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écologie et environnement - Page 187

  • Comment une coopérative agricole s’est muée en empire industriel

    Par Nolwenn Weiler

    Peu connu du grand public, si ce n’est par ses magasins de jardinage Gammvert, le groupe coopératif InVivo règne sur une grande partie de la filière agricole française. Stockage et trading de céréales, fabrication de médicaments et de nourriture pour les animaux, vente de pesticides… InVivo a construit un solide empire international. Bien loin semble-t-il des valeurs coopératives de ses débuts. Enquête sur l’un des fleurons de l’agrobusiness français, entre spéculation sur les aliments et défense d’un modèle agricole intensif et industriel.

    C’est à Paris, sur la très chic avenue de la Grande armée, à l’étage « trading » du groupe coopératif agricole InVivo, que se décide au quotidien le sort d’une partie des céréales françaises. Environ le quart des récoltes sont vendues à partir de ces bureaux. Une petite quinzaine de traders travaillent ici, les yeux rivés sur les courbes des matières premières, à quelques pas des sièges de PSA et de BNP Paribas. Leurs journées commencent vers 8 heures avec les marchés asiatiques et s’achèvent aux alentours de 21 heures, avec les États-Unis. Objectif : écouler les céréales, par millions de tonnes, au plus offrant.

    L’année 2010-2011 restera pour eux un grand souvenir. InVivo a alors enregistré une croissance de 85 % de ses ventes de grains (blé essentiellement, mais aussi orge, avoine, maïs, tournesol et colza). 11 millions de tonnes ont été exportées. Le chiffre d’affaires global de la coopérative a bondi de plus de 30 %, pour atteindre 6,1 milliards d’euros. Raisons de ce « succès » : les immenses incendies qui ont ravagé les récoltes russes, les moindres récoltes en Ukraine dues à la canicule, les demandes accrues en Égypte et une excellente saison en France.

    Céréales spéculatives

    En 2011-2012, retour à la normale. InVivo n’a exporté que 8 millions de tonnes de céréales et oléoprotéagineux. Mais la branche « marché des grains », avec 40 % du chiffre d’affaires, reste en tête des résultats du groupe coopératif. Quelles activités recouvre cette branche ? Du stockage, d’abord, pour pouvoir écouler les matières premières au meilleur moment, quand les prix sont au plus haut. Dans ses 12 silos, InVivo peut stocker simultanément 1,5 million de tonnes de céréales et d’oléo-protéagineux !

    InVivo assure ainsi chaque année le transit de 6 millions de tonnes de grains (via 450 navires, 700 trains, 2000 péniches), soit près d’un dixième de la production française [1]. Et ces capacités augmentent sans cesse. 250.000 tonnes notamment de maïs pourront bientôt transiter, chaque année, dans un silo acquis début 2012 sur les bords du Danube. Elle a par ailleurs investi dans un réservoir au Maroc, les pays du Maghreb étant de gros acheteurs de céréales.

    Avec 241 coopératives sociétaires et un chiffre d’affaire de 5,7 milliards d’euros, InVivo est désormais le premier groupe coopératif français. Et n’a plus rien à voir avec ses origines, quand il s’agissait, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, de réorganiser le monde paysan et de relancer la production pour nourrir la France. Les coopératives s’unissent alors pour collecter et stocker les céréales, commencer à les exporter, conseiller les agriculteurs et les équiper en matériel [2]. Au fil des années, alliances, fusions et unions se multiplient. Lesquelles aboutissent, en 2001, à la création d’InVivo.

    Dérégulations, mondialisation et… corruption

    « Avec ce genre de groupe, on est passé d’un outil collectif censé sécuriser les revenus des producteurs à une grosse machine qui part à la conquête des marchés », regrette Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. En 2007, l’absorption d’Evialis – qui concocte des aliments pour les élevages industriels du monde entier – vient agrandir le groupe coopératif, qui compte désormais plus de 6000 « collaborateurs », et étend son emprise internationale.

    L’entreprise est aujourd’hui présente dans 60 pays. « On ne peut pas reprocher aux coopératives de profiter du système, même si certaines le font de façon exagérée, estime un producteur de céréales bio. Les décisions politiques ont supprimé tous les mécanismes de régulation du marché. Et ont rendu ces activités de trading et de spéculation légales, et finalement indispensables à une partie du secteur. »

    Ces dérégulations, InVivo en a pleinement profité, bien au-delà des céréales. Tourteaux, engrais, sel ou encore sable : autant de denrées dont les cours s’envolent régulièrement que les traders d’InVivo achètent, stockent et revendent au gré des courbes. Pour « renforcer son expertise face à la volatilité du marché », l’entreprise compte sur sa participation au capital du géant allemand de la vente de grains Toepfer (à hauteur de 20 %).

    InVivo détient aussi 50 % du capital du groupe britannique Gleadell, qui commercialise graines et intrants. Ces participations croisées ne lui suffisent visiblement pas pour maîtriser le cours des matières premières : en juillet 2012, la justice belge a condamné la coopérative à un demi-million d’euros d’amende pour corruption d’un fonctionnaire de la Commission européenne, qui lui livrait des informations confidentielles sur les prix des marchés de céréales.

    Financements publics et crédits d’impôts

    L’évolution de ce secteur et la constitution de ce vaste empire répondent bien à un choix politique, porté par des élus de droite comme de gauche. Subventions, taux d’intérêts réduits ou exonération d’impôts accompagnent la dérégulation. Exemple ? Les coopératives agricoles ne sont pas soumises à l’impôt sur les sociétés (qui prélève entre 15 à 30% sur les bénéfices). Mais elles ont droit au crédit d’impôt compétitivité-emploi (normalement réservé aux entreprises qui paient l’impôt sur les sociétés).

    Résultat : une économie de 100 millions d’euros pour les coopératives en 2013. Ce dernier avantage a été négocié par l’Alliance des coopératives agricoles (Acooa), organe de lobbying dont le président, Philippe Mangin, est par ailleurs président de… InVivo. Autre évolution : les établissements financiers (comme Unigrains) sont autorisés à entrer au capital des coopératives, jusqu’alors contrôlées par les parts sociales des agriculteurs.

    InVivo devrait profiter de nouveaux financements publics : le Programme d’investissements d’avenir (PIA). 3,7 millions d’euros vont être versés à « l’Institut mutualisé pour les protéines végétales » (Improve). Porté par quatre géants de l’agroalimentaire français (Téréos, Sofiprotéol, Siclaé, et InVivo), Improve « a pour ambition de devenir le leader européen de la valorisation des protéines végétales ».

    C’est fou tout ce que l’on peut tirer des protéines issues du blé, maïs, colza, pois ou de la luzerne : des aliments pour les humains, et pour les animaux bien sûr. Mais aussi des matières premières pour concocter des cosmétiques, ou encore des isolants « biosourcés ». Le tout certifié par le Grenelle de l’environnement !

    Esprit coopératif, es-tu encore là ?

    Les coopératives agricoles française ne sont pas toutes aussi importantes. Les 13 000 Coopératives d’utilisation du matériel agricole (CUMA) qui couvrent le pays sont restées de taille modeste, et très ancrées sur leur territoire. De même que de nombreuses coopératives viticoles. Mais leur nombre tend globalement à diminuer et leur taille à croître : on compte deux fois moins de coopératives agricoles qu’il y a 30 ans, et les trois quarts du chiffre d’affaire global du secteur (83,7 milliards d’euros en 2011) sont réalisés par 10 % des coopératives [3].

