économie et finance - Page 564
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La famille de Leonarda a coûté près d'un demi-million d'euros à la France
C’est pour avoir refusé une prime de départ de 10 000 euros que la famille Dibrani, deux adultes et cinq enfants, a été expulsée, en septembre 2013.En attendant que cette famille revienne en France sous identité croate (c’est en tout cas ce qu’elle a prévu), l’“affaire Leonarda” aurait coûté à la France, selon Jean-Paul Gourévitch, la somme de 416 544 euros.Le décompte est instructif : allocation de subsistance (350 euros par mois pendant quarante-huit mois) ; chèques de soutien de la municipalité et aide fournie par le comité des sans-papiers pour le ravitaillement et les cigarettes (environ 5 000 euros) ; coût de la place en centre d’accueil de demandeurs d’asile (25 euros par jour et par personne pendant 1 460 jours) ; aide juridictionnelle gratuite (deux fois 1 200 euros) ; coût de la santé (aide médicale de l’État et couverture maladie universelle pour sept personnes pendant quatre ans, soit 80 164 euros au total) ; coût de l’élève Leonarda en situation irrégulière au collège (9 670 euros par an pendant quatre ans), enfin le coût de l’expulsion elle-même selon le ministère de l’Intérieur : 18 000 euros. Un cas d’école. -
La France, championne du paiement des rançons à al-Qaida
Les enlèvements d’otages ont rapporté au moins 125 millions de dollars aux groupes terroristes affiliés à al-Qaida depuis 2008. La France en a payé près de la moitié, selon une enquête du New York Times.
«Prendre des otages est une ressource que je décrirais comme un commerce lucratif et un précieux trésor», a écrit Nasser al-Wuhayshi, le chef d’al-Qaida dans le péninsule arabique .(et supposé cerveau des frères Kouachi, ndlr Fortune).
Le commerce des otages est une activité lucrative. Les rançons ont rapporté près de 125 millions de dollars à al-Qaida et ses groupes affiliés depuis 2008, selon une longue enquête du New York Times.
Selon le journal, la France est le principal payeur de rançons. Elle le fait directement ou par des intermédiaires comme Areva ou certains pays du Golfe.
Paris a versé 58,1 millions de dollars depuis 2008 pour libérer ses ressortissants retenus par al-Qaida au Maghreb islamique. Mais le chiffre pourrait être plus élevé, dans la mesure où le quotidien américain mentionne également une rançon de 9,5 millions de dollars pour libérer trois ressortissant français, sans avoir établi qui l’avait payé.
Arrive ensuite la Suisse avec 12,4 millions de dollars et l’Espagne avec 10,1 millions de dollars. Le Qatar et Oman ont également payé des rançons à al-Qaida dans la péninsule arabique. Entre 2012 et 2013, ils ont versé 20,4 millions de dollars pour libérer deux Finlandais, un Australien et un Suisse. Ces deux pays du Golfe sont souvent utilisés comme intermédiaires par les occidentaux.
Une rançon peut atteindre 10 millions de dollars
Cette manne financière est progressivement devenue l’une des principales ressources des organisations terroristes.
«Prendre des otages est une ressource que je décrirais comme un commerce lucratif et un précieux trésor», a écrit Nasser al-Wuhayshi, le chef d’al-Qaida dans le péninsule arabique (et supposé cerveau des frères Kouachi, ndlr Fortune).
Des documents internes cités par le New York Times montrent que le commandement central d’al-Qaida, installé au Pakistan, supervisait déjà, il y a cinq ans, les négociations pour les rançons d’otages capturés dans des coins reculés d’Afrique.
Les trois principaux groupes affiliés à l’organisation terroriste – al-Qaida au Maghreb islamique, al-Qaida dans la péninsule arabique et les Shébabs en Somalie – ont développé un protocole commun pour les enlèvements et le processus de négociation.
Ils vont jusqu’à sous-traiter les prises d’otages à des groupes criminels qui toucheront une commission de 10% sur la rançon. Une forme d’intéressement au résultat…
Le commerce de la prise d’otage est florissant: en 2003, la première rançon jamais versée s’élevait à 200.000 dollars par otage. Aujourd’hui, elles peuvent atteindre les 10 millions de dollars. Le second du commandement central d’al-Qaida a récemment estimé que ces versements représentent désormais la moitié des revenus opérationnels de l’organisation.
Seuls quelques pays ont toujours refusé catégoriquement de payer des rançons.
