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économie et finance - Page 852

  • L’emprise grandissante des sociétés zombies

    L’Europe est en pleine révolution des “entreprises zombies” : des centaines de milliers de sociétés obligées de mettre la clé sous la porte sous la pression de dettes colossales redeviennent solvables grâce “aux aides gouvernementales, à une politique monétaire très complaisante et souvent, grâce à la réticence des prêteurs à revoir des créances douteuses à la baisse en temps de crise”, déplore le Financial Times.

    Le quotidien économique cite un consultant qui rappelle que

    “le principe fondamental du capitalisme, qui veut que les entreprises qui ne sont pas viables disparaissent pour laisser la place à de nouvelles et à de meilleures, est en train d’être réécrit.”

    Une entreprise britannique sur 10 a juste les moyens de rembourser les intérêts de ses emprunts plutôt que la somme empruntée. Le quotidien ajoute que dans certaines parties d’Europe, le problème est plus grave.

    En 2011, les entreprises les moins solvables se trouvaient en Grèce, en Espagne et en Italie, trois pays dont les économies sont particulièrement touchées. Moins de 30 entreprises sur 10 000 ont fait faillite dans ces pays – alors que près d’un groupe sur trois est déficitaire.

    Les sociétés zombies sont rendues responsables de la faiblesse de la reprise en Europe, faisant craindre une répétition de ce qui s’est passé au Japon quand les faibles taux d’intérêt, une politique gouvernementale assez permissive et la résistance des grandes banques à exclure des entreprises insolvables ont entraîné des décennies de croissance faible. Le Financial Times insiste :

    Aux Etats-Unis, où la philosophie de la “destruction créative” a plus d’influence, il y a eu une augmentation significative des dépôts de bilan depuis le début de la crise.

    Mais c’est loin d’être le cas en Europe, où les gouvernements sont plus soucieux de protéger les emplois que de favoriser la compétitivité.

    Le quotidien londonien cite un spécialiste de la dette qui compare

    l’Europe à une forêt dont le sol serait encombré de graines, étouffée par les engrais et maigre en jeunes pousses qui pourraient devenir des arbres. Ce dont l’Europe a besoin est d’un incendie pour éclaircir son sous-bois.

    presseurop.eu  http://fortune.fdesouche.com

  • Une piste contre le chômage.

    A l’heure où le chômage ne cesse de grandir dans notre société, confirmant les pires prédictions de ceux qui mettent en garde depuis longtemps (et j’en suis, avec mes amis royalistes !) contre une mondialisation qui ne cherche que le profit de quelques uns et non l’intérêt de tous, il est utile de réfléchir à toutes les pistes possibles pour endiguer la montée de cette marée de licenciements et, surtout, contribuer à la création d’emplois nouveaux ou à la réactivation d’activités anciennes susceptibles de ranimer l’activité économique dans nos territoires aujourd’hui en « dormition ».

    A cet égard, rappelons que l'un des grands viviers d'emplois en France peut se trouver dans un aménagement intelligent du territoire, par une sorte de ruralisation équilibrée des populations qui ne trouvent plus leur place dans les banlieues ou les centres-villes financièrement inaccessibles aux moins aisés : deux familles (quatre adultes et plus de quatre enfants, par exemple) de plus dans une petite commune de Bretagne centrale ou de Basse-Normandie, cela équivaut souvent au maintien d'une classe, voire d'une école ; cela peut permettre de maintenir ou de créer un café, une épicerie, etc. Imaginez si, au lieu de deux familles par commune sur un an, il y en avait cinq, six ou plus... 

    Voilà une piste à creuser, mais la république centraliste peut-elle le faire, perdue qu’elle est dans ses propres contradictions ? J'en doute ! Une monarchie fédérale des provinces et communes de France, avec un Etat central fort et des communautés démocratiques vivantes et actives, a plus de cartes dans son jeu pour mener cette politique...

    http://jpchauvin.typepad.fr/

  • L'État proxo

    Vendredi, jour du poisson et des morues. L'intérêt que portent les nouveaux maîtres du pays à nous peser fiscalement sous toutes les coutures a quelque analogie avec l'orgueil du propriétaire, courant les champs de coton monté sur son grand cheval noir, à mesurer l'ampleur du présage. Une classe politique que nous avons créée nous a mis en culture. La force avec laquelle elle défend ses positions retranchées des réalités qu'elle compte pérenniser en tirant le sang des pierres, s'apparente à du proxénétisme. La remise en perspective de la loi des 75% en est la preuve. On prend souvent la facilité de dire qu'au-delà de cinquante pour cent d'impôt sur le revenu des ménages, on entre dans un régime de type communiste. La soviétisation avérée de la République française depuis la Libération l'autorise. Le prédécesseur de François Normal, qui penchait plutôt pour les néo-cons, s'en était ému au point de limiter les contributions directes de chacun à la moitié de ses revenus. Le chiffre se calculant après clôture de l'année fiscale, il arrivait que certains contribuables se voient rembourser un trop-perçu, ce qui enrageait tous ceux qui ne heurtaient pas le dit-bouclier, se gardant bien d'expliquer aux "pauvres" que le "riche contribuable" avait quand même donné la moitié de ce qu'il avait gagné. Qui se souvient que l'impôt sur le revenu fut décrété en 1914 pour améliorer les finances d'un Etat qui faisait face à l'accumulation des périls mais que sa progressivité fut contestée alors au motif qu'elle risquait de rétablir au bas de l'échelle sociale les privilèges supprimés en haut lors de la réforme fiscale de la Révolution (Marcel Marion¹). Nous y sommes en plein. Comme le disait JC Maitrot, « le contribuable veut que l'État lui épargne des charges financières trop lourdes, mais de manière paradoxale, le citoyen (qui est aussi contribuable) entend voir accroître les prestations dont il pourra bénéficier, prestations fournies par les personnes publiques et financées par l'impôt ». Tant que le citoyen reste contribuable direct, ce paradoxe demeure un frein à la pression fiscale de l'Assemblée nationale. Quand il ne l'est plus - et la moitié des ménages ne contribue pas à l'IRPP - la population en jachère met en coupe réglée la population en culture par la simple règle démocratique, un homme, une voix.

