économie et finance - Page 497
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POLITIQUE ET ÉCO N°72 - THIERRY GOBET : LA PUISSANCE ALLEMANDE
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Bientôt la guerre des boutons
Depuis plusieurs semaines, nous savons que l’armée française est à court de munitions. Est-ce le fruit du manque de préparation ou d’anticipation, est-ce le résultat d’un manque de moyens ? Toujours est-il que notre pays n’a plus de bombes pour ses missions de « destruction de Daech ». Notre pays est donc obligé d’en commander aux États-Unis, qui pourraient avoir des difficultés à honorer ces commandes.
Déjà que nos vieux fusils FAMAS devraient être remplacés par des fusils d’origine étrangère, plus aucun fabricant français n’étant capable de répondre à l’appel d’offres. Nos avions devront-ils rester cloués au sol ou sur le porte-avions Charles-de-Gaulle ? Notre « chef de guerre » a pourtant promis (c’est ce qu’il sait faire de mieux). « Je vous promets solennellement que la France mettra tout en œuvre pour détruire l’armée des fanatiques qui ont commis ces crimes, qu’elle agira sans répit pour protéger ses enfants », disait-il le 27 novembre 2015 dans la cour des Invalides.
Devant de telles informations, nos militaires en missions extérieures ont de quoi s’inquiéter. Les opérations menées de front sur plusieurs régions du monde s’enlisent et rien ne fait présager qu’elles s’arrêteront en 2016. Alors le président de Bretagne, « ministre dans la plénitude de [ses] fonctions » – pour reprendre son expression du 14 décembre au micro de RTL -, s’est rendu sur notre porte-avions pour réveillonner avec les troupes. Un réconfort sans doute nécessaire pour ces marins.
Rien que de très normal, me direz-vous, un jour comme celui-ci. Non content de la visite et de l’allocution, le ministre avait emporté avec lui un petit cadeau – des étrennes, en quelque sorte. Si, l’an passé, M. Le Drian avait offert à nos soldats des montres, sans doute pour leur rappeler l’heure de l’attaque, cette année, il en va tout autrement : le cadeau fut utile et « somptueux ».
La France, par l’intermédiaire de son ministre, a donc offert a nos marins et soldats en guerre un Opinel. Non, ce n’est pas une blague d’après-réveillon, non je n’ai pas trop bu, ce cadeau est bien une réalité. Nous pouvons donc souhaiter une excellente année à nos troupes en mission, elles sont armées pour l’avenir. Sans doute une invasion terrestre se prépare-t-elle, et avec cette arme de fabrication bien française, ils pourront couper au moins tous les boutons des vêtements djihadistes (la djellaba est peu pratique pour le combat). Une belle guerre en perspective avec des adversaires courant à moitié nus à travers le désert.
Heureusement que ce n’était pas un couteau suisse, plus pratique certes, mais pas français comme son nom l’indique. Pourtant, le couteau suisse avec ses multiples lames aurait pu aussi être utilisé comme boîte à outils pour le Charles-de-Gaulle.
L’an prochain, le réveillon du ministre-président pourrait se faire avec galette et chouchen. On peut même imaginer qu’il offre un cadeau fabriqué en Bretagne pour allier sa mission de ministre à celle de président de la région Bretagne. Une façon de cumuler les mandats et les responsabilités tout en positivant les deux fonctions. Bonne année 2016 à tous les lecteurs, je crois que cette année commence bien…Patrick Crasnier
Boulevard Voltaire ::Boulevard Voltaire :: lien
http://www.voxnr.com/cc/tribune_libre/EuVElpEFEkNewreASq.shtml
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La France ? Pour quoi faire ?
Mieux vaut prévenir d’entrée, les questions économiques occupent plus de la moitié du dernier Cri du chouan* de l’année. Encore !! Eh oui encore, est-ce ma faute si la politique a abdiqué en faveur de l’économie ?
Pourtant, même si les questions budgétaires, le PIB, les taux de ceci et de cela vous préoccupent, à juste titre, moins que la fin dernière, merci de consacrer quelques instants aux articles suivants, « La zone » et « La solution ».
Le premier analyse l’évolution économique des douze premiers États membres de l’Union économique et monétaire depuis la création de l’euro jusqu’à fin 2014. Trop de noms, trop de faits, trop de chiffres, sans doute ; mais il faut bien s’appuyer sur des éléments concrets pour prouver la supercherie du traité de Maastricht.
