En France, il y a toujours beaucoup de pétitionnaires pour défendre les libertés en Chine, au Kamtchatka, en Birmanie ou en Iran. Bruyant mais facile. Il y a, hélas, moins de monde au portillon pour défendre les libertés… en France. Toujours à contre courant de l’idéologie dominante, c’est pourtant ce qu’a choisi de faire Polémia.
Car quand un Français est en prison en France pour un simple délit d’opinion – et ce pour la première fois depuis les périodes de guerre – il n’est pas possible de se taire.
Emprisonnement de Vincent Reynouard : Radio Courtoisie brise l’omerta
Jusqu’à présent les médias français, agences de presse comprises, ont observé un silence complet sur l’emprisonnement de Vincent Reynouard. Une radio vient pourtant de briser l’omerta : Radio Courtoisie (95.6 mHz), le lundi 30 août, dans l’émission « Le rendez-vous politique de la réinformation » (reprise le mardi 31). Etaient présents : Henry de Lesquen, président de Radio Courtoisie, Jean-Philippe Arlaud, ancien commandant de police, Jean-Yves Le Gallou, président de Polémia, Eric Letty, directeur de la rédaction de Monde & Vie.
Annonçant la seconde partie de l’émission, Henry de Lesquen explique : « J’aurais envie de commencer d’ailleurs la seconde partie de cette émission en disant qu’il y a au moins des délits pour lesquels on trouve des places dans les prisons, ce sont les délits d’opinion puisqu’on vient de jeter Monsieur Vincent Reynouard en prison en France pour un délit d’opinion, le seul délit d’opinion, à ma connaissance – bon, ce n’est pas le seul mais en tout cas c’est celui qui est pénalisé le plus gravement – qui est le délit de révisionnisme ou encore on dit négationnisme, c’est-à-dire que Vincent Reynouard est un militant – ce n’est pas un historien, c’est un militant révisionniste – et en raison de ses opinions il a été mis en prison ; il n’a pas été condamné à une amende : il a été condamné à de la prison. Voilà. Je vous donne rendez-vous, chers amis de Radio Courtoisie, dans deux minutes. »
Deux minutes plus tard :
« Nous allons donc parler du cas de Vincent Reynouard qui est donc en prison, dans une prison française, après avoir été extradé de Belgique. Le seul crime qu’il ait commis ou le seul délit qu’il ait commis, c’est d’avoir émis une opinion interdite sur le sujet des chambres à gaz dans les camps de concentration.
— Jean-Yves Le Gallou : Il a diffusé un opuscule de 16 pages, je crois, révisionniste, qui lui a donc valu d’être condamné à un an de prison par la Cour d’appel de Colmar – en première instance, d’abord, puis par la Cour d’appel de Colmar ensuite. Alors, vous me direz : un an de prison, en général, quand on est condamné à un an de prison, on ne le fait pas puisque justement on manque de place dans les prisons et là, en l’occurrence, on a trouvé une place ; en l’occurrence, ce père de famille de 8 enfants a eu beaucoup de chance puisqu’on lui a trouvé une place dans une prison ! Il était en Belgique et le gouvernement français a obtenu son extradition et il est maintenant en détention à la prison de Valenciennes. C’est quand même un événement dont la presse n’a absolument pas parlé. Or, la réinformation, ça consiste à parler aussi des événements réels dont la presse et les grands médias ne parlent pas : et c’est un événement important puisque c’est la première fois en France, depuis très, très longtemps, que quelqu’un est en prison exclusivement – non pas pour un acte, non pas pour une violence, non pas pour un vol – exclusivement pour l’émission d’une opinion. Alors, on va dire, effectivement : « Ah oui mais, c’est une opinion odieuse », ce qui n’est évidemment pas un argument. La question de savoir si l’opinion est odieuse ou pas n’est pas un argument pour savoir si on doit mettre quelqu’un en prison puisque jamais aucun régime n’a mis en prison les gens dont il trouvait les idées sympathiques : ni Mao, ni Staline, ni Kim Il-Sung, personne ne met en prison les gens dont il trouve les idées sympathiques. Donc dire « il a des idées odieuses » ce n’est évidemment pas un argument recevable ; de même que dire : « Oui mais c’est contraire à la vérité » n’est pas non plus recevable dans la mesure où dans les domaines historiques, dans les domaines scientifiques ou dans les domaines politiques on considère, dans les sociétés européennes – depuis très longtemps parce que ça ne remonte pas seulement à la Déclaration des droits de l’homme, ni à la Renaissance, ça remonte à la réforme papale du XIe siècle et même au-delà, aux Grecs : est vrai dans ces domaines-là ce qui est librement réfutable ; c’est-à-dire qu’on peut dire : une proposition est vraie si d’autres ont la possibilité de démontrer qu’elle est fausse. Eh bien, malgré cela, Vincent Reynouard est en prison, en France, pour délit d’opinion et ça, je crois que c’est un événement qui mérite d’être souligné. Cela a valu à la France – c’est quand même un peu triste – des déclarations des autorités iraniennes et des autorités vénézuéliennes pour condamner cette atteinte aux libertés, ce qui est évidemment un petit peu ironique mais, après tout, la vérité c’est qu’effectivement il y a des choses qu’on peut dire à Paris et pas à Téhéran, mais il y a aussi des choses qu’on peut dire à Téhéran mais qu’on ne peut pas dire à Paris.
— Henry de Lesquen : Allez dire à Téhéran que Mahomet n’est pas…
— Jean-Yves Le Gallou : Voilà. C’est permis à Paris mais c’est pas permis à Téhéran, par contre d’autres choses qui ne sont pas permises à Paris sont permises à Téhéran. En tout cas ça pose véritablement le problème de la liberté d’expression et le fait qu’on mette en prison, pour la première fois vraiment depuis très, très longtemps, quelqu’un EXCLUSIVEMENT pour des écrits, eh bien, c’est effectivement préoccupant parce qu’il ne faut pas se faire d’illusions : aujourd’hui on commence par un cas de délit d’opinion révisionniste mais je signale que la même loi prévoit de mettre en prison – même si on ne le fait pas pour le moment – pour délit d’opinion « raciste » et on sait très bien que des tas de gens ont été condamnés et pas seulement d’ailleurs, par parenthèses, à « l’extrême droite », mais dans tous les milieux… (…) pour des propos qui n’étaient pas politiquement corrects, dans le domaine de l’immigration ou dans d’autres domaines. Je crois qu’il est extrêmement grave, extrêmement grave, vraiment, je pèse mes mots, de mettre quelqu’un en prison pour délit d’opinion, en France, en 2010. Alors, il y a un historien qui fait circuler une pétition, d’ailleurs bien écrite : Monsieur Blanrue. Cette pétition, nous l’avons mise à disposition, à connaissance des lecteurs de Polémia puisqu’elle est en ligne sur Polémia, mais elle circule aussi… C’est d’ailleurs intéressant de voir qu’elle suscite un intérêt de milieux extrêmement différents car je crois que la liberté d’expression c’est un sujet qui mérite de s’y intéresser au-delà des clivages politiques.