    Les perspectives financières de l'année commencée sont mauvaises d'où qu'on les tire. Les anticipations du gouvernement qui ont servi à établir le taux de prédation de l'Etat pour l'exercice budgétaire sont fausses, et les rentrées fiscales insuffisantes à dépenses constantes. S'ajoute à ce constat comptable, le drainage nié des contribuables les plus riches vers l'étranger et celui, moins effectif en termes de rôle, des jeunes entrepreneurs qui partent abriter leurs espérances sous des cieux accueillants. Fureur des proxénètes qui voient le trottoir s'éclaircir. Faudra-t-il se résoudre à terminer les subventions, les fromages, les niches, les privilèges et exonérations, et tout ce qui s'apparente à du vol légal ? On prend au travail les disponibilités nécessaires à l'entretien des oisifs et des assistés qui représentent un capital électoral considérable qu'il est avisé de transformer en clientèle. Ce capital ne diminue pas - on pensait même l'accroître par le vote étranger - et le disponible rétrécit en conséquence d'une politique hostile à la valeur ajoutée. Alors que faire ? Fermer les frontières ? Lancer la police fiscale dans les présumés paradis fiscaux pour y débusquer les émigrés ? Saisir leurs biens et les vendre à l'encan comme biens nationaux ? Ce serait loger la classe politique en châteaux comme les métayers de l'Ancien régime. Déchoir les absents de leur nationalité française ? Idiot, c'est impossible, même pour la pourriture carcérale. Reste à séquestrer l'épargne résidente. Nul n'y songe ? Alors qu'on entend régulièrement tel haut-fonctionnaire, tel ministre mettre en face de la Dette la masse épargnée par les ménages ?

    On pense aussi taxer à l'américaine toute l'assiette fiscale où qu'elle se trouve au taux national, sous déduction des contributions versées à résidence selon convention bilatérale ad hoc. Pour éviter la capitation universelle des ressortissants français, il serait avisé au-delà d'un certain niveau de réussite de laisser tomber sa nationalité française ou d'en prendre une seconde. Certains l'ont fait avant Gérard Depardieu, l'idée est en chemin dans le milieu expatrié et la défaisance serait générale si une telle mesure de rétorsion passait au Palais Bourbon. Bon vent et réciproquement, la patrie s'emporte dans son coeur ; outre le fait que ses contours peuvent ne pas coïncider avec les limites de l'Etat qui l'exploite, il n'est pas besoin d'un passeport pour s'en assurer. Quand donc les hommes politiques s'exileront-ils à leur tour, laissant derrière eux leurs prébendes et l'appel à l'impôt qui les finance ? On pourrait peut-être s'en occuper ! Aux Kerguelen toujours ! L'État-nation n'a plus grand avenir quand il dévore son peuple. Toute l'histoire nous le montre.
    http://royalartillerie.blogspot.fr/
    (1) «La progressivité épargne des millions de citoyens pour en accabler quelques milliers». Cette progressivité risquait de rétablir au bas de l'échelle sociale les privilèges supprimés en haut et de rompre alors avec l'esprit révolutionnaire de 1789 (l'article excellent et complet sur l'impôt de 1914 ici).