    En plus des fusions et concentrations, certaines coopératives agricoles ont enclenché un mouvement d’expansion via le rachat d’entreprises capitalistes (dans lesquelles pas une once de coopération n’a été introduite). A elle-seule, InVivo, détient (tout ou en partie) plus de 73 filiales. Les coopératives ont aussi installé des usines à l’étranger. Pour la seule année 2012, InVivo a lancé la construction de cinq nouvelles usines, en production d’alimentation animale essentiellement.

    « Les agriculteurs ne se retrouvent pas dans ces structures internationales où ils ne gèrent plus rien. Nous sommes pris dans un énorme business et nous nous sentons tout petits », décrit Jacques Commère, de la Coordination rurale. « Juridiquement, les coopératives sont toujours la propriété des agriculteurs, détaille Michel Abhervé, professeur associé à l’université de Marne-la-Vallée, spécialiste en économie sociale et solidaire. Cependant deux phénomènes expliquent que les agriculteurs se sentent dépossédés. D’une part, la taille grandissante des coopératives, qui fait qu’il est difficile de garder l’état d’esprit de départ. Et d’autre part la confiscation du pouvoir par la technostructure. »

    « Les agriculteurs ne comprennent pas grand chose à la complexité de la gestion de ces grosses entreprises, reprend Jacques Commère. Et bien souvent, lorsque le conseil d’administration se réunit, et bien ils disent oui. »

    Des primes à la vente de pesticides

    Au départ maîtrisées par les agriculteurs, les coopératives sont, à partir des années 60 et 70, devenues prescriptrices : des techniciens, salariés par la coopérative, se mettent à arpenter les campagnes pour expliquer aux paysans comment pratiquer leur métier. Les conseils agronomiques se doublent de prescriptions d’engrais et de pesticides. De solides partenariats se nouent avec l’industrie de la chimie.

    En 2012, Jérémy Macklin, ancien directeur d’InVivo AgroSolutions, cite les contrats liant InVivo à des entreprises telles que GPN, premier producteur français de fertilisants et ancienne filiale de Total [4], ou encore Monsanto. Le tout « dans le cadre des actions mises en place pour la bonne promotion des produits phytosanitaires » [5]. Aujourd’hui, pour être sûrs que les traitements phytosanitaires ne soient pas oubliés, InVivo – et bien d’autres – avertissent leurs adhérents par SMS. Et la rémunération des techniciens est toujours liée à la quantité de pesticides vendus ! Même si la pratique « tend à disparaître » [6]

    Ces produits posent problème pour la santé des agriculteurs ? Sans doute. C’est pourquoi InVivo a noué un partenariat avec l’Union de l’industrie de protection des plantes (UIPP), regroupement des fabricants de pesticides, pour faire de la prévention… Laquelle passe par des campagnes de communication – dans la presse agricole, sous forme de dépliants, via des sites web – qui rappellent aux agriculteurs « les bonnes pratiques phytopharmaceutiques ».

    Par exemple : le port d’équipement individuel de protection, le lavage des mains, ou le respect des doses. « Il est très important de promouvoir l’utilisation raisonnée des produits phytosanitaires par un emploi non plus systématique, mais uniquement lorsque c’est nécessaire. Les agriculteurs ont engagé des efforts très importants dans ce sens, ils doivent les intensifier », martèlent les documents de communication de l’entreprise.

    Qui vit semble-t-il assez bien son ambivalence : l’an dernier, le chiffre d’affaire d’InVivo en « santé végétale » (terme utilisé pour désigner les produits phytosanitaires dans le milieu agricole) a atteint 996 millions d’euros. En hausse de 6 %.

    Des conditions de travail peu coopératives

    InVivo ne se désintéresse pas pour autant de l’agriculture biologique. Qui reste, selon son ancien directeur adjoint Jérémy Macklin, « l’une des plus efficaces d’un point de vue agronomique ». Pour accompagner les agriculteurs qui tournent le dos au système intensif, la filiale Biotop cultive des insectes. Des prédateurs de nuisibles, élevés dans une usine du Sud-ouest de la France.

    Prenons la pyrale du maïs, qui détruit feuilles et épis : elle peut être neutralisée par le trichogramme, un insecte dont les larves détruisent les œufs de la pyrale. Biotop vend des trichogrammes aux agriculteurs, pour qu’ils les lâchent sur leurs cultures. Activité lucrative : en 2011-2012, Biotop « a fortement progressé » et « doublé ses ventes à l’export ». Chiffre d’affaires : 5 millions d’euros.

    Côté conditions de travail, le tableau est moins rose. « La serre où grandissent les petits papillons qui servent à nourrir les trichogrammes sont pleines de poussières très fines, très allergènes, rapporte Yves Baron, délégué syndical CGT d’InVivo. Le port d’un équipement de protection oblige à faire des pauses régulières, parce qu’il est très difficile de respirer à travers les masques. Mais les salariés doivent batailler pour avoir ces pauses. Certains préfèrent ne pas les prendre, poursuit le syndicaliste. Leurs conditions de travail sont très pénibles. Et c’est très compliqué pour nous, les délégués syndicaux, d’échanger avec eux. En mars dernier, je n’ai même pas eu le droit d’entrer sur le site. »

    Pénibilité et bas salaires

    Autre bataille menée par les salariés d’InVivo : la reconnaissance de la pénibilité de certains métiers et tâches, comme le travail dans les silos, ou dans les entrepôts de l’entreprise où de lourdes charges sont soulevées au quotidien. Quant à « la politique de rémunération motivante » vantée par les plaquettes de communication, elle arrache presque un sourire au délégué syndical. « Après 38 ans de boîte, une salariée qui travaille au conditionnement touche 1300 euros net par moi. Non, chez nous, pour les employés-ouvriers, les salaires, c’est vraiment peau de chagrin. »

    « La façon dont, bien souvent, les coopératives agricoles traitent leurs salariés ressemble en tout point à ce qui est fait dans les entreprises capitalistes », ajoute Michel Abhervé [7]. L’agroalimentaire n’est pas un univers très tendre pour les conditions de travail. C’est pourtant un secteur très porteur pour InVivo, chez qui l’activité marché de grains est talonnée par le département « nutrition et santé animale » (NSA…), qui accompagne des projets d’élevage intensif au Vietnam, au Brésil, au Mexique ou encore en Indonésie, Chine et Inde.

    Des pays où la demande en protéines animales ne cesse d’augmenter. Ce qui est bon pour les comptes d’InVivo. Le chiffres d’affaires de NSA a progressé de 4% l’année dernière. Cette course à la production de viande ne pose-t-elle pas problème ? La coopérative n’a pas souhaité répondre à Basta !. Mais leur site web livre à ce sujet quelques pistes de réflexion.

    L’agriculture familiale selon InVivo

    Étrange paradoxe : pour InVivo, le système de production agricole français est « traditionnel et familial, avec une moyenne de 40 vaches par éleveur ». Bien loin, donc, du modèle américain. Et de celui que semble prôner la multinationale coopérative. « L’alimentation des bovins français est produite pour une très large part sur l’exploitation, et toutes productions de bovins confondues, les importations de soja ne représentent que 5 à 6 % de leur ration alimentaire », illustre-t-elle.

    Les vaches ne consommeraient que 10 % de tourteaux de soja, incorporés dans leurs aliments. On se demande pourquoi InVivo ne cite pas aussi l’exemple des volailles élevées en batterie. Elles doivent grossir vite et donc consommer une forte quantité de protéines. La part de soja dans leur alimentation se situe aux alentours de 70 % [8]. La France importe près de 5 millions de tonnes de soja chaque année, principalement en provenance du Brésil, où la forêt amazonienne et ses habitants souffrent de ces cultures intensives, souvent OGM.