Les États-Unis et la Grande-Bretagne sont les fers de lance de cette doctrine qui peut coûter cher en vie humaine. Le seul espoir de l’otage reste alors l’intervention de forces spéciales, ou l’évasion. Sinon, ils peuvent être détenus indéfiniment, quand ils ne sont pas exécutés. En 2002, le reporter du Wall Street Journal Daniel Pearl sera décapité par Khalid Shaikh Mohammed, considéré comme l’un des architectes des attaques du 11-Septembre, neuf jours après sa capture au Pakistan.
Mais cette stratégie semble porter ses fruits sur le long terme. Sur les 53 otages enlevés par al-Qaida, qui ont été recensés ces cinq dernières années, il n’y avait que trois Américains.
En revanche, un tiers d’entre eux étaient français, les ressortissants de nations comme l’Autriche, la Suisse ou l’Espagne représentaient 20% des personnes enlevées.
«Les Européens auraient beaucoup de choses à dire sur le sujet»,
estime Vicki Huddleston, ancienne diplomate américaine au Mali.
«C’est une politique à double-face. Ils payent des rançons, puis nient les avoir payées. Le danger, ce n’est pas seulement de renforcer les groupes terroristes, c’est aussi de rendre nos ressortissants vulnérables.»
Mais la plupart des pays européens confrontés à ce dilemme ont choisi la moins pire des solutions: payer la rançon, plutôt que de voir son otage exécuté publiquement.
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Misère économiste et espérance
Lorsque M. Macron propose aux jeunes de rêver à devenir multimillionnaires, il assassine ce qu'ils gardent encore d'humain en eux.
Le massacre du mercredi 7 janvier, qui a été la cause d’un licenciement massif et brutal de la rédaction de Charlie Hebdo, nous rappelle à la réalité, qui n’est pas le réalisme économique plat et itératif, dont les politiques et les médias nous vantent les mérites ad nauseam. Quelles qu’elles soient, les racines du mal, même passablement maculées d’une boue douteuse, n’en sont pas moins civilisationnelles. Non qu’elles relèvent de cette manipulation, orchestrée à l’échelle planétaire, et qui se nomme « choc des civilisations », mais d’un mal plus profond, dont personne n’est indemne, et qui tue plus sûrement que les balles, lesquelles ne s’attaquent qu’aux corps. Cette maladie est le nihilisme.
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La tyrannie technologique appauvrit le monde
Le monde s’enrichirait d’année en année, les taux de croissance, indices sacrés, ne cesseraient de grimper et la moindre inflexion de leur progression suscite les plus vives craintes des dirigeants, qui appellent les consommateurs à se mobiliser. « Développement » est le maître mot de toutes les politiques. L’accélération des déplacements de marchandises, de capitaux, d’informations et d’humains à une échelle mondiale entraînerait des améliorations du niveau de vie dans tous les pays qui ont accepté le modèle industriel. La science et les évolutions technologiques multiplieraient chaque jour les connaissances humaines. Ce tableau idyllique que les forces dominantes nous brossent occulte le fait que seule une minorité bénéficie de la mondialisation et que partout, la société industrielle et technicienne appauvrit et uniformise le monde.Uniformisation des modes de penséeLes monothéismes ont été des rouleaux compresseurs qui ont aplani les diverses manières de voir le monde. Ce processus d’uniformisation des croyances et des modes de pensée a été accéléré par l’occidentalisation de la planète au cours des deux derniers siècles. La vision d’un être humain coupé de la nature dont le but est de la dominer totalement s’est imposée. La séparation de l’esprit et du corps accompagne le culte d’un individu tout-puissant arraché à sa communauté. Les approches rationnelles et utilitaristes, l’action, l’urgence et la performance prévalent. Le but et la fin importent plus que le chemin. Cette universalisation de la pensée occidentale a entraîné une déculturation et une économicisation de la vie ; l’accumulation illimitée de biens a remplacé la recherche de l’épanouissement individuel et collectif.Disparition des languesL’appauvrissement du monde est aussi produit par ce que certains nomment un linguicide. On estime que, tous les ans, environ vingt-cinq langues s’éteignent, et, avec elles, les communautés et cultures qui les faisaient vivre. Au cours du XXe siècle, la moitié des langues ont disparu. Aujourd’hui, il en reste environ cinq mille, et on pense déjà que la moitié d’entre elles s’éteindront au cours du XXIe siècle. Or, le phénomène s’accélère avec le développement d’Internet. Huit langues ont une présence significative sur la toile : ce sont elles qui domineront et affaibliront les autres. L’hégémonie de l’anglais sur le plan international accompagne le développement de la culture de masse et la standardisation des modes de vie.Standardisation des modes de vieUn certain style de vie s’est imposé d’un bout à l’autre de la planète. La quête du bonheur