Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

anti-national - Page 1187

  • Des hors la loi occupent une église avec la bénédiction du vicaire !

    L’église de l’Estrée, située à Saint-Denis, a été occupée hier par plusieurs dizaine de clandestins, lesquels exigent leur régularisation. Le vicaire de la paroisse, l’abbé Thierry Geisler, « trouve leur démarche normale sur le fond« , espérant cependant « que ça ne va pas se transformer en une occupation de longue durée » car « d’un point de vue sanitaire on n’est pas armés pour les accueillir« .

    Les clandestins ont accroché sur le parvis de l’église, en arrivant ce matin, une banderole « Non aux expulsions des sans-papiers ». Quant à Hicham Hassanine, délégué de la Coordination 93 de lutte pour les sans-papiers, il dénonce et s’explique :  « On dénonce le mauvais traitement des dossiers des sans-papiers: les durées d’attente des dossiers excessivement longues, la qualité d’accueil, les refus de dossiers » .

    Quelques questions se posent : la France a-t-elle encore le droit de posséder la maîtrise de son territoire et de réguler les flux migratoire à l’aune de du bien commun ? La régularisation des clandestins, par ailleurs, leur est-elle due ? Quelle arrogance tout de même d’arriver clandestinement dans un pays souverain chez lui, en violant la loi, et de pousser l’indécence jusqu’à exiger d’être régularisé comme si l’on était chez soi ! Quant au prêtre desservant, il ferait mieux de remplir ses églises de fidèles plutôt que de se lancer dans un combat politique qui ne le concerne pas et d’appeler à la désobéissance civile dans un domaine où l’État est pourtant souverain : ce n’est pas tout de prêcher à tout bout de champ la séparation de l’Église et de l’État, il faut la vivre Monsieur l’Abbé! Ce sera sans doute, dans ce cas, un moindre mal…

    http://www.contre-info.com/

  • Trafic d'organes : la boîte de Pandore

    Dans un rapport prochainement soumis à l'assemblée du Conseil de l'Europe, un parlementaire suisse, Dick Marty, pointe les crimes de l'Armée de libération du Kosovo. Si les dénégations persistent, les langues se délient... La polémique gronde, tout particulièrement en Suisse.
    Titulaire du Département fédéral des affaires étrangères, et présidente de la Confédération helvétique en 2011, Micheline Calmy-Rey est bien embarrassée. Elle devait recevoir le mois dernier un prix de la Diaspora kosovare des mains de l'ambassadeur du Kosovo en Suisse, Naim Malaj ; compte tenu des "circonstances", la cérémonie a été reportée à une date indéterminée.
    Deux ans d'enquête
    Ces circonstances défavorables, ce sont la stupéfaction et l'indignation qu'ont suscitées les révélations, ou allégations, contenues dans un rapport du parlementaire suisse Dick Marty au Conseil de l'Europe ; un document qui pointe les horreurs imputées aux dirigeants kosovars, dont l'actuel Premier ministre Hashim Thaçi, durant le conflit en 1999 et 2000. La consternation et la gêne sont d'autant plus vives à Berne que la Suisse officielle se flattait jusqu'alors d'avoir fait le "bon choix", en s'alignant sur les États-Unis et l'OTAN afin de faire rendre gorge aux "méchants" serbes.
    La Confédération a d'ailleurs été un des premiers pays à reconnaître l'indépendance du Kosovo. Et lors de l'inauguration de l'ambassade de Suisse à Pristina, en mars 2008, Mme Calmy-Rey renouvelait son soutien, en espèces sonnantes et trébuchantes, au régime séparatiste. À l'époque, cet engagement du ministre des Affaires étrangères, sa précipitation peu diplomatique avaient provoqué des critiques en Suisse, notamment celles de Dick Marty, conseiller aux États tessinois et alors président de la commission de politique extérieure de l'Assemblée fédérale.
    La même année, en 2008, Dick Marty entamait ses recherches sur le crime organisé au Kosovo, à la suite de rumeurs persistantes jamais prises en compte par les grandes puissances. De ce travail d'investigation mené sur deux ans est résulté un document de vingt-huit pages révélant, avec force détails, qu'en pleine guerre du Kosovo des combattants séparatistes de l'UCK ont assassiné plusieurs centaines de prisonniers serbes afin de prélever leurs reins pour en faire commerce. Le rapport de Dick Marty a été adopté le 16 décembre en commission du Conseil de l'Europe ; il devrait être examiné à la fin janvier en assemblée plénière.
    Devant le scandale qui enfle, les responsables kosovars arguent d'un manque de preuves matérielles et parlent d'« éléments fabriqués ». Dans une déclaration à la presse suisse, Hashim Thaçi compare même la démarche de Dick Marty à « la propagande de Goebbels ». À quoi le parlementaire tessinois, juriste de formation, répond : « Nous n'avons pas colporté de simples rumeurs, mais décrit des faits qui se fondent sur de multiples témoignages, des documents, des faits objectifs. »
    Odieux commerce
    Le rapport en question s'appuie sur de nombreuses sources, allant des services secrets anglais, italiens,allemands et même américains à des témoins directs des événements. M. Marty a en outre bénéficié des connaissances d'experts ayant enquêté ces dernières années sur diverses scènes de crimes de guerre. Parmi eux, l'anthropologue et légiste d'origine péruvienne José Pablo Baraybar, qui s'est confié au quotidien Le Temps (18 décembre). Selon ce témoignage, les prisonniers serbes, de même que des musulmans kosovars accusés de "collaboration" avec Belgrade, étaient transférés dans le Nord de l'Albanie pour être ensuite assassinés au fur et à mesure des besoins de transplantation. Le rapport de Dick Marty fait état d'une « maison jaune » située à Burrell, au nord de Tirana, et qui aurait été la plaque tournante du trafic d'organes. Au sein de l'UCK, c'est un clan mafieux, le Groupe de Drenica dirigé par Hashim Thaçi, qui se livrait à ce sinistre commerce, assure le document avalisé par le Conseil de l'Europe. L'argent provenant de ce trafic aurait été déposé sur des comptes en banque en dehors de l'Albanie, notamment en Suisse, un pays que connaît bien Hashim Thaçi pour y avoir obtenu l'asile politique en 1995.
    Cynisme international
    Dick Marty affirme que la "communauté internationale" avait connaissance de ces faits, mais qu'elle a gardé le silence pour ne pas déstabiliser ses protégés kosovars, et afin de ne pas affaiblir sa diabolisation de l'ancien président serbe Slobodan Milosevic. Quant au légiste J.-P. Baraybar, interrogé sur l'absence de preuves matérielles, il précise que des policiers allemands envoyés en 1999 au Kosovo par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) ont collecté quatre cents échantillons d'ADN ; rapportés en Allemagne, ces échantillons auraient ensuite été détruits, le Tribunal s'en étant désintéressé. Haut représentant des Nations Unies au Kosovo entre 1999 et 2001, Bernard Kouchner rejette en bloc le contenu du rapport de Dick Marty qui, pourtant, recoupe et complète les accusations portées par l'ancien procureur Carla Del Ponte dans un livre publié en 2008, La traque, les criminels de guerre et moi (éd. Héloïse d'Ormesson, pour l'édition française de 2009). Dans cet ouvrage, l'ancienne magistrate se plaint d'avoir subi des pressions de l'ONU afin de la dissuader d'enquêter sur le trafic d'organes humains au Kosovo.
    Malgré les dénégations, Bernard Kouchner comme d'autres acteurs majeurs de cette sombre période ne pourront échapper au soupçon de complicité passive. D'autant que l'affaire n'est pas close. Ainsi, le gouvernement serbe a demandé au Tribunal pénal international de La Haye d'ouvrir une enquête sur les responsables de la Mission de l'ONU au Kosovo qui, selon Belgrade, auraient dissimulé des preuves concernant les crimes aujourd'hui imputés à l'UCK. Avec son habituel sens de la mesure, Bernard Kouchner a qualifié Dick Marty de « pauvre homme ». Sans doute parce que l'imprudent a ouvert la boîte de Pandore.
    Guy C. Menusier L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 6 au 19 janvier 2011

  • 10 preuves que nous vivons dans des économies factices

    « Il est temps d’admettre que nous vivons dans une économie factice », écrit le blog américain The Idealist. Les gens réclament des emplois, et les politiciens les leur promettent, mais les politiciens ne peuvent créer d’emplois. Et il ne faut pas compter sur les médias pour nous ouvrir les yeux, tout occupés qu’ils sont à glorifier les ‘people’, parce qu’ils sont riches. Ainsi, la semaine passée, Kim Kardashian a fait la une du Huffington Post parce que son chat est mort, rappelle-t-il.

    Il cite 10 autres preuves qui attestent de l’illusion de nos économies :

    1/ Les faux emplois. Non seulement les chiffres du chômage sont minimisés artificiellement par les instances gouvernementales, mais 80% des emplois ne produisent aucune valeur. Ils pourraient disparaître demain sans menacer la survie et le bonheur de l’humanité

    2/ Les problèmes créent des emplois, et non des solutions. Nous ne réglerons jamais les problèmes de la drogue, de la violence, des codes des impôts trop complexes, …etc., parce que ces problèmes permettent d’employer des policiers, des percepteurs, des gardiens de prison, des fonctionnaires… En d’autres termes, nous avons besoin de ces problèmes totalement fabriqués pour créer de l’emploi artificiel.

    3/ L’argent n’a pas de valeur. L’argent est l’illusion la plus trompeuse. L’argent n’a de la valeur que parce que la loi le décrète. Mais l’argent n’est que du papier avec de l’encre, et sa valeur réelle est nulle. Les seules choses qui aient de la valeur, c’est le travail, les matériaux, la nourriture, l’eau et l’énergie.

    4/ Les banques centrales rachètent les dettes des nations. Aux Etats Unis, la Fed prête de l’argent au gouvernement américain qui émet des obligations pour financer ses dépenses. Ces obligations sont ensuite proposées aux investisseurs. Mais en pratique, c’est la Fed qui en rachète près de 90%. C’est ce que l’on appelle la monétisation de la dette. Dans la zone euro, cette monétisation de la dette a aussi lieu lorsque la BCE rachète des obligations souveraines des pays en difficulté, comme Mario Draghi s’est engagé à le faire en juillet de l’année dernière.