    L’agriculture française n’aurait donc rien « d’industriel », selon InVivo. Mais que dire du recours aux antibiotiques ou aux hormones pour soigner les animaux, qui entrent souvent dans la composition des « Premix », spécialités nutritionnelles, et additifs alimentaires commercialisés par la coopérative ? Nous aurions aimé savoir comment InVivo s’assure qu’aucun composé dangereux issu de ces compléments alimentaires ne se retrouve in fine dans nos assiettes. Là encore, pas de réponse. Mais après tout, la mission première d’InVivo n’est-elle pas de « nourrir l’humanité » ? Une cause « noble » et, surtout, « stratégique ». Pour son chiffre d’affaires ?

    Notes

    [170 millions de tonnes de céréales produites en France, en 2009. Source.

    [2Sont alors créées l’Union nationale des coopératives agricoles de céréales (UNCAC) et l’Union nationale des coopératives agricoles d’approvisionnement (UNCAA). En 1951, l’union des coopératives agricoles d’aliments du bétail (UCAAB) voit à son tour le jour.

    [3Source : Coop de France

    [4Le premier juillet 2013, GPN a été racheté par le groupe autrichien Boréalis, détenu à 64 % par l’Idic, un fonds d’investissement d’Abou Dhabi, et à 36 % par le groupe pétrolier autrichien OMV. Le groupe est présent dans 120 pays et emploie près de 5 300 salariés. Il a généré en 2012 un chiffre d’affaires de 7,5 milliards d’euros.

    [5Mission sénatoriale d’information sur les pesticides et leur impact sur la santé

    [6Compte-rendu de la mission du Sénat sur les pesticides, 2012. Auditions Jérémy Macklin, directeur général adjoint du groupe coopératif In Vivo, membre de l’organisation professionnelle Coop de France, et de Mme Irène de Bretteville, responsable des relations parlementaires de l’organisation professionnelle Coop de France

    [7A titre d’exemple, lire notre article sur l’intoxication de salariés travaillant dans un silo.

    [8Selon le Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales (Céréopa), contacté pour la rédaction de cet article, de grandes mutations seraient intervenues ces cinq dernières années dans la composition de l’alimentation animale. La part de soja consommée par chaque espèce serait donc modifiée. Les nouveaux chiffres ne sont pas encore disponibles, ils devraient être publiés d’ici peu.

    Basta Mag

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  • Naomi Klein : “Les environnementalistes sont plus dangereux que les climato-sceptiques !”

    Les grandes organisations d’environnement ont une responsabilité aussi grande que les climato-sceptiques dans le présent reflux de la politique écologique : c’est la forte thèse défendue par la journaliste altermondialiste Naomi Klein. Selon elle, le choix de collaborer avec les grandes compagnies et l’idéologie néo-libérale a conduit à l’échec. Ses propos provoquent un vif débat aux Etats-Unis.

    La célèbre journaliste canadienne, militante altermondialiste connue pour ses livres No Logo et La Stratégie du choc, vient de déclencher une furieuse polémique au sein du mouvement écologiste nord-américain.

    Il y a deux ans, Klein avait écrit dans le journal The Nation que le militantisme climatique et le capitalisme étaient incompatibles. Elle observait que les climato-sceptiques l’étaient pour des raisons idéologiques : ils comprennent très bien que si le changement climatique se produit, la seule façon d’échapper à ses conséquences est de remettre en cause le système économique actuel, le capitalisme. Selon elle, la seule réponse adaptée à la menace climatique résidait « dans la pulvérisation de l’idéologie du marché libre, laquelle a dominé l’économie depuis plus de trois décennies ».

    Elle poursuit dans cette voie en accusant cette fois les principaux groupes environnementalistes de n’avoir pas compris cette vérité élémentaire, ce qui les a conduit à nouer des alliances coupables avec les grandes corporations.

     

    Les « Big Greens », mauvais leaders

    Voici une traduction partielle des propos de Naomi Klein, tirés d’un long entretien publié par le Earth Island Journal :

    « Le mouvement écologiste fait preuve d’un déni profond quand il s’agit des « Big Greens », « les principales organisations environnementales. Selon moi, celles-ci ont fait plus de dégâts que les négationnistes climatiques de droite. Si on a perdu tellement de temps, c’est bien à cause d’elles, qui nous ont tous entrainés dans une direction débouchant sur des résultats déplorables.

    Si on examine ce qui s’est passé sous l’égide du protocole de Kyoto dans la dernière décennie – les mécanismes de l’ONU, ceux mis en place par l’Union européenne – , on voit combien tout cela a été désastreux. (…)

    La droite avait combattu les échanges de permis d’émission en prétendant qu’ils allaient nous mener à la faillite, qu’on distribuait des aumônes aux grandes compagnies, et qu’en plus ça n’allait pas marcher. La droite avait raison ! Non pas pour la faillite de l’économie, mais pour le fait qu’il s’agissait de cadeaux énormes consentis aux grandes sociétés. Elle avait raison aussi de prévoir que ces mécanismes ne nous rapprochaient pas de ce que souhaitaient les scientifiques, à savoir baisser les émissions. Alors, pourquoi les groupes verts se sont-ils obstinés dans cette voie ? »

    Naomi Klein observe que le niveau de réduction des émissions dont nous avons besoin dans les pays développés est incompatible avec la croissance économique.

    Elle rappelle que, dans les années 1970, le mouvement environnemental était très puissant, et avait réussi à imposer un fort appareil législatif pour réduire la pollution. Mais avec l’élection de Ronald Reagan comme président des Etats-Unis, une politique opposée à l’environnement s’est mis en place.

    Et plutôt que d’y résister, les mouvements environnementaux ont choisi de chercher à collaborer avec les grandes entreprises. Elle cite Fred Krupp, le président d’Environmental Defense Fund, une importante ONG états-unienne, pour avoir clairement énoncé cette politique. Il se trouve, ce qu’elle ne dit pas, que Fred Krupp est un participant régulier du groupe Bilderberg, qui réunit chaque année des grands patrons et des responsables politiques pour définir la politique néo-libérale à appliquer dans le monde.

    Ainsi, explique Naomi Klein, «  pour les environnementalistes, il s’agissait d’établir des alliances avec les entreprises. Ils n’étaient pas sur la ligne : « Attaquons ces salauds ! », mais sur la ligne : « Oeuvrons ensemble, les salauds et nous ! » Cela revient à désigner les corporations comme acteurs volontaires de la solution. »

    «  Nous avons globalisé un modèle économique insoutenable d’hyper-consommation. Il se répand dans le monde avec succès, et il nous tue. (…) Les groupes environnementalistes n’ont pas été les spectateurs de ce phénomène, ils en ont été les partenaires. Ils voulaient en faire partie. »

    Les grandes ONG d’environnement ont ainsi accepté, voire soutenu, le traité de libre-échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, dit Alena, malgré son l’abaissement des protections de l’environnement qu’il impliquait.

    « Je ne dis pas que tous les groupes ont été complices : ni Greenpeace, ni les Amis de la terre, ni, globalement, le Sierra Club. Et ni 350.org, qui n’existait pas encore. Mais cela remonte aux racines du mouvement. (…)

    Ces élites historiques avaient décidé de sauver la nature, elles étaient respectées pour cela. Si donc le mouvement environnementaliste avait décidé de les combattre, leurs élites auraient risqué perdre leur aura, et personne n’était vraiment prêt à assumer cela. Je pense que cette situation est largement à l’origine du niveau actuel des émissions de gaz à effet de serre. (…)

    La stratégie du soi-disant win-win (gagnant-gagnant) a lamentablement échoué. C’était l’idée générale des échanges de permis d’émission. Les groupes verts ne sont pas aussi malins qu’ils ne le croient. Ils ont joué à trop grande échelle. Nombre de leurs partenaires avaient un pied dans le Climate Action Partnership, et un autre à la Chambre de commerce. »

    Naomi Klein observe qu’en Europe, les choses bougent dans un autre sens. Plus de cent organisations ont ainsi pris position pour en finir avec le marché du carbone. « C’est le genre de choses que nous devons faire maintenant. Nous n’avons plus le temps de perdre du temps. »

    Les premières réponses outrées – et argumentées – commencent à tomber. Le site ClimateProgress écrit notamment :

    « Elle n’a pas seulement tort, elle a profondément tort. Son approche révisionniste est fausse, et contredite par ses propres prescriptions politiques. »

    Il souligne notamment qu’en Europe, les émissions de gaz carbonique ont diminué, ce qu’il attribue au marché des émissions, dit ETS (European trading system) :

    Evolution des émissions de CO2 et du produit intérieur brut dans l’Union européenne.

