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culture et histoire - Page 1885

  • Lire (ou relire) Maurice Barrès suite

    Parmi les œuvres majeures de Maurice Barrès figure La Colline inspirée : un roman historique publié en 1913, où trois religieux lorrains décident de faire revivre un lieu de pèlerinage...
    Dans un premier article, nous avons vu que Maurice Barrés s'était d'abord adonné au « culte du moi », tout en notant, à la suite notamment de Maurras, qu'il fallait moins y voir un égotisme radical que le souci d'un soi non aliéné par les « barbares ». Et c'est bien pourquoi Barrès valorisait l'enracinement : celui-ci révélait les appartenances - qui sont bien autant de dépendances ! - dont un individu esseulé ne pourrait s'affranchir qu'au prix de son équilibre et de son authenticité morale (cf. le deuxième article). La quête barrésienne de l'identité ne s'arrête pourtant pas là. Le Lorrain retrouva le chemin d'une adhésion au catholicisme dont il est cependant peu probable qu'elle se conjuguât avec une foi profonde. Et il sut aussi faire droit à quelques mouvements anarchiques (?), comme à ce rêve d'Orient qui s'incarna dans Un jardin sur l'Oronte, qui fit scandale auprès des dévots : n'y voyait-on pas un jeune chevalier prêt à se renier pour l'amour d'une sultane orientale ?...
    L'esprit des lieux
    Mais c'est une autre œuvre dont nous voudrions recommander ici la lecture, laquelle est sans doute sa plus accomplie : La Colline inspirée (1913). Quoique se rapportant à la colline de Sion-Vaudémont, lieu de mémoire de la Lorraine mystique, elle présente une valeur universelle, s'il est vrai qu'existent de par le monde nombre de « points spirituels », « connus » ou « inconnus ». Ce sujet intéresse donc aussi bien Barres, sujet à leur influence, que l'analyse qui va accompagner le récit de la geste des trois frères et prêtres Baillard, devenus hérétiques à la suite de Vintras : « D'où vient la puissance de ces lieux ? La doivent-ils au souvenir de ce grand fait historique, à la beauté d'un site exceptionnel, à l'émotion des foules qui, du fond des âges, y vinrent s'émouvoir ? » Au vrai, l'analyse ne saurait rendre raison du fait ; elle doit se contenter de prendre la pleine mesure du phénomène : « Illustres ou inconnus, oubliés ou à naître, de tels lieux nous entraînent, nous font admettre insensiblement un ordre de faits supérieurs à ceux où tourne à l'ordinaire notre vie. Ils nous disposent à connaître un sens de l'existence plus secret que celui qui nous est familier, et, sans rien nous expliquer, ils nous communiquent une interprétation religieuse de notre destinée. [...] Il semble que, chargées d'une mission spéciale, ces terres doivent intervenir, d'une manière irrégulière et selon les circonstances, pour former des êtres supérieurs et favoriser les hautes idées morales. C'est là que notre nature produit avec aisance sa meilleure poésie, la poésie des grandes croyances. » Un esprit fort contestera certes que de tels phénomènes puissent exister, et il les rapportera à la fantaisie de l'imagination... Mais Barrés tient bon : « Un rationalisme indigne de son nom veut ignorer ces endroits souverains. Comme si la raison pouvait mépriser aucun fait d'expérience ! [...] Il est des lieux où souffle l'esprit. »
    La prairie et la chapelle
    L'essentiel du livre est constitué par le récit émouvant de l'ascension et de la chute tragique des frères Baillard, détruits par l'institution ecclésiale - laquelle était certes dans son bon droit théologique et pastoral - autant que par eux-mêmes... ou bien par l'influence trouble des lieux. Car c'est justement là que se situe le vrai problème, admirablement posé par Barrés : l'« esprit » qui souffle sur ces lieux sacrés (un mot que Barrès n'emploie guère, cependant, il est intéressant de le noter) n'est pas toujours aérien, libre et favorisant l'élévation, mais procède souvent - le plus souvent ? - des profondeurs de la terre et, pour ainsi dire, de ses miasmes. À preuve : tous les dieux du paganisme y fleurissent... Cette ambiguïté de la terre, à laquelle l'Ancien Testament est si sensible, est alors l'occasion pour Barrès d'une admirable méditation sur la nécessaire dialectique, ou influence mutuelle, de la « puissance » d'en bas et de la « discipline » d'en haut : « "Je suis, dit la prairie, l'esprit de la terre et des ancêtres les plus lointains, la liberté, l'inspiration". Et la chapelle répond : "Je suis la règle, l'autorité, le lien ; je suis un corps de pensées fixes et la cité ordonnée des âmes. " "J'agiterai ton âme, continue la prairie. [...] Je suis un lieu primitif, une source éternelle." Mais la chapelle nous dit : "Visiteurs de la prairie, apportez-moi vos rêves pour que je les épure, vos élans pour que je les oriente. C'est moi que vous cherchez, que vous voulez à votre insu. " » À l'inverse de l'esprit judaïque, ou de la forme de christianisme qui en épouserait la rigueur, Barrés favorise plutôt une synthèse : « Éternel dialogue de ces deux puissances ! À laquelle obéir ? Et faut-il donc choisir entre elles ? Ah ! plutôt qu'elles puissent, ces deux forces antagonistes, s'éprouver éternellement, ne jamais se vaincre et s'amplifier par leur lutte même ! Elles ne sauraient se passer l'une de l'autre. Qu'est-ce qu'un enthousiasme qui demeure une fantaisie individuelle ? Qu'est-ce qu'un ordre qu'aucun enthousiasme ne vient plus animer ? L'église est née de la prairie, et s'en nourrit perpétuellement, -pour nous en sauver. » L'orthodoxie de cette thèse est peut-être discutable. L'« esprit » ne saurait-il être à lui seul « enthousiasmant » ? Le « salut » ne consiste-t-il qu'à se libérer de la « prairie » dont l'énergie est pourtant nécessaire ? On dirait que Barrès ne veut renoncer à rien... Et pourquoi pas ! Quoiqu'il en soit de l'acribie doctrinale, reconnaissons que s'il est une oeuvre littéraire où souffle l'esprit, c'est bien la sienne !
    Francis Venant Action Française 2000 mars 2013

