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économie et finance - Page 850

  • Piero San Giorgio chez Emmanuel Ratier


    Rues Barbares - Survivre en ville / Piero San... par Khalem2013


    Rues Barbares - Survivre en ville / Piero San... par Khalem2013

    http://www.scriptoblog.com

  • Entretien avec Michel Drac : dans le maquis de la nouvelle résistance française

    Essayiste dissident, Michel Drac observe avec une froide lucidité la crise de la civilisation occidentale. Il affirme la nécessité de mettre en place les structures de résistance au chaos à venir.
    RIVAROL: Que vous inspire la crise actuelle du modèle financier ?
    Michel Drac : Cette crise est en réalité un effondrement. Il est évident que nous sommes dans une situation sans issue. Il n'existe aucun moyen de rembourser les dettes accumulées par l'ensemble des acteurs du système financier occidental, sauf à payer en monnaie de singe, après une phase d'hyperinflation.
    Il ne reste donc que deux solutions : l'hyperinflation pour rembourser, ou la déflation par destruction de valeur et faillites en chaîné, si on ne rembourse pas. L'hypothèse d'une relance par la croissance doit être regardée comme un vœu pieu : il faudrait que la planète entière adopte un rythme de croissance chinois pendant une décennie au moins, alors que l'économie industrielle bute déjà sur ses limites énergétiques et écologiques.
    Soyons clair : l'avenir est sinistre. Le plus probable est que les classes dirigeantes sclérosées de l'Occident vont gérer l'implosion de leur modèle par une combinaison de violence et de virtualisme : les rues seront dangereuses, violence policière, violence inter-ethnique ou sociale, violence crapuleuse, mais vous aurez le droit de rester chez vous, chômeur, et vous survivrez grâce aux bons alimentaires, pour jouer à des jeux vidéo gratuits. Bienvenue dans le monde meilleur que le turbocapitalisme globalisé a rendu possible par un demi-siècle d'irresponsabilité.
    R. : Pensez-vous que la domination américaine sur la planète touche à sa fin ?
    M. D. : Probablement. On ne voit pas très bien comment les USA pourraient empêcher la Chine de devenir la première puissance économique mondiale à l'horizon 2025, ou à peu près. Et n'en déplaise aux adeptes du virtualisme tous azimuts, à un certain moment, la domination repose sur la puissance militaire, laquelle dépend largement de la puissance économique.
    Le seul scénario qui rend possible le maintien de la prédominance américaine est celui esquissé par l'école des conservateurs réalistes dès les années 1990 : le verrouillage d'une alliance atlantique sous prédominance anglo-saxonne, et la mainmise militaire et néocoloniale de cette alliance sur les ressources naturelles d'Afrique et du Moyen Orient, afin de priver la Chine de tout accès aux ressources en question. Les opérations récentes en Libye et en Côte d'Ivoire s'inscrivent probablement dans ce schéma.
    Il semble cependant que la poussée chinoise, et d'une manière générale la montée en puissance des pays émergents, soient bien plus structurantes à long terme que quelques conquêtes néocoloniales qui peuvent, au mieux,freiner les tendances lourdes de l'histoire.
    Cela étant, il faut reconnaître que nous pouvons avoir des surprises. En particulier, nous ne savons pas grand-chose concernant d'éventuelles armes stratégiques pour l'instant secrètes, et que l'empire anglo-saxon/Israël garde peut-être en réserve. Ce qui est clair, c'est que la décennie 2010 sera cruciale, et que, sauf si nous ignorons des paramètres cruciaux, c'est plutôt mal parti pour le camp occidental.
    R. : Comment mettre en place la « démondialisation » que beaucoup annoncent ?
    M. D. : Dans le contexte actuel, pour nous autres Européens, il faudrait que l'Allemagne admette que son économie extravertie va avoir besoin d'une Europe ouverte alors que la déplétion pétrolière risque fort d'entraîner une baisse significative du trafic maritime, qu'elle admette encore que cette Europe ouverte ne restera ouverte que si l'Allemagne est capable de la penser sur une base équilibrée, et qu'il en résulte la mise en place progressive d'un euro monnaie commune mais pas unique, et d'un protectionnisme européen, ouvert sur la Russie, notre réserve de matière première et d'espace.
    Mais il est plutôt probable que la mondialisation va se poursuivre positivement pour l'hyperclasse seule, pour ceux que Jacques Attali baptise les "hypernomades". Le prix de la démondialisation sera payé par les pauvres, les "infranomades", exactement comme ils ont payé celui de la mondialisation. C'est le plus probable, car c'est ce que les réseaux d'influence les plus puissants ont manifestement prévu. Lire Attali à ce sujet ; vous verrez : la démondialisation peut très bien n'être qu'une nouvelle forme de mondialisation.
    Pour nous Français, la clef de la situation se trouve largement en Allemagne. C'est de l'évolution de l'Allemagne que va, beaucoup, dépendre la nôtre. Ce n'est pas forcément une bonne nouvelle, mais ce n'est pas non plus forcément une mauvaise nouvelle. En l'occurrence, il faut surveiller l'autre puissance européenne attentivement, et se tenir prêt à réagir sans parti pris, froidement, dans une logique réaliste.
    R. : Qu'est-ce qu'être "radical" aujourd'hui pour vous ?
    M. D. : Je ne sais pas. Peut-être tout simplement accepter de regarder en face l'implosion de notre monde, et conserver sa capacité d'agir, malgré tout.
    R. : Que vous inspirent les thèses "conspirationnistes" en vogue sur internet ?
    M. D. : Il y a le meilleur et le pire. Le grand défaut des conspirationnistes est de confondre faisceau d'indices convergents et preuve formelle. Il y a souvent un déficit méthodologique.
    Cela étant, les conspirationnistes ont le mérite de soulever de bonnes questions. Personne de sensé ne peut croire intégralement à la version officielle des attentats du 11-Septembre, par exemple. On ne sait pas ce qui s'est passé, mais on sait au moins qu'il ne s'est pas passé ce que l'on nous a dit qu'il s'était passé. Force est de reconnaître que c'est en grande partie grâce au travail des conspirationnistes que nous en sommes là.
    R. : Vous avez participé à la fondation de l'association Egalité et Réconciliation, avant de poursuivre votre route de votre côté. Comment jugez-vous l'évolution de son fondateur, Alain Soral, et de cette mouvance atypique ?
    M. D. : Je garde toute ma sympathie à cette association, que j'ai quittée essentiellement pour des contraintes de temps. Je suis avec intérêt le parcours d'Alain Soral, même si nous ne sommes pas d'accord sur tout. De toute façon, nous sommes d'accord sur l'essentiel.
    Notre point d'accord décisif : la nécessité de travailler à une réconciliation des Français dits « de souche » et des Français issus de l'immigration. Même si cette réconciliation est impossible, le fait d'y travailler est positif : nous n'atteindrons pas l'objectif, mais en le poursuivant, nous créerons beaucoup de choses bénéfiques.
    Nos points de désaccord : peu de choses en fait, des questions secondaires. Alain Soral voit par exemple dans le sionisme actuel un accomplissement du judaïsme talmudique, alors que je crois, quant à moi, que c'est beaucoup plus compliqué, et qu'il s'agit en fait de la réduction du judaïsme talmudique à une de ses interprétations possibles, longtemps plutôt marginale. Mais ce genre de question est secondaire ; l'essentiel est ailleurs.
    R. : Vous vous intéressez à deux mouvances nouvelles en France, les Nationalistes autonomes et les survivalistes. Pourquoi ?
    M. D. : Parce que ces mouvances entreprennent des choses qui me paraissent à notre portée.
    Je crains fort qu'on ne nous demande pas notre avis sur les grandes questions. On peut y réfléchir, bien sûr, et garder vivantes des idées qui nous sont chères.
    Mais l'essentiel, c'est tout de même l'action. Et le type d'action que les mouvances autonomes et survivalistes peuvent entreprendre est à la fois intéressant et à notre portée.
    R. : Pouvez-vous nous présenter votre idée des "BAD" ?
    M. D. : Schématiquement, il s'agit de créer des Bases Autonomes Durables, à l'intérieur desquelles nous pourrons vivre décemment, pour sécréter progressivement une contre-société, une société distincte de celle pilotée par les classes dirigeantes.
    Il y a deux façons de résister : en prenant d'assaut la Bastille, ou en constituant des maquis. À ce stade, va pour le maquis. C'est dans nos moyens, comme je vous le disais. Le but est de ne plus dépendre du système, pour pouvoir continuer à lutter contre lui.
    Accessoirement, il est aussi possible que cela nous sauve la vie si le Système s'effondre d'un seul coup, pour des raisons écologiques, énergétiques ou logistiques. Chose qui n'est pas du tout impossible(1).
    R. : Vous participez au site Scriptoblog et à la maison d'édition Le Retour aux Sources, quelle est la spécificité de ces deux initiatives ?
    M. D. : Sans doute le fait de ne pas penser l'unité en termes d'homogénéité, mais au contraire de rechercher la pluralité des opinions pour construire une unité dialectique, par la coexistence des contraires. C'est une démarche, je crois, assez atypique dans la mouvance nationale française, qui me semble très marquée par son héritage historique centralisateur et homogénéisant (2).
    Propos recueillis par Monika BERCHVOK. RIVAROL 30 SEPTEMBRE 2011
    1.    On retrouve un article de fond sur la question des BAD dans le numéro 49 de la revue Rébellion (disponible contre 4 euros auprès du RSE - BP 62124 - 31020 TOULOUSE cedex 02).
    2.    Le site de cette structure d'édition : < http://wwwscriptoblog.com >.