    A quoi Naomi Klein a répondu à son tour sur son propre site, conseillant d’attendre la parution de son prochain livre, promis pour 2014.

    La critique des grandes ONG environnementales a déjà été menée en France. Dans Qui a tué l’écologie ? (éd. Les liens qui libèrent, 2011), le journaliste Fabrice Nicolino a mené une vive charge contre le WWF, FNE et Greenpeace pour leur politique de collaboration avec les grandes entreprises et le gouvernement. De même, dans Comment la mondialisation a tué l’écologie (éd. Les Mille et une nuits, 2012), Aurélien Bernier a montré que l’idéologie néo-libérale a fortement influencé le mouvement écologiste à partir des années 1980.

    Reporterre.net    http://fortune.fdesouche.com/

  • Vandalisme écologique ...et financier

     

    Bouriège : un village médiéval détruit pour construire six éoliennes

    Sur les hauteurs de la commune de Bouriège, des archéologues dénoncent la destruction partielle d’un ancien village médiéval pour y ériger six éoliennes.

     

    La ligne de crête est parfaitement dégagée, la vue magnifique sur le Madres, le puech de Bugarach, le Saint-Barthélemy et le village de Bouriège en contrebas. Entre quelques chênes verts et des bouquets de genêts, se dressent plusieurs murs, vestiges d’une ancienne église romane datant certainement des XIe et XIIe siècles. Et puis, à une dizaine de mètres de là, dans un vaste carré, un amas de pierres dispersées s’étale sur le sol.

    Le village médiéval de Bouriège avant le passage des bulldozers d’Alstom

    A cet endroit, il y a quelques semaines encore, on trouvait ce que l’archéologue Dominique Baudreu appelle "un véritable village médiéval fossilisé, avec des microreliefs qui marquaient les emplacements des rues et des maisons". Mais ça, c’était avant que ne passe un bulldozer. Connu depuis le XIIe siècle, le village médiéval de Saint-Pierre-le-Clair, perché à 579 mètres d’altitude, a été en partie rasé à la suite de travaux de nivellement. A sa place, juste à côté des ruines de l’église, se dresseront en effet six éoliennes de six mètres de haut (le permis de construire a été accordé), juste en face de celles de Roquetaillade. "Sous prétexte de débroussaillage, on a rasé au trois-quarts le village. Le résultat est catastrophique, les maisons et les enclos ont été rasés, les puits comblés et le cimetière éventré", s’indigne Christian Raynaud, professeur d’histoire et archéologue amateur. "Ca fait mal au cœur, l’intérêt scientifique du site est réel, mais aujourd’hui, il est fortement amoindri du fait des destructions", ajoute Dominique Baudreu, du Centre d’archéologie médiéval du Languedoc.

    Qui plus est, outre l’intérêt archéologique, le site de Saint-Pierre-le-Clair est également un belvédère unique que fréquentèrent d’illustres astronomes tels que Cassini, Maraldi et de Chazelles. "Le site a joué un rôle clé dans l’élaboration des cartes détaillées. De là-haut, on peut faire des visées à la fois vers le pic de Nore, le pic de Bugarach et le Canigou", souligne Christian Raynaud pour qui l’endroit aurait mérité une attention particulière. "Saint-Pierre-le-Clair n’est pas une colline du Razès tout à fait comme les autres", conclut l’historien.

    Le projet éolien dans sa « phase de réalisation »

    Mené par le groupe Alstom, le projet d’implantation de six éoliennes, à cheval sur les communes de Bouriège et de Tourreilles, est entré dans sa phase finale. « D’ici à fin 2013, il va se mettre en route, avec, pour commencer, la réalisation des accès », explique Patrice Cathala, le maire de Bouriège. Ouvert il y a sept à huit ans, le dossier éolien a fait l’objet d’une enquête publique au cours de laquelle les opposants ont déposé plusieurs recours, soulevant d’éventuels préjudices environnementaux, paysagers, mais jamais archéologiques. Tour à tour, les tribunaux administratifs de Montpellier puis de Marseille ont validé le permis de construire. « C’est un projet collectif pour la commune, l’intercommunalité et tout le département », souligne le maire de Bouriège.

    L’Indépendant

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Vandalisme-ecologique-et-financier

  • La vraie nature des écolos

     

    130917Le plus récent projet Duflot en aggravera encore les ravages. Ils sont occasionnés en France, quotidiennement, par la présence et par l'influence de nos Khmers verts, dans les municipalités comme au gouvernement.

    De nombreuses voix s'élèvent, et à très juste titre, en effet. En vain tous les professionnels et toutes les personnes informées ont tenté d'enrayer le projet Duflot d'instauration de la "garantie universelle des loyers". La fofolle ministre vient en effet de remporter sur ce terrain une première victoire à l'Assemblée nationale en première lecture le 12 septembre, en vue d'une entrée en vigueur pour 2016.

    Quelle que soit la prospérité catastrophique de cette procédure, et on peut imaginer qu'une majorité socialiste au Sénat, appuyée sur ce point par le parti communiste la fasse aboutir dans ses termes initiaux, l'échec financier est inéluctable.

    Il consiste en effet, sur le modèle ruineux de l'assurance-maladie et de la couverture universelle de déresponsabiliser entièrement le locataire indélicat aux frais des gens qui payent leurs loyers et surtout des propriétaires.

    Et surtout elle aura pour effet de démobiliser les bailleurs publics, c'est-à-dire les offices publics de HLM

    Les innombrables objections techniques ne risquent sans doute pas de convaincre entièrement, même en présence des sécheresses budgétaires connues de convaincre "la gauche". Enfin pensera-t-elle un progrès social que l'on pourra attribuer à cette présidence.

    Certes tout cela reflète des folies qu'on se doit d'analyser dans le détail puisqu'elles sont en train de se réaliser en termes de lois.

    Il y a plus de 30 ans dans ses "Discours pour la France à l'heure du choix",  (1)⇓ Jacques Chirac accusait assez clairement les Verts d'être financés au plan international par les gros intérêts pétroliers.

    On remarquera certes qu'ils entrent rarement en contradiction avec ceux-ci  (2)⇓

    Mais on ne saurait se contenter d'une vision aussi simpliste et conspirationniste du phénomène. On découvrira donc avec passion le vrai visage des écolos dans le livre qui vient de paraître : "L'Imposture écologiste"  (3)⇓

    Laurut8L'auteur : Christian Laurut, 67 ans, ESSEC, a été chef d’entreprise dans des domaines aussi variés que l’agriculture biologique, l’économie sociale innovante, et la formation des travailleurs indépendants. Il est le fondateur du Mouvement de l’Individu Responsable, groupe de réflexion politique transcourant, et auteur de plusieurs ouvrages de critique sociale, dont Le déclin de la civilisation industrielle, "Vers la société de liberté", "A quoi sert l'État ?" et "Vivement la décroissance ! (subie)".