  • Le désert rural a bien été planifié par les Chambres d'Agriculture

    L'intervention, au dernier congrès de la Coordination Rurale, de François Lucas, son ancien président et aujourd'hui son vice-président, mérite une attention particulière. Il présenta en effet l'essentiel d'un rapport commandé par le ministère du Plan en 1988, peu diffusé par ses auteurs, et que des manifestants de la Coordination découvrirent lors d'une occupation un peu musclée des locaux de l'APC A, en septembre 1992. Pour Lucas s'y trouve développé en fait « le volet agricole du Xe Plan 1989/1992 » avec les lignes de force de ce qui deviendra la sinistre Politique Agricole Commune. Dans un premier temps le rapport fut transmis par le gouvernement français au Commissaire européen à l'Agriculture, Ray Me Sharry, lequel l'imposa aux autres pays européens pour en faire la PAC 1992. « Ses auteurs, explique-t-il, sont un agglomérat de hauts fonctionnaires de l'Agriculture et de très hauts dignitaires du syndicalisme agricole et de ses épiceries : Mutualité, Crédit Agricole, ANIA (Association nationale des Industries Alimentaires) etc. », avec en maître d'œuvre l'APC A, organe directeur des Chambres d'Agriculture, et son président d'alors, Louis Perrin. « Parmi ces personnalités, déguisées en agriculteurs, on trouve : Luc Guyau, ancien président de la FNSEA puis de l'APC A, actuel directeur du conseil de la FAO. Philippe Mangin, président du syndicat mastodonte qui représente les coopératives agricoles de France. Henri Jouve, président d'une des principales MSA, celle d'ArdècheIDrôme/Loire. Etc. »
    Ce rapport, « privilégiant par-dessus tout le choix d'une agriculture orientée vers le marché », aboutit le 23 décembre 1988 sur le bureau du ministre au Plan Lionel Stoléru, ancien président de la Chambre de Commerce France/Israël. On doit déjà à cet apparatchik UDF de triste mémoire les lois qui ouvrirent la France au déferlement migratoire, lorsque, entre 1978 et 1981 il était en charge du ministère des Travailleurs manuels et immigrés dans le gouvernement Barre 3.
    Ces lignes de force expliquent évidemment l'effondrement - planifié - d'une agriculture qui jusqu'à ce que l'Europe apparaisse avait été florissante.
    Parmi les plus décisives, celle qui consista à faire de « l'agrandissement des propriétés nécessaires à la compétitivité une nécessité », fut sans doute la plus nocive. Vingt-cinq ans plus tard et un millions de paysans en moins, elle est toujours d'actualité.
    Affirmant que les 2 ou 3 principaux pays producteurs suffiraient, à l'horizon 2000, pour nourrir l'ensemble de la population européenne, les auteurs du rapport, rappelons le, placés sous la tutelle des Chambres d'Agriculture, brandirent la menace d'une surproduction impliquant la nécessité structurelle d'exporter ainsi que celle de satisfaire les Industries Agro-Alimentaires (IAA) au risque que celles-ci n'aillent s'approvisionner ailleurs. On voit donc clairement esquissé le schéma global qui, un quart de siècle plus tard, a délibérément enchaîné les agriculteurs résiduels aux géants multinationaux et à la mondialisation agro-alimentaire placée sous le signe des exportations généralisées.
    La chose est d'autant plus scandaleuse, et François Lucas le fait très justement observer, que « la soi-disant surproduction européenne n'est qu'un excédent d'importations. L'Europe des Douze de cette époque-là manque de 7 millions d'hectares pour pouvoir être auto-suffisante ».
    D'où cette affirmation figurant dans le Rapport en page 53, à la fois aberrante et
    criminelle, surtout avec le recul des 25 dernières années : « L'Uruguay Round - qui précéda la dévastatrice OMC -,est à la fois une chance à saisir et un défi à relever si on veut mettre fin aux déséquilibres des marchés, abandonner une guerre commerciale stérile et asseoir l'avenir de l'agriculture sur des bases solides ». Bien entendu ces trois affirmations sont parfaitement oiseuses et ne sont que le résultat de la détestable politique mondialiste poursuivie depuis des décennies par les Eurocrates. Ce que souligne Lucas dans un commentaire judicieux : « Il faut se souvenir que, le 20 septembre 1986, François Guillaume, ministre de l'Agriculture et ex-président de la FNSEA a signé les Accords de Punta del Este qui lancent cet Uruguay Round responsable de tous nos maux ». On ajoutera ici que Guillaume, tiers-Mondiste et mondialiste actif, fut pendant 14 ans député gaulliste et haut responsable RPR, parti auquel il avait rigoureusement inféodé la FNSEA. Mais lui n'hésita pas, lorsque, à l'occasion des législatives de 1997, il fut très menacé sur sa gauche, à se rapprocher du Front National.
    François Lucas ne manque jamais une occasion de proclamer bien fort qu'il n'a pas les mêmes valeurs que le Front National. Espère-t-il rallier ainsi les suffrages, dont il a grandement besoin, d'électeurs qui pensent très exactement le contraire de ce qu'il dit ?
    Et c'est bien dommage parce qu'une partie de son discours ne peut que ravir la majorité des paysans. Surtout lorsqu'il martèle que « le credo des auteurs de ce rapport, c'est celui d'une agriculture compétitive qui ne retrouvera une raison d'exister que lorsqu'elle saura produire que le moins cher. En embrassant le mythe de la vocation exportatrice de l'agriculture européenne, ils ont empoisonné notre métier ». Nous ne pourrions mieux dire.
    P. A. Rivarol du 11 janvier 2013

  • La CGT bloque encore toute réforme en France

    Ce 10 janvier à Paris, dans une large indifférence de la population, une délégation de la CGT organisait ce qu'elle appelle un rassemblement régional devant le siège du Medef. Les permanents de la vieille centrale stalinienne apparaissaient flanqués de ceux de la FSU Fédération syndicale unitaire de l'Éducation nationale et de Force ouvrière. Bernard Thibault en fin de mandat participait comme vedette américaine à ce non-événement.

    En cette occasion, annonçait courtoisement l'Humanité : "une initiative sonore et originale sera organisée sous les fenêtres du Medef sur le thème : Le Medef veut casser le code du travail ; les salariés vont lui casser les oreilles." (1)⇓

    Ces mouvements syndicaux regroupent essentiellement des fonctionnaires et des personnels à statuts, mais ils prétendent lutter contre la précarité. Cela peut paraître d'autant plus curieux que les contrats de courte durée représentent une très faible partie des effectifs salariés du pays, et que les syndicats ne s'en préoccupent guère.

    Or, le but de la manœuvre d'intimidation ne contient aucune part de mystère. Dans les dernières 48 heures d'une négociation sur les contrats à durée déterminée, que la gauche voudrait taxer, il s'agit non seulement d'empêcher toute évolution vers ce qu'on appelle la flexisécurité mais d'enrayer tout processus de réformes dans l'économie française.

    Déjà le 13 décembre, la CGT avait annoncé (2)⇓ qu'elle tendrait à bloquer tout accord, à empêcher que le Medef signe un texte avec 2 ou 3 syndicats plus responsables. Ceci toujours au nom de la défense des précaires.

