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économie et finance - Page 578

  • Loi Macron : feu vert au travail le dimanche

    Les magasins pourront ouvrir plus fréquemment leurs portes le dimanche et des zones touristiques internationales (ZTI) seront créées.

    C’est l’une des mesures les plus emblématiques, mais aussi l’une des plus controversées du projet de loi Macron qui a été adoptée samedi en première lecture par la majorité des députés. Malgré l’opposition des frondeurs socialistes, les magasins pourront ouvrir plus fréquemment leurs portes le dimanche et des zones touristiques internationales (ZTI) seront créées. Le texte porté par le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, n’a finalement été que très peu amendé. « Je ne suis pas ouvert à des compromis de façade », pour « rallier des voix », avait prévenu samedi le ministre.

    À l’avenir, les élus locaux pourront donc autoriser jusqu’à 12 ouvertures de magasins dominicales (entre 0 et 12), contre 5 actuellement. Les maires conserveront toute latitude pour 5 ouvertures, mais ils n’y seront pas obligés. Au-delà de 5, leur décision devra être validée au niveau intercommunal. Ces « dimanches du maire » seront payés double comme c’est déjà le cas aujourd’hui.

    « C’est un recul démocratique »

    Dans les nouvelles « zones touristiques » (620) et « commerciales » (elles remplaceront les 41 Puce), qui seront fixées par décret, les magasins pourront ouvrir 52 dimanches par an. Il en sera de même dans les futures zones touristiques internationales (ZTI) où les commerces pourront entre outre, tous les jours, fermer leurs portes à minuit. Ces dernières zones seront également délimitées par décret. Au grand dam de la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui réclamait qu’elles soient créées avec « un avis conforme du maire ». « C’est un recul démocratique », s’est emportée cette dernière samedi.

    Les commerces de 12 gares connaissant une grande affluence (les six gares parisiennes, Avignon TGV, Lyon Part-Dieu, Marseille, Bordeaux, Montpellier et Nice) pourront eux aussi rester ouverts tous les dimanches. Le dispositif pourrait aussi s’étendre aux gares autoroutières ou aux gares maritimes. « Cela va à la fois créer des emplois, apporter un supplément de pouvoir d’achat aux salariés et permettre aux touristes, qu’ils soient français ou étrangers, d’être beaucoup plus nombreux », s’est félicité Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères et du Tourisme au micro du « Grand Rendez-vous i-Télé-Le Monde-Europe 1 ». [....]

    La suite sur Le Figaro.fr

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Loi-Macron-feu-vert-au-travail-le

  • L'argent de la Conquête

    Ce billet a été publié dans le numéro 2902 de L'Action française 2000 daté du 5 février 2015 (p.10) qui faisait un dossier "Islam". Il entre en archives RA avec quelques liens supplémentaires pour qui veut creuser le sujet de la finance islamique.

    La capture des âmes se fait plus souvent par le chemin de la charité, celui emprunté par les Frères musulmans d'Egypte après avoir observé nos Pères blancs, et que suivent toujours le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien. Pourvoir à l'essentiel, l'oreille en devient attentive. Mais il est des limites à la culture des pauvres et finalement pour progresser, il s'agit d'attaquer le marché de ce qu'on nomme par convention les classes moyennes. Le rendement est moindre mais la qualité monte, on ne peut plus se contenter de textes primitifs et du chant des sourates. Aussi la pédagogie doit-elle être rehaussée. Il faut convoquer à sa définition des esprits déliés comme Tariq Ramadan, voire des experts incontournables en leur domaine. Dans le catalogue de propagande il y a le rapport du Croyant à l'argent. C'est le chantier qui fut confié à la City de Londres, Vatican de la finance, cerveau-moteur de toute l'ingénierie financière du monde. Il en est sorti la finance charia-compatible. 
    Nous n'avons pas l'intention d'éplucher la charia financière ici¹, mais on devine déjà que sont interdits le prêt à intérêt ou la négociation des dettes et forcément, l'agrandissement des porcheries bretonnes.

    C'est parti comme un marché de niche il y a dix ans. La masse brassée aujourd'hui dans le monde dépasse deux trillions de dollars américains pour 40 millions de clients en accroissement constant (source FMI). Quatre-vingt pour cent de cette masse sont sur des comptes bancaires, 15% en bons obligataires (sukuks), 4% en fonds d'investissement et 1% en assurances islamiques (takafuls). Le Dubai International Financial Centre estimait l'an dernier à 270 milliards de dollars la masse des seuls sukuks en circulation. Tous les taux d'accroissement sont à deux chiffres. Si au plan mondial la finance islamique reste encore noyée dans les énormes quantités d'argent en circulation chaque jour, elle est sur une trajectoire d'émergence par la concurrence acharnée des places financières mondiales à en capter les flux.