    Or ceci ne consiste en rien de moins qu’une chaîne de Ponzi. Dans ce système, les taux d’intérêt sont artificiellement maintenus à un bas niveau (s’ils étaient le reflet de la demande réelle des investisseurs pour ces dettes, ils seraient plus élevés).

    5/ La détermination de la valeur est faussée. Le mécanisme de fixation des prix est désormais tellement affecté par des variables exogènes qu’il devient difficile de déterminer quelle est la valeur réelle des choses. Les subventions de l’Etat, les taxes, les lois et les règlements, la manipulation des taux d’intérêt, et la spéculation sur les matières premières sont autant de facteurs qui compliquent la valorisation des biens et des services.

    6/ L’échec est récompensé. On demande aux citoyens de se serrer la ceinture pour porter secours à des gouvernements, des institutions financières, ou des entreprises. Et lorsque quelqu’un réussit par la force de son travail, il est lourdement imposé pour financer les plans d’aide d’institutions qui se sont mal comporté.

    7/ Les organisations privées ont les mêmes droits que les êtres humains, mais pas les mêmes sanctions. Cela devient évident lors de catastrophes industrielles : à quoi aurait été condamné un homme qui aurait provoqué une catastrophe de l’ampleur de celle de la plateforme Deepwater Horizon? Il aurait été jugé comme un tueur psychopathe, et on aurait veillé à ce qu’il ne puisse plus jamais nuire.

    8/ Les gens achètent des choses avec de l’argent qu’ils n’ont pas. Malgré l’inflation, le chômage en hausse et l’effondrement des marchés immobiliers, l’achat à crédit ne ralentit pas. Or, rien n’est pire pour une économie que des emprunts adossés à des valeurs dont les retours sur investissement sont négatifs : voitures, cartes de crédit, et prêts étudiants, par exemple.

    9/ Les créateurs d’entreprises sont punis. Règlementations abusives, multiplication des considérations écologistes (pas toujours fondées)… Nos économies créent de la dépendance là où il n’y en a pas besoin. La bureaucratie toujours plus lourde entrave les entreprises, quand elles ne les étouffe pas de façon fatale.

    10/ L’esclavage moderne. Les banques centrales et les banques commerciales créent de l’argent à partir de rien, et cette création monétaire transforme les gouvernements, les industries et les familles en esclaves. Et même en l’absence d’endettement lié à un crédit, il faut payer des impôts et les effets de l’inflation…

    Express.be http://fortune.fdesouche.com

  • Des retraites en babouches dorées

    « Retraités » en France ou immortels en Algérie, les immigrés peuvent dire merci à la CNAV... et aux salariés français qui cotisent.
    « Vivre en France » ? Rien de plus simple, ni de plus confortable, pourvu que l'on se soit doté d'un précieux petit livret publié sous ce titre explicite par l'Agence Nationale de l'Accueil des Étrangers et des Migrations et destiné, comme de juste, aux « ressortissants étrangers arrivant en France ». Cet opuscule de 66 pages, financé par les contribuables les plus généreux de la planète, prodigue tous les renseignements utiles concernant la liberté syndicale, la meilleure manière de trouver un logement social ou d'obtenir la nationalité française, l'accès aux crèches, à l'assistance sociale, à l'aide ménagère, à la contraception et à l'« IVG » remboursée mais qui « doit rester exceptionnelle car des interruptions de grossesse trop fréquentes pourraient compromettre de futures grossesses », à la Couverture Maladie Universelle pour ceux qui ne travaillent pas, et même à l'emploi, si toutefois l'on y tient vraiment : « Avoir un emploi, c'est important. Si vous désirez travailler, vous devez avoir un titre qui vous y autorise. » Comme on dit à Marseille, où les lecteurs du livret sont pléthore, avec des « si » on mettrait l'ANPE en bouteille.
    709 euros de retraite par mois, 1 157 pour un couple
    Plus fort encore : un immigré âgé de plus de 65 ans, lorsqu'il débarque en France pour la première fois, a droit à « l'allocation de solidarité aux personnes âgées » (APSA). L'information figure en toutes lettres dans le livret d'accueil, page 54 : « Vous n'avez pas travaillé en France ou vous n'avez pas assez travaillé pour avoir des droits à la retraite, vous pouvez demander l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) ». Autrement dit, 709 euros de retraite par mois, 1157 pour un couple.
    Combien d'agriculteurs ou de petits commerçants ne perçoivent-ils pas cela au bout de toute une vie de travail et de cotisations en France ! Combien de veuves qui ne touchent qu'une chiche pension de réversion, et dont les maris ont pourtant mis au pot des caisses de retraite, des années durant ! Rappelons que la pension de réversion moyenne représente moins de 600 euros par mois - ce qui constitue d'ailleurs un énorme scandale dans un pays dont les dirigeants n'ont que le mot de « parité » à la bouche. Et ce sont ces mêmes caisses de retraite, abondées par les cotisations des salariés, qui payent généreusement l'ASPA aux nouveaux débarqués, qui n'ont jamais travaillé en France, ni jamais cotisé.
    Qui osera prétendre, ensuite, que les caisses de retraite sont déficitaires ? Et quel dirigeant ira sans rougir demander aux Français de travailler plus longtemps pour sauver la répartition ?
    1 milliard d'euros aux retraités algériens, morts ou vifs
    On apprend également aux premières pages de « Vivre en France » que notre pays « compte 62 millions d'habitants ». Apparemment, c'est insuffisant aux yeux de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) censée gérer les retraites des salariés du secteur privé. Les magistrats de la Cour des comptes se sont en effet aperçus lors d'un contrôle que la caisse versait une pension à de très nombreux centenaires algériens retournés passer leur retraite au bled. Faut-il que le climat algérien soit excellent pour assurer une telle longévité... À moins que ce ne soit le climat de la CNAV : il apparaît assez curieusement que les centenaires algériens sont plus nombreux parmi les pensionnés de la caisse que sur les registres de l'état-civil algérien...
    En somme, ce n'est pas parce que la poule aux œufs d'or est morte qu'il faut que ses enfants et petits-enfants cessent de plumer les cotisants français. Papi est mort, vive papi ! Les retraités algériens de la CNAV ont trouvé le secret de l'immortalité et leur nombre ne cesse d'augmenter.
    Combien coûte cette fraude à la caisse de retraite des salariés ? Il est difficile de le préciser ; mais la CNAV paie annuellement 1 milliard d'euros aux retraités algériens, morts ou vifs.
    Hervé Bizien monde & vie du 2 avril 2011

