Conférence du Pr Massimo Nespolo prononcée lors de la seconde journée de formation médicale du CH Mulhouse, 17 mai 2014. Les principaux mythes nutritionnels sont passés en revue: protéines, calcium, fer et phyto-oestrogènes. Dans le même temps, le fameux Programme National Nutrition Santé (PNNS) français est passé à la moulinette.
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Nutrition et santé : Mythes et propagande
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Primes d’ancienneté et droits politiques
Extrait de la revue Renaissance Catholique n° 131
Notre pays se complaît dans les paradoxes. Ainsi la prime d’ancienneté fait partie des sacro-saints droits acquis et la jurisprudence accepte le fait que le fameux slogan « À travail égal, salaire égal » soit pondéré par la prise en compte du temps passé par chacun dans l’entreprise.
La justification morale en est que si l’entreprise Dutruc est ce qu’elle est aujourd’hui, c’est en partie parce que M. Dupont est présent depuis vingt ans et a, à sa place, contribué à l’existence, voire au développement, de la société. Son collègue Durand qui a été embauché plus récemment contribue de la même manière actuellement au bon fonctionnement de l’entreprise mais objectivement sa contribution dans le temps est moindre, ce qui justifie un écart de rémunération entre ces deux personnes.Vive la prime d’ancienneté !
La quintessence de ce système est atteinte dans la fonction publique avec le célèbre avancement à l’ancienneté. Il apparaît ainsi légitime à tous que l’ancienneté dans une entreprise permette de bénéficier d’avantages financiers. [...]
Jean-Pierre Maugendre - La suite sur Renaissance Catholique
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Sortie de l’Euro et dette publique
Un argument récemment soulevé par les adversaires d’une dissolution de la zone Euro consiste à dire que le retour à des monnaies nationales poserait des problèmes insurmontables quant au financement de la dette française. Ceci se traduirait tant par la nécessité pour la Banque de France de monétiser une large part du stock de dettes existant, entraînant ainsi un risque d’hyperinflation, que par une hausse des taux sur la dette qui viendrait dégrader le solde budgétaire. On notera cependant que ces arguments sont mutuellement exclusifs. Soit la Banque de France doit monétiser « en masse », et par définition cela fera baisser les taux d’intérêts, soit elle ne procède qu’à des monétisations très réduites, qui excluent le risque d’hyperinflation, et alors se posera le problème des taux d’intérêts. Il convient donc d’analyser ce problème en séparant la question de la gestion du stock existant des dettes de son accroissement, et en regardant précisément quelle est la part de ce stock que l’on refinance chaque année. On constate alors qu’en réalité aucun des deux risques mentionnés ne se manifeste, si des modifications adéquates du cadre institutionnel sont mises en œuvre. Par contre, il y existe un risque de voir les taux d’intérêts sur les bons du Trésor tomber en dessous du niveau minimum pour assurer le bon fonctionnement des compagnies d’assurance. Ce risque implique que les politiques du Trésor et de la Banque de France soient étroitement coordonnées, ce qui implique à son tour que l’on mette fin à l’indépendance de la Banque de France.
De quoi s’agit-il ?
La dette de la France était d’environ 1925 milliards d’euros à la fin de 2013[1]. Cette dette est la dette globale de l’ensemble des administrations publiques. La dette nette s’élevait à 1768,7 milliards d’euros, dont 1431,9 milliards pour l’Etat, 166,7 milliards pour les organismes de sécurité sociale et 170 milliards pour les administrations locales.
Source : INSEE
La dette négociable de la France, qui est la seule pertinente pour ce qui nous intéresse, s’élevait quant à elle au 31 mars 2014 à 1502,2 milliards, et avait une durée moyenne de 6 ans et 343 jours[2]. On remarque que la durée de vie moyenne tend à baisser depuis 2011 (ou elle était de 7 ans et 57 jours) mais reste relativement élevée. Le ratio entre la dette à long et moyen terme et la dette à court terme (moins d’un an) s’est cependant amélioré. La dette à court terme qui représentait 15,7% de la dette à long terme à la fin de 2011, n’en représente plus que 14,1% (mars 2014). Cette dette est détenue à 64,5% par des non-résidents[3].
Les besoins de financement de l’État se décomposent donc en besoins liés à la « nouvelle dette » (équivalant au déficit budgétaire de l’année) et en besoins issus de l’ « ancienne dette » dont il faut assurer le « roulement » soit le renouvellement des emprunts quand cette dette arrive à maturité.Source : Agence France-Trésor

La « nouvelle dette » est constituée par le déficit budgétaire. Le total à financer par an était pour l’année 2013 donc de[4] :
60,8 milliards pour l’amortissement de la dette à long terme.
46,1 milliards pour l’amortissement de la dette à moyen terme.
74 milliards pour le déficit.
1,6 milliards pour l’amortissement de la dette reprise par l’État.
Soit un total de 182,5 milliards d’euros.
A ce montant il faut ajouter les 186 milliards de dette à court terme (moins d’un an) qui sont constamment renouvelés. Le besoin global de financement est de 368,5 milliards d’euros soit 18,5% du PIB par an. Le besoin de financement net (correspondant au déficit budgétaire) d’environ 3,7% par an et l’on peut considérer que tel sera encore en 2014 le chiffre qu’il faudra financer.
Ces sommes recouvrent donc deux mouvements distincts. Tout d’abord un besoin de financement absolu, qui est un flux. Ce dernier est strictement égal au déficit budgétaire de la France. Puis, on doit faire face au renouvellement d’un stock de dette. Ce problème est ici important parce que l’on suppose implicitement que dans le cadre d’une dissolution de la zone Euro, une partie du stock détenue par des non-résidents ne serait pas rachetée par ces derniers et passerait donc progressivement entre les mains d’agents résidents, qu’il faut déterminer. C’est ce mouvement qui est, et de loin, le plus important, et qui pose le plus de problèmes. Mais il faut savoir qu’il est cependant limité et lié au total du stock de dette existant.
Les capacités de financement de la France
Ce chiffre de 450 milliards sur un an doit donc être mis en face des capacités de financement de l’économie française, et surtout de la part de ces capacités que la France peut consacrer à la dette. Cela implique aussi une réflexion sur le cadre institutionnel que l’on mettra en place à l’occasion d’une dissolution de la zone Euro. La position que j’ai constamment défendue depuis 2009 est qu’une sortie de l’Euro n’a de sens que si elle s’accompagne d’un changement des règles en ce qui concerne la finance, visant à « renationaliser » le marché financier français et à « définanciariser » en partie l’économie française. Ceci passe tant par une réforme du statut des banques, séparant de manière stricte les activités financières (épargne et spéculation) mais aussi les fonctions de banque et celles de compagnies d’assurance, que par la mise en place de réglementations particulières visant tant à redonner à la puissance publique sa place prééminente qu’à réduire les contacts qui existent entre le marché financier français et les autres marchés financiers.