  • Enrico Mattei au Proche et au Moyen Orient

    La figure d’Enrico Mattei, le grand pétrolier italien, est encore susceptible de donner du fil à retordre à tous ceux qui, au niveau universitaire, se posent maintes questions sur l’histoire des approvisionnements énergétiques, sur l’indépendance nationale en matières énergétiques, sur le colonialisme et sur les rapports internationaux. Aujourd’hui, on se souvient principalement d’Enrico Mattei parce qu’il avait financé, plus ou moins frauduleusement, les partis politiques de la péninsule pour qu’ils ne lui mettent pas des bâtons dans les roues. En revanche, bien peu se souviennent qu’il entendait ainsi « utiliser les partis comme on utilise un taxi », afin de rendre l’Italie indépendante sur le plan énergétique et de la dégager de la tutelle des « Sept Sœurs » américaines et anglo-hollandaises. Il suffit de penser que, dans l’immédiat après-guerre, Enrico Mattei fut nommé commissaire pour la liquidation de l’AGIP et que, dans le cadre de cette fonction, il a fait preuve d’une indubitable clairvoyance. Il a réussi à convaincre le gouvernement de l’époque de renoncer à liquider l’entreprise pétrolière italienne et d’investir dans un cartel public, l’ENI, qui s’occuperait de garantir à l’Italie les approvisionnements en gaz et en pétrole dont elle avait besoin pour soutenir son envolée économique. La presse italienne, surtout celle du nord, liée aux milieux industriels et financiers nationaux et entretenant des liens solides avec des milieux analogues en Europe et aux Etats-Unis, n’a pas laissé s’échapper l’occasion d’attaquer la politique de l’ENI qui se déployait avec une autonomie quasi totale sur la scène internationale, et dont la préoccupation première était l’intérêt de la nation italienne.
    Ce qui déterminait le succès de l’ENI dans les pays producteurs de pétrole fut essentiellement l’approche non colonialiste que lui avait conféré Mattei. Celui-ci, en effet, innovait radicalement dans l’attribution des pourcentages que retenait l’ENI pour pouvoir exploiter les gisements de pétrole découverts. Le groupe italien ne retenait que 25% des bénéfices et en octroyait 75% à la compagnie pétrolière de l’Etat recelant les gisements. Au contraire, les « Sept Sœurs » s’appropriaient un minimum de 50%. Le deuxième aspect qui séduisait dans la politique pétrolière de Mattei fut la clause suivante : si les recherches n’aboutissaient à rien sur un site spécifique, l’ENI ne réclamait rien à titre d’indemnisation à l’Etat sur le territoire duquel se trouvait le site en question. C’était là des méthodes élémentaires et simples qui contribuaient à créer un formidable courant de sympathie pour le groupe italien. Troisième aspect de la politique de Mattei, et non le moindre : former les compétences locales à l’école de l’ENI, située à San Donato dans le Milanais. Le but de cette politique était évident. Mattei voulait faire comprendre que l’ENI n’entendait pas se limiter à des rapports économiques mais voulait aussi faire évoluer professionnellement des équipes de techniciens qui, une fois formées, seraient capables de travailler sans aide étrangère et d’aider au mieux les sociétés pétrolières étrangères, sans devoir pour autant dépendre entièrement d’elles. Cette approche demeure encore vivante dans la mémoire de bon nombre de dirigeants des pays producteurs de pétrole. Ce souvenir positif fait que l’ENI, aujourd’hui encore, peut vivre de rentes en provenance de ces pays, en jouissant d’une sympathie qui ne s’est jamais estompée.
    La politique autonome de l’ENI s’est adressée surtout aux pays du Proche et du Moyen Orient et d’Afrique du Nord. L’Iran fut évidemment l’exemple le plus prestigieux dans le palmarès du groupe italien, qui était parvenu à s’insinuer dans un pays considéré comme chasse gardée et exclusive de la « British Petroleum ». Mais il y eut aussi l’Egypte de Nasser : elle fut le premier pays avec lequel Mattei amorça des rapports stables et durables, dès 1956. Il faut aussi évoquer l’appui financier qu’accorda Mattei au Front de Libération National algérien, ce qui irrita bien entendu la France, dont la classe dirigeante s’était faite à l’idée de perdre ses territoires d’Outremer. Les rapports entre l’ENI et le FNL étaient de fait assez étroits : le chef politique du mouvement indépendantiste algérien, Mohammed Ben Bella, avait un appartement à sa disposition à Rome.
    L’ENI se présentait donc comme une réalité autonome qui, au nom des intérêts supérieurs de l’Italie, considérait que l’Europe possédait un prolongement naturel sur la rive méridionale de la Méditerranée, ce qui avait pour corollaire de rompre les équilibres consolidés dans toute la région. L’activisme de Mattei rencontrait l’hostilité d’Israël qui tolérait mal de voir l’ENI contribuer à la croissance économique de pays comme l’Egypte ou l’Algérie, et cela tout en maintenant leur autonomie politique. L’origine de l’attentat perpétré contre lui le 27 octobre 1962, lorsqu’une bombe placée dans son avion explosa dans le ciel au-dessus de Bascapè, doit sans doute être recherchée dans l’hostilité que lui vouait ce petit Etat, né quinze ans plus tôt. Une hostilité à son endroit que l’on retrouvait également au sein même de l’ENI. Quelques mois avant sa mort, Mattei avait obligé Eugenio Cefis, vice-président de l’ENI et président de l’ANIC, à abandonner le groupe, où il était considéré comme le leader d’un courant jugé trop proche des intérêts atlantistes et israéliens. Ce même Cefis, ancien bras droit de Mattei dans les rangs des partisans catholiques lors de la guerre civile italienne (1943-45), fut appelé à diriger l’ENI immédiatement après la mort de Mattei. Il existe d’autres hypothèses sur l’attentat mais elles sont peu crédibles. On a évoqué une intervention des « Sept Sœurs » mais Mattei avait trouvé avec elles une sorte de « gentlemen agreement ». On a aussi évoqué la main de la CIA qui aurait jugé Mattei comme un « élément déstabilisateur », surtout en ces jours où sévissait la crise des missiles soviétiques à Cuba. Il y a lieu de faire montre du même scepticisme quand on parle d’un rôle possible des compagnies pétrolières françaises qui avaient de gros intérêts en Algérie. De même, il est peu plausible que la mafia sicilienne ou la Cosa Nostra américaine aient agi pour le compte de tiers. Toutes ces hypothèses ont le désavantage de voir seulement la partie émergée de l’iceberg et de ne pas voir le problème dans toute sa substantialité. L’attentat de Bascapè a mis fin à l’existence d’une personnalité unique, d’un homme qui s’était montré capable de percevoir réalités et potentialités là où la plupart des autres ne voyaient ni n’imaginaient quoi que ce soit.
    Filippo GHIRA.
    (article tiré du site  http://rinascita.eu/ , 23 février 2010).
    par Robert Steuckers

  • Goldman Sachs et la main visible

    A l’heure où Goldman Sachs publie des bénéfices en hausse de 191% sur 2012, il est intéressant de se pencher sur la nature et le contexte de ces profits records. Pour une bonne part, ils sont dus au leadership incontestable de la banque, imbattable en matière de fusions et acquisitions, de trading, d’émissions et de négoce de titres. Mais ces profits sont essentiellement aidés par une main un peu trop visible. D’une part, on sait qu’en 2008 la plus grande banque d’affaires a obtenu, après avoir modifié son statut en holding, la protection de l’agence fédérale d’assurance des dépôts, jusque-là réservée uniquement aux banques d’épargne.

    Par Myret Zaki - (Bilan).

    Cette même année, le Trésor prenait une participation de 10 milliards de dollars dans le capital de Goldman Sachs, à titre d’aide, payant 3,5 milliards de plus que ce que valaient réellement les actions, comme l’a plus tard révélé le Congrès.

    Pourtant, en 2008, Goldman Sachs dégageait 2,3 milliards de profits et versait 4,82 milliards de bonus.

    Détails non divulgués

    Outre ces renforts pour le moins munificents, obtenus grâce à l’ex-président de Goldman Sachs, Henry Paulson, alors secrétaire au Trésor, on sait aussi que

    le 10 août 2012 la justice américaine renonçait à des poursuites pénales contre la banque, n’ayant pu réunir de preuves sur ce que tout le monde sait,

    à savoir qu’elle pariait contre ses propres clients, et que c’est ainsi qu’elle a dégagé ses 11 milliards de bénéfices surréalistes en 2007.