  • Des effets pervers de la partitocratie

    Très tôt, la science politique ou les observateurs des mécanismes de la politique dans les démocraties parlementaires occidentales ont été conscients des dérives potentielles de ce système.
    - Montesquieu insistait sur la séparation des pouvoirs, idéal à atteindre pour garantir les libertés citoyennes. Pour Montesquieu, la démocratie est le régime qui garantit justement ces libertés citoyennes: on ne peut les atteindre optimalement qu’en garantissant une séparation aussi nette que possible entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. En abattant toutes les cloisons entre ces pouvoirs, la partitocratie a annulé la démocratie au sens où l’en­ten­dait Montesquieu. Par rapport à l’idéal démocratique, la partitocratie con­stitue donc une régression. Et non, comme elle le prétend trop souvent, son accomplissement définitif.
    - Tocqueville, en observant les mécanismes électoraux aux Etats-Unis dans la première moitié du XIXième siècle, constate, en fait, que la liberté d’entreprendre et de créer de la nouveauté, de penser, de vivre selon ses désirs et ses convictions, risque à terme d’être mise en danger par la démagogie égalitaire des partis et par l’action sans scrupules de démagogues irresponsables, regroupés en so­cié­tés, en lobbies, en groupes de pression ou en patronnages divers, ne s’adressant quasiment jamais à la raison, mais toujours aux sen­ti­ments les plus troubles ou aux sens les plus veules, empêchant ainsi le citoyen moyen de regarder les réalités politiques avec lucidité. En principe, Tocqueville ne s’oppose pas à l’égalité, mais estime qu’elle ne doit jamais menacer l’exercice de la liberté.
    - Max Weber, en prenant le relais de Tocqueville, écrivait dans Le savant et le politique que le système politique anglo-américain, en dépit de son étiquette démocratique, était “une dictature, reposant sur l’exploitation de l’émotionalité des masses”. Weber a d’abord plai­dé pour un fonctionnariat d’Etat complètement détaché des partis car il craignait par dessus tout les dérives d’un spoil system à l’a­mé­ricaine, qu’avait déjà entrevues Tocqueville. Weber était cependant fasciné par les grandes machines politiques américaines du début de notre siècle, bureaucratisées à l’extrême mais plus honnêtes que leurs futures imitatrices européennes, dans la mesure où à chaque élection, les fonctionnaires nommés par le gouvernement précédent sont irrémédiablement démis de leurs fonctions si leur parti perd la partie: ils sont renvoyés à la société civile, quitte à recommencer leur quête politique, en se “rebranchant” à nouveau sur la vie réelle de la population, en partageant ses efforts et ses déboires face aux con­jonctures économiques ou aux pratiques du pouvoir. Weber aura une position ambivalente: d’un côté, il admire la neutralité axiolo­gique des fonctionnariats permanents et non partisans, sur le mode prus­sien; de l’autre, il admire la sélection impitoyable exercée par les “bosses” des partis américains qui se choisissent à chaque élection un personnel dévoué, qu’ils installent dans les rouages de l’Etat (mais pour quatre ans seulement, si la fortune politique ne leur sourit qu’une fois! Accepter le verdict électoral est honnête, en dépit des magouilles politiciennes; refuser le verdict des urnes est une malhon­nêteté foncière, même si les magouilles sont mieux contrôlées!). La pra­tique de nommer définitivement les fonctionnaires des cabinets pro­visoires, en dépit des aléas électoraux, est notamment une per­version du système belge.
    - Toujours dans Le savant et le politique, Weber a eu ces mots durs, pour les premières manifestations de partitocratie en Allemagne, qu’elles émanent des socialistes ou des démocrates-chrétiens: «[Les constitutionalistes révolutionnaires du pays de Bade] considèrent [...] l’Etat et les emplois administratifs simplement comme des institutions destinées à procurer uniquement des prébendes. [...] le parti du Zentrum (ndlr: d’obédience chrétienne-démocrate) [...] inscrivit même à son programme l’application du principe de la répartition propor­tion­nelle des emplois selon les confessions religieuses, sans se soucier de la capacité politique des futurs dirigeants». Aberration aux yeux de Weber, car «… le développement de la fonction publique moderne [...] exige de nos jours un corps de travailleurs intellectuels spécialisés, hautement qualifiés, préparés à leur tâche profession­nelle par une formation de plusieurs années et animés par un hon­neur corporatif très développé sur le chapitre de l’intégrité. Si ce sen­timent de l’honneur n’existait pas chez les fonctionnaires, nous se­rions menacés d’une effroyable corruption et nous n’échapperions pas à la domination des cuistres. En même temps, il y aurait grand péril pour le simple rendement technique de l’appareil d’Etat…». Quant aux révolutionnaires les plus radicaux: «Ils abandonnent la di­rection de l’administration à de véritables dilettantes, tout simplement parce qu’ils disposent de mitrailleuses». Weber a dénoncé claire­ment l’esprit partisan, tant chez les pseudo-démocrates aux discours soft que chez les ultra-révolutionnaires annonçant l’avènement d’un système totalitaire.
    Marco Minghetti, les partis politiques et leur ingérence dans la justice et l’administration
    Marco Minghetti (1818-1886) était un homme politique italien du XIXième siècle, qui a vécu l’unification italienne et a assisté à l’émergence de la culture politique particulière de son pays. Très tôt, il a perçu les dérives potentielles de la partitocratie à l’italienne (et à la belge). Deux secteurs de l’appareil d’Etat sont principalement menacés par les démagogues de la partitocratie selon Minghetti: la justice et l’administration. Ces secteurs sont soumis à toutes sortes de pressions, afin d’édulcorer toute sévérité éventuelle des ma­gis­trats à l’encontre des démagogues. La partitocratie, dès son émer­gen­ce dans l’histoire, tente d’abolir toutes les cloisons entre les pou­voirs, non pas pour rendre le pouvoir au peuple, mais pour le confis­quer entièrement au profit d’états-majors occultes, qui ne veulent laisser aucun espace neutre dans l’appareil d’Etat.
    Minghetti s’oppose à ce processus pour garantir les droits et les li­ber­tés de ses concitoyens. Dès lors, la lutte contre l’utilisation par­ti­sa­ne de l’administration et de la justice a pour objectif de protéger les citoyens contre toutes interventions arbitraires, émanant d’une ad­ministration ou d’une justice ayant perdu et leur indépendance et leur objectivité, qui se montrent simultanément juge et partie, ce qui est une hérésie sur le plan du droit. Minghetti veut préserver la séparation des pouvoirs, afin d’éviter une trop grande concentration du pouvoir entre les mains de la majorité, qui contrôle déjà de droit le gouvernement. Il faut dès lors qu’au sein des assemblées législa­tives, les députés puissent conserver un maximum d’indépendance d’esprit et de vote; ensuite, que l’administration et la magistrature puis­sent, le cas échéant, résister efficacement à l’exécutif.
    Entre les partis qui émergent au temps de Minghetti et les partis d’au­­jourd’hui, il y a une différence de taille. L’Etat n’était guère inter­ventionniste du temps de Minghetti: il demeurait cantonné dans ses at­tri­butions classiques (battre monnaie, faire la guerre, organiser l’ar­mée, assurer la diplomatie, maintenir l’ordre intérieur, etc.). Au­jour­d’hui, les attributions de l’Etat se sont considérablement éten­dues: elles englobent des pans entiers de la sphère sociale, du do­maine de la santé, de l’enseignement et interpellent beaucoup plus étroite­ment la vie économique.
    L’Etat a donc été amené à multiplier les contrôles de nature formelle et de tolérer le développement de pouvoirs de fait, vastes, arbitraires et largement capillarisés dans la société. Cette évolution n’est nullement condamnable en soi, mais elle implique une technicité accrue des interventions, que le personnel habituel, fauteur et béné­ficiaire de la démagogie, n’est pas en mesure de prester, puisqu’il n’a pas été sélectionné pour ses compétences mais pour sa fidélité à des slogans, des doctrines simplistes et boîteuses ou une cama­ra­derie de mauvais aloi avec des ténors sans scrupules. La comple­xification et la diversification des administrations auraient dû aller de paire avec une formation toujours plus poussée du personnel ad­ministratif et des fonctionnaires. Depuis une centaine d’années, con­statent les admirateurs italiens actuels de Minghetti, malgré l’ampleur continue du processus de complexification des inter­ventions de l’E­tat, peu de choses sinon rien n’a été entrepris pour améliorer les qua­lifications professionnelles des fonctionnaires. Les décisions arbi­traires d’un personnel inqualifié (sinon inqualifiable) sont effecti­ve­ment condamnables et inacceptables, tandis que les décisions réflé­chies d’un personnel bien écolé garantiraient efficacité et correction pour le bénéfice de tous. Un fonctionnariat qualifié constitue une garantie de liberté pour les citoyens. Un fonctionnariat non qualifié, recruté par démagogie partisane, constitue une menace permanente et inacceptable pour la masse des citoyens.
    Minghetti et ses disciples actuels énumèrent quelques tares ma­jeu­res de ce système de partis:
    Première tare: Les “démocraties” multipartites ont œuvré pour que soient exclues de l’administration toutes les personnalités compé­ten­tes. Celles-ci se sont recyclées dans le secteur privé, affaiblissant du coup les pouvoirs réels de contrôle de l’administration étatique.
    Deuxième tare: le personnel administratif est recruté trop exclu­sive­ment parmi les juristes, dont la tendance est de vénérer le for­ma­lisme juridique au détriment de toutes les autres démarches de l’es­prit. Depuis Minghetti, peu de choses ont changé en ce domaine.
    Troisième tare: le personnel administratif, recruté par les instances partisanes, se ligue désormais en syndicats, qui interviennent lourde­ment dans les mécanismes de la décision politico-admininistrative. Ou bloquent la machine étatique pour obtenir des avantages de toutes sortes, salariaux ou autres. Le risque est patent: aucun cor­rec­tif aux dysfonctionnements ne peut plus être apporté, s’il é­gra­ti­gne, même très partiellement, les intérêts immédiats et matériels des fonctionnaires syndiqués.
    Quatrième tare: l’indépendance des juges risque de devenir lettre morte. Les collusions entre élus de la classe politique et magistrats entraînent des alliances fluctuantes entre les uns et les autres, au dé­triment des simples citoyens non encartés et non politisés.
    Face à ces déviances, Minghetti suggère:
    - Une réduction de l’aire d’intervention de l’Etat (c’est une option li­bérale classique);
    - Une décentralisation administrative;
    - De développer des méthodes de contrôle de l’administration;
    - D’assurer une meilleure formation des fonctionnaires, en limitant le juridisme de leur formation antérieure et en créant de bonnes écoles de sciences administratives, où le savoir empirique est mis à l’hon­neur, au détriment des savoirs trop abstraits (ce vœu de Minghetti n’a quasiment pas été exaucé);
    Conclusion: Minghetti a plaidé pour une déconstruction des ap­pa­reils partisans, auxquels il reprochait de représenter un “catholicisme étatique” ou “un catholicisme des partis”.
    Moiséï Jakovlevitch Ostrogorsky (1854-1918), critique des démocraties partisanes
    - Russe de confession israëlite, Ostrogorsky a étudié et enseigné à Saint-Petersbourg, à Paris (à l’Ecole libre des sciences politiques) et aux Etats-Unis.
    - Ses références sont Montesquieu et Tocqueville; sa pensée est influencée par Roberto Michels et Max Weber (qui, à son tour, tirera profit de son œuvre).
    - Il participe activement à la vie politique russe et en 1906 il est député à la Douma pour le parti constitutionnel-démocrate (les “Ca­dets”).
    - En France, son œuvre, rédigée en français, influence Charles Pé­guy et Charles Benoist (tous deux sceptiques à l’égard du suffra­ge uni­versel).
    Pour Ostrogorsky, les partis ne sont au départ que de simples associations privées, des regroupements de citoyens qui demandent éventuellement, sur le mode de la pétition, au pouvoir politique de légiférer dans tel ou tel sens. Au titre d’associations privées, les partis ne sauraient être considérés comme des agents institutionnels permanents. Mais comme ils le sont devenus, on peut légitimement admettre que la démocratie parlementaire n’est plus qu’une façade, derrière laquelle se déploie un système de décision occulte, arbi­traire, orchestré dans les états-majors des grands partis.
    Ostrogorsky ne réclame pas la suppression des partis, mais prône le dépassement voire le démantèlement des “partis permanents” et leur remplacement par des “partis ad hoc”, c’est-à-dire des regrou­pe­ments politiques qui se constitueraient à intervalles réguliers et sous la pression des faits, pour obtenir telle ou telle réforme concrète et disparaîtraient de la scène une fois celle-ci obtenue). Ostrogorsky nommait “ligues” ou “initiatives à projet unique”, ces “formations ad hoc”, destinées à soutenir des candidats prêts à voter ou faire voter un projet. Bien qu’il ne l’ait jamais dit explicitement, le modèle d’Ostrogorsky semble avoir été les ligues françaises de la fin du XIXième siècle: Ligue des Patriotes (1882), Ligue des Droits de l’hom­­me (lors du procès Dreyfus), Ligue d’Action Française (Maurras et Daudet).