  • Chronique de film : Le professionnel, un film de Georges Lautner (France, 1981)

    bebel le professionnel.JPGIl me faut l’avouer : Jean-Paul Belmondo m’a toujours été sympathique. C’était l’acteur fétiche de ma grand-mère, pensez… La vieillesse n’a pas épargné Bébel : on n’évoque plus de lui aujourd’hui que ses malheureuses affaires de cœur (de c.. ?) qui ont mal tournées avec une jolie bimbo trentenaire venant de milieux apparemment très libertins (dépravés ?) et dont les appétits devaient valoir quelques zéros. Le pauvre personnage s’étant apparemment fait rouler par la jeune femme qui en aurait voulu plus à son porte-monnaie qu’à ses charmes… Mémé n’aurait pas apprécié de voir ça, Bébel savait pourtant y faire avec les femmes au cinéma…

    A une époque, Belmondo était le grand acteur français (avec Delon évidemment) qui faisait vibrer les foules. Au début des années 80, lorsque sort Le professionnel, c’est le cas : Bébel connaît l’un des sommets de sa carrière. Réalisé par Georges Lautner, très grand nom du cinéma français (Les Tontons Flingueurs, Les Barbouzes, Mort d’un pourri, Flic ou Voyou…) et mis en dialogue par l’inimitable Michel Audiard avec qui le réalisateur a déjà plusieurs fois collaboré, Le professionnel reste un grand film policier de cette époque.

    Josselin Beaumont (J.-P. Belmondo) est un agent secret qui a eu comme mission d’assassiner le président Njala, chef d’Etat du Malagawi, pays africain (fictif évidemment). Finalement lâché par les autorités françaises en vertu de la « raison d’Etat », il est capturé et condamné dans le pays où il œuvrait. Beaumont réussit non sans mal à s’évader et à regagner clandestinement la France. Apprenant l’imminente visite officielle de Njala en France, il projette de mener à bien sa mission initiale, ce qui met à ses trousses ses anciens collègues et un commissaire particulièrement mauvais (Robert Hossein)…

