Derrière les assauts financiers répétés se profile l'obsession géopolitique d'une Amérique qui ne se résigne pas au « désarraisonnement » de son protectorat européen. Il ne faut pas prendre à la légère la déclaration courageuse de Laurence Parisot, la présidente du Medef, qui dénonce non pas un « complot », ce qui serait dérisoire, mais une « orchestration » d'origine américaine dans les difficultés actuelles de l'euro. Cette orchestration n'est rien d'autre que l’emballement d'un système financier devenu incontrôlable, qui trouve sa source dans une philosophie économique libérale exacerbée et messianique, un endettement colossal fruit d'une politique extérieure impériale de plus en plus difficile à supporter. La crise de la dette américaine est celle d’une puissance planétaire qui ne se maîtrise plus, la crise de l'Europe celle de l'impuissance consentie d'un continent assoupi.
A. B. : Au-delà de l'aspect financier des choses, quels sont les enjeux de la crise actuelle en termes de géopolitique, de puissance et de civilisation ?