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économie et finance - Page 677

  • Prix des aliments et des matières premières : les banques inventent l’hyper-spéculation

    Qui fait grimper le prix des matières premières, notamment celui des produits agricoles ? Les banques, principaux spéculateurs sur ces marchés. Une nouvelle étape a été franchie : ces banques sont devenues propriétaires d’entrepôts de stockage de métaux ou de produits agricoles, de raffineries de pétrole ou de centrales électriques. Goldman Sachs ou JP Morgan interviennent sur les marchés financiers, mais peuvent également agir directement sur les stocks. Les banques françaises ne sont pas en reste, alors que l’Europe vient pourtant de voter un accord pour tenter de lutter contre cette hyper-spéculation.
    Via leurs activités de trading, les banques sont les principaux spéculateurs sur les marchés de matières premières et de produits agricoles, car elles disposent de moyens financiers nettement plus élevés que les autres protagonistes en jeu. Une petite visite sur le site du Commodity business awards permet de découvrir une liste de banques et de courtiers qui jouent un rôle de premier plan sur le marché des commodities (marché des matières premières) [1], ou sur celui des produits dérivés basés sur ces commodities. Parmi ces banques, on retrouve le plus souvent BNP Paribas, Morgan Stanley, Crédit Suisse, Deutsche Bank et Société Générale.
    Certaines banques vont d’ailleurs plus loin et se dotent d’instruments pour influer directement sur des stocks de matières premières. C’est le cas du Crédit Suisse qui est associé à Glencore-Xstrata, la plus grande société mondiale de courtage en matières premières : cette dernière contrôle en 2013 environ 60 % du zinc mondial, 50 % du cuivre, 30 % de l’aluminium, 25 % du charbon, 10 % des céréales et 3 % du pétrole [2]. Parmi les banques européennes, BNP Paribas est avec Deutsche Bank une banque des plus influentes sur le marché des commodities, elle joue un rôle clé dans le secteur des produits financiers dérivés sur les matières premières.
    Quand les banques investissent dans les entrepôts de stockage
    Plusieurs banques des États-Unis sont allées plus loin que les européennes dans la stratégie de contrôle d’une part du marché des commodities : JP Morgan, Morgan Stanley et Goldman Sachs. Par exemple, JP Morgan a importé aux États-Unis 31 millions de barils de pétrole au cours des quatre premiers mois de l’année 2013 ! Les banques des États-Unis sont propriétaires de raffineries de pétrole, de centrales électriques, de réseaux de distribution d’énergie, d’entreprises de stockage de métaux, de stocks de produits agricoles, d’entreprises d’exploitation de gaz de schiste…
    Comment en est-on arrivé là ? La Fed, banque centrale des États-Unis, a autorisé en 2003 la banque universelle Citigroup à acheter la société de courtage Phibro, en expliquant qu’il était normal de compléter l’activité de la banque sur le marché des dérivés de commodities par la détention physique de stocks de matières premières (pétrole, grains, gaz, minerais…). Quant à Morgan Stanley et Goldman Sachs qui jusqu’en 2008 [3] avaient le statut de banque d’affaires, elles ont pu dès 1999, grâce à la loi de réforme bancaire qui a complété l’abrogation du Glass Steagall Act (la loi d’encadrement des banques, adoptée après la crise de 1929, pour séparer banques d’affaires et banques de dépôts), faire l’acquisition de centrales électriques, de tankers pétroliers et d’autres infrastructures.
    Goldman Sachs fait grimper le prix de l’aluminium
    C’est ainsi que Morgan Stanley possède des barges, des tankers, des pipelines, des terminaux pétroliers et gaziers ! De son côté, JP Morgan a acheté la divisioncommodities de la Royal Bank of Scotland (RBS) en 2010 pour 1,7 milliard de dollars. Ce qui lui a permis d’acquérir 74 entrepôts de stockage de métaux au Royaume-uni comme aux États-Unis, tandis que la banque Goldman Sachs en détient 112. Ces deux banques détiennent donc ensemble plus d’entrepôts de stockage de métaux que Glencore (qui en possède 179) ! Détenir des entrepôts de stockage est fondamental notamment si une société ou un cartel de plusieurs sociétés (par exemple des banques) veut spéculer sur les prix en stockant au maximum pour faire monter les prix ou en déstockant pour les faire baisser.
    C’est ce qui s’est passé concrètement sur le marché de l’aluminium depuis 2008. Selon une enquête menée par le New York Times, depuis que Goldman Sachs a racheté en 2010 les entrepôts d’aluminium à Detroit, le temps d’attente pour être livré en barres d’aluminium est passé de 6 semaines à 16 mois. Les prix ont nettement augmenté (alors que l’offre et les stocks d’aluminium sur le marché mondial se sont accrus), ce qui a provoqué de fortes réactions d’entreprises comme Coca-Cola et le brasseur Miller, gros consommateurs d’aluminium pour la fabrication des canettes… Rien qu’en revenus de stockage d’aluminium à Detroit, Goldman Sachs a engrangé 220 millions de dollars.
    Un secteur de moins en moins rentable ?
    Après avoir fait de plantureux bénéfices en manipulant les cours, les banques les plus présentes sur le marché physique des commodities ont adopté une stratégie de sortie. Trois raisons principales les ont poussées dans cette direction. Premièrement, les autorités de contrôle se sont rendu compte des manipulations auxquelles se sont livrées plusieurs banques. JP Morgan, Barclays, Deutsche Bank ont dû payer des amendes dans plusieurs affaires concernant notamment la manipulation du marché de l’électricité de Californie. JP Morgan a ainsi accepté de payer une amende de 410 millions de dollars dans cette affaire qui n’est pas terminée [4]. Les autorités américaines, sous la pression de sociétés concurrentes des banques et face à l’impopularité des banquiers en général auprès du grand public, envisagent sérieusement de limiter les activités des banques sur le marché physique des commodities.
    Deuxièmement, les bénéfices que tirent les banques de leurs activités sur ce marché ont commencé à baisser depuis 2011-2012. Les prix des matières premières ont d’ailleurs tendance à se contracter. Et troisièmement, le capital dur (Core Tier 1) requis pour les investissements dans les entreprises de courtage pèse plus lourd que d’autres investissements (dettes souveraines par exemple). Du coup, comme les banques doivent augmenter leur ratio fonds propres/actifs pondérés, elles font le calcul qu’il vaut mieux se délester en tout ou en partie des investissements dans le marché physique des commodities [5]. Affaire à suivre.
    Une dangereuse bulle spéculative
    Il n’en demeure pas moins que les banques resteront très actives sur les marchés des dérivés de commodities et sur tous les segments des marchés financiers qui sont concernés par les matières premières. Leur capacité de nuisance est et restera tout à fait considérable si des mesures radicales ne sont pas prises.
    Ces banques sont des acteurs de tout premier ordre dans le développement de la bulle spéculative qui s’est formée sur le marché des commodities [6]. Quand elle éclatera, l’effet boomerang sur la santé des banques provoquera de nouveaux dégâts. Il faut également prendre en compte le réel désastre, bien plus grave, pour les populations des pays du Sud exportateurs de matières premières. L’ensemble des peuples de la planète seront affectés d’une manière ou d’une autre.
    Les affameurs sont les « investisseurs institutionnels »
    La spéculation sur les principaux marchés des États-Unis où se négocient les prix mondiaux des biens primaires (produits agricoles et matières premières) a joué un rôle décisif dans l’accroissement brutal des prix des aliments en 2007-2008 [7]. Cette hausse des prix a entraîné une augmentation dramatique, de plus de 140 millions en un an, du nombre de personnes souffrant de malnutrition. Plus d’un milliard d’êtres humains (une personne sur sept !) ont faim.
