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anti-national - Page 1192

  • Goldman Sachs - Analyse d'une pieuvre financière mondiale

  • Aux sources du FMI, un instrument du mondialisme

    Le FMI est à la fois pompier et pyromane. Soit, par ses diktats, il déstabilise les nations et les oblige à se plier aux exigences des financiers mondiaux, soit il intervient pour sauver des économies en péril comme récemment en Asie (et, à ce moment, il fait payer cher son intervention en renoncement à l'indépendance des États).
    Qu'il allume des feux ou qu'il les éteigne, le FMI se comporte, depuis sa création, comme un instrument de la mondialisation par la soumission à l'économie apatride.
    Son rôle a été une fois de plus mis en évidence par la crise asiatique qui continue à tant affoler le capitalisme mondial ennemi des peuples et des nations. Son efficacité a été moins grande que souhaitée et on envisage une réforme en prévision d'une troisième crise, la première ayant été celle du Mexique.
    « Il y aura une troisième crise », prédit M. Greenspan de la Réserve fédérale américaine. Il faut revoir et modifier l'architecture financière internationale, la menace d'implosion du système capitaliste venant, d'après lui, des « prêts interbancaires transfrontaliers à court terme ».
    On voudrait donc donner encore plus de pouvoirs au FMI comme le souhaite très clairement - entre les lignes - Le Monde, qui est devenu le quotidien français et francophone officiel de la mondialisation politiquement correcte.
    On se reportera donc avec avantage à l'article très documenté de la revue toujours précise et passionnante. Lectures Françaises, qui dénonce avec talent et depuis quarante ans, les mains cachées qui mènent le monde et complotent pour s'emparer du pouvoir sur une planète globale.
    Michel Leblanc, dans son analyse du rôle précis du FMI, nous rappelle que cet organisme international a été créé en 1945 lors des accords de Bretton Woods, que son but officiel est de protéger la coopération internationale sur le plan commercial et monétaire, et qu'il dispose d'un trésor de guerre alimenté par les États-membres, trente-neuf à l'origine, cent quatre-vingt-deux aujourd'hui.
    Pour sauver le capitalisme américain de la fracture mexicaine, le FMI a injecté, en 1995, près de 20 milliards de dollars dans l'économie de ce pays latin d'Amérique du Nord. Pour la crise asiatique, on a sans doute largement dépassé les 100 milliards de dollars, sans que cela soit suffisant pour épargner le Japon du raz de marée que pourraient provoquer les séismes de Thaïlande, de Corée du Sud et d'Indonésie. En tout cas, les dragons d'Asie ont dû accepter une large tutelle du FMI.
    Cependant, l'instrument privilégié du mondialisme économique n'est pas une banque mondiale, c'est un conseil des gouverneurs appelé la Board, qui représente les États-membres par le biais des ministres des Affaires étrangères. La Board, ou conseil d'administration, se compose de vingt-quatre membres dont huit permanents - les plus gros payeurs - la part du lion revenant aux USA qui fournissent plus de 40 milliards de dollars sur les 200 milliards de fonds de l'organisme.
    Le FMI est donc un instrument du Mondialisme à l'américaine. Et c'est toujours pour protéger les intérêts du capitalisme dominant, celui de Washington, que le FMI intervient. En Asie, on dénonce un véritable néocolonialisme qui vise tous les pays du monde... un langage difficile à employer aujourd'hui en Europe.
    Cependant, certains trouvent le FMI encore trop lié aux États pour jouer son rôle de gardien monétaire de la construction économique d'un futur gouvernement mondial. Ils plaident pour un impôt mondial qui rendrait le FMI indépendant des États-membres totalement indépendants des financiers apatrides à l'origine des institutions économiques onusiennes et mondialistes.
    Les USA craignent la troisième crise, celle qui, submergeant le Japon (qui  finance, par ses excédents commerciaux placés en bon du Trésor, le déficit américain), toucherait Wall Street en plein cœur et ferait s'effondrer la tour de Babel du capitalisme. Mais Babel s'est effondrée, tout comme le mur de Berlin. Depuis la chute du communisme, le capitalisme est unijambiste, et la canne du FMI pourrait, demain, ne plus lui assurer un équilibre artificiel. De sa chute inévitable sortirait alors un ordre nouveau tant redouté par ceux qui tirent les ficelles pour le malheur des peuples et l'abaissement des nations depuis 1945 et dont le FMI est un instrument dépassé.
    National Hebdo du 12 au 18 mars 1998

  • Qu’est-ce qu’un oligarque ? Entretien avec Alexandre Douguine

    Les oligarques sont-ils la version russe de l’hyperclasse ? Nous le subodorions… Pour en être certain nous avons interrogé Alexandre Douguine, professeur de sociologie à l’université de Moscou et chef de file du Mouvement eurasiste. Sa réponse est oui... et non ! 

    Alexandre Douguine, pouvez vous nous dire ce qu’est un oligarque ? Quand sont-ils apparus en Russie et dans quelles circonstances ?

    Alexandre Douguine : La figure de l’oligarque est apparue en Russie dans les années 1990. Ce furent de jeunes businessmen, soutenus par des éléments criminels, qui prirent part à la privatisation des entreprises de l’époque soviétique et qui, ce faisant, réussirent à rassembler des fortunes immenses grâce a la destruction de l’économie socialiste et à la corruption sans précédent qui régna alors. Tout cela dans une période de temps très brève.

    Les libéraux autour d’Eltsine ont commencé à construire le capitalisme en Russie de manière artificielle. Sauf que dans l’URSS il n’y avait pas de bourgeoisie. Donc ils ont été obligés de la créer vite et de toute pièce. L’alliance des réformateurs libéraux occidentalistes et des bureaucrates ex-soviétiques corrompus a ainsi produit le phénomène des oligarques.

    À l’époque d’Eltsine, ils se sont organisés dans une sorte de club des oligarques et ils ont acquis ainsi un poids politique important. Ils soutenaient les médias pro-occidentaux, les partis politiques réformateurs et ils faisaient pression sur Eltsine pour l’obliger à mener une politique allant dans le sens de leurs intérêts et de ceux des États-Unis. Ils ont alors placé leur fortune immense dans des banques occidentales et sont devenu chez nous, dans la totalité des cas, des agents d’influence volontaires de l’Occident.

    Donc l’oligarque ce n’est pas seulement le nouveau riche de la Russie des années 1990, mais plutôt le nouveau riche plus riche que les autres, conscient de ses intérêts, participant activement à la politique, soutenant l’idéologie libérale, réalisant les souhaits de l’Occident et impliqué dans des activités criminelles et dans la corruption au plus haut niveau.

    Combien sont-ils et qui sont les plus connus ?

    Alexandre Douguine : C’est difficile à dire parce qu’il s’agit d’un statut informel. On cite le plus souvent comme en faisant partie : Berezovsky, Gusinsky, Nevzlin, Khodorkovsky, d’une part, Abramovitch, Potatnin, Derepaska, Fridman, Aven, Prokhorov, d’autre part.

    Les premiers ont été chassés par Poutine et persécutés du fait de leur insistance à faire mener une politique identique à celle de l’époque d’Eltsine. Les autres ont choisi d’accepter les nouvelles règles du jeu imposées par Poutine. En Occident on critique les oligarques pro-Poutine et on soutient ceux qui s’opposent à lui. C’est un double jeu géopolitique et atlantiste (anti-Russie et anti-Eurasie) typique.

    Objectivement, la nature des oligarques est la même dans deux cas : ce sont des criminels libéraux, russophobes et atlantistes. La différence est uniquement que les premiers le sont ouvertement et que les autres le cachent. 

    Peut-on considérer que les oligarques sont les représentants en Russie de l’hyperclasse ?

