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culture et histoire - Page 2000

  • Florian Rouanet - Le nationalisme (Militant)

     version originale  http://fr.gloria.tv/?media=355979

  • Pro Vercingétorix !

    Notre pays s’appelait autrefois la Gaule. C’était un ensemble de cités prospères mais parfois turbulentes. Chaque cité avait son sénat et chaque ville, son conseil de notables. On y délibérait beaucoup (1).


    Mais, de l’autre côté du Rhin, de l’autre côté des Alpes, des peuplades s’armaient, avides de conquêtes. En l’an 58 av. J.C., une armée romaine envahissait le pays sous le commandement d’un homme qui voulait changer le monde : Jules César.
     
    Face au futur dictateur - César fut assassiné par la suite, en plein Sénat, par les partisans de la République - un jeune homme se dresse : VERCINGETORIX, un nom qui est fait pour inspirer la terreur (Florus)(2). Son programme politique : « Faire diligence pour rassembler les cités gauloises, et faire ainsi de toute la Gaule un seul conseil où se décideront des accords auxquels tout le monde devra se soumettre (DBG VII, 29) ». Sa motivation : « Si j’ai mené cette guerre (contre l’envahisseur), ce n’est pas pour mes intérêts mais pour la liberté de tous (DBG VII, 89) » (c’est-à-dire pour un idéal de société où tous les hommes, quels qu’ils soient, seront libres). Son père naturel : Celtil, grand chef des Arvernes, druide suprême de la Gaule. Son père spirituel : Dumnorix, chef de la cavalerie éduenne, qui s’écria avant de mourir, assassiné sur ordre de César : « Je suis un homme libre ! J’appartiens à une cité libre ! (DBG V, 7) ».

    Que l’on soit Gaulois de souche, immigré de longue ou de fraîche date, tout le monde s’est posé ou se posera un jour des questions sur l’histoire antique du pays dans lequel il a choisi de vivre. Interrogeant la mémoire de la société dont on a accepté l’éducation, il est bien rare que les citoyens et citoyennes de bon sens n’y trouvent pas, à la racine, des valeurs pour notre temps.

    Ignorant les technocrates qui planifient dans leurs bureaux obscurs, ces citoyens et citoyennes de bon sens savent bien que ce n’est pas en reniant le passé ni dans de perpétuelles repentances qu’on construit l’avenir et que des grands projets, tels que l’Europe, ne pourront se réaliser que par le rapprochement des patries historiques.

    Quelle mauvaise mouche a donc piqué cette vénérable institution qu’est le Collège de France pour que son porte-parole à la chaire des Antiquités nationales proclame à tous vents ce slogan qui ne veut rien dire : « La patrie gauloise est un mythe ! » ? Recueil de nombreuses contre-vérités, de faux sens et de contre-sens, et pourtant Bible pour les archéologues de demain, Le "dossier Vercingétorix" de M. Christian Goudineau, s’efforce de démolir le personnage historique des textes antiques auquel, depuis Camille Jullian, nous avons cru. Vercingétorix fait piètre figure. Il n’a pas de personnalité, il ne joue qu’un tout petit rôle (page 230). La reddition de Vercingétorix devant César ? Une invention des auteurs anciens ; la fin est nulle, plate (page 328). Après avoir déboulonné la statue de Vercingétorix, le « grand patron » en histoire gauloise s’en prend ensuite à la Gaule. Véritable paradoxe, alors que les discours de César se font au nom de Rome, alors que ceux des Gaulois se font au nom de la Gaule, il nie tout sentiment gaulois ; il n’y aurait eu que des patriotismes de cités. Les frontières de la Gaule ? Une invention de César (page 238). Corrigeant superbement les témoignages antiques, il affirme : « Dans l’antiquité, la Gaule, ça n’est rien, ça n’existe pas (page 238) ». La maison de Vercingétorix ? Une maison en matériaux périssables (terre et bois) (page 243). Le physique impressionnant du chef arverne ? Une invention de Dion Cassius et de Florus (page 282). Comment fut-il exécuté ? Nous l’ignorons et, à vrai dire, cela importe-t-il ? (page 328). Faisant l’apologie de l’ouvrage, la revue "L’archéologue" (n°53) résume l’idée que se fait l’auteur du héros arverne : un guerrier coupeur de têtes, un paysan élevant des cochons.