    L'évolution est sensible. A la fin du XXè siècle, les pétro-monarchies investissaient leurs surplus financiers dans de l'immobilier ou dans l'industrie stratégique à côté de placements boursiers à fort levier comme le London Metal Exchange ou plus trivialement en bons du Trésor. La finance typée islamique a attendu longtemps de s'immerger dans l'économie générale. Elle a poussé ses pions partout. Une fois le nihil obstat accordé, elle entre dans des entreprises sur le modèle des banques rhénanes. Son intérêt est marqué pour les firmes intelligentes sous-capitalisées auxquelles elle apporte le tour de table. Les fonds chinois font pareil. Son action étant fondée sur la charia, elle sélectionne des domaines d'activité « hallal » et s'exclut de l'armement ou des casinos par exemple. Mais il est des accommodements avec le Ciel. A côté de ces investissements "purs", grossissent aussi les participations laïques quand l'intérêt d'un pays exige du fonds souverain spécifique qu'il absorbe des activités "entre-deux". C'est le cas des CMN à Cherbourg² qui construisent aussi des corvettes de guerre et qui sont dans l'orbite d'Abu Dhabi. Il y en a beaucoup d'autres partout³ où le savoir-faire est primordial, jusqu'aux moteurs de chars (MTU, Deutz).

    Reste à faire le pronostic des priorités islamiques entre la Conquête et la gestion patrimoniale d'excédents colossaux. Dans Le Choc, Samuel Huntington notait que « la résurgence religieuse à travers le monde est une réaction à la laïcisation, au relativisme moral et à la tolérance individuelle, et une réaffirmation des valeurs d’ordre, de discipline, de travail, d’entraide et de solidarité humaine ». La clef d'analyse pour un pronostic crédible est peut-être dans la démographie. Explosera-t-elle que la finance islamique devra être détournée de la gestion de fortune pour accompagner le Charity Bizness de conversion des foules. Sera-t-elle contenue que la finance islamique se capitalisera jusqu'à rejoindre les cercles à gros cigares. Dans les deux cas, la paix chez les économies d'accueil sera recherchée. Un Croyant n'en est pas moins homme, avisé parfois.

    Notes :
    (1) cf. Aldo Levy «Finance islamique - Opérations financières autorisées et prohibées» chez Gualino-Lextenso Editions, Paris 2012
    (2) voir le billet Sinbad de la Hanse sur RA et dans l'AF2000 datée du 16.09.2010 sous le titre "Abu Dhabi conquiert l'Europe" 
    Additions sur le blogue :
    (3) Liste des banques islamiques du monde
    (4) Institute Of Islamic Banking
    (5) the Economist - Islamic Finance
  • Accord anti-dollar russo-indien

    La Russie et l’Inde sont en train d’examiner les moyens susceptibles de supprimer le dollar des transactions bilatérales.

    Selon un accord conclu en octobre entre la Russie et l’Inde les deux pays sont en train d’examiner la question de l’élimination du dollar de leurs transactions commerciales.

    Pour définir le mécanisme de l’utilisation du rouble russe et de la roupie indien dans leurs transactions et éliminer le dollar, les deux parties sont en train de mener des consultations dans le cadre d’un groupe de travail formé à cet effet, a écrit le quotidien indien Hindu Business Line.

    Actuellement le volume des échanges commerciaux entre les deux pays s’élève à 11 milliards de dollars par an.

    Ce groupe de travail est composé d’autorités gouvernementales, de banques centrales et de banques d’importation et d’exportation de ces deux pays. Jusqu’à présent ce groupe de travail a tenu plusieurs sessions.

    Les deux pays ont l’intention de remplacer le dollar par leur monnaie nationale dans leurs échanges commerciaux bilatéraux et d’augmenter le volume de ces échanges.

    On s’attend à ce que ce groupe de travail prévoit un mécanisme pour 2015 et 2016 pour changer la devise qu’utilisent actuellement la Russie et l’Inde dans leurs transactions.

    Source : Al manar :: lien

    http://www.voxnr.com/cc/etranger/EukupkElpAHGJAVMLT.shtml

  • La République française et les Monarchies d’Europe : combien ça coûte ?

    Depuis toujours (ou presque) j’entends l’argument qui se veut définitif et qui a largement imprégné les opinions publiques et les générations successives des XXe et XXIe siècles en France et dans la plupart des pays européens : « la Monarchie coûte cher », sous-entendant, par le même mouvement, que la République serait moins dispendieuse, si ce n’est frugale à suivre le modèle d’un Robespierre et de son régime austère (voire austéritaire...) !