Il y a tout d’abord l’épargne financière des ménages et les capacités de financement des institutions financières. Pour les capacités financières des ménages, elles s’élevaient à la fin de 2013 à 71 milliards d’euros par an[5]. Ce chiffre est aujourd’hui plutôt bas ; il était d’environ 90 milliards en 2011. Mais c’est lui que nous utiliserons par la suite.
Nous avons ensuite l’actif des établissements financiers en France métropolitaine, ce qui comprend les banques et les compagnies d’assurance. Une partie de cet actif est constitué de bons du Trésor. Pour ce qui concerne les banques, il est d’environ 4900 milliards d’euros[6]. Pour les compagnies d’assurance (hors les compagnies liées aux banques), on arrive à un total de 1000 milliards, dont 50% environ est constitué de bons du Trésors des différents États (de la zone Euro mais aussi des États-Unis).
En ce qui concerne les banques, la réintroduction d’un plancher minimum de 25% en effets publics, mesure qui a été envisagée justement pour revenir à un marché financier relativement fermé, et qui fut appliquée jusqu’au années 1980, obligerait les banques à détenir environ 1225 milliards d’euros soit l’équivalent de 81,5% de la dette négociable existante aujourd’hui.
On a vu que les compagnies d’assurance (hors compagnies issues des banques) détiennent environ 500 milliards d’euros en bons du trésor, dont probablement seulement 150 milliards en bons du Trésor français. Si l’on porte la limite obligatoire de détention de ces bons émis par le Trésor français à 40% de l’actif, on dégage une capacité de financement nette de 250 milliards d’euros. On voit que de telles mesures seraient plus que suffisantes pour assurer la détention du stock de dette qui est aujourd’hui entre les mains des non-résidents.
Les banques françaises, en effet, ne détiennent actuellement qu’environ 580 milliards d’euros de titre de dette de l’État. La réintroduction de ces planchers d’effets publics leur imposerait d’acheter environ 645 milliards d’Euros. En admettant que l’effet de cette mesure soit étalé sur 2 ans, ce sont donc 322,5 milliards que les banques apporteraient ainsi au marché des obligations publiques chaque année. Ajoutons à cela des mesures analogues qui pourraient être prises sur les sociétés d’assurance, et l’on arriverait rapidement à un montant total de capacité de financement de la dette détenue qui serait égal ou supérieur aux montants nécessaires à financer.
Le risque inflationniste
Ainsi, même si les non-résidents décidaient de ne plus acheter de dette française dans les deux années suivant une dissolution de la zone euro et le retour à la monnaie nationale, l’équilibre de financement serait amplement réalisé. Il n’y a donc pas de nécessité que la Banque de France intervienne massivement et donc pas de risque inflationniste pour la part de la dette détenue par des non-résidents, si ces derniers ne souhaitaient pas conserver la partie de leur dette qui arrive à maturité dans l’année. A terme, le montant total des dettes détenues par le système financier français serait égal au stock total des dettes. Par contre, il faudra être vigilant aux conditions d’exercice des compagnies d’assurance et des banques.
Si l’on considère maintenant le flux annuel lié au déficit budgétaire, on constate que 50 milliards provenant de l’épargne des ménages pourraient aussi aller vers les obligations publiques. Cela laisse un « trou » de 24 milliards d’euros, soit 1,2% du PIB. Il pourrait être comblé soit par les besoins des établissements financiers que l’on a évoqués soit par l’équivalent des avances au Trésor Publique faites par la Banque de France. Dans ce cas, on constate que la capacité de financement de la nouvelle dette publique nette par l’économie française est assuré. Les montants de ces avances faites au Trésor sont bien trop faibles pour engendrer le moindre risque d’hyperinflation. Nous sommes en effet très loin des effets tant directs qu’indirects du « quantitative easing » auquel a procédé la FED à de multiples reprises. Or, ce « quantitative easing » n’a pas provoqué de poussée inflationniste aux États-Unis. Bien entendu, des différences existent entre la France et les Etats-Unis, essentiellement dans la dynamique de l’évolution de l’économie. On rappelle que le problème du financement de la dette est supposé se poser dans le cas d’une dissolution de la zone Euro, et sous l’hypothèse que les non-résidents ne procèderaient plus à des achats de dette. Or, une dissolution de l’Euro, accompagnée d’une dépréciation du Franc rétabli aurait des effets très positifs sur l’économie française, ce qui a été calculé[7]. Dans cette situation, le déficit budgétaire se réduirait rapidement et l’économie retrouverait une forte croissance.
La question des taux d’intérêts
Si un équilibre entre besoins de financement et offre de financement peut être réalisé, il faut se poser le problème du prix auquel il se réalise et de la possibilité de désajustements transitoires de cet équilibre. Le prix, i.e. le taux d’intérêt, est déterminé par l’offre de financement. Cette dernière étant contrainte par un effet de réglementation, le taux d’intérêt se fixera forcément très bas. Il est même possible qu’il se fixe à certains moments trop bas du point de vue de l’équilibre de fonctionnement des compagnies d’assurance. Ce sera alors à l’État, en tant que puissance émettrice, de réglementer ces taux.
On constate donc que le « re-nationalisation » du stock de dette existant ne pose pas de problèmes insurmontables. Même si les non-résidents arrêtaient leurs achats de dette française, les institutions financières peuvent se substituer à eux. Le financement du déficit budgétaire peut être assuré avec une intervention faible de la Banque de France, qui contribuerait ici à orienter les taux d’intérêts (en augmentant le volume de ses avances si des tensions se faisaient jour, en le diminuant si les taux tombaient en-dessous de ce qui serait considéré comme nécessaire pour les compagnies d’assurance). La sortie de l’Euro ne se solderait donc ni par une poussée hyperinflationniste ni par une hausse incontrôlée des taux d’intérêts. Par ailleurs, il est hautement probable que l’amélioration de la santé de l’économie française à laquelle elle aboutirait provoquerait un retour rapide des investisseurs internationaux vers notre pays. On signale ici qu’il serait alors de la plus haute importance de bien maîtriser les conditions de ce retour si l’on veut éviter qu’il ne produise une appréciation du Franc qui pourrait détruire une partie des effets de la dépréciation à la suite de la sortie de l’Euro. Il convient de se souvenir que, pour pouvoir déployer une politique de réindustrialisation, politique dont l’horizon sera d’au moins une dizaine d’année, la France aura besoin d’un taux de change sous-évalué pendant une partie de cette période.
Mais, cela implique aussi des changements institutionnels importants dans l’espace financier français, qu’il s’agisse de la fin de l’indépendance de la Banque de France (qui devrait cependant garder un statut d’autonomie quant à l’emploi de ses moyens) ou du cadre réglementaire des banques et des compagnies d’assurance. De ce point de vue, une sortie de l’Euro a donc bien des conséquences très profondes sur l’économie française. Mais, ce sont justement ces conséquences, ce que l’on peut appeler la « définanciarisation » de l’économie, qui font une partie importante de l’intérêt d’une sortie de l’Euro.Jacques Sapir
[1] http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=40
[2] Agence France-Trésor : http://www.aft.gouv.fr/rubriques/encours-detaille-de-la-dette-negociable_159.html
[3] Agence France-Trésor : http://www.aft.gouv.fr/rubriques/qui-detient-la-dette-de-l-etat-_163.html
[4] http://www.aft.gouv.fr/articles/programme-indicatif-de-financement-pour-2013_11264.html Le déficit réel sur 2013 à été de 3,7% du PIB soit 74 milliards d’euros et non 62 milliards comme initialement prévu.
