écologie et environnement - Page 183
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Filaments dans le ciel d'Angers 16 octobre 2014
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Les Etats ne se donnent pas les moyens d’enrayer l’érosion de la biodiversité
Les objectifs que s’est fixés la communauté internationale pour enrayer l’érosion de la biodiversité mondiale d’ici à la fin de la décennie ne seront, pour une majorité d’entre eux, pas atteints. Alors que s’ouvre à Pyeongchang (Corée du Sud) la 12e Conférence des Nations unies sur la diversité biologique à laquelle participent 194 Etats, un rapport d’étape, publié lundi 6 octobre, montre que les vingt cibles dites d’Aïchi adoptées en 2010 pour agir sur la disparition des espèces et la dégradation accélérée des écosystèmes ne sont pas ou trop peu mises en œuvre.
Si un changement de cap n’est pas rapidement décidé, il est donc fort probable qu’en 2020, la communauté internationale soit contrainte d’assumer une nouvelle décennie d’inaction. En 2002, les gouvernements s’étaient collectivement engagés à freiner le déclin de la biodiversité. Dix ans plus tard, aucun n’était au rendez-vous.
« Sur la base des tendances actuelles, les pressions sur la biodiversité continueront de s’accroître au moins jusqu’en 2020, et la biodiversité poursuivra son déclin », conclut ce quatrième rapport sur les perspectives de la diversité mondiale, tout en notant cependant qu’un nombre important d’Etats a mis en place des stratégies nationales.
Création d’aires protégées
Parmi les objectifs que les experts estiment pouvoir être atteints, figure la protection d’au moins 17 % des espaces terrestres et marins. A condition toutefois que les engagements existants sur la création de ces aires protégées soient tenus, soulignent-ils, en s’inquiétant du fait que les espaces choisis ne sont pas nécessairement les plus importants du point de vue de la biodiversité et des services écosystémiques rendus.
Autre avancée : le protocole de Nagoya, qui organise l’accès aux ressources génétiques – le matériel d’origine végétale, animale ou microbienne – et le partage des avantages tirés de leur exploitation, entrera en vigueur le 12 octobre. Cinquante Etats l’ont à ce jour ratifié.
Liste de retards, voir de renoncements
Voilà pour ce qui peut être mis au bénéfice des quatre années écoulées. Pour le reste, le rapport énumère une liste de retards, voire de ce qui peut être perçu comme de véritables renoncements. L’utilisation excessive d’engrais chimiques se poursuit. Si quelques progrès sont enregistrés en Europe et en Amérique du Nord, « les niveaux sont encore néfastes pour la biodiversité ».
La nécessaire protection des récifs coralliens, actée au titre de l’objectif 10, reste en grande partie lettre morte et « les pressions liées à la pollution terrestre et le tourisme incontrôlé sont en hausse ». Aucun progrès significatif n’est relevé dans l’élimination des subventions publiques néfastes pour la biodiversité. Si les espèces envahissantes sont mieux identifiées, aucune politique sérieuse pour les maîtriser n’est mise en œuvre…
Pour d’autres objectifs – intégration des valeurs des services écosystémiques dans les comptes publics, attention portée aux savoirs traditionnels des communautés autochtones, mobilisation des ressources financières… –, le tableau de bord des objectifs d’Aïchi s’affiche à l’orange montrant qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire jusqu’au but fixé.
Aide financière insuffisante
« A mi-chemin de notre grand plan pour la nature, il est clair que l’appel d’urgence que nous avons lançé en 2010 à Nagoya n’a pas été entendu », déplorait quelques jours avant la conférence de Pyeongchang, Julia Marton-Lefèvre, la déléguée générale de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
A leur décharge, les pays en développement, où se jouent les plus grands enjeux de protection de la biodiversité mondiale, argueront que les pays industrialisés n’ont pas n’ont plus tenu leur engagement de multiplier par deux d’ici à 2015 leur aide financière pour leur permettre d’adopter les politiques adéquates. C’est vrai, et le sujet devrait alimenter les plus vifs débats des jours à venir.