    Alexandre Douguine : Dans un certain sens oui, mais comme je l’ai dit les oligarques ne sont pas que les plus riches, ils sont de plus idéologiquement libéraux, politiquement actifs et géopolitiquement atlantistes. Il y a en Russie d’autres super-riches auxquels il manque l’un ou l’autre de ces traits. Par exemple certains ne sont pas libéraux, d’autres ne sont pas atlantistes, et le plus grand nombre se garde bien d’avoir la moindre activité politique.

    Les oligarques sont-ils bien tous libéraux ? Il n’en existe pas de patriotes ?

    Alexandre Douguine : En Russie, on ne désigne comme oligarques que les libéraux actifs, occidentalistes et atlantistes. S’ils sont patriotes ils restent des extra-riches mais ne sont pas considérés comme des oligarques. Les extra-riches patriotes ne se mêlent presque jamais de politique et sont satisfaits de s’enrichir encore plus sans faire de bruit en profitant de la situation actuelle. 

    Quels sont les rapports entre Vladimir Poutine et les oligarques ?

    Alexandre Douguine : Poutine a proposé un pacte aux oligarques juste après sa première élection. Il leur a uniquement demandé, en contre-partie de l’impunité, de ne pas nuire à la souveraineté du pays et de ne pas contester la primauté de l’administration nationale. Certains ont refusé comme Berezovsky, Gusinsky et, plus tard, Khodorkovsky ; les autres ont accepté. Ceux qui ont accepté le pacte ont ensuite soutenu, pour la plupart, Medvedev et son groupe de réformateurs.

    Il est naturel que Poutine soit influencé en partie par les oligarques, y compris par ceux qui luttent contre lui en finançant, en commun avec les États-Unis, les manifestations anti-Poutine, parce qu’ils dictent certaines stratégies et qu’ils insistent sur la privatisation et sur la libéralisation de l’économie russe. 

    Pour quelles raisons une partie des oligarques a-t-elle refusé le pacte que Poutine lui proposait ?

    Alexandre Douguine : Je crois qu’il y a plusieurs raisons à cela.

    Tout d’abord, certains se sont sentis humiliés par l’affirmation de la supériorité de l’État et du Président par rapport à eux-mêmes qui, pendant les années 1990, dirigeaient presque ouvertement le pays, son économie et sa politique. C’est certainement le cas de Boris Berezovsky. Ensuite, d’autres ont compris que l’Occident serait contre Poutine, qui allait réaffirmer l’indépendance de la Russie, et ils ont donc préféré, afin de conserver leurs fortune en sécurité dans les banques occidentales ou dans les zones off shore, s’allier avec l’Ouest dans la fronde contre Poutine. Finalement, les autres sont arrivés à la conclusion que le libéralisme était menacé par Poutine et que sa politique pouvait devenir populiste, donc orientée contre les oligarques. Pour eux, la lutte contre Poutine est une guerre des classes préventive...

    http://www.egaliteetreconciliation.fr

  • « Le stratagème européen pour la France »

    [Tel est le titre d'une tribune que nous envoie un lecteur et que vous pouvez lire ci-dessous.
    Bien entendu, elle n'engage pas la rédaction de Contre-info, mais peut-être le support d'une saine réflexion.
    ]

    « Il est toujours amusant de voir nos hommes politiques proclamer dans les médias leur amour inconditionnel de la France et laisser entendre, dans le même temps, que notre nation n’est pas assez mâture ni assez importante pour s’en sortir par elle-même. Pour eux, la conclusion est toute trouvée : il faut impérativement que notre pays se fonde dans un ensemble continental voué au mondialisme et fusionne avec Malte ou la Slovénie pour continuer à exister. La contradiction entre leur patriotisme de façade et leur européisme échevelé est évidente, mais il ne suffit pas de constater cette incohérence sans nul doute voulue. Encore faut-il comprendre et démontrer en quoi l’Union européenne est directement nocive pour la France (tout comme elle l’est pour toutes les nations du continent). Et le stratagème conçu par Bruxelles et nos dirigeants européistes est redoutable. Un certain nombre d’analyses s’y sont déjà attelées mais celle-ci entend apporter sa pierre à l’édifice en montrant à quel point cette stratégie est aussi raffinée que dangereuse.

    Le danger le plus évident : la disparition de notre mode de vie

    Il est désormais acquis pour tous les observateurs un peu sensés que l’euro est à la source de bon nombre de nos problèmes économiques, notamment de l’écroulement de nos exportations. Ces mêmes observateurs savent parfois moins que ce sont plus largement les traités européens qui pénalisent notre économie, puisque le fameux Traité de Lisbonne accepté par toute la classe politique française malgré le référendum de 2005 organise et favorise les délocalisations, la fuite des capitaux, le chômage, etc. In fine, c’est tout notre mode et toute notre qualité de vie qui sont menacés directement par l’Union européenne et la participation coupable de nos dirigeants. Bien évidemment, tous nos grands médias étant détenus, au travers de fonds d’investissement et autres multinationales, par les États-Unis d’Amérique ou leurs alliés, il est peu probable que de telles analyses antimondialistes soient développées à vingt heures sur TF1 ou France Télévisions.

    Le stratagème est déjà absolument terrible et il a été décortiqué à plusieurs reprises par certains opposants sagaces au mondialisme. Pourtant, ce n’est pas le pire. Alors que notre pays s’enfonce plus rapidement qu’on ne le pense dans une profonde dépression économique, les médias et hommes politiques français font tout pour détourner l’attention sur d’autres pays par rapport auxquels nous serions prétendument plus avantagés. Inutile de comparer notre économie à celle de la Grèce : ce serait comme chercher à se rassurer en comparant notre espérance de vie à la naissance avec celle du Laos. Ce serait donc se voiler la face en pointant les autres du doigt. Une étude récemment réalisée par Philippe Murer, professeur de finance à la Sorbonne, montre par exemple que le taux de chômage réel atteint facilement 21% en France (et 16% dans une Allemagne prétendument en plein miracle économique), si l’on tient compte des statistiques occultées par les organismes officiels. Dès lors, il devient difficile de se rassurer face au taux espagnol, proche des 25%. Il est encore plus ardu de comparer le caractère compétitif de notre économie face à des pays que les médias dominants disent plus en difficulté : ce n’est pas qu’avec l’Allemagne, mais aussi avec l’Italie ou l’Espagne que notre balance commerciale est largement déficitaire. Quant aux politiques d’austérité imposées à des peuples voisins, elles le seront bientôt aux Français, que le gouvernement en place soit socialiste ou conservateur, nul n’en est dupe. Néanmoins, le stratagème européiste semble fonctionner puisque la plupart de nos concitoyens se réjouissent presque de n’être pas espagnols ou italiens… tout en se lamentant de la nullité de la France, pourtant causée par des facteurs extérieurs.

    Un danger plus pernicieux : notre disparition géopolitique et culturelle

    Comme souvent, les dangers les plus importants sont rarement les plus voyants. Nos problèmes économiques directement causés par le mondialisme et l’ultra-libéralisme européens ont beau être graves, ils le sont moins que notre progressive disparition géopolitique et culturelle dans le monde. Un premier constat simple à réaliser : en dehors de trop rares occasions (le refus du gouvernement de participer à la guerre d’Irak, en 2003), nous nous alignons toujours sur la politique américaine, promue par l’Union européenne et imposée à tous les pays-membres. Notre intervention en Libye en 2011 et la propagande mondialiste qui nous pousse à armer les « rebelles » syriens, dont l’obédience politique est plus que trouble, n’en sont que des illustrations récentes.