— Henry de Lesquen : Jean-Yves Le Gallou, demander la libération de quelqu’un qui est en prison pour une opinion qu’il a soutenue, ce n’est pas soutenir l’opinion. M. Badiou, par exemple, est un philosophe marxiste. Il dit beaucoup de bien de Staline, Lénine, Marx, Engels, bien sûr, mais aussi Mao et Pol Pot, ses opinions sont odieuses, mais s’il y avait une loi qui permettrait de mettre en prison M. Badiou pour ses opinions je serais le premier à signer une pétition pour la libération de M. Badiou. Vous aussi, je suppose, Eric Letty ?
— Eric Letty : Oui, tout à fait. Ou de Georges Frêche, qui aime bien les statues…
— Henry de Lesquen : Vous êtes pour la libération de M. Badiou… Eh bien, ce qu’il faut dire c’est que, d’une part, effectivement il y a deux principes de liberté – c’est bien la peine d’avoir une devise qui s’appelle « Liberté-Egalité-Fraternité » pour qu’on ose mettre en prison quelqu’un qui a une opinion non conforme à l’opinion dominante : la loi du 13 juillet 1990 qui a permis de mettre M. Vincent Reynouard en prison en France – Vincent Reynouard qui est français d’ailleurs, habitant la Belgique…
— Jean-Yves Le Gallou : Il était réfugié en Belgique ; il aurait pu se réfugier plus loin, peut-être, je ne sais pas…
— Henry de Lesquen : La loi du 13 juillet 1990 c’est la loi Gayssot. M. Gayssot était un député communiste, donc une loi communiste, d’esprit totalitaire, qui impose une opinion par la force de la loi. Et ça c’est dramatique. C’est dramatique, d’ailleurs, parce que, en fait, c’est contre-performant parce que les gens qui ne sont pas historiens, comme moi, et qui se disent « Mais enfin, c’est quand même bizarre : on n’a pas fait une loi pour interdire aux gens de dire que la Terre est plate. Si quelqu’un veut dire que la Terre est plate on ne peut pas le lui interdire. Vraiment, quel est le problème ? » et on fait une loi pour punir les gens qui prétendent que les morts dans les camps de concentration allemands ne sont pas morts avec le gaz mais d’une autre manière. Bon, ça c’est assez incompréhensible. Cela s’appelle le délit de contestation de crimes contre l’humanité et c’est un délit passible de la peine de prison. Le problème c’est que, quand on n’est pas spécialiste d’une question, on fait confiance aux spécialistes de la question, aux historiens en l’occurrence. Mais à une condition ! C’est que la liberté de discussion soit possible. Comment peut-on faire confiance à des spécialistes d’une question s’il n’y a pas de possibilité de contredire et si on n’oblige pas ceux qui défendent la position officielle à réfuter ? Et ça va très loin : en dehors de la question de la loi proprement dite, le terrorisme intellectuel peut suffire. Dans la question du climat il a presque réussi, jusqu’à une date récente, à empêcher un vrai débat sur la thèse du réchauffement climatique soutenue par le GIEC (Organisation météorologique mondiale). Donc il faut vraiment accepter la liberté de discussion. Donc cette loi est monstrueuse dans son principe. J’ajoute, puisque je rappelle, Eric Letty, aux auditeurs de Radio Courtoisie que vous êtes directeur de la rédaction de Monde & Vie et que votre revue est une revue catholique, qui se proclame comme telle : ce qui est grave dans cette affaire, c’est qu’on a institué une loi contre le blasphème. On peut dire en France les pires horreurs sur Jésus de Nazareth, Jésus-Christ, qui est le Messie des chrétiens…
— Eric Letty : Malheureusement on ne s’en prive pas.
— Henry de Lesquen : On ne s’en prive pas. Mais on ne risque rien. On n’ira pas en prison quand on aura dit les pires horreurs sur Jésus. On peut même d’ailleurs prétendre qu’il n’a pas existé, on n’ira pas en prison non plus, aussi absurde que soit cette thèse. Mais si on commet le blasphème, non pas contre la religion du Golgotha, le christianisme, mais contre la religion de la Shoah, alors, là, on va en prison. La loi Gayssot est une loi qui punit le blasphème contre la religion de la Shoah. Alors, il faudrait savoir si c’est la religion officielle de la République française et si on a le droit de blasphémer la religion chrétienne mais pas la religion de la Shoah.
— Eric Letty : Je crois qu’il y a quelque chose qui est assez incompréhensible, d’ailleurs, c’est que, outre le fait, comme le disait Jean-Yves Le Gallou, moi je suis historien quand même de formation, que l’histoire en soi se fait à travers des opinions contradictoires. Ça, c’est très net. Et donc là on sort de l’histoire ; la loi Gayssot ferme l’histoire, en fait. Je ne suis pas du tout révisionniste et j’en parle d’autant plus librement…
— Henry de Lesquen : Si vous l’étiez vous ne pourriez pas le dire ! Alors ce n’est pas la peine de le dire. Moi je le dirais volontiers si c’était libre mais, franchement…
— Eric Letty : Quoi qu’il en soit, je veux dire que le domaine historique est là fermé et remplacé par un domaine, effectivement, qui relève du dogme. Mais, ensuite, quand on nous parle de… il faudrait savoir où on se situe, si l’on se situe dans une espèce de religion, comme vous le disiez, d’Etat ou pas, mais… (…) Vous disiez tout à l’heure que c’était la première fois depuis très longtemps qu’il y avait quelqu’un qui avait été incarcéré pour un délit d’opinion. Oui, mais je vous rappellerai quand même que, sur un thème qui est celui de l’avortement, le Dr Dor avait été condamné à des peines de prison pour avoir récité un rosaire devant un hôpital; on n’est quand même pas très très loin…
— Henry de Lesquen : Ce n’était pas un délit d’opinion ! Non, non. Ce n’était pas une question d’opinion. Non, non. Je dois dire que sur cette loi antirévisionniste Gayssot, ce qui est extravagant, c’est qu’on ne sait pas où commence et où finit le révisionnisme parce que : est-ce que le fait de nier, par exemple, l’authenticité de la chambre à gaz du Struthof en Alsace c’est déjà du révisionnisme ? Ou bien est-ce que dire qu’il n’y avait pas deux chambres à gaz à tel endroit mais une seule c’est du révisionnisme ? Si on dit qu’il n’y avait pas eu 6 millions de morts mais 5 millions 500.000, alors on va nous dire « Mais vous tuez une deuxième fois les 500.000 morts que vous ôtez de la statistique ! » Et ainsi de suite. C’est absurde.