    Voilà comment il présente son livre : L’imposture des "écologistes" réside aujourd’hui dans la confiscation de l’écologie, science non exacte étudiant les conditions d'existence des êtres vivants et les rapports qui s'établissent entre eux et leur environnement, au profit d’une action politicienne opportuniste et mercantile, qui plus est, totalement complaisante avec le capitalisme et sa dérive étatique.

    Les praticiens de cette science, précise-t-il, les "écologues", se retrouvent ainsi dépossédés de leur expertise par des charlatans médiatiques dont l’influence auprès des masses est malheureusement proportionnelle à leur niveau d'incompétence. Le lecteur aura ainsi compris que le propos de "L'Imposture écologiste" vise à bien distinguer l'écologie en tant que science objective neutre de l’écologisme en tant que doctrine politique souvent fâcheuse, comme on sépare le bon grain de l'ivraie.

    On sera édifié aussi bien par les 10 impostures de l'écologisme, dénoncées par Christian Lauraut, au plan des idées, que par son chapitre qu'il appelle, s'agissant des hommes "la galerie des guignols".

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    Imposture-ecologiste
    1. Stock, 1978, 287 pages.
    2. Même la re-fiscalisation du diesel, amorcée de longue date, ne fait que revenir sur une préoccupation ancienne de l'État français.)
    3. cf. "L'Imposture écologiste" par Christian Laurut. À commander sur le site internet des Éditions du Trident.

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  • Les 12 gros mensonges sur le CO₂ (arch 2009)

    À la veille de l'ouverture du sommet de Copenhague dont la couverture médiatique sera aussi tonitruante qu'univoque, il est bon de rappeler, comme l'a fait Joseph d'Aleo, météorologue américain renommé et l'un des premiers à avoir contesté sur son site Icecap le Réchauffement Climatique anthropique, les « 12 faits concernant la Réchauffement Climatique que taisent les media de masse ».

    1°) Depuis 2002 et bien que le dioxyde de carbone ait continué à augmenter, les températures globales n'ont cessé de baisser. 
    2°) Par lui-même le gaz carbonique (CO₂) produit peu de réchauffement. D' ailleurs, plus il y a de CO₂ et moins il y a de réchauffement.
    3°) Durant la dernière décennie, on n'a décelé aucun lien entre CO₂ et températures.
    4°) Le CO₂ n'est pas un polluant Avec la chlorophylle, il est un élément essentiel de la photosynthèse. Indispensable aux plantes.
    5°) La concentration de CO₂ actuelle est la plus basse que la terre ait connue depuis le Cambrien, il y a 550 millions d'années. Il y en avait alors vingt fois plus dans l'atmosphère et pas d'« effet de serre ».
    6°) Les changements climatiques précèdent les changements de CO₂ et non l'inverse.
    7°) Contrairement à ce que prétendent les modèles climatiques, la vapeur d'eau agit en rétroaction négative qui tend à réduire tout effet de serre induit par le dioxyde de carbone.
    8°) La modélisation de l'effet de serre sur lequel se base toute l'idéologie actuelle exagère considérablement le réchauffement réel.
    9°) Les cycles solaires ont une durée d'au moins onze ans. Lorsque l'activité solaire est intense, les températures montent. C'est ce qui est arrivé dans les années 1930 et à la fin du XXe siècle. L'activité solaire est actuellement au point mort, ce qui annonce un cycle long de refroidissement global qui pourrait durer plusieurs décennies.
    10°) Les cycles multidécennaux océaniques correspondent aux périodes d'activité solaire et aux variations des températures. L'océan Pacifique a commencé à se refroidir à la fin des années 1990, un processus qui s'est accéléré l'an dernier. L'Atlantique a commencé à se refroidir depuis son pic de réchauffement de 2004.
    11°) Les cycles océaniques correspondent à des variations de la couverture de glace des pôles. Dans les années 1930 puis 1950 ainsi que dans la décennie 1980 et au début des années 2000, celle-ci, en même temps que les océans se réchauffaient, diminuait. En Arctique, la durée de la saison estivale de fonte se réduit depuis deux ans.
    12°) La glace en Antarctique a connu l'année dernière sa plus large extension depuis que le contrôle satellitaire existe. Cette année, elle battra probablement le record établi l'an dernier.
    Contrairement aux affirmations du GlECC et à ses projections alarmistes pour le siècle à venir, toutes les études sérieuses montrent que les gaz à effet de serre n'ont absolument aucune influence sur les variations climatiques de ces dernières décennies.
    Quant aux anticipations catastrophistes, Dominique Guillet les a balayées de belle façon sur son site Kokopelli : « N'est ce pas le summum de l'arrogance, et de la démence, que de prétendre prévoir, à échéance de dix ans, d'un siècle ou de deux siècles, les climats de la Planète Terre à partir d'un super-ordinateur, fût-il du GIECC, et des quelques miettes de "données" partielles et passagères dont il aura été nourri ? Un tel super-ordinateur n'est qu'un simulacre lamentable de la planète authentique, le jouet virtuel et pathétique d'une poignée de scientistes capricieux. »

    René BLANC. Rivarol du 4 déc 2009

  • La nuisance écolo frappe au quotidien

     

    130912Qu'on se rassure. La dernière [en date] des folies écolo-socialistes sera suivie de beaucoup d'autres. Tant qu'il y aura des hommes et des femmes pour prétendre régenter nos vies selon leurs utopies on peut leur faire confiance pour empoisonner nos existences. Pour la gauche parisienne la circulation des automobiles offre une cible de choix que personne n'osera défendre. Que certains représentants l'opposition municipale suggère une pause après plusieurs années de persécution de la voiture individuelle, sans d'ailleurs oser en faire un cheval de bataille électoral, et hop ! le quotidien Le Monde imprimera que "l'UMP entend revenir aux années sombres du Tout Automobile", etc. Roma locuta est, Causa finita est.

    Ainsi donc, la lubie du moment consiste à ralentir encore la circulation des voitures et celle des deux-roues, en limitant réglementairement leur vitesse à 30 km/h. Cet acharnement nous semble mériter, plus encore qu'un simple front du refus : il impose un diagnostic du dérangement mental qu'il reflète.

    Argument absurde, et mensonger que ses partisans invoquent : cette mesure diminuerait la pollution. Toutes les études sérieuses démontrent le contraire. L'expérience a d'ailleurs confirmé que l'enfer des automobilistes, promesse formulée, et tenue, par l'équipe Delanoë a d'ores et déjà rejailli en termes de nuisances pour toute la population. Et, notamment, les encombrements, les difficultés de stationnement, la paralysie des véhicules produisent toujours plus de CO2.

    Tout ceci confirme l'analyse selon laquelle il faut arracher la ville, grande ou petite, à l'Utopie. Son influence auprès des municipalités, des conseils généraux comme des bureaux doit cesser. En matière de transports, la vie urbaine comme la vie rurale, s'accumulent des besoins, de plus en plus diversifiés, que la passion régulatrice des hommes de l'État se révèle incapable de planifier et de financer.

    La seule réponse adéquate, et en tout état de cause la moins insatisfaisante, doit reposer sur la libre entreprise, sur l'initiative privée et sur la concurrence.

    Il faut donc cesser de persécuter inutilement les automobilistes.

    Mais il faut aller plus loin.

    L'écologisme de façade, utopie de rechange des années 1980, s'est progressivement emparé des exécutifs locaux en tétanisant ses adversaires politiques. Il s'en est suivi une persécution des moyens privés de déplacement, sans contrepartie correspondante, en termes de transports collectifs. Il n'y a, d'ailleurs, même pas lieu de déplorer cette insuffisance : car une réponse satisfaisante se révélera toujours impossible venant du secteur public. L'offre de ce dernier restera toujours inadaptée, bloquée par l'arbitraire administratif, la culture de la subvention et la démagogie syndicale.