    Au-delà de cette politique belliqueuse directement inspirée du choc des civilisations de Samuel Huntington (un Américain proche des services secrets, comme par hasard), l’Union européenne favorise aussi l’amitié franco-allemande dont l’on peut légitimement se demander ce qu’elle apporte à la France. Littéralement écrasé par le commerce extérieur germanique, la France est aussi totalement coupée de son espace géopolitique naturel, la Méditerranée. Nos relations avec nos anciennes colonies du Maghreb et d’Afrique subsaharienne sont presque nulles – sauf pour y défendre les intérêts du grand capital pétrolier ou minier, ou bien encore pour y soutenir les dictateurs que nous dénoncerons ensuite. Ne parlons pas non plus du mépris que nous ne cessons d’exprimer à l’égard des pays d’Europe méditerranéenne, pourtant latins et de tradition catholique comme nous. Cependant, face à l’écroulement démographique du monde germanophone ou de l’Europe centrale et orientale, la France, si elle défendait ses intérêts au lieu de défendre ceux du mondialisme libéral, s’intéresserait de près à des zones du monde émergentes, dont l’Asie orientale et l’Amérique latine. Dans ce dernier cas, une alliance au cas par cas avec l’Espagne serait bien plus judicieuse pour nous, puisqu’il s’agit du premier partenaire européen du Brésil, du Mexique, de l’Argentine, du Venezuela, de la Colombie, etc.

    D’ailleurs, cette politique totalement aveugle concernant notre identité et nos intérêts bien compris a provoqué aussi un déclin accéléré de la langue française dans le monde. Obnubilés par l’Union européenne, nos dirigeants se laissent illusionner par les chiffres surestimés de la Francophonie et ne voient pas que la langue de Molière a reculé partout : Canada anglophone, États-Unis d’Amérique, Brésil, Argentine, Asie orientale, ancienne Indochine, etc. Et ce n’est pas seulement l’anglais qui nous a dépassés, mais aussi d’autres langues, comme l’espagnol. Notre vénération des principes européistes et mondialistes fait donc partie d’un stratagème bruxellois plus large : nous couper de toutes nos alliances traditionnelles, nous mettre au pas en termes géopolitiques et faire reculer notre culture et notre langue (c’est-à-dire notre vision propre du monde) sur la planète. Jusqu’à quand ?

    de Maeztu » http://www.contre-info.com

  • Zimbabwe : le rapport qui accuse (arch 2003)

    Dans un rapport dénonçant la situation du Zimbabwe, les évêques sud-africains et zimbabwéens accusent directement le parti au pouvoir du Président Robert Mugabe d'avoir érigé la torture et la persécution systématique des opposants en pratique de gouvernement. En mai 2003, Amnesty International avait publié un rapport : Zimbabwe. Les droits fondamentaux menacés de toutes parts, qui dénonçait déjà la dérive totalitaire du pays. Etabli à partir d'auditions et de témoignages de responsables officiels du régime et de partisans du ZANU-PF, le parti de Robert Mugabe, le rapport des évêques met de son côté en évidence la responsabilité directe du pouvoir zimbabwéen dans les violences et les meurtres qui agitent le pays. Les milliers de jeunes formant le Service National de la Jeunesse (SNJ), manipulés par le pouvoir, sont mentionnés comme les auteurs de tortures, de destructions, de campagnes de viols et de meurtres. Dans un pays où 30 % de la population adulte vit avec le virus du VIH, les nombreuses victimes des viols sont en grand danger de se retrouver infectées. Les jeunes du SNJ seraient de 30 à 50 000, enrôlés et mis en condition par le ZANU-PF dans des conditions qui rappellent les événements de Côte d'Ivoire et l'utilisation des « jeunes patriotes ». Beaucoup, dégoûtés de leurs actes, ont trouvé refuge en Afrique du Sud où la presse recueille aujourd'hui leurs confessions.
    Les victimes de cette campagne de terreur planifiée ? Les fermiers blancs et leurs familles, décrétés « ennemis du Zimbabwe » par le Président Mugabe, et les partisans ou sympathisants du parti d'opposition MDC (Movement for Democratic Change), dirigé par le syndicaliste Morgan Tsvangirai.
    Un des points les plus marquants de cette intervention des évêques sud-africains et zimbabwéens est la critique ouverte de la tolérance et du soutien implicite manifesté par les pays africains, et particulièrement par l'Afrique du Sud, à l'égard de Robert Mugabe.
    Le comportement des voisins du Zimbabwe semble consister depuis le début de la crise, en 2000, à refuser toute mise en cause explicite du régime d'Harare au nom d'une « diplomatie discrète ». En juillet, le sommet de l'Union africaine a omis de mettre la situation du Zimbabwe à son ordre du jour.
    Mais l'exemple le plus frappant de cette conjuration du silence reste l'attitude de la Commission des droits de l'homme de l'ONU, qui a décidé par un vote en avril 2003 de ne pas se prononcer sur la situation de ces mêmes droits de l'homme dans le pays. La plupart des pays africains, la Chine et Cuba ont soutenu cette motion de « non action », tandis que les Européens, le Japon, l'Amérique latine et les Etats-Unis votaient contre. La nouvelle a été peu commentée.

    La démagogie d'un pouvoir aux abois

    Deux plaies défigurent aujourd'hui l'ancien grenier de l'Afrique australe : une politique économique marquée par un marxisme des plus archaïque, et une pratique politique marquée par le racisme antiblanc et la violence à l'égard de toute opposition.
    Politiquement, la mise en cause violente des fermiers a correspondu à la montée en puissance de l'opposition en 2000. Boucs émissaires rêvés pour un Président en perte de vitesse, les blancs lui ont permis, à travers la mobilisation hâtive des « vétérans » de la guerre d'indépendance, de reconquérir artificiellement une popularité de façade. La manœuvre a eu pour conséquence la désorganisation économique d'un pays dont l'agriculture constituait jusqu'alors la principale source de revenus. 70 % des terres étaient mis en valeur par des fermiers blancs, avant que ne soit décidée la politique d'expropriations et de redistribution des terres.
    Ces expropriations et les violences contre l'opposition sont allées de pair. Depuis 2000, enlèvements, viols et meurtres se sont multipliés à l'encontre de la population blanche avec l'appui explicite du gouvernement, entraînant le départ forcé de 150 000 personnes. 1700 propriétés ont été illégalement occupées. Les meilleures terres ont été distribuées à des affidés du régime, dignitaires politiques, ou membres du ZANU-PFD. Ces privilégiés se sont révélés peu aptes à mettre les exploitations en valeur, et sont aujourd'hui confrontés à une sécheresse qui frappe l'ensemble du pays. La production de tabac et de céréales s'est effondrée. Le chômage touche aujourd'hui 78 % de la population. 230 000 travailleurs noirs ont dû être expulsés du pays.
    En trois ans, conséquence directe des décisions de Robert Mugabe, le pays a subi une récession cumulée de près de 20 %.
    La Zambie, l'Ouganda et le Mozambique, voisins du Zimbabwe, se gardent bien d'imiter la politique d'Harare : les fermiers blancs qui désirent s'y réinstaller sont accueillis à bras ouverts par « des pays qui ont un besoin évident de gens capables de produire de la nourriture quelle que soit leur couleur de peau », selon le journal d'opposition, The Zimbabwe Independent.
    Malgré les mises en garde de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et de l'Union Européenne, Mugabe persiste dans sa croisade en dénonçant « les ingérences occidentales ».
    Un rapport de l'UNICEF révèle une situation sanitaire extrêmement préoccupante : 600 000 enfants sont orphelins du VIH/SIDA et quelque 2,2 millions de personnes vivent avec le virus. Le braconnage, la prostitution et le vol s'imposent de plus en plus comme des stratégies de survie pour une population qui s'enfonce dans le chaos.
    Pour faire face aux besoins immédiats du pays, l'ONU évoque, de concert avec diverses organisations humanitaires, la nécessité de réunir plus de 285 millions de dollars.
    Le 24 juillet, le gouvernement d'Harare faisait officiellement une demande pour de nouvelles aides alimentaires. 5,5 millions de personnes sont menacés par la famine et le Zimbabwe vient de rejoindre la liste, établie par le Programme alimentaire mondial, des 25 pays africains en situation d'urgence alimentaire.
    Une déchéance qui ne doit rien à la fatalité…
    B. L. POLEMIA
    26/11/2003

    Pour aller plus loin :
    - Les exilés du Zimbabwe (enquête publiée par « Le Monde ») :
    http://www.lemonde.fr/web/imprimer_article/0,1-0@2-3230,36-343303,0.html
    - Photos et témoignages des massacres de fermiers blancs en Afrique australe :
    http://www.africancrisis.org/Photos.asp
    - Enquête sur Mugabe et sa politique de « nettoyage ethnique » :
    http://www.france-avenir.com/international/mugabe/mugabe.htm

  • L'Iran en quête de sécurité et d'indépendance Général Pierre Marie GALLOIS août 2005

    En ce milieu de l'année 2005 c'est l'Iran qui suscite la grande interrogation internationale et provoque d'abondants commentaires. L'Iran et sa politique énergétique mettent l'Occident à l'épreuve. Plus d'un demi siècle de ses certitudes sécuritaires sont mises en question.