individuel dans un environnement urbain est devenue le modèle universel. Les formes de travail antérieures à l’industrialisation sont détruites (artisanat, agriculture rurale, etc.) et entraînent la disparition des rythmes de vie, des structures familiales, et communautaires et des mythes qui leur étaient associés. L’American Way of Life s’est répandu. Les mêmes désirs de possession se diffusent : la maison individuelle, la voiture, la télévision, les téléphones portables, les ordinateurs, les « fringues » à la mode, etc. La culture matérielle et superficielle nourrit les imaginaires. Les mêmes enseignes de magasin, la même architecture, les mêmes villes, les mêmes ghettos, la même omniprésence des médias se retrouvent d’un pays à l’autre. Tout le monde rêve des mêmes choses au même moment. Les aspirations s’homogénéisent à mesure que le déracinement et la déculturation se développent, entraînant une uniformisation des comportements et des modes d’être sans précédent et très certainement irréversible.Homogénéisation des goûts et des formesLa standardisation des modes de vie passe par l’homogénéisation des goûts, notamment sur le plan culinaire. La cuisine relève d’une histoire et d’un environnement culturel fort que l’industrialisation de la production alimentaire et les transformations de sa distribution ont uniformisé. Il s’agit désormais de produire en série à un moindre coût et de consommer une alimentation à préparation rapide (surgelés, conserves, etc.). Au niveau mondial, la cuisine consommée est pour un tiers asiatique et pour un tiers italienne. Ces chiffres s’appliquent par le triomphe de la pizza, qui est devenu le plat mondial par excellence. Beaucoup de fruits et légumes « marginaux » – du fait de leur goût particulier et surtout de leur inadéquation avec les modes de transport et de commercialisation – disparaissent. Tout le monde mange les mêmes produits incolores, inodores et calibrés (pour les yeux, le nez, la bouche, et même les mains). Cette production uniforme banalise certaines saveurs (notamment par l’usage excessif de sucre) et en fait disparaître beaucoup d’autres. Comme nos goûts sont conditionnés, nous nous habituons à ces produits standardisés et à cette médiocrité jusqu’à ne plus rechercher la qualité ni l’originalité.Nous retrouvons ce phénomène dans tous les domaines (même si des nuances demeurent et qu’un folklore local se maintient parfois). Ainsi, en architecture : standardisation des matériaux, des styles d’habitat (maison individuelle ou loft), etc. ; en urbanisme : mêmes modèles de développement urbain, villes identiques, mêmes autoroutes qui défigurent les paysages ; dans la création d’objets : le design est le même d’un bout à l’autre de la planète, il devient même difficile de représenter les objets tellement ils se ressemblent (qu’est-ce qu’un boîtier blanc ou noir avec un écran : un téléphone, un ordinateur, une télévision ?) ; dans le mobilier : production de meubles en série, règne du modèle Ikéa ; pour la mode vestimentaire : domination de la basket, du sportwear, etc. ; dans les représentations picturales : écrasante emprise des écrans et de l’audiovisuel, monoforme, etc.Cédric Biagini, La tyrannie technologique -
Entretien avec le survivaliste Piero San Giorgio
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Plus de jeunes milliardaires : Macron, la gauche Rotschild déconnectée
Dans une interview aux Echos, Emmanuel Macro a déclaré qu’« il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires ».Pour Nicolas Calbrix, cette phrase traduit le désarroi d’une certaine gauche face aux valeurs et préoccupations de la jeunesse française.
En une petite phrase, le ministre de l’Economie vient de raviver les craintes de l’aile gauche de la majorité mais aussi de beaucoup de français qui lui prêtent de vouloir imposer un modèle américain en France. En effet, en déclarant que « des jeunes doivent avoir envie de devenir milliardaires », Emmanuel Macron confirme avoir une certaine vision de la société qui n’est pas celle des français et encore moins de la jeunesse.
Que les français, et les jeunes en premier lieu, aient envie de créer de la richesse, de plutôt le gouvernement socialiste qui devrait arrêter de décourager cette envie en développer leur entreprise, de monter leur affaire et de gagner leur vie, aucun doute là-dessus. Les chiffres de création d’entreprise le montrent, de même que le nombre de français qui ont été séduit par le statut d’auto entrepreneur. L’envie est là, c’est même assommant les entrepreneurs d’impôts, de charges et de contraintes en tout genre. Les chiffres d’expatriation des jeunes et des entrepreneurs -sans parler des non-retours des français partis faire leurs études à l’étranger- ainsi que les différents mouvements d’artisans, commerçants, petits patrons, créateurs d’entreprise de ces derniers mois sont là pour nous rappeler que malheureusement, la France n’est peut-être pas le meilleur endroit pour le faire.