— Jean-Yves Le Gallou : Henry, avant de venir, il se trouve que j’ai regardé le livre d’Histoire que j’ai eu en Terminale, il y a beaucoup d’années, il y a 40 ans… Mais enfin, bon, c’était un livre d’Histoire, dans une collection dirigée par Jean-Baptiste Duroselle, qui est tout de même un très grand historien, et qui était diffusé dans à peu près 80% des lycées à l’époque : eh bien le texte dans le chapitre consacré à la seconde guerre mondiale – la période d’histoire étudiée à l’époque dans les Terminales, c’était 1914-1945 – dans le chapitre sur la seconde guerre mondiale, le passage qui concerne ces événements serait aujourd’hui susceptible d’être condamné pour révisionnisme, ce qui pose quand même un véritable problème. Alors peut-être qu’on a raison aujourd’hui et qu’on avait tort il y a 40 ans, bien sûr…
— Henry de Lesquen : Mais on n’a pas raison de mettre les gens en prison pour leurs opinions, ça, non !
— Jean-Yves Le Gallou : Je crois qu’au-delà même de ces aspects on touche à un aspect philosophique par rapport à l’identité européenne qui est que, sur les sujets non religieux, le critère essentiel, je dirais même unique, de la vérité, c’est la réfutabilité, la possibilité de réfuter, la possibilité de discuter. Et donc, là, je crois qu’il y a une atteinte grave aux libertés et le problème, comme toujours, est que ça commence comme ça, on sait comment ça commence, on ne sait pas comment ça continuera.
— Eric Letty : Si je peux me permettre de prolonger le paradoxe que vous évoquiez tout à l’heure à propos de Jean-Baptiste Duroselle : il faut se rappeler quand même que Paul Rassinier, qui est tout de même le… le…
— Henry de Lesquen : …fondateur de l’école révisionniste française
— Eric Letty : …était un ancien déporté qui était du parti socialiste et aujourd’hui, si la loi Gayssot lui avait été appliquée, il passait d’un camp de concentration allemand à une prison française…
Radio Courtoisie
(http://www.radiocourtoisie.fr)
« Le rendez-vous politique de la réinformation » 30/08/2010
Polémia 03/09/2010
* Cet article a été initialement publié le 03 Septembre 2010
culture et histoire - Page 1804
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Non à la prison pour délit d’opinion
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« France : les véritables enjeux – Sortir du système et renouer avec la puissance » de Thierry Gobet
PARIS (NOVOpress Breizh) – « France : les véritables enjeux – Sortir du système et renouer avec la puissance- » (Editions Jean Picollec), est le dernier livre très ambitieux de Thierry Gobet. Après avoir défini ce qui caractérise la « puissance » dans sa première partie, il établit un bilan de la situation de notre pays. Dans la deuxième, il met en perspective la France dans son environnement international. A partir de ces constats, il rappelle quels sont les grands choix de société dans la troisième avant de formuler ses propositions pour rendre à notre patrie sa position dans sa quatrième et dernière partie.
« C’est la puissance d’une nation qui consacre son influence », telle est la conviction de Thierry Gobet. D’après Alain Toffler, elle repose sur 4 pôles : militaire, industriel, économique et financier, culturel. Pour l’auteur, si les critères en ont été modifiés par la révolution industrielle en rendant prédominant l’économie et la technologie, sur le plan humain, ils sont restés les mêmes : l’ordre et l’organisation, l’union des citoyens (la « philia »), l’idéal national, l’indépendance et la souveraineté.
A l’aune de ces définitions, Thierry Gobet constate que la France a perdu sa place de « puissance ». Elle a abandonné sa souveraineté et, donc, son indépendance en signant le traité de Maastricht de 1992, en rejoignant l’OTAN tout en réduisant de 60% son budget militaire, en s’endettant au point de devenir en 2013 le premier emprunteur mondial, en modifiant sa population par une immigration incontrôlée et une chute de la natalité de la population d’origine, en adoptant le modèle culturel individualiste et matérialiste issu de Mai 1968, en perdant son potentiel industriel.
Distinguant le fait incontournable de la mondialisation, dont, selon l’auteur, chaque pays peut trouver son bénéfice, du mondialisme, idéologie voulant instaurer un gouvernement mondial et supprimer les nations, il décrit le déclin de l’Occident, spécialement de l’Europe, rappelant la mise en garde en 1985 de Louis Leprince Ringuet : « Europe, attention ! Si tu ne trouves pas rapidement le goût de la vie, du risque, de la jeunesse – cela va ensemble – tu disparaitras. ».
Pour que la France renoue avec la « Puissance », Thierry Gobet revient sur les choix de société et préconise comme préalable une véritable réforme intellectuelle et morale. Il faut réaffirmer une éthique de la responsabilité, restaurer une morale sociale et civique, redonner leur fierté aux Français, favoriser le travail et non l’assistanat, s’attaquer à la forteresse de l’Etat-Providence. En restaurant les libertés économiques, en réformant l’éducation, en dépolitisant les syndicats, en revenant à l’Europe du traité de Rome, la France pourra reconquérir son industrie, indispensable à toute puissance contemporaine. Enfin, ayant retrouvé sa souveraineté, la France devra agir en nation et en peuple libre et revoir ses alliances en créant un axe Paris, Berlin, Moscou.
Thierry Gobet, avec cette étude nourrie de nombreux exemples et de multiples citations, nous montre que tout est encore possible pour que la France et l’Europe retrouvent leur place dans le monde d’aujourd’hui. Cette réflexion stimulante montre, comme le répétait Dominique Venner, « que notre avenir n’est écrit nulle part » et qu’il dépend de chacun de nous de le construire.
* France : les véritables enjeux, Thierry Gobet, Editions Jean Picollec, 526 pages – 19,90 €
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Jules Cesar Conquerant De La Gaule
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« Sans Concession » est paru
(revue dirigée par Vincent Reynouard)
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Frakass - Terre de France
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« Les patrons de la presse nationale/ Tous mauvais » de Jean Stern
La presse est-elle encore le Quatrième Pouvoir ou, se traînant péniblement à la remorque des médias audiovisuels, n’est-elle plus qu’un tigre de papier ? La question se pose avec de plus en plus d’acuité au moment où tant de journaux, exsangues, ne survivent que grâce aux « aides directes à la presse » (13 millions d’euros pour Le Figaro, 14 millions pour Libération et 17 millions pour Le Monde en 2010) généreusement versées par un Etat qui, lui-même aux abois, pourrait bien être contraint de fermer le robinet. CL
Un journaliste de Marianne assistait-il, le 13 octobre, à la tonique Journée de réinformation organisée par Polémia sur le thème « Face à la tyrannie médiatique : nouvelles donnes, nouvelles cibles, nouveaux outils » et au cours de laquelle fut présenté l’Observatoire des journalistes et de l’information médiatique (www.ojim.fr/) présidé par Claude Chollet ? Toujours est-il que, treize jours plus tard, l’hebdo fondé par Jean-François Kahn faisait sa une sur ou plutôt « contre le panurgisme médiatique » : une charge violente contre les confrères qui « disent tous la même chose, au même moment ». Rien n’est d’ailleurs plus logique puisque, selon un sondage publié le 17 avril dernier par le même magazine sur les intentions de vote des journalistes au premier tour de la présidentielle, 76,7% des sondés se partageaient entre François Hollande, Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly, les autres s’abstenant ou affirmant leur préférence pour des candidats marginaux (Philippe Poutou, Jacques Cheminade…), cependant que Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen obtenaient tous deux… 0% ! Un vote aux antipodes de celui des Français.