    Un argument qui, pourtant, ne tient pas vraiment au regard de notre histoire nationale et de l’actualité européenne, comme Stéphane Bern a eu de nombreuses occasions de le rappeler depuis les années 1980, et comme un récent article paru sur le site du quotidien Le Figaro (11 février 2015) le souligne à propos de la monarchie espagnole : « Lors de son intronisation en juin dernier, il avait promis d’avoir une conduite « honnête et transparente ». Felipe VI d’Espagne a fait mardi un nouveau geste en ce sens en dévoilant un budget gelé et en diminuant son salaire de 20 %. Le souverain recevra cette année 234.204 euros. » Le budget global du fonctionnement de la Maison royale atteint la somme de 7,7 millions d’euros pour 2015, soit « seize centimes par habitant, le plus faible d’Europe », comme le résume Le Figaro !

    Autre exemple : la monarchie britannique : selon Jérôme Szczepanski dans un article paru sur le site de l’Alliance Royale du Nord-Pas-de-Calais, « celle-ci a coûté à ses contribuables 49,5 millions d’euros en 2014. Cela représente environ un coût de 75 centimes par personne au Royaume-Uni. » Pas vraiment excessif si l’on considère que cela couvre les dépenses de représentation de l’État assurée par la reine et sa famille, véritables « incarnations » du Royaume-Uni et, au-delà de son présent, d’une histoire et d’un destin nationaux : rappelons-nous, par exemple, combien la souveraine anglaise a su incarner, plus que tout autre, le souvenir de la résistance au nazisme lors de la commémoration du débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. Elle n’était, d’ailleurs, pas seulement l’ancienne ambulancière des années 1940, fille du roi George, et la reine en exercice : elle était aussi le roi son père lui-même, ce George VI qui permit à Churchill d’être ce Richelieu qui manqua tant à la République française du printemps 1940. Elle était ceux qui avaient été, et elle annonçait, par son principe même, ceux qui seront : Charles, William, George...

    La République, qui n’a pas le même pouvoir d’incarnation, si ce n’est de façon (trop) éphémère et le plus souvent dans des moments de grand désarroi, et qui se veut « la » démocratie en oubliant qu’elle ne l’a ni créée, ni respectée durant les heures sombres des années 1792 et suivantes, n’est pas gratuite, bien sûr, mais, surtout, elle coûte beaucoup plus cher qu’une monarchie sans que l’on soit bien sûr d’y gagner, ni politiquement ni économiquement ni socialement. Les chiffres parlent mieux qu’une longue démonstration et il suffit de consulter le site de la Présidence de la République et de les compléter par les analyses serrées du député socialiste de l’Aisne René Dosière pour le constater par soi-même et sans être taxé de « partialité » monarchique (que j’assume néanmoins sans souci...). [....]

    La suite sur le blog de Jean-Philippe Chauvin

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?La-Republique-francaise-et-les

  • Le coût du capital, frein à l’activité

    Auteurs d’une étude remarquée sur le coût du capital, les économistes Laurent Cordonnier, Thomas Dallery, Vincent Duwicquet, Jordan Melmiès et Franck Van de Velde reviennent pour Mediapart sur la nécessité d’envisager un retournement du rapport de force aujourd’hui favorables aux actionnaires. Car l’utilisation qui est faite des profits des entreprises menace à moyen terme leur formation même.

    Le capital a un sens équivoque pour les économistes : il peut s’agir du capital productif (ensemble des machines, bâtiments, brevets, logiciels…) qui se situe à l’actif du bilan des sociétés non financières, ou il peut s’agir du capital financier (dettes et fonds propres) que l’on trouve au passif de ce même bilan. Le coût du capital est donc lui aussi l’objet d’interprétations ambivalentes. Sans même évoquer ici sa signification dans la théorie financière standard, on peut repérer deux sens à l’expression “ coût du capital ”: il y a d’une part le coût du capital au sens économique, représenté par la dépense annuelle des sociétés non financières pour se doter de capital productif ; et d’autre part le coût du capital financier, formé des dépenses annuelles en intérêts et en dividendes.

     

    Pour saisir la charge que représente ce capital financier pour l’entreprise, nous avons construit un indicateur rapportant ce coût du capital financier au coût économique du capital productif (la FBCF). Au-delà des niveaux auquel on aboutit par ce genre de calcul (entre 20 et 50% ces dernières années, selon la méthode retenue), ce qui frappe le plus est l’évolution de ce ratio puisque, quelle que soit la mesure retenue, la charge des revenus financiers nets a plus que triplé entre la période 1960-1980 et la dernière décennie.