Le second relate comment les institutions monétaires européennes et la Commission de Bruxelles ont commencé à « reprendre les choses en main » à partir de 2011 pour aboutir à « la solution » dévoilée en octobre 2015 : regrouper dans une seule entité géopolitique, « l’Euroland », les États de l’Union économique et monétaire où 339 millions d’individus évolueront dans une même société dont le « vivre ensemble » se résumera à vivre pour l’euro.
Qu’ils soient originaires de Bretagne, de Bavière, de Catalogne… les « Eurolandais » pourront s’installer, consommer et travailler partout dans cet espace doté d’un régime de protection sociale unique, d’un code du travail identique, d’une fiscalité unique… Bref un gouvernement unique assurera le pain et pour ce qui est du cirque il existe déjà.
Comme leurs voisins, les Français ont été habilement préparés à l’idée de vivre en Euroland ; les hommes politiques se sont progressivement défaussés de leurs responsabilités nationales sur la Commission de Bruxelles, le credo libéral leur a appris qu’il fallait être mobile dans le monde du travail, l’enseignement de l’Histoire a déserté l’Éducation Nationale et la religion a déserté l’espace public.
Alors au bout du compte, vivre en France ou en Euroland… ?
Plus besoin de débattre d’identité nationale, plus de devoir envers la patrie, plus besoin de transmettre le legs de l’Histoire puisque l’Histoire est finie.
En un mot « l’Eurolandais » sera une sorte d’individu hors sol, un peu à l’image des salades cultivées sur un substrat neutre arrosé d’une potion nourricière sous une lumière artificielle. L’État « eurolandais » fournit la potion et l’éclairage.
Dans ces conditions plus besoin de savoir ce qui reviendra à César et à Dieu puisque tout sera dû à César.
Or, sauf à renier notre royalisme, on ne peut accepter que la réponse du Christ, « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » soit amputée de sa dernière partie.
Car c’est bien en suivant l’intégralité de cette réponse que les rois de France ont régné et gouverné, en respectant la complémentarité des deux pouvoirs, temporel et spirituel. En dépit de bien des accrocs de part et d’autre, nos rois ont su maintenir l’équilibre entre ces deux pouvoirs de façon à ce que leur politique ne s’oppose pas à Dieu, fin dernière de leurs sujets.
Que certains prétendent que les Dix commandements et le Sermon sur la montagne ont été écrits de main d’homme ne change rien à la réalité : la civilisation européenne chrétienne est le fruit de la complémentarité du temporel avec le spirituel.
Il est entendu que nous n’accepterons jamais de tout rendre à César.
Pour l’affirmer publiquement, pourquoi ne pas se réunir et s’organiser afin de prendre part… je vous laisse découvrir la suite dans les lignes qui précèdent le dernier paragraphe de « La solution ».
N’oubliez pas que le temps joue contre nous car si l’élaboration des statuts de « l’Euroland » est prévue à partir de 2017, dès aujourd’hui la bête avance sournoisement ; par la charte européenne sur les langues régionales, par l’organisation des marchés transfrontaliers, par le mécanisme de supervision bancaire installé au sein de la BCE qui vise à supprimer les options nationales dans la régulation bancaire.
Pour l’heure, du fond du cœur je souhaite que dans la belle et sainte nuit qui approche, toutes nos familles soient en union de prières et d’Espérance.
Pierre Jeanthon
*Le cri du chouan est la lettre de liaison des adhérents de France Royaliste.
Abonnement annuel : 30 euros (6 numéros par an) à l’ordre de France Royaliste
Adresse : France Royaliste – 14690 Le Bô
http://www.vexilla-galliae.fr/actualites/social-et-economie/1709-la-france-pour-quoi-faire
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Votre pouvoir d’achat en 15 ans ! sentez-vous la difference ?
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Les grands projets inutiles - Orages d'acier - 22/11/15
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Les charges sociales n’existent pas !
Nous sommes à la fin de l'année 2015.
Et depuis des décennies, j'entends des hommes politiques de gauche comme de droite, des journalistes de toutes opinions, des économistes de toutes obédiences, mâcher à chaque interview qu'ils accordent, avec onctuosité, le vocable de “ charges sociales ” : « Il y a trop de charges sociales, il faut baisser les charges sociales, il faut exonérer de charges sociales, etc. »
J'ai l'étrange et terrible impression que ces doctes personnes ne connaissent pas le sens de la première lettre du premier mot de ce vocable. Il est vrai que la plupart n'ont jamais mis les pieds dans une véritable entreprise et que la majorité n'en ont jamais créée. Ils ne savent donc pas ce qu'est de remplir un bordereau Urssaf et d'y agrafer le chèque qui vous plombe une trésorerie. Demander aux hommes politiques d'expliquer ce que sont les charges sociales, dans le concret, c'est un peu comme si vous demandiez à la sortie de la messe aux fidèles la signification du Kyrie Eleison. Tous savent le chanter, mais sans doute pas plus d'un sur mille serait capable de traduire et s'explique cette prière.