    La permanence des partis indique qu’ils ne sont pas là pour réaliser des réformes concrètes, utiles et urgentes pour la communauté po­pu­laire, mais pour promouvoir des “chefs” (des “bosses”) ou des oligarchies fermées, à l’aide d’une idéologie préfabriquée, irréaliste et démagogique, incapable d’appréhender les ressorts du réel, ex­citant une fraction des masses d’électeurs, utile seulement au re­cru­tement de voix qui seront comptabilisées pour maximiser l’in­fluence du parti et de ses chefs dans la société en général, en s’emparant d’autant de postes de commande que possible, afin d’amorcer la pompe à finances via les recettes fiscales.
    Ostrogorsky constate que la fonction des masses dans la démocratie moderne n’est pas de gouverner, comme l’affirme la théorie démo­cratique, car elles n’en seraient de toute façon pas capables, même si on leur donne tous les instruments constitutionnels et juridiques pour le faire (législation directe, référendum, etc.). Dans tous les cas de figure, ce sont de petites minorités qui accèdent au gouvernement des pays. Ces minorités agissent pour concentrer le maximum de pouvoir autour d’elles: c’est ce qu’Ostrogorsky appelle “la loi de gravitation de l’ordre social”. Les masses servent de réservoir de voix pour des minorités alternatives, qui concentrent petit à petit du pouvoir autour d’elles. Les masses les servent pour intimider les gou­vernants, qui risquent de perdre des plumes dans les “loteries élec­torales”, s’ils ne vont pas à l’encontre des désirs divers et sou­vent incohérents du gros de la population.
    Face à ces minorités, les individualités non encartées, non inféodées aux formations de masse sont écrasées et tyrannisées par le biais de la police ou surtout de l’impôt. Dans cette société civile se crista­lisent des contre-poids, qui ne sont toutefois pas assez puissants pour abattre tout de suite les oligarchies dominantes. Les citoyens non encartés doivent louvoyer entre les obstacles dressés par les oligarchies, parier sur les innovations techniques (cf. Schum­peter) pour contourner les interdits imposés par le régime en place, ou en appeler aux anciens résidus religieux, forces morales établies et a­vérées, éventuellement mobilisables contre le régime en place.
    Finalement, le citoyen isolé n’a que très peu d’influence sur la désignation des candidats figurant sur les listes qu’on lui présente à chaque élection. Il peut créer l’opinion, en pariant tantôt sur l’héritage du passé tantôt sur les espoirs d’avenir, mais cette opinion qu’il exprime ou formule sera filtrée par les états-majors des partis, qui dé­signeront des candidats qui voteront selon les injonctions du parti et non pas selon les intérêts des citoyens qui les ont élus.
    Le gouvernement est donc aux mains d’une classe politique, certes relativement ouverte —elle n’est pas une caste fermée— mais qui constitue néanmoins un groupe en soi. Elle gère le pays face à l’indifférence et la passivité des masses. Celles-ci ne sont pas davantage actives que du temps où toute opposition était absente et où il n’y avait pas de “démocratie” . Le droit de vote est considéré comme une évidence, mais on ne lui accorde par une grande valeur, on ne comprend pas clairement l’enjeu et le sérieux de ce droit. Cette ignorance générale des masses laissent aux minorités actives une large marge de manœuvre.
    Ostrogorsky dénonce enfin le “formalisme politique” ou le “for­ma­lisme partisan”. C’est, dit-il, un ennemi de la raison, il oblitère la cons­cience individuelle et le courage civil. L’organisation de tout parti est toujours trop rigide, la doctrine idéologique est trop simpliste, les rit­uels annihilent les volontés et l’esprit critique. Certes, admet Os­tro­gorsky, toute forme culturelle implique organisation, doctrine et ri­tuels, mais, dans le cas des partis politiques modernes, le degré d’or­ganisation, le poids de la doctrine et des rituels ont dépassé la limite acceptable. Le parti ne sert plus à faire passer de l’innovation dans la société, à y injecter un surplus d’éthique, à re­stau­rer des va­leurs estompées, mais à couvrir d’un “voile de bien­séance” les tur­pitu­des et les corruptions des oligarques.
    Ce formalisme, explique Ostrogorsky, est le nouveau visage de la tyrannie, qui a toujours, au fil des temps, changé sa face pour mieux se dissimuler aux naïfs et les tromper. La tyrannie est une hydre à mille têtes: inutile d’en trancher une, il en repoussera d’autres, sans discontinuité. La liberté est un idéal qui a du mal à s’implanter dans les têtes, alors que les hommes acceptent benoîtement la tyrannie, sous quelque forme qu’elle se présente. Vouloir changer ces dis­po­sitions de l’âme est un travail de Sisyphe.
    Panfilo Gentile reprend le flambeau de Minghetti
    Panfilo Gentile (1889-1971), politologue et célèbre journa­liste italien, n’hésitera pas à parler de déviances mafieuses du système des par­tis. Les démocraties partito­cratiques sont pour lui des “démo­craties mafieuses”. Il écrit: «Quand le pouvoir est exercé au profit du parti [...] tout scandale est couvert par un vaste réseau de complicités. La respon­sabilité remonte très haut, implique les leaders et les sous-leaders du parti, les hommes du gouvernement [...] Les faits scan­da­leux sont alors ignorés et si des adversaires les dé­noncent, on trou­ve le moyen de les minimiser». Ou encore: «Les oligarchies mafieu­ses, que les démocraties modernes tendent à produire, sont des oli­gar­chies de petits bourgeois sans occupation fixe, imbus de clé­ri­ca­lisme idéologique, portés à l’intolérance et à l’esprit sectaire». «Mais les idéologies ne sont en réalité que de vieilles idées, devenues populaires [...]. Des schémas doctrinaires ont été créés qui trouvent tout à coup une codification intangible. Chaque parti a sa Torah, ses docteurs, ses pharisiens et ses zélotes. L’idéologisme porte à la clé­ri­calisation des esprits. Les démocraties modernes reposent sur le dog­matisme universel, même si l’on admet théoriquement la con­currence entre une pluralité de dogmatismes».
    Le tableau est planté. Panfilo Gentile, disciple de l’école élitiste ita­lien­ne (Gaetano Mosca, Vilfredo Pareto, Roberto Michels), a dé­non­cé, vingt-cinq ans avant les scandales politiques italiens du début des années 90, les mécanismes corrupteurs de la partito­cra­tie. Ceux-ci se développent à partir des linéaments idéologiques sui­vants:
    1. Le marxisme intellectuel, religionnaire, considéré comme l’ersatz d’une eschatologie ou d’une sotériologie religieuse (==> PCI). Les formations politiques qui se réclament de cette sotériologie laïque sont prêtes à mobiliser toutes les ressources sans hésitation pour accéder au pouvoir, prélude à l’avènement d’un modèle social, posé d’emblée comme définitif.
    2. L’ingérence constante des ecclésiastiques dans la politique, dans l’espoir de forger un “parti unique des catholiques” (==> DC). Ce parti unique devra barrer la route à tous les autres et s’étendre à tou­tes les strates de la population.
    3. L’engouement pour les programmations économiques et le pla­nis­me irresponsable, conduisant à énumérer toutes les choses dé­si­ra­bles à réaliser, … sans couverture financière réelle. Une fiscalité lour­de étant censée alimenter le financement de ces projets fabuleux.
    4. L’infiltration par les partis, mus par les idéologèmes que nous ve­nons d’énumérer, de tous les rouages de l’Etat.
    Dans l’Italie des années 60, la partitocratie, disait Gentile, est un “clé­rico-marxisme”, ou, disait Augusto Del Noce, un “catho-com­mu­nisme”. Elle a conduit à “une politique pure­ment démagogique qui a accumulé déficit sur déficit et a fragilisé l’économie”. C’est le “sy­stè­me de la carte du parti qui a pollué l’appareil bureaucratique et les pouvoirs de l’Etat. Un régime ainsi stratifié et consolidé semble aujour­d’hui pratiquement impossible à modifier et à restructurer”. Dans un interview accordé en 1969, Panfilo Gentile précise sa pensée: «En d’autres mots, les démocraties mafieuses sont des régimes basés sur la détention de la carte du parti, tout comme dans les véritables régimes totalitaires. La différence entre les deux sy­stèmes, c’est que dans les ré­gi­mes totalitaires, il n’y a qu’un seul type de carte, tandis que dans les “démocraties mafieuses”, on consent à l’existence de plusieurs types de carte; mais il s’agit de cartes fina­le­ment “confédérées” au sommet et, en définitive, cela revient au même, c’est comme s’il n’y avait qu’une carte unique; celle au singulier du régime totalitaire ou celles au pluriel des ré­gimes partitocratiques, sont toutes génératrices de pri­vilèges, octro­yés par ceux qui sont au pouvoir [...]. Alors, quand de tels régimes se constituent, les oppositions n’ont plus de place [...]. Les oppositions sont reléguées dans une espèce de ghetto invisible. Les détenteurs du pouvoir dé­tiennent également le monopole des moyens de propa­gan­de et de persuasion occulte. Les éditeurs, la presse, les prix littéraires, les subventions aux théâtres et aux cinéastes sont inva­ria­blement soumis à une insupportable discrimi­na­tion politique».
    Les seize tares majeures de la partitocratie selon Gonzalo Fernandez de la Mora
    Pour Gonzalo Fernandez de la Mora, ancien ministre d’Espagne, phi­losophe du politique de réputation internationale, directeur de la re­vue Razon española (Madrid), jette un regard critique sur les pra­tiques des partitocraties et y décèle seize contradictions majeu­res:
    1. Les partis de la partitocratie subissent un processus d’oli­garchisation interne:
    Selon la loi mise en exergue au début du siècle par Roberto Michels, c’est-à-dire la “loi d’airain des oligarchies”, les partis tendent à se fermer sur eux-mêmes, à se hiérarchiser et à renforcer la puissance de leurs appareils. Ce processus relègue les bases à l’arrière-plan, celles-ci ne sont au­to­risées à voter que pour un délégué désigné par la direction. L’impulsion est donc autoritaire et non populaire. L’en­sem­ble des adhérents aux partis en compétition n’excède jamais 5% de la population. Les partis sont donc de toutes petites minorités qui prennent arbitrairement en charge la totalité des électeurs.
    La contradiction est donc flagrante: les partis ne sortent en aucun cas du cycle des oligarchies qu’ils avaient prétendu abolir au nom de la démocratie.
    2. Les partis de la partitocratie impliquent une pr­ofes­sion­na­lisation de la politique.
    Les membres des oligarchies partisanes se transforment rapidement en professionnels de la lutte pour le pouvoir. Mais ces professionnels ne se cantonnent pas dans un domaine précis, pour lequel ils au­raient effectivement des compétences dûment sanctionnées par l’u­niversité ou une grande école. Les “professionnels de la politique”, au contraire, ne sont spécialistes de rien et se retrouvent tour à tour présidents d’une banque publique, directeurs d’un réseau ferroviaire, d’un service hospitalier, d’un service postal, d’une commission de l’énergie nucléaire ou ambassadeurs dans un pays dont ils ne con­naissent ni la langue ni les mœurs. Nous nous trouvons dès lors fa­ce à un personnel non spécialisé, dépourvu de compétences, mais po­sé arbitrairement comme “omnivalent”.
    La contradiction est également flagrante ici: les partis se présentent comme des agences efficaces, capables de placer au poste ad hoc les citoyens compétents, sans discrimination d’ordre idéologique, mais ne casent finalement que leurs créatures, en excluant tous les autres et en n’exigeant aucune compétence dûment sanctionnée.
    3. Les partis provoquent une crise de l’indépendance.
    L’idéal démocratique, c’est d’avoir des assemblées de notabilités capables de juger les choses politiques en toute indépendance et objectivement. Le système des partis coupe les ailes à ceux qui souhaitent se présenter en dehors de toute structure partisane. En effet, le parcours du candidat-député indépendant est plus long et plus difficile. Même s’il réussit à se faire élire, il aura des difficultés à faire entendre sa voix, face aux verrous placés par les partis dans la sphère des médias et de la presse.
    La contradiction est une nouvelle fois patente: les partis annoncent qu’ils sont démocratiques, qu’ils défendent la liberté d’expression de tous indistinctement, mais, par leur action et leur volonté de tout contrôler et surveiller, il semble de plus en plus difficile de se porter candidat en dehors de leurs circuits.
    4. Les partis provoquent l’appauvrissement de la classe politique.
    Les oligarques des partis tendent à recruter des adjoints fidèles et naïfs incapables de leur porter ombrage ou de les dépasser. Con­sé­quence: le niveau intellectuel et moral du parti s’effondre. Les ficelles sont tirées par des démagogues conformistes et peu compétents. Les quelques talents qui s’étaient perdus dans les coulisses des par­tis sont progressivement mis sur la touche ou quittent le parti, dé­goû­tés.