Le Monde
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Ce sac plastique qui cache le vote d'un piège énergétique
Dans la nuit de vendredi et samedi, nos députés ont courageusement veillé jusqu'à l'aube pour abolir le sac plastique et la vaisselle jetable en plastique (les bébés restant, eux, toujours jetables). Cette décision, qui restera gravée dans la mémoire de tout amateur de pique-nique, a fait la une des journaux, alors que
"l'essentiel fut voté dans un grand silence d'indifférence, sans l'ombre d'un débat pour l'avenir de notre pays. L'article 1er du projet de loi adopté dès le vendredi matin ne concerne que notre facture d'électricité, notre indépendance énergétique, et notre excellence industrielle. C'est tout. Ce que cet article pose, c'est l'équation à résoudre concernant le mix énergétique, mais il se garde bien de la résoudre. Ainsi,
- la part du nucléaire dans la production d'électricité devra être réduite de 75 à 50% à l'horizon 2025 ;
- la consommation énergétique diminuer de moitié en 2050 par rapport à 2012 ;
- figurent la baisse des émissions de gaz à effet de serre de 40% entre 1990 et 2030, et leur division par 4 en 2050 ;
- enfin, la part des énergies renouvelables doit être portée à 23% en 2020 et 32% en 2030, et la consommation des énergies fossiles diminuer de 30% en 2030.
Bon courage ! Ne serait-ce que pour réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en diminuant la part du nucléaire, cela me parait être un certain challenge à résoudre. Si on met tous les autres pourcentages dans le shaker, j'ai du mal à voir ce qui va pouvoir en sortir en terme de programmes d'équipements pour la France : 3 millions de chômeurs juchés sur des vélos pour alimenter les ampoules de nos guirlandes de Noël ? Aucun débat sur les impacts liés au coût de l'électricité et sur ses conséquences pour les ménages et notre industrie. Le sac plastique cachait donc une forêt de pourcentages alignés sous forme d'une équation impossible à résoudre, une équation qui n'est que l'expression de la plus pure utopie."
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Nucléaire : aux abris, ça craque de toutes parts !
Dans le monde entier, les vieilles centrales arrivent en bout de course. La part du nucléaire dans la production d'énergie diminue. Les industriels de l'atome sont de plus en plus atones, et en viennent à demander de réduire la consommation d'électricité. La décroissance est notre horizon.
Nous avons régulièrement affirmé dans cette chronique qu'un destin tragique - et bien mérité - attend l'industrie nucléaire : déconfiture, décrépitude, dégénérescence, déliquescence. Il ne s'agit pas de notre part d'un pari, ou d'un hommage, au célèbre docteur Coué, mais simplement de conclusions rationnelles tirées de l'étude de la situation.
En substance, la majorité des 390 réacteurs encore en service sur la planète a dépassé 30 ans d'âge et chacune de ces antiquités se dégrade plus ou moins rapidement mais de façon continue et inéluctable. Or, au vu de la récente actualité, il n'est d'ailleurs pas impossible que ce processus ait entamé une impressionnante phase d'accélération, illustrée par trois situations édifiantes :
- trois réacteurs nucléaires belges sur sept sont sur le flanc, et la pénurie menace ;
- quatre réacteurs nucléaires britanniques ont été arrêtés en urgence par EDF, propriétaire de ces antiquités (achetées à prix d'or en 2008 avec notre argent !) ;
- la remise en service des réacteurs japonais semble de plus en plus improbable.
Reprenons dans le calme ces informations inquiétantes (pour ceux qui aiment le nucléaire) et... inquiétantes pour ceux qui n'aiment pas le nucléaire... et craignent d'être irradiés).
Réacteurs à l'arrêt
En août 2012, on apprend que les cuves de deux réacteurs nucléaires belges - Doel 3 et Tihange 2 - sont fissurées, et ce depuis leur fabrication... trente ans plus tôt. On appréciera la célérité des limiers de l'atome, prétendus les plus compétents qui soient. Les réacteurs sont arrêtés pendant un an, puis remis en service pendant quelque temps, puis stoppés à nouveau. Aujourd'hui, les "responsables" avouent que la fermeture est probablement définitive, ce qui donne des sueurs froides en pensant aux trente ans de fonctionnement et surtout à la récente remise en service momentanée.