Ces gens qui prétendent nous gouverner et influencer notre opinion parlent de charges sociales comme si c'était un morceau de jambon dans lequel on pourrait tailler du gras selon les aléas de l'économie. Et surtout il semble fort qu'aucun d'entre eux, jamais, n'a cherché à savoir à quoi pouvaient bien correspondre ces fameuses charges sociales, et quelle mystérieuse entité se cachait dessous… Car s'ils l'avaient fait, voilà bien longtemps qu'on aurait changé de vocabulaire et que notre pays se porterait mieux.
Refluons une centaine d'années en arrière et imaginons la tête d'un honnête laboureur auquel un homme en noir aurait annoncé tout de go : « À partir de maintenant tu vas payer des charges sociales sur ton revenu ». Le mot “charge” lui aurait rappelé le contenu d'une charrette, pour l'adjectif “social” il aurait fait la grimace, quant à l'assemblage des deux termes, notre homme de la terre aurait soulevé son béret pour se gratter longtemps l'occiput. Et puis, au moment où l'homme en noir lui aurait susurré qu'en fait on allait lui enlever, pour son bonheur bien sûr, la moitié de son revenu, le laboureur aurait empoigné son tromblon et chevrotiné sans pitié l'escroc.
Dans le même registre, tentez d'expliquer aujourd'hui à un Américain que vous allez lui soustraire la moitié de son gain en “cotisations sociales” et apprenez à courir plus vite qu'il ne tire… Car il a le droit de tirer sur un voleur, lui…
Revenons à aujourd'hui et, si vous le voulez bien, décortiquons en choses compréhensibles ce que sont réellement les charges sociales. Il s'agit tout simplement d'assurances obligatoires mises en place après la dernière guerre, et prélevées sur le salaire pour les salariés et sur le bénéfice pour les indépendants. Une assurance contre la maladie, une assurance contre la vieillesse, une assurance contre la perte d'emploi, une assurance contre la perte de revenu en cas de maternité, une pseudo-assurance pour se payer un éventuel temps de formation, une seconde assurance complémentaire contre la vieillesse car la première n'est pas suffisante, une assurance contre le veuvage, une assurance garantie des salaires si l'entreprise disparaît, et tout récemment une assurance mutualiste obligatoire car la première assurance contre la maladie n'est pas suffisante, etc. Dans ce monde dangereux, voyez-vous, il est important d'être bien assuré contre tout ! Ne manque plus qu'une assurance contre la famine et des magasins d'Etat chargés de nous fournir à manger… Ça ressemble furieusement au paradis soviétique tout ça…
Bien évidemment, on n'a jamais demandé leur avis aux gens qui allaient devoir payer ces assurances toute leur vie. Ils n'auraient pas compris, les pauvres. Il importe en effet que le prolétariat laborieux soit guidé par la lumière fulgurante des camarades cadres… On a seulement demandé, à chaque réforme, l'avis des “partenaires sociaux” (encore l'adjectif “social”, décidément…), qui ont applaudi à tout rompre, d'autant que c'est à eux qu'on a confié les clés des organismes chargés de gérer les milliards de ces fameuses charges… Quand la soupe est bonne, on ne va pas cracher dedans…
Bien évidemment (bis), ce qui devait arriver arriva : quand on donne un capital à faire fructifier à un incompétent, il le gaspille. Et il demande encore plus de sous pour boucher le trou qu'il a creusé. On est à 250 milliards d'euros de pertes cumulées rien que pour l'assurance-maladie… Brillante gestion…
Bien évidemment (ter), il est totalement inacceptable de critiquer quoi que ce soit dans le système, sous peine de passer pour un individu réactionnaire et antisocial. Depuis un amendement de l'automne 2014 proposé par une brouettée de députés socialement corrects, c'est même devenu un délit passible de 15.000 € d'amende et six mois de prison.