Mais cette phrase marque aussi le décalage total entre la conception de l’économie du locataire de Bercy et celle des français. D’un côté, une économie superstar avec des milliardaires qui sont censés tirer la croissance et dont le nombre fera la prospérité du pays et de l’autre, la réalité du plus grand nombre des français, à commencer par les jeunes, qui voudraient juste avoir un emploi qui leur donne la fierté du travail bien fait, être rémunérés correctement en rapport avec les efforts qu’ils font depuis des années, créer et développer des entreprises sans toutes les contraintes actuelles, et même bien gagner leur vie sans se faire ponctionner si lourdement chaque mois et chaque année. Mais surtout, une majorité de français qui veulent qu’une chose dans leur travail, contribuer à la bonne marche de leur entreprise et ce faisant de leur pays, sans avoir besoin de devenir des superstars milliardaires. [....]
La suite sur Le Figarovox
http://www.actionfrancaise.net/craf/?Plus-de-jeunes-milliardaires
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Lettre aux français : « Contre les tabous indiscutés.
Une lectrice de Polémia nous écrit
♦ Une fidèle lectrice assidue à notre site Polémia vient de nous faire parvenir La Lettre aux Français que le prix Nobel Maurice Allais adressait à ses concitoyens, par le truchement du journal Marianne du 5 décembre 2009. Maurice Allais est décédé moins d’un an après, en octobre 2010 à l’âge de 99 ans. Cette lettre était en quelque sorte son testament politique. Nous la reproduisons ci-après précédée des quelques lignes de présentation de notre lectrice que nous remercions. Une relecture de ce texte ne peut être que bénéfique.
Polémia
Toute personne, un peu sensée, constate que depuis des années les « experts » constamment invités par les médias nous mentent et s’avèrent incapables d’expliquer les causes de la « crise » et encore moins les remèdes nécessaires… si ce n’est de prôner la fuite en avant.
Quand on se trompe de chemin, le simple bon sens consiste à s’arrêter et à consulter cartes et panneaux, or, nous sommes lancés sur des rails sans machiniste ni aiguillage, pratiquement assurés d’un déraillement imminent.
Michèle Laugier (4/01/2014)
Le point de vue que j’exprime est celui d’un théoricien à la fois libéral et socialiste. Les deux notions sont indissociables dans mon esprit, car leur opposition m’apparaît fausse, artificielle. L’idéal socialiste consiste à s’intéresser à l’équité de la redistribution des richesses, tandis que les libéraux véritables se préoccupent de l’efficacité de la production de cette même richesse. Ils constituent à mes yeux deux aspects complémentaires d’une même doctrine. Et c’est précisément à ce titre de libéral que je m’autorise à critiquer les positions répétées des grandes instances internationales en faveur d’un libre-échangisme appliqué aveuglément.
Le fondement de la crise : l’organisation du commerce mondial.
La récente réunion du G20 a de nouveau proclamé sa dénonciation du « protectionnisme », dénonciation absurde à chaque fois qu’elle se voit exprimée sans nuance, comme cela vient d’être le cas. Nous sommes confrontés à ce que j’ai par le passé nommé « des tabous indiscutés dont les effets pervers se sont multipliés et renforcés au cours des années » (1). Car tout libéraliser, on vient de le vérifier, amène les pires désordres. Inversement, parmi les multiples vérités qui ne sont pas abordées se trouve le fondement réel de l’actuelle crise : l’organisation du commerce mondial, qu’il faut réformer profondément, et prioritairement à l’autre grande réforme également indispensable que sera celle du système bancaire.
Les grands dirigeants de la planète montrent une nouvelle fois leur ignorance de l’économie qui les conduit à confondre deux sortes de protectionnismes : il en existe certains de néfastes, tandis que d’autres sont entièrement justifiés. Dans la première catégorie se trouve le protectionnisme entre pays à salaires comparables, qui n’est pas souhaitable en général. Par contre, le protectionnisme entre pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire. C’est en particulier le cas à propos de la Chine, avec laquelle il est fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières. Mais c’est aussi vrai avec des pays plus proches, y compris au sein même de l’Europe. Il suffit au lecteur de s’interroger sur la manière éventuelle de lutter contre des coûts de fabrication cinq ou dix fois moindres – si ce n’est des écarts plus importants encore – pour constater que la concurrence n’est pas viable dans la grande majorité des cas. Particulièrement face à des concurrents indiens ou surtout chinois qui, outre leur très faible prix de main-d’œuvre, sont extrêmement compétents et entreprenants.