    Les affameurs ne sont pas des francs-tireurs. Ce sont les investisseurs institutionnels (les « zinzins ») : les banques – BNP Paribas, JP Morgan, Goldman Sachs, Morgan Stanley et, jusqu’à leur disparition ou leur rachat, Bear Stearns, Lehman Brothers, Merrill Lynch –, les fonds de pension, les fonds d’investissement, les sociétés d’assurances. Ou les grandes sociétés de trading comme Cargill. Les hedge fundsont aussi joué un rôle, même si leur poids est bien inférieur à celui des investisseurs institutionnels. Au niveau mondial, au début de l’année 2008, les investisseurs institutionnels disposaient de 130 000 milliards de dollars, les fonds souverains de 3000 milliards de dollars et les hedge funds de 1000 milliards de dollars.
    Augmentation des prix de 183 %
    Michael W. Masters, qui dirigeait depuis douze ans un hedge fund à Wall Street, a explicité le rôle néfaste de ces institutionnels dans un témoignage qu’il a présenté devant une commission du Congrès à Washington le 20 mai 2008. À l’occasion de cette commission chargée d’enquêter sur le rôle possible de la spéculation dans la hausse des prix des produits de base, il a déclaré : « Vous avez posé la question : est-ce que les investisseurs institutionnels contribuent à l’inflation des prix des aliments et de l’énergie ? Ma réponse sans équivoque est : oui. » Dans ce témoignage, qui fait autorité, il explique que l’augmentation des prix des aliments et de l’énergie n’est pas due à une insuffisance de l’offre mais à une augmentation brutale de la demande venant de nouveaux acteurs sur les marchés à terme des biens primaires (« commodities ») où l’on achète les « futures ».
    Sur ce marché (également appelé « contrat à terme »), les intervenants achètent la production à venir : la prochaine récolte de blé, le pétrole qui sera produit dans 6 mois ou dans 5 ans. Dans le passé, les principaux intervenants sur ces marchés étaient des entreprises qui avaient un intérêt spécifique – lié à leur activité – pour un de ces biens primaires. Par exemple une compagnie aérienne qui achète le pétrole dont elle a besoin ou une firme alimentaire qui se procure des céréales. Michael W. Masters montre qu’aux États-Unis, les capitaux alloués par les investisseurs institutionnels au segment « index trading » des biens primaires des marchés à terme sont passés de 13 milliards de dollars fin 2003 à 260 milliards en mars 2008 [8] ! Les prix des 25 biens primaires cotés sur ces marchés ont grimpé de 183 % pendant la même période !
    Il explique qu’il s’agit d’un marché étroit et qu’il suffit que des investisseurs institutionnels comme des fonds de pension ou des banques y allouent 2 % de leurs actifs pour en bouleverser le fonctionnement. En 2004, la valeur totale des « contrats futurs » concernant 25 biens primaires s’élevait seulement à 180 milliards de dollars. A comparer avec le marché mondial des actions qui représentait 44 000 milliards, environ 240 fois plus. Michael W. Masters indique que cette année-là, les investisseurs institutionnels ont investi 25 milliards de dollars dans le marché des futurs, ce qui représentait 14 % du marché. Au cours du premier trimestre 2008, les investisseurs institutionnels ont augmenté de manière très importante leur investissement dans ce marché : 55 milliards en 52 jours ouvrables. De quoi faire exploser les prix !
    Le laxisme des autorités de contrôle
    Le prix des biens primaires sur le marché à terme se répercute immédiatement sur les prix courants de ces biens. Ainsi, quand les investisseurs institutionnels ont acheté des quantités énormes de maïs et de blé en 2007-2008, la flambée des prix de ces produits a été immédiate.
    A noter qu’en 2008 l’organe de contrôle des marchés à terme, la Commodity Futures trading Commission (CFTC), a estimé que les investisseurs institutionnels ne pouvaient pas être considérés comme des spéculateurs. La CFTC définit les « zinzins » comme des participants commerciaux sur les marchés (« commercial market participants »). Cela lui permet d’affirmer que la spéculation ne joue pas un rôle significatif dans l’envolée des prix. Une sévère critique de la CFTC est faite par Michael W. Masters, mais surtout par Michael Greenberger, professeur de droit à l’université de Maryland, qui a témoigné devant la commission du Sénat le 3 juin 2008. Michael Greenberger, qui a été directeur d’un département de la CFTC de 1997 à 1999, critique le laxisme de ses dirigeants qui font l’autruche face à la manipulation des prix de l’énergie par les investisseurs institutionnels.
    Il cite une série de déclarations de ces dirigeants dignes de figurer dans une anthologie de l’hypocrisie et de la bêtise humaine. Selon Michael Greenberger, 80 à 90 % des transactions sur les Bourses des États-Unis dans le secteur de l’énergie sont spéculatives [9]. Son expertise est donc sans appel.
    « Tirez avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires ! »
    Le 22 septembre 2008, en pleine tourmente financière aux États-Unis, alors que le président Bush annonçait un plan de sauvetage des banques qui consistait à leur remettre 700 milliards de dollars (sans compter les liquidités qui ont été mises à leur disposition massivement), le prix du soja faisait un bond spéculatif de 61,5 % !
    L’économiste français Jacques Berthelot montre lui aussi le rôle crucial joué par la spéculation des banques dans la montée des prix agricoles mondiaux. Il donne l’exemple de la banque belge KBC, qui a mené une campagne publicitaire pour vendre un nouveau produit commercial : un investissement des épargnants dans six matières premières agricoles. Le fonds de placement « KBC-Life MI Security Food Prices 3 » racole des clients avec un slogan cynique : « Tirez avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires ! ». Cette publicité présente comme une « opportunité » la « pénurie d’eau et de terres agricoles exploitables », ayant pour conséquence « une pénurie de produits alimentaires et une hausse du prix des denrées alimentaires ».
    Du côté de la justice américaine, les spéculateurs sont dans leur bon droit. Paul Jorion, dans une tribune publiée par Le Monde, met en cause la décision d’un tribunal de Washington qui a invalidé le 29 septembre 2012 des mesures prises par la CFTC « qui visaient à plafonner le volume des positions qu’un intervenant peut prendre sur le marché à terme des matières premières, afin qu’il ne puisse pas, à lui seul, le déséquilibrer ».
    Le « banditisme bancaire » à l’assaut des matières premières agricoles
    Jean Ziegler, ex-rapporteur des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, exprime les choses sans détour : « La crise financière de 2007-2008 provoquée par le banditisme bancaire a eu notamment deux conséquences. La première : les fonds spéculatifs (hedge funds) et les grandes banques ont migré après 2008, délaissant certains segments des marchés financiers pour s’orienter vers les marchés des matières premières, notamment celui des matières premières agricoles. Si l’on regarde les trois aliments de base (le maïs, le riz et le blé), qui couvrent 75 % de la consommation mondiale, leurs prix ont explosé. En 18 mois, le prix du maïs a augmenté de 93 %, la tonne de riz est passée de 105 à 1010 dollars et la tonne de blé meunier a doublé depuis septembre 2010, passant à 271 euros. Cette explosion des prix dégage des profits astronomiques pour les spéculateurs, mais tue dans les bidonvilles des centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants. Une deuxième conséquence est la ruée des hedge funds et autres spéculateurs sur les terres arables de l’hémisphère sud. Selon la Banque mondiale, en 2011, 41 millions d’hectares de terres arables ont été accaparés par des fonds d’investissements et des multinationales uniquement en Afrique. Avec pour résultat, l’expulsion des petits paysans. » [10]