[5] Banque de France, https://www.banque-france.fr/uploads/tx_bdfstatistiquescalendrier/2013-T4-tableau-de-bord-trimestriel-epargne-des-menages_01.pdf
[6] Banque de France http://www.banque-france.fr/fileadmin/statistiques/fr/base/csv/mi.m.fr.n.a.at0.a.1.u6.0000.z01.m.e.b.x.csv
[7] Sapir J, Murer P. et Durand C., Les scenarii de dissolution de l’Euro, fondation Res Publica, septembre 2013. -
Scandale -- Ces immigrés qui fraudent la CAF !
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Créer avec la Grande Russie une zone monétaire commune
Mgr le comte de Paris, duc de France, livre à l'Action française 2000 sa vision et son analyse à propos de l'avenir de l'Europe et de la France :
"L'Europe dont nous avons hérité à ce jour est fondée sur un déni de démocratie, puisque le "non" de 2005, résultat d'un référendum, a été considéré comme nul et non avenu par un tour de passepasse, en faisant voter l'Assemblée nationale et le Sénat pour revenir sur la volonté du peuple. En fait, le politiquement correct devient souverain, châtiant implacablement ceux qui n'acceptent pas le fait des eurocrates... L'Europe peut et doit être reconstruite. Il ne s'agit pas de faire table rase pour bâtir autre chose, mais de modifier les aspects les plus néfastes de ce "Lego" qui ruine l'économie de plusieurs pays. Certains étudient déjà les étapes afin de détricoter la monnaie unique et, chez nous, des économistes envisagent la sortie possible de l'euro.Personnellement, je pense que chaque État européen doit pouvoir recouvrer sa souveraineté monétaire, remettre en place sa propre banque centrale, se libérer du mark, tout en conservant l'euro comme monnaie d'échange commerciale au niveau international. Ensuite, au cas par cas, il conviendra de signer des accords, limités dans le temps et renouvelables, sur des sujets communs. Il faut avoir le courage d'établir une zone monétaire libérée du dollar, car le déficit vertigineux des États-Unis d'Amérique pompe toutes nos énergies. Ainsi donc, il faut poursuivre ce raisonnement jusqu'au bout et créer avec la Grande Russie cette zone monétaire commune."
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LA COUR DES COMPTES ÉPINGLE LES «RENOUVELABLES»… depuis longtemps
La cour des comptes épingle les énergies renouvelables, hors hydraulique…depuis trois ans. Mais qui s’en soucie au Parlement et parmi les membres du Gouvernement ? Parmi les citoyens, qui a lu les rapports de la Cour des comptes de février 2011, janvier 2012 et de juillet 2013 sur les énergies renouvelables, le nucléaire et la transition énergétique ? Qui a lu le rapport du Commissariat général à la stratégie et à la prospective ( CGSP ) de janvier 2014 intitulé « La crise du système électrique européen » .
L’énergie est pourtant le fondement de toutes les civilisations modernes. Une meilleure connaissance des réalités et des enjeux énergétiques permettrait à chacun d’une part d’intervenir dans le débat public sur l’énergie pour ne plus se laisser abuser par des lobbies divers, fussent-ils « verts» et, d’autre part, de disposer d’arguments pour se faire entendre. Mais une question complexe est occultée et donc rarement traitée : les coûts et tarifs de l’électricité dont la production doit répondre en permanence au besoin variable. Aborder ce sujet implique de dire la vérité et donc de s’exposer à la vindicte de l’écologie politiquement correcte.
Le rapport de février 2011 analysait déjà le surcoût de l’électricité « renouvelable ». Il indiquait que « le caractère incontrôlé » du photovoltaïque avait entraîné un « effet d’aubaine » et des surcoûts. Il qualifiait la CSPE « d’imposition innommée » car frappant tous les consommateurs. Cet « impôt » aurait dû faire l’objet « d’un contrôle du Parlement, conformément au principe constitutionnel du consentement à l’impôt ». On peut donc légitimement se demander comment un lobby écologiste a pu créer un impôt par décret, sans vote et sans contrôle du Parlement.
Il faut rappeler que le prix de l’électricité en France est le plus bas d’Europe actuellement. On ne peut pourtant pas prétendre défendre la population modeste, les salariés, les défavorisés en situation de précarité énergétique et dilapider des sommes colossales au bénéfice de « mafias vertes » ou d’une idéologie politique délirante qui fera grimper le prix de l’électricité de 50% en 2020. En effet, le surcoût des énergies renouvelables chiffré dans le rapport de la Cour des Comptes publié le 26 juillet 2013 s’élève à 70,1 milliards d’€ (Md€) pour la période 2005 à 2020.
Rappel des faits
Le 18 juillet 2012, le Sénat publie un rapport annonçant l’augmentation du prix de l’électricité….estimée à 50% d’ici 2020. Cette assemblée pointe deux raisons à cette hausse : les investissements à réaliser sur le parc nucléaire après l’accident de Fukushima pour une petite part et…. le développement des énergies renouvelables subventionnées pour une grande part.
Le 26 novembre 2012, la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) déclare dans un communiqué que le surcoût des énergies renouvelables nécessite « de lever 5,1 Md€ en 2013 » auxquels il faut ajouter 2,1 Md€ de rattrapage de 2012, le gouvernement ayant limité l’augmentation du prix de l’électricité pour des raisons électorales. Le surcoût total est donc de 7,2 Md€ pour 2013 au titre de la CSPE (Contribution au Service public de l’Électricité). Pour des raisons politiques, le gouvernement choisit de limiter l’augmentation à 2,5%. 1er janvier 2013 : le gouvernement décide à nouveau d’augmenter le tarif de l’électricité de 2,5%. Début janvier 2013, le gouvernement décide d’attribuer 4,9 Md€ à EDF pour compenser le retard de l’augmentation nécessaire, mais refusée, de la CSPE. Cette somme est payée par tous les contribuables qui sont souvent aussi les consommateurs. Début juin 2013, la CRE demande une hausse de 9,6% du tarif de l’électricité, que le gouvernement a plafonné à 5% et fait appliquer … le 1er août. C’est plus discret pendant la période estivale. une augmentation de 5% est programmée pour août 2014 et une suivante aussi de 5% pour 2015, soit au total 18,65%. Nous sommes dans la droite ligne pour aboutir à l’augmentation chiffrée par la CRE, soit 30% d’ici 2017.
Un objectif injustifié
Sous la pression des lobbies de l’écologie politique, les gouvernements successifs (de droite comme de gauche) se sont engagés, depuis les années 2000, sur des objectifs de développement des énergies renouvelables. Ces engagements peuvent être justifiés dans les pays pollueurs produisant majoritairement leur électricité au charbon, au gaz et au fioul (Allemagne, Danemark, Pologne…).
