Le Figaro Magazine - 25/09/2010
Trop révolutionnaire pour les royalistes, trop royaliste pour les révolutionnaires, Louis Philippe peine à trouver sa place dans l'histoire de France. Une biographie lui rend justice.
De son vivant, des caricatures de Daumier (la célèbre poire...) aux formules assassines de Chateaubriand dans les Mémoires d'outre-tombe, il avait déjà mauvaise image. La postérité a poursuivi Louis-Philippe de sa vindicte, le prenant en tenaille entre les nostalgiques du légitimisme, pour qui il était un usurpateur, les tenants du bonapartisme, qui le méprisaient comme un souverain sans gloire, et les hérauts de la République, aux yeux desquels il était un affameur du peuple. De nos jours, le personnage tendrait à être oublié.
Les historiens, pourtant, revisitent la monarchie de Juillet. L'an dernier, un universitaire anglais, Munro Price, brossait de Louis-Philippe un portrait empreint de sympathie (1), démontrant que son règne fut le moment où les institutions françaises se rapprochèrent le plus du modèle britannique. Et voici le livre d'Arnaud Teyssier. Issu de Normale sup et de l'ENA (dont il préside l'association des anciens élèves), haut fonctionnaire, professeur associé à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, celui-ci s'est fait connaître, après quatre volumes d'une Histoire politique de la France, par des biographies de Lyautey et de Péguy. Il s'attache aujourd'hui à retracer l'itinéraire du «dernier roi des Français», dans des pages où l'intelligence du propos le dispute à la qualité du style : un bonheur de lecture (2).
Quand Louis-Philippe vient au monde, en 1773, Louis XV est roi de France ; quand il meurt, en 1850, Louis-Napoléon Bonaparte est président de la République et sera empereur deux ans plus tard. L'Ancien Régime, la Révolution, le Consulat, l'Empire, la Restauration, sa propre monarchie, la République et les prémices du second Empire : l'ultime capétien ayant régné sur la France a connu tous les régimes par lesquels s'est opéré le passage de l'ancienne à la nouvelle société. Chacune incarnant une part de lui-même, il fut dès lors écartelé.
Fils aîné de Louis Philippe Joseph, duc d'Orléans, et de Louise Marie Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, Louis-Philippe descend deux fois de Louis XIII et quatre fois de Louis XIV, et il épousera une parente : ce prince est pleinement un Bourbon. Elevé avec sévérité par Mme de Genlis, baigné par l'esprit des Lumières, il accueille la Révolution avec enthousiasme, à l'instar de son père. En 1792, il prend part aux batailles de Valmy et de Jemmapes. Mais le durcissement des événements intérieurs l'inquiète : en vain, il incite son père à partir et tente de le dissuader de voter la mort de Louis XVI. Au printemps 1793, afin d'éviter l'arrestation, il passe la frontière comme Dumouriez.
Refusant de combattre contre la France, mais mal accepté par les émigrés en raison de ses idées avancées, le nouveau duc d'Orléans se réfugie successivement en Suisse, en Allemagne du Nord et en Scandinavie, puis séjourne aux Etats-Unis. De retour en Europe, il réside en Angleterre puis en Sicile, après son mariage, en 1809, avec la fille du roi de Naples : Marie-Amélie, épouse à laquelle il sera inébranlablement fidèle, lui donnera huit enfants.
Les malheurs de l'exil poussent Louis-Philippe à se rapprocher de ses cousins de la branche aînée, auxquels il donne des gages de loyauté. Ceux-ci le considèrent cependant avec suspicion, voyant en lui le fils de Philippe-Egalité, et un rival potentiel.
Lors de la Restauration, il rentre en possession des biens de sa famille, mais reçoit un accueil froid aux Tuileries. Partageant son temps entre le Palais-Royal et Neuilly, Louis-Philippe adopte un style de vie bourgeois qui n'est pas feint, veillant personnellement à l'éducation de ses fils, élèves au lycée Henri-IV. Si le duc d'Orléans répugne au complot, il fréquente des libéraux. « Il était obsédé, souligne Arnaud Teyssier, par la nécessaire adaptation de la monarchie et de ses institutions aux mœurs du temps .» Il faut avoir ce préalable en tête pour comprendre le règne de Louis-Philippe, sur lequel l'auteur s'étend longuement.