    Le thème principal de film est donc la vengeance d’un homme seul contre le gouvernement français et ses services qui l’ont manipulé et finalement trahi prétextant un changement de contexte politique. Alors qu’il aurait la possibilité de recommencer une nouvelle vie, Beaumont n’a qu’une obsession : faire payer les autorités de leur trahison envers lui… Critique à peine voilée des dessous fort troubles de la politique étrangère française en Afrique Noire, Le professionnel n’est cependant pas un film où l’intrigue est compliquée, loin de là. C’est du divertissement populaire comme on savait en faire avant avec un acteur charismatique, qui, bien que jouant dans un film un peu plus sérieux voire noir par moments, sait que tout repose sur ses épaules. C’est le Bébel de toujours, qui distribue les châtaignes, fait de l’humour et charme les femmes. Les femmes sont d’ailleurs les seules à vraiment être sincères dans leurs sentiments, subjuguées qu’elles sont par ce charmeur de Belmondo. Les fonctionnaires et ex-collègues de Beaumont ne sont, pour leur part, pas présentés sous leur meilleur jour : même son meilleur ami en arrive à essayer de le piéger sous l’impulsion de sa hiérarchie… Bref, on sera d’accord avec Josselin Beaumont : le gouvernement français est pourri et il doit payer !

    Bercé par la célèbre musique d’Ennio Morricone (celle qui fut reprise dans la pub Royal Canin malheureusement…), Le professionnel nous offre également nombre de scènes d’action et de cascades qui, comme toujours, étaient réalisées par Belmondo lui-même ; les acteurs actuels en font-ils autant ? Accompagné par des seconds rôles de qualité tels Jean Desailly, Michel Beaune (qui avaient de vraies « gueules » de français) mais aussi Robert Hossein, impeccable en flic teigneux, Belmondo ne pouvait que trouver une nouvelle fois le succès avec ce classique qui quoique un peu kitsch a finalement bien vieilli et qui garde le charme d’un cinéma français qui a bien changé depuis...

    Rüdiger http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

  • Mystique ou adulation cytologique

    Je me trompe peut être, mais on n'entendait plus parler de la Création et des créatures de Dieu dans l'Eglise du Christ. En tous cas, je n’avais pour ma part aucun écho de ces paroles essentielles à travers les homélies, encore moins à travers la « presse catholique » Quelle joie d'entendre à nouveau cela de la bouche du pape François :
    les créatures de Dieu ! Comme c'est beau et évocateur ! Et juste, puisqu'il y aussi les bêtes, la nature !
    Depuis des années, je t'entendais parler que de la "vie", du "respect de la vie" et ç’était là un discours rien moins que clair. Il y aurait énormément à dire. Mais, en gros, on avait l’impression que « la vie », cette vie martelée jusqu’à saturation par un certain catholicisme, elle était de plus en plus étrange, de plus en plus réduite et pour tout dire, de plus en plus morte ! La vie, c’était d’abord la vie exclusivement humaine (tant pis pour les autres créatures de Dieu !) puis on comprenait implicitement que la vie, c’était avant tout celle de l’embryon, et pour finir on apprenait que la vie à défendre, c’était celle des cellules embryonnaires !
    C’est à dire que la vie, c’était tout sauf la réalité de la Création dans sa totalité et dans sa réalité naturelle et historique. On était donc en plein réductionnisme glacé, à la remorque des définitions les plus contingentes et les plus passagères de la vie par les biologistes, les biochimistes, les généticiens qui, eux, sont, heureusement, parfaitement conscients du caractère approché, régional et provisoire de leurs conceptualisations et donc de la contingence historique de leurs paradigmes.
    Cette réduction de la religion au « respect de la vie » à l’embryolâtrie, à la cytolâtrie (je rappelle que la cytologie est la science qui étudie le vivant au niveau de la cellule), son origine historique et ses fonctions ne sont que trop évidentes. La cellule vivante que nous devrions adorer et respecter, elle est effectivement vivante mais comme l’individu du capitalisme pourrissant : elle se nourrit, elle excrète, et basta ! Cette vie de type embryonnaire ou cellulaire, évidemment inconsciente et apathique, promue jusqu’à l’obsession, c’est bien celle qui est imposée aux hommes adultes par l’industrie culturelle du capitalisme pourrissant.
     Et c’est effectivement le modèle de vie que nous proposait depuis trente ans peut être l’Eglise qui avait choisi, consciemment ou non, d’ignorer la complexité proprement épistémologique et historique des conceptions de la vie pour être à la traîne et à l’affût des analyses partielles et régionales de la biologie.
    Alors, il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour commencer à percevoir par quel truchement cette conception étrange de la vie a pris la place de la vie réelle, historique dans la théologie contemporaine.
    C’est un résultat parmi bien d’autres de la glaciation mentale générale qu’a induit peu à peu le capitalisme le plus âpre, et que l’on désigne habituellement par le concept de réification. On pourrait citer par exemple l’animal de ferme devenu une pure machine à produire de la viande et on a confirmation d’une profonde cohésion dans l’horreur de la réification en remarquant que la divinisation de la vie cellulaire est corrélative du plus profond oubli et mépris de l’animal de laboratoire pour lequel la gent pseudo-catholique dressée (il n’y a pas d’autre mot à ce niveau de non-pensée) à l’adoration des cellules n’a jamais, jamais eu la moindre trace de compassion. Il y aurait encore beaucoup à dire en suivant le chemin que je viens de tracer mais cela serait long et complexe. Je dois, en conclusion, aller à l’essentiel.