    Le 11 août, après deux jours de délibérations, pressés par Washington, les 35 membres du directoire administrant l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (ou IAEA selon le sigle anglo-saxon) avaient adopté une résolution incitant l'Iran à suspendre toute activité d'enrichissement (de l'uranium). Au sein de l'AIEA, la majorité requise est de 18 voix. Or, au nombre des 35 membres siègent 14 représentants des " pays non alignés ", d'où les débats et la relative modération de la résolution finalement adoptée.

    Contrastés ont été les commentaires :

    - Absurde " s'est exclamé le représentant iranien à l'AIEA. " Au cours de la présente décennie, l'Iran sera un pays producteur de combustible nucléaire ".
    - Toutes les options sont sur la table ", a menacé le président Bush, faisant allusion à l'intervention armée, tandis que madame C. Rice, Secrétaire d'Etat, affirmait que " les Etats-Unis ne peuvent laisser l'Iran développer un armement nucléaire ".
    - A Berlin, une nouvelle fois, M. Schröder s'opposait aux Etats-Unis. " Chers amis d'Europe et d'Amérique, travaillons à occuper une forte position pour la négociation. Mais écartons l'option militaire. Nous avons vu qu'elle n'est pas la bonne ", sous entendu, les évènements d'Irak en témoignent.
    - A Paris, le ministre des Affaires étrangères a cru bon d'affirmer que " l'Europe est tout à fait en mesure d'offrir à l'Iran des garanties sur sa sécurité ". Téhéran doit tenir ces propos pour une plaisante vantardise. Pour qu'ils aient un sens encore faudrait-il l'aval de Washington.
    - A Pékin, a été signé avec Téhéran un contrat de 70 milliards de dollars portant sur l'exploitation des gisements de pétrole de la région de Yadaran, à l'ouest de l'Iran. Pour la Chine les approvisionnements en énergies fossiles sont prioritaires et l'Iran en regorge. De surcroît un échec politique de Washington ne déplairait pas.
    - A Moscou, l'on entretient d'étroites relations avec Téhéran. Les Allemands s'étant retirés, ce sont les Russes qui achèvent la construction et l'équipement de la centrale nucléaire de Bouchehr. Et ils entendent honorer leurs engagements d'autant qu'il a été convenu que le combustible irradié serait envoyé en Russie garantissant ainsi l'utilisation pacifique de la centrale. Moscou est d'autant plus incité à s'entendre avec Téhéran que l'installation de bases américaines en Asie centrale menace l'influence russe dans les ex républiques soviétiques musulmanes.
    - A Tel Aviv, l'on juge particulièrement dangereuse la future arme nucléaire iranienne. " Avec ses missiles (Chahab 3 et 4) l'Iran pourra atteindre Londres, Paris, Berlin et le sud de la Russie, mettant en péril non seulement la sécurité d'Israël mais la stabilité du monde entier… premier exportateur mondial du terrorisme, de la haine et de l'instabilité, il a remplacé Saddam Hussein " avançait un ministre israélien, oubliant que les faits ont démenti bien des accusations portées contre Saddam Hussein. Ou encore : " l'Iran menace aussi les pays du Golfe, leur pétrole, il faut détruire ses installations (atomiques). Grâce à ses F 15, l'Etat d'Israël peut frapper l'Iran ".

    Mais ce qui importe, au premier chef, c'est l'attitude du gouvernement iranien. Elle a été à la fois péremptoire et ambiguë. Hamid Reza Assefi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères (ce sera Manouchehr Mottaki, ancien ambassadeur au Japon) déclara que " cette résolution politique, adoptée sous la pression des Etats-Unis et de leurs alliés n'a pas de fondement juridique ni de logique et elle est inacceptable… La république islamique d'Iran ne renoncera pas à ses droits légitimes et insiste toujours pour avoir la maîtrise de la technologie nucléaire civile ".

    A Téhéran le président Mahmoud Ahmadinejad affirma que le traitement de l'uranium était, pour l'Iran, un droit et s'il acceptait de poursuivre la négociation avec l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, il rejetait catégoriquement leurs propositions, qu' " il tenait pour une insulte à son peuple, comme si les Iraniens formaient une nation de primitifs ".

    Un technicien Iranien donnant des explications lors d’une exposition de l’Organisation de l’Energie Atomique Iranienne.

    Et les scientifiques iraniens remirent en marche les installations transformant en gaz le minerai d'uranium, activité qu'ils avaient stoppée - de leur plein gré disaient-ils - à l'issue des entretiens avec les diplomates des trois intervenants européens. " Cette relance des activités de la centrale nucléaire d'Ispahan est une mesure de protection des droits de la nation ", déclara Téhéran, justifiant ainsi la levée des scellés apposés sur le site par l'AIEA. L'ambiguïté réside dans le fait que le traitement de l'uranium naturel n'est pas l'enrichissement qui, poussé à un pourcentage élevé, aboutit à un matériau fissile utilisable à des fins militaires, mais il en est la lointaine condition préalable.

    D'où la controverse : Les Occidentaux estiment que l'Iran vise la bombe - mais ils ne peuvent le prouver, et M. Elbaradei, directeur de l'AIEA le reconnaît - tandis que Téhéran réclame l'enrichissement nécessaire au combustible de ses centrales nucléaires productrices d'électricité.(1) - mais ne s'interdit pas de le porter un jour au niveau des applications militaires.

    Celles-ci peuvent être obtenues, compte tenu des ressources de l'Iran, par deux procédés :
    - L'un consiste à traiter du minerai d'uranium pour en extraire un gaz, l'oxyde d'uranium concentré, lequel est progressivement " enrichi " à l'aide de centrifugeuses, montées en chaîne, aux rotors tournant à une vitesse très élevée et séparant les isotopes d'uranium 235 fissile une fois atteint un certain niveau d'enrichissement. L'Iran chercherait à disposer de quelque 5000 centrifugeuses, installées dans une usine souterraine. Les inspecteurs de l'AIEA auraient constaté l'existence de seulement 160 de ces centrifugeuses (à Natanz). Ce procédé a été mis au point par la société anglo-germano-hollandaise URENCO avec deux modèles de centrifugeuses, le G1 et le G 2, l'Iran les détenant l'un et l'autre. Le scientifique pakistanais Abdel Qadir Khan aurait aidé l'Iran, comme il aida la Corée du nord et la Libye, à la fois en ce qui concerne les centrifugeuses et aussi en ce qui a trait à l' " architecture " de la bombe.
    Voici deux ans, le président Mohamed Khatami révéla que l'Iran possédait une mine d'uranium naturel, mine découverte en 1985 et située non loin de la ville de Yazd, au centre du pays et que cette mine était en exploitation, déclaration qui confirmait la validité du procédé qui vient d'être sommairement décrit.
    - Le second procédé repose d'abord sur l'achèvement du réacteur de Boushehr. Après plusieurs années de fonctionnement l'Iran disposerait d'assez de matière fissile (plutonium) pour assembler plusieurs dizaines de bombes. Autre solution : produire de l'eau lourde (ce serait le cas à Arak) pour alimenter les centrales nucléaires et obtenir du plutonium militairement utilisable.