Il faut délocaliser Pascal Lamy !
Mon analyse étant que le chômage actuel est dû à cette libéralisation totale du commerce, la voie prise par le G20 m’apparaît par conséquent nuisible. Elle va se révéler un facteur d’aggravation de la situation sociale. À ce titre, elle constitue une sottise majeure, à partir d’un contresens incroyable. Tout comme le fait d’attribuer la crise de 1929 à des causes protectionnistes constitue un contresens historique. Sa véritable origine se trouvait déjà dans le développement inconsidéré du crédit durant les années qui l’ont précédée. Au contraire, les mesures protectionnistes qui ont été prises, mais après l’arrivée de la crise, ont certainement pu contribuer à mieux la contrôler. Comme je l’ai précédemment indiqué, nous faisons face à une ignorance criminelle. Que le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, ait déclaré : « Aujourd’hui, les leaders du G20 ont clairement indiqué ce qu’ils attendent du cycle de Doha : une conclusion en 2010 » et qu’il ait demandé une accélération de ce processus de libéralisation m’apparaît une méprise monumentale, je la qualifierais même de monstrueuse. Les échanges, contrairement à ce que pense Pascal Lamy, ne doivent pas être considérés comme un objectif en soi, ils ne sont qu’un moyen. Cet homme, qui était en poste à Bruxelles auparavant, commissaire européen au Commerce, ne comprend rien, rien, hélas ! Face à de tels entêtements suicidaires, ma proposition est la suivante : il faut de toute urgence délocaliser Pascal Lamy, un des facteurs majeurs de chômage !
Plus concrètement, les règles à dégager sont d’une simplicité folle : du chômage résulte des délocalisations, elles-mêmes dues aux trop grandes différences de salaires… À partir de ce constat, ce qu’il faut entreprendre en devient tellement évident ! Il est indispensable de rétablir une légitime protection. Depuis plus de dix ans, j’ai proposé de recréer des ensembles régionaux plus homogènes, unissant plusieurs pays lorsque ceux-ci présentent de mêmes conditions de revenus, et de mêmes conditions sociales. Chacune de ces « organisations régionales » serait autorisée à se protéger de manière raisonnable contre les écarts de coûts de production assurant des avantages indus a certains pays concurrents, tout en maintenant simultanément en interne, au sein de sa zone, les conditions d’une saine et réelle concurrence entre ses membres associés.
Un protectionnisme raisonné et raisonnable.
Ma position et le système que je préconise ne constitueraient pas une atteinte aux pays en développement. Actuellement, les grandes entreprises les utilisent pour leurs bas coûts, mais elles partiraient si les salaires y augmentaient trop. Ces pays ont intérêt à adopter mon principe et à s’unir à leurs voisins dotés de niveaux de vie semblables, pour développer à leur tour ensemble un marché interne suffisamment vaste pour soutenir leur production, mais suffisamment équilibré aussi pour que la concurrence interne ne repose pas uniquement sur le maintien de salaires bas. Cela pourrait concerner par exemple plusieurs pays de l’est de l’Union européenne, qui ont été intégrés sans réflexion ni délais préalables suffisants, mais aussi ceux d’Afrique ou d’Amérique latine.
L’absence d’une telle protection apportera la destruction de toute l’activité de chaque pays ayant des revenus plus élevés, c’est-à-dire de toutes les industries de l’Europe de l’Ouest et celles des pays développés. Car il est évident qu’avec le point de vue doctrinaire du G20, toute l’industrie française finira par partir à l’extérieur. Il m’apparaît scandaleux que des entreprises ferment des sites rentables en France ou licencient, tandis qu’elles en ouvrent dans les zones à moindres coûts, comme cela a été le cas dans le secteur des pneumatiques pour automobiles, avec les annonces faites depuis le printemps par Continental et par Michelin. Si aucune limite n’est posée, ce qui va arriver peut d’ores et déjà être annoncé aux Français : une augmentation de la destruction d’emplois, une croissance dramatique du chômage non seulement dans l’industrie, mais tout autant dans l’agriculture et les services.
De ce point de vue, il est vrai que je ne fais pas partie des économistes qui emploient le mot « bulle ». Qu’il y ait des mouvements qui se généralisent, j’en suis d’accord, mais ce terme de « bulle » me semble inapproprié pour décrire le chômage qui résulte des délocalisations. En effet, sa progression revêt un caractère permanent et régulier, depuis maintenant plus de trente ans. L’essentiel du chômage que nous subissons —tout au moins du chômage tel qu’il s’est présenté jusqu’en 2008 — résulte précisément de cette libération inconsidérée du commerce à l’échelle mondiale sans se préoccuper des niveaux de vie. Ce qui se produit est donc autre chose qu’une bulle, mais un phénomène de fond, tout comme l’est la libéralisation des échanges, et la position de Pascal Lamy constitue bien une position sur le fond.