    À cet égard, on ne perdra pas de vue que les premières victimes sont apparues au sein des grands ensembles. Ceux-ci sont devenus au fil des années des cités coupées des centres de ville et des lieux de travail avec les conséquences que l'on déplore sans y remédier. Leur réintégration dans la société française passe donc, notamment, par une liaison territoriale correcte.

    Motif permanent de l'irritation des conducteurs individuels, la pression réglementaire anti-automobiliste a pu servir d'exutoire à tous les instincts des coupeurs de tête en chambre et autres admirateurs de Robespierre, Staline et Mao Tsé-toung : ils demandent ainsi toujours plus à une magistrature et à une gendarmerie, auxquelles ils refusent les moyens d'exercer leur vrai métier. Sous prétexte de lutter contre ce qu'ils appellent la violence routière, qu'ils n'exorcisent d'ailleurs que sur le papier, ils parviennent, par leurs surcroîts de textes, à laisser libre cours à la délinquance réelle.

    On prendra comme simple exemple l'estimation plausible à hauteur de 3 millions de gens conduisant sans permis et sans assurances, sur les routes de l'Hexagone, infiniment plus dangereux par conséquences que les petits dépassements de la vitesse autorisée sur les autoroutes.

    On rappellera aussi la nocivité des suppressions de capacités de stationnement. À paris, les écolos associés à la gauche sont parvenus à les réduire en 10 ans de près de 100 000 places, équivalent de quelque 200 ou 300 garages souterrains. Cela rend plus difficile le travail quotidien des artisans et des livreurs. Cela restreint chaque jour la commercialité de la ville. Cela accroît les embouteillages donc la pollution.

    Revenir sur les excès furieux de cette politique c'est redonner vie aux centres des villes.

    Sortir les sectaires écolos (1)⇓ de la gestion municipale, indépendamment de leur néfaste présence dans le gouvernement de M. Hollande, c'est en quelque sorte, chacun dans sa ville, balayer devant sa porte.

    JG Malliarakis  http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. cf. "L'Imposture écologiste" par Christian Laurut. Ce petit livre nous sera livré le 16 septembre et nous en présenterons une recension ce jour-là. Vous pouvez le commander dès maintenant sur le site internet des Éditions du Trident
  • L'écologie sans idéologie (arch 2008)

    Le Figaro Magazine - 31/05/2008
    Les menaces sur la planète sont bien réelles, assure Patrice de Plunkett, dans une enquête sur l'écologie. Mais pour sauver notre environnement, il faudra changer nos mentalités.
    Le Figaro Magazine – Vous publiez une enquête sur l'écologie aujourd'hui. Pourquoi commencez-vous par mettre en cause la Bible ?
    Patrice de Plunkett - Aujourd'hui on accuse la Bible d'avoir pollué les mentalités. On dit que le livre de la Genèse, avec sa parole célèbre « croissez et multipliez », a poussé l'homme occidental à violenter la nature, donc à créer les dégâts écologiques. On présente ça comme une évidence... Mais est-ce exact ? J'ai voulu tirer les choses au clair. J'ai décortiqué les textes : la Genèse, le Deutéronome, le Cantique des cantiques, les prophètes, Job, les évangiles. J'ai aussi regardé ce qui se passait dans le reste du monde antique et les autres civilisations. Et je suis allé de surprise en surprise. J'ai découvert ce que pense réellement la Bible : c'est le contraire de ce qu'on croyait savoir ! Au lieu de dire à l'homme de régner selon son bon plaisir, la Bible donne un sens surnaturel à la nature. Tout ce qui entoure l'homme prend une signification. Loin de pouvoir en faire tout ce qu'il veut, l'homme devient le berger et le « prêtre » de la Création vis-à-vis du Créateur... C'est très poétique, et ça ouvre des horizons pour notre temps. L'autre surprise, c'est de découvrir que les dévastations de l'environnement ont commencé partout et dès l'aube de l'histoire. Plusieurs siècles avant notre ère, en Grèce, Platon a des accents écolos pour protester contre la surexploitation de la nature, la déforestation et l'érosion des sols ! Dans le vieil empire chinois, les catastrophes écologiques se succèdent. Sur l'île de Pâques, deux cents ans avant l'arrivée des Occidentaux, les autochtones avaient tout déboisé pour leur culte païen (les chantiers de statues), ce qui avait provoqué la ruine de l'île et les guerres tribales… D'où une nouvelle moisson de questions sur lesquelles il fallait enquêter aussi : pourquoi la culture occidentale moderne accuse-t-elle le « monothéisme biblique » d'être la cause des dégâts écologiques ? Que s'est-il passé en Europe entre les Lumières et la révolution industrielle ? Quel fut le rôle du voltairianisme, puis du darwinisme social, dans les esprits des élites économiques au XIXe siècle ?
    Et aujourd'hui, les menaces sur la planète sont bien réelles ?
    Les faits sont là. On ne peut pas esquiver le problème en disant qu'il y a « toujours eu des problèmes » ! Nous sommes dans une situation inédite : la puissance de la machinerie industrielle mondiale est sans précédent, et elle a un impact sur la biosphère dont dépend notre avenir. Mieux vaut évaluer lucidement les enjeux ; certaines probabilités peuvent faire peur, ce n'est pas une raison pour les nier a priori... J'ai donc voulu savoir d'où venait le souci du réchauffement climatique : pourquoi la plupart des climatologues (seuls compétents dans ce domaine) disent-ils que la menace est réelle ? Même question à propos des OGM : pourquoi des biologistes disent-ils : « ne jouons pas aux apprentis-sorciers » ? Devant la virulence des polémiques qui divisent la droite comme la gauche, j'ai voulu savoir ce qu'était l'agriculture transgénique, et si sa diffusion était vraiment un service à rendre à l'humanité. J'ai également enquêté sur les agrocarburants, sur la « maladie des océans », la crise du pétrole, les atteintes à la biodiversité. Tous les dossiers brûlants.
    Vous appelez à ne pas confondre l'écologie et les Verts…
    L'écologie est une chose trop importante pour être laissée aux Verts ! Ce parti a d'ailleurs dérivé loin de l'écologie sincère, ce qui explique largement son naufrage électoral. Et il est devenu ultra-minoritaire dans le paysage écologiste, à force de vouloir mettre l'écologie au service de la politique (politicienne)… Au contraire, les écologistes « vrais » veulent mettre le politique au service de l'écologie : une nouvelle vision de l'homme dans le monde vivant. Un homme conscient de faire lui-même partie de ce monde. Une économie à la mesure de l'homme. Un nouvel art de vivre : plus sobre, en harmonie avec la condition humaine.… Vue ainsi, la responsabilité du politique devient décisive pour l'avenir de la Terre et des Terriens.
    Nous vivons à l'ère industrielle, dans un système économique mondialisé. Alors comment mener une politique écologiste sans verser dans l'utopie ?
    L'utopie était de croire que le système allait durer. C'était une parenthèse. Elle va se refermer, sous la pression de réalités nouvelles. Le pétrole cher, le déclin des réserves d'hydrocarbures, condamnent l'orgie des transports à travers la planète et rendront de moins en moins rentables les délocalisations. Les émeutes de la faim dénoncent la politique agricole « globale », et disent l'urgence de l'autosuffisance alimentaire. Voyez aussi la démesure des agrocarburants, développés au détriment des cultures vivrières, et les fonds spéculatifs faisant flamber le prix du blé : symptômes d'un capitalisme «devenu fou », selon le mot du prix Nobel Joseph Stiglitz… Ce système est condamné parce qu'il nuit à l'économie, aux hommes et à la nature. Face à lui, le social, l'écologique et l'économique vont s'allier. Les (vrais) écologistes sont en phase avec les économistes qui demandent la réforme du système, et avec les sociologues qui appellent à redécouvrir le facteur humain. C'est le camp du réalisme, non celui de l'utopie. C'est aussi le camp de l'avenir.
    Jean-Paul II et maintenant Benoît XVI multiplient les avertissements au sujet de l'environnement. Sont-ils écoutés ?
    Deux papes écologistes : encore une surprise ! Jean-Paul II appelait l'homme à assumer sa responsabilité, et prononçait des réquisitoires écologiques fulgurants. (J'en donne des exemples). Benoît XVI appelle à changer le système global : dans ses allocutions de la place Saint-Pierre, il mobilise la Vierge Marie dans le combat contre les structures d'injustice et de dégradation. Le Saint-Siège plaide pour une réforme de la politique mondiale... Les catholiques entendent-ils ce langage ? Les jeunes, oui, en masse : on va le voir cet été à Sydney. D'autres sont déconcertés : ils évaluent mal la question écologique, n'ayant pas eu l'occasion de l'examiner. C'est beaucoup pour eux que j'ai écrit cette enquête, pour faire bouger les idées.
    Propos recueillis par Jean Sévillia
    L'écologie de la Bible à nos jours, de Patrice de Plunkett, L'oeuvre.