    Or, sur ce sujet la plupart des commentateurs agréés, les un en clair-obscur, les autres en demi-teinte, enrichissent la longue histoire de la langue de bois.

    Les commentaires des journalistes autour de la phase actuelle de ces négociations sur le marché du travail nous contraignent donc aujourd'hui à rappeler certaines évidences. Tant pis si cela amène à enfoncer ce que l'on peut tenir pour des portes ouvertes.

    Aucune réforme ne sera possible avec la CGT pour des raisons essentiellement historiques : on se refuse à remettre en cause un certain héritage étatiste.

    On le fait remonter aux déclarations du 1er octobre 1944 par De Gaulle à Lille : "la collectivité c'est-à-dire l'État doit prendre la direction des grandes sources de la richesse commune". Très rapidement une première vague s'abattait sur le pays. Le 15 novembre 1944 le gouvernement procédait à la confiscation des usines Renault. Le 13 décembre étaient publiées les ordonnances nationalisant les Houillères du Nord et du Pas-de-Calais.

    L'institution de la IVe république allait aggraver et accélérer le processus. Le 13 novembre 1945 De Gaulle avait été élu président du gouvernement provisoire à l'unanimité des 555 députés ; 10 jours plus tard, il annonçait la nationalisation prochaine du crédit et de l'électricité. Son équipe comprend alors 22 ministres dont 5 communistes.

    Or, le 18 janvier 1946, un projet de loi n° 300 relatif au "monopole et à la nationalisation de l'électricité et du gaz" était présenté à l'Assemblée constituante par Marcel Paul. Ministre de la production industrielle ce militant communiste agissait "au nom de Monsieur [sic] Charles De Gaulle président du gouvernement provisoire". Mais deux jours plus tard, le 20 janvier, le général démissionnait.

    Après son départ, il ne faudra pas moins de 15 projets successifs pour que la loi de nationalisation de l'électricité et du gaz soit votée le 28 mars ; elle sera publiée au JO des 8-9 avril.

    Il se trouve que la principale bataille fut livrée par les communistes et par la CGT dont ils venaient de prendre le contrôle. Ils parviendront alors à transformer cette "direction par la collectivité c'est-à-dire par l'État" (De Gaulle dixit) en vaste centre de privilèges syndicaux. Et c'est seulement le 22 juin que sera publié au Journal Officiel le décret portant sur le "statut national du personnel des industries électrique et gazière".

    Marcel Paul imposera la marque du parti communiste et de la CGT : c'est la sanctuarisation de privilèges professionnels que l'on retrouve à la SNCF et chez les fonctionnaires. Le statut de ces derniers remonte à Maurice Thorez, secrétaire général du parti communiste et ministre de la Fonction publique en 1946.

    Or, aucun des statuts, pas plus que le statut du fermage datant de la même année, n'a jamais été remis en cause.

    La fatigue de plus en plus visible de l'équipe gouvernementale amène beaucoup de Français lucides à s'interroger. Rassemblée depuis mai-juin 2012 autour de Jean-Marc Ayrault la formule peut-elle durer ? On se demande dès lors ce que pourra être l'étape prochaine de la présidence Hollande. Et d'imaginer, au sein de la gauche, une franche rupture avec le parti communiste, une ouverture aux "centristes", un "tournant social démocrate" etc.

    Tout cela supposerait beaucoup de remises en cause et de changements. Difficile de croire que ceci se passera sans une grave mutation et sans une pression dramatique résultant de la dégradation de la situation économique. Le "capitaine de pédalo" s'en montrera-t-il capable ?

    JG Malliarakis http://www.insolent.fr/

    Apostilles

    1. cf. "L'Humanité" du 8 janvier.
    2. cf. AFP du 13 décembre 2012 à 15 h 38. La délégation CGT était ce jour-là conduite par le successeur de Thibault, le camarade Le Paon.
  • Économie les défaillances en chaîne