Une consanguinité dévastatrice entre journalistes et politiques
La fracture va s’accentuer puisque les intentions de vote des élèves des écoles de journalisme étaient encore plus caricaturales : là, c’est 100% des suffrages qui se portaient sur les candidats oscillant du rose au rouge cramoisi : un décalage radical avec le corps électoral. De même que « la consanguinité de plus en plus forte et dévastatrice entre journalistes et politiques » est soulignée le 1er novembre par le sociologue Thierry Wolton sur le site latribune.fr, ce décalage explique la perte de crédibilité de la presse et donc la fuite du lectorat. Ce dernier préfère se contenter des journaux radio-télévisés, tout aussi conformistes mais gratuits, et, surtout, recourt de plus en plus à Internet pour s’informer.
Evidemment, ce n’est pas cette gauchisation croissante des faiseurs (de moins en moins) d’opinion qu’incrimine dans la crise actuelle Jean Stern, ancien du Libération de la haute époque qu’il continue d’idéaliser et cofondateur du magazine homosexuel Le Gai-Pied. Mais, à condition de le lire d’un œil critique et de conserver pendant la lecture son libre-arbitre et même son esprit critique, son essai Les patrons de la presse nationale/ Tous mauvais n’en est pas moins riche d’enseignements.
Main basse sur la presse
Comme dans Les médias en servitude publié par Polémia et dans Ils ont acheté la presse de Benjamin Dormann (éd. Jean Picollec), Jean Stern constate que, si la presse devenue une « machine à décerveler, moutonnière et banale » a perdu en vingt ans des millions de lecteurs, c’est en raison de la mainmise sur ces organes affaiblis des magnats du luxe (Pinault, Arnault et Bergé), de l’armement (Lagardère et Dassault), de la communication (Xavier Niel) et maintenant de la banque avec Antoine Bernheim, Edouard de Rothschild et surtout Matthieu Pigasse (Lazard).
S’interrogeant sur ces rachats, alors que « les grands médias ne gagnent pas d’argent. Au contraire, ils en perdent », Jean-Yves Le Gallou, président de Polémia, en concluait lors de la remise des Bobards d’Or 2011 : « Ceux qui investissent dans les médias n’en attendent donc pas une rétribution financière immédiate. Non. Ils visent à acquérir du pouvoir, de l’influence » et aussi, accuse Jean Stern, le silence complice de leurs nouveaux salariés sur leurs agissements : « Maintenue tout juste hors d’eau, la presse enquête peu, analyse peu et sert en copié-collé les mêmes idées. » Exeunt, dès lors, les enquêtes économiques, sociales et internationales susceptibles de gêner les oligarques autopromus patrons de presse.
Danseuses ou vaches à lait… fiscales ?
A cela s’ajoute un autre intérêt strictement financier. Qu’il s’agisse du Monde, de Libé ou desEchos, ces coûteuses « danseuses » sont indispensables sur le plan fiscal. Le chapitre consacré au sujet (« Le hold-up des holdings ») compte parmi les plus intéressants du livre de Jean Stern. « Les holdings “actives”, écrit-il, sont devenues les centres de contrôle et de pouvoir des grands capitalistes français et donc des patrons de journaux. Le principe de la holding active est simple : une maison mère possède des filiales et travaille pour elles », lui facturant pour ce faire des « prestations », souvent exorbitantes, notamment pour des sièges somptueux. « Avec les factures de ces prestations, la holding peut “fabriquer” du déficit dans ses filiales. En pompant leur chiffre d’affaires, elle peut ainsi consolider ses comptes en faisant remonter pertes et revenus. Des experts en flux financiers créent à l’intérieur des groupes français des holdings en chaîne, ce qui permet de faire apparaître des pertes tout aussi artificielles et de diminuer ainsi l’imposition globale. »
Ainsi, « l’achat d’une société éditant un journal en perte peut donc se révéler une bonne affaire fiscale pour une holding. C’est le cas du groupe LVMH de Bernard Arnault. Les pertes de sa filiale à 100% Groupe Les Echos – entre 17 et 35 millions d’euros en 2010 selon les sources – permettent de baisser l’imposition totale de LVMH qui affiche globalement trois milliards de bénéfices en 2011 ».
La mortelle Sainte Alliance entre gaullistes et communistes
Reste à savoir, bien sûr, pourquoi la presse nationale française, si diverse et si florissante avant la guerre (en pleine Occupation, Le Petit Parisien tirait encore à 600.000 exemplaires), n’a cessé depuis de s’étioler, au point de n’avoir d’autre recours que de se donner à d’avides magiciens qui s’en débarrasseront aussi vite quand ils n’en auront plus l’utilité.
Parmi les facteurs ayant concouru à mettre les « médias en servitude » est évidemment écrasante la responsabilité des « journalistes-managers » qui ont sévi ces dernières décennies avec autant d’arrogance que d’avidité : après s’être offert le mirobolant salaire de 400.000 euros par an, le calamiteux Jean-Marie Colombani, ancien directeur du Monde finalement mis en minorité en 2007, obtint 950.000 euros d’indemnités de départ.
Mais cela ne suffit pas à expliquer l’agonie de nos quotidiens. Ceux qui ont lu la fondamentale et monumentale (500 pages) Histoire de la spoliation de la presse française que Claude Hisard publia en 1955 à la Librairie française savent à quoi s’en tenir. Les autres liront avec profit le chapitre de Jean Stern sur la « Sainte Alliance à la Libération », avec le « partage des tâches entre gaullistes et communistes : aux premiers, les rédactions, aux seconds, la distribution du papier, les ateliers et les imprimeries » dont les ouvriers syndiqués – au contraire de nombreux journalistes – échappèrent à toute épuration (y compris ceux qui avaient quatre ans durant assuré la parution de la Pariser Zeitung allemande, dont le siège rue Réaumur devint celui du très résistancialisteCombat, où ils furent immédiatement embauchés).
Cette Sainte Alliance, dont le Syndicat du Livre CGT, toujours plus pléthorique en raison de son clientélisme et de son activisme, tira d’ahurissants profits pour lui-même, ainsi placé en situation de monopole, et pour ses adhérents (bien mieux rémunérés que les journalistes pour des journées de six heures seulement quand la semaine était alors de 40 heures, tout dépassement d’horaire, fût-il de quelques minutes, coûtant aux journaux une période supplémentaire), se révéla mortelle pour la presse. Ajoutons que les Messageries de presse tombèrent, elles aussi, sous le joug du Syndicat du Livre qui y exigea la multiplication des emplois, généralement par cooptation et souvent surnuméraires, alors même que la mécanisation était en marche. Les grèves incessantes sous le moindre prétexte, avec occupations et parfois incendies des dépôts de papier, ne contribuèrent pas peu à la désaffection des lecteurs, entraînant la disparition de nombreux kiosques.