        On avait cru comprendre que le christianisme était la religion de la divinisation de l’homme lors de son retour à Dieu par la médiation de Jésus christ et à travers les acquis de l’expérience mystique. C’est peut être par le rappel de cette expérience mystique que l’Eglise aurait pu éviter de se donner le ridicule de l’adoration des cellules embryonnaires et de l’oubli corrélatif d’une création, hommes et bêtes, qui vit certes mais dans un tout autre sens, phénoménologique et existentiel, et qui, souvent, souffre. Mais peut être aussi que certains avaient intérêt à faire oublier l’expérience mystique et à transmuter l’Eglise en une confrérie proposant pour tout objet à ses fidèles l’adoration pleurnicharde des cellules « humaines ». Difficile de trouver un meilleur moyen de crétinisation et d’infantilisation, il faut l’avouer.
    Espérons que le cauchemar de la prosternation devant les cellules embryonnaires va prendre fin avec le pape François. Il semble, lui, se souvenir que les Evangiles, ce n’est pas une adoration figée et stuporeuse de la matière, fut-elle organique, mais une histoire pathocentrée qui se passe entre des êtres vivants et souffrants et leur Créateur.
     Jacques-Yves Rossignol

  • Nombre d’or

    Le nombre d’or est tiré de la suite mathématique de Fibonacci (1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, 144…) : chaque terme est égal à la somme des deux nombres qui l’ont immédiatement précédé.

    Plus on va loin dans la série, plus le résultat de la division d’un nombre par le précédent tend vers 1,618 (nombre d’or). Inversement, si l’on divise un nombre de la suite par le suivant, on obtiendra un résultat qui tend vers 0,618 (ratio d’or).

    Le nombre d’or a été utilisé dans le domaine de l’art (peinture, architecture, musique…), mais on le rencontre également dans la nature (de la spirale logarithmique d’une coquille d’escargot à celle d’une galaxie, en passant par les proportions du corps ou du visage humain).

    Dans le domaine de l’analyse technique, le nombre d’or, ou le ratio d’or, est utilisé pour évaluer le potentiel des cycles (extension des vagues de 1,618 ou correction des vagues de 0,618).

    Ainsi, par exemple, la vague C mesure très souvent 1,618 fois l’amplitude de la vague 1. Les ratios de Fibonacci sont employés en pourcentage : 38,2 %, 50 % ou 61,8 %.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • IL Y A 300 ANS La chance ne sourit qu'aux audacieux