    En février 2013, dans un rapport intitulé « Ces banques françaises qui spéculent sur la faim », l’ONG Oxfam France indique que les quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole et Natixis (BPCE) – géraient, pour leurs clients, en novembre 2012, au moins 18 fonds qui spéculent sur les matières premières. « Il y a deux façons de spéculer, explique Clara Jamart, responsable de la sécurité alimentaire chez Oxfam France. En prenant des positions sur les marchés de produits dérivés de matières agricoles. Ou par ces fonds indiciels, qui suivent les prix des matières premières agricoles et les poussent à la hausse. » [11] La majorité de ces fonds ont été créés une fois qu’avait commencé en 2008 la crise alimentaire, dans le but manifeste de faire des profits en spéculant sur les aliments et d’autres commodities.
    Spéculer sur la vie des gens est un crime
    À Bruxelles, le Réseau financement alternatif a également dénoncé en 2013 l’implication de six banques actives en Belgique dans la spéculation sur la faim dans le monde. Environ 950 millions d’euros provenant de clients de banques belgesservent à spéculer sur les matières premières alimentaires. Pour mettre fin à cet ordre des choses et mettre en place une alternative à la crise alimentaire, il est nécessaire d’interdire la spéculation sur l’alimentation – spéculer sur la vie des gens est un crime ! – et interdire aux banques et autres sociétés financières privées d’intervenir sur le marché des commodities (voir l’ensemble des propositions développées sur le site du CADTM).
    Face aux crises alimentaires et environnementales actuelles, des changements radicaux sont indispensables et urgents. La sécurité alimentaire de tous passe par des prix agricoles stables qui couvrent les coûts de production et assurent une rémunération décente pour les producteurs. Le modèle des prix agricoles bas, promus par les gouvernements pour augmenter la consommation de masse de produits manufacturés et des services (tourisme, divertissement, télécommunications, etc.), n’est pas durable, ni sur le plan social ni sur le plan environnemental. Ce modèle bénéficie essentiellement aux grandes entreprises de l’agro-business, aux banques privées et, en détournant les attentes démocratiques des populations vers la consommation de masse, aux élites politiques et économiques des pays qui confisquent ainsi le pouvoir.
    Eric Toussaint
    http://www.voxnr.com/cc/di_varia/EFAulZuVyFVHqxAphO.shtml
    Source : http://www.bastamag.net/Comment-les-banques-speculent-sur via http://www.michelcollon.info/Prix-des-aliments-et-des-matieres.html
    [1] Les commodities regroupent le marché des matières premières (produits agricoles, minerais, métaux et métaux précieux, pétrole, gaz…). Les commodities, comme les autres actifs, font l’objet de négociations permettant la détermination de leurs prix ainsi que leurs échanges sur des marchés au comptant, mais aussi sur des marchés dérivés.
    [2] Glencore-Xsrata est une compagnie de négoce et courtage de matières premières fondée par le trader Marc Rich. Elle est basée en Suisse, à Baar, dans le canton de Zoug, paradis fiscal bien connu par les fraudeurs de haut vol. Marc Rich (décédé en 2013) a été poursuivi à plusieurs reprises pour corruption et évasion fiscale. Il a été amnistié par le président Bill Clinton le dernier jour de son mandat présidentiel, ce qui a provoqué un scandale considérable. Glencore-Xsrata possède en tout ou en partie 150 mines et sites métallurgiques. Selon les données disponibles, avant la fusion avec Xsrata qui a eu lieu en 2013, Glencore contrôlait environ 60 % du zinc mondial, 50 % du cuivre, 30 % de l’aluminium, 25 % du charbon, 10 % des céréales et 3 % du pétrole. Cette société très controversée a reçu en 2008 le prix du Public Eye Awards de la multinationale la plus irresponsable. Glencore-Xsrata est présente dans 50 pays et emploie 190 000 personnes. Le patron et principal propriétaire de Glencore-Xsrata (il détient 16 % des actions), Ivan Galsenberg, aurait perçu une rémunération d’environ 60 millions de dollars en 2013. Crédit Suisse et Glencore-Xsrata collaborent étroitement sur le marché chinois. Les autres grandes sociétés spécialisées dans le courtage (trading) de commodities (en dehors des banques qui y sont très actives) sont Vitol (Pays-Bas), Cargill (Etats-Unis), Trafigura (Pays-Bas), Noble Group (Hong-Kong/Singapour), Wilmar (Singapour), Louis Dreyfus commodities (France), Mitsui (Japon), Mitsubishi (Japon), ADM (États-Unis). Le revenu cumulé de Glencore et de ces 9 sociétés s’est élevé à la somme colossale de 1200 milliards de dollars en 2012. Voir Financial Times, « Tougher times for the trading titans », 15 avril 2013.
    [3] Morgan Stanley et Goldman Sachs ont obtenu leur licence de banque universelle en pleine crise afin de bénéficier d’un plus fort soutien de l’État et éviter le sort de la banque d’affaire Lehman Brothers.
    [4] Financial Times, « JPMorgan nears commodities sale », 6 février 2014. Barclays de son côté a payé une amende de 470 millions de dollars dans la même affaire.
    [5] JP Morgan a annoncé début 2014 son intention de vendre ses activités physiques decommodities, Deutsche Bank a fait de même. Morgan Stanley a passé un accord avec le pétrolier russe Rosneft pour lui céder une partie de son business.
    [6] Bien sûr, parmi les puissants protagonistes du marché des matières premières et des produits alimentaires, il faut ajouter les grandes entreprises spécialisées dans l’extraction, la production et la commercialisation des commodities : dans les minerais, Rio Tinto, BHP Billiton, Companhia Vale do Rio Doce ; dans le pétrole, ExxonMobil, BP, Shell, Chevron, Total ; dans les aliments, en plus de Cargill déjà mentionné au niveau de courtage, Nestlé, Monsanto et bien d’autres, dont plusieurs sociétés chinoises.
    [7] Sur les causes de la crise alimentaires de 2007-2008, lire Éric Toussaint, « Une fois encore sur les causes de la crise alimentaire », publié le 9 octobre 2008, sur le site du CADTM. Voir également : Damien Millet et Éric Toussaint, « Pourquoi une faim galopante au XXIe siècle et comment l’éradiquer ? », publié le 24 avril 2009, ici.
    [8] « Assets allocated to Commodity index trading strategies have risen from $13 billion at the end of 2003 to $260 billion as of March 2008 »
    [9] Voir Testimony of Michael Greenberger, Law School Professor, University of Maryland, before the US Senate Committee regarding « Energy Market Manipulation and Federal Enforcement Regimes », 3 juin 2008, p. 22.
    [10] Jean Ziegler, « La faim est faite de main d’homme et peut être éliminée par les hommes », interview donnée à Éric Toussaint, publiée le 11 février 2012 sur le site du CADTM. Jean Ziegler est l’auteur de Destruction massive, géopolitique de la faim, Éditions du Seuil, Paris, 2012.
    [11] Voir Le Monde, « Quatre banques françaises accusées de "spéculer sur la faim" », 11 février 2013. Sur la campagne internationale d’Oxfam, voir Financial Times, « Food price peculation taken off the menu », 4 mars 2013. Voir également sur le site d’Oxfam : EU deal on curbing food speculation comes none too soon, 15 janvier 2014.
    [12] Il est auteur du livre Procès d’un homme exemplaire, Éditions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège. Prochain livre à paraître en avril 2014 : Bancocratie chez ADEN, Bruxelles.