En juillet 1830, en décidant de gouverner par ordonnances, Charles X veut se débarrasser de l'opposition parlementaire : le vieux roi n'avait pas compris qu'on avait changé d'époque. Cette erreur lui coûte sa couronne et fournit sa chance à Louis- Philippe. Alors que la révolution gronde à Paris, celui-ci accepte le trône que lui présentent Laffitte, Perier et Thiers. D'abord lieutenant-général du royaume, il devient roi des Français le 7 août : « Nous sommes les derniers rois possibles en France », dit-il à sa femme.
Au cours de ses dix-huit ans de pouvoir, Louis-Philippe s'emploie à arracher la France à la guerre civile qui la guette depuis la Révolution, et à maintenir la paix extérieure. De ce dernier point de vue, sa politique, sagement pacifique, prend à rebours l'opinion publique, alors belliciste, et la conquête de l'Algérie apparaît comme un dérivatif pour une armée hantée par le mythe impérial.
Si la monarchie de Juillet forme une période d'essor économique, les fruits n'en sont pas répartis politiquement. En approuvant son ministre Guizot, qui refuse toute réforme électorale, a fortiori le suffrage universel, le roi commet à son tour une grave erreur, puisqu'il se prive d'une assise populaire. En 1848, en dépit d'incontestables réussites, le régime est balayé par l'émeute, et le monarque, victime du romantisme révolutionnaire, contraint à l'exil.
Louis-Philippe a échoué à établir une Constitution stable, remarque Arnaud Teyssier. Toutefois, méditant sur la longue durée qui va de 1789 à nos jours, l'historien observe que le souverain a échoué « comme tous ceux qui l'ont précédé et comme échoueront encore la plupart de ceux qui le suivront ». Au fond, le dernier roi des Français n'est pas parvenu à terminer la Révolution. Mais termine-t-on jamais une révolution ?
Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com
notes :
(1) Editions de Fallois, 2009.
(2) Louis-Philippe, d'Arnaud Teyssier, Perrin.
culture et histoire - Page 1852
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Le vrai visage de Louis-Philippe
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Vendredi 17 mai, soirée Printemps Français à la Traboule
LYON (NOVOpress) - Vendredi 17 mai à Lyon, soirée Printemps français à la Traboule, à partir de 20 heures. Au programme : de nombreux intervenants, récapitulatif des différentes manifestations, diaporamas. Restauration sur place.
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J’étais trotskiste, j’ai rejoint la droite nationale…
Longtemps, Patrick Gofman fut trotskiste. Tendance PCI. Comme Lionel Jospin, Jean-Christophe Cambadélis ou Jean-Luc Mélenchon. Il y a presque trente ans, il est passé de l’autre côté de la barricade, apportant sa plume à divers organes de ce qu’il est convenu de surnommer la droite nationale. Dans Trotskisme dégénéré, il revient sur les folles années de sa jeunesse. Sans nostalgie ni repentance.
Votre témoignage sur ce passé trotskiste est sans complaisance ni repentance. Déjà, c’est digne. Nonobstant, on sent chez vous le besoin, à un moment de votre adolescence, d’entrer en religion…
Il serait non seulement indigne mais aussi stupide de se repentir d’avoir eu 18 ans ! Et puis c’était tellement plus marrant de bâtir une secte incendiaire, de terroriser les adultes, plutôt que d’étudier docilement, d’être un « bon sujet », comme dans la comtesse de Ségur.À vous lire, il y aurait dans le communisme et sa version trotskiste une sorte de dimension eschatologique. Vous attendiez le « Paradis sur Terre » et pratiquiez les confessions publiques plus ou moins forcées.
« L’autocritique » à laquelle vous faites allusion était plutôt stalinienne et maoïste. Ce qui ne fait aucun doute, ce sont les emprunts de Lénine au christianisme, parfois mot à mot : « Hors du Parti, point de salut ! » L’ex-séminariste Staline, pendant la guerre civile : « J’ai ramené tel régiment à la foi orthodoxe ! »
Le gaullo-pompidolisme immobilier, malgré ses augustes racines résistancialistes, valait-il toujours forcément mieux ?