    Ouverte en 1701, la guerre de succession d'Espagne épuisa la France et l'Europe jusqu'en 1714, où elle se conclut par une paix favorable à Louis XIV, dans la continuité d'une victoire décisive obtenue à Denain, deux ans plus tôt, par le maréchal de Villars.
    Cette année-là, le soixante-neuvième de son règne, Louis XIV, soixante-quatorze ans, engagé dans la guerre dite de Succession d'Espagne, voyait se liguer contre lui l'Europe presque tout entière. L'heure était grave : pour le royaume, pas encore guéri des méfaits matériels et moraux causés par l'hiver terrible de 1709, et pour la famille royale elle-même, éprouvée par des deuils tragiques. Mais le roi de France, qui avait accepté, en 1700, la couronne d'Espagne pour son petit-fils le duc d'Anjou, lequel devint alors Philippe V, entendait maintenir coûte que coûte un Bourbon sur le trône d'outre-Pyrénées, non par orgueil familial ou national, mais tout simplement pour empêcher qu'un jour la France fût à nouveau prise en tenaille et que fût rompu le difficile équilibre européen. L'enjeu était de très grande politique.
    L'appel de Louis XIV
    L'intention de l'Europe coalisée était bel et bien de ruiner et de démembrer le royaume capétien. Il fallait résister jusqu'au bout, quel que fût le désir de paix, et expliquer à l'opinion publique que c'étaient les ennemis qui nous obligeaient à poursuivre la guerre... On conseilla au roi de réunir les états généraux, mais il ne voulut point recourir à ce remède dangereux. Il préféra écrire une lettre, un appel aux Français qui fut lu dans toutes les églises et placardé sur tous les murs publics du royaume. Les Français répondirent par un nouvel élan, montrant une nouvelle fois la faculté de redressement qui leur est propre.
    Cette résistance ne fut pas vaine, car les ennemis eux-mêmes commençaient à s'essouffler. Or la France n'était envahie qu'au nord et, sur nos lignes de défense, nous ne reculions que pied à pied. Depuis notre désastreuse défaite de Malplaquet (11 septembre 1709) qui leur coûta très cher, les Anglais manifestaient un réel désir de reprendre les pourparlers de paix, car cette guerre continentale, en fin de compte, ne leur rapportait pas grand chose... Le 10 décembre 1710, la victoire des troupes franco-espagnoles, sous le commandement du duc de Vendôme, arrière-petit-fils d'Henri IV, à Villaviciosa de Tajuña en Castille, fit réfléchir les Anglais, lesquels, en fin de compte, ne trouvaient pas si mal la séparation des deux couronnes de France et d'Espagne que proposait Louis XIV. Restaient les Hollandais parmi les plus intransigeants, et aussi les troupes du nouvel empereur romain germanique Charles VI, celui-là même qui, en tant qu'archiduc et petit neveu, comme le duc d'Anjou, du vieux roi d'Espagne Charles II (1661-1700), voulait régner sur l'Espagne. Il aurait donc été à la fois empereur et roi d'Espagne, comme jadis Charles Quint ; c'est ce que l'obstination de Louis XIV évitait pour la paix de l'Europe entière. Privés de leur appui principal, l'Angleterre, les troupes hollando-impériales grignotaient peu à peu les dernières places françaises qui contenaient l'invasion depuis des années et osaient appeler leur route ainsi déblayée le "chemin de Paris". Quant aux Anglais, voyant mourir, à la suite du Grand Dauphin, tant de princes du sang français, ils se mirent à craindre que Philipppe V fût un jour appelé, malgré les promesses de Louis XIV, à régner à Paris et à Madrid simultanément..
    Alors, le prince Eugène de Savoie-Carignan, au service des Habsbourg, força la frontière du nord en 1712 : il commandait cent trente mille hommes ; face à lui, le maréchal de Villars disposait de soixante dix mille vieux soldats français, la dernière réserve du royaume... Louis XIV déclara qu'en cas de revers, il se rendrait à Péronne et ou à Saint-Quentin : « Mieux vaut périr ensemble et sauver l'État. Je ne consentirai jamais à laisser l'ennemi approcher de ma capitale. » Un vent de panique souffla sur Versailles. On voulut presser le roi de ne pas s'exposer à être capturé : il répondit avec hauteur, et très royalement, qu'il refuserait d'abandonner son poste devant l'ennemi. Or le prince Eugène, trop sûr de lui, commit une imprudence en installant ses magasins un peu trop loin du principal corps d'armée : le camp de Denain, près de Valenciennes. Un habitant du pays s'en aperçut et courut le dire au général de Montesquiou qui le rapporta à son supérieur, le maréchal de Villars. Celui-ci fit simuler une attaque de Denain : les défenseurs du camp furent tous pris. Et quand le prince Eugène arriva, le 24 juillet 1712, il fut repoussé vigoureusement. Privé de vivres et de munitions, il n'eut plus qu'à se replier vers les Pays-Bas.
    Villars, le chanceux
    Dans l'affaire, Villars eut beaucoup de chance, mais il manoeuvra habilement. Sa gloire est surtout d'avoir obéi aux ordres formels de Louis XIV en livrant cette bataille désespérée. Le vieux Capétien, en faisant taire tous les défaitistes, avait tiré son royaume du désastre. Désormais le traité d'Utrecht pouvait être signé : la France n'était pas en position de faiblesse. Elle conservait les frontières qu'elle avait acquises, mais elle fut écartée de la Flandre belge qui passa à la maison d'Autriche, laquelle reçut mission, avec la Hollande de Guillaume d'Orange, de veilller à ce que les Français ne cherchassent pas à imposer leur présence ici. L'Angleterre, maîtresse des mers, le devint aussi des colonies : les espagnoles, d'Amérique latine, mais aussi les autres qui nous échappèrent, Terre-Neuve, Acadie ; même notre Canada fut menacé. Quant à la renonciation de Philippe V et de ses descendants à leurs droits de princes français, elle allait de soi et cela deviendrait évident au fur et à mesure que s'hispaniserait cette branche des Bourbons...
    Un tournant en Europe
    Mais les Hohenzollern, les plus actifs et les plus ambitieux des princes allemands, devinrent rois de Prusse et allaient par la suite chercher à reconstituer à leur profit l'unité allemande. Comme dit Jacques Bainville, « Louis XIV avait compris que la rivalité des Bourbons et des Habsbourg était finie, qu'elle devenait un anachronisme, que des bouleversements continentaux ne pourraient plus se produire qu'au détriment de la France et au profit de l'Angleterre pour qui chaque conflit européen serait l'occasion de fortifier son empire colonial ».
    Quand le vieux roi allait mourir en 1715, la France était très fatiguée ayant dû payer d'un haut prix l'acquisition de ses frontières et de sa sécurité. Les générations à venir sauraient-elles rendre hommage comme il le fallait à ces hommes de tradition qui gardèrent le sol natal au prix des pires sacrifices ? Cette année 1712 est aussi celle qui vit naître, le 28 juin, un mois avant le sauvetage inespéré de Denain, Jean-Jacques Rousseau, l'homme le plus asocial qui fût jamais et qui allait se mettre dans l'idée de dresser les plans d'une société révolutionnaire à laquelle il ne croyait même pas lui-même, mais à laquelle allaient croire les hommes de 1789... En quelques mois c'en serait (presque) fini de l'oeuvre de nos rois, pour le plus grand malheur de la France...
    Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000  Du 1er au 14 mars 2012