  • Les millions de la Grande Loge Nationale Française

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    Que la franc-maçonnerie dispose de puissants moyens financiers, cela n’étonnera personne. Mais disposer de chiffres précis est assez intéressant.

     

    Le « Souverain Grand Comité » de la GLNF (Grande Loge Nationale Française) se réunissait hier 14 mars pour approuver les comptes et les réformes statutaires de l’obédience maçonnique.

     

    « Nous allons sans doute avoir pendant trois ou quatre ans un déficit de quelques centaines de milliers d’euros, a fait savoir Jean-Pierre Servel, « Grand Maître » de la GLNF. Mais nos réserves sont à un niveau tel que nous n’avons pas de soucis à nous faire. »

     

    Fin 2009, cette obédience comptait 43 500 membres mais après des années de luttes internes, il en resterait aujourd’hui 25 000.

     

    Les documents remis aux délégués qui se réuniront en AG le 12 avril à La Défense ont déjà fuité sur le net. On y apprend que les cotisations ont rapporté 9,74 M€ (exercice 2012-2013), ce qui reste un joli pactole mais bien moindre que les 17 M€ de l’exercice 2008-2009.

     

    Mais ce sont les réserves (valeurs mobilières de placement et comptes bancaires) qui méritent attention : 16,2 M€ en 2013. Et l’actif immobilisé se monte à la rondelette somme de 24,9 M€.

    http://medias-presse.info/les-millions-de-la-grande-loge-nationale-francaise/7546

  • Affaires : pour 81% des Français, l'image de toute la classe politique est ternie

    Rude coup pour les politiques. Selon l’enquête exclusive BVA pour i>télé « CQFD » et notre journal, le climat des affaires pèse lourdement sur leur image : 81 % des personnes interrogées estiment ainsi qu’elle est affectée par la multiplication des scandales. Même si, à une semaine du premier tour des élections municipales des 23 et 30 mars, les Français semblent ne pas vouloir tenir compte de ces affaires dans leur choix.
    Ces derniers jours, les Français ont donc découvert, successivement : que Jean-François Copé (UMP) était soupçonné de surfacturation au profit d’une société « amie » ; que Patrick Buisson enregistrait des réunions avec Nicolas Sarkozy ; que l’ancien président chercherait à s’immiscer dans le travail des juges enquêtant sur lui ; et, enfin, que Christiane Taubira n’était pas informée de la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy… tout en admettant l’inverse quelques jours plus tard.
    Au final, tout le monde est renvoyé dos à dos. « C’est l’image de l’ensemble de la classe politique qui s’abîme un peu plus », estime Céline Bracq, directrice de BVA Opinion. Et pour les 19 % de Français qui font la différence, 12 % pensent que la droite en sort affaiblie contre 7 % pour la gauche. Pour une écrasante majorité (69 % contre 54 % il y a trois ans), cette multiplication des affaires est le signe d’un mal profond : celui de la corruption.
    Hier encore, un juge a demandé la levée de l’immunité parlementaire de Bernard Brochand, le député-maire (UMP) de Cannes, dans le cadre d’une affaire de… corruption. Ce désaveu s’enracine dans la population puisque, selon BVA, « les catégories sociales supérieures, les cadres et les personnes les plus diplômées partagent majoritairement ce jugement sans appel ». De quoi, craint un ministre de poids, « ravir Marine Le Pen », qui n’a pas trop besoin d’en rajouter sur le mode du « tous pourris ». « Le bashing systématique des institutions, des partis politiques, bref, du système, lui profite », conclut le même.

    Éric Hacquemand

    http://www.voxnr.com/cc/politique/EFAulyluVuGIywQHSL.shtml

    Source : Le Parisien : http://www.leparisien.fr/politique/affaires-pour-81-des-francais-l-image-de-toute-la-classe-politique-est-ternie-14-03-2014-3673581.php