Cerise sur le gâteau, le réacteur Doel 4 est stoppé depuis début août et pour des mois à la suite d'une grave avarie : ce sont donc trois réacteurs belges sur sept qui sont sur le flanc et qui le seront encore cet hiver : la pénurie menace. Du coup, l'arrêt programmé pour maintenance du réacteur Tihange 1, qui tombait fort mal, va être scindé en deux périodes afin de pouvoir produire au cœur de l'hiver. Et tout ça sans causer de risque (ou du moins de risque supplémentaire), parole de "responsables" !
On évoque aussi la mise en place d'un câble pour bénéficier de la production électrique d'une centrale à gaz néerlandaise située à 3 km seulement de la frontière, et arrêtée depuis des mois du fait de la faible consommation d'électricité qui sévit au bas pays. Enfin, en dernier recours bien entendu, "une sensibilisation du public pourrait aussi faire partie des mesures mises en place pour faire baisser la consommation électrique" (Agence Belga, 14 août 2014). Bigre, pourquoi pas la décroissance tant qu'on y est ?
Le même "danger" (nous parlons bien de la décroissance, et non d'une catastrophe nucléaire qui, selon les nucléocrates, ne serait finalement pas si tragique) menace aussi la Grande-Bretagne où EDF détient quinze des seize réacteurs encore en service. En effet, le 11 août, EDF a stoppé en urgence, pour au moins 8 semaines, quatre réacteurs touchés par une inquiétante défaillance (AFP, 11 août 2014). Notons d'ailleurs que, depuis 2006, deux autres réacteurs d'EDF fonctionnent à seulement 70% de leur puissance du fait de problèmes non résolus. Cette situation sidérante doit d'ailleurs se poursuivre jusqu'en 2023, date d'arrêt définitif de ces antiquités boiteuses. Si elles n'explosent pas avant !
Pour sa part, le Japon a appris à vivre sans nucléaire : ses 48 réacteurs (plus les 6 de Fukushima, qui ont été déclassés et n'existent plus administrativement comme réacteurs nucléaires) sont tous arrêtés depuis pratiquement un an. Les autorités voudraient bien en réactiver quelques-uns mais, voilà, la population n'est pas du tout "compréhensive". Du coup, l'opérateur d'électricité Kepco distribue des coupons de réduction pour que les gens fassent des achats dans les magasins entre 13 heures et 16 heures : il s'agit de réduire les pics de consommation électrique entraînés par une utilisation massive des climatiseurs en début d'après-midi (Le Figaro, 20 juillet 2014). La baisse de la consommation d'électricité passerait donc par... des achats dans les magasins : c'est la "décroissance par la consommation", un curieux concept qui devrait ne pas aboutir à grand-chose de bon...
D'autres "mauvaises" nouvelles (réjouissances en fait) ont agrémenté l'été : Areva a enregistré une chute vertigineuse de près de 20% après l'annonce de résultats semestriels dégradés accompagnés d'un avertissement sur les comptes 2014 (TradingSat, 1er août 2014). D'autre part, l'Autorité de sûreté nucléaire des USA, la NRC, a commencé à reclasser ses experts dans d'autres industries, prenant acte du déclin net et irréversible du nucléaire américain (Associated press, 21 juillet 2014).
La part du nucléaire dans l'électricité mondiale est passée de 17% en 2001 à 9% à ce jour, un effondrement stupéfiant que tentent pourtant de nier les atomistes, en particulier en France. Quel courage, quelle lucidité : au bord du gouffre, ils vont encore de l'avant !
La Décroissance N°112
http://www.oragesdacier.info/2014/10/nucleaire-aux-abris-ca-craque-de-toutes.html
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Nicolas Meilhan, Énergie du future université d'été 2014
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Vive le low-tech !