    Si indirectement, la Chine, le Pakistan, la Russie ont aidé l'Iran dans sa quête d'indépendance par l'atome militarisé, l'entreprise recueille l'adhésion de la majorité des Iraniens. Déjà, au cours des années 70, le Chah avait souhaité que son pays entre dans le club des Etats nucléairement nantis. Mais les " convenances " politiques et diplomatiques voulaient que l'armement atomique fut proscrit et qu'on se déclare opposé à la prolifération et partisan de l'élimination de cet armement. Aussi les dirigeants successifs de l'Iran ont-ils tenu le même discours. Mais tous ont admis que l'intérêt de la nation exigeait l'adoption de dispositions contraires. Dans son ensemble la population souscrit à la politique du gouvernement. L'Iran est peut-être le seul pays où religieux, intellectuels, " bazar" et paysans sont prêts à fournir des volontaires pour défendre les sites d'activités atomique, y former des " boucliers humains " ou exercer des représailles en cas d'attaque.

    Les opposants sont à l'extérieur. Adversaires du régime des mollah, ils ajoutent à leurs griefs les efforts nucléaires de Téhéran proclamant qu'un changement de statut politique permettrait de mettre fin à l'aventure atomique dans laquelle est engagé leur pays, attitude qui leur apporte la sympathie d'une fraction de la communauté internationale souhaitant l'élimination du nucléaire. " Il faut désarmer les tyrans de Téhéran qui mentent effrontément aux inspecteurs de l'AIEA", déclarait un opposant iranien, M. Amir Jahahchahi.

    Le comportement du gouvernement iranien est compréhensible. C'est d'abord, un grand pays au passé prestigieux et à l'avenir prometteur. Ses 70 millions d'habitants occupent une surface trois fois plus grande que celle de la France. Héritiers d'une civilisation millénaire, ils ont un taux d'alphabétisation élevé, une longue espérance de vie et forment néanmoins une population jeune, le taux de fécondité renouvelant largement les générations. Riche est le sous-sol de l'Iran, essentiellement en pétrole (12 milliards de tonnes de réserves), en gaz naturel (27 milliards de mètres cubes) et, même on l'a vu , en minerai d'uranium.

    Installations nucléaires en Iran

    Ce sont ces richesses qui ont provoqué l'ingérence étrangère : en 1951 une première nationalisation des installations pétrolières avait décidé de l'éviction du premier ministre Mossadegh et en 1973, le Chah s'assurant la maîtrise de la production de pétrole avait dressé contre lui les entreprises pétrolières étrangères dans le même temps que la population désapprouvait ses efforts de "modernisation à l'occidentale ". Les discours de Khomeyni, enregistrés à Neauphle-le-Château, ont préparé le départ du Chah et l'instauration, en 1979, d'une république islamique en Iran.

    Les évènements internationaux ont placé l'Iran dans une situation géopolitique difficile. En effet :
    - Les voisins de l'Iran sont des Etats nucléaires, militairement parlant. C'est le cas de la Chine, de l'Inde, du Pakistan, de la Russie, et aussi de la Corée du nord. Et, en face, de l'Etat d'Israël. On sait également, que la Corée du sud, sans en référer à l'AIEA, a procédé à des essais d'enrichissement de gaz d'uranium et aussi de séparation du plutonium fourni par le fonctionnement de ses 19 centrales nucléaires.
    - Au sein du monde musulman (1 ,2 milliard) on ne compte que 120 millions de chiites, dont la moitié vit en Iran. Avec ses 160 millions, à 80 % sunnites, le Pakistan a bien été le premier Etat musulman à détenir l'arme atomique, mais les musulmans chiites n'ont pas ce privilège.
    - Les ingérences étrangères, celles de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, notamment, ont démontré aux dirigeants iraniens les avantages de l'indépendance et de l'auto suffisance avec l'audience internationale qu'elles confèrent l'une et l'autre.
    - La stratégie interventionniste pratiquée par les Etats-Unis soucieux de s'assurer les approvisionnements en énergies fossiles nécessaires à leur développement économique et industriel aboutit à l'investissement stratégique de l'Iran. A l'ouest, sur 1500 kilomètres de frontière avec l'Irak, les contingents armés des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne montent la garde. A l'est, sur un millier de kilomètres, des formations militaires occidentales, exercent les mêmes fonctions tandis qu'au sud le Golfe persique et la mer d'Oman (2500 kilomètres de littoral) sont placés sous le contrôle de la puissance maritime et aérienne des Etats-Unis. Ajoutons qu'au nord, sur 1000 kilomètres, la Turquie et l'Azerbaïdjan, alliés des Etats-Unis, isolent l'Iran, en particulier de l'ami russe. Et voici l'Iran " enclavé ", ses voies d'acheminement du pétrole et du gaz naturel tributaires de la bonne volonté de ses adversaires politiques, aussi bien sur terre que sur mer.

    " La communauté internationale doit trouver un moyen pour être assurée que cela (un Iran détenteur de l'arme nucléaire) n'arrivera jamais ", affirmait, en août 2004, madame C. Rice, Secrétaire d'Etat. Elle oubliait que les opérations militaires américaines, le désir d'étendre l'action de l'OTAN jusqu'à la Caspienne, l'annonce d'un chambardement politique au Proche et Moyen-Orient, toutes initiatives de son pays, légitimaient les démarches nucléaires de Téhéran.

    Les énergies fossiles constituent la principale ressource de l'Iran. Mais il s'agit là, d'une richesse temporaire, rémunératrice durant encore quatre ou cinq décennies. Il est normal que Téhéran se soucie, aujourd'hui, de satisfaire demain ses besoins en énergie et que le gouvernement iranien - quel qu'il soit - entende être maître du cycle atomique complet, en laissant ouvertes ses différentes options. Il est de bonne guerre d'affirmer que le seul objectif visé est l'utilisation industrielle de la désintégration de la matière. Mais aussi, à la fois de tirer profit du chantage au renoncement à l'atome militarisé et de conserver aussi longtemps que possible la menace d'en venir aux applications militaires. Ainsi Téhéran gagne du temps. Les comportements antérieurs des Etats-Unis l'y incitent.

    - Washington a détruit l'Irak dépourvu d'armes d'intimidation et respecté la Corée du nord soupçonnée, à la longue, d'en détenir quelques unes.
    - Washington a renoncé à ratifier le traité d'interdiction de tout essai nucléaire, sans doute faute d'être en mesure de détecter et de sanctionner les expérimentations de faible énergie et afin d'avoir les mains libres pour moderniser sa panoplie atomique. Mais en supprimant un obstacle à la prolifération horizontale. Pourquoi l'Iran devrait-il être la seule puissance qui, en ayant la capacité financière et scientifique, ne tirerait pas parti des agissements des Etats-Unis ?
    -Pour l'ancien recteur de l'Université de Téhéran, M. Houchang Nahavandi, ce n'est pas l'Etat d'Israël qui est visé par la future arme atomique iranienne, mais c'est assurer la pérennité du régime, c'est imposer qu'on le respecte, c'est le renforcer à l'intérieur en donnant des preuves de sa puissance avec la sécurité dans l'indépendance qu'il s'efforce de fournir au peuple iranien. Si bien que, pour le recteur, les attaques dont il est l'objet ne font que l'unir à son gouvernement et à sa politique nucléaire, " les Etats-Unis ne comprennent pas l'Iran ", conclut-il.

    Dans son combat contre une large fraction de la communauté internationale, l'Iran n'est pas sans atouts.

