des centaines d'année à attendre... Ce n’est pas envisageable...
11. “Ancelle” pense qu'il est juste de partager avec les pays pauvres. Réponse : je pense que ce lecteur n'a pas lu l'article en totalité, voir 6ième évidence.
12. “Astrocon” pense l'étiquetage compliqué et espère beaucoup de l'augmentation des coûts de transports. Réponse : Ce n'est pas compliqué comme vous le dites puisque c'est en cours déjà pour les bilans carbones. Comme ce dernier en revanche, cela ajoute un surcoût. Oui les coûts de transport sont un espoir mais peu fiables : quand vont-il augmenter ? De combien ? Ne trouvera-t-on pas une énergie alternative pas chère ?
13. “Richy” pense qu'on n'a pas le choix avec les centres d'appels. Réponse : Ils ne sont pas tous délocalisés, il est possible de donner son avis : j'ai eu affaire a une pannes ADSL et la hotline était manifestement délocalisée et inefficace (bien que payante !). J'ai fait une évaluation catastrophique de la prestation juste après, si les clients se plaignent tous, ca avancera un peu. Pour les produit ou on n'a plus le choix c'est en effet trop tard mais rien n'empêche, si le mouvement se développe, de recréer des usine en France de toute pièce, s'il y a des acheteurs, il y aura des vendeurs !
14. “Raoul Blier” pense qu'il faut créer un site pour lister les produits français. Réponse : Tout a fait, ca existe déjà, une interview sur mon blog bientôt a ce sujet. Restez connectés.
15. “Louise” pense que le boycott accélère les délocalisations. Réponse : bien sûr que c'est vrai mais n'oublions pas que si l'on achète plus un produit fabriqué a l'étranger c'est pour en acheter un en France (forcément). Donc on sauvegarde l'emploi français même si ce n’est pas les mêmes personnes...
15. “Jdif” parle d'un porc "né au Canada, élevé en Australie, tué en Belgique et vendu en France". Réponse : je propose que les étiquettes indiquent les pourcentages pour cette raison. Avec un code de couleur en fonction des pourcentages. Dans le cas que vous citez, pour moi c'est clair : ce porc n'a rien de Français, 0% ! A éviter donc. Si l'étiquette était plus grise les pourcentages permettraient de choisir les moins français des produits.
16. “Franz” pense que les gens ne se mobiliseront pas. Réponse : C'est en disant cela que durant des années NOUS avons laissé faire, tenté par des lecteurs de DVD à 19 Euros qui ne durent qu'un an et que l'on rachète chaque année donc. N'est-ce pas de l'achat à crédit qui tue l'emploi finalement ? Bougez vous au lieu de vos plaindre.
17. “Franz” dénonce également les pratiques anticoncurrentielles consistant à refuser la reprise d'une entreprise délocalisée. Réponse : Très juste, cela manque à mon analyse et ne peut être réglé que par la voie politique. Les sites qui listent les produits français devraient lister les entreprises déloyales également. Quant à la TVA sociale proposée je pense qu'aujourd'hui ce n'est pas possible voir points 2 et 4.
18. “Dan51” indique que “c’est n’importe quoi” que d’obliger les français à n’acheter que les produits français. Il indique que la politique du “Made In England” de 1887 s’était finalement transformée en achats massifs de produits Allemands de grande qualité. Réponse : Dan51 n’a pas bien lu l’article, s’il l’avait fait, il aurait vu que ce que je conseille est un affichage qui informe le consommateur, rien de plus. Je n’oblige personne à acheter quoi que ce soit, chacun réagit en son âme et conscience. Quant à l’histoire du “Made In England”, il n’est pas comparable car cela fait longtemps que l’on connait la qualité des produits Allemands et que ces derniers ne se privent pas aujourd’hui de marquer “Made in Germany”, il faut donc que nous fassions de même.
19. “Alocer” dit que, étant au RMI il n’a pas le choix, le produits made in France étant bien trop chers. Réponse : Relisez bien l’évidence 4. Mais vous avez raison ce n’est pas aussi clair que cela, en fait. J’ai déjà vu de nombreux produits Français au même prix que des produits importés et pourtant de meilleure qualité. Pourquoi ? Car le but d’acheter à l’étranger, pour un distributeur, est d’augmenter sa marge. Pour ce faire il faut donc rester à un prix raisonnable car si l’on baisse le prix de vente d’autant que le prix d’achat a baissé, le bénéfice ne change pas (sauf si les ventes explosent, mais c’est assez aléatoire). C’est ainsi que même les marques de luxe fabriquent à l’étranger (parfois? souvent?), pour gagner plus avec un prix de vente élevé. Ainsi les prix, de nos jours, n’ont rien à voir avec la qualité du produit acheté (qui n’est pas liée à l’origine du produit)… Le seul problème est que nous ne le savons tout simplement pas, vu que l’étiquetage n’est pas obligatoire, changeons ca !