En Allemagne, les médias totalement intoxiqués par l’écologie politique vantent quotidiennement les énergies renouvelables allemandes. Leur niveau est effectivement élevé…. mais la réalité est soigneusement masquée. Depuis l’arrêt (partiel) du nucléaire, 13 centrales au charbon on été construites, une vingtaine est en construction ou en projet. Le développement du gaz de schiste aux USA a fait baisser le cours du charbon. L’Allemagne a donc importé en plus 66 millions de tonnes de charbon des Etats-Unis en 2012. Rappelons que la production d’un kWh au lignite dégage 1100 g de CO2 dans l’atmosphère, 900 g pour la houille, 400 g pour le gaz et … 3 gramme pour le nucléaire et l’hydraulique. De plus, la production de chaque TWh (un milliard de kWh) avec du charbon projette dans l’atmosphère 300 kg d’Uranium, 500 kg de Thorium, ainsi que du mercure, de l’arsenic et de l’antimoine.
En France, la production électrique n’émet quasiment pas de CO2. Le développement de ces énergies renouvelables chères et intermittentes, tels que les éoliennes et le photovoltaïque, est injustifié. En témoigne l’étude réalisée (6 mars 2013) pour le « Forum Économique Mondial » : La France a le troisième meilleur système électrique au monde sur les 102 pays étudiés. Seules la Norvège à production presque totalement hydraulique (avec un peu de gaz) et la Suède (nucléaire et hydraulique) ont un meilleur palmarès. En France, la production (arrondie) d’électricité nucléaire est de 75%, l’hydraulique 10%, et les énergies fossiles (charbon, gaz, fioul) 10%. Les divers renouvelables (cogénération et biomasse 1,1%, l’éolien 3% et le photovoltaïque 0,8%) génèrent un surcoût abyssal auquel la Cour des Comptes consacre les 221 pages de son rapport de juillet 2013.
L’analyse de la Cour des Comptes
Malgré le coût exorbitant (dû essentiellement à la « bulle photovoltaïque » et à son caractère spéculatif) les objectifs d’électricité renouvelable ne sont pas atteints (p 34). Les décisions des gouvernements successifs sont caractérisées par l’absence d’une stratégie clairement identifiée sur l’organisation du système électrique du futur » (p 49). Le CIDD ( Crédit d’Impôt Développement Durable ) n’est pas contrôlé ( manque de moyens des services fiscaux ) et repose sur un « système déclaratif » (p 46). Les fraudes sont essentiellement constatées dans le photovoltaïque où la bulle spéculative et l’effet d’aubaine ont véritablement explosé. La Cour identifie trois modes de fraudes (p 70). Un quatrième système ne peut être qualifié de fraude car aucune loi n’a anticipé ni créé un système de contrôle. Il s’agit des prétendus bâtiments agricoles « surdimensionnés » par rapport aux besoins de l’exploitation. Les avocats fiscalistes de la FNSEA(Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) ont dû s’en donner à coeur joie. L’expertise est insuffisante, entraînant une mauvaise connaissance des coûts (par l’état) sur des sujets financièrement très lourds (p 63). Il n’y a pas de définition unique des emplois à décompter (p 64). Ce qui permet au lobby « écologiste » d’annoncer des chiffres fantaisistes d’emplois créés. Ainsi « la décision de développer une filière éolienne en mer ( offshore ) a été justifiée par des perspectives en terme d’exportations et de création d’emplois» ….mais « aucune évaluation économique approfondie» n’a été menée (p 65). Et cela va coûter 1,1 Md€ de surcoût/an pendant 20 ans, plus un Md€ pour les raccordements.
Conclusions
Le CGSP constate dans son rapport de janvier 2014 que « le paquet climat-énergie ne répond plus aux objectifs initiaux : ni la sécurité d’approvisionnement, ni la préservation de la compétitivité, ni enfin la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre (GES) ne sont assurées» . Il recommande de « considérer l’objectif de diminution des émissions de GES comme le principal, sinon l’unique objectif à l’horizon 2020 et de reconsidérer les politiques de soutien aux énergies renouvelables» .
La Cour des Comptes conclut et propose des « recommandations», en particulier un dispositif de contrôle efficace, notamment dans les filières solaires et biomasse et pose la question : « A qui faire supporter la CSPE ?» c’est à dire le surcoût de 40,5 Md€. Elle propose de réfléchir à « un élargissement de l’assiette de financement intégrant la consommation des énergies fossiles». Pauvre contribuable et consommateur. Ainsi, le surcoût faramineux de dizaines de milliards d’euros de la production d’électricité renouvelable ( hors hydraulique ) sera dilué dans tous nos achats d’énergies ( essence, gaz, fioul, électricité,… ). Il sera ainsi moins visible et cette gabegie scientifiquement organisée pour satisfaire un objectif idéologique « vert» et décroissant contribuera à appauvrir en douceur les Français de manière légale et « indolore» . Jusqu’à la révolte ?
Michel Gay dans MetaMag
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Le système de santé est dans le collimateur du Medef
Le Medef veut mener un nouveau combat : la rénovation du système de santé jugé peu efficient et dispendieux. Il propose une politique de contractualisation entre les différents acteurs et, surtout, de baisser les soins pris en charge par la "Sécu", grâce à une montée en puissance des complémentaires santé.

Décidément, le Medef est à l'offensive ! Après avoir attaqué le gouvernement sur le pacte de responsabilité, notamment la fiscalité pesant sur les entreprises et la « rigidité » du marché du travail, l'organisation patronale concentre maintenant son tir sur le système de santé, en particulier l'hôpital public.
Par la voix de Claude Tendil, président de sa commission « protection sociale », le Medef considère comme "urgent" de mener une réforme structurelle du système de santé, qui ne peut, selon lui, se satisfaire de la politique de "rabot" menée par le gouvernement. Pour ce faire, le Medef a décidé de lancer une campagne d'information sur le sujet. Il a des idées très arrêtées sur ce qu'il conviendrait de faire.
130 milliards de déficits accumulés en 30 ans
D'abord, l'organisation patronale sonne le tocsin. "Le système de santé français, qui était considéré comme un des meilleurs systèmes au monde, est en train de se dégrader" a déclaré Claude Tendil pour qui « l'assurance maladie a accumulé en 30 ans 130 milliards d'euros de déficits, auxquels vont s'ajouter cette année 6 nouveaux milliards".
Ensuite, le Medef fait miroiter de très grosses économies. "Nous, on pense qu'il y a assez d'argent dans le système de santé, et, s'il était mieux utilisé, non seulement on supprimerait le déficit de 6 milliards mais on dégagerait des ressources pour financer l'innovation, la recherche, le développement des industries de santé", a-t-il ajouté.