    - Il appartient au groupe d'Etats qui, en dépit de leurs positions spécifiques très différentes, ont en commun l'opposition à l'expansion politique et militaire des Etats-Unis en particulier, et des alliés de la superpuissance, en général.
    Et au nombre de ces Etats figurent de grandes puissances telles que la Russie et la Chine, auxquelles il faut, maintenant, ajouter sinon les gouvernements, du moins, les populations musulmanes fustigeant le "grand Satan américain ". Aussi Téhéran ne redoute-t-il pas que le Conseil de sécurité des Nations-Unies soit saisi et qu'il impose à l'Iran des sanctions économiques, la Chine ou la Russie, voire les deux puissances y ayant un droit de véto.
    - En dépit des particularismes du monde musulman et des différences confessionnelles entre sunnites et chiites, l'Iran est un pays musulman. Après s'être attaqué à l'Irak et à l'Afghanistan, avoir longtemps soutenu l'Etat d'Israël, on imagine mal les Etats-Unis bombardant un troisième pays musulman. La pratique de l'intimidation par la menace d'en venir au conflit armé serait une démarche politique de même que le sont, du côté de l'Iran, les arrêts et les remises en route successifs de son programme nucléaire.
    - Exportateur de pétrole et de gaz naturel, l'Iran fournit de l'énergie fossile aux pays gros consommateurs, eux-mêmes dépourvus des approvisionnements nécessaires au développement de leur économie, tels la Chine et le Pakistan. Les évènements d'Irak contribuant à l'augmentation du coût du baril de pétrole, l'attaque des installations iraniennes bouleverserait davantage encore ce marché de l'énergie.
    - L'Iran chiite a pour allié naturel, aujourd'hui du moins, la population chiite, majoritaire en Irak. Aussi, vis-à-vis de Washington, l'Iran détient-il un moyen de pression car il a la faculté d'attiser ou de calmer la révolte contre l'occupant occidental.
    - Les dirigeants iraniens ont tout naturellement retenu la leçon de la destruction du centre atomique irakien de Tamouz, près de Bagdad au début du mois de juin 1981. Leurs installations scientifico-techniques sont dispersées et, surtout, enfouies assez profondément. Aussi faudrait-il de nombreux bombardements sur zones et la dévastation du pays pour neutraliser à coup sûr l'entreprise atomique irannienne.
    - Enfin, l'Iran aligne encore une armée active de 500.000 hommes, auxquels il faut ajouter les 100.000 hommes de la Garde islamique révolutionnaire. Il tient sous la menace de ses missiles Scud et Chahab les contingents occidentaux déployés en Irak et en Afghanistan. Ravitaillant en armes et en explosifs la résistance à l'occupant, l'Iran là où il est placé sur la carte, est en mesure de se faire craindre.

    photo satellite de la centrale de Busher

    La question se pose, compte tenu de la démarche iranienne peut-on exorciser l'atome militarisé ?

    Il est communément admis que l'arme atomique constitue un grave danger pour l'humanité et qu'un monde à nouveau sans désintégration de la matière serait plus sûr. Aussi, faute d'être en mesure de revenir à l'ère pré- atomique et d'effacer ce qui a été appris et réalisé au cours du dernier siècle, est-il indispensable à la fois de limiter le domaine nucléaire, de réduire les panoplies de ceux qui détiennent l'armement correspondant, de tarir études et recherches jusqu'à l'extinction naturelle d'une discipline qui aurait dû demeurer ignorée. C'est là un sentiment général. Tout être censé croit devoir témoigner de cette réprobation et, pour ainsi dire, automatiquement. Cette condamnation ne peut être l'objet d'aucune discussion. Il s'agit d'une évidence et bien rares sont ceux qui la nient.
    Et pourtant ?
    Est-il souhaitable d'en revenir à l'ère pré-atomique, celle de la poudre qui succéda à celle de la flèche ? Au cours des six siècles de l'ère de la poudre, l'humanité a été constamment en guerre. En près d'un demi siècle (1905 - 1945) le paroxysme de la violence guerrière a été atteint avec, probablement, 150 à 200 millions de victimes et plus de 50 millions de morts. Par dizaines de millions les combattants se sont affrontés, mettant en œuvre canons et chars d'assaut par centaines de milliers, avions par dizaines de milliers, navires de combat par milliers. Et sur de pareilles lancées les industries d'armement s'apprêtaient à faire " mieux " encore afin de rendre la guerre plus rémunératrice.

    Hiroshima et Nagasaki, un avion, dix hommes d'équipage, deux projectiles, en 3 jours ont mis un terme au massacre. Le Japon a chèrement payé cette brutale cessation d'hostilités mais Pearl Harbour a été son initiative, comme la cruauté de ses combats. En revanche, l'irruption de l'atome militarisé sur la scène internationale a imposé bien des renoncements à la guerre et notamment en Europe, apporté soixante années de paix, ainsi que le reconnaît le professeur Michel Serres (une paix qui eut été totale si l'Allemagne, mue par ses vieux démons n'avait mis les Balkans à feu et à sang ou si devenue une puissance nucléaire, la Yougoslavie eut été respectée).
    Ce ne sont pas les mots qui comptent ici mais les faits :

    - Entre les forces de l'OTAN et celles du Pacte de Varsovie, de 1955 à 1989 l'antagonisme a été manifeste. Mais, l'épée est demeurée au fourreau, ou plutôt les mégatonnes ont sommeillé dans les dépôts. A Moscou comme à Washington, l'on savait que l'affrontement armé était impossible. On savait - et l'on sait de plus en plus - qu'à l'ère atomique gigantesque est la disproportion entre l'enjeu d'une guerre - et les bénéfices qu'on en attend - et les risques qu'il faudrait prendre à y avoir recours.
    - Ce fut également le cas entre la Russie et la Chine au cours des années 60, lors de leur différend doctrinaire.
    - Et aussi entre la Chine et l'Inde, avant de devenir des puissances atomiques s'affrontant militairement dans l'Himalaya mais négociant sagement leurs intérêts respectifs depuis que l'atome est partagé, même inégalement, entre Pékin et la Nouvelle-Delhi.
    - Il en a été de même avec l'Inde et le Pakistan que deux guerres ont opposés. Depuis que chacun de ces deux pays possède un (modeste) armement nucléaire, l'entente et la coopération se sont imposées. Islamabad et la Nouvelle-Dehli ont substitué la négociation à l'épreuve de force.
    - Enfin, figurant en tête de l'énumération des peuples de l' " axe du mal ", la Corée du nord, potentiellement nucléaire, n'a pas subi le sort de l'Irak dont on sait, maintenant, qu'il était dépourvu de ces " armes de destruction massive " qui incitent à respecter l'Etat qui les détient. On ne peut mieux avoir mis en valeur l'intérêt national de l'atome militarisé.


    Renonçant au traité d'interdiction de toute expérimentation nucléaire et laissant entendre que les Etats-Unis reprendraient les essais de leurs prochaines réalisations atomiques, M. Bush a implicitement admis que le " génie nucléaire ne pouvait plus être remis en bouteille ", que la prolifération horizontale échappait au contrôle et que, dans ce domaine, les Etats-Unis en ayant la liberté de création et d'expérimentation, feraient mieux que quiconque.
    De son côté, sachant qu'elle va affronter politiquement et économiquement les Etats-Unis, la Chine n'est sans doute pas opposée à une certaine dissémination d'un armement qui, rétablissant la pleine souveraineté des Etats, limite le nombre de ceux qui recherchent la protection américaine.

    Et si la sagesse populaire se trompait ? Si le rejet quasi unanime du nucléaire d'Etat était une erreur ? Et si l'horreur d'Hiroshima escamotait l'abomination des guerres traditionnelles ? L'humanité en aurait-elle la nostalgie ?