    Solidaires et complices du cartel qui soutient M. Goudineau (la revue L’archéologue, les éditions Errance, la librairie Epona, le musée archéologique européen, France culture etc…), les médias n’hésitent pas à en rajouter dans le dénigrement de notre protohistoire, se félicitant de la victoire romaine qui nous aurait amené la civilisation (cf. Le Monde des livres du 20/5/94)……

    Triste civilisation, en vérité, qui brûla Bourges, la plus belle ville, ou peu s’en faut, de toute la Gaule, et qui massacra ses 40 000 habitants, hommes, femmes et enfants ! (DBG VII, 15 et 28)…… Triste civilisation que Vercingétorix, heureusement, conjura en s’offrant, de lui-même, en holocauste : « Puisqu’il faut céder à la fortune, je m’offre à vous ; tuez-moi, ou livrez-moi vivant aux Romains. Puissent-ils se satisfaire de mon sacrifice ! » (DBG VII, 89).
    Français, prenez garde ! Les 45 millions d’euros que vous allez donner au futur Muséoparc d’Alésia serviront à donner à nos enfants un enseignement tiré du "Dossier Vercingétorix" de M. Christian Goudineau, un enseignement partisan "anti-Vercingétorix", un enseignement à la mode de notre époque où tout devrait être déconstruit. Je cite : le parcours se termine par la présentation détaillée - et par conséquent la déconstruction - du mythe des origines gauloises, de l’héroïsation de Vercingétorix...(3)
    Il faut réagir. Il faut que nos responsables politiques sortent de leur torpeur. Vercingétorix n’est pas seulement un de nos plus grands personnages historiques, il est un symbole de la Liberté.
     
    Renvoi 1. L’Histoire de France enseignée aux enfants de E. Lavisse, en 1884, commence ainsi : il y a deux mille ans, notre pays s’appelait la Gaule...mais il s’égare en donnant l’image d’un pays inculte alors que Strabon dit tout le contraire. Et encore aujourd’hui, on se refuse à reconnaître aux Gaulois l’usage de la chaux et l’existence de villes et de forteresses comme dans tout le reste du monde antique.
    Renvoi 2. Le nom de Vercingétorix - VER CIN GETO RIX - rassemble les fonctions principales de la société gauloise : le VERgobret, magistrat suprême placé à la tête de l’administration (magistratus), CIN qui évoque la chevelure flamboyante de l’aurige des monnaies gauloises (cf. Cincinnatus, l’homme aux cheveux bouclés), GETO qu’il faut transcrire en TOGE, l’homme à la toge, c’est-à-dire le sénat, et enfin le RIX, le commandant en chef des armées. 
    Renvoi 3. Autre ignominie : stigmatiser une France occupée qui aurait choisi la collaboration en reconnaissant la supériorité de l’occupant, comme les Gaulois, et en présentant l’image d’un jeune des chantiers de Jeunesse, est une véritable insulte à l’esprit de résistance qui animait cette organisation, véritable insulte à tous ces jeunes qui se sont engagés dans les armées françaises de la libération, parfois en unités constituées, et qui sont morts au combat.
    Emile Mourey http://www.agoravox.fr
  • Une vingtaine de députés de gauche contre la dénaturation du mariage

    L’unité se fissure de plus en plus au sein de la gauche. Carlos da Silva, député PS de l’Essonne, suppléant de Manuel Valls depuis dix ans, déclare :

    « Je me suis beaucoup interrogé sur le mariage pour tous, j’ai beaucoup hésité. Je suis sceptique dès lors qu’il s’agit de toucher à l’ordre sociétal de notre pays. Je suis sceptique parce que je considère aussi qu’il faut, dans le travail du gouvernement, ne pas se limiter à ses mesures sociétales ».

    Au terme de plusieurs mois de réflexions et surtout de pressions, l’élu socialiste a décidé qu’il votera « pour » le mariage et l’adoption par les homosexuels.

    « Mais je voterai contre la procréation médicalement assistée, que ce soit devant le groupe, en commission ou en séance. La PMA ne fait pas partie des engagements de François Hollande ».

    Pour le moment, seuls le maire de Lyon, Gérard Collomb, ou l’ex-premier ministre, Lionel Jospin, sont ouvertement critiques. Le député maire de Chambéry, Bernadette Laclais, est contre. Comme le député des Yvelines Jean-Philippe Mallé, suppléant du ministre Benoît Hamon :

    « C’est non pour le mariage, non pour l’adoption, non pour la procréation médicalement assistée ».

    Le député de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier est également contre. Comme Jérôme Lambert, Patrice Carvalho et Gérard Charasse. Dominique Potier est furieux de l’absence de débat au sein même du PS :

    « Il me semblerait de bon aloi que le PS et le groupe socialiste nous autorisent à nous exprimer sur ce sujet ».

    Le Salon Beige

  • Alain Soral - Des bilderberg au club "Le siècle" - La Franc-Maçonnerie au pouvoir

  • Michel Guénaire : Un libéral en guerre contre le néo-liberalisme

    Avocat, spécialiste de droit public des affaires, ancien universitaire, Michel Guénaire est un libéral de l'ancien temps qui s'efforce de renouer avec les grands classiques de sa famille de pensée, loin des clichés néo-libéraux, tout en dénonçant la vacuité identitaire d'une Europe amnésique, confrontée à un monde multipolaire de plus en plus conscient de ses spécificités.