Or, mis à part Emilien Amaury, patron du Parisien libéré qui se révolta contre ce système (après en avoir été partie prenante à la Libération), et y perdit la vie en 1977, tous les groupes de presse acceptèrent le carcan, qui aboutit à l’étranglement de leurs journaux.
Les drôles de noubas de L’Huma
Néanmoins, la collusion perdure. « Chaque année, en lever de rideau de la Fête de L’Humanité », rappelle Jean Stern, un dîner à La Courneuve réunit « le véritable comité central de la “cogestion” à la française de la presse ». En 2011, autour des responsables de L’Huma et des pontes de la CGT, banquetaient ainsi et échangeaient force gracieusetés Marc Feuillée, directeur général du Groupe Figaro et président du Syndicat de la presse quotidienne nationale, Jean-Pierre Baechter (Dassault), Pierre-Jean Bozo (20 minutes), l’ancien ministre giscardien Anne-Marie Couderc (Presstalis, ex-NMPP), François d’Orcival (Valeurs actuelles), Louis Dreyfus (Le Monde), Olivier Henrard, conseiller de Nicolas Sarkozy pour la culture et la presse, David Kessler (Les Inrockuptibles de Pigasse), Emmaneul Hoog (AFP), Bruno Lesouëf (président de la presse Lagardère), Francis Morel (Les Echos), Yvan Levaï (France Inter), etc.
Au vu de cette union impure entre les représentants des plus grandes fortunes de France et les prétendus « soldats de la faim », il est difficile d’espérer une « refondation » de la presse.
Se présentant aujourd’hui comme « directeur pédagogique de l’EMI (Ecole des métiers de l’information), Scop (*) de formation à l’Université Paris X [Nanterre] », Jean Stern conclut en bon gauchiste que si les journalistes « ne veulent pas finir broyés », ils doivent « oublier les patrons » et « retrouver la parole et la rage d’écrire ». Mais, si tant est qu’elles puissent s’exprimer, de quel poids seront cette parole et cette rage si elles restent univoques, si la profession continue de psittaciser le credo marxiste et antiraciste qui exaspère une majorité de lecteurs mais ne gêne nullement les « patrons », bien au contraire, puisqu’il sert leurs ambitions mondialistes ? A force d’alignement bêlant sur les dogmes de la saison, les mutins de Panurge finiront comme les moutons.
Claude Lorne http://www.polemia.com/
3/11/2012
Jean Stern, Les patrons de la presse nationale/ Tous mauvais, La Fabrique éditions, octobre 2012, 210 pages, avec notes et annexes (mais pas d’index).
Note :
(*) Une Scop (Société coopérative et participative) est soumise à l’impératif de rentabilité comme toute entreprise mais elle bénéficie d’une « gouvernance démocratique » et d’une répartition des résultats favorisant la pérennité des emplois et du projet d’entreprise. -
A lire : La Guerre eschatologique
Entretien avec Hervé RYSSEN, paru dans l’hebdomadaire Rivarol du 3 mai 2013.
Jérôme Bourbon : Hervé Ryssen bonjour. Vous faites paraître cette semaine votre neuvième livre. Cette fois-ci, vous traitez d’eschatologie. Pourriez-vous d’abord expliquer aux lecteurs de Rivarol ce qu’est l’eschatologie ?
Hervé Ryssen : Bonjour cher Jérôme, et bonjour à tous nos amis de Rivarol, que j’ai toujours grand plaisir à rencontrer. L’eschatologie, pour faire court, c’est l’étude de la fin des temps. Dans les trois grandes religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam, il y a cette croyance que le monde que nous connaissons doit se terminer un jour. Dans chacune de ces traditions – mais aussi dans la mythologie nordique – des cataclysmes, des guerres et toute sorte d’événements terrifiants doivent se succéder et précéder le combat final contre les forces du mal, duquel naîtra un monde régénéré. On retrouve ce schéma à chaque fois.
Jérôme Bourbon : Quels enseignements avez-vous tirés de votre étude ? Étant donné la proximité des trois religions du livre, pouvons-nous dire qu’il est possible d’envisager un avenir commun ?
Hervé Ryssen : L’eschatologie nous apprend précisément que ces trois religions sont incompatibles les unes avec les autres, pour la simple et bonne raison que leur vision de l’avenir diverge sur ce point fondamental : à la fin des temps, une, et une seule, doit triompher ! Les autres doivent se convertir (chez les chrétiens et les musulmans), ou disparaître purement et simplement. Chez les juifs, en effet, il n’y a pas cette volonté de convertir les autres au judaïsme. Tout le militantisme juif, toute la propagande des intellectuels juifs (à travers leurs discours, leurs films, leurs romans, etc.) consiste à discréditer chez les autres l’idée de religion, de race, de patrie, et tout sentiment d’appartenance, et ce, afin d’élever les juifs au-dessus de la masse des “goys”. Quand toutes les nations auront été détruites, transformées en sociétés multiculturelles, quand toutes les religions auront été anéanties et qu’un gouvernement mondial aura été instauré – sans doute après une grande guerre – une paix “absolue et définitive” régnera sur le monde, pensent-ils. C’est alors que leur messie tant attendu viendra. Les juifs, qui auront su garder leurs traditions, seront alors reconnus par tous comme le “peuple élu de Dieu”.
Jérôme Bourbon : Le suprémacisme juif n’est pas une exception. Les musulmans veulent eux aussi imposer leur domination sur le monde…
Hervé Ryssen : Il y a effectivement aussi dans l’islam cette idée que toute la terre doit se soumettre et accepter le message du Prophète. Mais, comme je vous le disais, il s’agit ici de convertir les autres, et non de les détruire. L’islam n’est pas une secte fermée, comme le judaïsme, mais une religion ouverte, universaliste, tout comme le christianisme, d’ailleurs. Il ne faut cependant pas perdre de vue qu’on trouve à plusieurs reprises dans le Coran l’idée de combattre les infidèles, les armes à la main, s’il le faut. En tant qu’“infidèle”, ça me gêne un peu au niveau du col !
Jérôme Bourbon : Certains patriotes français pensent que les juifs, ou au moins certains juifs, peuvent être des alliés face à la poussée de l’islam en Europe. Qu’en pensez-vous ?