    La Grande-Bretagne ayant manifesté, au sein de l'AIEA une certaine intransigeance, à Téhéran, les étudiants ont lancé des pierres et… des tomates sur l'ambassade britannique en réclamant, pour leur pays, la liberté de poursuivre son programme nucléaire. La fierté nationale les animait. Pourquoi l'Iran serait-il incapable de gérer l'indépendance que confère la possession de l'arme atomique ? Le monde est dirigé par ceux qui la détiennent et ils ne cessent de se donner en exemple. Autour de l'Iran nombreux sont, maintenant, les Etats qui gèrent convenablement cette forme de souveraineté. Devant les conséquences des incessantes innovations de l'humanité, les peuples seraient-ils à ce point inégaux ? La jeunesse iranienne ne l'admet pas.

    Ses clameurs ne demeurent pas sans écho. Il est de l'intérêt des pays producteurs de pétrole - et non encore " nucléarisés " - de consacrer les ressources nouvelles que procure le renchérissement du baril aux énergies de remplacement, à commencer par l'énergie atomique. Ses applications industrielles contribuent au développement et ses applications militaires apportent à la fois la sécurité et l'indépendance. Si bien que combattre pour éliminer les armes de destruction massive - celles-là du moins - aboutit à un résultat opposé à celui qui était visé : la rente pétrolière devient si rémunératrice qu'elle finance l'interdit.

    http://www.lesmanantsduroi.com
    Note :
    L'Iran met en œuvre 11 centrales nucléaires (fournissant au total 2600 mégawatts), une dizaine d'autres doivent être construites pour porter à près de 20.000 mégawatts la capacité de l'électro- nucléaire iranien en 2025.

  • L'Histoire de France, pré carré des affrontements politiciens de l’UMPS

    Communiqué de Presse de Karim Ouchikh, Conseiller de Marine Le Pen à la Culture, à la Francophonie et à la Liberté d’expression, Président exécutif du SIEL
    La Maison de l’Histoire de France a vécu. Selon un décret paru mercredi 26 décembre au Journal Officiel, l’établissement public chargé de mener à bien ce projet voulu par Nicolas Sarkozy, sera officiellement dissous le 31 décembre 2012.
    Contre l’avis d’une partie des historiens, l’ancien président de la République avait imposé en septembre 2010 la création d’une institution dont l’ambition affichée était de « renforcer l’identité culturelle de la France ». Dénoncé unanimement par une gauche bien-pensante, soutenu du bout des lèvres par une droite parlementaire frileuse, ce projet controversé ne pouvait survivre aux arrière-pensées politiciennes qui avaient pitoyablement présidé à sa difficile création. 
    L’Histoire de France ne doit pas être le jouet des affrontements de façade qui opposent les frères siamois de l’UMPS. Pour affronter son avenir avec confiance, la France a besoin de ressouder nos compatriotes, si désemparés par ces temps de crise, autour d’un roman national fédérateur, d’une Histoire qui tourne le dos aux innombrables accès de repentance qui contaminent tant les discours officiels actuels, d’un récit passionné dont le contenu éminent ne se confondrait pas avec les disciplines historiques scientifiques qui doivent être sanctuarisées.

    Plutôt que de limiter les ambitions de notre pays en ce domaine à la création étriquée d’une institution muséographique, Marine Le Pen et le Rassemblement Bleu Marine s’engagent, avec un volontarisme sincère, à rénover en profondeur l’enseignement de l’Histoire de France, en rétablissant notamment la compréhension chronologique et spatiale de notre passé, afin de redonner à nos élèves, tous établissements scolaires confondus, les motifs de fierté légitimes qu’ils se doivent, aux côtés de leurs aînés, de cultiver inlassablement vis-à-vis de notre admirable Histoire multiséculaire.

    http://www.francepresseinfos.com/

  • AUX BOUFFEURS DE CURÉS, LES IMAMS SONT INDIGESTES (arch 2005)

    Empêtré dans ses devoirs de mémoire et, surtout, ne sachant exactement à qui il convient de les rendre, notre gouvernement est fâché avec les commémorations. En dix jours seulement, il a boudé le bicentenaire d'Austerlitz et glissé subrepticement sur le centenaire de la loi 1905, pourtant chère au coeur du président. Il faut dire qu'aux bouffeurs de curés, les imams sont indigestes.
    Si, comme on le dit dans Libération (9/12), « ni Jacques Chirac ni Dominique de Villepin n'ont prévu de commémorer aujourd'hui la promulgation du texte fondateur de la laïcité », cela bien que « depuis le début du quinquennal; le chef de l'Etat n'a( it) pas manqué une occasion de souligner l'importance de ce "pilier du temple" dont l'effondrement entraînerait la dislocation du pacte républicain », c'est peut-être parce que l'on a bien du mal à s'entendre, aujourd'hui, sur la définition de ce mot.
    On relèvera d'ailleurs que la mauvaise posture du gouvernement en cette matière tient, pour l'heure, à deux choses essentielles : primo, le mensonge quant au contenu de cette Loi de 1905 et à l'interprétation qui en est donnée ; secundo, la polémique qui fait rage sur la colonisation. À force de se tortiller pour ne déplaire à personne, ce qui conduit à se fâcher avec tout le monde, on arrive en effet à donner de la laïcité une définition qui ressemble trait pour trait à celle du communautarisme. Exemple par Jean Glavany, ancien ministre de l'Agriculture du gouvernement Jospin, qui, dans ce même article de Libération, se livre à l'exercice au nom du parti socialiste. «  Depuis Jaurès, dit-il, le combat laïc a été indissociable du combat social. En ce sens, les mesures visant à mieux vivre les différences mériteraient d'être qualifiées de laïques : Pacs, parité, vote des immigrés. Défendre la laïcité, c'est défendre la mixité sociale ».
    Ainsi, la laïcité ne serait pas, comme l'écrivent encore les dictionnaires, le « principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l’État n'exerçant aucun pouvoir religieux et les églises aucun pouvoir politique » ; ce ne serait pas non plus, comme on l'a laissé entendre ces dernières années, le commun dénominateur des citoyens dans la neutralité, en quoi on entretient d'ailleurs une certaine confusion entre laïcité et démocratie. Non, ce serait à l'inverse la reconnaissance et la promotion de tous les particularismes individuels. Vaste chantier !

    Une rhétorique typiquement léniniste

    Ce qui était intéressant, dans la vieille acception de la laïcité à la française, c'était la conception universaliste - certes totalement utopique. Ce qu'on nous propose en lieu et place est cette fois d' « inspiration fondamentalement totalitaire », écrit Alain-Gérard Slama dans le Figaro Magazine (10/12).
    « La France était un pays où l'on pouvait encore exister sans avoir à exciper d'une religion, d'une race ou d'une appartenance », écrit-il. Or « il ne se passe plus de semaine. sans que l'on voie surgir un nouveau groupe de pression à caractère ethnique ou religieux ». Slama fait ici allusion au Cran, Conseil représentatif des associations noires, « qui prétend identifier une politique et une couleur de peau » et qui, sous prétexte de « répondre à un "besoin" de reconnaissance et de mémoire [...] ambitionne de peser assez lourd dans le débat public pour imposer ses conditions aux candidats à la prochaine élection présidentielle ». La menace ne doit pas être sous-estimée, étant « à la mesure d'un discours qui renoue avec le fond et la tactique du léninisme, et qui dévoile ainsi son inspiration fondamentalement totalitaire ». Et Slama explique : « Comme chez Lénine, les droits formels reconnus par la démocratie à chaque citoyen sont considérés comme nuls et non avenus aussi longtemps qu'ils n'ont pas été traduits dans les faits pour tous. On renie ainsi l'universalisme, sous prétexte qu'il n'a pas empêché la colonisation, et qu'il a lui même servi de prétexte : on remet en cause le principe d'égalité sans distinction d'origine, de religion ou de race, au motif que le racisme n'a pas été éradiqué dans les sociétés modernes, on rejette la laïcité, en invoquant l'inégalité d'accès des cultes à la pratique religieuse dans l'espace public, on va même jusqu'à répudier la séparation entre le public et le privé, le politique et le culturel,dans le droit fil de la pensée totalitaire ».