Le high-tech des technologies vertes va nous sauver de la crise écologique disent nos gouvernants. A l'inverse, Philippe Bihouix vient de publier L'Age des Low Tech. Il nous présente son argumentation pour des techniques simples et durables, sans sacrifier notre confort.
Certes, la situation actuelle n'est pas très reluisante : changement climatique, pollution généralisée, effondrement de la biodiversité, destruction des sols, pénuries sur t et les ressources. Mais, promis, le futur devrait être formidable, porté par les innovations technologiques et la croissance verte ! Arrêtez bien l'eau du robinet en vous lavant les dents, jetez votre bouteille plastique dans la bonne poubelle, et, le reste, les ingénieurs et les chercheurs en blouse blanche s'en occupent...
Car pour les technolâtres, rien d'insoluble. La pénurie énergétique ? Un déploiement massif d'énergies renouvelables, reliées par des réseaux « intelligents », et nous serons bientôt tous producteurs, tous consommateurs dans une civilisation basée sur l'hydrogène. Les ressources non renouvelables ? Nous ferons de la dématérialisation, de l'éco-conception, tandis que l'économie circulaire permettra de recycler à l'infini, sans parler des nanotechnologies pour réduire la quantité de matière. On va même pouvoir réparer les objets et lutter contre l'obsolescence grâce aux imprimantes 3D, qui, au passage, vont mettre fin aux vieilles usines héritées du fordisme. Et, tenez-vous bien, grâce aux biotechnologies, la pollution elle-même sera vaincue. De gentilles bactéries extrairont les métaux lourds des sols, ou digéreront les tombereaux de plastique dispersés dans tous les océans. Vive les high-tech !
Certes, nous n'avons cessé, depuis des millénaires, d'expérimenter, d'inventer, d'explorer et d'innover, jusqu'à cette incroyable accélération des XIXème et Xxème siècles, même si cela s'est fait au prix d'une destruction environnementale sans précédent. Mais, si l'imagination fertile des être humains n'a peut-être pas de limites, les équations de la physique, elles, sont têtues.
Premièrement, ces technologies sont imparfaites. Ainsi du recyclage, qui a ses limites. Oui, on peut en théorie réutiliser indéfiniment les métaux, sauf qu'on les emploie aussi sous forme dispersive, comme produits chimiques. Ainsi du chrome, du zinc, du cobalt, de l'étain, ou de 95% du titane, qui sert de colorant blanc universel, dans les peintures, les dentifrices, les crèmes solaires.... Et il y a souvent une dégradation de l'usage, une perte fonctionnelle, comme pour les milliers d'alliages différents, qui, ferraillés et refondus ensemble, finissent dans de basiques fers à béton. Dans l'électronique, on retrouve des dizaines de métaux différents dans tous les appareils, en quantités trop faibles pour les récupérer. Plus on est high-tech, moins on fabrique des produits recyclables et plus on utilise des ressources rares dont on finira bien par manquer.
Deuxièmement, il est absurde de croire que les solutions technologiques pourront être déployées à la bonne échelle. Ainsi des énergies renouvelables et des voitures électriques (limite sur les ressources métalliques), ou des agro-ressources – l'ensemble des résidus agricoles de la planète ne suffirait pas à couvrir notre seule consommation de plastiques. Alors, si ces nouvelles technologies, plus consommatrices de ressources rares, plus difficiles à recycler, trop complexes, nous conduisent dans l'impasse, que faire ? Se tourner au contraire vers les « basses technologies ».
Quels sont nos vrais besoins ?
D'abord, réfléchir à nos besoins. Tandis qu'on lance des programmes d'éolien offshore au titre de (timide) transition énergétique, on égrène les lieux publics de panneaux publicitaires énergivores ! Bannir les objets jetables, brider la puissance des automobiles, rechaper les pneus, alléger leur poids – avant d'apprendre à s'en passer – permettrait des économies considérables.