    La contradiction est nette: les partis ne sont nullement des agences qui assurent la promotion des meilleurs, mais, au contraire, qui sé­lec­tion­nent et propulsent aux postes de commande les plus médio­cres et les plus corrompus.
    5. Les partis éclipsent le décor politique.
    Les états-majors des partis sont tenus à une certaine loi du secret. Ils ne dévoilent jamais entièrement leurs batteries. L’information qu’ils fournissent aux citoyens est souvent mensongère et biaisée.
    Contradiction: l’électorat, censé choisir clairement ses diri­geants, ne reçoit que des informations tronquées et ma­quillées. L’électorat n’est pas informé mais désinformé. Ses choix sont dès lors peu raison­na­bles.
    Le décor politique devient flou, vu les dissimulations et la po­lysémie de langage dont usent et abusent les oligarchies politiciennes. On ne sait plus qui défend quoi.
    6. Les oligarchies partisanes spolient l’électorat.
    Si de larges strates de l’électorat ne se retrouvent pas dans les principaux partis, si les candidats indépendants n’ont pratiquement aucune chance de faire passer leur pro­gram­me, l’électorat n’a plus d’autre possibilité que l’abstention. Mais celle-ci, par la magie électo­rale, se transforme en ap­pui à la majorité.
    Contradiction: non seulement les oligarques partisans cumulent les voix de leur propre clientèle (ce qui est logique), mais ils “rackettent” celles des opposants silencieux qui s’abstiennent. La démocratie par­tito­cratique, qui avait claironné qu’elle serait plus représentative que les formes antiques et médiévales de la représentation popu­lai­re, constitue de fait une régression. Le citoyen n’a plus la liberté de ne pas être client, de vaquer tranquillement à ses occupations pro­fes­sionnelles, à ses devoirs familiaux, avec l’assurance d’être traité en toute équité en cas de problème. Il n’est plus perçu comme un hom­me libre, capable de faire un choix judicieux, qu’il s’agit de res­pec­ter, mais comme le réceptacle docile de propagandes simplistes, distillées par les bureaux des partis.
    7. La partitocratie est un réductionnisme d’ordre éthique.
    Sur le plan éthique, le système des partis constitue également une régression dangereuse:
    1. Tous les adversaires de ce système sont dénoncés comme des “ennemis de la démocratie”, dénonciation qui équivaut à celle de “satanisme” dans les procès de sorcellerie au moyen-âge. Or comme le terme de démocratie recouvre un océan de définitions divergen­tes, on peut condamner même la personne la plus innocente, en la dé­signant comme “ennemie de la démocratie”. Les partitocraties mon­trent par cette pratique qu’elles ne respectent aucune opinion qui serait susceptible de leur porter ombrage.
    2. Les partis, pour fonctionner dans les partitocraties, pompent énor­mé­ment de deniers publics, y compris auprès de ceux qui n’ont pas voté pour les formations du pouvoir. Si ceux-ci émettent des pro­tes­tations, ils sont accusés de ne pas être “solidaires”. Les oligar­ques uti­lisent le réflexe de l’éthique de la solidarité pour justifier une spo­liation, dont les victimes ne peuvent se défendre ni par le biais des tri­bunaux politisés ni à travers le travail des chambres qui sont mu­se­lées.
    3. Les partis ont fait voter des lois qui leur permettent de récupérer en dotations publiques leurs frais de fonctionnement ou de propagande. Le procédé est malhonnête car ces sommes ont été levées par coercition, sans qu’aucun contribuable ne puisse y échapper. Pour Gon­zalo Fernandez de la Mora, «c’est, assurément, la forme la plus répugnante de rapine à main armée que celle qui s’exerce par les armes de l’Etat et en marge de la légalité comme dans le pire des féo­dalismes, mais en proportions incomparablement supérieures».
    8. L’instrumentalisation des parlementaires.
    La discipline qu’imposent les partis-machines aux députés qui ont été élus sur leurs listes est telle que le parlementaire ne peut plus émettre, dans les assemblées, un vote divergent de celui qu’ordonne le parti. Sinon, il est marginalisé voire exclu des prochaines listes électorales. La liberté individuelle du parlementaire est ainsi annulée.
    9. Le paradoxe des transfuges.
    Le transfuge, qui, à la suite d’un désaccord ou par pur opportunisme, change de liste ou de parti, conserve son mandat et commet une double fraude: à l’égard de ses anciens dirigeants et à l’égard de ses électeurs. Mais la partitocratie admet ce genre de procédé, montrant ainsi la dépersonnalisation totale du député, qui devient un pion in­ter­changeable.
    10. les partis provoquent la dévaluation intellectuelle des cham­bres.
    Les projets de la majorité sont présentés au parlement. L’opposition minoritaire n’a que quelques minutes pour préparer ses réponses ou suggérer des amendements. Il est donc impossible, de cette maniè­re, de lancer un débat de fond et de développer des arguments ap­pro­fondis, raisonnables et cohérents. Les chambres déchoient ainsi en fictions rhétoriques, en spectacles.
    11. Les partis provoquent la dévaluation politique des cham­bres.
    Comme l’exécutif procède de la majorité parlementaire, et que celle-ci est composée de députés dociles, dont le vote est parfaitement pré­­visible, les chambres perdent leur rôle politique: celui de critiquer l’exécutif, de lui imposer des amendements, de le faire tomber le cas échéant. La partitocratie confisque aux chambres leur rôle dans le fonc­tionnement de la démocratie.
    12. Les partis dévaluent le rôle des chambres sur le plan fiscal.
    Les chambres sont nées justement pour limiter le pouvoir du sou­ve­rain et surtout pour freiner ses appétits économiques. Les chambres sont là pour défendre les citoyens, faire en sorte que ceux-ci ne paient que le strict nécessaire en matière d’impôt. Dans les as­sem­blées d’origine, les chambres s’opposent aux exagérations du Prin­ce. Dans les partitocraties, au contraire, elles se transforment en as­sem­blées dociles qui entérinent les décisions de l’exécutif et ne dé­fendent plus les intérêts des citoyens. Ce qui est une entorse sup­plémentaire au principe de la représentation démocratique.
    13. Les partis dévaluent le rôle législatif des chambres.
    Les chambres ont été créées pour contrôler le Prince ou le pouvoir exécutif en exerçant leurs compétences légiférantes. Les lois de­vaient ainsi être forgées pour le bénéfice du peuple, en le sous­tra­yant à tout arbitraire du Prince ou de l’exécutif. Dans les partito­cra­ties, ce rôle de légiférant-protecteur est annulé, dans la mesure où la majorité parlementaire entérine formellement les textes que l’oligar­chie partisane a décidé de transformer en lois. L’idée inspiratrice de ces textes vient du chef ou de l’état-major et de leurs conseillers et non pas des membres de l’assemblée, qui n’ont même pas l’obli­ga­tion de les lire!! les chambres déchoient ainsi en un espèce de notariat collectif qui accorde une sorte de caution publi­que à des tex­tes composés et décidés ailleurs. Conclusion: la capacité législative des chambres dans les partitocraties décroît, jusqu’à atteindre le point zéro.
    14. Le pouvoir des partis dans une partitocratie conduit à l’irresponsabilité du gouvernement.
    En théorie, le gouvernement est responsable devant les assemblées. Dans les partitocraties, où il y a une majorité stable, il a les mains ab­solument libres et n’est même plus obligé de tenir compte de l’op­po­sition. Il s’accorde l’impunité et compte sur la mémoire courte des électeurs, qui oublieront ses trafics avant les nouvelles élections.
    15. La partitocratie conduit à la politisation de l’administration.
    On peut parler d’une politisation de l’administration, dès que les fonc­tion­naires agissent dans le sens que leur dicte leur parti, ne cherchent plus à appliquer l’ordre juridique en place et ne respectent plus le principe de l’équité. L’oligarchie partitocratique peut ainsi politi­ser l’administration, en limitant son accès à ses affiliés ou ses sympathisants ou en octroyant des récompenses et des promotions à ses seuls féaux. Nous avons assisté à l’émergence d’une sorte de né­potisme collectif. Toute administration politisée est par définition par­tiale et donc injuste.
    16. La partitocratie conduit à la fusion des pouvoirs.
    L’idéal démocratique de Montesquieu, repose, pour l’essentiel, sur la séparation des pouvoirs. Depuis des temps immémoriaux, les hommes savent que l’on ne peut être à la fois juge et partie. Gonzalo Fernandez de la Mora écrit: «Pour faire en sorte que l’indépendance du pouvoir judiciaire ne soit pas diminuée ou annulée par des nor­mes que le pouvoir exécutif fabrique à son bénéfice exclusif, il faut que le pouvoir législatif soit indépendant du pouvoir exécutif [...] (Mais) dans les partitocraties [...] le pouvoir exécutif assume de fait le pouvoir législatif et tend à influencer aussi l’interprétation et l’applica­tion des lois [...]. Le mode le plus efficace pour atteindre de telles fins est d’intervenir dans la nomination et le placement des magistrats».
    Conclusion
    Le constat de Gonzalo Fernandez de la Mora est simple: la partito­cratie tend à confisquer à son profit tous les pouvoirs, en noyautant l’administration par placement de ses créatures, en intervenant dans la nomination des magistrats, en annulant l’indépendance des par­lements et des députés. Elle est ainsi la négation de l’Etat de droit (qu’elle affirme être par ailleurs), parce qu’elle désarme les gouvernés face aux erreurs et aux errements de l’administration et fa­ce aux abus d’autorité. La fusion des pouvoirs, au bénéfice d’un exé­cutif de chefs de partis, correspond à ce que les classiques de la scien­ce politique nommaient la tyrannie. Même la dictature provisoire à la romaine respectait l’indépendance des juges et garantissait ainsi l’équité. Outre l’anarchie et la loi de la jungle, l’installation de tri­bu­naux partiaux et partisans est la pire des choses qui puisse arriver à une communauté politique. Les événements de Belgique l’ont prou­vé au cours de ces dernières années.
      Robert Steuckers  http://robertsteuckers.blogspot.com/
    Bibliographie:
    - Peter E. J. BUIKS, Alexis de Tocqueville en de democratische revolutie. Een cultuursociologische interpretatie, Van Gorcum, Assen, 1979.
    - Alessandro CAMPI, «La critica alla partitocrazia nella cultura politica italiana: 1949-1994. Una rassegna storico-bibliografica», in: Futuro Presente, n°4, Perugia, 1993.
    - Ramon COTARELO, «¿Son necesarios los partidos politicos en la democracia?», in: Razón Española, n°53, mayo-junio 1992.
    - Gonzalo FERNANDEZ de la MORA, «Contradicciones de la partitocracia», in Razón Española, n°49, sept.-oct. 1991.
    - Gonzalo FERNANDEZ de la MORA, «Cooptación frente a sufragio universal», in: Razón Española, n°54, jul.-aug. 1992.
    - Julien FREUND, Sociologie de Max Weber, PUF, Paris, 1968.
    - Jesus FUEYO, «La degradación de la democracia», in: Razón Española, n°53, mayo-junio 1992.
    - Panfilo GENTILE, Democrazie mafiose (a cura de Gianfranco de TURRIS), Ponte alle Grazie, Firenze, 1997.
    - Hans-Helmut KNÜTTER, «Staats- und Parteienverdrossenheit – Ursache und Konsequenzen», in: Mut, 1994.
    - Hans-Helmut KNÜTTER, «Man weiß nicht mehr, was man will, sondern nur, was man ablehnt», in: Junge Freiheit, n°6/1994 (Interview réalisé par Peter Boßdorf).
    - Klaus KUNZE, «Der totale Parteienstaat», in: Junge Freiheit, Januar-Februar 1992.
    - Klaus KUNZE, «Der Weg der Parteiendemokratie in den feudalen Parteienstaat», in: Staatsbriefe, 3/1992.
    - Klaus KUNZE, «Plebiszite als Weg aus dem Parteienstaat», in: Junge Freiheit, Okt. 1992.
    - Angel MAESTRO, «La partitocracia en crisis», in: Razón Española, n°54, jul.-aug. 1992.
    - Marco MINGHETTI, I partiti politici e la loro ingerenza nella giustizia e nell’amministrazione, Prefazione di Carlo Guarnieri, Societa Aperta, Milano, 1997.
    - Wolfgang MOMMSEN, Max Weber. Gesellschaft, Politik und Geschichte, Suhrkamp, Frankfurt a. M., 1974.
    - Vincenzo PACIFICO, «Marco Minghetti: il padre della “destra storica” italiana e la sua opera. Spirito de patria», in Percorsi, n°4, mars 1998.
    - Karl PISA, Alexis de Tocqueville. Prophet des Massenzeitalters. Eine Biographie, DVA, Stuttgart, 1984.
    - Caspar von SCHRENCK-NOTZING, «Die verdeckte Krise des Parteiensystems», in: Junge Freiheit, Juli/August 1991.
    - Caspar von SCHRENCK-NOTZING, «Das Grundübel unserer Demokratie liegt darin, daß sie keine ist», in: Junge Freiheit, Dezmber 1993.
    - Robert STEUCKERS, Partitocratie et polyarchie: le cas belge, manuscrit non encore publié.
    - Helmut STUBBE-da LUZ, «“Nicht die Formen studieren, sondern die Kräfte!”. Moisei J. Ostrogorski (1854-1919), ein Pionier der Parteienkritik», in: Criticón, n°148, pp. 193-198, München, 1995.
    - Juan VALLET de GOYTISOLO, «¿Democracias no partito­cra­cias?», in: Razón Española, n°54, jul.-aug. 1992.
    - Alberto VANNUCCI, Il mercato della corruzione. I meccanismi dello scambio occulto in Italia (Prefazione di Alessandro PIZZORNO), Sociéta Aperta, Milano, 1997.
    -Max WEBER, Le savant et le politique (Préface de Raymond ARON), UGE-10/18, Paris, 1963. 