  • Climats : ces idéologues qui font la pluie et le beau temps (arch 1997)

    A l'occasion du sommet sur l'effet de serre de Kyoto, les médias brodent sur un scénario catastrophe : les émissions de gaz dues à l'activité humaine provoqueraient d'ici à quelques dizaines d'années un réchauffement de l'atmosphère tel qu'il provoquerait la fonte des pôles, le relèvement du niveau des mers, donc la disparition de certaines terres aujourd'hui émergées, et en fin de compte un dérèglement général du climat. Pour éviter cette apocalypse, on préconise de réduire l'émission de certains gaz, donc de modifier la croissance et la production : un gigantesque enjeu économique et politique, tant pour le tiers monde que pour les pays développés. Mais comment peut-on être sûr du climat dans cent ans, alors que les météorologues ne prédisent pas le temps à trois jours ? En d'autres termes, ce scénario catastrophe est-il une certitude scientifique ou une hypothèse politique orientée ?

    Avant de paniquer, il serait bon de savoir à partir de quoi un tel scénario est formulé. En bref, qu'est-ce que la climatologie ? Si l'on s'en tient à la définition du Larousse, il s'agit de l'étude scientifique des climats, qui sont l'ensemble des phénomènes météorologiques, (température, pression, vent, précipitations), qui caractérisent l'état moyen de l'atmosphère et son évolution en un lieu donné. Pour être plus précis, la climatologie se fonde sur des modèles, qui sont des descriptions mathématiques de phénomènes physiques, des descriptions mathématiques de la réalité qu'est le climat. Ces descriptions sont mises sous forme d'équations que des spécialistes, les climatologues, doivent intégrer et résoudre, au moyen de puissants ordinateurs. Le scénario catastrophe des climatologues est donc fondé sur des simulations informatiques réalisés à partir des modèles de circulation générale de l'atmosphère.

    L'étude d'un modèle de climat nécessite d'identifier et de mettre en équation chaque flux d'énergie, de matière, de mouvement et toutes les transformations chimiques et biologiques qui peuvent agir sur le déroulement du processus climatique. Puis sont établis et comparés entre eux, un modèle de circulation générale de l'atmosphère, un modèle de circulation générale des flux océaniques, et des modèles d'évolution des biotopes (aire géographique) en réponse au changement des conditions climatiques. Les différences des modèles sont dues à la manière dont sont pris en compte les phénomènes mal connus ou complexes à introduire dans le schéma de calcul. Les plus grands écarts portent sur la modélisation des océans, la formation et la dynamique des nuages. Les interactions avec les biotopes terrestres et marins et les modèles de la circulation océanique sont sujets à incertitude.

    L'ésotérisme de ces équations incompréhensibles pour le commun des mortels ne peut cependant pas masquer une évidence : comment peut-on prédire le climat sur des années, voire sur plusieurs décennies, alors que les météorologues ne peuvent pas « prévoir le temps » plus d'une dizaine de jours à l'avance ? (les prévisions météorologiques ou numériques du temps sont des prévisions à court terme, de quelques heures à sept jours, le plus souvent trois jours ; ces prévisions sont relativement stables.) Un modèle climatique est une tendance établie sur une prise en compte du «temps» beaucoup plus longue ; c'est un travail élaboré à partir d'archives climatologiques qui peuvent remonter à plus de cent ans. La climatologie se fonde donc sur des données de la météorologie. Par ailleurs, et sans rentrer dans des descriptions compliquées, il est bon de préciser la manière dont les climatologues «récoltent» leurs données : l'atmosphère est fractionnée en «cellules» de 200 à 500 kilomètres de «long», et de un kilomètre de «hauteur». Pour couvrir la Terre, elles se chiffrent donc à plusieurs centaines de milliers. La critique formulée à l'encontre de cette méthode est que les cellules ne sont pas suffisamment conséquentes en altitude pour apporter des valeurs intéressantes.

    Philippe Roqueplo, sociologue au CNRS, auteur de Climats sous surveillance, limites et conditions de l'expertise scientifique, émet un doute sur la réalité du changement climatique. Il a analysé la façon dont l'expertise a transformé des recherches scientifiques incertaines en arguments politiques et pose l'hypothèse d'un consensus qui n'aurait pas forcément comme finalité la cause à priori défendue... Il rappelle l'importance de ne pas confondre expertise et science : pour un chercheur, accepter de se placer dans un processus de décision politique l'oblige à donner une réponse, alors que dans une majorité de cas, la science ne peut répondre. Le fait de devoir produire une expertise entraîne un effacement des incertitudes dans la chaîne de transmission des informations, de l'amont de la recherche, à l'aval de la décision ; à chaque étape de la recherche, l'aval cautionne l'incertitude de l'amont, et fonde sa recherche sur des résultats incertains, posés comme fiables. Pour Philippe Roqueplo, « la problématique climatique apporte un surcroît de légitimité scientifique à beaucoup de politiques qu'on cherche à faire et qu'on ne parvient pas à imposer ». En ce qui concerne l'effet de serre, c'« est un opérateur politique efficace. Sur ce point précis l'environnement fonctionne comme horizon justificateur d'une politique qui ne dit pas son nom. »

    Des différences d'interprétation de 25 à 400%

    Cette toute nouvelle «science» est contestable, et d'ailleurs contestée, notamment par des climatologues eux-mêmes : M.E Schlesinger et J.F.S. Mitchell, ont démontré dans une thèse l'impossibilité actuelle de créditer la précision des simulations ; ils ont aussi dénoncé l'utilisation de données mathématiques à mauvais escient, ou plutôt à bon escient pour qui cherche à démontrer scientifiquement une théorie a priori définie. L'Américain S. Weare a montré des différences d'interprétation de 25 à 400 %, selon l'intégration ou non de données dans un modèle, et son compatriote S.L Grotch a même dénoncé l'inaptitude de certains à reproduire le cycle climatique annuel actuel.