Crise et mondialisation sont liées.
Les grands dirigeants mondiaux préfèrent, quant à eux, tout ramener à la monnaie, or elle ne représente qu’une partie des causes du problème. Crise et mondialisation : les deux sont liées. Régler seulement le problème monétaire ne suffirait pas, ne réglerait pas le point essentiel qu’est la libéralisation nocive des échanges internationaux, Le gouvernement attribue les conséquences sociales des délocalisations à des causes monétaires, c’est une erreur folle.
Pour ma part, j’ai combattu les délocalisations dans mes dernières publications (2). On connaît donc un peu mon message. Alors que les fondateurs du marché commun européen à six avaient prévu des délais de plusieurs années avant de libéraliser les échanges avec les nouveaux membres accueillis en 1986, nous avons ensuite, ouvert l’Europe sans aucune précaution et sans laisser de protection extérieure face à la concurrence de pays dotés de coûts salariaux si faibles que s’en défendre devenait illusoire. Certains de nos dirigeants, après cela, viennent s’étonner des conséquences !
Si le lecteur voulait bien reprendre mes analyses du chômage, telles que je les ai publiées dans les deux dernières décennies, il constaterait que les événements que nous vivons y ont été non seulement annoncés mais décrits en détail. Pourtant, ils n’ont bénéficié que d’un écho de plus en plus limité dans la grande presse. Ce silence conduit à s’interroger.
Un prix Nobel… téléspectateur
Les commentateurs économiques que je vois s’exprimer régulièrement à la télévision pour analyser les causes de l’actuelle crise sont fréquemment les mêmes qui y venaient auparavant pour analyser la bonne conjoncture avec une parfaite sérénité. Ils n’avaient pas annoncé l’arrivée de la crise, et ils ne proposent pour la plupart d’entre eux rien de sérieux pour en sortir. Mais on les invite encore. Pour ma part, je n’étais pas convié sur les plateaux de télévision quand j’annonçais, et j’écrivais, il y a plus de dix ans, qu’une crise majeure accompagnée d’un chômage incontrôlé allait bientôt se produire, je fais partie de ceux qui n’ont pas été admis à expliquer aux Français ce que sont les origines réelles de la crise alors qu’ils ont été dépossédés de tout pouvoir réel sur leur propre monnaie, au profit des banquiers. Par le passé, j’ai fait transmettre à certaines émissions économiques auxquelles j’assistais en téléspectateur le message que j’étais disposé à venir parler de ce que sont progressivement devenues les banques actuelles, le rôle véritablement dangereux des traders, et pourquoi certaines vérités ne sont pas dites à leur sujet. Aucune réponse, même négative, n’est venue d’aucune chaîne de télévision et ce durant des années.
Cette attitude répétée soulève un problème concernant les grands médias en France : certains experts y sont autorisés et d’autres, interdits. Bien que je sois un expert internationalement reconnu sur les crises économiques, notamment celles de 1929 ou de 1987, ma situation présente peut donc se résumer de la manière suivante : je suis un téléspectateur. Un prix Nobel… téléspectateur, Je me retrouve face à ce qu’affirment les spécialistes régulièrement invités, quant à eux, sur les plateaux de télévision, tels que certains universitaires ou des analystes financiers qui garantissent bien comprendre ce qui se passe et savoir ce qu’il faut faire. Alors qu’en réalité ils ne comprennent rien. Leur situation rejoint celle que j’avais constatée lorsque je m’étais rendu en 1933 aux États-Unis, avec l’objectif d’étudier la crise qui y sévissait, son chômage et ses sans-abri : il y régnait une incompréhension intellectuelle totale. Aujourd’hui également, ces experts se trompent dans leurs explications. Certains se trompent doublement en ignorant leur ignorance, mais d’autres, qui la connaissent et pourtant la dissimulent, trompent ainsi les Français.
Cette ignorance et surtout la volonté de la cacher grâce à certains médias dénotent un pourrissement du débat et de l’intelligence, par le fait d’intérêts particuliers souvent liés à l’argent. Des intérêts qui souhaitent que l’ordre économique actuel, qui fonctionne à leur avantage, perdure tel qu’il est. Parmi eux se trouvent en particulier les multinationales qui sont les principales bénéficiaires, avec les milieux boursiers et bancaires, d’un mécanisme économique qui les enrichit, tandis qu’il appauvrit la majorité de la population française mais aussi mondiale.