    Curieusement peu repentante, Goldman Sachs continue de poursuivre, aujourd’hui, les mêmes pratiques spéculatives pour propre compte, mises en cause dans la crise, et interdites désormais par la loi Volcker incluse dans le Dodd-Frank Act de 2010.

    Comme l’a révélé Bloomberg, la banque contourne aisément ces règles, et génère encore beaucoup d’argent sur le «proprietary trading», activité ultralucrative, qu’il serait dommage d’abandonner en si bon chemin, avec des taux d’intérêt zéro qui lui sont si favorables.

    Dès lors, tout en bénéficiant du soutien étatique, des subventions de la Fed, des garanties offertes par le contribuable, et d’une impunité au plan juridique, elle mène des paris avec l’argent de la banque, éloignés du service à la clientèle.

    Lire la suite sur Bilan.

    http://fortune.fdesouche.com

  • LA BIODIVERSITE : UNE CHIMERE EN FOLIE( 2011)

    La biodiversité rentre par la grande porte avec le retour de Jean-Louis Borloo. Cet ancien ministre a fait un grand mal à l'économie française par le truchement des deux Grenelles de l'environnement. Ces parlottes, dont le coût ne sera jamais évalué, ont soumis par la voie légale d'immenses parties de la vie nationale au bon vouloir de la secte des écolos.
    Le Grenelle de l'environnement est un ensemble de rencontres politiques organisées en septembre et octobre 2007 visant à prendre des décisions à long terme en matière d'environnement et de développement durable. En particulier, il fallait pour restaurer la biodiversité mettre en place une trame verte et bleue, ainsi que des schémas régionaux de cohérence écologique, tout en diminuant les émissions de gaz à effet de serre et en améliorant l’efficience énergétique. Cette définition inextricable montre que la biodiversité est au carrefour de diverses autres chimères tout aussi destructrices.
    L'émission Thalassa du 9 mars 2012, nous parlait d'un « drame » en Polynésie au sujet des tortues, espèce protégée. Les « vilains » habitants braconnent les tortues dont ils raffolent et qui font la fortune des restaurants ; cette pêche est une tradition séculaire. Six mois de prison menacent désormais les honnêtes pêcheurs dont le seul tort est de gagner leur vie en faisant la joie de leurs clients.
    Le 17 mars, l'Islande est jugée « digne » d'entrer dans la CEE ; elle ne pourra que perdre son âme sans rien y gagner vraiment. Cette CEE exige que les Islandais renoncent à la chasse à la baleine, espèce protégée. Les Islandais plaident que c'est chez eux une coutume ancestrale et, qu’en plus, la chair de la baleine est délicieuse et se vend jusqu'au Japon. Attendons de voir comment se terminera le bras de fer. Si les Islandais capitulent, il faudra virer les pêcheurs à l'aide sociale.
    Nous apprenons très récemment que les papillons sont menacés. Les écolos sont adroits. En attirant l'attention sur la disparition éventuelle de certaines espèces de papillons, ils touchent un point sensible : qui n'aime pas les papillons et leur charmant manège ?
    La secte se prend pour Dieu et rien ne lui est impossible. En France et ailleurs il existe partout des personnes payées pour compter les oiseaux ; c'est un travail fort sympathique qui se passe dans la nature et évite de s'ennuyer dans un bureau ; ce dénombrement est très compliqué : pour compter l'impossible, il faut du matériel et des consultants qui travaillent à la méthode ; une fois le matériel créé et la méthode bâtie, des formateurs surviennent : que de marchés juteux !

    L'INVENTAIRE IMPOSSIBLE
    La liste des espèces protégées est impossible à faire, tant les textes sont nombreux, touffus et influencés par des accords internationaux. Cette liste augmente sans cesse, au hasard des appétits des uns et des autres.
    L'arme de la terreur est manipulée sans vergogne. Les dauphins du Mékong meurent. En 2050 les requins auront disparu. Les albatros, splendides oiseaux océaniques dont l'envergure peut atteindre jusqu'à 3,50 mètres, sont très menacés. Tous les experts annoncent que la population mondiale du tigre a chuté de 95 %, seuls 4000 spécimens résistants vivent encore dans la nature.
    Quel est l'objectif ? Faut-il reconstituer les espèces telles qu'elles étaient en 1900 ? C’est une histoire incertaine. Faut-il protéger les espèces telles qu’elles sont en mars 2012 ? Faut-il protéger la totalité des espèces ? Nous nous trouvons devant une tâche évidemment sans limite, car le Créateur a disposé des centaines de millions d'espèces dont une toute petite partie, simplement, est connue ; le début de l'exploration des abysses sous-marins nous découvre par exemple des horizons infinis.
    En outre, des découvertes permanentes trompent les statistiques déjà fausses par nature. Il ne restait plus, paraît-il, que 50 000 à 60 000 orangs-outans vivant à l'état sauvage, 80 % en Indonésie et 20 % en Malaisie. Or une colonie de plusieurs milliers d'individus fut découverte à l'est de Bornéo.

    LA RUINE POUR TOUS
    Les immenses sommes d'argent dérobées par la force fiscale aux peuples bien conditionnés en vue de financer ce cirque mondialiste génèrent de la pauvreté par une succession de mécanismes bien connus.
    S’y ajoutent des dégâts collatéraux pour faire plaisir à des membres de la secte plus actifs que d'autres. Le coût du TGV pour Marseille a été majoré à l’époque pour protéger un unique couple d’aigles de Bonnelli, dont, au demeurant, il n’est pas sûr que la trace ait été retrouvée. A cette fin, le trajet a été modifié et le chantier fut interrompu à plusieurs reprises. Il a fallu aussi complaire aux castors et, notons bien la précision, aux pélobates cultripèdes qui sont, comme tout le monde ne le sait sans doute pas, de rarissimes crapauds.
    Puis arrive l'effet habituellement destructeur des réglementations publiques, telle Natura 2000. C'est une directive européenne qui depuis 1992 établit partout des zones rurales où aucune activité n’est autorisée, sauf accord des « boureaucrates » de Bruxelles. Le prétexte est de défendre précisément cette biodiversité. La France a proposé 800 zones représentant 5 % du territoire. A ce titre des camarades des chauves-souris ont voulu sévir dans une commune parce qu’un quart des chauves-souris prétendues rares avaient élu domicile dans une caverne se trouvant sur son territoire !

    QUELLE EST L'ISSUE ?
    Dans toutes les situations même les plus néfastes et les plus ridicules, il existe des solutions. La secte des écolos est, certes, forte et elle s'appuie sur d'immenses intérêts représentés par la collection de ministres de tous pays. Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), est au centre du dispositif et rêve de chiffrer la valeur des écosystèmes afin que les décisions étatiques les prennent en compte. Cela veut dire que la bataille engagée est rude.
    Pour échapper à la ruine, il faudrait reconnaître et diffuser sans cesse que l'homme n’est pas capable de diriger les espèces et qu'il doit simplement dans le cadre de sa raison voisiner avec ces espèces telles qu'elles sont, tout en en tirant d’ailleurs le meilleur parti.
    Le libre jeu du droit de propriété et son corollaire la liberté des contrats apportent une solution ; elle doit s'accompagner de la dénonciation de certains traités internationaux. Ceux qui aiment particulièrement les chauves-souris ou les tigres, ou les vipères peuvent très bien s'organiser à leur propre échelle dans le cadre du droit naturel et sans nuire aux autres. De même les plus grands et plus beaux animaux peuvent être exploités librement avec parfois la création de fonds d'investissement. Si ces animaux risquent de disparaître, leur valeur augmentera et les propriétaires légitimes prendront les mesures adéquates.
    Il est important en terminant de constater que la quasi-totalité de la population aime la nature et peut fort bien s'en occuper dans la liberté et la variété des situations. Seuls les serviteurs de la chimère peuvent être considérés comme des ennemis objectifs de la nature puisqu'ils veulent l'asservir à leur propre pouvoir, tout en empêchant les autres de s’en occuper.
    MICHEL DE PONCINS. http://libeco.net

  • La «Grande récession», temps de crise et crises du temps

    Claudio Borio est l’un des économistes monétaires les plus provocateurs et intéressants qui soient. Basé à la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle, Borio fait partie de cette poignée de personnes qui signalèrent la fragilité du système financier dès 2003, en tirant la sonnette d’alarme sur certains des développements préparant la crise qui éclata à l’été 2007. Il a publié un document de travail intitulé “The financial cycle and macroeconomics: What have we learnt?”.