    Tout modèle ne vaut que ce que valent ses hypothèses, Ce principe épistémologique s'applique donc naturellement aux modèles économiques et financiers.
    L'hypothèse économique fondamentale sur laquelle a reposé toute la belle mécanique financière est simple, et peut-être naïve: la progression constante des prix de l'immobilier. La seule raison pour laquelle des crédits ont été accordés à des ménages à faibles revenus, c'est la possibilité de rembourser le prêt en cas de défaillance en revendant le logement acquis grâce au prêt. Comme leur valeur ne cesse de s'apprécier, la défaillance des emprunteurs fi' est pas "réellement" un problème. Les techniques de vente agressives du crédit immobilier à des ménages à faibles revenus prévoyaient des taux variables. A la grande époque du crédit immobilier américain (2004-2006), les taux sont faibles et il n'existe pas de raison qui permette de penser que ces taux (indexés sur le bon fonctionnement de l'économie américaine) remonteront brutalement. C'est la raison pour laquelle les produits contenant des crédits immobiliers sont bien notés par les agences de notation.
    Le coup du ciseau
    Les deux supports du modèle "subprime" ont évolué dans un sens contraire : pour lutter contre l'inflation, la banque centrale américaine a remonté ses taux directeurs (renchérissant le coût du crédit) et le marché immobilier américain a baissé (faisant chuter la valeur des logements nouvellement acquis) : la crise se révèle en juin 2007.
    A partir de ce moment, la crise est imparable. Les ménages endettés sont insolvables. Les banques font jouer des garanties portant sur des logements dont la valeur est largement inférieure au montant des prêt accordés. Les acheteurs des fameux produits structurés ne reçoivent plus leur paiement. Apparaissant à leur bilan pour une valeur qui n'est plus la leur, ils sont obligés de les déprécier : ils font apparaître une charge comptable, les provisions, qui signale qu'il y a une forte probabilité qu'ils perdent, contre leurs espérances, l'argent qu'ils avaient investi dans ces produits. Comme un investissement en finance ne vaut que ce qu'il rapporte (dans le cas de ces produits) plus rien ou presque, leur valeur, celle des acheteurs et des banques eux-mêmes (qui sont, pour leurs actionnaires et leurs prêteurs, des investissements comme les autres) chute brutalement.
    Les banques du monde entier, qui entretiennent des relations croisées en permanence (puisqu'elles se prêtent et s'échangent entre elles des liquidités, et cela de manière ininterrompue), rompent instantanément leurs opérations, contribuant ainsi à l'effondrement général du système et du prix des instruments financiers. L'argent ne circule plus, c'est une crise de liquidité.
    La panique bancaire et la crise de liquidité
    Un vent de panique s'empare des places financières : leurs acteurs se sont échangé pendant 5 ou 6 ans des produits qu'ils ont eux mêmes retransformés et revendus à leurs propres clients et il s'avérerait que ces produits ne valent plus rien, alors même qu'on ne les a pas prévenus du risque ?
    La transmission à l'économie réelle
    Une des conditions nécessaires à l'établissement d'une relation entre un emprunteur et un investisseur, c'est la confiance. Quand cette confiance est perdue, le marché est gelé et les éventuels investisseurs désertent. Il faut alors restaurer la confiance et c'est le rôle que les Etats vont s'efforcer de jouer dans les prochains mois.
    Les répercussions de la crise de la sphère financière sont liées à ce climat de confiance.
    En effet, les cours des entreprises cotées intègrent des informations sur les perspectives économiques réelles de ces entreprises. Par le jeu des achats et des ventes de titres, les investisseurs traduisent leur optimisme ou, au contraire, leurs inquiétudes sur le futur. La chute des cours est donc déjà un indicateur (et non pas une cause) de mauvaises perspectives économiques et se répercute sur le moral des entreprises.
    Sur l'économie « réelle », l'assèchement des liquidités et le durcissement des conditions d'octroi des financements (par dette ou fonds propres) influencent directement les capacités d'investissement des grandes entreprises qui ont accès aux marchés financiers. Or l'on sait que l'investissement conditionne la croissance des revenus, et donc celle des salaires des ménages. Mais le tissu des petites et moyennes entreprises est également frappé par les remous de la sphère financière et cela, de deux façons : d'une part, les PME n'ayant pas accès aux marchés financiers (99 % d'entre elles) financent une partie de leurs investissements en ayant recours à l'endettement bancaire. Sans intervention efficace des autorités publiques, les banques ne joueront plus ce rôle de soutien à l'investissement, qui est habituellement le leur vis-à-vis de ces entreprises.
    D'autre part, un certain nombre de PME agissent comme sous-traitants de grands groupes. Les plans de réduction de coûts attendus en raison des mauvaises perspectives économiques vont donc également les toucher, entraînant vraisemblablement des réductions d'effectifs et une stagnation des salaires.
    Antoine Michel
    Une crise en sept étapes
    Les étapes de la crise ont été décrites par l'économiste Hyman Minsky, dont Philippe Escande résumait l'analyse en sept phases dans Les Echos du 19 septembre.
    1. En 2001, le président de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, décide une baisse massive des taux d'intérêts pour relancer l'économie frappée par l'éclatement de la bulle internet et les attentats du 11 septembre.
    2. Le prix de l'argent étant très bas, les acheteurs foisonnent. Les prix des maisons et des entreprises cotées en Bourse montent donc, sans décourager les acheteurs puisqu'ils pourront revendre plus cher demain ce qu'ils achètent aujourd'hui à crédit, grâce à des taux d'intérêt très attractifs.
    3. Une innovation financière apparaît : la titrisation, qui permet de vendre sur le marché, comme une action ou une obligation, une promesse d'argent à venir.
    4. Les prix en Bourse flambent et la spéculation fait rage.
    5. Les instruments financiers deviennent si complexes que seuls les spécialistes les comprennent encore, alors que les acheteurs se multiplient dans un public non-initié.
    6. Les initiés s'inquiètent et commencent à se retirer.
    7. Ce mouvement de retrait s'amplifie. Avec la faillite des subprimes immobiliers, les investisseurs ne trouvent plus à céder leurs titres. Plus personne ne voulant acheter de la dette, les banques n'en accordent plus. « Les investisseurs du monde entier se précipitent pour récupérer tous azimuts ce qu'ils avaient placé pour le long terme, conclut Philippe Escande. La finance vacille. »
    monde&vie du 3 novembre 2008

  • Ca aide la mémoire qui flanche

     « Douée esthétiquement et intellectuellement, madame Royal se révèle une piètre ménagère car elle ne sait pas balayer devant sa porte, selon une expression populaire tout à fait significative.

    Avec ses acolytes, Le Guen, Richard, Rocard, elle s’en prend avec véhémence à la « gestion scandaleuse depuis cinq ans du dossier EADS/AIRBUS ». Elle-même et ces personnalités ont la mémoire courte lorsque cela les arrange (d’autant que l’électeur a encore une plus grand faculté d’oubli).