  • C’est parti pour le recensement biométrique des fonctionnaires

    Depuis le 5 mars, un recensement biométrique est à l’œuvre pour connaître enfin le nombre réel de fonctionnaires dans le pays. Une sorte de police de l’administration a été créée pour contrôler la réalité de chaque emploi public sur le terrain.
    Combien de fonctionnaires régulièrement inscrits la fonction publique guinéenne compte-t-elle actuellement ? 100 000 ? 106 000 ? Plus ? Les statistiques sont contradictoires. Mais une chose est sûre : les effectifs sont pléthoriques. “Le nombre de fonctionnaires a même doublé en dix ans (passant de 50 000 à plus de 100 000, ndlr)”, a estimé le Premier ministre, Mohamed Saïd Fofana.
    Une explosion de la masse salariale qui pèse de plus en plus lourdement sur le budget de l’État. Pour tirer les choses au clair, le gouvernement a lancé, début mars, une importante opération de comptage de fonctionnaires et agents contractuels permanents de l’État. C’est le deuxième en moins de cinq ans. Mais le nouveau recensement, qui se veut exhaustif, a cela de particulier qu’il est biométrique. Désormais, la fiche de chaque fonctionnaire de l’État contiendra, en plus des données alphanumériques (nom, prénoms, âge, date et lieu de naissance), des données biométriques (photo et empreintes digitales). Une carte sera délivrée à chaque agent recensé.
    Financement de la Banque mondiale
    L’opération est mise en œuvre par le ministère de la Fonction publique, de la Réforme de l’État et de la Modernisation de l’administration à travers un financement de la Banque mondiale pour un montant de 1,9 million de dollars (1,42 million d’euros).
    Le recensement se déroule en deux étapes : la première consiste en la numérisation des fiches d’identification des agents dans les départements ministériels, gouvernorats, préfectures, sous-préfectures, ensuite, des équipes d’identification seront déployées sur le terrain pour prendre les photos et numériser les empreintes digitales.
    Un opérateur technique, le français Gemalto Innovatec, a été recruté par les soins de la Banque mondiale pour procéder au recensement dans chacune des quatre régions naturelles que compte la Guinée. Aucun délai pour la durée de l’opération n’a été avancé pour l’instant.
    Chasse aux agents fictifs
    Pour garantir la sécurité du système et éviter la fraude, un département chargé de l’inspection générale de l’administration publique a été créé afin de contrôler l’effectivité de la présence des fonctionnaires sur leur lieu de travail. “C’est une sorte de police d’administration”, s’enthousiasme un cadre du ministère de la Fonction publique.
    Le gouvernement entend certes maîtriser le nombre de fonctionnaires et sécuriser le fichier de la fonction publique, mais le principal enjeu de ce recensement biométrique reste la lutte contre la fraude. C’est une chasse aux agents fictifs (décédés, déplacés ou détachés, doublons) qui permettra de combler un important manque à gagner, à l’image de ce qui a été fait récemment au Sénégal, où le recensement biométrique a permis de déceler plus de 11 000 agents fictifs.
    Source

  • Économie de l’ombre : Le trou noir de l’Union Européenne

    Sur le fond des derniers évènements en Ukraine, où la population est en train de défendre de manière peu civilisée sa volonté de devenir « un pays européen civilisé », je me suis intéressé à « l’économie de l’ombre » en Union Européenne. Les experts de Bruxelles ne cachent pas que l’économie de l’ombre est stable dans l’UE et son volume est estimé aujourd’hui à 2,2 trillions d’euros.

    L’économie informelle est très prospère en Bulgarie, en Roumanie et dans les pays méditerranéens. La Grèce et l’Italie sont les leaders dans ce secteur. Les experts plaisantent en disant que si à Rome, les acteurs de l’économie de l’ombre étaient obligés de payer les impôts dont ils sont redevables, le problème de la dette d’Italie serait résolu. Ce secteur représente entre 21% et 30% en Italie, selon les estimations diverses.

    L’économie de l’ombre est surtout répandue dans le bâtiment, les services, l’agriculture et la pêche. Personne n’a jamais essayé de comprendre ce qu’il en est dans le secteur du spectacle et du divertissement. A l’exception des vedettes du show-biz qui paient régulièrement leurs impôts, la situation fiscale du reste du secteur reste floue.

    L’« économie de l’ombre » dans l’Union Européenne – c’est un espace vaste, dans lequel l’essentiel de la fraude, ce ne sont pas des infractions pénales graves. On n’y vend pas de la drogue, on ne s’y occupe pas de proxénétisme, on n’y effectue pas des braquages des banques.
    Ce secteur tire ses bénéfices essentiellement du contournement par des moyens divers de la régulation fiscale afin de ne pas payer les impôts. Ce moyen est utilisé non seulement par les hommes d’affaires riches, ou des personnalités politiques influentes.

    Les retraités, les femmes au foyer, et les fonctionnaires qui sont persuadés qu’ils touchent un salaire trop bas pour le travail qu’ils effectuent, se servent aussi de ce système. Le Portugal est deuxième en matière de contournement de la législation fiscale, derrière l’Italie.

    Toutefois ce sont les Grecs, qui occupent stablement la première place dans ce palmarès, l’économie de l’ombre occupant une place importante dans leur pays depuis quelques années. 40% de la production et des services en Grèce font partie de l’économie de l’ombre.

    Les anciens signataires du pacte de Varsovie qui ont été acceptés récemment au sein de l’UE, ont rapidement réalisé que l’économie de l’ombre présente de très bonnes possibilités pour augmenter le niveau de vie de leur population. C’est pourquoi les gouvernements de ces pays se sont rués vers le capitalisme, en évitant toutefois de payer les impôts.

    Il est difficile de calculer au centime près l’ampleur de l’économie de l’ombre dans l’UE. A Bruxelles, les fonctionnaires font des estimations en se basant sur la comparaison des revenus et des dépenses de la population des pays membres de l’UE. Si les dépenses dépassent les revenus, cela veut dire qu’une partie des revenus n’a pas été déclarée.

    Récemment, le journal français Le Monde a dévoilé la composition de l’économie de l’ombre dans toute l’Union Européenne. Selon les calculs du quotidien, en tout 66,5% des employés travaillent au sein de l’Union sans statut légal. Ils sont occupés dans le bâtiment, l’agriculture et les services (ménage, travaux domestiques). Les revenus qui ne sont pas déclarés aux services des impôts (issus du commerce au détail, les revenus des bars et des discothèques, les services de taxi, etc.) représentent les 33,5% restants.

    En prenant pour échantillon les activités en Allemagne, en Espagne, en Italie, en Pologne et en Roumanie, on peut découvrir que la prévalence de « l’économie de l’ombre » représente dans chacun de ces pays près de 35% pour le bâtiment, 25% pour le commerce de gros et de détail, et presque 20% pour le secteur hôtelier et la restauration.

    Les experts estiment que les liquidités sont le principal vecteur de développement de l’économie de l’ombre. Dans les pays développés, où les systèmes de paiement électronique sont mis au point, les transactions non déclarées sont beaucoup moins répandues. Les consommateurs règlent leurs achats à l’aide des systèmes électroniques de paiement.

    Quant à la Croatie, la Bulgarie et la Roumanie, ce sont les pays, où la population préfère l’argent liquide, et de nombreux secteurs d’économie sont touchés par les « transactions au noir ».

    En Allemagne, avec un volume de PIB de 2,566 trillions d’euros, le volume de l’économie de l’ombre est estimé à 351,6 milliards d’euros (13,7%). En France, avec un PIB de 2,001 trillions d’euros, 220,2 milliards d’euros sont générés « au noir » (soit 11%).

    Quant à la Grande-Bretagne, avec un PIB de 1,728 trillion d’euros, 190 milliards d’euros représentent le secteur de l’ombre (soit 11%). En Italie, avec 1,589 trillion d’euros de PIB, ce secteur atteint 21,2% soit, 336,8 milliards d’euros.

    L’Europe est la plus grande économie mondiale. Et si Bruxelles ne trouve pas de remède pour vaincre ce fléau, l’économie illégale pourrait finir par provoquer l’effondrement de l’Union Européenne.