    Les opérateurs de marchés, les médias et les hommes politiques ont un point commun : leur horizon de temps est borné. De quelques minutes à quelques heures ou quelques mois. La prochaine transaction, la prochaine une, la prochaine élection. D’où une certaine difficulté, voire une difficulté certaine, à penser les temps de crise, qui sont aussi des crises du temps. D’où aussi la recherche éperdue de raccourcis, d’échappatoires, du « truc » qui fera qu’enfin, on en finisse, on en sorte. Alors que cette crise là, ni accidentelle, ni occasionnelle, ni conjoncturelle, prend son temps, s’éternise, se hâte lentement vers un dénouement incertain.

    À ce jeu, on risque le contre-pied : la zone euro qui ne devait pas passer l’année 2011 puis l’été 2012 est toujours bien là. La crise n’a jamais été celle de la monnaie unique. Dernier refrain à la mode : Mario Monti a « échoué », et toutes les politiques « d’austérité » avec lui. C’est, voyez-vous, qu’en un an de « pouvoir » accordé chichement par une classe politique italienne aux aguets, « Il Professore » n’a pas révolutionné l’Italie ni mis fin à une décennie de stagnation économique ou rectifié vingt années d’illusionnisme politique. De quoi « s’indigner » en effet.

    Relevons au passage que les politiques budgétaires et monétaires réclamées à grands cris par nos impatients ont été mises en œuvre au Japon, premier pays avancé confronté à cette « crise de bilan », depuis vingt ans. Sans résultats. Vingt ans !

    À qui voudrait échapper à cet horizon bouché comme un ciel d’hiver parisien, on ne saurait trop recommander (avec retard) le texte que Claudio Borio a publié sur le site de la Banque des règlements internationaux (BRI), « la banque des banques centrales », sous le titre « On time, stocks and flows: Understanding the global macroeconomic challenges » (Du temps, des stocks et des flux : comprendre les défis macroéconomiques globaux).

    Économiste, Borio y rappelle d’abord que la crise est avant tout celle de la politique. De l’incapacité de la politique à prendre la mesure des trois lames de fond dont la combinaison a provoqué un « changement de régime » : « la libéralisation financière, l’établissement d’un cadre monétaire crédible de maîtrise de l’inflation et la globalisation de la dimension réelle de l’économie mondiale ».

    Le temps, donc, en premier lieu. « Quand ces trois forces profondes ont acquis leur pleine puissance à partir du milieu des années 80, elles ont créé un environnement qui voit, selon la terminologie de Burns et Mitchell, le temps économique ralentir par rapport au temps calendaire. Ce qui veut dire que les développements macroéconomiques qui comptent réellement exigent beaucoup plus de temps pour se dérouler.

    La durée du cycle financier est bien plus longue que celle du cycle des affaires traditionnelles, de l’ordre de 16 à 20 ans ou plus, comparé à tout au plus 8 ans. Mais les horizons prévisionnels des acteurs de marché et des politiques ne se sont pas ajustés à ce fait, ils ont même rétréci. C’est la cause majeure des problèmes actuels et la raison pour laquelle il s’est avéré si difficile de les résoudre », analyse Borio.

    L’analyse de ces mouvements « tectoniques » dans l’économie mondiale est bien connue. Un, la libéralisation financière fait sauter les limites traditionnelles à l’explosion du crédit, phénomène évident, et pourtant ignoré, dès la formation de l’énorme bulle spéculative japonaise.

    Deux, la victoire des banques centrales sur l’inflation (la « Grande modération ») fabrique un sentiment artificiel de sécurité à l’ombre duquel se forment les déséquilibres insoutenables sur les prix des actifs, le « paradoxe de la crédibilité », rappelle Borio.

    Trois, la globalisation a relevé sensiblement le potentiel de croissance globale de l’économie mondiale « réelle » tout en contribuant, avec un énorme « choc d’offre », à maintenir la stabilité des prix des biens et services, la fameuse « désinflation » exportée de Chine.

    Dans l’immense majorité des cas, les responsables politiques n’ont pas vu ces développements ou n’en ont pas compris la portée. « Ils n’ont pas été capables de comprendre que ce paysage bouleversé exigeait des ajustements dans les paramètres de l’action politique. Et même quand ils comprenaient, ils ne pouvaient se résoudre à changer d’orientation : il y avait trop de réputations en jeu, et de toute façon, pourquoi changer ce qui marche ?»

    Borio, c’est la limite de sa démonstration, ne donne pas d’exemples concrets de cet aveuglement. Il en est un, particulièrement net et qui renvoie à une actualité américaine toute récente : la considérable contribution des recettes fiscales fabriquées par la bulle des dot.com au retour rapide des États-Unis à l’équilibre budgétaire sous Bill Clinton, dans les années 1990. Même quand ils n’étaient pas aveugles, les politiques avaient un intérêt à ne pas voir.

    De leur côté, « les autorités prudentielles (les banques centrales le plus souvent) s’étaient mises d’accord sur des principes qui donnaient la priorité à la sécurité et à la solidité des institutions individuelles et négligeaient celles du système dans son ensemble, cadres qui ignoraient à peu près complètement la macroéconomie et le cycle financier. Elles prêtaient trop d’attention aux arbres et pas assez à la forêt ». Rappelons que ces errements collectifs n’exonèrent pas de responsabilités individuelles : les banquiers centraux, entraînés par le « maestro » Alan Greenspan, avaient théorisé l’indifférence à l’inflation extravagante des actifs, pourtant visible comme le nez au milieu de la figure.

    C’est ici qu’intervient la relation cruciale entre les stocks et les flux. « Dans le nouvel environnement, les stocks en sont venus à dominer les dynamiques économiques, tout particulièrement les stocks massifs d’actifs, et par-dessus tout, de dettes. Les stocks gonflent à l’excès pendant les booms financiers, alors que le crédit et les prix des actifs atteignent des niveaux insoutenables et provoquent des gueules de bois durables quand le boom tourne à la débâcle », analyse Borio.

    Les politiques budgétaires et monétaires « asymétriques », qui ignorent les booms mais sur-réagissent aux récessions, ont pour effet de prolonger la croissance des stocks à travers plusieurs cycles économiques consécutifs.

    Autrement dit, il n’y a pas d’ajustement jusqu’à la catastrophe finale. Apurer les stocks de dettes « demande alors plus de temps. Et c’est aussi plus difficile politiquement en raison du sérieux impact sur la distribution des revenus et de la richesse, à la fois au sein des générations et entre elles. Cela vaut pour la dette privée comme publique. L’incapacité à traiter le problème des stocks peut installer l’instabilité au cœur du système ».

    Le temps, de nouveau. « Les horizons politiques bornés ont joué un rôle crucial dans tout cela », souligne Borio. Ignorer le rôle des cycles financiers, dont la durée est en moyenne double de celle des cycles des affaires, c’est « comme si des marins au large négociaient avec succès les ondulations de surface sans percevoir le tsunami déboulant dans les profondeurs, une vague qui ne surgirait et n’éclaterait qu’en touchant la côte ».

    On sait maintenant que les « récessions de bilan », celles qui frappent aujourd’hui les principales économies avancées depuis le précédent japonais du début des années 1990, « sont plus profondes, suivies de reprises plus faibles et résultent dans des pertes de production permanentes », résume Borio. Pour diverses raisons : surestimation du potentiel de croissance et mauvaises allocations des ressources (capital et travail) dans la phase de boom, pression de la dette dans la phase dépressive et perturbations dans l’intermédiation financière quand les tensions émergent.

    « La situation est particulièrement préoccupante dans la zone euro », là où « le cercle vicieux entre la faiblesse du bilan des banques et des souverains a été le plus intense ». Mais « il ne faut pas confondre les symptômes avec la maladie », estime Borio. « Il y a d’autres grands pays dont la situation budgétaire est guère plus soutenable. Et pourtant les marchés obligataires semblent l’ignorer, au moins pour le moment. » Les intéressés (États-Unis, Royaume-Uni et France notamment) se reconnaîtront.

    « Si ce diagnostic est correct, le remède n’est pas difficile à trouver, même s’il peut être extraordinairement difficile à appliquer. En bref, il s’agit d’allonger les horizons de la décision politique, de mettre en place des politiques plus symétriques et d’attaquer de front les problèmes de dette », résume Borio. « Le risque ultime d’échouer à s’ajuster est qu’un autre mouvement historique des plaques tectoniques nous ramène à une ère de protectionnisme financier et commercial ainsi que d’inflation. »

    Concrètement, il s’agirait de passer de la phase de « gestion de la crise » à celle de « résolution de la crise ». « Dans la gestion de la crise, la priorité est de prévenir l’implosion du système financier (…). Historiquement, cette phase est liée à la fonction de prêteur en dernier ressort de la banque centrale. » Au contraire, « dans la résolution de la crise, la priorité va à la restauration du bilan pour jeter les fondations d’une reprise auto-alimentée. Ici, il s’agit d’attaquer bille en tête la gueule de bois de l’endettement ».

    La triste réalité, que Borio décrit en termes plus diplomatiques, est que cinq années et demie après l’éclatement de la crise, ni les opérateurs de marchés, ni les médias, ni les politiques, ni même l’immense majorité des « experts » et des économistes, ne sont sortis d’un horizon de « gestion de la crise ». À la vérité sur les comptes des banques (et des souverains), on a substitué un transfert permanent des risques vers le bilan des banques centrales, sans perspective de sortie.