Non seulement il ne valait pas mieux, mais il nous qualifiait d’enragés sans bien comprendre que la rage nous venait de son affairisme, de son hypocrisie, de son oppression conservatrice…
Vous voilà désormais relégué dans un autre champ politique alternatif, celui du « Mouvement national », notion qu’on trouve sous votre plume et dont nous vous laissons l’entière responsabilité. D’un château l’autre ?
Pourquoi « relégué » ? Je suis heureux d’aider tout le mouvement national, sans adhérer à aucune de ses composantes. Mon retour à la patrie est sincère et même enthousiaste. Un soir, Jean-Marie Le Pen m’achète un exemplaire de mon Dictionnaire des emmerdeuses (Grancher), le lendemain, le mouvement Synthèse nationale, opposition « de droite » composée d’anciens transfuges du FN, publie Le Trotskisme dégénéré. Oui, d’un château, d’une joie, d’une liberté l’autre…
À lire votre livre, il y a beaucoup d’humour et de colère sous votre plume. Lequel de ces deux sentiments prédomine-t-il en cette jolie journée de printemps ?
On a assez répété que « l’humour est la politesse du désespoir ». En cette belle journée de printemps français, j’oscille en chantant de la colère plaisante à la blague furibonde !
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Entretien de Nicolas Gauthier avec Patrick Gofman
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Alain Gérard : Vendée, les archives de l’extermination
Le Massacre des Lucs-sur-Boulogne, vitrail de l’église paroissiale.L’historien Alain Gérard vient de publier les archives des témoignages sur les massacres subies par les habitants de l’ouest de la France pendant la Révolution. La majorité de ces archives viennent des révolutionnaires eux-mêmes, les victimes étant mortes, et les rescapés peu ou pas du tout lettrés, sauf de rares exceptions.
Ce que fait remarquer l’historien c’est que des « générations d’historiens ont eu beau scruter les archives à la recherche de l’ordre écrit décisif qui réintégrerait l’impensable dans un semblant de logique commune. Et ils ont bien trouvé des éléments dont il faudra tirer parti, mais il faut bien l’admettre : personne n’a, à ce jour, découvert d’ordre écrit adressé par le Comité de salut public ou par la Convention à Carrier de noyer les rescapés de la Virée outre-Loire, ni à Turreau de détruire l’ensemble de la population vendéenne. Vous voyez bien, triomphent les négationnistes, il n’y eu que des violences, regrettables certes, mais inséparables des guerres civiles, à replacer dans le contexte des mentalités du temps et des luttes de factions : ces gens ont été victimes des circonstances.
Mais si effectivement aucun ordre écrit d’extermination n’a été donné, comment comprendre que Carrier, Turreau et d’autres aient pu s’en faire les agents, en un temps où tout général et même tout représentant en mission se sait étroitement surveillé ? Comment de surcroît interpréter le reflux, à partir de 1794, de la terreur exercée en Vendée, au moment où justement la Révolution glisse massivement vers la Grande Terreur, qui sera officialisée par la loi du 22 prairial ? Et d’abord, pourquoi l’émergence d’un système aussi affranchi du droit et de l’humanité, et qui ne peut s’expliquer par les circonstances, puisqu’à l’intérieur les factions sont vaincues et que la situation est rétablie sur les frontières ? La Vendée, parce que c’est le lieu où la terreur a exercé ses plus grand ravages, pourrait bien constituer le lieu privilégié par où observer ses mécanismes intimes ».
Cette recherche est d’autant plus intéressante que la chose s’est répétée puisque d’autres négationnistes font remarquer qu’on n’a trouvé aucun ordre écrit d’Hitler ordonnant l’extermination des juifs.
L’historien nous guide dans une réflexion où « le déni précède le crime » : « Alors que le moindre tyran est censé endosser ses forfaits, ce qui est neuf ici, c’est que le déni précède le crime » et invente « le massacre démocratique ».
Alain Gérard conclut que « le plus stupéfiant, dans toute cette histoire, est peut-être le silence de Robespierre. Un silence assourdissant, alors que l’examen de ses papiers présenté par Courtois à la Convention le 5 janvier 1795, prouve qu’il est abondamment renseigné sur l’extermination en cours ».
Pour ce qui est de la lecture de ces massacres, âmes sensibles s’abstenir.
GÉRARD Alain, Vendée, les archives de l’extermination, éditions du Cvrh, 2013.
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La théorie du genre : prochaine bataille ? Après Taubira, Peillon ?