    Contre l’économie au black, le Portugal lance la tombola fiscale

    Pour inciter les Portugais à ne plus resquiller la TVA, le gouvernement va instaurer… une tombola. Chaque semaine, une facture gagnante sera tirée au sort. Pour participer ? Cesser de faire ses dépenses de consommation courante au black. Au Portugal, l’économie parallèle c’est plus du quart du PIB.

    Un café et bingo ? Au Portugal, aller prendre son petit noir matinal au bar du coin pour accompagner sa tartine ou son gâteau avant le bureau va bientôt pouvoir rapporter gros. Par exemple, une voiture. Pour tenter de limiter l’économie parallèle, le gouvernement a en effet imaginé tirer au sort des factures “gagnantes”. Pour participer à cette drôle de tombola, et c’est là l’astuce, il vous faudra demander au commerçant une facture et lui fournir votre numéro d’identité fiscale.

    Fractionner les factures pour multiplier les chances?

    La facture de la chance“, c’est le nom du tirage au sort, n’est pas une invention portugaise. Le principe existe déjà en Amérique Latine, au Brésil notamment, et en Chine. En Europe, cette pratique destinée à rendre les contribuables plus honnêtes vis-à-vis du fisc n’avait été mise en œuvre qu’en Slovaquie.

    Pour les consommateurs, l’opération n’est pas compliquée. Ils ne sont pas obligés de conserver copie de la facture puisqu’en principe, la caisse enregistreuse du commerce est dotée du logiciel qui permet de communiquer directement les données au fisc. Une obligation depuis le 1er janvier 2013 qui a obligé de nombreux petits commerces à faire un saut coûteux dans la modernité. A noter que si l’on veut être exclu du tirage au sort, il faut en faire expressément la demande aux impôts.

    Le gouvernement doit encore préciser le cadre du tirage au sort, en établissant un plancher minimum, 2 ou 5 euros de consommation par exemple -au comptoir il faudra boire deux cafés accompagnés d’une pâtisserie!-, ou en décidant de faciliter le cumul des sommes dépensées sur une seule facture. Sans doute sera aussi autorisé un fractionnement des grosses factures pour augmenter les chances du contribuable au tirage au sort…
    “Les Portugais adorent les jeux de hasard”

    Pour que les Portugais se prennent au jeu, il y aura soixante tirages au sort par an, soit un par semaine, plus des extras.

    Je ne pense pas que ça va changer les mentalités. Les gens vont adhérer sans doute, après tout, on leur fait miroiter un cadeau, et les Portugais adorent les jeux de hasard. Mais il n’y a pas de lien direct entre les prix qu’on peut gagner au tirage au sort et la lutte contre la fraude fiscale“, estime Marisa, employée administrative actuellement au chômage.

    Les lots attribués par tirage au sort ne seront jamais financiers, mais des biens de consommation et d’équipements. On évoque comme premier prix une voiture, et les bruits courts déjà selon lesquels il s’agirait de voitures de luxe…

    Mais il n’est pas prévu un tirage au sort pour l’essence et l’assurance !“, ironise un internaute. “À quoi servira une voiture, et de plus luxueuse, si on n’a pas de quoi l’utiliser ?“, se demande un autre. En effet, on estime qu’en raison de la crise environ un tiers des véhicules en circulation au Portugal sont immobilisés faute de pouvoir acheter l’essence et payer les autoroutes.

    Contourner la hausse de la TVA

    La toile relaie aussi le mécontentement de ceux qui y voient une de ces mesures symboliques destinées à faire oublier l’énorme ponction fiscale instaurée sous couvert d’austérité.

    Entre 2012 et 2013, la pression fiscale a augmenté de 35% au Portugal, le pays est champion d’Europe. Beaucoup s’interrogent aussi sur l’impact réel de ce type de jeu, et estiment que seul l’allégement de cette pression fiscale pourrait réduire les paiements au black. D’autres rejettent l’idée d’un clientélisme d’un nouveau genre, où celui qui consomme le plus peut gagner plus s’il a de la chance.

    Beaucoup de commerçants ont commencé à proposer ‘avec ou sans facture’ lorsque les taux de TVA ont augmenté. Et pour le directeur adjoint du magazine l’Expresso, spécialiste des questions économiques, “lorsque l’on sait que de nombreux produits se sont vus appliquer une TVA de 23% d’un jour à l’autre là ou elle était de 13 ou même 6 %, on peut comprendre la manœuvre. L’économie parallèle ne naît pas par hasard“.

    Le projet de loi qui doit être validé ce jeudi par le conseil des ministres est clair: il s’agit de “prévenir la fraude et l’évasion fiscale, en valorisant l’initiative des contribuables pour exiger des factures prouvant la réalisation d’une transaction tributaire sur le territoire national“.

    Avec cette mesure, le gouvernement espère faire rentrer dans les caisses entre 600 et 800 millions d’euros, ce qui est loin d’être négligeable.
    L’économie informelle ? 27% du PIB portugais

    Pourtant, ce n’est pas à ce niveau qu’à lieu la plus grande évasion fiscale, mais bien au niveau des grandes entreprises et des professions libérales, catégories exclues, comme les PME, du tirage au sort.

    Et la création de la “facture de la chance” intervient justement au moment ou le Portugal se fait épingler par la Commission européenne. Bruxelles, dans son rapport sur la lutte contre la corruption publiée le 2 janvier, estime “qu’il n’y existe pas de stratégie nationale en vigueur contre le fléau“.

    Interrogée à ce sujet Paula Teixeira da Cruz, ministre de la justice, met en avant les améliorations enregistrées par la Commission européenne:

    Nous sommes en train de doter la Police Judiciaire de nouveaux moyens. Quant à l’enrichissement illicite et la fraude de haut niveau, j’en fais une affaire personnelle et je suis particulièrement déterminée à lutter contre“.

    Selon un document portugais, seulement 8,5% des 825 enquêtes pour corruption entre 2004 et 2008 ont abouti à un procès. Et 6% des cas seulement se sont conclus par une condamnation. Le sentiment d’impunité pour les gros bonnets jamais épinglés n’encourage guère les Portugais à “moraliser” leur attitude.

    Quant à la “facture de la chance”, la ministre de la justice elle-même doute que cela puisse, à un niveau global, résoudre la question de la fraude. Mais la mesure à un pouvoir symbolique important.

    “Ce type de mesure à l’avantage d’inciter les citoyens à ne pas passer un pacte avec l’économie parallèle”, estime Paula Teixeira da Cruz.

    Reste que le débat sur l’aggravation de la situation économique et l’augmentation dans le même temps de l’économie parallèle n’a pas lieu au Portugal. Le poids de l’économie parallèle a augmenté de 4% entre 2011 et 2012, soit 27% du PIB du pays. Quelque 44 milliards d’euros de manque à gagner pour l’État, soit pratiquement la moitié de ce que le Fonds monétaire international et l’Union européenne ont prêté au Portugal dans le cadre du programme d’ajustement économique.