    Le Choc du mois : Comment l'avocat des affaires plutôt libéral que vous êtes en est-il venu à écrire des livres qui remettaient assez profondément en cause l'orthodoxie du néo-libéralisme ?
    Michel Guénaire : Mon point de départ est, en effet, un engagement libéral. À vingt ans, je lisais Benjamin Constant, quand mes condisciples vivaient encore dans la vénération du marxisme. Après avoir embrassé un temps la carrière universitaire, j'ai rejoint le barreau d'affaires en 1990, un an après la chute du mur de Berlin. J'ai alors assisté à l’éclosion d'un nouveau modèle économique mondial, qui prenait progressivement ses distances avec l'héritage du libéralisme classique. Je m'y suis intéressé. Mes essais ont ainsi recueilli les observations et les leçons que je tirais de la mondialisation. Ma formation de base étant celle d'un publiciste (c'est-à-dire un spécialiste de droit constitutionnel, de droit international public et de régulation des marchés), je me suis d'abord penché sur une notion de plus en plus discréditée dans la doxa de l'économie néo-libérale : le pouvoir. Quid du pouvoir et de ses enjeux dans une société exclusivement organisée autour de la seule loi du marché ? C'est nouveau. Car, sur ce point comme sur beaucoup d'autres, les libéraux de notre temps ont largement déformé la pensée et le combat de leurs devanciers, qui, au XIXe siècle, ne songeaient nullement à remettre en cause la légitimité du rôle de la puissance publique. Voyez l'inventaire qu'ont fait Charles Gide et Charles Rist des passages de La Richesse des Nations où Adam Smith évoque le rôle positif de l’État. D'autres que Smith, pareillement libéraux, n'ont pas manqué de souligner la part prépondérante que tient l’État dans l'organisation de la société. Si en réalité dans l'univers mental des néo-libéraux, on a pu à ce point associer libéralisme et anti-étatisme, c'est qu'on s'est focalisé sur le souvenir de la première lutte des libéraux contre la Monarchie, à l'exclusion des autres traditions libérales.

    La thèse très forte de votre livre, c'est que le libéralisme est d'abord le produit d'une culture historique particulière et bien précise, celle de l'Angleterre, pas une philosophie universelle. Qu'en déduisez-vous exactement ?
    C'est une thèse, ou une opinion, confortée par une observation attentive des cycles historiques : le libéralisme a été forgé au cours des siècles passés, principalement au long des trois grandes révolutions, anglaise, américaine et française, par des hommes qui avaient une préparation et une formation spécifiques. On les voit d'abord apparaître au sein de la société anglaise dans leur opposition à la monarchie absolue (songez à tous ces gentilshommes anglais des XVIIe et XVIIIe siècles, contemporains de John Locke). On retrouve les mêmes hommes en France à la même époque. Fénelon n’écrit-il pas, dans sa Lettre à Louis XIV, des pages que n'auraient pas reniées les libéraux anglais ? Montesquieu et Voltaire seront aussi des libéraux qui vont compter. À la différence du marxisme, le libéralisme n'est pas né de la pensée d'un seul homme, c'est une œuvre collective, tissée de génération en génération. Ce fil continu part, ou partait, de la notion de responsabilité individuelle. S'il posait en principe que tout individu peut commercer par-delà les frontières de sa nation, ce dernier devait néanmoins conserver une éthique civile et une responsabilité morale, à charge pour lui de partager en retour avec la collectivité le fruit de son travail. Or, le plus frappant aujourd'hui, c'est que le libéralisme s'est écarté de cet héritage historique. Il ne correspond plus qu'à des standards techniques, pas à une culture politique spécifique. Ces standards sont connus. C'est un schéma institutionnel théorique : la démocratie libérale, que l'on croit pouvoir faire advenir au travers d'élections libres, et le capitalisme libéral, synonyme de marché déréglementé. Ce libéralisme ne correspond à aucun cadre culturel dans la plupart des pays où il est appliqué. Ainsi, les États les plus durs sur le plan de la compétition économique, appliquant à la lettre les règles du libéralisme, sont précisément ceux qui, paradoxalement, sont, culturellement et historiquement, les plus étrangers à la formation de la pensée libérale. Citez-moi un Chinois qui ait écrit un livre ou une page d'inspiration libérale ayant contribué à la formation de cette famille de pensée ?