  • La Hongrie se donne une constitution taillée pour défendre les valeurs nationales

    Le président hongrois Janos Ader a signé l’amendement de la Charte Constitutionnelle qui vise à consolider l’unité de la patrie

    Le président hongrois Janos Ader a annoncé qu’il signera l’amendement modifiant la Constitution en dépit des avertissements lancés par la Commission Européenne, les Etats-Unis et les associations et ONG qui défendent soi-disant les droits de l’homme, qui tous, estiment que cet amendement contient des “risques” pour la démocratie en pays magyar; sans doute, l’UE et les Etats-Unis, flanqués de leurs ONG subversives, préfèrent-ils une Hongrie entièrement dominée par les grands oligopoles, par les banques et les technocrates, à la solde des usuriers internationaux et refusent-ils une Constitution qui soit réellement au service du peuple hongrois. Eurocrates, Américains et ONG ne veulent apparemment pas comprendre qu’une Charte Constitutionnelle de ce type permet de défendre la souveraineté monétaire et les valeurs nationales magyares. Lundi 11 mars 2013, le Parlement, entièrement contrôlé par la majorité parlementaire, démocratiquement élue par le peuple hongrois et surtout représentée par le parti Fidesz du premier ministre Viktor Orban, a approuvé l’amendement contesté 1) qui limite notamment le pouvoir de la Cour Constitutionnelle, en annule toutes les sentences énoncées avant l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution au début de l’année 2012, 2) qui favorise toutes les normes permettant la sauvegarde des institutions d’enseignement supérieur, 3) qui maintient le contrôle des pouvoirs publics sur les personnes sans domicile fixe, ainsi que sur les lois électorales et 4) qui défend la famille traditionnelle.