    Les marchés financiers sont souvent présentés comme un instrument au service de l’allocation optimale des ressources (l’épargne canalisée vers les projets les plus efficaces). C’est ce dont on peut vraiment douter. Au bout du compte, le résultat essentiel de la financiarisation de ces trois dernières décennies aura été la détérioration du rapport qualité-prix du capital. Les entreprises paient davantage (en intérêts et dividendes) pour une moindre accumulation de capital productif (baisse du rythme de croissance de la FBCF).

    Dans cette ère du capitalisme dominé par la finance, les entreprises ont appliqué assez systématiquement la maxime « downsize and distribute ». Exposées au renforcement des exigences actionnariales de rentabilité, les entreprises ont été sommées de sélectionner drastiquement leurs projets d’investissement, pour ne retenir que les plus rentables (ceux produisant les fameux 15% de rentabilité financière, quitte à délaisser des projets rentables, mais ne rapportant pas ces 15%). Elles ont réduit la voilure, en écrémant les projets d’accumulation au filtre de cette surperformance imposée. En plus de ce « downsize », les entreprises ont subi le second commandement de la gouvernance actionnariale, puisqu’elles ont été poussées à distribuer sous la forme de dividendes les profits qui n’étaient plus nécessaires pour financer les projets d’investissement jugés insuffisamment rentables.

    La combinaison de ces deux injonctions a induit une modification profonde de l’utilisation des profits des entreprises. Alors qu’en 1979, pour tout euro d’investissement net, celles-ci distribuaient 50 centimes en dividendes nets, elles reversent aujourd’hui 2€ aux actionnaires. Le quart de l’excédent net d’exploitation était distribuée sous forme de dividendes nets à la fin des années 1970, contre plus des deux tiers aujourd’hui.

    Tous nos chiffres sont basés sur des dividendes nets (versés moins reçus), c’est-à-dire qu’ils ne trahissent pas l’envolée de la distribution de dividendes consécutives aux restructurations en groupes des sociétés, multipliant les remontées des dividendes depuis les filiales vers les maisons-mères.

    On pourrait objecter que l’inflation des dividendes distribués ne serait que la conséquence d’une modification de la structure de financement des sociétés non-financières, laquelle reposerait aujourd’hui moins sur l’emprunt (bancaire et obligataire) et davantage sur l’émission d’actions. Or, s’il y a bien eu un effet ciseau entre versement d’intérêts et versement de dividendes, la baisse du montant d’intérêts nets versés par les sociétés, intervenue dès le milieu des années 1990, n’est pas imputable à un moindre financement par endettement, mais reflète essentiellement une diminution des taux d’intérêt réels, suite à l’assouplissement de la politique monétaire, une fois liquidée l’inflation des années 70-80. Dans la comptabilité nationale, les comptes financiers de l’Insee ne montrent pas d’augmentation claire du poids des actions au passif du bilan des sociétés non-financières. En conséquence, le versement de dividendes grimpe bien sous l’effet d’une ponction accrue de la part des actionnaires sur les profits des entreprises, ponction elle-même favorisée par un rapport de force à l’avantage des actionnaires.

    Un capitalisme « raisonnable », si c’est une chose encore imaginable, supposerait que le versement de dividendes n’augmente qu’à due proportion de l’augmentation du montant des profits, et non par captation d’une part croissante des profits réalisés, ceci au détriment de l’investissement productif.

    Au niveau macroéconomique, ce changement dans l’utilisation des profits des entreprises menace à moyen terme la formation même des profits. Pour qu’il y ait profit, il faut en effet qu’il y ait ventes. Or, la contrainte actionnariale prive la demande macroéconomique de deux de ses moteurs traditionnels, en ralentissant la dépense d’investissement et en poussant à la hausse les marges de profit.

    Le redressement des taux de marge dans les années 1980 n’est que l’autre face de la baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée, laquelle freine la consommation d’origine salariale. La dynamique macroéconomique chancelante des pays confrontés à la pression actionnariale s’est alors mise en quête d’expédients pour trouver des moteurs auxiliaires à la formation de la demande. Selon les lieux et les époques, il s’est agi de stimuler la consommation sur la base d’effets richesse (liées à l’appréciation des actifs financiers et/ou immobiliers), de compter sur une dépense de consommation assise sur les profits distribués, d’encourager l’endettement des ménages (en faveur d’une consommation à crédit ou de la constitution d’un patrimoine immobilier… pouvant ensuite servir de collatéral dans un nouveau prêt à la consommation), de se reposer sur l’endettement public pour stimuler l’activité des entreprises, ou enfin de stimuler la production domestique en tentant de capter la demande des pays voisins par des stratégies néo-mercantilistes d’excédent commercial.