    Qui a décidé de démanteler la prestigieuse Aérospatiale, société nationale fournissant à la France une importante fraction de ses armes, aux bureaux d’études héritiers de ceux qui, sous la IVème République et aux débuts de la Vème avaient hissé la France aérospatiale au 3ème rang mondial ? Qui, sinon le gouvernement de M. Jospin, celui-ci aujourd’hui membre de l’équipe Royal.
    Qui a cédé généreusement 31.45 % de la future entreprise Matra-Aérospatiale à J.L. Lagardère, préparant ainsi la privatisation de l’Aérospatiale bradée au secteur public et aux capitaux étrangers ? Le gouvernement de
    M. Jospin. Aujourd’hui, madame Royal s’attaque au groupe Lagardère « si proche du pouvoir (celui du gouvernement socialiste ?) qui s’est opportunément désengagé quelques semaines avant l’annonce des retards de l’A. 320 (mais non madame, de l’A 380) ». Mais ce sont ses amis qui l’ont abusivement, transformé en principal dirigeant de l’ensemble EADS-AIRBUS.

    Qui a souscrit à un montage politico-industriel aussi absurde que celui d’EADS, à la direction bicéphale aux intérêts nationaux divergents, à la hiérarchie interne compliquée par des conceptions techniques différentes, conséquences du cloisonnement national séculaire ? Qui n’a pas compris ce que devait être une entreprise industrielle et commerciale affrontant la concurrence internationale avec un patron, une équipe, une doctrine ? Messieurs Jospin et Strauss-Kahn confondant politique et industrie pour créer un monstre qui ne pouvait qu’aboutir à « la catastrophe et au scandale » que dénoncent aujourd’hui M. Jean-Marie Le Guen et aussi M. Rocard soulignant le « désastre financier »
    « L’Etat peut faire et doit faire, la puissance publique doit assumer ses responsabilités… »  déclame madame Royal. Mais qui ne les a pas assumées en se déchargeant de l’Aérospatiale au profit du secteur public sinon le gouvernement de M. Jospin ?

    « Avec moi l’Etat sera fort, juste à sa place », insiste la candidate. Mais comment la France peut-elle bénéficier d’un Etat fort après que son maître à penser, François Mitterrand lui eut infligé le traité de Maastricht et les abandons de souveraineté qu’il implique ?

    Selon le Nouvel Observateur (du 21 octobre 1999) publication dont madame Royal ne peut nier la compétence, M. Lionel Jospin (en créant EADS) a mis sur pied… « un outil puissant de la contraction d’une Europe forte, solidaire et maîtrisant pleinement son avenir » et Airy Routier, le signataire de l’article d’ajouter : « le Premier ministre a insisté sur le « caractère équilibré de l’actionnariat stable et de long terme du nouveau groupe ». Et il précise « Victoire de l’Europe ? Nul ne peut en douter ».

    Outil puissant de la construction d’une Europe forte et solidaire ? L’ « outil puissant » est en état de faiblesse, l’Europe n’a pas été solidaire mais source de division et d’échec. Belle prospective.

    Et belle réussite pour la France que de « transformer l’entreprise publique Aérospatiale en une société franco-allemande, société au nom anglais logée à Amsterdam ». C’est ce qu’acceptèrent MM. Jospin et Strauss-Kahn celui-ci ayant reçu la mission de négocier avec les Allemands la capitulation française.
    En 1999, ainsi qu’on l’a vu, le Premier ministre avait proclamé « le caractère équilibré de l’actionnariat stable et de long terme ». En fait de stabilité, à la fois Lagardère et DaimlerChrysler réduisent leur participation, la Grande-Bretagne se retire du capital, si bien que « l’actionnariat n’a été ni stable ni de long terme ». C’était un peu osé de la part de MM. Jospin et Strauss-Kahn que de fonder le succès d’une entreprise scientifico-technique sur un groupe  de presse français et une firme germano-américaine d’automobile. Et le pari a été perdu. Aux contribuables de remédier à ce désastreux gâchis et aux candidats à la présidentielle de profiter de l’aubaine en multipliant les déclarations démagogiques et les apparitions à la télévision afin de quêter des voix. Mais le mal est fait. Aux contribuables de panser la plaie.

    En vingt-cinq ans la France a perdu – définitivement – la place éminente qu’elle occupait dans le domaine aérospatial. La stupide politique du tandem Mitterrand-Hernu visant la réalisation d’un avion de « combat européen » a abouti aux succès commerciaux d’un appareil anglo-allemand, l’Eurofighter et à la généralisation en Europe d’avions américains F 16 et F 35 et cela pour la durée du siècle. Au détriment des études et de la production françaises qui avaient gagné plus de la moitié du marché mondial, avec une trentaine de pays acquéreurs. Quelque 3000 techniciens de haut niveau, près de 200.000 spécialistes qui en vivaient ont dû en venir à de pénibles reconversions…
    Mais, après tout, les Français, qui en ont vu d’autres, s’accommodent du choix politique qu’ils ont fait. Ils sont prêts, d’ailleurs, à en faire, à nouveau, d’aussi malheureux.

    Jaloux, voici cinq siècles, Charles Quint disait déjà : « Aucun pays n’a plus fait pour son malheur que la France et, pourtant, tout lui a tourné à bonheur ».

     A condition de ne point lasser le bonheur. »

    Pierre-Marie Gallois 2007   http://www.lesmanantsduroi.com

  • L'art contemporain et la titrisation du néant

    L’art contemporain ne serait-il pas aujourd’hui déjà la valeur fantôme d’un marché de zombies ?