    Le nouveau gouvernement conservateur japonais veut renforcer les doses d’un remède qui a échoué depuis deux décennies, avec l’objectif avoué d’engager le pays dans la stratégie de « débasement » de la monnaie pratiquée à grande échelle par la Réserve fédérale des États-Unis. Rappelons, par exemple, que la mise en œuvre des nouveaux ratios de solvabilité des institutions financières « systémiques » s’étale jusqu’en…2019 !

    Les prescriptions de désendettement privé et public, relève Borio, « contrastent violemment avec une vision largement partagée chez les macro-économistes qui considèrent que l’injection financière (augmentation des dépenses publiques ou baisses d’impôt) est plus efficace dans les récessions. Ce point de vue suppose toutefois que les gens veulent emprunter mais ne le peuvent pas. Mais s’ils se sont chargés de dettes à l’excès, le plus probable est qu’ils veuillent diminuer ce fardeau. Le remboursement de la dette sera prioritaire sur la dépense. De ce fait, même l’impact à court terme d’une expansion budgétaire indiscriminée (le soi-disant “multiplicateur budgétaire”) a toutes les chances d’être modeste. Plutôt que doper l’économie, il conduira à construire des ponts qui ne mènent nulle part, comme le suggère l’expérience japonaise ».

    Dans pratiquement tous les pays avancés, le niveau d’endettement public est à des niveaux jamais atteints en temps de paix, sans perspective de rétablissement dans un avenir prévisible.

    La liste est longue des effets pervers d’une politique monétaire « ultra-accommodante » à durée indéterminée, telle que la pratiquent actuellement les banques centrales des principaux pays ou régions avancés. De l’aide implicite au maquillage des bilans des firmes « zombies » à la « guerre des monnaies ». « Le risque majeur, résume Borio, est que les banques centrales soient écrasées sous le fardeau et qu’un cercle vicieux s’installe. La politique monétaire peut gagner du temps mais aussi le gaspiller à cause des incitations qu’elle génère. Comme les effets désirés se font attendre et que l’ajustement est différé, la pression monte sur les banques centrales pour qu’elles en fassent toujours plus. Un “fossé des attentes” s’ouvre (…). Tout cela rend encore plus difficile une sortie éventuelle et peut en dernier ressort menacer la crédibilité de la banque centrale », écrit Borio, en évoquant le Japon où la BoJ cherche toujours la porte de sortie plus de dix ans après s’être engagée dans le couloir des « mesures non-conventionnelles ».

    Vers un nouveau changement d’époque?

    L’horizon de temps, encore et toujours. « Le défi politique à long terme est d’ajuster les cadres de pensée pour refléter complètement les implications du cycle financier. Le cycle financier se déploie sur un horizon bien plus long que celui qui sous-tend normalement les décisions politiques concernant la croissance et l’inflation. » Il faudrait « rallonger l’horizon et déplacer l’attention des flux de période à période vers leur cristallisation dans les stocks », explique Borio. On en est loin, comme le prouve la curieuse dévotion à des indicateurs aussi fantaisistes que le PIB trimestriel ou le taux officiel du chômage mensuel. Non seulement les « gouvernants » (au sens large) n’ont pas attaqué les problèmes de bilan hérités du passé mais encore moins anticipé ceux qui se profilent à l’horizon de sociétés vieillissantes.

    La débauche de liquidités fournies par les banques centrales des pays avancés est en train d’alimenter de nouveaux déséquilibres, notamment dans les pays émergents qui tentent de s’en protéger comme ils le peuvent. Le protectionnisme se réveille et une « guerre des monnaies » non déclarée est en marche, à l’initiative des États-Unis. « Mais le plus grand risque, insiste Claudio Borio, c’est un nouveau glissement des plaques tectoniques de l’économie globale marquant un changement d’époque. » Probablement pas pour le meilleur, si la retraite de la mondialisation conduisait à la dislocation des cadres institutionnels multilatéraux qui ont jusqu’à présent tenu le choc, y compris celui de l’intégration européenne.

    « Peut-être serait-il temps de changer d’orientation. Peut être serait-il temps d’admettre la nécessité d’affronter bille en tête les faiblesses sous-jacentes, d’arrêter de repousser les ajustements en attendant des jours meilleurs élusifs, d’en finir avec les appels à des artifices de politique monétaire pour traiter des problèmes bien plus graves de bilan et de structure », interroge Borio. Et de conclure en évoquant son compatriote Gramsci et l’équilibre nécessaire entre « le pessimisme de l’intellect et l’optimisme de la volonté ».

    Or, c’est l’inverse qui se produit. En prolongeant indéfiniment les politiques de « gestion de crise » par incompréhension ou peur du coût politique à court terme, les « décideurs » en retardent en fait la solution, avec les dramatiques conséquences économiques, politiques et sociales que l’on sait. Borio prêche toujours dans le désert.

    Mediapart via http://fortune.fdesouche.com

  • Propositions monarchistes-sociales contre le fatalisme économique.

    Ce lundi 21 janvier, je n’étais pas à la traditionnelle messe pour le repos de l’âme du roi Louis XVI à Paris mais en train de corriger des devoirs de géographie et de lire avec grand intérêt, en plus de la presse du jour, le livre de Stéphane Giocanti sur les Daudet. Qu’on ne se méprenne pas ! Il ne s’agit pas pour moi d’oublier cette date terrible du 21 janvier 1793 qui vit rouler la tête du roi au pied de la guillotine ni d’en minorer le souvenir, et je félicite mes amis rennais d’avoir rebaptisé symboliquement la passerelle Saint-Germain, au moins pour la journée, « pont Louis XVI », tout en y accrochant un superbe drapeau fleurdelysé visible une bonne partie du lundi.

    Mais le souvenir ne doit pas faire oublier le présent et la nécessité de l’avenir, de cet avenir « que tout esprit bien-né souhaite à sa patrie », selon la formule maurrassienne toujours d’actualité. Au-delà des commémorations, importantes et utiles piqûres de rappel historiques, il s’agit de réfléchir et peser sur les événements, que ceux-ci soient politiques ou sociaux, et il est vrai que les temps présents ne nous laissent guère nous reposer…

    C’est le roi Louis XVI qui, le premier, employa l’expression « justice sociale », formule qui fut aussi, on le sait trop peu, le titre d’un petit périodique monarchiste inspiré par le comte de Paris dans les années trente du XXe siècle. Alors, pour rendre hommage de façon un peu originale au roi martyr, j’ai profité de ce jour particulier pour travailler à de nouvelles propositions monarchistes-sociales contre le chômage et la désindustrialisation : la mise en route de grands projets d’infrastructures comme la Grande gare centrale de Paris ; un programme de réhabilitation du bâti des communes rurales aujourd’hui menacées de désertification ; un grand projet de diffusion du télétravail dans les campagnes dites « profondes » mais aussi dans les autres… ; la reconstruction d’une grande marine destinée à la mise en valeur de notre Zone Economique Exclusive aujourd’hui sous-valorisée ; un programme de valorisation des potentialités énergétiques françaises, de l’éolien au solaire, de l’énergie houlomotrice aux algocarburants, de la petite hydraulique à l’énergie marémotrice, etc. ; la promotion d’une agriculture biologique de proximité et des « potagers sociaux » urbains et périurbains ; la formation dès le collège aux activités manuelles, qu’elles soient de réparation comme de création et de fabrication, aujourd’hui trop négligées ; etc.

    Ce ne sont pas les idées qui manquent pour relancer l’emploi en France mais bien plutôt la volonté, en particulier politique, de rompre avec certaines (mauvaises) habitudes d’assistanat et de fatalisme : il est tellement plus facile de poursuivre sur la voie d’une société de consommation qui séduit et endort les populations plutôt que d’engager des réformes qui remettent le travail au centre de l’activité économique sans asservir les hommes au règne de l’Argent !

    Ce 21 janvier, en mémoire de ce roi novateur et humaniste mais « trop humain » dans des temps de fer et de feu, j’ai essayé de montrer que, en cette malheureuse absence de roi et en l’espérance du prochain souverain, le royalisme n’est pas déploration mais proposition et action !

    http://nouvelle-chouannerie.com

  • A Davos, une finance « intouchable »

    Il en aurait presque versé une larme. Le PDG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, a donné le ton mercredi au Forum économique mondial de Davos (Suisse) en prévenant que l’industrie financière devrait pendant “encore cinq ans” avoir à supporter “les doigts pointés, le rôle de bouc émissaire, la désinformation” par rapport à leur rôle dans la crise financière qui a ébranlé le monde en 2008, et dont les conséquences se font encore sentir sur les marchés, chez les régulateurs, et dans le portefeuille des investisseurs lésés. Il en a également profité pour se moquer de “ces gens qui pensent avoir amélioré le système”, une façon à peine dissimulée de montrer le peu d’estime qu’il a pour les rédacteurs du Dodd-Frank Act ou encore les membres du comité de Bâle.