Bien évidemment (quater), il devient de facto impossible de modifier ou de réformer, puisqu'on touche alors à un “acquit social” conquis de haute lutte ou imposé par un quelconque gouvernement progressiste (“progressiste”, pour celui qui paie, ça signifie progresser dans le pourcentage de taxes). Inutile de discuter avec un syndicaliste : il vous répondra que ce système est excellent et qu'il protège les salariés contre les aléas de la vie en obligeant les patrons à mettre la main à la poche. Il vous rajoutera sans doute un couplet sur le Conseil National de la Résistance. N'essayez pas de lui prouver que ledit système met ses enfants au chômage et ruine ses petits-enfants, il ne vous écoutera pas.
Si vous demandez à un salarié lambda comment se passe d'un point de vue financier le transfert des charges sociales, il saura vous dire qu'on lui prélève des cotisations pour sa maladie et ses vieux jours, toujours trop à son goût. Il ajoutera dans la plupart des cas qu’heureusement le patron paye aussi sa part. Il n'imaginera pas une seconde qu'en réalité c'est à lui qu'on vole tout cet argent, qui normalement devrait aller dans sa poche. Et que si on le lui laissait, il en ferait bien meilleur usage que les guignols incapables qui le spolient dans le système actuel.
Voilà comment, sous couvert d'une expression absconse, “charges sociales”, s'est mise lentement en place, entre 1945 et 2015, la plus monstrueuse escroquerie du siècle, la plus efficace machine à créer du chômage de masse, la plus belle mécanique à casser du pouvoir d'achat. Et curieusement, plus le terme demeure vague, plus il porte cette onctuosité sociale et protectrice, moins il devient possible d'en discuter sereinement. Et si toutefois, par le plus grand des hasards, on trouvait un jour dans un gouvernement un ministre qui ait quelques notions d'économie réelle, sa volonté de réforme serait immédiatement bloquée par les “partenaires sociaux” auxquels il ne manquerait pas de demander leur avis…
C'est comme si, en 1945, les Alliés découvrant les camps de la mort avaient demandé aux SS de réorganiser le système concentrationnaire pour le rendre plus humain… Bien heureusement, ils ont procédé de la façon la plus logique et la plus simple qui soit : ils ont fusillé les SS et libéré les détenus.
Sans aller jusqu'au peloton d'exécution, si on veut transformer aujourd'hui la France en pays efficace, la solution est simple, et de nombreux grands pays l'ont adoptée, qui nous dépassent désormais dans les classements internationaux : on raye du vocabulaire le terme de charges sociales, on supprime d'un trait de plume l'ensemble des organismes paraétatiques qui gèrent si mal le risque de maladie, de vieillesse et de chômage. On dissout l'Urssaf, la sinistre police politique qui terrorise les entreprises et les mène à la ruine, ainsi que Pôle-Emploi, qui n'a jamais créé d'emploi. On donne au salarié la totalité de son salaire, c'est-à-dire le net à payer + les cotisations salariales + les cotisations patronales, et on laisse au travailleur indépendant l'intégralité de son revenu. Ensuite chaque citoyen s'assure librement contre les risques qu'il souhaite couvrir auprès de la compagnie d'assurance de son choix. Dans les dictionnaires, on nomme tout ça d'un joli mot : la liberté... Pourquoi diable les Français se sont-ils laissé voler cette liberté pour laquelle ont combattu leurs ancêtres ?
Quant aux hommes politiques, ils ont une peur bleue de toute réforme sur le sujet de la “Sécurité sociale”. Posez la question à l'immense majorité d'entre eux, et vous aurez toujours la même réponse, copiée-collée sur le trouillomètre : « La Sécurité sociale, à laquelle les Français sont très attachés… », le tout accompagné d'un sourire docte et mielleux. Ils y sont même tellement menottés, ces pauvres Français, qu'on leur interdit de la quitter…
La Sécurité sociale est le dernier monopole d'état communiste encore en place. Elle fait très mal son boulot d'assureur, elle engendre la ruine et la misère des entreprises, elle crée un chômage massif, elle décourage le courage et l'initiative en spoliant la moitié de la richesse produite par tous les travailleurs de France, au nom d'une solidarité qui ne protège que les plus abrités des citoyens.
Les charges sociales n'existent pas. Il n'y a pas de charges sociales. Il n'y a qu'une mafia qui vit sur le dos des travailleurs français et qui les ponctionne, chaque mois, de la moitié de leurs revenus. On ne négocie pas avec une mafia !
Jacques Clouteau -
La recherche française se délocalise aussi - Programme économique du FN #03
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Francis Cousin - Contre le système de l'argent
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L’euro : vers la dictature? (2e partie)
Comment « sortir de l’euro » ?