    A l'heure où se tient la Fiac, à Paris, comment se porte le marché de l'art contemporain ? On peut constater qu'au cours des deux années écoulées, il a mieux résisté que lors du précédent krach de 1990. La leçon avait été retenue… Les collectionneurs d'art contemporain rationalisèrent dès lors leur spéculation en imitant les financiers et leur création de produits sécurisés « scientifiquement ». Ils s'organisèrent et fabriquèrent leurs « artistes spéculatifs » en réseau. Les acquéreurs, cooptés parmi les « too rich to fall », devaient désormais être entièrement propriétaires de l'oeuvre, afin de ne pas devoir être affectés par les crises. Par ailleurs, le réseau engloba, dans une sorte de trust, tous les stades de la valorisation de l'oeuvre : galeries, médias, institutions muséales, salles des ventes mondiales…

    En 2008, si le marché de l'art contemporain ne s'écroule pas comme en 1990, il perd cependant 75 % de sa valeur. A partir de mars 2009, on constate une remontée, suivant ainsi l'amélioration du marché financier. Dès le printemps, s'affirme une gestion rigoureuse de la crise de l'art contemporain par les maisons de vente. Christie's et Sotheby's en particulier, grâce à leur place hégémonique et stratégique dans l'International, fabriquent les événements du marché avec une stratégie très étudiée et en maîtrisent avec précision la communication.

    En observant la vente récente à New York et à Londres de la collection Lehman, on remarque les méthodes habituelles : estimations très basses des oeuvres par rapport à la cotation des années précédentes afin d'être vendues « au-dessus de l'estimation haute », citation des ventes positives, omissions des ventes négatives, diversions, comme la provocation de l'artiste-performer Geoffroy Raymond.

    Que se passe-t-il exactement ? L'art contemporain ne serait-il pas aujourd'hui déjà la valeur fantôme d'un marché de zombies ? Par ailleurs, sa valeur ne serait-elle pas aujourd'hui réduite aux services qu'il rend ? Vecteur de visibilité, moyen de communication efficace dans l'International, support de marques, occasion de rencontres régulières d'un milieu d'affaires mondialisé, facilités monétaires ? Dans ce cas, il ne disparaîtra que remplacé par un autre support.

    On observe aussi la démonétisation de l'art contemporain. Le public comprend jour après jour un peu mieux sa nature hybride : il n'est pas une avant-garde de plus mais un système de pouvoir doublé d'un produit financier.

    Le fait est que Murakami dans la Galerie des Glaces à Versailles en 2010 pose plus de problèmes que Jeff Koons en 2008. Il n'échappe plus au grand public que « l'élite » culturelle et administrative française n'arrive pas à avancer un seul argument qui tienne pour justifier une certaine privatisation de Versailles.

    Viendra le moment, mais n'est-il pas déjà là, où un mégacollectionneur, possédant le réseau le plus complet comprenant en particulier une salle des ventes internationale, doublée des services d'un Etat, aura la tentation de « tirer les marrons du feu » avant qu'ils ne brûlent.

    Mais en 2010, il fera cela de nuit et masqué. Il vendra dans la foulée de chaque événement prestigieux, comme à Versailles, ses produits dérivés toxiques. Mais personne ne saura que c'est lui. Les collectionneurs sauront qu'ils sont ruinés, mais bien plus tard !

    Aude de Kerros
    Les Echos
    22/10/2010

    L'art de la titrisation culturelle

    puis Aude de Kerros dans Les Echos : la « titrisation culturelle » va bon train. La titrisation consiste initialement à noyer des produits financiers toxiques au milieu de produits sûrs : c’est une des pratiques du mercantilisme mondial qui a engendré la Crise de 2008. Elle se pratique aussi dans l’Art Financier, à tous les niveaux : Versailles, valeur sûre, se voit farci en Koons et Murakami ; les collections nationales, comme l’or de la Banque de France, sont la garantie des œuvres contemporaines (proposées à la vente par ailleurs) : Koons ou Murakami vaudraient autant que le joyaux de l’histoire séculaire d‘un peuple, ils créeraient le patrimoine du futur…

    Mais la titrisation se joue aussi à l’échelon d’une galerie, comme le révélait la visite de la Fiac ou de ses émules. Une galerie expose un beau Soulages des années 50, par exemple, soit il n’est pas à vendre, soit il vaut très très cher (il faut le conserver pour rééditer ce genre d’opération). Mais à côté ou pas très loin, on expose un second couteau de l’Abstraction lyrique, une œuvre moyenne, même époque, même mouvance, mais avec un prix beaucoup plus abordable. L’astuce consiste à mettre en appétit l’acheteur avec une pièce maîtresse pour qu’il se rabatte sur ce qu’on veut lui fourguer… Beaubourg expose régulièrement Jean Prouvé : normal, cet architecte, ingénieur et designer présida le jury du concours international qui choisit…. l'architecture du Centre Pompidou. La Monnaie de Paris vient de lui rendre hommage et Prouvé a également une exposition à l’Hôtel de Ville de Boulogne, ajoutons à ce tir groupé, la Maison Ferembal remontée aux Tuileries, le temps de la Fiac. Or l'événement de la rentrée, l'arrivée du roi new-yorkais du marché de l'art international, Larry Gagosian, débute comme par hasard… avec une expo Prouvé (en association avec la galerie Seguin) au 4, rue de Ponthieu. Là, dans le nouveau White Cube du maître du Financial Art, on ne s’étonnera pas de trouver le plus ennuyeux, le plus standard, de l’industrieux et industriel Prouvé. Les plus belles pièces sont en musée… avis aux cobayes de la titrisation culturelle !