    Jamie Dimon au Forum économique mondial de Davos, le 23 janvier 2013

    Encore une fois, la finance et ses dérives sont les grandes absentes de Davos : si la régulation des banques et des marchés figure au programme des panels du cru 2013, l’autocritique et, surtout, la recherche de solutions pour éviter une redite des événements des cinq dernières années ne semble pas y avoir sa place.

    De concert avec Axel Weber, président d’UBS, qui traîne un certain nombre de casseroles liées à l’évasion ou à l’optimisation fiscales, Jamie Dimon s’est insurgé contre un milieu bancaire “qui en fait trop, trop vite” en terme de régulation. Axel Weber a renchéri en critiquant des règles de capitalisation et de liquidité trop compliquées, faute d’une réglementation internationale unique.

    Les deux banquiers répondaient à Zhu Min, directeur adjoint du FMI, et Paul Singer, fondateur du hedge fund Elliott Management Corp., qui estiment au contraire que le secteur financier ainsi que certaines banques sont encore, cinq ans après Lehman Brothers,  trop grosses, trop endettées (“too leveraged”) et trop opaques. Et que pendant ce temps-là, des centaines de millions de personnes sont au chômage.

    Jamie Dimon a alors à nouveau brandi des arguments déjà bien usés : c’est aux gouvernements de mettre au point une politique fiscale, monétaire et budgétaire favorable à la croissance et aux créations d’emplois.

    Le plus inquiétant n’est pas tant la morgue des “panélistes” que le vide intersidéral qui entoure à Davos la réflexion sur la prévention de futures crises. Dans les 80 pages du programme du Forum économique mondial, l’auteur a repéré seulement deux panels consacrés aux risques systémiques posés par les établissements financiers. Or si ces thèmes ne sont pas évoqués à Davos, où le seront-ils ?

    Comme le souligne un article publié sous la bannière DealBook dans le New York Times, l’affaire de la “baleine de la Tamise”, rendue publique en 2012 et dans laquelle JPMorgan – justement – a perdu près de 6 milliards de dollars, a un goût de déjà-vu : “Vous pourriez changer les noms, mais cette histoire d’intérêt personnel, d’accident imprévu sur les marchés et de pertes massives ressemble à presque toutes les autres catastrophes financières de ces deux dernières décennies.” Comme disent les Anglo-Saxons, ”The more things change, the more they stay the same” (“Plus ça change, plus c’est la même chose”).

    Avec un certain sens du timing, c’est le moment qu’ont choisi les producteurs de Frontline, l’émission de PBS, pour diffuser The Untouchables (“Les Intouchables”), documentaire au vitriol sur l’impunité dont ont bénéficié les responsables de la crise financière.

    Comme fait exprès, c’est également jeudi que doit être annoncée par la Maison Blanche la nomination de Mary Jo White, procureure devenue avocate, spécialiste de la délinquance “en col blanc”, à la tête de la SEC, le gendarme boursier américain. Le signal envoyé à Wall Street est important, mais il arrive bien tard.

    Economie américaine (blog Le Monde) http://fortune.fdesouche.com/

  • Un texte de La Tour du Pin sur le capitalisme, extrait de Vers un ordre social chrétien :

    À la suite du profond et profondément honnête discours par lequel le comte Albert de Mun a clos l'assemblée générale des délégués venus des assemblées provinciales tenues à l'occasion du centenaire de 1789, l'école classique des économistes s'est émue : les uns ont constaté ironiquement que le langage du « noble comte » ne laissait pas que de ressembler à celui des « pires ennemis de la société » actuelle. Les autres, plus bienveillants, se sont voilé la face.
    Mais; comme il n'y a pas de pire ennemi de la société que celui qui non seulement ne l'avertit pas de la perte à laquelle elle court mais encore l'excite à mépriser les avertissements, je crois à mon tour et très humblement faire acte de bon citoyen en cherchant à me rendre compte et à montrer en quoi le siècle actuel porte la marque de l'Usure et mérite d'en conserver le nom, comme l'a dit mon éminent ami.
    ... J'essaierai de montrer dans une première partie du mémoire les effets du système usuraire, dans une seconde ses remèdes, dans une troisième et dernière l'ensemble du régime économique dont elle serait bannie. Je ne lui ai pas donné de nom, parce qu'on ne baptise les gens qu'après leur naissance. Quant au régime économique de ce siècle qui repose sur l'Usure, il a un nom : le Capitalisme.

    I. - Des effets de l'Usure.

    L'Usure, communément parlant, signifie le prélèvement d'un intérêt excessif à raison du prêt d'un capital. - Scientifiquement parlant, tout intérêt de cette sorte est une Usure, que le taux en soit légal, modéré ou non.
    ... Bien que l'Usure (c'est-à-dire, pour ne plus le répéter, le bénéfice tiré du prêt) ait marqué constamment dans le passé comme un fléau de l'humanité, qu'elle ait été déclarée illicite par les plus hautes autorités morales et qu'elle ait encouru les plus terribles châtiments, dont la destruction cruelle de l'ordre des Templiers n'est qu'un exemple entre mille, il s'est produit de nos jours ce phénomène que le prêt à intérêt n'est communément plus regardé comme entaché d'Usure, qu'il fournit non seulement au budget extraordinaire mais au budget ordinaire des Etats par l'accumulation d'emprunts continuels, et que toute épargne sur la consommation est considérée comme un capital qu'il faut réaliser, c'est-à-dire mobiliser, en le convertissant en argent, puis « faire travailler » en en tirant intérêt, la plupart du temps un intérêt fixe indépendant des profits de l'entreprise, ce qui a partagé le monde civilisé en deux catégories de citoyens, les travailleurs et les "rentiers, tout comme faisait auparavant le prêt de consommation.
    Seulement, maintenant « que l'argent travaille », il produit de quoi faciliter l'épargne du travailleur aussi bien que grossir celle du rentier, et l'on devrait passer aisément de la première dans la deuxième catégorie, et finalement celle-ci irait toujours se grossissant aux dépens de celle-là.
    Telles sont au moins les apparences dans le régime économique qui se caractérise par la substitution du prêt de production au prêt de consommation en généralisant celui-ci. On n'a plus besoin, pour se faire des revenus sans travail, de les tirer de la ruine des nécessiteux, mais au contraire de leur industrie, et l'on enrichit d'autant le pays. - Cette théorie est très séduisante. Est-elle aussi solide ? et les choses peuvent-elles se passer indéfiniment ainsi dans la pratique ? C'est ce que nous allons examiner.