    Par rapport aux pays anglo-saxons, la France n’a pas connu une montée comparable de l’endettement des ménages ; elle n’a pas pu compter beaucoup sur les effets richesse ou la consommation des profits, et cela d’autant moins que les dividendes versés par les entreprises françaises ont été perçus par des actionnaires non-résidents, dont les éventuelles dépenses de consommation ne sont pas venues soutenir la formation de la demande et des profits des entreprises françaises.

    L’appréciation de l’euro, la modération salariale allemande et le moindre investissement en recherche et développement ont pesé sur les performances du commerce extérieur français et les marges de profit des entreprises dans les années 2000. La médiocrité des performances macroéconomiques françaises vient de ce qu’au moment où les dépenses d’investissement et la consommation salariale étaient mises sous l’éteignoir, les moteurs auxiliaires qui ont pu tirer, de manière temporaire et déséquilibrée, la croissance et les profits dans d’autres pays ne se sont pas enclenchés.

    L’élévation du coût du capital a donc pesé sur la santé de l’économie française et de ses entreprises. Un gouvernement se souciant résolument de l’entreprise devrait se poser la question de la réorientation des profits, des dividendes vers l’investissement. Cela peut passer par une réforme de la fiscalité sur l’investissement, mais aussi par une réforme de la gouvernance des entreprises.

    Plutôt que d’envier les politiques d’austérité menées en Allemagne, la France serait peut-être mieux inspirée d’en importer le modèle de cogestion, en instaurant une représentation plus grande des salariés dans les conseils d’administration. Plus globalement, c’est la question de « l’investisseur » qui est posée. Derrière l’entreprise, il y a la figure d’un investisseur, mais l’investissement en capital productif n’est pas la même chose que l’investissement financier. L’investissement financier est un placement qui ne contribue à financer un investissement productif que s’il s’agit d’une émission primaire de titres. Les marchés secondaires de titres (les marchés boursiers) ne servent qu’à assurer la liquidité des placements entrepris par les détenteurs d’un patrimoine financier, liquidité qui s’accompagne souvent d’une grande volatilité des cours des titres en question, générant un risque de perte en capital (financier) contre lequel ces détenteurs veulent « s’assurer » en exigeant des versements de dividendes importants. La liquidité des marchés financiers, qui rend un service aux détenteurs d’actifs financiers (celui de pouvoir vendre à tout moment), est aussi ce qui permet à ces derniers d’exiger le versement d’une sorte de « taxe d’instabilité » par les entreprises, alors que cette instabilité à court terme est elle-même provoquée par leur souhait de bénéficier de marchés liquides. Ce que les investisseurs financiers se font payer par l’entreprise, c’est en somme le prix de leur propre fébrilité ! D’autant que le risque en capital qui provient de variabilité des cours ne se réalise pas en moyenne (les actionnaires qui vendent au point bas du cycle financier ont bien dû trouver une contrepartie qui achète bon marché), et qu’à long terme le cours des actions suit bon an mal an un trend haussier.

    Non, vraiment, les « investisseurs » au sens financier du terme ne sont pas les investisseurs au sens de l’entreprise. On peut même dire qu’ils s’en méfient et que – pour détourner une formule en vogue –  “ ils n’aiment pas l’entreprise ”.  Et c’est bien de là que vient leur pouvoir de réclamer une rente.

    Mediapart

    http://fortune.fdesouche.com/370701-le-cout-du-capital-frein-lactivite

  • La croissance, un modèle qui arrive à ses limites

    La croissance économique vigoureuse est chose du passé dans les pays industrialisés. Les sociétés devront apprendre à vivre avec des taux de croissance anémiques qui les forceront à faire des choix. La croissance du PIB à tout prix a-t-elle fait son temps? Et si la décroissance était une voie d’avenir ?

    C’est fou tout ce qu’on peut faire pour soutenir la croissance économique! On l’encourage à coups de subventions et de baisses d’impôt. On la stimule par le marketing et la publicité. Et on la dope avec le crédit facile et l’endettement. Avec bien peu de résultats, est-on forcés de constater depuis 30 ans.

     

    Dans les pays industrialisés, la croissance économique ralentit lentement et inexorablement depuis 30 ans. «Ce modèle de croissance à tout prix arrive à ses limites, affirme Yves-Marie Abraham, professeur au département de management de HEC Montréal. Il n’arrive plus à générer de croissance et il n’est pas réformable. Il faut rompre avec ce modèle.»