    À quoi est due selon vous la crise financière et économique qui touche de plein fouet ce modèle de l'économie néo-libérale ?
    Le modèle économique mondial actuel ne repose plus que sur la finance de marché. Une économie virtuelle a doublé l'économie réelle. Entre 1989, date de la chute du Mur de Berlin, et cette date très symbolique du 15 septembre 2008 - jour de la faillite de la banque d'affaires américaine Lehmann Brothers -, la finance fut le levier unique de l'investissement des entreprises, de la création des richesses des nations et du pouvoir d'achat. Ce levier était illusoire et dangereux. Il reposait sur un crédit facile et une ingénierie financière très complexe, née de l'outil de la titrisation, qui a créé un éloignement suicidaire entre le créancier et le débiteur. L'éclatement, à intervalles réguliers, des bulles boursières avait pourtant sonné autant d'avertissements, mais les grandes institutions financières, avec la complicité d’États qui les avaient considérablement aidées en œuvrant de leur propre chef à la déréglementation, n'ont jamais voulu renoncer à cette illusion de richesse. Ils y ont d'autant moins renoncé que personne ne les a proprement dissuadés de le faire. C'est un point très important à souligner, que de nombreux économistes ont gommé dans leur analyse de la crise : le modèle mondial néo-libéral n'a pas rencontré de contradiction, ni frein, ni limite d'aucune sorte, il s'est imposé sans résistance après la chute du Mur de Berlin.

    Quelle leçon les libéraux doivent-ils tirer de la crise ?
    La leçon à tirer, c'est qu'il leur faut au plus vite revenir aux origines de la pensée libérale, à savoir : sur le plan politique, retrouver les fondements de l'organisation de la cité ; et sur le plan économique, placer les acteurs devant les responsabilités qui sont les leurs. Mais par-dessus tout, dans des sociétés où tout va très vite et où apparaît une nouvelle donne géopolitique, les libéraux doivent repenser leur rapport avec le reste du monde.

    Qu'entendez-vous par là ?
    La crise financière a fait ressortir une certaine fatuité du modèle de développement économique né en Occident. Ce modèle a des racines anciennes. On peut les faire remonter à la première mondialisation, contemporaine de la révolution industrielle, dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Pour ma part, je crois qu'elles sont antérieures. Le modèle occidental est né en réalité avec les grandes expéditions et découvertes de la Renaissance. Soit cinq siècles, qui correspondent à un cycle historique assez homogène : les expéditions ont permis à l'Occident d'asseoir sa domination sur le commerce mondial et de diffuser partout son modèle politico-économique. Mais aujourd'hui, les ressources morales de l'Occident, en tout cas de l'Europe, sont singulièrement asséchées. Le monde qui vient sera un monde multipolaire, découpé en grandes régions. L'urgence est donc, pour un libéral européen, de renouer avec les fondamentaux culturels qui sont les siens. Bref, de se réapproprier sa propre culture, ni plus ni moins que les autres régions du monde. Voyez les États-Unis et la Chine. Ces deux grandes régions du monde s'appuient, l'une et l'autre, sur des élites et une population fortement ancrées dans leur terreau culturel. Car, quoi qu'on dise, la vitalité américaine reste intacte - ce qui m'a toujours opposé à Emmanuel Todd et à nombre d'intellectuels français, très pessimistes à l'égard des États-Unis, peut-être parce qu'ils n'ont jamais voulu mesurer combien, outre-Atlantique, on avait le dynamisme économique dans le sang. Les Chinois, quant à eux, n'oublient jamais les leçons qu'ils peuvent tirer de leur propre histoire. Depuis le fameux discours de Deng Xiao Ping en 1978, qui a ouvert la Chine à la liberté des échanges commerciaux, ils sont dans le registre, non d'une conquête brutale du monde, mais d'une volonté de restauration de leur puissance. Face à ces deux modèles adossés à une identité culturelle clairement assumée, l'Europe fait figure de parent pauvre. On surprend chez elle le vertige d'une construction désincarnée. Amnésiques, les Européens nient leurs racines culturelles, croyant encore en un monde pacifié, sans adversité, où l'OMC et le FMI régleraient tous les différends, sans jamais tenir compte des spécificités - identités, cultures, projet de civilisation - de chacun.