Ensuite, concevoir des objets plus simples, privilégier le mono-matériau, réduire le contenu électronique (la cafetière italienne contre la machine à expresso) et mettre en place le réseau de récupération, réparation, revente, partage des objets du quotidien, outils, jouets, petit électroménager.... Standardiser les formats des bouteilles, des pots de yaourt et des flacons, pour réintroduire la consigne et la réutilisation généralisées. Techniquement, nous avons moyen de conserver l'essentiel de notre « confort », mais en s'organisant différemment d'aujourd'hui.
Enfin, ne pas céder aux sirènes technologiques et se souvenir que sur cette Terre, tout a un impact. Il n'y aura jamais de voiture « propre », quand bien même son énergie serait « zéro émission ». C'est donc dans la tempérance qu'il faut chercher le salut. « Pour l'amour de Dieu ! Soyez donc économes de vos lampes et de vos bougies ! Il n'est pas un litre d'huile que nous brûlez qui n'ait coûté une goutte de sang humain », nous exhortait Ismaël, le narrateur de Moby Dick.
Et rien n'a vraiment changé aujourd'hui....
Philippe Bihouix - Revue Papier L'écologiste n°43 Vol, 15 n°2 Juillet-Août-Sept 2014
Texte déniché sur Technosaurus
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/09/23/vive-le-low-tech-5453884.html
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Fabrice Nicolino : « Face à l’industrie chimique, tout le monde est tétanisé » (màj audio)
Mise à jour du 04 octobre 2014
Dans l’émission de France Inter “CO2 mon amour”, le 20 septembre 2014, Denis Cheissoux recevait le journaliste Fabrice Nicolino, au sujet de son nouveau livre consacré à l’industrie chimique. Également présent, Stéphane Sarrade chef du département de physico-chimie à la Direction de l’énergie nucléaire du CEA.
90 millions de substances : tel est l’héritage, non définitif, que nous lègue l’industrie chimique depuis son inexorable essor, lors de la Première guerre mondiale. Parmi elles, combien de substances toxiques – DDT, phtalates, bisphénol A, cancérogènes et autres perturbateurs endocriniens… ? Pourquoi un tel silence, une telle absence de contrôle ?
Dans son livre « Un empoisonnement universel », le journaliste Fabrice Nicolino raconte l’histoire de cette industrie et comment elle a, impunément et littéralement, inondé nos vie de molécules.
Une situation dont nous prenons conscience seulement aujourd’hui en constatant ses terribles conséquences, de l’explosion des cancers à celle la maladie d’Alzheimer en passant par le diabète. Entretien.
Basta ! : Votre nouveau livre traite de l’impact sanitaire des substances chimiques, omniprésentes dans notre vie quotidienne. Il constitue à la fois une histoire de la chimie de synthèse et un véritable réquisitoire contre l’industrie chimique. Quelle est l’origine de ce projet ?
Fabrice Nicolino : [1] Cela fait très longtemps que je m’intéresse aux questions de contamination chimique. En 2007, j’ai notamment publié, avec François Veillerette, un livre intitulé Pesticides. Révélations sur un scandale français. Il y a une douzaine d’années, j’ai été profondément marqué par une étude publiée par une ONG américaine appelée EWG.
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Près de deux Français sur trois sont opposés à l’exploitation des gaz de schiste en France
Forera ou forera pas: le débat sur l’exploitation des gaz de schiste en France a repris de plus belle avec la déclaration, le 25 septembre dernier, de Nicolas Sarkozy affirmant être favorable à l’utilisation de cette énergie pour améliorer l’indépendance énergétique de la France et relancer l’emploi.
La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, a aussitôt répondu qu’il n’y aurait «pas de gaz de schiste» tant qu’elle serait au ministère.
Une position qui devrait satisfaire les Français: selon un sondage exclusif BVA pour 20 Minutes*, 62% des Français seraient opposés à ce que soit aujourd’hui autorisée en France l’exploitation du gaz de schiste.
Ils sont 31% à s’y déclarer «tout à fait opposés» et 31% «plutôt opposés». Seulement 36% des personnes interrogées se déclarent favorables à cette énergie, qui fait craindre de lourds impacts sur l’environnement, et à peine 8% des Français y sont «tout à fait favorables».