Il s’agit évidemment d’un point clé, car l’euro est aujourd’hui à ce point indéfendable que sa défense se réduit à éviter tout débat, en l’hystérisant par l’annonce des pires catastrophes à la seule évocation d’une sortie de l’euro : mise de la France au ban des nations, dévaluation et hyperinflation, explosion de la dette qui devrait être remboursée en monnaie forte, le franc n’étant plus qu’une monnaie de singe, etc.
Notons tout d’abord un point essentiel : l’UE n’est toujours qu’une construction supranationale, qui laisse juridiquement intacte la notion de nation (et est donc de ce fait réversible).
L’euro n’est pas la « monnaie de la zone euro », mais la monnaie nationale de chacun des Etats de la zone euro, dont il se trouve qu’aujourd’hui elle leur est commune.
Remplacer l’euro par le franc (sur la base 1 franc = 1 euro, pour des raisons de simplicité évidente) est une opération uniquement technique, qui en soi n’a rien d’exceptionnel (l’histoire récente a vu de nombreuses sorties d’union monétaire, et il n’y a pas d’exemple que cela ait conduit à un échec). Notons qu’il s’agit d’une action avant tout immatérielle, la monnaie étant aujourd’hui pour l’essentiel dématérialisée.
Pour éviter tout risque d’action déstabilisatrice, cela nécessitera probablement un contrôle des capitaux pendant un certain temps, ce qui techniquement n’a rien d’extraordinaire et ne bloque en rien les échanges de biens et services (il est facile d’identifier les mouvements de fonds qui leur sont associés).
Il devrait y avoir une dévaluation du franc, puisque l’un des intérêts essentiels de cette opération est justement de permettre de redevenir compétitifs avec les autres pays développés (et en particulier avec l’Allemagne). Soulignons que des dévaluations, même importantes, sont des opérations qui n’ont vraiment rien d’exceptionnel, et que forte dévaluation ne signifie pas forte inflation. Ces dernières années la Grande-Bretagne, le Japon, l’Australie et le Canada ont dévalué leur monnaie d’environ 30% par rapport au dollar, et l’inflation y a à peine varié.
De plus, le montant nominal de la dette publique, exprimé en francs, ne serait pour ainsi dire pas modifié par cette dévaluation. En effet, 97% de la dette publique relève de contrats de droit français, et est donc libellée en monnaie nationale : les fluctuations du franc laisseront donc son montant nominal inchangé (de même que le montant de la dette publique française convertie en euro le 1/1/1999, sur la base de 1€ = 6,55957 F, a été laissé inchangé par les fluctuations de l’euro).
Le piège de la dette serait littéralement désamorcé, du seul fait de la possibilité retrouvée de la Banque Centrale de prêter directement à l’Etat (« monétisation de la dette»). Du jour au lendemain la France sera libérée de la tutelle de fait des marchés financiers.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, et contrairement à la propagande actuelle, « monétiser la dette » n’est en rien inflationniste pour des montants allant jusqu’à 5% du PIB, ce qui serait très largement suffisant. C’est ce qui résulte d’un raisonnement global, que confirme l’observation de la réalité (en particulier la Grande-Bretagne et les Etats-Unis le font couramment). Voir là-dessus le § A du dossier :
http://www.polemia.com/wp-content/uploads/2014/05/dossier_euro_2014-05-05.pdf
Savoir comment se fera la sortie de l’euro, ce n’est pas le problème du jour. Il appartiendra au gouvernement français de le décider, en fonction du contexte du moment : sortie liée ou non à une sortie de l’UE, sortie concertée, sortie déclenchée par la France, sortie à l’occasion d’une crise déclenchée par d’autres pays, la France s’étant préparée à une réaction rapide…
Rien ne peut empêcher la France de reprendre sa souveraineté monétaire, puisqu’elle possède toujours tous les outils nécessaires, et rien ne peut réellement l’empêcher de les utiliser sans avoir à demander d’autorisation de la BCE ou de la Commission européenne.
Techniquement, une sortie d’union monétaire est une opération dont l’organisation demande assurément une certaine attention, et qui doit être faite dans le bon timing, mais qui n’a rien d’extraordinaire. Quant aux éventuelles actions déstabilisatrices, il n’y en aura que s’il est estimé qu’elles ont une chance de réussir.
A l’issue de cette opération, la France se retrouvera simplement dans la situation de l’immense majorité des pays de la planète, et sera ainsi infiniment moins vulnérable et plus respectée que maintenant.