Le système hospitalier, assure Claude Tendil, peut être réformé "sans créer de traumatismes sociaux majeurs". Le Medef précise même qu'il y aurait possibilité de dégager entre « 10 et 20 milliards d'euros en 5 ans », notamment en rationalisant la gestion des hôpitaux publics, « responsables » de 37% des dépenses de santé. Pour l'organisation patronale, l'hôpital public est trop « administré » et pas assez « managé »
Toujours selon Claude Tendil, le Medef a la "légitimité" à s'exprimer sur la question, en tant que financeur à hauteur de "44%". "Les contributions au titre de l'assurance maladie représentent pour les entreprises une charge de 70 milliards d'euros par an".
Pour parvenir à cette "refondation" du système de santé, le maître-mot du Medef c'est « la contractualisation ». Il conviendrait de lier sur des engagement pluriannuels la Caisse nationale d'assurance maladie et les autre acteurs de la santé, publics bien sûr, mais aussi le secteur hospitalier privé et l'industrie du médicament sur des engagements pluriannuels.
Un ticket modérateur d'ordre public
L'organisation patronale plaide aussi pour une « offre de soins graduée » et une véritable « médecine de parcours ». Il souhaite également "davantage responsabiliser l'ensemble des acteurs du système de santé" : professionnels de santé, organismes gestionnaires et patients… via l'instauration d'un « ticket modérateur d'ordre public »par acte et/ou par parcours de soins qui ne serait remboursé ni par l'assurance maladie ni par les organismes complémentaires (3 milliards d'euros environ économisés par an).
Mais, surtout, le Medef propose de reconstruire l'organisation du système de santé sur trois piliers : assurance maladie, complémentaires santé et assurés, via des sur-complémentaires facultatives.
Les complémentaires santé devrait suppléer la "Sécu"
Le premier pilier comprendrait un "panier de soins", c'est-à-dire l'ensemble des produits de santé et des actes curatifs ou préventifs remboursés par la Sécu. Le Medef propose de "fortement le réduire" et de le "recentrer" sur les soins et services "essentiels", ce qui représenterait 10 milliards d'économie.
Le deuxième pilier serait un socle obligatoire pour les seuls salariés du privé au niveau d'un panier de soins supplémentaire (qui s'ajouterait au premier) défini par un accord national interprofessionnel (ANI). C'est sur ce deuxième pilier que les complémentaire santé seraient compétentes.
Le reste de la couverture santé, soit le troisième pilier, serait à la charge des assurés qui pourraient se tourner vers des "sur-complémentaires" s'ils le souhaitent.
Au total, selon le Medef, la mise en œuvre de ce scénario "se traduirait par une diminution des dépenses d'assurance maladie obligatoire de l'ordre de 15 à 20 milliards d'euros d'ici 2017". Surtout, pour le Medef, ce schéma aurait le mérite de conduire à une baisse des cotisations « maladie » (acquittées jusqu'à présent à hauteur de 12,80% par les entreprises et 0,75% par les salariés).
En revanche, pour les salariés, un tel système se traduirait mécaniquement par une revalorisation du coût des complémentaires santé (individuelles comme de groupe)...Jean-Christophe Chanut La Tribune :: lien
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UMP: La cuisine électorale est lancée! Interview impertinente d'Hervé Mariton!
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Les miraculeux emplois verts s’effondrent en Allemagne…
L’énergie renouvelable était censée créer des dizaines de milliers d’emplois verts. Pourtant, malgré des centaines de milliards d’euros de subventions, le nombre d’emplois diminue rapidement. Sept emplois sur dix ne resteront que si les subventions continuent d’affluer.
Les subventions des énergies renouvelables n’ont pas conduit à une augmentation significative et durable de l’emploi. Selon des chiffres récents du gouvernement allemand, le nombre brut d’emplois dans les énergies renouvelables est de 363.100 en 2013 et a diminué d’environ 7%. En comptant les salariés des organismes publics et des institutions académiques, les énergies renouvelables ont créé du travail à environ 370.000 personnes.
Cela signifie que seulement 0,86% environ des 42 millions de travailleurs en Allemagne sont employés dans le secteur fortement subventionné des énergies renouvelables. Une grande partie de ce travail est limité à la maintenance et à l’exploitation des installations existantes.
Le « miracle de l’emploi vert » s’éteint. Développement de l’emploi dans l’industrie de l’énergie renouvelable en Allemagne.
D’autres suppressions d’emplois attendues
Dans le cœur de l’industrie, pour la production des systèmes d’énergies renouvelables, seulement 230.800 personnes occupaient un emploi l’an dernier : une baisse de 13% dans l’année, principalement due à l’effondrement de l’industrie solaire allemande.
Il n’y a pas d’amélioration en vue, selon le rapport récent du gouvernement fédéral qui dit : « Dans l’ensemble, une nouvelle baisse des emplois sera probablement observée dans le secteur des énergies renouvelables dès l’année prochaine. »
La grande majorité des emplois de ce secteur est encore tributaire des subventions,15 ans après le début des subventions à l’énergie verte par le biais de la loi sur les énergies renouvelables (Erneuerbare-Energien-Gesetz, l’EEG).
Presque aucun emploi des énergies vertes n’est financièrement indépendant
Selon les chiffres officiels du gouvernement fédéral, 70% de l’emploi brut était dû aux énergies renouvelables (EEG) l’année dernière. Bien que ce soit une légère baisse par rapport à 2012, sept emplois sur dix dans le secteur de l’énergie-écologique sont encore subventionnés par la loi sur les énergies renouvelables (EEG).
Environ 137.800 personnes travaillent dans le secteur de l’éolien, seul secteur de l’éco-énergie, hors géothermie, qui ait augmenté l’emploi. Environ 56.000 salariés dans le secteur photovoltaïque dépendent du paiement par l’EEG.
Les investissements chutent de 20%
Les subventions à la production d’électricité verte ont été payées pendant près de 15 ans et totalisent une somme en centaines de milliards, qui doit être encore payée pendant plus de 20 ans par les factures des consommateurs d’électricité. Cette année seulement, les consommateurs doivent subventionner la production d’électricité verte à hauteur d’environ 20 milliards d’euros. Un effet durable sur le marché du travail n’a rien d’évident.
Le rapport « L’emploi brut dans les énergies renouvelables en Allemagne en 2013 », commandé par le ministère fédéral de l’économie et de l’énergie, a été rédigé conjointement par les instituts du DLR, DIW, STW, GWS et Prognos. Selon les chercheurs, la cause de la baisse de l’emploi est due à la baisse des investissements en énergie verte.
Les investissements dans les énergies renouvelables en Allemagne ont chuté de 20%, à 16,09 milliards d’euros l’année dernière. Par rapport à l’année précédente, environ la moitié seulement des panneaux solaires a été installée en Allemagne. Les investissements dans les usines de biomasse et dans le solaire thermique ont chuté également.
« Il ne reste rien du miracle de l’emploi »
Les chercheurs ne s’attendent pas à ce que la production de systèmes de haute qualité en énergie verte conduise encore à un boom de l’emploi en Allemagne. Pour cette année et la suivante, ils s’attendent plutôt à une nouvelle baisse de l’emploi. Par la suite, les secteurs de basse technologie tels que « l’entretien de fonctionnement » ainsi que la fourniture de combustibles de biomasse sont attendus pour « stabiliser l’emploi ».