    II. - Des remèdes contre l'Usure.

    En abordant cette seconde partie de la question que je me suis proposé de résoudre, je ne m'en dissimule pas la difficulté, mais je ne la crois pas supérieure à la gravité de la critique par laquelle j'ai commencé. Car, si condamner une pratique universelle est chose facile par le raisonnement, ce n'en est pas moins une chose grave, puisque c'est s'ériger en juge de son siècle.
    ... Dans les questions industrielles la législation est juive (dans le mauvais sens du mot) : elle favorise la spéculation, l'Usure, et opprime l'honnête travailleur.
    C'est très frappant pour moi que toute la législation (famille, impôt, sociétés commerciales, etc.) est organisé contre le travail au profit du jeu ou spéculation. Tout homme qui a les mains calleuses se ruine en travaillant. Les seuls qui profitent sont ceux qui ont les mains blanches, qui ne travaillent pas, qui font les échanges : ce sont les parasites. Le laboureur, l'artisan, l'industriel, sont sur la pente de la ruine, la spéculation fait des razzias incomparables. Notre société H. Frères, si elle se ruine, entraîne la ruine absolue de chacun de nous. A côté, une société anonyme se fonde ; elle prodigue les millions, arrive à un effondrement scandaleux, et pendant que des milliers d'actionnaires sont ruinés, les directeurs, gérants et administrateurs se retirent avec un fort boni.
    La liberté de l'industrie, telle que l'entend notre législation libérale, c'est la liberté des voleurs et l'emprisonnement des honnêtes gens par leur mise à la misère. La désorganisation sociale où nous vivons dans le monde du travail engendre des maux incalculables que nos législateurs ne peuvent soupçonner. Autrefois le 1/100e des populations était dans une situation précaire, maintenant ce sont les 9/100e.
    J'ai été bien frappé de ce que j'ai lu dans Sismond de Sismondi, livre déjà vieux de près de soixante ans : « Le but de la société humaine doit être le progrès des hommes et non celui des choses. La centralisation perfectionne tout dans les choses, il est vrai ; en revanche elle détruit tout dans les hommes. L'indépendance des petits peuples a été absorbée par la centralisation législative ; les droits municipaux, par la centralisation administrative ; les droits des métiers, par la grande industrie ; les droits du commerce, par les grands magasins ; les droits des petits cultivateurs, par les grosses fermes.» Empêcher l'Usure, c'est guérir le chancre de l'économie sociale moderne.
    ... La loi fondamentale de l'économie sociale est la consommation productive : les économistes classiques ont eu tort de distinguer et de traiter successivement des phénomènes de la production, de la circulation, de la distribution et de la consommation des richesses, comme s'ils étaient indépendants : leur série doit figurer une courbe fermée, dont toutes les portions sont fonction l'une de l'autre, et qui possède dès lors un centre où il faut se placer pour découvrir la loi génératrice.
    Cette loi n'est autre que celle qui veut que le grain de blé pourrisse en terre pour se reproduire au décuple, que toute production ne soit qu'une transformation et par conséquent le produit de la consommation d'un objet ou de la consommation d'une force, et que rien ne soit ainsi perdu. C'est la loi du travail, de celui de la nature aussi bien que celui de l'humanité, qui en dispose mais n'en peut changer la loi.
    Il y a là deux ordres de phénomènes, suivant lesquels s'accomplit la loi : celui de la transformation, ou plutôt, comme on disait jadis de la transmutation des objets, dont je viens de citer l'exemple le plus frappant, et celui de la communication des forces, depuis celle qui transforme la chaleur et la lumière en mouvement, selon l'hypothèse scientifique, jusqu'à l'acte vulgaire de la nutrition nécessaire à l'anima-lité pour la rendre capable de travail.
    On conçoit donc très bien que la consommation improductive soit une anomalie, une dérogation à la loi de nature, et qu'elle doive engendrer des désordres dans le développement de la civilisation matérielle, qui ne repose que sur l'excès de la reproduction.
    En effet, lorsqu'un peuple ou un particulier consomme au fur et à mesure tout ce qu'il produit de biens, son état de bien-être reste stationnaire. Lorsqu'il produit moins qu'il n'a consommé pour cela, il tombe dans la misère, et à l'inverse il ne doit la prospérité qu'à la puissance supé¬rieure de reproduction de sa consommation.
    Les consommations les plus productives sont celles qui produisent les biens moraux : le prêtre, l'homme charitable, le savant, consomment généralement peu en proportion de ce dont ils favorisent la production sociale. Un prince par son bon gouvernement, un chef militaire ou un magistrat par la supériorité des services qui leur sont confiés, un ingénieur, un professeur, un médecin, favorisent en général davantage encore la production que ne le font les producteurs directs, cultivateurs, industriels ou ouvriers.
    Au contraire, de mauvaises moeurs, de mauvaises finances, de mauvais services publics, la décadence intellectuelle ou morale des professions libérales, pèsent sur la vitalité des classes directement productrices en ne leur rendant pas l'équivalent des services que les classes dirigeantes en reçoivent, et abaissent par conséquent le niveau de la production et celui de la prospérité publique. Une classe d'oisifs est une classe parasite, et si l'oisiveté devient héréditaire dans certaines familles, ces familles deviennent à charge à la nation.
    Si donc, en passant la revue de chacun de ces chapitres de l'histoire sociale, nous y saisissons la complicité de l'Usure, il faudra y porter la réforme et la poursuivre de branche en branche dans la vie nationale, en la rendant inutile dans toutes, - ce qui est le meilleur moyen de la combattre. Il y a sans doute là un cercle vicieux, car c'est l'usurier qui fait les misérables, aussi bien que ce sont ceux-ci qui suscitent l'usurier. Mais pourtant il y eut un besogneux avant qu'il y eût un usurier, et celui-ci ne naquit qu'à la sollicitation du premier. C'est donc moins à des lois répressives qu'à des dispositions préventives que je demanderais la répression de l'Usure, - c'est-à-dire, répétons-le encore une fois, de l'intérêt prélevé à raison du prêt, et du courtage prélevé par le fait de la spéculation inutile. - J'ai montré dans la première partie de ce mémoire la connexité de ces Usures.
    Je vais maintenant chercher comment on pourrait soustraire à chacune d'elles son domaine propre.
    La rente d'Etat est le prix dont l'Etat paie, sans les rembourser, les avances que lui ont faites les particuliers pour subvenir à des besoins extraordinaires : elles ont bien le caractère d'une consommation improductive, puisque l'emploi qu'a reçu l'emprunt a été fait et son coût soldé depuis longtemps, et que le plus souvent il n'en reste rien que l'intérêt à payer.
    Il y a deux manières de supprimer la rente d'Etat : l'une consiste à brûler le grand livre ; préconisée jadis par les socialistes, elle ne trouve maintenant plus guère d'adeptes, même parmi eux, non seulement parce qu'elle serait un vol, mais parce qu'elle aurait sur l'économie générale des répercussions désastreuses.
    L'autre manière consiste à l'amortir et suppose deux conditions l'une qu'il soit possible de diminuer le budget des dépenses ordinaires, l'autre qu'il soit possible de trouver dans le budget des recettes le fonds d'amortissement.
    Or aucune de ces deux conditions n'est impossible à réaliser en France, où elles l'ont déjà été souvent, entre autres sous la Restauration; et d'où l'on peut encore les observer non pas sur nous-mêmes, hélas ! mais dans l'administration d'un grand pays, - les Etats-Unis d'Amérique. Les moyens pour cela sont, au budget des dépenses, la diminution de l'appareil administratif et celui de l'appareil militaire ; au budget des recettes, l'élévation des impôts de consommation prélevés principalement sur le luxe ou les provenances étrangères.
    La diminution de l'appareil administratif est facile à atteindre par la décentralisation et le régime représentatif, qui favorisent la gratuité de nombre de fonctions publiques. La diminution de l'appareil militaire est à chercher dans la voie du désarmement général par le rétablissement du respect du droit des gens, sous la sauvegarde d'un Tribunal international. On ne traite plus aussi habituellement maintenant ces idées de chimères ; elles font leur chemin, et comme la poursuite du chemin inverse conduirait à la banqueroute, l'Europe prendra bientôt, de gré ou de force, celui que nous indiquons là.
    ... Ce sera la corporation, organe social concret, et non pas la société, conception abstraite à moins qu'on ne la concentre dans l'Etat, qui sera en possession des instruments de travail, et ses frais généraux ne comprendront plus que ceux de la direction, alors que le capital d'établissement aura été amorti et que celui d'exploitation sera fourni à titre gratuit, et non plus usuraire, par la clientèle elle-même de l'établissement, qui y trouvera un avantage dans le meilleur marché des produits.
    L'association de personnes et non de capitaux est donc dans l'avenir qui doit voir l'Usure bannie de l'agriculture et de l'industrie par une législation fondamentalement opposée à l'individualisme et au capitalisme dans l'une comme dans l'autre, sans avoir pour cela rien de socialiste. Mais il faut s'attendre à ce que l'Usure cherchera encore un refuge dans le prêt de consommation, et surtout dans la spéculation.
    Pour ce qui est du premier de ces domaines, elle y rencontrera dans une société bien organisée deux obstacles, la mutualité et la charité.
    En effet, la masse des hommes ayant été ramenée, comme il vient d'être indiqué, à l'accomplissement de la loi générale du travail dans des conditions où ce travail ne sera pas frustré de sa rémunération légitime par l'Usure, et à la pratique de l'association qui est la condition naturelle du travail, leurs besoins seront non seulement satisfaits normalement, mais encore localisés et spécialisés par le fait de l'organisation sociale : il y aura toujours des pauvres, parce qu'il y aura toujours des moments où dans la plupart des existences laborieuses les besoins excéderont les ressources procurées par le travail du jour. Mais si dans l'ensemble et pour la masse ce travail a été rémunérateur, c'est-à-dire si, pour reprendre les termes du théorème initial, la production à laquelle il a contribué a été supérieure à la consommation qu'il a coûtée, une partie de l'excédent aura dû être mise en réserve par l'association, pour parer aux éventualités dans un sain esprit de mutualité.

    ... III. - Considérations générales.