Question clé : quelle est la liberté véritable des grands médias ? Je parle de leur liberté par rapport au monde de la finance tout autant qu’aux sphères de la politique.
Deuxième question : qui détient de la sorte le pouvoir de décider qu’un expert est ou non autorisé à exprimer un libre commentaire dans la presse ?
Dernière question : pourquoi les causes de la crise telles qu’elles sont présentées aux Français par ces personnalités invitées sont-elles souvent le signe d’une profonde incompréhension de la réalité économique ? S’agit-il seulement de leur part d’ignorance ? C’est possible pour un certain nombre d’entre eux, mais pas pour tous. Ceux qui détiennent ce pouvoir de décision nous laissent le choix entre écouter des ignorants ou des trompeurs.
Maurice Allais., Décembre 2009
http://www.polemia.com/lettre-aux-francais-contre-les-tabous-indiscutes/
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Dany-Robert Dufour – Crise du capitalisme ou crise du sens ?
Conférence de Dany-Robert Dufour dans le cadre de la journée d’étude “Crise du capitalisme ou crise du sens ?” organisée par Charles Robin le 9 avril 2013 à l’Université Paul Valéry Montpellier III.
La crise que nous traversons n’est pas seulement celle d’un modèle économique ‒ le capitalisme financier néolibéral. Elle est celle d’un système qui désorganise l’ensemble de nos formes d’existence, de nos pratiques et de nos représentations. La « postmodernité », époque marquée par ce que Lyotard appelait la fin des « grands récits », nous confronte ainsi à une situation inédite : le remplacement des anciens dispositifs de contrôle social de type répressif et prohibitif par une forme nouvelle et paradoxale de domination idéologique : la désymbolisation et la désubjectivation, couloirs de l’individualisme consumériste contemporain.
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Records en matière de fraude sociale en France
Les statistiques sur l’état de notre pays mettent parfois un peu de temps à être publiées. Et quand elles le sont, elles ne nous rassurent pas vraiment. La Délégation Nationale à la Lutte contre la Fraude a publié hier un rapport sur la fraude sociale en 2013. La DNLF recense ainsi que les fraudes sociales ont sérieusement augmenté en 2013. De 330 millions d’euros en 2012, elles sont passées à 386 millions en 2013. Soit une augmentation de plus de 15 %.
L’assurance‑maladie est tout particulièrement incriminée
En effet. L’assurance‑maladie représente une grosse partie de ces fraudes sociales. 174 millions d’euros de détectés en 2013. Là encore, une hausse d’environ 12 % par rapport à 2012. Les faux arrêts‑maladies ainsi que les établissements de santé sont tout particulièrement pointés du doigt. Toutefois, le rapport n’indique pas le rapport de la fraude et des programmes étatiques comme l’Aide Médicale d’Etat.
Mais ce sont tous les secteurs qui sont touchés par cette hausse de la fraude
Exactement, retraite, famille, chômage, tous connaissent cette augmentation du montant de la fraude. Autre petit exemple, la fraude détectée par Pôle Emploi est passée de 39 millions d’euros à 59 millions d’euros en un an. Soit une augmentation de 51 %. Là encore, aucun mot sur les raisons sociétales de la hausse de la fraude.
L’exécutif s’attelle‑t‑il à régler ce problème ?
La détection semble s’être améliorée ces dernières années. C’est d’ailleurs aussi ce qui explique la hausse du montant des fraudes.
Malgré les réticences du gouvernement, les élus de droite et de gauche ont décidé de compléter le ficher recensant les prestations versées à chaque bénéficiaire. Mais ils continuent de privilégier la lutte contre la fraude fiscale, beaucoup plus rentable.
http://fr.novopress.info/180620/records-en-matiere-de-fraude-sociale/
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La bonne nouvelle du pétrole moins cher
Freinée pourtant par une fiscalité dévorante, la baisse des prix de l'essence à la pompe est devenue spectaculaire : moins 30 % par rapport aux pics que l'on a connus, dans un contexte français où la Poste (+20 % en deux ans), la SNCF (+2,6 % au 1er janvier) le Monde (+10 %), etc. multiplie leurs hausses de tarifs, et alors que l'euro baisse, cela change sérieusement la donne.
Pour certains il s'agit d'une catastrophe.