  • Défendre les indépendances nationales, défendre la paix

    La France, où plus exactement ceux qui parlent en son nom, aiment donner des leçons de morale et de démocratie au monde entier. C’est pourtant dans notre pays, et pas dans la Russie de Poutine, qu’un syndicaliste, Dominique Morel de la Fédération nationale des chauffeurs routiers, a été exclu de son syndicat au motif qu’il était adhérent du FN. Ce n’est certes pas le premier à être victime de cet ostracisme là, et a contrario comme l’a souligné le secrétaire général du Front National,  Steeve Briois « on n’a jamais vu des militants d’extrême-gauche être exclus d’un syndicat pour double appartenance ». Gardiens du temple de la bien-pensance qui ont crié également au scandale après l’annonce de l’exil fiscal de Gérard Depardieu et pire encore après l’annonce que Vladimir Poutine, avait signé un décret lui accordant la nationalité russe. Philippe Randa a souligné que l’acteur « l’a remercié dans une lettre ouverte en déclarant son amour pour la Russie, son admiration pour la démocratie au pays des Ivans et pour son président exemplaire. » M. Depardieu se déclarait il y a peu « citoyen du monde »,  il semble donc qu’il ait changé d’avis…

    «L’opinion publique relève M. Randa, ne semble pas vraiment condamner l’acteur. Au contraire… La France d’en bas, celle qui est non seulement aussi majoritaire que trop silencieuse, qui se « lève tôt » et crache sans cesse au bassinet des dépenses publiques et de l’assistanat généralisé, ne se montre guère vindicative contre la star du 7e Art. Il y a ceux (…) qui espèrent qu’après ce couac fiscal, les socialistes cessent, au moins momentanément, leurs folles augmentations d’impôts, ceux qui suivent encore le bon sens populaire et se disent qu’en tout état de cause, il vaudrait mieux retenir pour leur propre confort un richissime Gérard Depardieu que laisser entrer en France des dizaines de milliers d’Affamés du Tiers-Monde supplémentaires chaque année… et il y a les 2,8 millions de personnes au chômage qui, de toute façon, ne voient pas ce que le départ de Gérard Depardieu va changer à leur sort…».

    Le politologue Dominique Reynié indiquait dans Les Echos 25 décembre que la portée du départ de l’acteur ne doit pas être sous-estimée : «M. Depardieu, c’est le peuple : à 14 ans il a travaillé comme imprimeur. Sa fortune, il ne la doit pas à un héritage, mais à son travail et à son talent. C’est le type même de parcours que l’on ne peut que saluer dans les milieux populaires. Comment comprendre que l’on puisse stigmatiser la réussite de quelqu’un qui est, comme l’on dit, parti de rien ? Gérard Depardieu, c’est Obélix et c’est donc aussi la France. Gérard Depardieu, c’est enfin la force vitale. Christian Clavier et Gérard Depardieu sont partis. C’est comme si Astérix et Obélix avaient été contraints de quitter la France. Astérix et Obélix, c’est une France populaire et joyeuse. La gauche devrait être attentive à cette combinaison de symboles. »

    Symboles que M. Poutine manie avec conviction, comme l’ont prouvé une nouvelle fois ses vœux de bonne année au peuple russe -http://french.ruvr.ru/2013_01_01/Voeux-de-Nouvel-An-du-president-Vladimir-Poutine-aux-citoyens-de-la-Russie- qui tranchent avec le laborieux robinet d’eau tiède sociale-démocrate, la prose sans souffle, sans chair ni grandeur des vœux d’un François Hollande et de ses prédécesseurs. Un président russe  droit dans ses bottes qui heurte la « sensibilité » des médias depuis longtemps, lui qui   déplorait  il ya quelques années que la France soit devenue   « la colonie de ses colonies », qui entend rendre à son pays sa pleine souveraineté et qui résiste aussi au mondialisme dans le dossier syrien, allant même jusqu’à répondre à François Hollande et à Laurent Fabius  qu’il était «   prêt à défendre Damas jusque dans les rues de Moscou ! »

    Ce départ de Depardieu, est-il noté sur le site de La Voix de la Russie, « aura réveillé en France la haine de toute une caste politico-médiatique pour ce grand pays européen, indépendant et fier de l’être.  Et lorsque l’icône Brigide Bardot, la plus belle Marianne que la France ait pu rêver, joue la polémique en annonçant aussi son départ pour la Fédération de Russie, on atteint des sommets de manipulations et de mensonges. » Sont cités ici à titre d’exemple, les propos de Laurent Joffrin, le 4 janvier sur France 2 dans l’émission de Télématin, Les 4vérités.  M. Joffrin  s’était fait  remarquer, le 23 juin dernier par son ton de procureur particulièrement  méprisant et violent  à l’égard de Marine le Pen dans l’émission « Les paroles et des actes » sur cette même chaîne.

    Une partialité  que M. Joffrin, ancien directeur de Libération,  passé au Nouvel Observateur inflige aussi à ses lecteurs et auditeurs quand il évoque la sainte Russie  de M Poutine. Il  n’est certainement  pas le plus objectif pour en parler puisque  c’est un  Young Leader  -http://www.gollnisch.com/2012/05/24/un-gouvernement-tres-faf/- « un de ces français, choisit et choyé par les USA, via une officine très proche des services secrets américains et chargé de promouvoir les relations entre la France et la puissance atlantiste. On n’y trouve, très peu– on devrait même dire aucun– ami de la Russie. »

    Un gouvernement russe  confronté lui aussi à  «  des terroristes islamistes cherchant à déstabiliser le Caucase (…)  aux ordres de certaines officines américaines, qui là comme en Syrie, en Libye, les utilisent pour créer le chaos chez les ennemis. »

     Libye « libérée » par l’Otan, pays plongé en plein chaos, alors que plusieurs vidéos de tortures infligées par les forces de sécurité  à des partisans supposés de Mouammar Kadhafi sont sorties récemment sur Internet. Bernard -Henry Lévy va-t-il nous expliquer que c’est pour la bonne cause ?