    Yves-Marie Abraham est un oiseau rare. Prôner la décroissance au sein de la très orthodoxe HEC Montréal n’est certainement pas une position aisée, mais le fait que ce discours puisse s’exprimer maintenant dans nos universités est un signe qu’il n’est plus réservé aux granos et aux écolos.

    Penser autrement

    La décroissance comme voie d’avenir n’a rien à voir avec la baisse du produit intérieur brut (PIB) ou une récession qu’on subit comme une maladie. «C’est une décroissance volontaire et décidée, qui suppose un vrai virage», explique Yves-Marie Abraham.

    Cela repose sur l’idée que malgré tous ses bienfaits, la croissance économique fait maintenant plus de tort que de bien à l’homme et à la planète. La surproduction et la surconsommation épuisent les ressources et mènent directement vers un mur.

    La solution de rechange ? Penser autrement. «On arrête de croire que quand le PIB va, tout va, dit le professeur Abraham. On arrête de se préoccuper de la croissance pour se donner d’autres objectifs.»

    L’augmentation du revenu générée par la croissance économique est un élément important du bien-être d’une société, reconnaît Yves-Marie Abraham. «Mais à partir d’un certain niveau du PIB, il n’y a plus de corrélation entre le bien-être et la croissance économique», souligne-t-il.

    L’argent, on le sait bien, ne fait pas le bonheur. Le Québec illustre bien cet adage. Alors que son PIB par habitant n’est pas parmi les plus élevés du monde, la province se hisse dans le peloton de tête des sociétés les plus heureuses dans les classements internationaux commeVivre mieux, publié par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

    Selon Yves-Marie Abraham, les sociétés occidentales ont dépassé depuis longtemps un niveau de revenu qui assure la satisfaction de leurs besoins. Elles peuvent se donner d’autres objectifs, comme s’assurer que tous aient de quoi manger et une vie agréable.

    «Il faut arrêter de courir après des choses sans intérêt», résume-t-il. Utopique? «Penser qu’on peut continuer à croître indéfiniment, c’est encore plus utopique.»

    Développement durable

    La machine économique a réagi aux signaux d’alerte que donne la planète en mettant de l’avant le développement durable, plus soucieux des dommages collatéraux de la croissance, comme la pollution de l’air et de l’eau.

    Quand des signaux de pénurie apparaissent, comme ç’a été le cas avec le pétrole, des solutions apparaissent, comme la voiture électrique qui pourrait permettre de s’en passer un jour.

    «Je suis totalement contre l’automobile. L’auto électrique peut être une solution transitoire, mais ce n’est pas un vrai virage. La solution, c’est moins de transport. Il faut relocaliser nos modes de vie pour ne plus avoir besoin de déplacer des humains et des marchandises sur des milliers de kilomètres.»

    Le discours du développement durable n’a rien donné du tout, estime Yves-Marie Abraham. «C’est polluer moins pour pouvoir polluer plus longtemps et repousser le problème à plus tard», tranche-t-il.

    Éric Pineault, économiste et professeur à l’UQAM, n’est pas loin de penser la même chose. «Le développement durable envoie un faux signal, celui que la croissance infinie dans notre monde fini est possible», avance-t-il.

    La décroissance, selon lui, est un signal d’alarme qui veut nous conduire à une prise de conscience, chacun individuellement.

    «Les surconsommateurs que nous sommes devenus trouvent normal que les biens qu’ils achètent ne durent pas et ne soient pas réparables. Ils valorisent la nouveauté et le changement, et donc le gaspillage. Ils acceptent que des machines remplacent le travail humain partout, y compris pour se nourrir avec des surgelés.»

    Il faut se poser des questions. Se demander, par exemple, si on doit continuer à manger des oranges transportées sur des milliers de kilomètres et qui, une fois rendues à destination, ne goûtent plus rien. S’interroger sur la nécessité de mettre du marbre venu d’Italie dans notre salle de bains. Bref, faire «un reset» pour se remettre sur une trajectoire plus viable, estime Éric Pineault.

    «C’est un travail personnel, poursuit-il. Ça ne se légifère pas.» Les gouvernements auront ensuite un rôle à jouer pour réorienter l’économie vers de nouveaux objectifs. Ce pourrait être de sortir le Québec du pétrole sur une période de 50 ans, illustre-t-il.

    L’action des gouvernements est essentielle et comme leurs moyens dépendent des taxes et impôts qu’ils prélèvent, la croissance économique est une nécessité. C’est vrai, dit Éric Pineault.

    «C’est ce que je dis toujours. Il faut de la croissance pour faire de la décroissance. Appelons ça le paradoxe de Pineault.»