Une analyse d’Yvan Blot. -
« Il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes : familial, ethnique, social, intellectuel », a déclaré Vincent Peillon. Pour le ministre socialiste de l’Education « le gouvernement s’est engagé à s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles ». D’où l’importance accordée à la propagande pour la théorie du genre qui sera enseignée, selon la loi Peillon sur la « refondation » (sic) de l’école, dès six ans. Pour le député socialiste Julie Sommaruga, il s’agit de « substituer à des catégories comme le sexe ou les différences sexuelles, qui renvoient à la biologie, le concept de genre qui, lui, au contraire, montre que les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas fondées sur la nature, mais sont historiquement construites et socialement reproduites ». Polémia présente ici un texte original d’Yvan Blot décortiquant les origines de la théorie du genre, montrant le rôle des Anglo-Saxons dans sa promotion et la rupture idéologique et géopolitique entre l’Occident et la Russie sur ce sujet.
Polémia
La théorie du genre : le triomphe de l’ « immonde »
Le « mariage pour tous » est une revendication issue de la « gender theory » ou théorie du genre, venue d’Amérique. Le fondateur, John Money, fut responsable du suicide d’un de ses patients qu’il avait voulu faire changer de sexe. Mais la théorie, inspirée aussi d’auteurs français comme Simone de Beauvoir ou Jean Derrida, n’a pas cessé de progresser en Occident, partant du milieu universitaire mais relayé ensuite par des groupes de pression et par les médias.
Elle affirme que le genre (masculin, féminin) est imposé par la société et n’a rien à voir avec le sexe biologique. Elle est d’essence matérialiste et égalitariste et constitue une idéologie et non un acquis scientifique.
Critiquée par la majorité de l’opinion (lorsqu’elle en est informée), par les scientifiques (notamment au CNRS en France), par les responsables religieux, elle a de plus en plus force de loi en Occident qui connaît une coupure Est/Ouest croissante. Alors que la théorie du genre modifie le droit familial et assure la promotion de l’homosexualité, la Russie a adopté cette année une loi interdisant la propagande homosexuelle auprès de la jeunesse. Elle a été critiquée pour cela par l’Union européenne (Madame Ashton) et par les Etats-Unis mais elle maintient sa politique en faveur de la famille (création d’une fête de la famille) et de la natalité (capital naissance) malgré l’opposition des Occidentaux et des organisations internationales (le secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon défend la théorie du genre et prône l’arrêt de toute aide aux pays pauvres qui n’adoptent pas des lois en faveur de la « diversité sexuelle », notamment l’homosexualité).
La théorie du genre, dans sa forme extrémiste, veut supprimer les notions de famille et de lignée, et « déconstruire » la société actuelle au profit d’une société d’individus déracinés interchangeables, conformes au besoin de l’économie mondialisée.
Yvan Blot http://www.polemia.com
4/05/2013
On lira l’analyse approfondie de la théorie du genre par Yvan Blot, en Pdf, Pdf, en cliquant -
Vies contre profits
par Joseph Stiglitz
La Cour Suprême des Etats-Unis vient d’entamer ses délibérations sur une affaire qui met en lumière une question profondément problématique concernant les droits de propriété intellectuelle. La Cour doit répondre à la question suivante : les gênes humains – vos gènes – peuvent-ils être brevetés ? En d’autres termes, quelqu’un peut-il essentiellement être autorisé à détenir le droit de, disons, tester si vous avez un ensemble de gènes qui implique que vous avez plus de 50% de probabilité de développer un cancer du sein ?
Pour ceux qui sont étrangers à l’univers mystérieux du droit de la propriété intellectuelle, la réponse semble évidente : Non. Vous êtes le propriétaire de vos gènes. Une entreprise peut détenir, au mieux, la propriété intellectuelle sur son test génétique ; et parce que la recherche et le développement nécessaires au développement de ce type de test peuvent entrainer un coût considérable, l’entreprise pourrait à juste titre faire payer le fait de le pratiquer.
Mais Myriad Genetics, une entreprise basée dans l’Utah, prétend à plus que cela. Elle prétend détenir les droits sur tous les tests visant à rechercher la présence des deux gènes associés au cancer du sein – et a appliqué ce droit de manière impitoyable, bien que leur test soit inférieur à un test que l’Université Yale était disposée à proposer à un prix nettement inférieur.