    Le professeur M. Leroux, climatologue au laboratoire de géographie physique de l'Université de Lyon, expose la dynamique des climats à partir des «AMP». « Des lentilles d'air froid et donc dense de 1 000 à 3 000 km de diamètre et de l'ordre de 1 500 m d'épaisseur, baptisées Anticyclones mobiles polaires (AMP), produites à raison de 3 à 5 par semaine au voisinage des pôles ». Ces AMP se déplacent (grâce à la rotation de la Terre) des pôles vers l'équateur, déviés par les reliefs, en diminuant peu à peu. Une circulation d'air plus chaud tourne autour d'eux dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, au nord de l'équateur. Ce sont ces transports de masse et d'énergie qui sont à l'origine de l'ensemble des phénomènes météorologiques. A la différence des théories fondées à partir d'ordinateurs sophistiqués, l'étude pratique des AMP permet d'expliquer l'augmentation générale des pressions atmosphériques depuis 50 ans dans leurs zones de passage et de regroupement. L'étude de ces AMP permet aussi de comprendre le recul des pluies vers le sud dans toute l'Afrique subsaharienne, le réchauffement important de l'Alaska, les chutes de neige sur la Virginie et le déplacement des cultures au Canada ; l'augmentation des chutes de neige en Norvège responsables des inondations. On comprend alors l'augmentation de la fréquence de phénomènes exceptionnels, comme les tornades en régions tempérées et les inondations, les chutes de neige dans l'est du bassin méditerranéen, la sécheresse sur le Maghreb.

    Ainsi, il vaut mieux observer les phénomènes que chercher à les synthétiser. Les fluctuations instables de la nature ne permettent pas, semble-t-il, de modélisation. Alors que le refroidissement arctique et l'intensification de la circulation atmosphérique sont observables depuis une quarantaine d'années, tous «les modèles» prévoient un réchauffement arctique et une réduction des échanges, et cela en réponse à une augmentation des gaz à effet de serre. Les variations de la nature, « responsables pour la circulation atmosphérique, du butoir ultime d'environ quinze jours pour les prévisions météorologiques, impliquent pour la circulation océanique dont les temps caractéristiques se chiffrent en saisons, années, décennies, voire siècles, l'impossibilité d'établir la moindre prévision climatique à long terme » dit le Pr Leroux.

    Un système idéologique bien rodé

    La climatologie semble être de nos jours un des thèmes favoris des médias ; elle est devenue au fil des années, de manière croissante, une valeur sûre pour qui veut attirer l'attention. Bien sûr, tout le monde se soucie de l'environnement, et c'est justement par ce biais qu'un «lobby climatique» s'est mis en place. Le principe de mobilisation est relativement simple : entretenir une forte demande de sécurité, afin d'en faire accepter le prix. La cause apparente doit être juste : l'environnement et la nature le sont. Difficile à réaliser, l'objectif doit être clairement compris et intégré dans l'inconscient collectif et possible à atteindre, mais au prix de réels efforts collectifs. Et surtout, il faut entretenir l'espoir et la croyance dans le progrès, et donner des réponses graduées. Pour reprendre les termes d'Yves Lenoir, « fédérateur en amont (tous les phénomènes naturels interfèrent avec le climat) et omniprésent en aval (la plupart des activités productives ont des Conséquences climatiques), le problème climatique est lourd d'un pouvoir global, ''totalisant'', sur l'avenir de nos sociétés ».

    La science climatique mondialiste assied ainsi son pouvoir, comme seule détentrice de la vérité universelle, comme seule capable de bien «gérer la planète». Ce n'est pas un hasard si les plus grandes institutions climatiques sont internationales, car bien sûr, les catastrophes écologiques ne connaissent pas de frontières ; le nuage de Tchernobyl n'a-t-il pas atteint les côtes normandes ? Selon les chercheurs officiels, la planète est en grave danger, et le scénario catastrophe qu'ils ont établi a de quoi faire frémir : le deuxième rapport du GIEC, Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution des climats, est très alarmiste quant à l'adaptation actuelle des systèmes à l'évolution des climats et de la température qui devrait augmenter de 1,5°C à 5°C, suivant les théories. Ce rapport prévoit une modification de la composition et de la répartition géographique de nombreux écosystèmes - c'est-à-dire de l'ensemble des êtres vivants et des éléments non vivants -, à cause des réactions de diverses espèces à l'évolution de la température. Terres inondées, famines et épidémies sont inscrites au scénario. La lutte contre l'effet de serre a imposé une stratégie de réduction des émissions de C02 dont la première étape a été la convention cadre sur le climat, adoptée à Rio en juin 1992 par 178 Etats. Elle a imposé aux 35 pays industrialisés signataires de ramener, d'ici l'an 2000, leurs émissions de C02 et autres gaz à effet de serre à leur niveau de 1990. Mais lors du second sommet de la terre qui s'est déroulé à New York en juin 1997, force a été de constater l'échec du projet. En effet, si l'Europe consent à produire un réel effort, les Etats Unis arguent que ces mesures sont contraires à leurs intérêts économiques. La conférence de Kyoto qui se déroule actuellement tentera une fois encore de fixer un système de réduction des émissions de gaz au niveau mondial, avec toujours, comme toile de fond, le réchauffement du climat.

    Le lobby des climatologues

    La liste des différentes institutions est longue, qui existent en général sous le patronage de l'ONU. Le Conseil international des unions scientifiques (CSIU/ICSU) est à l'origine du Programme international géosphère-biosphère et travaille en liaison étroite avec l'OMM (Organisation météorologique mondiale), le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'environnement) et l'UNESCO. Sous l'égide du CIUS, le Conseil international en sciences sociales (ISSC), le Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC/WCRP). Sous l'égide de l'UNESCO, le Programme MAS (Man and biosphère), le Programme international d'éducation relative à l'environnement (PIEE), le Programme hydrologique international (PHI/lHP), la Commission océanographique intergouvernementale (COI) ; le Programme de corrélation géologique international (PCGI/IGCP) pour la compréhension des facteurs contrôlant l'environnement global. Sous l'égide de la FAO (OAA : Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), le Programme-cadre de coopération internationale pour une agriculture et un développement rural durables (PCCl/ADRD), la Stratégie mondiale et les Programmes d'action associés pour l'aménagement et le développement des pêches ; le Programme d'action pour les forêts tropicales (PAFT), créé en commun avec la Banque mondiale et le PNUD (Programme des Nation unies pour le développement) traite de la conservation des ressources naturelles dans plus de 85 pays. Sous l'autorité de l'Alliance mondiale pour la nature (UICN/IUCN), l'Union internationale pour la conservation de la nature élabore et met en œuvre des stratégies nationales et internationales pour la protection de la nature et des espèces. Selon les termes de la Commission française du développement durable : « pour permettre aux décideurs et au grand public de mieux comprendre ce que les chercheurs ont appris, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et l'OMM ont créé en 1988 le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC/IPCC) ». Cet organisme est chargé d'évaluer l'état des connaissances du système climatique et ses changements, ses incidences environnementales, économiques et sociales, et les stratégies à envisager. En fait, les deux rapports du GIEC sur les changements climatiques sont particulièrement abscons. La liste est loin d'être exhaustive, elle comprend aussi des programmes européens, des organisations non gouvernementales (ONG), qui collaborent entre eux, ainsi que moult commissions, conventions, sessions extraordinaires. L'ensemble des ONG françaises est regroupé dans le Réseau Action Climat (RAC). Le Conseil de la Terre, coordonne, lui, les ONG internationales et les commissions nationales. Les subventions et aides diverses vont «en général» aux organismes respectueux du dogme.

    Aux «valeurs sûres» de la climatologie qui véhiculent unanimement le discours de la terreur, s'opposent d'autres chercheurs, certes moins soutenus. mais dont les thèses présentent plusieurs avantages; en premier lieu, celui d'être relativement accessibles au commun des mortels ; en second lieu, celui de s'opposer au terrorisme de la pensée unique. Ces chercheurs ne contestent pas le réchauffement de la planète, mais affirment qu'elle ne subira qu'une augmentation de 0,5°C, qui ne peut être source d'inquiétude. Ils réfutent l'amalgame effet de serre-réchauffement-catastrophe.

    Françoise Villar National Hebdo du 4 au 10 décembre 1997