    DES IMPACTS NEGATIFS DE LA CROISSANCE

    Dans nos sociétés accros à la croissance de leur produit intérieur brut (¨PIB), remettre en cause l’expansion économique est un sacrilège. N’est-ce pas grâce à la croissance économique mondiale que nous vivons mieux, plus vieux et en meilleure santé ? Sans remettre en question ces acquis, les tenants de la décroissance estiment que les impacts négatifs de la croissance économique surpassent maintenant les bienfaits qui peuvent y être associés.

    Les bienfaits de la croissance

    1) Augmentation de l’espérance de vie

    On vit de plus en plus vieux. Entre 1990 et 2012, l’espérance de vie a augmenté de six ans dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé. Au Canada, pendant la même période, l’espérance de vie est passée de 81 ans à 84 ans pour les femmes et de 74 ans à 80 ans pour les hommes.

    2) Amélioration de la santé

    La plus grande longévité des populations est le résultat des progrès considérables dans le traitement de plusieurs maladies autrefois mortelles, comme la pneumonie.

    3) Augmentation du niveau d’éducation

    De plus en plus de gens ont accès à l’éducation. Au Canada, la part de la population sans aucun diplôme était de 37,8% en 1990 et de 19,2% en 2012. La part de la population titulaire d’un diplôme universitaire a augmenté de 10,9% à 22,2% pendant la même période.

    4) L’émancipation des femmes

    Dans la plupart des pays industrialisés, les femmes ne sont plus confinées à leur rôle traditionnel de mère. Le taux d’activité des femmes est maintenant de 75% au Québec, comparativement à 81% pour les hommes. Les écarts salariaux entre les hommes et les femmes se sont réduits.

    5) La liberté politique

    Avec la fin des empires coloniaux et la disparition de plusieurs régimes totalitaires, la démocratie a fait des progrès dans le monde. On estime que 50% des pays du monde sont maintenant gouvernés de façon démocratique, un record de tous les temps.

    6) Réduction des inégalités

    Pendant plusieurs décennies, la croissance économique a permis de diminuer les inégalités de revenus et entre les pays et à l’intérieur des pays. Depuis le début des années 80, par contre, les écarts de revenus se sont accrus.

    Les dérives de la croissance effrénée

    1) L’obsolescence programmée

    Mieux vaut jeter que réparer. Nous sommes tous à même de constater que la durée de vie utile des biens est de plus en plus courte. Les effets de la mode et du marketing, les coûts élevés de réparation ou l’impossibilité de réparer, dans le cas de certains produits électroniques, encouragent la consommation.

    2) La surconsommation

    Dans la plupart des pays industrialisés, la croissance économique repose sur la consommation des ménages. Aux États-Unis, par exemple, c’est 70% de l’économie qui est tributaire des consommateurs.

    3) L’endettement

    Pour alimenter la croissance économique, le crédit s’est répandu et les ménages ont été encouragés à s’endetter pour s’acheter une maison, une voiture et des biens de consommation courante. Aujourd’hui, le taux d’endettement des ménages au Canada atteint plus de 160% de leurs revenus après impôt et paiements d’intérêts.

    4) La congestion routière

    En plus de son impact sur la qualité de l’air, la congestion routière causée par les citoyens qui se rendent au travail tous les jours cause des pertes de temps et de productivité qui sont en augmentation exponentielle. À Montréal, ces coûts ont été estimés à 3 milliards par année.

    5) La pollution de l’air et de l’eau

    Même s’ils sont indispensables à la vie, l’eau et l’air sont des ressources accessibles gratuitement ou à peu de frais dans la plupart des sociétés industrielles. Leur qualité se dégrade partout dans le monde et menace la planète.

    6) Les maladies comme le stress et l’épuisement

    Des maladies nouvelles se sont déclarées avec les modes de vie modernes axés sur la croissance de la productivité. C’est le cas du stress et du burnout, et de certains types de cancers associés à l’utilisation de produits chimiques.

    UN MOYEN, PAS UNE FIN

    Souhaitée ou pas, la faible croissance économique est installée pour rester dans les pays industrialisés. Bonne nouvelle ou calamité? L’économiste Marcelin Joanis, professeur et Fellow du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations, répond à nos questions.

    Est-ce que la décroissance peut être une bonne chose pour les économies modernes?

    La croissance peut avoir des conséquences négatives, notamment sur l’environnement. De là à dire qu’on doit viser la décroissance, je ne crois pas. Je pense qu’on peut viser la croissance économique en prenant les bonnes décisions. Je constate que la croissance ralentit et je ne vois pas ça d’un mauvais oeil. Ça peut être salutaire. Ça nous force à investir dans les technologies vertes, à faire des choix plus intelligents que par le passé.