Son endettement est très comparable à celui de la Grande-Bretagne qui, ce pays ayant gardé sa souveraineté monétaire (et en ayant d’ailleurs largement usé, ce qui fait que sa dette décroît maintenant), n’inquiète personne et ne compromet en rien son indépendance.
Le regain de compétitivité permis par une adéquation retrouvée de la valeur de sa monnaie à son économie lui permettra de commencer enfin à envisager une sortie de crise et une réduction progressive de son endettement. On notera qu’on nous explique depuis des années qu’il n’y a pas d’autre alternative que des « cures d’austérité », mais que personne n’a jamais été capable de présenter le moindre scénario de sortie de crise dans le cadre d’un maintien dans l’euro.
Cela ne signifie pas qu’il n’en résultera pas une certaine forme d’austérité, mais il s’agira cette fois ci d’une austérité porteuse d’avenir, puisque la France, qui est en train de disparaître en tant que pays de production, pourra redevenir vis-à-vis du reste du monde un peu plus productrice, et sera donc un peu moins consommatrice.
Il est évident que toute reconquête de souveraineté nationale devra être approuvée par référendum. Savoir si le référendum aura lieu avant, ou après, pour validation de la mise de l’UE devant un fait accompli, ce n’est, par contre, qu’une affaire de tactique.
Enfin, pour conclure, l’auteur de cet article ne peut résister au plaisir de citer les extraits suivants d’un dialogue entre le général De Gaulle et Alain Peyrefitte :
Alain Peyrefitte – Le Traité de Rome n’a rien prévu pour qu’un de ses membres le quitte.
Général De Gaulle – C’est de la rigolade ! Vous avez déjà vu un grand pays s’engager à rester couillonné, sous prétexte qu’un traité n’a rien prévu pour le cas où il serait couillonné ? Non. Quand on est couillonné, on dit : “Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp !” Ce sont des histoires de juristes et de diplomates, tout ça.
POINTS DIVERS
Ce qui s’est passé en Grèce n’a en aucune façon démontré qu’il était impossible de sortir de l’euro !
De façon générale il est très instructif de suivre ce qui se passe en Grèce, car les effets pervers de l’abandon par un Etat de sa souveraineté monétaire y sont accentués, et cela révèle en outre au grand jour la véritable nature de l’Union européenne.
Les leçons à en tirer sont en fait les suivantes :
- Plus personne ne pense réellement que la Grèce pourra retrouver une situation normale en restant dans l’euro. Cette crise a eu au moins le mérite de donner lieu, pendant quelques semaines, à de multiples échanges de vue, et c’est ce qui en est ressorti (même Alain Juppé, le temps d’un week-end, a cru devoir adopter cette position).
Au demeurant tous les acteurs de l’accord Grèce-Eurogroupe du 13 juillet, par lequel la Grèce a obtenu un plan d’aide de 86 milliards d’euros en contrepartie de l’acceptation de mesures d’austérité et d’un programme de privatisation allant au-delà de ce qui avait été fait jusqu’à présent, savaient pertinemment que cet accord ne résoudrait rien : voir l’article de Jacques Sapir « L’euro, raison délirante »
https://russeurope.hypotheses.org/4111- Qu’il s’agissait donc d’une décision uniquement politique, dont l’objectif était le maintien coûte que coûte de l’intégrité de la zone euro. Cela a d’ailleurs été indiqué on ne peut plus clairement par François Hollande lui-même le 13 juillet (voir l’article ci-dessus de Jacques Sapir).
- Qu’il est faux de dire qu’il n’y avait pas d’autre solution parce que les Grecs eux-mêmes, au vu de certains sondages, voulaient absolument garder l’euro : en votant à 61,3% non au référendum du 5 juillet, ils ne se sont pas laissé impressionner par l’argument majeur des partisans du oui, à savoir que le non entraînerait la sortie de l’euro, avec toutes les catastrophes censées en résulter.
- Une confirmation de la place essentielle dans la stratégie mondialiste de l’extrême gauche, qui par principe exclut toute démarche nationale, et dont par ailleurs les positions extrêmes pour tout ce qui concerne le domaine sociétal et l’immigration vont tout à fait dans le bon sens. En l’occurrence cela a permis de stériliser le vote de rejet de tout un peuple.