    La Voix de la Russie et My Europe

    http://fortune.fdesouche.com/332395-economie-de-lombre-le-trou-noir-de-lunion-europeenne

  • Najat contre la dignité de la femme

     

    Le PIB est une mesure imparfaite, qui ne prend en compte que les échanges marchands. C’est pourtant l’indicateur que tous les politiques et économistes suivent les yeux fermés pour établir la santé d’une économie et par voie de conséquence estimer la vigueur d’une nation.

    PIB France

    Le PIB est une mesure partiale, qui oublie les éléments constitutifs d’une société heureuse

    Selon cet indicateur, l’Allemagne serait en bien meilleure situation que la France, vu qu’elle crée plus de richesse marchande que la France. C’est accessoirement nier le véritable suicide démographique de l’Allemagne, qui fait que dans 50 ans, ce pays sera riche, mais mort. Le PIB est donc une mesure "à la con".

    Mais revenons à notre PIB français. Cet indicateur ne prenant en compte que les échanges marchands, il néglige toute la part de gratuité qui nous anime et qui fait globalement de nous une civilisation. Par exemple, imaginons un jeune homme qui fait appel aux services d’une charmante femme de ménage. Succombant à ses charmes, il finit par l’épouser. Aïe, le PIB chute. La femme continue à rendre le même service à la société, mais il est devenu non salarié. Remarquez que cet exemple marche aussi pour la femme qui épouse son plombier.

    Dans notre affreux modèle patriarcal, où les hommes sont censés dominer les femmes, ceux-ci contribuent plus fortement au PIB marchand. Mais celles-ci contribuent plus largement à la richesse de notre civilisation. Les dizaines de générations éduquées, la barbarie patiemment éradiquée, les foyers paisiblement bâtis, la Foi sagement propagée, nous le devons plus aux femmes qu’aux hommes.

    L’Etat contre la gratuité

    Mais voilà le problème. Tous ces éléments, aussi bons soient-ils, ne sont pas taxables. Dans son orgie de contrôle complet de la société (de la politique du logement aux subventions des associations militantes, de la promotion de l’égalité homme/femme à ce que nous devons manger), l’Etat est devenu un ogre qui a besoin de plus en plus de vivres.

    Ainsi la gratuité est devenue nuisible, car elle n’est pas taxable. Le rôle historique des femmes dans notre civilisation doit donc être anéanti pour qu’elles puissent avoir enfin une activité salariée, donc rémunératrice pour l’Etat. Pour pousser plus loin le PIB, il suffit de transformer les services gratuits en services payants.

    Najat Vallaud-Belkacem a lancé plusieurs mesures pour inciter (en fait forcer) les femmes au travail. Non contente de chasser les femmes de leur foyer, d’enlever une mère à ses enfants, et de rendre ces mêmes enfants plus disponibles au formatage de l’Education Nationale, Najat enlève une nouvelle pierre à l’édifice de notre civilisation. Pour que l’ogre puisse vivre et augmenter lentement son emprise sur nos vies.

    Il est urgent de baisser massivement le poids de l’Etat, non par dogmatisme économique, mais pour que celui-ci nous laisse un peu de place pour s’aider et s’aimer.

    Et je profite de l’occasion pour rendre un vibrant hommage à ma femme, éducatrice zélée de nos sept marmots(*), responsable des opérations jours et nuits, chef logisticienne, évangélisatrice patiente et autres choses devant demeurer sous les voiles pudiques de la vie privée ;-)

     

    (*) pour illustrer les capacités hors normes de ma femme, ma fille de 7 ans vient me demander l’autre jour: "en fait, il faut faire une contre-révolution, non?"

    http://droitedavant.wordpress.com/2014/03/08/najat-contre-la-dignite-de-la-femme/

  • La dette mondiale cumulée s’élève à 100.000 milliards de dollars

    La dette mondiale s’élève à 100.000 milliards de dollars, soit quatre fois le PIB de la Chine et des Etats-Unis.

    L’encours de dette mondiale a été multiplié par 2,5 en douze ans, pour atteindre les 100.000 milliards de dollars, selon Bloomberg News et Les Echos, qui ont dévoilé les conclusions d’un rapport [...] publié lundi par la Banque des règlements internationaux (BRI).

    Ce chiffre inclut la dette publique et les dettes cotées des entreprises et des sociétés financières. Il ne prend donc pas en compte la dette des ménages.

     

    La crise désignée comme responsable

     

    Selon l’économiste Jean-Paul Betbèze cité par Les Echos, ce montant est un héritage de la crise qui sévit depuis 2007. Depuis, l’encours de dette mondiale a augmenté de 30%. L’économiste pointe du doigt la montée de la dette publique. Entre plans de relance et baisse des recettes fiscales, les déficits des Etats se sont creusés. Résultat, en six ans, l’encours des titres de dette souveraine a augmenté de 80%. Au total, la dette publique de chaque être humain s’élèverait à un peu plus de 6.000 dollars.

     

    Question sur la politique de taux bas

     

    Du côté des entreprises privées (hors entreprises financières), le montant de la dette a également progressé, jusqu’à atteindre 10.000 milliards de dollars. Cet endettement massif pose la question de la maîtrise des taux d’intérêt, alors que les banques centrales cherchent à faire pression à la baisse dessus pour relancer l’activité. Une politique de taux faibles prolongée risque en effet de favoriser une progression de l’endettement public. Mais ce n’est pas encore un mouvement que l’on observe.

     

    La Tribune

    http://fortune.fdesouche.com/332219-la-dette-mondiale-cumulee-seleve-a-100-000-milliards-de-dollars#more-332219

  • Au voleur ! L'or de l'Ukraine s'envole pour les USA

    Partout où arrive la démocratie, la première chose que l’on constate, c’est la mise à disposition généreuse de la part des Etats-Unis d’avions-cargo pour que la nouvelle équipe puisse sauvegarder son or dans un endroit plus sécurisé, les coffres de la Fed, par exemple. C’est un bonus qui fait partie du pack « liberté, démocratie, droits de l’homme ».
    Selon le iskra-news.info la nuit dernière, les réserves d’or ukrainien (40 boîtes scellées) ont été chargées dans un avion de transport non identifié à l’aéroport Borispol de Kiev. L’avion a immédiatement décollé.
    Une source du gouvernement ukrainien a confirmé que le transfert des réserves d’or de l’Ukraine aux États-Unis a été ordonné par l’actuel Premier Ministre Arseny Iatseniouk. Donc, je suppose, si en effet cette information est vraie, que cela signifie soit que la nouvelle élite dirigeante a volé des lingots d’or,soit que peut-être elle craignait que les Russes ne prennent possession de ces lingots. Quoi qu’il en soit, tout cela est très louche.
    Conclusion
    Récit officiel : les lingots d’or vont aux Etats-Unis. Récit réel : probablement en Suisse où ils seront partagés entre Ioulia Timochenko et ses copains.
    Source