    On s’étonnera en revanche de voir le catalogue de l’autre exposition d’ouverture de Gagosian, celle de Twombly, rédigé par Mme Marie-Laure Bernadac, par ailleurs conservateur chargée de l’Art contemporain au Louvre. Il y a 25 ans, on chapitrait les élèves de l’Ecole du Louvre : il est strictement défendu à un conservateur, agent de l‘Etat, d’avoir une activité liée au privé, au commercial. Ceci afin d’éviter les conflits d’intérêt… Au fait, cette loi (fort sage) a-t-elle été abrogée ? Un poste confortable dans le giron de l’Etat, qui permet d’abriter des activités lucratives, la titrisation de la culture a pignon sur rue (de Ponthieu).

    Christine Sourgins
    Historienne de l’Art
    www.magistro.fr

    Correspondance Polémia – 09/11/2010

  • Nigel Farage: l'euro est une dictature rampante et émergente.

  • Crise économique : les États fragilisés

    Tout va très bien, madame la marquise. Les déclarations des responsables politiques ont pu donner l'impression au lendemain du G20 que l'économie mondiale avait enfin abordé la sortie de crise ; pourtant, rien n'est moins sûr.
    « It walked » (ça a marché) : les dirigeants du G20 réunis à Pittshurg fin septembre ont salué en ces termes les résultats des plans de relance étatiques. Mais la reprise économique occidentale, due à des dépenses publiques en augmentation vertigineuse, n'a rien d'enthousiasmant. Le FMI annonce une croissance américaine de 1,5 % en 2010, succédant à une chute de 2,7 % celle année. Aux États-Unis, 263 000 emplois ont été détruits eu septembre (le taux le plus élevé depuis juin 1983), plaçant le chômage à 9,8 % : c'est le 21e mois consécutif de destruction d'emplois. Le solde - négatif - de l'emploi depuis l'intronisation du président Obama, en janvier, s'établit à 3,6 millions. La tendance à la moindre augmentation du chômage de ces derniers mois s'est inversée : en septembre, l'Amérique a supprimé plus d'emplois que le mois précédent. La durée moyenne du travail y est tombée à trente-trois heures par semaine : les employeurs ne sont pas près de recommencer à embaucher. On a affaire à une reprise sans emploi. C'est le cas non seulement aux USA, mais aussi dans le reste de l'Occident. Une fois épuisé l'effet cyclique de la reconstitution des stocks et de la stimulation des plans de relance, la croissance du PNB va de nouveau ralentir.
    La remontée du cours des actions et des obligations d'État occidentales est trompeuse. La crise de 2007 fut déclenchée par l'explosion de la bulle spéculative immobilière. Celle-ci eût été impossible sans la gigantesque masse monétaire due aux faibles taux d'intérêt pratiqués par les banques centrales, au premier rang desquelles celle des États-Unis : c'est une création monétaire ex nihilo, sans lien avec l'activité économique. Les monnaies n'étant plus adossées à l'étalon or (le dollar a été découplé de l'or en 1971), les banques centrales en augmentent la masse sans retenue. Cette création monétaire débridée engendre de gigantesques bulles spéculatives, comme celle de l'immobilier, qui explosa en 2007. Sept ans plus tôt, on avait vu la désintégration de la bulle Internet formée dans les années 1990.
    Les États, pompiers pyromanes
    Après la crise de 2007 - comme après les précédentes -, les pouvoirs publics n'ont pas laissé jouer les mécanismes d'ajustement économiques et financiers qui auraient purgé les dettes accumulées dans la période passée et fait repartir l'économie sur des bases saines. Les marchés des actions et des obligations d'État occidentales ont été revigorés par les achats massifs financés par les milliards de dollars fabriqués par les banques centrales. Développant leur activité de faux-monnayeurs, qui avait pourtant conduit à la crise, les banques centrales fabriquent de nouvelles bulles financières. Principalement due à des dépenses publiques effrénées, la reprise économique est bâtie sur du sable. Les consommateurs sont tétanisés par la montée du chômage : en septembre, la confiance du consommateur américain a baissé à 53,1 (contre 54,5 en août), selon le centre de recherche du Conference Board. Les entreprises, en surcapacité de production, évitent de se lancer dans des investissements productifs. Aussi, la reprise économique n'a-t-elle pas, loin de là, une vigueur en rapport avec les anticipations des valeurs boursières et obligataires actuelles. Comme les bulles précédentes, celles qui se dilatent actuellement vont, elles aussi, finir par exploser.
    Après avoir été les pyromanes de cette crise, les États en sont les pompiers, à coup de surendettement public. Mais ils s'exposent à un krach obligataire. Un État surendetté peut faire faillite, lorsque ses citoyens exsangues ne peuvent plus alimenter ses caisses par l'impôt et qu'il ne trouve plus de bailleurs de fonds sur le marché international des capitaux. La banqueroute des États propagerait un climat de panique. Les systèmes d'aide sociale mis en place par les États providence seraient sinistrés. Les États ne seraient même plus capables d'assurer correctement leurs missions régaliennes : défense,justice, maintien de l'ordre...
    Vers qui se tourner, alors, pour demander de l'aide ? Des populations - notamment celles de l'Europe de l'Ouest - accoutumées à la tutelle de l'État seraient tragiquement démunies. Les mécanismes correcteurs de la crise entreraient alors en action de la façon la plus cruelle. Les plans de relance mis en œuvre actuellement par les États apparaîtraient, rétrospectivement, comme un expédient ayant seulement permis de reculer pour mieux sauter... dans le vide.
    Laurent Artur du Plessis monde & vie du 12 octobre 2009