Notons au passage que tout le monde avait eu le temps d’examiner le scénario de la sortie de l’euro, et qu’il s’était presque dégagé un consensus pour estimer que, après le référendum du 5 juillet, toutes les conditions idéales pour un « Grexit » étaient réunies, politiquement et économiquement :
- Politiquement, Tsipras était certain d’avoir la majorité du peuple grec derrière lui et, pour justifier sa volte-face (car il avait été élu sur une imposture : faire croire qu’il pourrait mettre fin à la politique d’austérité en restant dans l’euro), il lui aurait été particulièrement aisé de faire constater qu’il ne quittait l’euro que contraint et forcé ;
- Economiquement, une part très importante de l’épargne grecque avait quitté la Grèce, et dès la dévaluation du drachme elle serait revenue non dévaluée.
Voir l’article très détaillé de Jacques Sapir « Les conditions d’un “Grexit” »
http://russeurope.hypotheses.org/4089
- Qu’il est inévitable que la Grèce fasse défaut sur une partie de sa dette, qu’elle reste dans l’euro ou non (à l’opposé de la France, la Grèce est presque exclusivement endettée en contrats de droit étranger, et une dévaluation du drachme retrouvé augmentera donc le montant nominal de sa dette).
Il n’est pas déraisonnable d’estimer à 50% (c’est ce qui s’est passé pour l’Argentine) le montant de ce défaut. Notons que, si l’on considère 30%, cela ne modifie guère les considérations qui suivent.
Cela signifie que la France ne devrait récupérer que la moitié des 60 milliards d’euros que, depuis 2008, elle a directement prêtés à la Grèce, ou pour lesquels, comme c’est le cas depuis la mise en place du FSEF (auquel a succédé le MES), elle s’est portée caution. La dépense publique se trouvera donc chargée de 30 milliards supplémentaires, ce qui enfoncera encore un peu plus la France.
Tout cela pour maintenir en place un système qui l’appauvrit et l’asservit.
30 milliards, c’est 1,5% du PIB de la France, c’est le budget annuel de la défense, c’est le gain espéré de plus d’une année d’austérité budgétaire, c’est 40% de l’impôt sur le revenu, c’est 3 fois le déficit annuel du régime des retraites que l’on prévoit d’ici quelques années du fait des discontinuités de la pyramide des âges…
De qui se moque-t-on ?
On notera au passage comment les montages appropriés mis en place par l’UE ont permis, par un véritable tour de passe-passe, d’éviter tout débat véritable. Imagine-t-on le gouvernement demandant au Parlement d’augmenter les impôts pour « sauver l’euro » ?
Le « gouvernement de la zone euro », étape vers la fédéralisation, ou vers la dictature ?
Dans la situation actuelle, même pour l’homme de la rue, deux points sont particulièrement choquants ou absurdes :
Comment parler « d’aide » aux pays en difficulté tant qu’il n’y a pas de transferts sans contrepartie ? Quand on donne une pièce à un mendiant dans la rue, on l’aide effectivement. Si on la lui prête en exigeant qu’il vous la rende le lendemain avec intérêts, on l’enfonce encore un peu plus ;
Imposer l’équilibre budgétaire quoi qu’il arrive est absurde : tout acteur économique, qu’il s’agisse d’un ménage, d’une entreprise ou d’un Etat, doit pouvoir s’endetter en tant que de besoin (pour faire face à une situation de crise, pour investir…), à charge pour lui, évidemment, de le faire de façon responsable.
D’où en particulier les plaidoyers d’Emmanuel Macron, qui rencontrent un certain écho, pour l’introduction d’une « dose de fédéralisme », c’est-à-dire de transferts sans contrepartie, par la création d’un «gouvernement économique européen fort » qui serait « conduit par un commissaire aux compétences étendues » et qui notamment pourrait « veiller aux transferts financiers nécessaires lorsqu’un pays est affecté par une crise » mais aussi à « promouvoir les réformes souhaitables pour éviter les divergences entre nos économies » : voir l’article du Point : « Le plaidoyer de Macron pour un gouvernement de la zone euro »
Le problème est que le fédéralisme doit être total, ou il n’est pas (ce qui n’est qu’une autre façon de dire que l’union politique doit précéder l’union monétaire). Proposer que des transferts budgétaires puissent être effectués au compte-gouttes, sous conditions, par un commissaire non élu, ce n’est pas un pas vers le fédéralisme, c’est une étape de plus dans la mise en place d’une dictature.
Au demeurant la seule évaluation des transferts financiers qui seraient nécessaires s’il s’agissait réellement de construire un Etat fédéral montre qu’il n’y a là qu’une opération d’enfumage de plus, destinée à faire durer l’euro et, si possible, à obtenir des abandons de souveraineté supplémentaires.