     Syrie  multiconfessionnelle qui  après 21 mois de conflit comptabiliserait  60 000 morts selon l’ONU, nation  elle aussi victime du jeu trouble du Nouvel ordre mondial dans cette partie du monde.

    Les médias s’en sont offusqués, les défenseurs des souverainetés nationales et autres résistants aux menées du Nouvel ordre mondial s’en sont félicités, Marine Le Pen  a réaffirmé dans un entretien diffusé lundi par la chaîne syrienne  Sama TV  -consultable sur le site du FN- la position du Mouvement qu’elle préside  contre « l’ingérence » étrangère en Syrie . Première personnalité politique occidentale a avoir accepté  de parler à un média syrien,  Marine  a souligné  la  cohérence de son opposition aux tentatives de déstabilisation dont est victime  le peuple syrien tout entier, et non pas seulement le régime en place .  « Nous nous battons en France pour la souveraineté du peuple français mais nous défendons également la liberté, la souveraineté et l’identité de tous les peuples du monde dont nous pensons qu’ils doivent garder la maîtrise de leur destin », a-t-elle notamment déclaré.

    Dimanche dernier pour son premier discours officiel depuis sept mois, Bachar el Assad a  tenu à remercier les prises de positions des pays (  Russie, Chine, Brésil,  Afrique du Sud, Iran) qui ont refusé toute ingérence dans les affaires internes de la Syrie. Affirmant combattre des « terroristes » proches d’Al Qaïda,  il a  rappelé que  le conflit n’opposait pas « le pouvoir et l’opposition, mais la patrie et ses ennemis, le peuple et ses assassins ». « Pouvons-nous dialoguer avec des gangs qui prennent leurs ordres de l’étranger ? ».

    Force est de constater l’évidence, à savoir  que  les miliciens djihadistes continuent de grossir les rangs de « l’insurrection » . Jabhat Al-Nosra qui prône l’élimination des chiites, la soumission des chrétiens à la  charia et le califat islamique   a amené des milliers de combattants étrangers en Syrie, notamment d’Irak où réside  le cheikk  Abou Mous’ab el Zarqawi.

    Pour autant,  a souligné Bachar el Assad ,  « ceux qui ne sont pas d’accord avec nous en politique (…)  et qui n’ont pas porté atteinte aux principes de la Nation,  nous sommes prêts à dialoguer avec eux, avec  des partis et des individus qui n’ont pas vendu leur patrie aux étrangers, qui sont prêts à jeter les armes et qui se soucient réellement de l’intérêt de la Syrie, de sa stabilité et de son indépendance. »

     Autre geste « d’ouverture », du président syrien, ce dernier a évoqué la « (nécessité), pour la première étape d’une solution politique, que les puissances régionales cessent de financer et d’armer l’opposition ». Une déclaration  qui semble  faire  écho au plan de paix porté par le diplomate algérien et émissaire de la Ligue arabe et de l’Onu ppour la Syrie Lakhdar  Brahimi. L’ambassadeur algérien prône un gouvernement de transition avec le  maintien de Bachar el Assad jusqu’à la fin de son mandat qui s’achève en 2014.

     Cependant, nous voyons mal le régime syrien se plier à tous les  souhaits dont M. Brahimi se fait le porte-parole, notamment le démantèlement des institutions militaires et des services de sécurité syriens sous prétexte de leur restructuration ;   ou encore la réduction des pouvoirs de l’Etat central  au prétexte d’une phase de transition.  Et ce, dans une logique de démembrement de l’Etat syrien comme ce fut le cas en Yougoslavie après la guerre d’agression de l’Otan de 1999

    Le bloggeur Nasser Kandil insiste sur le fait que les obstacles sont nombreux  avant de prétendre installer en Syrie un « gouvernement de transition ayant tous les pouvoirs » et  « réussir à démolir l’État syrien et ses institutions politiques et militaires ». En effet, «  la Russie d’aujourd’hui n’est plus la Russie d’hier. Après les expériences vécues en Yougoslavie, en Irak et en Libye, elle ne couvrira pas des résolutions (…) pour  autoriser une intervention militaire qui mettrait la Syrie sous tutelle onusienne au nom d’un prétendu maintien de la paix. »

    De plus, «  Une intervention militaire des USA et de l’OTAN dépasse les capacités des mêmes va-t-en-guerre après leur défaite en Afghanistan et en Irak, et aussi à cause de la situation géostratégique de la Syrie où une telle initiative s’accompagnerait de conséquences dévastatrices sur Israël et la Turquie ; ce qu’ils voudraient absolument éviter.»

    Enfin,  «  La Syrie n’est pas la Yougoslavie. Malgré toutes leurs tentatives pour briser l’unité nationale et territoriale, installer des émirats et des roitelets sectaires, et étendre le conflit vers l’Irak, le Liban et, éventuellement, la Jordanie, les Syriens sont restés majoritairement solidaires de leurs autorités légitimes ; majorité garante de la survie de l’État et de ses institutions (…) »

    Bref, « la seule solution en Syrie (…)  passe par un cessez-le-feu qui devra être garanti par M. Brahimi et Cie, et par Jabhat Al-Nosra  et équivalents, ainsi que par des observateurs, intègres et neutres, issus du Haut commissariat des Nations Unies pour s’assurer de la transparence d’élections mises sur pied dans les trois mois. Dès lors, celui qui obtiendra 50% des voix plus une formera le gouvernement, celui qui détiendra les 2/3 des voix rédigera la constitution, et celui qui en sortira avec le 1/3 des voix aura le droit de veto ; l’ensemble du processus aboutissant, dans un délai maximum d’une année, à une nouvelle constitution soumise à référendum et à des élections législatives. Le temps sera venu de passer aux élections présidentielles et la vérité sortira des urnes. »

    «  Celui qui se lancerait à la recherche d’une autre solution aura à poursuivre sa guerre ! » conclut-il.  Mais les grandes consciences et autres spécialistes autorisés qui fustigent les massacres en Syrie depuis mars 2011   dans les médias occidentaux veulent-ils vraiment la paix ? Avec Bruno Gollnisch il est permis d’en douter.

    http://www.gollnisch.com

  • Le RSA va t-il remplacer le SMIC ?

     

     

    Nous allons commencer cette nouvelle année par une mauvaise nouvelle. Non, vous ne rêvez pas. Il ne s’agit pas d’une blague ou d’une grosse fatigue après les fêtes. Ce que vous allez lire ci-dessous est une réalité. Le gouvernement envisage sérieusement de supprimer le smic. De ce fait, le RSA deviendra de facto le seul “salaire” de référence.

    Cette montée en puissance programmée du RSA au détriment du SMIC est un projet fou qui va modifier radicalement toute la politique sociale française.

    Tout commence en 2011, le PS a préparé un programme politique qui a consigné noir sur blanc l’impérieuse nécessité de revaloriser très sérieusement le SMIC dès l’élection du candidat socialiste. Il se trouve que le même candidat socialiste, durant toute la campagne n’a cessé de prendre ses distances avec une grande partie du programme. Mais le plus marquant fut le refus de François Hollande de prendre à son compte l’augmentation importante du SMIC prônée par son parti.

    Arrivé au pouvoir, tout le monde se souvient encore des quelques centimes d’augmentation accordés comme une faveur par le gouvernement au 1er juillet 2012.

    En fait, pour ceux qui connaissent le nouveau président, son opposition au SMIC n’est pas nouvelle. Depuis longtemps, François Hollande est un adepte de la pensée (très discutable) de Alain Minc. Ce dernier a toujours soutenu la disparition du SMIC au prétexte que des salaires trop élevés faisaient le lit du chômage en France.

    Faire disparaître le salaire minimum de référence est donc une bonne façon de baisser l’ensemble de la grille salariale afin de permettre aux entreprise d’embaucher enfin à des conditions acceptables…

    Dès son arrivée au pouvoir, Hollande demande à une commission d’experts de plancher sur les réformes possibles du SMIC. Deux des conclusions du rapport ont été immédiatement suivie : depuis le 1er janvier 2013, plus de coup de pouce et majoration indexée sur l’inflation.

    Les autres mesures officielles préconisées par le rapport sont :

    - Créer des SMIC selon l’âge des bénéficiaires,

    - Créer des SMIC selon les régions (ce que le patronat réclame depuis des lustres),

    - Abandonner tout principe de revalorisation (art de laisser couler une référence).

    Bref, les experts proposent de “casser” le SMIC en petits morceaux afin de mieux l’enterrer…

    Mais, il existe aussi une mesure non officielle dans ce rapport dont le gouvernement s’est bien gardé de parler. Sous le prétexte qui reste à démontrer que : “Le SMIC n’est pas un instrument efficace de lutte contre la pauvreté et les bas revenus“, le rapport préconise de ne plus revaloriser que le RSA. Ce point est extrêmement important.

    Le SMIC est un salaire qui pèse sur les entreprises. Le RSA est à la charge de l’État. Comme le même rapport demande au gouvernement de ne plus légiférer en matière de droit du travail, on imagine facilement la suite : laissons les entreprises payer et gérer les salariés comme elles le souhaitent et l’État aidera les plus pauvres.

    Voilà en résumé le nec plus ultra du libéralisme à la sauce Hollande : un marché du travail totalement déréglementé dont la suppression du SMIC sera le fer de lance et des bonnes œuvres étatiques bien organisées… et revalorisées.

    C’est rétrograde, stupide et suicidaire.

    Source: Loi 1901 via l’excellent blog Au Bout De La Route (qui, pour l’occasion reprend une illustration du talentueux dessinateur Konk.)

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Grande-Bretagne : L’Europe ? Non merci !

    Aujourd’hui, près de 60% des Anglais seraient favorables à une sortie de l’Union Européenne. En tête de file de ce mouvement en plein essor, le député européen Nigel Farage, également leader du UK Independence Party. Celui-ci a su convaincre, et ses partisans se multiplient.