    Dans une déclaration affichée sur son site officiel, le Président Ader, proche d’Orban, a expliqué que sa signature relève d’une obligation inscrite dans la Constitution selon laquelle le Président est obligé de signer la Charte et ses modifications endéans les cinq jours, après son dépôt. Et Ader commente: “C’est le seul choix que m’offre la Constitution, en phase avec mon serment, avec les normes actuelles et avec les sentences de la Cour constitutionnelle au cours de ces vingt dernières années”. “Etre démocrate signifie suivre les règles d’un Etat légal en toutes circonstances”, a-t-il encore précisé. “C’est, sans équivoque, mon devoir constitutionnel de signer et de déclarer que cet amendement à la Constitution fait désormais loi”, même après “avoir lu des arguments intelligents dans la presse politique et dans les avis de bon nombre d’experts indignés”, hostiles à la réforme, a ajouté Ader, vu que la question cruciale soulevée par l’amendement concerne “l’unité nationale”, indépendamment du fait que “cela me plaise ou non”. Poursuivant son raisonnement, Ader précise: “le Président de la République ne doit pas simplement agir au-dessus de la politique des partis, il doit toujours se placer aux côtés de la politique nationale, en tous moments et en toutes occasions”.

    Mais les opposants à cet amendement ne manquent pas, y compris en Hongrie. Le lundi 11 mars 2013, des milliers de personnes ont manifesté devant les bureaux d’Ader, l’exhortant à ne pas signer l’amendement. Les adversaires de cet amendement, dont l’ancien Président Lazslo Solyom, prétendent que le Président peut renvoyer un texte en sa qualité de garant du fonctionnement démocratique de l’Etat. Le gouvernement Orban, pour sa part, observe que son ample mandat parlementaire l’autorise à réformer une Constitution vieillie, vestige du régime communiste du passé, contrôlé par feue l’Union Soviétique.

    Le Parlement hongrois en 2011 avait approuvé une nouvelle Constitution mais il avait été obligé de la modifier à cause des avertissements que ne cessaient de lancer les technocrates de Bruxelles et à cause des réticences de la Cour Constitutionnelle sur des questions comme l’indépendance de la Banque centrale hongroise, de l’indépendance de la magistrature ou d’autres institutions. Ces affrontements politiques avaient favorisé les attaques des spéculateurs internationaux contre le forin hongrois sur les marchés boursiers. Le gouvernement a été obligé de demander un prêt au FMI qui a certes promis une “aide” mais en échange de toute une kyrielle de contraintes très pesantes pour Budapest. Mardi 19 mars 2013, Olli Rehn, Commissaire européen des affaires économiques et monétaires, sera en Hongrie pour rencontrer le premier ministre Orban et le ministre des affaires économiques Mihaly Varga. On ne connait pas encore l’ordre du jour de la rencontre et on ne sait pas encore si le quatrième amendement à la Constitution hongroise sera évoqué ou non, alors que c’est précisément cet amendement-là qui a déclenché une avalanche de critiques de la part des Etats-Unis, de la Commission Européenne et du Conseil de l’Europe, toutes instances préoccupées de voir que le gouvernement hongrois, lui, défend au moins la souveraineté et l’indépendance nationales face aux potentats politiques et économiques téléguidés par les technocrates européens et internationaux. En somme, nous avons affaire là à des ingérences indues, perpétrées par une puissance d’au-delà de l’Océan et par des technocrates qui se permettent de s’immiscer dans les affaires intérieures d’un Etat souverain.
    Andrea Perrone.
    (article paru sur le site de “Rinascita”, 15 mars 2013; http://www.rinascita.eu/ ).

    merci R.Steuckers