    Quel regard portez-vous sur ce que l'on nous vend comme étant une « sortie de crise » ?
    Nous sommes toujours dans la crise, essentiellement parce qu'on n'a pas réglé tous les effets qui sont à l'origine de celle-ci, à commencer par la financiarisation de l'économie. La plupart des banques et des institutions financières d'Occident restent très exposées sur les subprimes et quantité d'autres produits dérivés sophistiqués. Nombreuses sont les banques vivant toujours dans l'illusion quelles seront finalement payées de leurs créances. Ajoutez à cela la dette des États et le transfert des réserves monétaires de l'Ouest vers l'Est, la Chine, la Russie et les États du Golfe détenant aujourd'hui beaucoup plus d'argent que l'Europe, les États-Unis et l'Australie. La sortie de la crise pâtit donc du rendez-vous perpétuellement ajourné d'un check-up définitif des risques financiers des institutions financières. Pour le dire autrement, il n'y a que deux voies possibles pour sortir de la crise. Celle, aujourd'hui privilégiée par l'Europe, d'une régulation plus forte des échanges entre les pays, les entreprises et les banques, telle qu'elle s'esquisse dans les sommets et autres réunions du multilatéralisme. C'est le monde comme il ne va pas depuis vingt ans, avec un peu plus de règles et un supplément de bonne conscience. L'autre voie considère que ce qui, dorénavant, va fixer la règle du jeu, ce sera davantage un équilibre entre des contraires qu'un ordre normatif exclusif et unique s'imposant uniformément à des nations différentes. Dans le monde qui vient, c'est l'équilibre qui devra donc être recherché, plutôt que l'ordre du monde.

    Votre critique du libéralisme moderne vise aussi le culte idolâtre de la norme juridique. N'est-ce pas singulier pour un juriste ?
    Il y a deux traditions juridiques : celle du Code et celle de la Common Law. J'appartiens à celle du Code, et considère que le droit doit être le tuteur des comportements individuels et des personnes morales dans une société. La culture de la Common Law, c'est celle de la règle de droit diffuse, et donc dispendieuse, puisqu'il faut nécessairement, pour l'interpréter, recourir à des hommes de droit. Outre cela, elle est conflictuelle. Le Code, lui, s'il est bien écrit, est pédagogiquement compréhensible par tous : ce sont des articles de morale au sens fort du terme, car ils permettent au plus grand nombre de se comporter de la même manière dans une société déterminée. L'Europe actuelle ne s'inscrit malheureusement pas dans la filiation disciplinaire du Code, mais dans celle de la Common Law. Elle est entièrement acquise à une culture juridique de la règle de droit explosée, difficile à interpréter et qui fait vite apparaître des rapports de force.

    L'une des originalités de votre livre, c'est la réhabilitation que vous y faites d'une œuvre très discréditée de Thomas Mann, les Considérations d'un apolitique. Pourquoi cette référence est-elle si importante à vos yeux ?
    Si j'ai souhaité mettre en avant cette œuvre de Thomas Mann, c'est quelle me paraissait exprimer avec le plus de clarté et de prescience, dans cette période incertaine, agitée et transitoire, que fut la fin du XIXe et le début du XXe siècle, l'une des interrogations les plus profondes qui pouvait alors se poser à un intellectuel européen : la quête d'identité. À l'approche de la Première Guerre mondiale, Thomas Mann, qui chérissait la liberté, s'est heurté à ce qu'on appellerait aujourd'hui une « pensée unique », aussi arrogante et aveugle que la nôtre, issue de la Révolution française et confortée par les certitudes propres à la bourgeoisie européenne, indifféremment anglaise ou française (il ne faisait d'ailleurs aucune distinction entre les Français et les Anglais). Une telle pensée unique se trouvait être au seul service de la civilisation libérale. Or, Thomas Mann considérait à raison que son pays, l'Allemagne, avait fait un autre choix culturel, fondé sur ses propres racines. À la civilisation franco-anglaise qui privilégiait l'écrit, la culture allemande avait choisi la musique ; et pendant que la première défendait une vision formelle et abstraite de la liberté, la seconde recherchait son identité réelle. Ce débat entre culture et civilisation, souvent caricaturé dans le paysage intellectuel français, est absolument fondamental. On devrait s'en souvenir pour appréhender d'au plus près les enjeux de la multipolarité. L'Allemagne qui, à la fin du XIXe siècle, défendait sa culture face à la civilisation libérale, ne peut-elle pas être comparée à la Chine qui, en ce début de XXI siècle, défend elle aussi sa spécificité culturelle face à la civilisation mondiale ? Thomas Mann s'est reproché par la suite ce livre parce que son combat pour la culture allemande allait être récupéré de la plus vilaine des façons, le livre disparaissant même de certaines de ses bibliographies, à l'inverse curieusement de La Montagne magique qui n'est pourtant rien moins que la traduction romanesque des Considérations d'un apolitique et a d'ailleurs valu à son auteur le prix Nobel de littérature.