Les conséquences ont été tragiques : un test approfondi et abordable qui identifie les patientes à haut risque sauve des vies. Empêcher de tels tests coûte des vies. Myriad est l’exemple parfait d’une corporation américaine pour laquelle le profit prend le dessus sur toute autre valeur, y compris celle de la vie humaine.
Voici un cas particulièrement poignant. Normalement, les économistes discutent de compensations : des droits de propriété plus faibles, dit-on, seraient un frein à l’innovation. L’ironie ici est que la découverte de Myriad aurait de toute façon été faite, compte tenu des efforts internationaux mis en œuvre, et financés par des fonds publics, pour décoder l’ensemble du génome humain qui a été une remarquable avancée des sciences modernes. Les bénéfices sociaux de la découverte antérieure de Myriad ont été minimisés par les coûts imposés par son impitoyable recherche de profit.
Plus généralement, on admet aujourd’hui que l’actuel système des brevets impose des coûts sociaux conséquents, et ne contribue pas à tirer le meilleur parti de l’innovation – comme le démontrent les brevets de Myriad liés à la génétique. Car après tout, Myriad n’a pas inventé les technologies utilisées pour analyser les gènes. Si ces technologies avaient été brevetées, Myriad n’aurait peut-être pas été en mesure de réaliser sa découverte. Et le contrôle étroit de ses brevets a freiné le développement par d’autres de tests meilleurs et plus fiables pour la recherche de ce gène. Le problème est simple : Toute recherche est basée sur des recherches antérieures. Un système de brevet mal conçu – tel que le nôtre – peut freiner la poursuite des recherches.
C’est la raison pour laquelle nous n’autorisons pas de brevets dans la recherche mathématique fondamentale. Et c’est pourquoi la recherche démontre que breveter les gènes limite la production de nouvelles connaissances en matière génétique : la plus importante contribution à la production de nouvelles connaissances est la connaissance antérieure, à laquelle les brevets freinent l’accès.
Heureusement, ce qui motive les avancées les plus significatives en matière de connaissances n’est pas le profit, mais la propre poursuite de la connaissance. Cela est vrai de toutes les découvertes et innovations transformatives – l’ADN, les transistors, les lasers, l’Internet, etc.
Une toute autre affaire juridique américaine a mis en lumière l’un des principaux dangers du monopole induit par les brevets : la corruption. Dans la mesure où les prix excèdent largement les coûts de production, de considérables profits peuvent être obtenus en persuadant les pharmacies, les hôpitaux, ou les médecins de se fournir chez vous plutôt qu’ailleurs.
Le procureur du district sud de la ville de New York a récemment accusé le géant pharmaceutique suisse Novartis de faire exactement la même chose en donnant illégalement des dessous de table, honoraires, et autres bénéfices aux médecins – soit exactement ce qu’il avait promis de ne pas faire à la suite d’une affaire similaire qui remonte à trois ans.
Public Citizen, une association de consommateurs américaine a en effet calculé que rien qu’aux Etats-Unis, l’industrie pharmaceutique a payé des milliards de dollars en conséquences de décisions de justice et d’accords financiers entre les firmes pharmaceutiques et les gouvernements d’états et fédéral.
Malheureusement, les Etats-Unis et les pays avancés font pression pour un renforcement des régimes de la propriété intellectuelle partout dans le monde. De tels régimes vont limiter l’accès des pays pauvres à la connaissance dont ils ont besoin pour leur développement – et priver de médicaments génériques salvateurs les centaines de millions de personnes qui n’ont pas les moyens de payer les prix imposés par le monopole des firmes pharmaceutiques.
Cette question est d’ailleurs âprement discutée dans le cadre des négociations continues de l’Organisation Mondiale du Commerce. L’accord de propriété intellectuelle de l’OMC, l’ADPIC (TRIPS en anglais, ndt) avait à l’origine prévu une extension de « flexibilités » pour les 48 pays les moins développés dont le revenu annuel par habitant est inférieur à 800 dollars. L’accord original paraît remarquablement clair : l’OMC devra étendre ces « flexibilités » à la demande des pays les moins développés. Mais alors que ces pays ont fait la demande de ces « flexibilités », les Etats-Unis et l’Europe semblent hésitants à les obliger.