Hervé Ryssen : Depuis une dizaine d’années, une poignée d’intellectuels juifs, qui étaient auparavant de fervents défenseurs de l’immigration, ont effectivement retourné leurs batteries et se sont soudainement transformés, comme par magie, en super-patriotes français, “plus français que les Français”, depuis qu’ils se sont aperçus que tous ces immigrés musulmans qu’ils avaient contribués à faire entrer chez nous n’étaient pas forcément leurs amis. Leur objectif n’est pas de renvoyer ces immigrés dans leurs pays d’origine, mais de les intégrer en douceur, en cassant la force de l’islam. Ils l’ont dit et répété. D’autre part, le discours contre le “fascisme islamique” (“fascislamisme”, écrivait déjà Bernard-Henri Lévy en 2006) est un moyen de préparer les esprits à une guerre contre l’Iran, pays qui ne nous menace pas du tout, en tant que Français, mais qui représente un obstacle pour l’État sioniste au Proche-Orient. Cette rhétorique fallacieuse est donc un attrape-nigauds. En ce qui nous concerne, nous sommes foncièrement opposés à l’implantation massive d’immigrés du tiers-monde sur notre sol, qu’ils soient musulmans ou pas ; et sur le plan international, nous sommes totalement du côté de la Syrie, de l’Iran, ainsi que de tous les pays qui s’opposent à l’axe occidentalo-sioniste. Que les juifs fassent leur guerre eux-mêmes, pour une fois !
Jérôme Bourbon : Comment les théologiens musulmans envisagent-ils la fin de cette confrontation contre le monde occidental et le sionisme ?
Hervé Ryssen : Un théologien comme Imran Hosein a parfaitement compris que l’Occident “chrétien” est aujourd’hui largement judaïsé, du fait d’une propagande cosmopolite incessante dans les médiats. « L’avortement, l’homosexualité, le lesbianisme, l’adultère sont légalisés aujourd’hui… », écrit-il. Ils sont « devenus juifs », dit-il des Européens, à juste raison. Imran Hosein dénonce aussi avec force les manœuvres occidentales en vue de l’instauration d’un « gouvernement mondial ». Pour lui, en tout cas, les choses sont très claires : Dieu a puni une première fois les juifs avec une armée babylonienne ; il les a punis une deuxième fois avec une armée romaine ; la troisième punition sera le fait d’une armée musulmane ; et cette fois-ci, ce sera la bonne ! Quant aux chrétiens, qui n’ont pas su se préserver du nihilisme juif, ils devront cesser d’adorer Jésus comme s’il était Dieu et « seront contraint de le reconnaître comme Prophète. » On note ici une différence de ton entre les musulmans, qui reconnaissent Jésus comme un prophète, et les juifs, qui, dans leur Talmud, insultent le Christ et considèrent qu’il est le fils d’une prostituée et d’un soldat romain. Dans l’eschatologie musulmane, Jésus est aussi parfois considéré comme le “Mahdi” (Celui qui est guidé par Dieu), qui vaincra l’Antéchrist à la fin des temps. Car il y a aussi un “Antéchrist” chez les musulmans. Ils l’appellent le “Dajjal” ; et comme chez les chrétiens, l’Antéchrist, qui viendra persécuter les fidèles avant d’être finalement vaincu, est issu de la secte juive, ce qui n’est guère étonnant !
Jérôme Bourbon : Quelles différences voyez-vous entre l’eschatologie chrétienne et l’eschatologie musulmane ?
Hervé Ryssen : La différence essentielle est que les musulmans croient à un triomphe terrestre, tout comme les juifs, tandis que les chrétiens, et notamment les catholiques, semblent avoir renoncé à toute idée de victoire sur cette terre. L’eschatologie des catholiques est confuse, pour tout vous dire, et n’est pas mobilisatrice, comme chez les juifs ou chez les musulmans chiites, qui travaillent à faire venir leur messie. Dans de rares textes, on peut croire à une évangélisation de toutes les nations. C’est la “sixième période” de l’Église, décrite par le vénérable Barthélémy Holzhauser, qui précède la grande apostasie. À la période suivante, celle de l’Antéchrist, on lit que « la seule victoire possible, pour les chrétiens, en ces jours si terribles, sera d’être vaincus, persécutés, tourmentés et mis à mort, en demeurant fidèles, constants et fermes. » Cet exemple est symptomatique. On voit que les chrétiens sont désarmés, moralement, et les héros qu’ils pourraient être sont transformés en martyrs. Dans l’Église conciliaire d’après le concile de Vatican II (1962-1965), l’eschatologie est encore plus démobilisatrice. Cette fois-ci, l’Église semble avoir épousé la cause du judaïsme. Elle doit être humble, et semble attendre le gouvernement mondial et le règne de l’Antéchrist avec impatience ! La conversion des juifs ? Elle est renvoyée à la fin des temps, et ce n’est jamais du fait du zèle évangélique des catholiques. Il n’y a donc pas ici d’activisme messianique. « Personne ne regrettera les cathédrales gothiques », fruit de notre « orgueil », écrit un théologien, avec l’imprimatur de l’évêché de Paris. On a vraiment l’impression d’un élan suicidaire. Il n’est donc pas étonnant, dans ces conditions, de constater que nos ennemis avancent, et que nous reculons. Tout nous paraît on ne peut plus normal.
Jérôme Bourbon : Qu’en est-il de la “Weltanschaung” du milieu païen ? Pouvez-vous nous-en dire un mot ?
Hervé Ryssen : Le milieu païen en général nourrit une eschatologie qui est assez peu combattive. C’est très facile à comprendre : depuis des décennies, le principal penseur de ce courant de pensée, Alain de Benoist, a ressassé cette idée que chez les Européens d’avant le christianisme, l’histoire était cyclique, et non linéaire. Et tous les penseurs de cette mouvance, après lui, on répété à satiété le mot de Nietzsche : « Ce qui doit tomber, il ne faut pas le retenir, mais le pousser. » Ce qui fait que, tout naturellement, nombre de militants de cette mouvance pensent que le mieux à faire est de regarder mourir cette civilisation, et même d’encourager la décadence, convaincus qu’ils sont qu’un nouveau cycle renaîtra une fois que tout aura été détruit. Ils ne se rendent même plus compte qu’à la fin de ce cycle, les hommes blancs seront morts et enterrés, et qu’ils auront laissé le champ libre à leurs ennemis. Les meilleurs d’entre eux se réclament d’un “pessimisme combattif”. Les esprits moins politiques sont les “traditionalistes”, adeptes de René Guénon et de l’italien Julius Evola. Pour ce courant de pensée, l’histoire est un long déclin, un éloignement progressif de la “Tradition primordiale”, et ce, depuis quelques dizaines de milliers d’années (ou quelques centaines de milliers, selon les interprétations !) Après l’Âge d’or, il y eut un Âge d’argent, puis un Âge de bronze. Nous sommes aujourd’hui dans le quatrième et dernier Âge, l’âge de fer, qui dure plus de six mille ans, mais qui doit se terminer prochainement et clore le grand cycle. Ne sentez-vous pas que vous êtes fatigués ? Il faut attendre que tout se termine, affirme Julius Evola ; il est absolument inutile de tenter quoi que ce soit pour lutter contre le courant de décadence ! On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi les juifs et les musulmans ont le vent en poupe ! Tout est question d’eschatologie ! Pour le reste, j’apporte dans la troisième partie du livre quelques éléments de réflexion qui permettent, je crois, de comprendre le fonctionnement de la guerre psychologique que nous devons mener. Pour faire court : pour nous, douter, c’est déjà trahir !