    Thomas Mann aurait-il pressenti en 1918 le mal qui détruit l'Europe aujourd'hui ?
    Déracinée culturellement, l'Europe s'expose à un risque de déconstruction et de dépossession d'elle-même si elle s'obstine à ne pas renouer avec sa personnalité culturelle. À cet égard, le texte de Thomas Mann peut nous montrer la voie. Voyez la polémique autour des racines chrétiennes de l'Europe. Les rédacteurs de la Constitution européenne ont refusé que le préambule de la Constitution y fît référence explicitement, estimant que l'Union européenne ne devait pas offrir le flanc à des critiques. C'était une erreur. Plus un État se ment sur ses origines religieuses, plus il s'expose à des déchirements identitaires. Si l'Europe, et singulièrement un pays comme le nôtre, réaffirmait avec ambition ses racines et son identité chrétiennes, les autres religions y auraient tout à y gagner. Il n'y a rien de plus dangereux qu'une identité qui ne rencontre face à elle aucune autre identité pour s'éprouver.
    Propos recueillis par François-Laurent Baissa et Pierre-Paul Bartoli Le Choc du Mois mai 2011
    Michel Guénaire, les deux libéralismes, Perrin, 484 p., 25 €.
    Michel Guénaire, Il faut terminer la révolution libérale, Flammarion,
    200 p., 16 €.

  • Guerres & Histoire n°10 : "La guerre de Cent ans, les clés d'une révolution militaire", avec Laurent HENNINGER

    Voici le thème du dossier de Guerres & Histoire N°10, qui sera en kiosque ce vendredi 14 décembre. Je vous le présente sous la forme d’une interview de Laurent Henninger, chercheur à l’Institut de recherches stratégiques de l’Ecole militaire (IRSEM). Il a été la source vive de ce dossier pour une raison simple : voici vingt ans qu’il laboure ce sujet ! Inoxydablement...

    Jean Lopez, directeur de la rédaction.

    http://www.theatrum-belli.com

  • Civilisations : Changer ou disparaître ?

    Le Dessous des Cartes” s’interroge sur l’avenir de notre civilisation et sa capacité à protéger son environnement. L’utilisation abusive des ressources naturelles ou “écocide” semble expliquer la chute de certaines civilisations, notamment les civilisations khmer et maya. À travers ces deux exemples, “Le Dessous des Cartes” s’interroge sur l’avenir de notre civilisation et sa capacité à protéger son environnement pour ne pas s’effondrer à son tour.

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Après le Printemps arabe, l’Hiver du chaos, de la charia et de la dictature

    Par Marc Rousset, écrivain, économiste, auteur de « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou »

    Les lendemains de la victoire indigne contre Mouammar  Kadhafi menacent de déchanter. Seule l’Afrique du sud aura sauvé l’honneur jusqu’au bout, le vrai coupable étant le clan réformiste de Dmitri Medvedev qui, en s’éloignant de la « Real Politik » de  Vladimir Poutine, en s’abstenant lors de la résolution 1973 qui autorisait le recours à la force pour protéger les populations civiles, aura laissé s’engouffrer dans la brèche l’impérialisme et l’hypocrisie droit de l’hommiste. Dmitri Medevedv ne l’aura donc pas « volé » s’il se retrouve prochainement simple Président du Conseil Constitutionnel de la Russie à Saint Pétersbourg. Moscou a été floué. Paris et Londres ont outrepassé le mandat accordé par les Nations Unies et trahi Medvedev en renversant Kadhafi, sous couvert de « responsabilité de protéger » les civils. Nicolas Sarkozy et David Cameron ont tout simplement pris parti  dans une guerre civile, comme Hitler et Mussolini pendant la guerre d’Espagne. L’intervention cynique de l’Otan aura eu  non seulement pour seul effet d’augmenter le nombre de morts libyens par rapport aux morts virtuels  de Benghazi, mais en plus elle aura eu pour effet, en détruisant l’État libyen, de conduire la Libye vers l’abîme.
    Le Conseil national de transition n’est pas représentatif de la Libye ! Le CNT devra accorder aux rebelles de l’Ouest (la grande tribu arabe des Zintan  du djebel Nefoussa) une place conforme à leur rôle militaire. Les habitants de Misrata, descendants des Turcs, ont pris les armes contre le régime immédiatement après ceux de la Cyrénaïque car la moitié  de la population de Benghazi descend  d’immigrés originaires de Misrata. Le sentiment d’appartenance tribale et non les bobards  démagogiques de Monsieur Bernard Henri Levy au sujet de la démocratie, des droits de l’homme et de la  liberté individuelle,  est la donnée fondamentale de compréhension des réalités libyennes. Il va s’agir de répartir la rente pétrolière en veillant à respecter les équilibres entre tribus et régions, d’où comme en Irak et surtout Somalie le risque de conflits sans fin entre tribus menaçant l’unité et la paix  du pays. L’échiquier libyen est complexe : la région de Bani Walid est le fief des Ouarfalla ; Tarhoufa est le le fief de l’importante confédération tribale des Tarhouna ; Syrte, d’où est originaire Mouammar  Kadhafi  est le fief des Kadhafa ; le Fezzan est le fief des populations kadhafa,magariha, hassouana et touarègues rétribuées et recrutées par le régime ; les habitants de Taourgha manifestent une méfiance ancienne à l’encontre des habitants de Misrata ; la population jaramna de Ghadamès, à la frontière algérienne, est toujours demeurée fidèle au pouvoir. On prend encore mieux conscience du puzzle tribal  lorsqu’on apprend que Mizda, fief des Malachiya et des Aoulad Bou Saif, ainsi que  les oasis d’Aoujila, Waddan,  Houn, Soukna et  Zliten, fief des Aoulad Shaik, se méfient de ceux de Misrata !(1) Il faut savoir enfin qu’en Cyrénaïque, l’État libyen est très marqué par l’existence sous-jacente de mouvements islamistes et de la puissante secte Sénoussie qui avait donné naissance à la première monarchie de 1947. Les Tribus en Tripolitaine considèrent les gens de la Cyrénaïque comme des  péquenauds prenant le pouvoir  et imposant leur  nouveau drapeau (le drapeau de la Cyrénaïque, soit un rectangle noir avec un croissant d’Islam blanc, avec seulement deux bandes supplémentaires, une rouge pour le Fezzan et une verte pour la Tripolitaine. Bref, l’OTAN avec ses bombardements unilatéraux, ses porte-avions et ses hélicoptères  a fait pencher la balance des armes du côté du CNT , sans tenir compte de l’équilibre  des forces  sociologiques propres à la Libye. Les médias  du politiquement correct se sont bien gardés de dire que tous les noirs en Libye, soupçonnés d’être des mercenaires, font l’objet d’exactions de la part des fiers combattants du CNT car cela ne correspondait pas aux  contes de fées  droit de l’hommistes  du  nouveau paysage libyen.
    Dmitri Rogozine, Ambassadeur de la Russie à l’Otan , a admirablement bien résumé la situation en Libye et du Printemps arabe : « Nous ne sommes pas fait d’illusion sur Kadhafi, mais nous ne partageons pas votre vision du monde arabe. Vous pensez que  c’est le rendez-vous de l’islam et de la démocratie. Nous croyons que c’est un choix entre un tyran et Al-Qaïda »(2). De son côté le Ciret (Centre international de recherche et d’étude sur le terrorisme) s’est inquiété , en revenant de Libye, de l’existence d’une tentation islamiste parmi les insurgés. Son rapport dénonçait le projet d’instaurer une charia islamique dans la Libye d’après Kadhafi. Il n’est un secret pour personne que des islamistes radicaux se sont battus dans les rangs rebelles. Abdelhakim Belhadj est devenu le gouverneur militaire de Tripoli, non reconnu par les tribus de l’Ouest  qui ne veulent pas se faire voler leur « victoire ». Capturé par la CIA en 2003,nommé « émir » du Groupe islamique combattant (GICL)libyen, adoubé par Ben Laden en 2007, il est connu pour avoir été proche de Zarqaoui, le chef d’al-Qaida en Irak. Il n’est pas le seul ancien du CICL à avoir été propulsé à un poste militaire de premier plan en Libye Les objectifs démocratiques des pays occidentaux sont du pain bénit pour les Islamistes radicaux, comme cela a failli être le cas en Ouzbékistan si la Russie n’était pas intervenue en 2005  pour mettre en place un dictateur à poigne, Islam Karimov, seul capable d’écarter le danger islamique. La lutte en Libye va, d’ici peu, devenir féroce entre les laïcs et les islamistes. Il est également clair que si le CNT ne parvient pas à démilitariser les milices, ce qui est plus que probable, ni à instituer les conditions de la stabilité et de la sécurité, des conflits lancinants entre tribus apparaitront, tout comme en Somalie ! Voilà où nous conduit la pantomime  démocratique de Nicolas Sarkozy qui, une fois encore, veut  nous faire prendre les vessies libyennes pour des lanternes !