La technique de la fracturation hydraulique, la seule qui permette actuellement d’exploiter les gaz de schiste, est interdite en France par une loi en vigueur depuis 2011.
Mais les appétits énergivores ne renoncent pas à cette manne qui gît sous le sol français: l’ancien ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, s’était ainsi déclaré favorable à des recherches pour faire émerger une technique d’extraction «propre». Un pari risqué au sein de la gauche: d’après les résultats du sondage réalisé ce mardi, 80% des sympathisants de gauche sont opposés à l’exploitation des gaz de schiste et 74% des soutiens du Parti socialiste refusent les forages en France.
Pour Nicolas Sarkozy, en revanche, déterrer les gaz de schiste pourrait être stratégique: 51% des sympathisants de droite sont favorables à leur exploitation, et ce chiffre monte à 56% pour les soutiens de l’UMP. «En tenant cette position, il est soutenu par la majorité des sympathisants UMP, qui constituent aujourd’hui sa cible principale, dans la perspective de son élection à la tête de leur parti», commente Eric Bonnet, directeur des études politiques chez BVA Opinion.
Les gaz de schiste pourraient aussi permettre à Nicolas Sarkozy d’enfumer son principal concurrent à l’UMP: «Il oblige Alain Juppé à prendre lui aussi position sur le sujet. Or, soit l’ancien éphémère ministre de l’Environnement s’y dit lui aussi favorable, mais il risque alors de donner l’impression de suivre Nicolas Sarkozy et de voir sa popularité baisser auprès des Français dans leur ensemble; soit il se dit au contraire hostile à l’exploitation du gaz de schiste, mais il risque alors de voir sa popularité baisser auprès des sympathisants UMP», estime Eric Bonnet.
- *Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français recrutés par téléphone et interrogés par Internet les 30 septembre et 1er octobre 2014. Echantillon de 1.064 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
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Le réchauffement de la planète, une escroquerie? (PLANETE) - Complet 2013
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Face aux barbares, la civilisation unique ?
Le politiquement correct est une idéologie totalitaire douce pour défendre une pensée qui s’écrit à la gomme en effaçant notre identité.
C’est ainsi que l’actualité présente nous invite à nous méfier du mot « civilisation ». Il est exclu d’évoquer la lutte contre le prétendu « État islamique » comme un choc de civilisations. Tout au plus peut-on opposer LA civilisation à la barbarie. D’un côté, il y aurait l’immense majorité des humains avec leurs différences culturelles et, de l’autre, une poignée de fanatiques qui n’auraient pas lu le Coran. La civilisation, ce serait donc la quasi-totalité de l’humanité. Cette conception large justifierait amplement que les nations européennes, les États-Unis et l’Arabie saoudite forment une coalition contre le terrorisme prétendument islamique. Mais que défend cette coalition ? Les naïfs diront aussitôt : l’humanisme, le respect de l’autre, la tolérance, la liberté, la démocratie. C’est d’ailleurs au nom de ces valeurs que nous rejetons à la fois les djihadistes et leurs adversaires, les régimes autoritaires laïcs, leurs massacres au gaz, et leur implacable tyrannie.
Malheureusement, cette proclamation ne résiste pas à la critique. Le royaume wahhabite, notre allié, qui règne sur les lieux saints de l’islam, n’est évidemment pas une démocratie. La liberté y est inconnue, la charia y est appliquée avec rigueur. Les décapitations publiques au sabre s’y font simplement davantage dans les formes. On cherchera, en vain, la dose supplémentaire d’humanisme présente à Riyad et absente à Damas. Il est possible, depuis près de vingt siècles, d’être pleinement chrétien en Syrie quand ça ne l’est pas, aujourd’hui, en Arabie saoudite. La différence est la même pour la condition féminine. Nous ne défendons pas une civilisation commune qui n’existe nullement.
Si l’on descend de l’étage de la réflexion philosophique pour en revenir à l’examen des intérêts réels en jeu, on comprend bien que les États peu démocratiques du Golfe, nos économies et nos puissants groupes pétroliers soient dans le même camp.
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