« Il y a quelques années, le secteur des énergies renouvelables a été un miracle pour l’emploi en Allemagne, maintenant il ne reste rien de tout cela », a déclaré Oliver Krischer, le chef adjoint des Verts au Bundestag.
Ce politicien vert est sceptique sur les tentatives du gouvernement fédéral qui visent à réduire la dépendance de la subvention aux énergies vertes : « Les freins à l’expansion des énergies renouvelables par le gouvernement conservateur-libéral précédent frappent maintenant fortement le marché du travail », a déclaré Krischer: « À cause de la réforme des énergies renouvelables (EEG) en cours par les syndicats et le SPD, l’industrie jeune et innovante des énergies renouvelables va perdre davantage d’emplois. »
Au bout du compte, il ne reste aucun emploi
Le rapport du gouvernement fédéral estime explicitement que l’« emploi brut » est créé principalement par des subventions vertes. Les mêmes subventions, cependant, ont conduit à la hausse des coûts et des pertes d’emplois dans de nombreux autres domaines, comme l’industrie lourde et le commerce ainsi que chez les opérateurs de centrales conventionnelles. Pour une analyse nette, les emplois qui ont pu être empêchés ou détruits en conséquence devront être déduits du nombre brut des emplois verts.
Les chiffres officiels de l’effet net sur l’emploi des énergies renouvelables en Allemagne devaient être à l’origine présentés en juillet, selon le ministère de l’économie fédérale. Toutefois, la présentation a été retardée jusqu’à l’automne.
Des chercheurs comme le président de l’institut IFO de Munich, Hans-Werner Sinn, croient que l’effet net des subventions pour les énergies renouvelables sur le marché du travail est égal à zéro : « Celui qui prétend que des emplois nets ont été créés doit prouver que le capital investi pour la production d’énergie dans les nouveaux secteurs est plus faible que dans les anciens. Il n’y a aucune indication dans ce sens. » « Il n’y a pas d’effet positif net sur l’emploi par les énergies renouvelables (EEG) », a également déclaré Sinn. « Grâce à des subventions pour des technologies inefficaces, pas un seul nouvel emploi n’a été créé, mais la richesse a été détruite. »
Source : Die Welt 26 mai 2014 cliquez ici Traduction : Jean-Pierre Cousty pour Contrepoints.
Et pourtant chez nous, il y a trois semaines :
Après les 100.000 emplois promis dans les énergies renouvelables, Ségolène Royal précise que l’éolien en mer en génèrera 10.000.
La ministre du développement durable a annoncé ce 7 mai que GDF Suez et Areva avaient gagné l’appel d’offres sur l’éolien offshore. Elle promet 10.000 emplois dans cette « filière d’avenir ». cliquez ici
Question : Qui a dit « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » ?
Réponse : Henri Queuille qui a dit aussi : « La politique n’est pas l’art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent. »
Source Vu de France cliquez ici Daniel Wetzel, depuis l’Allemagne
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Le traité transatlantique TAFTA, un piège mortel pour l’Europe
Après un étrange et durable mutisme, la grande presse commence enfin à s'intéresser à l'accord en gestation pour un Grand Marché Transatlantique (GMT). Difficile d'ailleurs de continuer à se taire à quelques mois de la date théorique de conclusion d'un accord dramatiquement historique pour l'Europe puisque ce traité, quel que soit le nom dont on l'affuble, Trans-Atlantic Free Trade Agreement (TAFTA) ou Transatlantic Trade and Investment Partnership (l'HP), est un Accord de Partenariat Transatlantique (APT) dont l'entrée en vigueur est prévue pour 2015, étape supplémentaire et décisive dans la marche forcée au Nouvel Ordre Mondial dans laquelle nous voici entrainés bien malgré nous.
Il ne s'agit, ni plus ni moins que de soumettre les nations composant l'Union européenne et les États-Unis à une standardisation des normes et législations de nature à faciliter un libre-échangisme absolu sous peine de lourdes sanction financières pour les États contrevenants.
Normes tarifaires, sociales, sanitaires, environnementales, agricoles, liées à la sécurité alimentaire, aux médicaments, rien n'échappera au grand nivellement aligné sur le mieux-disant ultra-libéral et dans le strict intérêt financier des entreprises multinationales. L'hyper-classe joue gros puisque l'enjeu n'est rien moins que la formation d'un bloc euro-atlantique de 800 millions de consommateurs - parmi les plus riches de la planète - et, à terme, l'imposition des normes américaines à l'ensemble du monde.
D'ailleurs, l'opacité des négociations témoigne à elle seule du mauvais coup en préparation car, comme à chaque trahison des intérêts des peuples européens, la plus grande discrétion a prévalu jusqu'à ces dernières semaines. Un petit groupe de hauts fonctionnaires européens jamais élus par quiconque, sous la férule de Karel De Gucht, commissaire européen au commerce (accusé de fraude fiscale pour une opération financière menée avec son épouse et leur ayant rapporté 1,2 million d'euros), négocient en direct avec les représentants des plus grandes entreprises transnationales américaines et un certain nombre d'organisations au nombre desquelles le Dialogue économique transatlantique (Trans-Atlantic Business Dialogue, TABC), le Transatlantic Policy Network (TPN), le Transatlantic Business Concil (TBC) et l'Association européenne des patrons Business Europe à laquelle appartient le MEDEF. Ces négociations devraient durer jusqu'à fin 2014 et sans doute jouer les prolongations à mesure des divergences et aménagements du traité.
Cet accord lourd de menaces pour notre économie et nos emplois ne représente cependant rien de bien nouveau sous le soleil puisqu'un projet d'accord multilatéral sur l'investissement (AMI) avait été négocié secrètement entre 1995 et 1997 par les vingt-neuf membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le tumulte causé par la révélation du projet fit reculer ses instigateurs mais la résurgence du projet prouve bien que ses promoteurs ne désarmèrent jamais et poursuivent inlassablement la même finalité et les mêmes lubies depuis une vingtaine d'années. Le projet d'accord de partenariat transatlantique (APT) négocié en catimini depuis juillet 2013 par les États-Unis et l'Union européenne, n'a donc rien d'une nouveauté et se contente, ni plus ni moins, de reprendre l'essentiel de l'accord mort-né. Il envisage la soumission des législations, normes et politiques nationales aux seules règles du libre-échange, sans frein d'aucune sorte. Un demi-siècle après le « jouissons sans entrave » des soixante-huitards, voici donc le « commerçons sans entraves » de ses héritiers. Il s'agit en effet, pour faire simple, de l'ultime étape du libéralisme économique absolu entre deux blocs liés par un traité bilatéral qui, s'il venait à être entériné, sonnerait le glas du multilatéralisme auquel la France a toujours été attachée. Un accord dont le contenu reprend des règles fixées par les grands décideurs des entreprises multinationales au seul bénéfice desdites multinationales. C'est l'éviction formalisée du politique au profit des marchands.