    Tout cela n’est pas sans nous rappeler la Somalie, où après la défaite du groupe islamiste al-Shebab, les luttes chaotiques et violentes ont commencé entre les clans pour savoir qui, après vingt années de conflit, prendra le contrôle du pays. La situation actuelle est la pagaille la plus complète et l’instabilité la plus totale avec la création de vingt mini-États sur-armés non viables qui se disputent le pouvoir dans une ambiance de guerres régionales. On ne peut pas également ne pas penser à l’Irak avec la suppression des institutions solides de Saddam Hussein et l’absence totale  de cohésion entre sunnites et chiites, Arabes et Kurdes. Les Irakiens reprochent  aujourd’hui aux États-Unis  comme demain les Libyens à la France et à la Grande-Bretagne d’avoir mis en pièces leur société et d’envisager de se retirer sans réparer les dégâts, avec en prime  pour enjoliver le tableau la disparition programmée des chrétiens !
    Je reviens  personnellement d’un voyage en Égypte cet été ! Les Égyptiens se fichent comme de l’an 40 de la démocratie ! Ce qu’ils veulent, c’est croûter, comme nous le répétait notre guide copte et comme me l’a montré le cocher d’une calèche à Louxor en attirant mon attention sur son estomac et la maigreur de son cheval ! Or le problème fondamental, même si l’on tord le cou à tous les Moubarak et les oligarques égyptiens de la terre, c’est que l’Égypte, avec sa population de 80 millions d’habitants sur 4% de territoire utile autour du Nil, entouré de toutes parts du désert, n’est pas un pays viable ! Et  cerise sur le gâteau, suite à l’éviction de Hosni Moubarak, le premier ministre égyptien Essam Charaf a jugé que le traité de paix signé en 1979 avec Israël, premier ratifié entre l’Etat hébreu et un pays arabe, n’était pas sacré ! La mise à sac des archives de l’ambassade d’Israël  au Caire, avec destruction d’un mur d’enceinte,  est venue couronner les prémisses du désastre, de la catastrophe monumentale  qui s’annonce ! Tout cela se terminera donc par une nouvelle dictature militaire ou la chape  de fer de la  charia islamique pour ramener l’ordre dans les chaumières, sans remplir les estomacs pour autant !
    Même chose en Libye, mais pays riche par rapport à sa population, contrairement à l’Égypte. Les Libyens veulent avant tout du travail, une bonne éducation pour leurs enfants, de bons  hôpitaux, vivre normalement. C’est ce qu’ils avaient avec Mouammar Kadhafi qui de plus, avait amélioré la condition féminine. Les Libyens, suite aux chimères et rêveries de liberté démocratique risquent bien de tout perdre sans jamais avoir de liberté  individuelle pour autant, les  réalités holistes de la tribu s’imposant à tous. Ils risquent de tout perdre pour leur qualité de vie, avec  en prime des guerres  intestines incessantes et des violences sans fin. Il est fort probable que d’ici peu de temps, les Libyens vont commencer à regretter Kadhafi, nonobstant les haines tribales des gens de Benghazi et de Misrata qui, au mieux feront place aux haines nouvelles des tribus pro-Kadhafi, soit un prêté pour un rendu.
    Quant à la Tunisie, l’impression de gâchis de la  « révolution de jasmin ». est chaque jour plus forte. En 2011, l’insécurité a nettement augmenté ;  les troubles, les grèves augmentent et la fréquentation touristique a baissé de 40% tandis que les recettes baissaient de 50%. La guerre civile avec les islamistes qui tentent de miner les institutions laïques est maintenant possible. De 1990 à 2010, la Tunisie avait augmenté de 3,4% par an sa valeur ajoutée manufacturière par habitant, alors qu’au mieux , elle sera proche de 0% en 2011. L’éviction de Ben Ali est donc une catastrophe pour la Tunisie, même si lui et sa famille s’en mettaient plein les poches ! En  Tunisie, on ne peut pas ne pas penser aux grenouilles qui demandent un roi. La Tunisie connaîtra demain soit une dictature militaire  soit la prise de pouvoir par les islamistes.
    Il est probable que les barbus tunisiens  d’Ennadha et leurs compères égyptiens des Frères musulmans, tout comme leurs compères libyens, attendent le moment propice pour récolter ce qu’une main invisible a semé durant le «  Printemps arabe ». En Libye, le CNT rase dores et déjà gratis ! Le CNT se donne huit mois pour rédiger une constitution s’appuyant sur la charia et non pas sur la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ce qui était le prétexte de l’intervention occidentale ! Et avec  beaucoup de chance, des élections auront lieu après environ 20 mois ! D’ici là, de l’eau aura coulé sous les  ponts dans le désert libyen !  Il semble que, dans le contexte de la Pensée Unique, Nicolas Sarkozy et  les charlatans du Politiquement correct, du Droit de l’Hommisme, de la Démocratie universelle  in abstracto, de l’IrrealPolitik, n’aient pas tenu compte des réalités politiques, historiques, sociologiques et économiques des pays arabes. Il leur suffisait cependant de retenir les leçons du renversement du Shah d’Iran par l’Ayatollah Khomeiny ainsi que du  très difficile  rétablissement  de l’ordre et de la paix par la Russie dans le Caucase,  en Ouzbékistan et en Asie centrale !
    M.Rousset http://www.scriptoblog.com/
    ( 1 ) Libye, les conditions de l’unité nationale, Le Monde diplomatique, septembre 2011, p16
    ( 2 ) Le Figaro du samedi 18 septembre 2010