    La croissance à tout prix a-t-elle atteint ses limites?

    La croissance économique n’est pas un objectif en soi, mais un moyen de satisfaire les besoins de la population. L’important est de trouver les meilleurs moyens de satisfaire ces besoins.

    À partir d’un certain niveau de revenu, toute augmentation supplémentaire ne produit pas une amélioration du bien-être des populations. Pourquoi continuer à courir après la croissance?

    Il y a encore de la pauvreté et pour beaucoup de gens, on est encore loin d’un niveau de vie acceptable. Par ailleurs, les sociétés les plus heureuses ne sont pas les plus riches en termes de PIB (produit intérieur brut) par habitant, mais ce sont celles où l’État joue un rôle important pour redistribuer la richesse et atténuer les inégalités.

    Ça prend de la croissance pour faire ça. Les gouvernements ont besoin de la croissance, qui leur donne des revenus et des moyens d’agir.

    LA PRESSE.CA

    http://fortune.fdesouche.com/373451-la-croissance-un-modele-qui-arrive-ses-limites#more-373451

  • La non-livraison du Mistral coûtera au minimum 60 millions par an à la France

    C’est ce que rapporte Jean-Dominique Merchet sur son blogue. Le note ne comprend pas d’éventuelles indemnités de retard que la Fédération de Russie pourrait réclamer.

    Lu sur Secret Défense : Selon nos informations, la non-livraison des deux BPC Mistral commandés par la Russie, le Vladivostok et le Sébastopol, coûterait 5 millions d’euros par mois, uniquement en frais de gardiennage et de maintenance des deux bateaux qui devraient rester en France. Une somme considérable, soit près de 60 millions par an à la charge de DCNS ou de l’Etat. 

    A cette somme pourrait s’ajouter des pénalités de retard et des dommages et intérêts que la Russie serait en droit de réclamer à la partie française. Cette affaire se jouera à partir du 16 mai, lorsque le délai de « force majeure » mis en avant par Paris le 24 novembre arrivera à expiration. Il peut être prolongé mais le Kremlin peut également décider de poursuivre la France devant une cour arbitrale en Suisse, comme le prévoit le contrat. Ce n’est qu’à partir du 16 mai que le contrat peut être résilié par l’une des parties. 

     

    En cas de non-livraison, la France devra de toute manière rembourser les 890 millions d’euros déjà payés par la Russie. Les pénalités de retard, qui augmentent chaque semaine, sont toutefois limités à 5% du montant total du contrat, soit environ 55 millions. C’est absorbable. Il en va tout autrement d’éventuels dommages et intérêts que réclameraient Moscou. Personne n’a aujourd’hui la moindre idée de leur montant, les proches du dossier évoquant une somme «entre 500 millions et 5 milliards»… La partie russe pourrait demander, par exemple, le remboursement des frais liés au déploiment de marins russes à Saint-Nazaire ou les investissements de la Flotte russe pour accueillir les deux bateaux.

    http://www.contre-info.com/exclusif-la-non-livraison-du-mistral-coutera-au-minimum-60-millions-par-an-a-la-france#more-36779

  • Le Cese n'avait sans doute pas le temps de compter nos pétitions

    Dans son rapport annuel, la Cour des comptes étrille de nouveau le Conseil économique, social et environnemental, celui-là même qui a jeté nos 700 000 pétitions à la poubelle :

    "« Les présidents successifs du Cese ont instauré une série de primes et indemnités, certaines sans équivalent dans la fonction publique », relève le rapport, citant l’indemnité de séance, prime de départ à la retraite, de naissance, de mariage, de vacances ou de fin d’année. (...)

    La Cour préconise aussi une réforme du temps de travail des agents, qui « reste inférieur à la durée légale », du fait des congés de « 54 jours par an », auxquels il faut ajouter les fériés légaux, estime-t-elle.

    Les Sages de la rue Cambon recommandent par ailleurs de placer le budget du Cese sous le « régime budgétaire et comptable » qui s’applique à l’Etat et à l’ensemble des administrations publiques. Le Cese bénéfice d’un régime spécifique plus souple, étantdispensé du contrôle budgétaire de ses dépenses. La Cour préconise une réforme permettant le contrôle budgétaire tout « en tenant compte de la spécificité des missions du Conseil ».

    Par ailleurs, malgré les ajustements opérés, le régime de retraite des 233 conseillers du Cese demeure déficitaire, relève la Cour, qui préconise une réforme « ambitieuse » (...)."

    Pourquoi ne pas congédier le Cese ?

    Louise Tudy