Peu importe pour ses concepteurs la couleur politique des gouvernements élus ici ou là à la tête des nations européennes puisque, comme nous allons le voir leur pouvoir résiduel ne pourrait en aucun cas s'opposer aux mesures de libéralisation intégrale des échanges entre elles et les États-Unis. Qu'ils soient qualifiés de droite ou dits de gauche, du centre ou d'ailleurs et quel que soit le jeu des alternances de façade, aucun d'entre eux ne pourrait s'opposer à la loi économique des groupes industriels et bancaires multinationaux, ni légiférer la moindre mesure défavorable à leur business sans subir de lourdes pénalités financières.
Nos éminences verbeuses en seraient alors réduites, plus encore qu'aujourd'hui, ce qui n'est pas peu dire, à un pauvre jeu de rôle destiné à duper les derniers naïfs, espèce en voie (trop) progressive de disparition si l'on en juge à l'augmentation continue de l'abstentionnisme.
Des arguments fallacieux au service d’une manipulation de grande ampleur
Selon ses concepteurs, le traité transatlantique est supposé induire une harmonisation des normes en vigueur, supprimant ainsi les discordes commerciales et les diverses contraintes de type juridique, normatif ou politique et avancer tout au contraire vers une convergence des normes dont l'essentiel nous serait imposé par le moins disant, c'est-à-dire les États-Unis. Il s'agirait, selon eux, d'unir l'hémisphère occidental dans un cadre politique commun et d'aboutir ainsi à la formation d'un bloc euro-atlantique.
Comme chaque fois qu'il s'agit de dépouiller un peu plus les nations européennes de leur souveraineté et de les assujettir à des pactes et traités décidés sans elles, les technocrates à leur origine usent et abusent d'arguments fallacieux destinés à endormir nos concitoyens. Il s'agit toujours bien entendu de les frapper à leur point le plus sensible : le porte-monnaie.
Ainsi, sans apporter le moindre début de démonstration, les promoteurs de l'accord nous affirment qu'il rapporterait entre 86 et 119 milliards d'euros par an à l'économie européenne et de 65 à 90 milliards au États-Unis. Comment ? Par quels moyens ? Selon quels mécanismes ? Nous n'en saurons rien.
Plus étonnant encore, dans la série « demain on rase gratis », les revenus des ménages européens augmenteraient de 545 euros par an d'ici 15 ans (2027). On s'inclinera ici devant la précision horlogère, à l'euro près, d'éminents spécialistes n'ayant jamais anticipé la moindre crise économique et incapable de prévoir la conjoncture à un ou deux ans. Rien de neuf puisque déjà en 1988, l'OCDE promettait cinq millions d'emplois grâce à la mise en place du grand marché européen prévu pour 1992. On sait ce qu'il en est advenu et d'ailleurs aucun traité européen ou autre n'a jamais soutenu la croissance, ni maintenu l'emploi, bien au contraire...
De fins analystes évoquent également quelques dixièmes de point de PIB supplémentaires, à terme entre 0,27 et 0,48 % et même de 0,01 à 0,05 point par an dès les premières décennies. Et, comble du comble, les même bonimenteurs et là cela devient franchement hilarant, promettent un surcroît de richesse de trois centimes par jour et par habitant en 2029. Voir ces analystes, incapables de prédire l'inflation de l'année prochaine, ni la moindre déflation économique des trois années à venir, nous assurer avec autorité un enrichissement de nos concitoyens de trois centimes par jour dans quinze ans ne manque vraiment pas de sel.
Le règne de big brother
L’affaire Snowden a révélé l'ampleur de l'espionnage pratiqué par l'agence nationale de sécurité américaine (National Security Agency, NSA) sur l'ensemble du monde. La classe politique avait alors feint une indignation, assez molle d'ailleurs et peu crédible, faisant mine de découvrir ce que nul n'ignorait dans les milieux du renseignement. Si leur indignation était sincère, ils s'arcbouteraient aujourd'hui avec la dernière énergie contre la prétention des géants américains d'Internet d'imposer dans l'accord transatlantique une libre captation au profit des États-Unis des données numériques personnelles de centaines de millions d'Européens. À l'aune de cette volonté d'éradiquer les derniers remparts de la protection des données privées, les révélations effarantes de Snowden et ce que prévoit l'accord en matière d'échanges de données privées feront bientôt passer « Le meilleur des mondes » pour une bien innocente fable. Big Data, instrument de Big Brother, au service de l'Empire, permet aujourd'hui, techniquement parlant, la traçabilité absolue de l'ensemble des données et échanges numériques dans le monde. Si TAFTA venait à être signé, que vaudraient alors les actions de la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) dont les pitoyables moulinets ne serviraient sans doute même plus à donner le change. Leurs anodines déclarations lors de la révélation du piratage mondial mené par la NSA n'ont certes pas de quoi rassurer. Se contentant d'évoquer une « exigence de transparence au niveau des États » et une charte mondiale informatique et libertés, la commission n'a visiblement pas les moyens d'intimider les négociateurs du traité transatlantique...
Un recul sans précédent du système de protection sociale
L'accord transatlantique entend statutairement abaisser le niveau des normes et règles constituant autant d'entraves à la liberté absolue du commerces. Constitutionnelles, légales, réglementaires, chaque texte protecteur représente un obstacle à la boulimie des grands groupes industriels et leur soif de profits. Le contrat à durée indéterminée, le Code du travail, le SMIC, l'interdiction du travail le dimanche et l'ensemble du système de protection sociale français représentent, à des niveaux divers, autant de handicaps que les ploutocrates rêvent d'abolir au plus vite. Il suffit d'entendre les discours de leurs affidés pour s'en convaincre. Les déclarations d'un Pascal Lamy, par exemple, ancien directeur de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) valent, à ce titre, beaucoup plus instructives que de longs discours.
Selon le troublant José-Manuel Barroso, le controversé président de la Commission européenne, « 80 % des gains économiques attendus de l'accord viendraient de la réduction du fardeau réglementaire et de la bureaucratie ». Va pour la bureaucratie mais la remise en cause du « fardeau réglementaire » devrait inquiéter au plus haut point l'ensemble de nos concitoyens et tout particulièrement les acteurs du dialogue social. Il apparaît clairement que les négociations devraient aboutir à une harmonisation progressive des réglementations, des règles et des normes vers le moins-disant américain. Cette orientation régressive explique évidemment les récentes reculades du modèle social français. De l'Accord national interprofessionnel (ANI) à la remise en cause récurrente du salaire minimum (SMIC), le dénigrement permanent du droit du travail français, la remise en cause du repos le dimanche et tant d'autres reculs dans le domaine du dialogue social, de son financement et de ses prérogatives, l'ensemble des modifications dans ce domaine procèdent de la régression et de l'abaissement, conformément à des directives dont la classe politique se garde bien de révéler l'origine. La passivité inquiétante de nos contemporains connaitra-t-elle des limites avant le parachèvement du grand dépouillement ?