Les droits de la propriété intellectuelle sont des règles que nous créons – et qui sont supposées améliorer le bien-être social. Mais les régimes de propriété intellectuelle déséquilibrés mènent à des inefficacités – comme les profits obtenus par monopole et une incapacité à maximiser l’utilisation des connaissances – qui freinent le rythme de l’innovation. Et comme le démontre le cas Myriad, ils peuvent aussi entrainer la perte de vies humaines.
Le régime de propriété intellectuelle américain – et le régime que les Etats-Unis sont parvenus à imposer au reste du monde avec l’accord ADPIC – est déséquilibré. Nous devrions tous espérer que par sa décision dans l’affaire Myriad, la Cour Suprême contribuera à la création d’un cadre plus sensible et plus humain.
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3ème grande marche aux flambeaux en l’honneur de Sainte Jeanne d’Arc à Bordeaux !
Venez nombreux honorer à Bordeaux, le 1er juin, la sainte de la patrie. Rendez-vous à tous les patriotes à 21h00, devant la Cathédrale de Bordeaux, pour une marche aux flambeaux ! Français levez-vous, notre nation ne doit pas tomber! Ne les laissez pas faire !
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Pierre LE VIGAN raconte : « Ordre Nouveau et moi ! »
Je n’ai pas connu directement le mouvement Ordre Nouveau. Je n’en ai eu qu’une approche indirecte en achetant une fois ou deux leur journal Pour un Ordre Nouveau, au graphisme épatant. C’est dire que l’initiative de Dualpha avec Alain Renault de faire cette réédition de divers textes introuvables – il n’y avait pas Internet ! – est excellente. J’ai le souvenir d’écrits ultérieurs à O.N d’Alain Renault, généralement assez drôles et bien vu, par exemple dans la revue Item des années soixante-dix.
Ce que j’ai en tête, c’est que, étant au lycée, il y avait – ce devait être entre 1971 et 1973, un militant ou adhérent d’Ordre Nouveau. A priori nous le savions parce qu’il ne s’en cachait pas. Or, il ne répondait pas aux clichés. Il n’avait pas les cheveux longs mais pas du tout non plus le crâne rasé, qui devait être rarissime à cette époque, affichait une petite barbe, et surtout n’avait rien d’un excité éructant. Il donnait au contraire une impression certaine d’équilibre, de calme et de maturité.
J’ai toujours pensé que les idées étaient l’essentiel. Même si un parti libéral ou un groupe stalinien étaient incarnés par des saints, je ne m’y rallierais pas.
Toutefois, je ne suis pas aveugle aux aspects humains. Que ce membre d’Ordre Nouveau ne corresponde à aucune caricature « antifasciste » (outre que je n’aime pas les caricatures) me fit réfléchir, et je me dis que c’était décidément une bonne idée que de m’intéresser à ce que disaient les nationalistes-révolutionnaires.
Il y avait par ailleurs au lycée deux types membres de l’U.N.I, increvable machin anti-gauchiste manipulé par la droite classique. Leur principal discours consistait à dire qu’« il y aura toujours des riches ». Certes, je n’étais pas naïf au point de ne pas savoir que certains sont toujours doués pour s’en mettre plein les poches pendant que d’autres crèvent la dalle, mais, justement, ce qui me paraissait important, c’est que les riches ne soient pas en plus ceux qui ont le pouvoir. Que les riches ne soient pas aussi les puissants et les uniques décideurs. J’avais bien sûr raison et les types de l’U.N.I. étaient des canailles – ce que n’était pas le militant d’Ordre Nouveau.
Quelques années plus tard, le mouvement sans doute le plus dans la continuité d’Ordre Nouveau fut les Groupes Nationalistes Révolutionnaires de Base de François Duprat et Alain Renault. Il fallait prononcer cela « Greuneubeu ». Un journaliste de Charlie Mensuel, Jean-Marie de Busschère, leur consacra, si ma mémoire ne me trompe pas, une série d’articles plutôt plaisants et compréhensifs vers 1977 (de Busschère, excellent esprit, est évoqué dans le blogue La longue vue, blogue animé par le général Tapioca). Mais ceci est une autre histoire, comme disait l’Oncle Paul dans Spirou…
Pierre Le Vigan http://www.europemaxima.com
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Le CRAN veut exploiter le filon financier de la repentance
PARIS (NOVOpress via Bulletin de réinformation) – Le 10 mai, à l’occasion de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, le président du conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) a assigné en justice la Caisse des dépôts et consignations.