Cette évaluation est assez simple, l’Allemagne étant le pays le plus riche de la zone euro, celui qui a la meilleure situation financière, et donc celui auquel incomberait l’essentiel des transferts nécessaires à la mise à niveau des autres pays. Il a été calculé que, la situation des pays de la zone euro étant ce qu’elle est, elle devrait y consacrer annuellement plus de 10% de son PIB, ce qui, indépendamment de toute autre considération, serait une charge parfaitement insupportable, et que, à juste titre, elle n’acceptera jamais : voir l’analyse de Jacques Sapir « Fédéralisme ? »:
http://russeurope.hypotheses.org/4347Et la Hongrie ?
Si Victor Orban peut témoigner d’une telle indépendance, ce n’est que parce que, dans la nouvelle Constitution qu’il a fait adopter en 2012 :
Il y a prééminence de la loi nationale : une disposition internationale n’a de valeur en Hongrie que si elle a explicitement été acceptée, ou explicitement transposée dans la loi hongroise. Il n’y a donc aucun risque (comme c’est le cas aujourd’hui en France, ce dont il est résulté, en particulier, qu’être en situation irrégulière en France n’est même plus un délit) qu’elle se retrouve imposée à la Hongrie, en Hongrie, par-dessus la tête de son gouvernement, par le canal de la justice hongroise ;
Elle permet l’existence d’un lien entre le gouvernement et la Banque Centrale.
La Hongrie avait été très durement touchée par la crise de 2008, ce qui avait conduit son gouvernement précédent à emprunter 20 milliards au FMI. Victor Orban s’était fixé comme priorité de retrouver une liberté de manœuvre monétaire lui permettant de s’affranchir de ce type de dépendance, y compris pour le futur.
Une première rédaction établissait explicitement un lien entre le gouvernement et sa Banque Centrale, en opposition manifeste à certaines dispositions européennes visant à institutionnaliser le dogme de l’indépendance des banques centrales (dogme dont les fondements théoriques et empiriques sont très incertains mais qui va évidemment tout à fait dans le bon sens, puisqu’il restreint la latitude de manœuvre des Etats).
Il n’est pas dénué d’intérêt de voir ce qui s’est passé :
Réaction très vive des marchés financiers, la Hongrie, qui devait refinancer sa dette, étant alors estimée très vulnérable :
« La Hongrie au bord du gouffre financier. A la crise politique s’ajoute une grave crise financière, qui pourrait mener le pays à la faillite » (Le Figaro 03/01/2012)
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/01/03/04016-2012010
Hurlements des médias : « Hongrie : l’outil monétaire ne doit pas tomber entre les mains d’Orbán » (Libération 2012/01/03)
Ouverture d’une procédure d’infraction accélérée par la Commission européenne (17/01/2012)
http://europa.eu/rapid/press-release_IP-12-395_fr.htm?locale=FR
Voir aussi l’article de France Info (17/01/2012) : « La Commission européenne lance un ultimatum à la Hongrie :
http://www.franceinfo.fr/actu/europe/article/la-commission-europeenne-lance-un-ultimatum-la-hongrie-105751La Hongrie a remboursé la totalité de sa dette au FMI (Le Capital 12/08/2013)
http://www.capital.fr/bourse/actualites/la-hongrie-a-rembourse-la-totalite-de-sa-dette-au-fmi-864690#sSw7iK2rJSBK6KgT.99La dette hongroise demeure aujourd’hui relativement élevée (76,3% du PIB fin 2014), mais elle diminue, et est composée pour l’essentiel de titres hongrois.
Au prix de quelques aménagements dans la Constitution hongroise, les procédures d’infraction ouvertes ont été levées par la Commission européenne, qui de toutes façons ne pouvait pas faire grand-chose.
En mars 2013 Victor Orban a nommé à la tête de la Banque Centrale son ancien ministre des Finances.
Aujourd’hui la BCE ne peut qu’exprimer ses inquiétudes en ce qui concerne l’indépendance de cette Banque Centrale.
S’agissant de la petite et très vulnérable Hongrie, ceci est exemplaire de ce que peut un gouvernement compétent qui s’est fixé comme priorité de défendre les intérêts de l’Etat qu’il dirige.
Antraigues, 1/12/2015
Voir :
L’euro : vers la dictature ? (Introduction)
L’euro : vers la dictature ? (1e partie) -
POLITIQUE ET ÉCO N°71 - PIERRE JOVANOVIC : LA CATASTROPHE FINANCIÈRE IMMINENTE