Un abaissement généralisé des normes
La négociation en secret d'un traité de libre-échange avec les États-Unis réduisant drastiquement le pouvoir des gouvernements européens au profit des multinationales aura pour conséquence immédiate l'abaissement des barrières non tarifaires (BNT) qu'il s'agisse des normes écologiques et sanitaires européennes en vigueur. Cette dérégulation engendrera immédiatement l'arrivée massive sur le marché européen des tous les pires produits à bas coût de l'agro-business américain. Ce sera l'invasion dans nos étals par le bœuf aux hormones, les carcasses de viande aspergées à l'acide lactique dont l'excès dans l'organisme provoque une altération métabolique irréversible du système nerveux central. Puis ce seront les volailles lavées à la chlorine (eau de Javel), méthode interdite en Europe depuis 1997 mais que tente de nous imposer Bruxelles pour complaire à ses interlocuteurs nord-américains. En France, le choix a toujours été fait d'assurer plutôt un contrôle strict tout au long de la chaîne d'élevage et de production plutôt que de pratiquer cette désinfection agressive et toxique mais moins coûteuse au stade final de la production. Le consommateur européen se verra aussi imposer, sous peine de sanctions financières, le porc à la ractopamine, substance interdite dans 160 pays dont la Chine, la Russie et l'ensemble des pays européens.
En ce qui concerne les barrières tarifaires, les négociateurs du projet d'accord se gardent bien d'évoquer les conséquences de la suppression des droits de douane, notamment sur l'agriculture française. Si l'on tient compte d'un euro surévalué d'environ 15 % par rapport au dollar, il s'ensuivra, mécaniquement, une chute des exportations, un effondrement de la rémunération des agriculteurs et l'industrialisation accélérée de l'agriculture française et européenne. Sans parler de l'arrivée massive en Europe du soja et du blé américains. Pour le reste de l'activité, ce sont d'ailleurs la plupart des productions européennes qui, par instinct de survie, se verront contraintes à la délocalisation.
Demain, si par malheur l'accord de partenariat transatlantique venait à être ratifié, ses clauses permettraient aux entreprises multinationales et même à n'importe quelle société privée de traîner devant un tribunal d'exception les États ou collectivités territoriales dont la législation évoluerait dans un sens jugé défavorable à leurs intérêts ou limitant leurs bénéfices. Comble de l'arbitraire, les différends seraient arbitrés de façon tout à fait discrétionnaire par des juges et experts choisis en dehors de toute juridiction publique nationale ou régionale. Les jugements rendus, condamnant les États contrevenants à des dizaines, voire des centaines de millions de dommages et intérêts, ne pourraient donner lieu à aucun appel. La haute finance débridée, libérée de toute contrainte, pourrait ainsi achever de mettre à genoux les nations pour le profit que quelques dizaines d'entreprises multinationales.
Les collabos de tafta
Un projet d'une telle ampleur bénéficie forcément de soutiens puissants, lovés au plus haut niveau du système politique, médiatique, économique et bancaire sans lequel il ne pourrait imposer son implacable dictature aux gouvernements et peuples européens. Ces soutiens bénéficient de réseaux et de zélés propagandistes dont les boniments se veulent rassurants. Ainsi, le quotidien La Tribune titrait le 28 avril 2014 « Le plus gros risque serait de ne pas conclure ». Que pouvait-on attendre d'autre de ce journal économique successivement passé des mains d'Alain Weill au groupe LVMH, champion mondial incontesté du produit de luxe ? La Tribune demeure la gazette préférée des thuriféraires du capitalisme le plus débridé et ne manque jamais une occasion de prêcher à temps et contretemps un ultra-libéralisme favorable aux grands intérêts. La même feuille récidivait le 21 mai dernier en titrant « Les Français approuvent le partenariat transatlantique... sur le principe », laissant ainsi entendre qu'il ne subsiste que quelques réserves de pure forme.
Outre-Manche, le Premier ministre britannique David Cameron affirmait, sans d'ailleurs rien justifier, ni démontrer, que TAFTA permettrait de créer deux millions d'emplois aux États-Unis et dans l'Union européenne. Même si cela ne semble pas en rapport direct avec le sujet, il reste quand même permis de douter de la sagacité et de la clairvoyance du chef de gouvernement d'une nation dont la capitale est à ce point submergée qu'elle ne compte plus qu'environ 40 % de Britanniques de souche. Quel crédit peut-on accorder à des oracles de cet acabit ? Inutile de préciser, mais précisons-le quand même, qu'Angela Merkel, ultra-libérale et chantre de la régression sociale, applaudit des deux mains et s'avoue très favorable au traité. Quant à notre pauvre président, François Hollande, lui qui n'avait jamais pris la peine d'évoquer le sujet du traité en dépit de ses promesses pré-électorales de transparence, ni même de sourciller lors de la réintégration de la France dans l'Otan, il en appelle tout simplement à l'accélération du processus de validation du traité. Le 11 février 2014, surpassant ainsi les eurolâtres les plus béats et les mondialistes patentés, il déclarait, lors de sa visite à Washington que « Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu'il y aura une accumulation des peurs, des menaces, des crispations ».
Après les révélations de Snowden sur le flocage mondial mené par la NSA, un président normal et surtout normalement courageux eut dû mettre immédiatement un terme à tout échange sur le sujet et claquer dignement la porte au nez des margoulins yankees.
L’avant-dernière étape avant l’instauration du nouvel ordre mondial ?
Après la signature des différents traités transnationaux dont celui d'Europe-Canada, le traité transatlantique, s'il venait à être validé, entraînerait à terme l'unification législative, normative et commerciale de nations représentant 40 % du PIB mondial, ce qui constituerait une ligne de fracture divisant le monde en deux gigantesques blocs. L'addition du périmètre de l'accord transatlantique avec celui de l'accord trans-Pacifique représenterait alors 70 % du commerce mondial. À ce niveau de concentration, qui pourrait à moyen terme renâcler à l'annonce de l'adoption du dollar comme monnaie unique, éventuellement précédée d'une monnaie "transatlantique" provisoire ? Les États-Unis, surendettés au-delà du raisonnable et en perte de vitesse économique, en butte à, l'agressivité concurrentielle du bloc asiatique et notamment de la Chine, jouent le tout pour le tout dans cet accord transatlantique destiné à dépecer l'Europe pour, croient-ils, sauver ce qui peut l'être de leur suprématie. Le messianisme fou de certains gambade déjà dans l'après-TAFTA, lorsque s'imbriqueront entre eux les accords signé entre les USA et l'Amérique du Sud, l'accord avec le Canada, l'accord trans-Pacifique, celui de l'Union africaine et quelques autres. L'avènement de la gouvernance mondiale et le culte du Veau d'or ne seront alors plus bien éloignés et les peuples asservis n'auront plus alors qu'un seul maître, impitoyable et planétaire : l'argent.
Arnaud RAFFARD de BRIENNE Rivarol du 30 mai 2014