Selon Louis-Georges Tin, la Caisse est coupable d’avoir perçu l’indemnisation versée par Haïti de 1825 à 1846 à la France, suite aux accords d’indépendance négociés à l’époque. La plus grande partie de ces indemnités ont été versées par la Caisse aux anciens propriétaires français expulsés d’Haïti. Les résidus de cette somme, non réclamés par les propriétaires, ont été reversés au Trésor public depuis plus de trente ans.
Quel est le lien avec l’esclavage ?
Il est très flou, car ces indemnités ne dédommageaient pas les anciens colons de la perte d’esclaves, mais de la perte de terres !
Quelles ont été les réactions de la classe politique à cette demande inique ?
Le président Hollande a opposé une fin de non‑recevoir, pour lui une indemnisation est hors de propos, car la question de l’esclavage ne se règle pas par une simple facture.
La ministre guyanaise Taubira, elle, a fort opportunément réclamé une politique foncière en faveur des descendants d’esclaves, notamment en Guyane. Concrètement, elle précise que l’Etat étant propriétaire de la plupart des terres dans ce département d’outre‑mer, il devrait donc les redistribuer aux autochtones à titre de réparation. Etrangement Madame Taubira ne propose pas aux aristocrates de demander des indemnisations pour leurs biens vendus à la Révolution…
Pour la repentance, l’UMP n’était pas en reste
Jean‑François Copé s’est fendu d’un discours larmoyant sur l’île de Gorée et la « maison des esclaves » d’où partaient selon lui des millions d’esclaves enchaînés par des Français. Bernard Lugan a pourtant eu l’occasion à plusieurs reprises de démonter ce mythe historique (voir Novopress ici). Monsieur Copé devrait s’abonner à l’Afrique réelle.
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Paris, 11 et 12 mai : l'hommage à Jeanne d'Arc, en "deux temps, trois mouvements"...
Dimanche matin, 12 mai, à 10 heures, Place de l'Opéra, à Paris, le Cortège traditionnel - d'un ordonnancement imposant - s'est mis en route pour aller fleurir la statue de la Place des Pyramides. On était venu d'un peu partout, pour se joindre aux membres du Centre Royaliste d'Action française, de La Restauration nationale et de L'Alliance Royale : on était venu de Picardie, du Dauphiné, du Maine, de l'Anjou, de Provence, d'Aquitaine, de Bourgogne, de Champagne...
Le trajet a changé, plusieurs fois, depuis 1920, date à laquelle, grâce à la persévérance de l'Action française, la Fête de Jeanne d'Arc fut instituée "Fête nationale", par la loi du 19 juillet 1920.
Le trajet, mais pas l'esprit, ni la nécessité de cette Fête : car nous sommes bien (et ô combien !) à l'une de ces "heures critiques de notre Histoire", et pourtant nous ne devons malgré tout pas douter de la France, car, "croire en elle et en ses forces de résurrection, c’est déjà se mettre en mesure de la sauver", comme le rappelle notre XXXIVème Grand Texte (écrit par un Président de la République, s'il vous plaît...) : "...Jeanne ne sera jamais trop aimée de la France... c’est à notre pays tout entier qu’elle appartient. Elle a commencé à délivrer la France de l’invasion, elle l’a soustraite à la suprématie étrangère, elle l’a guidée sur le chemin de l’Honneur et de la Liberté. Par quels moyens ? Par la droiture et la simplicité, par la bravoure et la persévérance, par la conviction que chez nous, rien n’est jamais perdu, pourvu qu’on chasse les mauvais conseils du découragement et du laisser-aller. A toutes les heures critiques de notre Histoire, Jeanne nous fournit le meilleur exemple dont nous puissions nous inspirer. Elle nous enseigne que, douter de la France, c’est risquer de l’assassiner et que, même devant les pires dangers, croire en elle et en ses forces de résurrection, c’est déjà se mettre en mesure de la sauver."
Arrivés au pied de la statue, et une fois les gerbes déposées, les participants écoutèrent Bernard Pascaud (1) : "...Nous en sommes à l’heure où ce qui est illégitime est légal, où ce qui est antisocial est à la tête de la société, où les ennemis de l’ordre public commandent à la force publique, où les pervers et les monomanes se dévorent entre eux, et dévorent la France par leurs convulsions...