    http://www.oragesdacier.info/

  • À table et régalez-vous ! Ce sont les Français qui payent…

    Pour le Front National qui ne sa vautre pas  dans la démagogie et  rejette toute notion de lutte des classes,  être riche n’a jamais été une tare. Débat déjà posé dans  la Grèce Antique,les penseurs hellènes estimaient même qu’une aisance matérielle raisonnable -on connait l’importance accordée à la mesure dans la philosophie grecque- garantissait à l’homme politique de garder son indépendance financière et de mieux résister ainsi à la corruption. Certes, les exemples abondent, cela ne suffit pas toujours quand l’hybris prend le dessus…Ce qui est sûr en revanche c’est que quand la fortune  est couplée avec un  rôle politique et/ou une fonction  publique, celle-ci  commande un surcroît d’exemplarité. A fortiori dans les temps que nous traversons, alors que les Français sont matraqués d’impôts et de taxes, que huit millions de nos compatriotes vivent sous le seuil de pauvreté, que le chômage  de masse frappe  quatre millions d’entre eux,  que  des centaines de milliers  de jeunes sont priés  de s’estimer heureux  d’être baladés  d’un contrat précaire à l’autre… 

    «La gauche française s’est donnée pour mission de lutter contre les privilèges, de combattre les injustices». «Ces égoïsmes obèses, odieux, qui s’imposent dans l’espace public nous allons les faire taire», déclarait hier  sans rire   Christiane Taubira  lors d’une réunion publique à Montreuil (Seine-Saint-Denis)  en présence de Claude Bartolone et du délicat candidat  du PS dans cette ville, le député, Razzy Hammadi… en très grande difficulté dans les sondages.

    Il est vrai que Mme Taubira  a  l’habitude des formules aussi creuses que pompeuses et des mensonges énormes.  Nous l’avons constaté avec l’affaires des écoutes  que nous relations dans nos articles précédents. Comme l’a noté Marine  Le Pen «c’est sûr que ce n’est pas en ayant pris des cours de terrorisme avec son mari, ou des cours d’indépendantisme, qu’elle peut s’y connaître sur les contours du secret professionnel!». 

    Autant  dire que si  les privilèges exorbitants  que la Caste s’auto-attribue passent de plus en plus mal, ce n’est pas avec la gauche qu’ils cesseront. C’est le cas avec la gabegie gargantuesque pointée par Le Parisien mercredi dans son  enquête sur le  Conseil économique, social et européen (Cese). Un bidule dont l’utilité pratique, la nécessité est tout sauf évidente, doté  d’un  budget de fonctionnement de 40 millions d’euros,  utilisé de manière effarante au profit notamment de ses employés  ultra-privilégiés. Un Conseil dont la fonction première est principalement de (re)caser, remercier  les petits copains  des partis du  Système, nombreux parmi les  233 conseillers nommés pour cinq ans…

    Toute aussi indécente est la révélation du quotidien britannique The Telegraph, qui, sur la base d’un document officiel qui lui a été fourni,   évoque  l’arrangement financier  conclu  entre Dominique de Villepin et le quai d’Orsay.  Après vingt ans d’absence, l’ancien Premier ministre et ex-ministre des Affaires étrangères serait ainsi retourné travailler une journée au ministère, pour faire valoir en toute légalité,  son droit à la retraite, journée  lui permettant d’empocher un bonus de 100 000 euros!   Selon l’article du  Telegraph, c’est M. de Villepin   lui-même qui  aurait demandé cet arrangement au Quai d’Orsay.  

    De quoi écœurer nombre de nos compatriotes invités par les élites à se serrer la ceinture,notamment les Français confrontés au gel de leur retraite. D’autant que M. De Villepin , comme le rapporte Le Monde, est déjà largement à l’abri du besoin: «sa société de conseil, Villepin International, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 1,6 million d’euros en 2013. En 2012, L’Express avait estimé sa fortune personnelle à 4 millions d’euros. Somme à laquelle il faut ajouter les revenus de la vente aux enchères de sa collection de livres anciens, qui lui a rapporté près de 3 millions d’euros en novembre».

    Mais cela empêche   pas ce monsieur de donner des leçons de bon goût aux Français comme il le fit sur  RFI 18 janvier 2012.  Accumulant les poncifs grossiers, il affirmait que les Français qui voteraient Marine seraient ruinés par son arrivée au pouvoir. En attendant c’est le budget du quai d’Orsay,  si généreux avec lui,   qui est à sec paraît-il. Dans ce même entretien, l’ex  ministre  prenait un exemple, assez éclairant de sa psychologie, pour  dissuader nos compatriotes de voter FN. Il comparait les électeurs frontistes  à ceux qui veulent s’affranchir du  «mariage bourgeois». Pour «cinq minutes de bonheur» on se retrouve exilé «quarante ans en bout de table». 

    A table, à la bonne place, avec leur rond de serviette et tout près de la gamelle, Dominique de Villepin et ses semblables  peuvent se réjouir.  Mais Bruno Gollnisch  doute que les Français soient aussi nombreux qu’avant à croire à la viabilité,  à la solidité, à la  prospérité du mariage bourgeois euromondialiste prôné par l’UMPS. Une union stérile  qui ne rend pas  heureux et qui n’est certainement  pas  sacrée.

    http://gollnisch.com/2014/03/13/table-regalez-ce-les-francais-payent/

  • Au Conseil économique et social, l’ampleur des privilèges fait des remous…

    Connaissez-vous le Conseil économique, social et environnemental (CESE) ? Sans doute peu, pour ne pas dire pas du tout.
    Connaissez-vous le Conseil économique, social et environnemental (CESE) ? Sans doute peu, pour ne pas dire pas du tout. C’est une « assemblée consultative » fort discrète. L’argent n’ayant pas d’odeur (c’est bien connu), plus il coule à flot depuis la poche des contribuables, plus il convient que cela ne se sache pas trop. Mais patatras ! En France, tout ne finit pas forcément par des chansons. Parfois par des beuglantes…
    La seule dénomination du CESE – « assemblée consultative française composée de représentants sociaux (patronat, syndicats, associations) [qui] permet la représentation au niveau national des organisations professionnelles et la communication entre les différents acteurs de l’économie » – permet de juger tout de suite l’indispensabilité d’un tel machin où les « rapports servent avant tout à caler les armoires », comme on le rapporte en 2010 à l’ancien ministre Jean-Paul Delevoye lorsqu’il en prend la présidence avec mission, sur cinq ans, de réformer l’institution.
    « Quand je suis arrivé, explique-t-il dans un entretien au Parisien, j’ai trouvé une maison sens dessus dessous : régime de retraite des conseillers (nommés par le gouvernement) très déficitaire, effectifs théoriques des agents ne coïncidant pas avec les emplois réels ! Maquis de primes (19 !) attribuées en toute opacité, etc. Il était urgent de réagir […] La première année, nous avons réduit le budget voyages à l’étranger de 600.000 euros. »

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