    Parmi eux, une ONG fait campagne pour l’organisation d’un référendum sur la séparation d’avec l’UE, tandis que l’éditorialiste du «Daily Mail», Peter Hitchens, écrit que la montée en puissance de Bruxelles est un véritable putsch. Un lord a même lancé un concours : 25.000 euros à qui trouvera la meilleure solution pour sortir de l’Union.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Mgr Cattenoz : « Je ne vois pas comment un Gouvernement de gauche et franc-maçon pourrait nous être favorable » .

    Choqué par les récentes déclarations de Vincent Peillon, Monseigneur Cattenoz, l’archevêque d’Avignon, s’insurge en exclusivité sur Nouvelles de France contre « les attaques tous azimut » du ministre de l’Éducation nationale.

    Quelle est votre réaction suite à la polémique provoquée par les propos de Vincent Peillon sur l’enseignement privé ?

    Monsieur Peillon outrepasse ses droits. L’enseignement libre a parfaitement le droit d’organiser des débats. Et plus précisément, je tiens à faire remarquer que l’enseignement catholique a un « caractère propre » qui lui permet de dispenser une heure d’enseignement supplémentaire dans laquelle l’enseignement de l’Eglise peut être entendu.

    Vincent Peillon, à l’instar du Président dont il dépend, attaque tous azimut. C’est vraiment le comble quand on songe qu’il reproche à l’enseignement privé de pouvoir réaliser des débats sur le « mariage » homosexuel alors même que Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du Gouvernement, vient faire la promotion du projet de loi et du mariage entre gays et lesbiennes dans les collèges public, ce qu’elle n’a pas le droit de faire. Il y a clairement deux poids, deux mesures. Par ailleurs, j’ai entendu dire que François Hollande désirerait un vote bloqué sur le projet de loi. Si la liberté des députés était bridée à ce point, cela poserait de vraies questions sur notre démocratie.

    Après les dérapages de Vincent Peillon, Cécile Duflot, Michèle Delaunay… certains parlent de « cathophobie » du Gouvernement… [...]

    La suite sur NdF

  • L'idéologie cosmopolite à l'origine de la crise économique

    La crise économique et financière a fait l’objet de beaucoup d’analyses superficielles. A contrario, Polémia s’efforce de s’attacher au fond des choses. Ainsi, sur le plan strictement économique, Henry de Lesquen, s’inscrivant dans le prolongement de l’école autrichienne, a bien montré le rôle causal, dans la crise, de l’excès de crédit et de la politique monétaire irresponsable de la banque fédérale de réserve américaine. Marc Rousset et Gérard Dussouy ont, eux, insisté sur les coûts économiques et sociaux du libre-échange, dans le prolongement des travaux du prix Nobel Maurice Allais. Jean Persevay revient ici sur l’ouvrage de Pierre Milloz, Le cosmopolitisme ou la France, qui conduit à s’interroger aux causes idéologiques des troubles économiques et financiers actuels.

     

    Polémia 

    Pour Pierre Milloz, dans Le cosmopolitisme ou la France, la crise économique contemporaine trouve son origine dans des décisions anciennes d'inspiration politique, tendant à la mondialisation. Ont joué notamment en faveur du libre-échange mondial, l'idéologie cosmopolite étendant à la sphère économique sa vision d'une humanité sans frontières et les intérêts des Etats-Unis promoteurs inlassables de toutes les négociations tarifaires depuis les années 1960.

     

    La théorie libre-échangiste : un univers de Bisounours !

     

    Sur le plan de la pure technique économique, il s'agissait de mettre en place un monde économique apaisé, où les nations, renonçant à des pratiques protectionnistes présentées non seulement comme nocives mais même comme immorales, s'ouvriraient les unes aux autres dans un univers marqué par la liberté des échanges. Alors elles agiraient dans le cadre d'une concurrence libérée et loyale, elles cesseraient de manipuler restrictions quantitatives, droits de douane, taux de change, entraves aux mouvements de capitaux et elles traiteraient sur leur propre territoire les entreprises et produits étrangers comme les entreprises et produits nationaux.

     

    Ce système permettrait à chaque pays d'exploiter au mieux ses avantages comparatifs, assurerait une spécialisation optimum de chacun et apporterait le plein emploi et la prospérité générale.

     

    Le résultat n'a pas été à la hauteur de ces espérances. En France en particulier.

     

    Lorsque l'on examine en effet les grandes lignes de l'histoire économique de la France depuis la guerre, il est facile de constater que l'activité et la prospérité économiques, en ascension constante depuis 1945, diminuèrent dès le début des années 1970 pour s'installer durablement jusqu'à nos jours à un niveau très médiocre. Or le début des années 1970, c'est précisément l'aurore du cosmopolitisme économique. Il est intéressant de voir cette évolution de plus près.

     

    1949 /1968-1972 : protectionnisme et prospérité française

     

    De 1949 à 1968-1972, l'économie française connaît une période de prospérité remarquable, que nombre d'économistes et de journalistes célèbrent à l'envi sous le nom de « Trente glorieuses » : le taux de croissance annuel se tient entre 5 et 5,5% et le taux de chômage qui tournait autour de 1,2% sous la IVe République croît ensuite un peu mais ne dépasse pas 2,2% en 1967.

     

    Certes on n'a pas mené les mêmes politiques économique et monétaire sous la IVe République et sous les présidences De Gaulle : le livre de Pierre Milloz en rend compte.

     

    Mais ces époques ont un caractère commun : la France vit alors sous un régime protectionniste. Sous la IVe République la protection douanière moyenne dont bénéficie l'industrie française est de l'ordre de 20%. S'y ajoutent des contingentements et le franc est inconvertible.

     

    La Ve République, après une dévaluation réussie en 1958, continue à bénéficier d'une très grande partie de cette protection. Signé en 1957, le traité de Rome conduit certes à supprimer progressivement droits de douane et contingents dans nos relations avec nos cinq partenaires de l'époque et à ramener de 20 à 14,8% les droits de douane vis à vis des pays tiers. Mais cette double évolution ne sera achevée qu'en fin des années 60. Dans le même temps, la négociation Kennedy aboutit à ramener le tarif communautaire de 14,8% vis à vis des pays tiers à 8,5% mais elle ne le fait que progressivement de 1968 à 1973.

     

    A partir des années 1970 : triomphe du libre échangisme mondial et montée du chômage

     

    On va voir alors triompher le libre échangisme mondial, qui sera parachevé par diverses négociations internationales. Les protections tarifaires disparaissent quasi complètement et il ne restera rien des protections quantitatives. Dans le même temps la France consent à renoncer progressivement à sa souveraineté monétaire. Les circonstances (crise de 1973) ne permettent pas la mise en place du Plan Werner mais la création du système monétaire européen implique une monnaie de compte européenne l'Ecu (1972) qui préfigure l'euro qui verra le jour en 1992.

     

    Or la concomitance est frappante. Dès la décennie 1970 (pleine application du traité de Rome et de la négociation Kennedy), le taux de croissance tombe à 3,3% pour descendre la décennie suivante à 1,9% (moyenne annuelle 1980-1992) puis à 1,2 (1990-2008) niveau auquel il semble s'être approximativement fixé. Parallèlement le taux de chômage s'accroît rapidement, se trouve à 5,4% en 1980, 9% en 1992 et 9,1% en 2008, niveau qui devrait être ressenti comme intolérable.

     

    Même si la libération totale des échanges n'est pas seule responsable, il est difficile de lui refuser un rôle primordial dans la dégradation économique de la France.

     

    La théorie des avantages comparatifs, une théorie partielle

     

    En vérité l'idée théorique selon laquelle la liberté complète des échanges amènera chaque pays à exploiter au mieux ses avantages comparatifs et amènera le monde à la prospérité générale et au plein emploi présente les dangers de bien des modèles théoriques. Elle suppose d'abord que les Etats, devenus vertueux et désintéressés appliqueront les règles d'un concurrence loyale, s'abstenant de toute manipulation fiscale, réglementaire, monétaire ou autre propre à les favoriser. Elle fait abstraction en outre du temps qui serait éventuellement nécessaire pour parvenir au résultat idéal imprudemment promis pour une échéance lointaine et indéterminée : elle ne tient compte ni des souffrances infligées dans l'intervalle à l'humanité ni des réactions que ces souffrances et le scepticisme peuvent inspirer.

     

    A cette toile de fond s'est ajouté un accroissement exagéré de la masse monétaire imputable entre autres à l'activité bancaire privée et à un certain laxisme de la Banque centrale européenne (en dépit de l'image qu'elle a pu se forger sous la direction de M. Trichet). Il en est résulté la crise de 2008 qu'Henry de Lesquen a analysée chez Polémia le 2 mars dernier, concluant à l'intérêt pour la France de « recouvrer » une monnaie nationale.

     

    1958 : une dévaluation de 17%

     

    L'expérience des années 1958 et suivantes peut, dans une telle perspective fournir d'intéressants enseignements. Finissante, la IVe République qui avait largement financé les investissements par la création monétaire était minée par l'inflation (aujourd'hui tel n'est que partiellement le cas de l'euro, pour les raisons évoquées par l'article d’Henry de Lesquen précité). Le pouvoir qui lui succéda régularisa la situation par une dévaluation de 17%. Et contrairement à la présentation qui en est habituellement donnée, si la Ve République s'ouvrit bien en principe à l'extérieur, une période transitoire lui permit de bénéficier jusqu'aux dernières années de la présidence De Gaulle (soit pendant une décennie) d'une protection non négligeable, comme exposé ci-dessus.

     

    Recouvrer notre monnaie nationale ?

     

    Il y a là les deux éléments essentiels qui devraient accompagner le recouvrement de notre monnaie nationale : reconstitution d'une certaine protection et dévaluation de la monnaie nationale.

     

    Sur ce dernier point, doit-on craindre qu'une dette française (85% du PIB) libellée en euros n'accable notre économie ? Sans doute pas. Il faut en effet distinguer entre les créanciers. Selon les chiffres du 3e trimestre 2011, la dette est détenue par des non-résidents à hauteur d'environ les deux tiers, l'autre tiers est entre les mains de résidents. Si l'on considère que ces derniers peuvent être remboursés en francs au taux de sortie avant dévaluation (ce qui est logique puisque celle-ci ne lèse pas leur pouvoir d'achat), on voit que l'effet réel de la dévaluation sur le poids relatif de la dette n'est que des deux tiers de son effet nominal.

     

    C'est un inconvénient qui n'est pas à la mesure des gains à attendre d'une sortie de l'euro.

     

    Jean Persevay http://www.polemia.com
    10/04/2012