Hervé Ryssen, La Guerre eschatologique, avril 2013, 192 pages, 22 €, port compris.
Vous pouvez commander le livre ICI (paypal), et LA (Amazon).
ou par chèque, au 14 rue Pierre Brossolette, 92300 Levallois. Chèque à l’ordre de LALIN.
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Les conspirationnistes plus sains d’esprit que leurs opposants!
Une étude conduite par des psychologues américains et britanniques révèle que les « conspirationnistes » sont plus sains d’esprit que leurs opposants qui font preuve de suivisme étriqué et de fanatisme dans leur fidélité aux versions officielles. « Bref, cette nouvelle étude par Wood et Douglas suggère que le stéréotype négatif du conspirationniste – un fanatique hostile scotché à la vérité de sa propre théorie personnelle marginale – décrit avec précision les gens qui défendent la version officielle du 11 septembre, pas ceux qui la contestent. » précise un article qui fait état de cette étude. On y apprend également que le terme de conspirationnisme a été inventé par la Cia pour dénigrer ceux qui n’acceptaient pas la version officielle de l’assassinat de Kenedy. « En d’autres mots, les gens qui se servent des termes « théorie de la conspiration » et « conspirationniste » comme insulte le font comme résultante d’une conspiration réelle, largement documentée et incontestée par la CIA pour étouffer l’enquête sur l’assassinat de JFK. Cette campagne, au fait, était totalement illégale, et les agents de la CIA impliqués sont des criminels; la CIA n’a pas le droit de mener des opérations domestiques, mais enfreint régulièrement la loi pour ce faire dans des opérations domestiques allant de la propagande aux assassinats. »
Le terme de conspiarationniste sert donc la même logique disqualifiante que celui d’intégriste. Tout comme pour le terme d’intégriste il a été inventé, par ceux qui avaient quelque chose à cacher, pour embrouiller les esprits. Il n’est donc pas étonnant que ceux qui cèdent à leur emprise ont l’esprit plus malléable – et par voie de conséquence plus déréglé – que celui des conspirationnistes.
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Francs-Tireurs Patriotes - Leçon d'Histoire
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17 novembre 1869 Inauguration du canal de Suez
Le 17 novembre 1869, le canal de Suez est inauguré en présence de l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III. Sont également présents l'empereur d'Autriche François-Joseph, les princes Frédéric-Guillaume de Prusse et Hendrik des Pays-Bas ainsi que l'émir Abd el-Kader. L'impératrice est la première à remonter le canal sur le yacht impérial.
Cette réalisation pharaonique manifeste avec éclat l'entrée de l'Égypte dans la modernité. Elle endette aussi le pays et va ruiner ses habitants, au point que, douze ans plus tard, le souverain devra accepter le protectorat britannique.
Joseph SavèsL'ouverture du canal intervient à un moment où l'Occident se prend de passion pour l'Égypte. Il apprécie autant la civilisation pharaonique redécouverte par Champollion que l'Égypte moderne, réformée par le vice-roi Méhémet-Ali et ses successeurs.
En prévision de l'inauguration d'un nouvel Opéra au Caire, le compositeur Giuseppe Verdi écrit Aïda sur une suggestion de l'égyptologue français Auguste Mariette. Les décors ayant été bloqués à Paris du fait de la guerre franco-prussienne de 1870, la première représentation a finalement lieu le 23 décembre 1871.
Le canal des pharaons
L'idée d'une liaison entre Méditerranée et mer Rouge remonte à la plus haute Antiquité. Un bas-relief égyptien montre Séthi 1er, pharaon de la XIXe dynastie (vers 1300 av. J.-C.), qui revient de la guerre et longe ce qui devait être un embryon de canal entre le Nil et la mer Rouge. Ce canal s'interrompait au lac Amer, au milieu de l'isthme de Suez.
Vers 600 av. J.-C., le pharaon Nechao II (XXVIe dynastie) tente de prolonger le canal jusqu'à la mer Rouge mais il doit y renoncer (le même pharaon, plein d'imagination, avait aussi financé une expédition de marins phéniciens autour de l'Afrique).
Le canal est désensablé et remis en état un siècle plus tard par le roi des Perses, Darius 1er. Son fils Xerxès ouvre un modeste chenal jusqu'à la mer Rouge. Le canal est enfin élargi et même doté d'une écluse par le roi d'Égypte Ptolémée 1er (285 à 247 av. J.-C.).
L'empereur romain Trajan, un siècle après Jésus-Christ, le remet à nouveau en état et le canal prend son nom : «fleuve de Trajan». Les conquérants arabes, à leur tour, le réhabilitent. Il est définitivement fermé en 776 par le calife al-Mansour, qui craignait peut-être qu'il ne servît à des opposants ou des infidèles. D'éminents voyageurs de l'Antiquité (Diodore, Strabon, Pline l'Ancien) ont laissé des descriptions de cette infrastructure d'avant-garde.
Une difficile gestation
En 1798, les Français débarquent en Égypte sous le commandement de Napoléon Bonaparte et reprennent l'idée d'un percement de l'isthme de Suez. Bonaparte commande un relevé à Gratien Lepère mais celui-ci conclut à l'impossibilité du projet en raison d'une trop grande différence de niveau entre la Méditerranée et la mer Rouge... Il a fait une erreur de 10 mètres !
Sous le règne du khédive (vice-roi) Méhémet Ali, au pouvoir de 1805 à 1849, l'ingénieur Linant de Bellefonds réétudie le projet sur une base plus réaliste. Il explore le cours du Nil et se voit nommer ingénieur en chef des travaux publics de Haute-Égypte en 1831 mais sans pouvoir faire aboutir son projet.
L'invention des bateaux à vapeur ravive l'intérêt pour une liaison entre l'Europe et les Indes via l'Égypte car ces navires peuvent, plus facilement que les voiliers, remonter la mer Rouge et affronter ses vents contraires. En 1830 est établie une première liaison à vapeur entre Bombay et Suez. En 1836 vient la liaison Alexandrie-Londres.
Avec une liaison terrestre entre les deux ports égyptiens, les Anglais arrivent ainsi à réduire de cinq mois à quarante jours la durée du voyage entre l'Angleterre et les Indes. Ils occupent Socotra et Aden en 1835 et 1839, car il s'agit de ports stratégiques sur la nouvelle route. Cela leur suffit. Tout au plus aspirent-ils à un chemin de fer entre Alexandrie et Suez... Ils ne veulent pas d'un canal qui profiterait principalement à des ports de la Méditerranée, comme Marseille et Gênes. Aussi le rêve du canal de Suez est-il porté essentiellement par les Français.
En 1833, voilà que débarquent en Égypte 80 saint-simoniens, bientôt rejoints par leur chef spirituel, Prosper Enfantin, surnommé le «Père Enfantin». Ces Français idéalistes sont des adeptes du comte de Saint-Simon, un penseur du début du siècle qui promet un avenir rayonnant grâce aux progrès des techniques et de l'industrie (parmi eux Thomas Urbain, qui inspirera plus tard la politique arabe de Napoléon III). Ils voient dans l'Égypte un terrain d'expérience idéal pour la mise en oeuvre de leurs théories.