C'était ainsi un appel désespéré en direction de l'Opep que lançait, le 28 décembre dernier, Youcef Yousfi, ministre algérien de l’Énergie et des mines. Le cartel du pétrole, considérait-il, « doit intervenir pour corriger les déséquilibres en procédant à une coupe de sa production afin de faire remonter les prix et de défendre les revenus de ses pays membres. »
Une véritable panique s'est emparée depuis plusieurs mois, du fait au retour à un niveau plus raisonnable des cours du pétrole brut, des couches dirigeantes algériennes. Depuis l'indépendance, en effet, ce pays n'a pas su développer une économie hors hydrocarbures. Le parti qui, par un coup de force militaire permis par les accords d'Évian, s'est emparé en 1962 du pouvoir avec la complicité des communistes de Métropole et la bénédiction de De Gaulle a constamment misé sur la rente du pétrole. Il en paye les conséquences.
En Europe au contraire, depuis 5 ans, nos économies achetaient au prix fort une énergie indispensable à nos industries. La baisse de l'essence à la pompe ne profite pas seulement aux automobilistes : elle nous soulage d'une sorte de prélèvement obligatoire monopoliste mondial devenu complètement abusif.
Quand le ministre algérien demande à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, de réduire sa production pour enrayer la chute des cours, on connaît la réponse du cartel. Dirigé par l’Arabie Saoudite, celui-ci a catégoriquement exclu toute réduction de sa production. Les plafonds resteront tel quels « même si les prix du brut tombaient à 20 dollars le baril ».
Les commentateurs algériens proches du pouvoir pensent que l’effondrement des prix du pétrole a été provoqué par « les Américains » dans le seul but mettre la Russie à genoux, et qu'il va se poursuivre. Ils pensent subir des dommages collatéraux. Et ils accusent l’Arabie Saoudite de vendre son pétrole à moins de 30 dollars le baril sur le marché américain. Considéré comme bradé aujourd'hui ce prix semblait naguère complètement spéculatif et extravaguant à la veille de la guerre d'Irak.
D'ailleurs, Youcef Yousfi a, quant à lui, parfaitement conscience de prêcher dans le désert. Voilà un métier qui sied parfaitement aux maîtres du Sahara. Il déclare simplement qu'il « ne partage pas » la position des autres producteurs. Mais il n'a aucun moyen de leur imposer la sienne.
Un autre gouvernement nuisible, celui de Caracas, encaisse les coups de la même manière. En 2014, le Venezuela est entré en récession. Cet effondrement a d'ailleurs précédé le revirement du marché des hydrocarbures. Le 30 décembre, la Banque centrale du Venezuela (BCV) donnait à cet égard des chiffres accablants. Économiste officieux José Guerra trouve, à la situation, d'autres explications que la forte chute des prix du pétrole. C'est le seul produit d’exportation du Venezuela, et sa rente a permis depuis 15 ans le succès électoral du "chavisme". Mais l'économiste de la Banque centrale vénézuélienne ose prétendre que la baisse de l'activité, et aussi et l’inflation vertigineuse que connaît le pays, au rythme de 67 % cette année, s'expliqueraient … par les manifestations de l’opposition entre février et mai. Elles ont en effet « empêché une distribution satisfaisante des biens de consommation courante à la population et la production normale des biens et des services ». Et, selon la BCV, cela a entraîné « une poussée inflationniste et un recul de l’activité économique ».
Autrement dit c'est parce que le « socialisme bolivarien » se solde par un échec politique que le grand complot américain l'entraîne dans un injuste marasme économique. La réponse serait alors claire : encore plus de répression avec l'aide des services secrets communistes cubains.
Car bientôt certains conspirationnistes redécouvriront que tous les maux de l'Amérique du sud, et partant ceux de l'Europe, viennent de l'Amérique du nord. Quand le pétrole coûtait 150 dollars le baril, ils clamaient que ce n'était pas en raison des facteurs de désordre multipliés dans le monde, ou des tensions sur des marchés tournés vers des perspectives de pénurie, c'était, bien sûr, la faute du thermomètre de toutes ces fièvres, la faute de Wall Street.
Eh bien on découvre aujourd'hui que non seulement l'exploitation des schistes bitumeux a fait reculer de plusieurs décennies l'hypothèse d'une crise énergétique, car, au début de 2014 les États-Unis ont pu lever les restrictions sur les exportations de leur pétrole, et qu'ils ont commencé à exporter leur pétrole dans le monde. Désormais, les États-Unis devraient produire 12 millions par jour et pouvoir exporter environ un million de barils de pétrole par jour. À titre de comparaison un pays comme l'Iran produit environ un million et demi de barils par jour.
Les conséquences pourraient s'en révéler innombrables, y compris par rapport à un certain conformisme politiquement correct, en général formaté lui-même par des officines proches des dictatures pétrolières.
JG Malliarakis
http://www.insolent.fr/2015/01/la-bonne-nouvelle-du-petrole-moins-cher.html