    " La question principale est celle des lieux de culte musulman"

    On peut constater chaque  jour la traduction dans les faits de ce qu'énonce ci-dessus A.-G. Slama. Prosaïquement, Libération (9/12) constate : « Si les élus locaux se mobilisent davantage que les élus nationaux, c'est sans doute parce que la laïcité n'est pas pour eux un concept abstrait mais une réalité au quotidien ». En effet, « c’est sur leur bureau qu'aboutissent les demandes des musulmans pour que des créneaux horaires de piscine soient réservés aux femmes ou, d'accord avec les juifs, qu'une alternative au porc soit prévue dans les cantines, voire que la viande soit hallal ». De même, « si les élus se sentent directement concernés par la loi de 1905, c'est aussi parce que c'est à eux que s'adressent les musulmans désireux de construire une mosquée ». Et comme le confie Jean-Marie Boekel, le président PS de l'Association des maires de France, « La question principale qui se pose aux maires en ce moment, et la plus lourde, est celle des lieux de culte musulman ». Or, la loi interdisant toute subvention publique des cultes, « les élus bricolent, mettant quasi gratuitement à disposition des associations musulmanes des terrains sous forme de bail emphytéotique, finançant l'aménagement du parking, subventionnant la construction de salles destinées non à la pratique du culte mais à des activités culturelles, comme l'enseignement de la langue arabe… »
    Et pendant ce temps, le gouvernement regarde ailleurs.
    TOPOLINE National Hebdo décembre 2005

  • Bataille des mémoires : à l'applaudimètre de l'émotionnel, les « colonisés » seront toujours vainqueurs face aux « colonisateurs »

    Lors de sa visite officielle en Algérie les 19 et 20 décembre derniers, le président de la République a estimé que la colonisation française en Algérie avait été « brutale et injuste ». Gérard Longuet a expliqué quant à lui que « si elle était injuste, elle constituait, au regard de ce qu'était la société traditionnelle ottomane, un véritable progrès ».
    Interrogé par Jean-Benoît Raynaud pour Atlantico, l’africaniste Bernard Lugan donne son point de vue.
    Polémia
     

    Atlantico : Le président de la République a estimé ce jeudi que la colonisation française en Algérie avait été « brutale et injuste ». Interrogé par Public Sénat, l’ex-ministre de la Défense Gérard Longuet a déclaré ce vendredi matin que le colonialisme ne peut être jugé à l'aune d'aujourd'hui, et que, replacé dans son contexte historique, il a eu un bilan « acceptable » et même « positif ». Il a également ajouté que « si elle était injuste, elle constituait, au regard de ce qu'était la société traditionnelle ottomane, un véritable progrès ». Cette bataille des mémoires est-elle de nature à faire avancer le débat ?

     

    Bernard Lugan : Le débat sur la colonisation est stérile car il a échappé aux historiens pour être monopolisé par des groupes mémoriels. Or, la Mémoire n’est pas l’Histoire. L’historien est un peu comme un juge d’instruction : il travaille à charge et à décharge, alors que le mémorialiste ou le témoin sont, par définition, en pleine subjectivité. Avec le rôle « positif » ou « négatif » de la colonisation, deux mémoires se dressent ainsi l’une contre l’autre : celle des anciens « colonisateurs » et celle des anciens « colonisés ». Or, comme colonisation est devenu un mot-prison synonyme, à tort, d’exploitation, d’injustice et d’esclavage, l’incommunicabilité entre les deux mémoires est totale.

     

    A. Les anciens colonisateurs ont une logique comptable, alignant le nombre d’hôpitaux construits, les pourcentages d’enfants scolarisés ou encore les kilomètres de routes quand les anciens colonisés parlent de dignité bafouée.

     

    B.L. A l’applaudimètre de l’émotionnel, les seconds sont assurés d’être les vainqueurs. Que pèse en effet un livre de comptes face à une humiliation historique, réelle, supposée ou ressentie ?
    Pour tenter de « reprendre la main » les premiers devront alors mettre en avant leurs propres souffrances : exode de 1962, spoliation, attentats, assassinats, enlèvements qui ont d’ailleurs été scandaleusement oubliés par François Hollande dans son discours d’Alger. Désormais, ce sera donc Mémoire contre Mémoire. Mais dans ce type d’exercice, les jeux sont faits par avance et les anciens « coloniaux » assurés de perdre une fois de plus. En effet, et à supposer que leur part de souffrance soit prise en compte, il leur sera toujours opposé, in fine que, pour respectable qu’elle soit, la leur l’est dans tous les cas moins que celle de ceux qu’ils ont humilié en les colonisant… Les colonisateurs étant toujours présentés comme des agresseurs et les colonisés comme des victimes, nous sommes donc dans une impasse et comme je n’aime pas me sentir enfermé, je refuse d’entrer dans ce débat biaisé.

     

    A. Pour autant, peut-on laisser de côté le bilan « civilisationnel » de la colonisation ?

     

    B.L. Evidemment non car il est nécessaire de rappeler à ceux qui ne cessent d’accuser la France de les avoir colonisés, qu’à la veille des indépendances, ils mangeaient à leur faim, étaient gratuitement soignés et se déplaçaient le long de routes ou de pistes entretenues sans risquer de se faire rançonner. Mais cela avait un coût pour les Français, toutes les infrastructures créées en Afrique, ports, routes, pont, écoles, hôpitaux, voies ferrées etc., ayant été payées par les impôts de nos grands-parents.
    Daniel Lefeuvre a magistralement démontré comment l’Algérie fut un insupportable fardeau pour la France. En 1959, toutes dépenses confondues, celle qu’il baptise la « Chère Algérie » engloutissait ainsi à elle seule 20% du budget de l’Etat français, soit davantage que les budgets additionnés de l’Education nationale, des Travaux publics, des Transports, de la Reconstruction et du Logement, de l’Industrie et du Commerce ! Quels intérêts la France avait-elle donc à défendre en Algérie pour s’y ruiner ainsi avec une telle obstination, l’on pourrait presque dire avec un tel aveuglement ? La réponse est claire : économiquement aucun ! Qu’il s’agisse des minerais, du liège, de l’alpha, des vins, des agrumes etc., toutes les productions algériennes avaient en effet des coûts supérieurs à ceux du marché. Quant au pétrole et au gaz découverts par des Français, ils ne furent véritablement exploités qu’après l’indépendance.

     

    A. Vous avez écrit que « la question coloniale sert à désarmer moralement les Français ». Pouvez-vous expliquer ?

     

    B.L. Si nous faisons le bilan, c’est pour nos sociétés européennes que la colonisation fut une catastrophe. Aujourd’hui, elle est devenue une véritable « tunique de Nessus » qui fait peser sur les générations européennes à venir une hypothèque d’autant plus lourde qu’elles ne l’ont pas signée et dont elles demanderont un jour pourquoi elle sont condamnées à en honorer les traites. Combien de temps encore les jeunes Européens accepteront-ils en effet de se soumettre aux incantations accusatoires de ceux qui veulent leur faire croire que, puisque, et par postulat, leurs grands-parents ont « pillé » l’Afrique, ils sont donc condamnés à subir et à réparer ? D’autant plus qu’ils ont sous les yeux le spectacle de ceux qui, tout en accusant la France de tous les maux, forcent cependant ses portes pour y trouver de quoi survivre ou pour s’y faire soigner. Laissons parler les chiffres. Il y eut au maximum 1.500.000 nationaux (ou Européens) installés dans tout l’Empire français, dont les deux tiers dans la seule Algérie. Or, aujourd’hui, les populations originaires de notre ancien empire et vivant en France, comptent plus de 6 millions de personnes, naturalisés compris, soit quatre fois plus qu’il n’y eut de « colons ». Là est le vrai bilan colonial.

     

    Propos recueillis par Jean-Benoît Raynaud
    Atlantico
    22/12/2012

     

    Correspondance Polémia – 28/12/2012