...C’est face à cela qu’il faut faire retentir l’antique protestation de la jeune Antigone. Et comme Antigone, mes chers amis, nous entendons rendre à nos frères morts les devoirs légitimes, ceux qui consistent à assurer l’héritage français, à défendre les principes d’une communauté d’ordre où l’homme a toute sa place, où la loi écrite n’injurie point la loi non écrite, où la rumeur humaine n’injurie point la musique des sphères éternelles, où la famille française réconciliée s’épanouisse sous la garde de la famille-chef.
C’est à cette tâche de reconstruction qu’il nous faut être actif et inviter tous les Français. Le printemps français auquel rêvent certains sera capétien ou ne sera pas. C’est la leçon de Jeanne. C’est le devoir d’aujourd’hui."
Ceux qui ne nous connaissent pas encore, ou viennent de nous découvrir, et ignoreraient le sens, le "pourquoi" de cette Fête, pourront se reporter à notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, et y consulter les deux photos "10 mai 1920 : Barrès et le Cortège de Jeanne d'Arc" "La Fête de Jeanne d'Arc" : ils auront là une première source d'information...
Cette année, il avait été prévu que ce Cortège traditionnel serait précédé, la veille, de ce que l'on appelle volontiers, aujourd'hui, deux "temps forts" : d'abord, le samedi 11 mai après-midi, deux tables rondes, réunissant quatre intervenants chacune; puis, en soirée, un banquet amical, dans le quartier du Panthéon, à deux pas de cette croix immense restée en place, qui - l'Histoire a de ces ironies... - surmonte les tombes de Voltaire, Rousseau, Carnot, Gambetta, Jaurès, Zola et tant d'autres, qui, certainement, n'en demandaient pas tant !
Tables rondes et Banquet furent deux moments qui, à n'en pas douter, tinrent leurs promesses.
On put ainsi entendre, à la Maison des Mines, lors de la première Table ronde - animée par François Marcilhac - Jacques Trémolet de Villers, très profond et en même temps très drôle, et surtout visant très juste, parler du "Printemps français"; Bernard Pascaud (président de La Restauration nationale) parler, lui aussi avec beaucoup de justesse de ce "printemps" et de ce qu'il représente, et peut représenter demain; Olivier Perceval avait au préalable "ouvert" le débat, en resituant les choses dans leur contexte et leur globalité, et Antoine Desonay, responsables des étudiants, clôtura ce premier temps de parole en racontant comment se passaient les manifestations, quel rôle y jouaient les jeunes royalistes, et donnant force détails tirés de cette expérience "sur le terrain"...
Après une pause, la deuxième Table ronde - toujours animée par François Marcilhac - réunit Christian Franchet d'Espèrey, rédacteur en chef de La Nouvelle Revue Universelle, qui évoqua la grande figure de Jeanne d'Arc, Stéphane Blanchonnet, Alain Soral, président d’Egalité et Réconciliation, défendant "la gauche du travail et la droite des valeurs" : un même combat contre le mondialisme et le libéralisme...
La banquet, qui devait suivre cet après-midi, était donc prévu rue Montagne Sainte Geneviève, dans les superbes caves voûtées d'un restaurant qui, devant accueillir au départ environ cent dix convives, en reçut finalement près de cent cinquante, malheureusement trop nombreux pour être tous ensemble, et donc répartis dans trois salles : c'est peu de dire que "l'ambiance y était" et que ce fut un bon moment; "la bonne humeur a toujours régné parmi nous", disait Léon Daudet; aux chants des étudiants répondaient ceux des autres salles, et le répertoire traditionnel et joyeux des chants militants fut repris en chœur et de bon cœur par tous ceux qui se retrouvaient, de tous les coins de France, ne s'étant plus vus, parfois, depuis longtemps, mais unis comme toujours, unis comme jamais, heureux de se retrouver ensemble, et d'approfondir encore plus, toujours plus, les liens d'amitié indissoluble qui nous unissent : "eadem velle, eadem nolle, ea est vera amicitia"...
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(1) : le texte intégral du discours de Bernard Pascaud sera publié très prochainement sur lafautearousseau, ainsi qu'une vidéo retraçant les principaux moments des interventions du samedi après-midi et du Cortège de dimanche ...