Prosper Enfantin est séduit par le projet de canal. Il fonde une société en vue des travaux mais n'arrive pas à emporter l'adhésion du vice-roi.
Les réticences officielles vont finalement tomber grâce à la séduction et au don de persuasion du diplomate Ferdinand de Lesseps, né en 1805. Celui-ci représente la France en Égypte et bénéficie par ailleurs d'une bonne réputation à la cour de Napoléon III.
Vice-consul à 27 ans à Alexandrie, Ferdinand de Lesseps donne des leçons d'équitation à Muhammad Saïd, fils préféré du khédive Méhémet Ali.
À Alexandrie, il rencontre par ailleurs le saint-simonien Prosper Enfantin et adhère à son projet. En 1849, il quitte la «carrière» (la diplomatie) et s'y consacre pleinement...
Beaucoup plus tard, quand son élève devient khédive le 13 juillet 1854, il lui adresse de Paris ses félicitations.
Invité en Égypte, Ferdinand de Lesseps profite de l'occasion pour le persuader de creuser l'isthme de Suez selon le projet de Linant de Bellefonds. Reste à convaincre l'opinion européenne, à rassurer le sultan et surtout à surmonter l'opposition du gouvernement anglais au projet. Celui-ci craint pour sa domination sur le trafic Europe-Asie et pour son propre projet d'un chemin de fer entre la Méditerranée et l'Océan Indien.
Ferdinand de Lesseps renonce à solliciter les banquiers car ils réclament une part de la future société d'exploitation du canal en échange de leurs prêts. Foin de banquiers ! Lesseps préfère solliciter l'épargne publique et multiplie les conférences en Angleterre et en France en vue de séduire les futurs souscripteurs. Avec l'appui de la jeune impératrice des Français, Eugénie de Montijo, à laquelle sa famille est apparentée, il obtient enfin le 30 novembre 1854 une concession de 99 ans.
On lit dans l'acte de concession du khédive : «Notre ami, M. Ferdinand de Lesseps, ayant appelé notre attention sur les avantages qui résulteraient pour l'Égypte de la jonction de la mer Méditerranée et de la mer Rouge par une voie navigable pour les grands navires, et nous ayant fait connaître la possibilité de constituer, à cet effet, une compagnie formée de capitalistes de toutes les nations, nous avons accueilli ses propositions et nous lui avons donné, par ces présentes, pouvoir exécutif de constituer et de diriger une compagnie universelle pour le percement de l'isthme et l'exploitation d'un canal entre les deux mers...»
Ferdinand de Lesseps fonde donc le 19 mai 1855 la Compagnie universelle du canal maritime de Suez dont le nom est encore porté par un groupe industriel (Suez Lyonnaise des Eaux) en vue de creuser le canal et d'en gérer ensuite l'exploitation. Son capital est fixé à 200 millions de francs (400.000 actions de 500 francs). Ses bénéfices doivent initialement se répartir comme suit : 75% pour les actionnaires, 10% pour les fondateurs, dont Lesseps, 15% pour l'État égyptien. Mais les actionnaires se font prier et seulement la moitié du capital trouve preneur à la Bourse de Paris...
Les travaux débutent le 25 avril 1859, avec le concours de vingt mille fellahs égyptiens mis à disposition par Saïd Pacha, mais Lesseps n'est pas au bout de ses peines. Voilà que le khédive se rétracte. Craignant de s'attirer la colère du sultan de Constantinople, allié des Anglais, il interdit l'emploi de main-d'oeuvre égyptienne sur le chantier. Ferdinand de Lesseps fait appel à l'intercession de Napoléon III.
Le 18 janvier 1863, la mort de Saïd Pacha et l'avènement de son neveu Ismaïl, fervent modernisateur, lèvent définitivement tous les obstacles. Ferdinand de Lesseps convainc son nouvel ami de souscrire au capital de sa compagnie pour le montant restant dû. C'est ainsi que l'Égypte se retrouve en possession de 44% des actions avec la promesse de toucher 48% des bénéfices jusqu'en… 1968 !
Enfin, en 1866, le sultan de Constantinople reconnaît officiellement la concession du canal. Plus rien ne s'oppose à l'achèvement des travaux, d'autant que le khédive, bien imprudemment, va mettre le crédit de son État au service du canal.
Comme le capital de la Compagnie de Suez est loin de suffire aux besoins de financement, il emprunte huit millions de livres, soit l'équivalent du capital de la Compagnie, en contrepartie desquels il ne doit recevoir que 15% des bénéfices futurs !
Une voie prometteuse
Au terme des travaux, le canal, d'une longueur de 162 kilomètres, sur 54 mètres de largeur et 8 mètres de profondeur, traverse l'isthme de part en part.
Des villes nouvelles naissent dans le désert : Port-Saïd sur la Méditerranée (ainsi nommée en l'honneur de l'ancien khédive) et Suez sur la mer Rouge, ainsi qu'Ismaïla, entre les deux. La jonction des eaux a lieu le 15 août 1869. Lesseps proclame à cette occasion : « Au nom de son Altesse Mohammed Saïd, je commande que les eaux de la Méditerranée soient introduites dans le lac de Timsah, par la grâce de Dieu !»
Hélas, le héros du jour, Ferdinand de Lesseps, tentera dix ans plus tard de renouveler son exploit en ouvrant l'isthme de Panama mais il n'aboutira qu'à un désastre financier et politique.
L'Angleterre rafle la mise
Le canal de Suez permet d'abréger de 8000 kilomètres la navigation entre Londres et Bombay en évitant de contourner le continent africain. Désireuse de protéger cette nouvelle route maritime qui mène à sa principale colonie, l'Angleterre s'installe en 1878 à Chypre, avec l'accord du sultan. Dans le même temps, elle grignote l'influence française en Égypte.
L'exploitation du canal connaît des débuts laborieux. Les bénéfices escomptés ne sont pas au rendez-vous de sorte qu'en 1871, les actions ne valent plus que 208 francs au lieu de 500. C'est un coup terrible pour Ismaïl Pacha. En 1875, le souverain, en quasi-banqueroute, est obligé de vendre ses actions du canal de Suez pour combler une partie de ses dettes. Le Premier ministre Benjamin Disraeli se porte immédiatement preneur au nom de l'Angleterre pour quatre millions de livres. Sur le long terme, son investissement se révèlera extrêmement juteux avec une rentabilité de 8 à 9% par an jusqu'à la nationalisation du canal en 1956.
Quelques mois plus tard, le 8 avril 1876, l'État égyptien se déclare en faillite, ruiné par les investissements dispendieux d'Ismaïl Pacha et la voracité des créanciers occidentaux. Il doit se placer sous la tutelle d'une commission franco-anglaise en attendant que l'armée britannique occupe le pays.