    Dans la première partie de ce mémoire j'ai essayé d'établir la thèse suivante
    Bien que le capital ne soit pas doué d'une productivité propre, les moeurs et les lois actuelles permettent à son possesseur d'en tirer à ce titre spécial un profit normal, en vendant cette productivité fictive sans pour cela aliéner le capital lui-même, et de se créer ainsi des profits sans risques et des rentes sans travail.
    La généralisation de cette pratique, jadis qualifiée d'Usure, a pour effet d'entamer d'autant les forces vouées à la production, de diminuer en conséquence la somme des produits et de fausser leur répartition, puisqu'une partie de ces produits est détournée de profiter à leur auteurs.
    Ou, pour se servir des termes mêmes du mémoire, l'Usure (terme figuré) prélevée en vertu de la productivité du capital détermine une usure (au propre) correspondante dans le mécanisme de la vie sociale, et un trouble croissant dans l'organisme social.
    Par la deuxième partie du mémoire, j'ai essayé de montrer comment on pourrait enrayer le système capitaliste sur les divers terrains de l'ordre économique où il produit les effets susdits ; c'est-à-dire dans les prêts industriels, dans les prêts à l'Etat, dans les prêts fonciers, comme aussi dans son influence sur les locations et les fermages.
    ... Enfin, il est certain qu'à un régime économique - le capitalisme auquel on prétend retirer son principal ressort, il faut en substituer un autre que je n'ai fait qu'indiquer, et qui me reste à exposer plus clairement. Car la vie économique, pas plus que les autres formes de la vie sociale, ne retourne pas en arrière. Il ne s'agit donc pas de revenir par l'extinction de l'Usure aux conditions où l'on travaillait avant qu'elle se fût développée, mais de pressentir les conditions nouvelles où pourrait s'exercer le travail, après que ce facteur négatif en aurait été éliminé. Afin que tous les autres, qui proviennent du développement du machinisme et des conquêtes de la civilisation sur le globe, en atteignent plus complètement leur plein épanouissement. Je vais l'essayer. Et cette fois ce sera la fin.
    ... les valeurs mobilières ne sont plus des fonds d'établissements agricoles ni industriels, mais des fonds de roulement ;
    ... Autrement dit, ... la moitié de la fortune publique consiste en Usures.
    ... Voilà comment l'Usure pose le problème social. Après avoir mesuré l'étendue du phénomène, si l'on veut en mesurer l'intensité, en voici un exemple journalier : vous commandez une paire de bottes chez un ouvrier cordonnier ; n'ayant pas d'approvisionnement de cuir, ni de capital, il faut qu'il emprunte 20 francs à un usurier pour se procurer le nécessaire ; celui-ci lui marque 30 francs (c'est le moins dans une affaire de ce genre) ; l'ouvrier estime à 10 francs sa façon et les bottes lui reviennent ainsi à 40 francs, mais c'est au-dessus du prix courant ; alors il partage entre vous et lui le coût de l'usure, ne garde pour sa peine que 5 francs et vous livre pour 35 francs ce qui en vaut 30. Vous n'êtes pas plus satisfait que lui, mais il y a un tertius gaudens, qui, après trois petites opérations de ce genre, se sera procuré, lui, sa paire de bottes sans diminuer son pécule et sans manier l'alène.
    Tandis que si l'ouvrier eût possédé le fonds, ou bien que vous lui eussiez avancé de quoi se le procurer en même temps que vous lui faisiez la commande, il y eût trouvé son compte et vous aussi. Comme aussi la société, pour qui les 10 francs empochés par l'usurier représentent une consommation improductive.
    C'est pourtant comme ceci que le capitalisme a commencé, tout simplement, tout bonnement, pour arriver par des voies de plus en plus complexes, dans lesquelles il faudrait une vraie science pour le suivre, au développement formidable qui vient d'être indiqué plus haut ; nous avons vu que la moitié du capital français travaille pour qui l'emploie, l'autre moitié pour qui le prête, sans parler du travail de l'argent sur lui-même, du jeu de bourse, également sus-mentionné, par lequel se produit ce qu'on appelle en mécanique un frottement au détriment du travail utile, et en économie une usure au détriment de la production.
    Voilà cette fois, j'espère, l'Usure bien prise sur le vif, et sa caractérisation bien claire.
    Comme il est dans la nature du capital employé à faire l'Usure de se grossir toujours, puisqu'il se reproduit sans se consommer, il est dans sa destinée de se substituer progressivement au capital qui ne se reproduit que par la consommation et qui encourt ainsi tous les risques, tandis que l'autre ne s'expose qu'à bon escient, c'est-à-dire quand il possède un gage ou «une couverture». Le système tend donc à rendre de plus en plus aigu le contraste entre capitalistes et travailleurs, de plus en plus riches ceux-ci et de plus en plus pauvres ceux-là, et à accentuer ainsi par ses deux éléments extrêmes la forme d'un état social où le précepte « que celui qui ne veut pas travailler ne doit pas manger » devienne une contre-vérité.
    Or, comme la vérité et la justice ne se laissent pas impunément tourner en dérision durant toute l'existence d'un peuple, je suis bien obligé de redire dans ce résumé ce que j'ai dit dès l'exposé de la question, à savoir que le système ne peut aboutir qu'à une révolution sociale.
    L'école classique, qui fournit sinon les prêtres de la religion du veau d'or, du moins ses docteurs, a beau chercher à accuser tantôt la bureaucratie, tantôt le christianisme, d'avoir engendré le socialisme elle seule a engendré et devait engendrer la réaction qui l'emportera elle-même, au prix de Dieu sait quelles violences, mais sans y pouvoir substituer rien qui vaille mieux ni même qui en diffère en principe. Car mettre tout le capital aux mains de l'Etat comme le veut le socialisme, ce n'est pas du tout réaliser l'union du travail et du capital. C'est même y tourner le dos.
    Le travailleur a encore aujourd'hui une chance de conserver ou même d'acquérir une partie du capital social, - de plus en plus minime il est vrai. - Mais, sous le régime socialiste, plus la moindre chance de cette espèce : l'Etat est le capitaliste universel et absolu ; le travailleur est purement et simplement un esclave. Ainsi, si l'on considère que le régime de l'Usure conduisait les hommes lente¬ment à l'esclavage, il faut bien reconnaître que le socialisme les y précipite d'un coup. - Singulier remède !
    La véritable solution, nous l'avons indiquée déjà, et il faut y revenir ici, consiste à remettre et à maintenir l'outil aux mains, c'est-à¬dire en la possession de l'ouvrier. Ce n'est pas « la mine au mineur » d'abord parce que la mine n'est pas un outil ensuite parce que le mineur n'est pas tout le corps exploitant, mais c'est la corporation industrielle ou agricole en possession de l'outillage professionnel et exploitant à son compte les forces naturelles.
    C'est la coopération, sans doute par la division du travail combinée avec l'unité de direction mais la coopération organisée conformément à la nature de l'homme, c'est-à-dire à l'ordre hiérarchique sans lequel l'humanité ne serait qu'un troupeau ; conformément aussi à la nature des choses, c'est-à-dire à leur emploi en vue d'une consommation productive. C'est la coopération organisée variés par des procédés infiniment variés et pouvant être très complexes ; c'est la coopération sociale, au lieu de cette absurde conception soi-disant démocratique, loi d'après laquelle tous les individus, étant égaux en droit, n'ont d'autre que celle du nombre et d'autre hiérarchie que celles qu'il crée.
    Non, si l'on conçoit bien l'Etat exploitant, quoique ce ne soit pas sa fonction propre, il n'est pas plus malaisé de concevoir dans l'Etat une foule de petits Etats autonomes reliés entre eux par des organismes de coordination, exploitant chacun pour son compte une branche d'industrie dans un atelier local, sous la protection de l'Etat proprement dit, et dans des conditions garantissant le bien commun. - Dans un tel régime corporatif, il n'y aurait ni Usure ni esclavage, comme lorsque le capital est séparé du travail par sa constitution individualiste ou socialiste, c'est-à-dire par son individualisation pure et simple ou par sa socialisation complète et absolue.
    ... Or il convient essentiellement que des hommes en société aient certains droits en propre, comme chacun d'eux a des besoins et des devoirs reconnus, et aussi certains droits en commun et résultant de l'organisation de la communauté, comme ils ont des besoins et des devoirs communs. Il y a des consommations sociales comme des consommations particulières, des productions sociales et des productions individuelles. Et il est bien naturel que les instruments d'une production soient eux-mêmes possédés à l'état social.
    Comment passer de l'état de possession individuelle de certains capitaux - et non pas de tous - à la forme sociale ? Je crois l'avoir montré : non pas en dépossédant leurs possesseurs, mais en les faisant entrer dans la société qui a besoin de leurs capitaux, et de l'organisation de laquelle ils ont besoin pour les faire valoir.
    ... Il y a en ce moment trois courants internationaux, que l'opinion désigne par les noms d'internationale jaune (ou judaïque), d'inter¬nationale rouge (ou révolutionnaire) et d'internationale noire (ou chrétienne) ; le premier se forme chez les capitalistes, le second dans la classe ouvrière, le troisième n'appartient pas spécialement à une classe, mais tend à la réconciliation des classes divisées par les deux autres courants, en tenant entre leurs prétentions la juste mesure dictée par une saine doctrine sociale.
    ... Si c'est celle dont la spéculation est l'âme aussi bien que le ressort, on verra le monde revenir à l'état social du temps de l'Empire romain, qui connut lui aussi les siècles de l'Usure ; l'esclavage aura pris la forme du prolétariat, la ploutocratie tiendra la place de l'aristocratie, et tout idéal aura disparu avec le culte de la patrie et celui du foyer. Ces deux amours, innés au coeur de l'homme, seront remplacés par celui de l'or.
    Si c'est l'internationale rouge qui réussit à produire une révolution sociale, ce ne sera plus même vers l'Empire romain, mais vers la barbarie que rétrogradera la société, car toutes les conceptions sociales soi-disant scientifiques, c'est-à-dire purement matérialistes, de l'école qui s'intitule démocratique socialiste et révolutionnaire, sont d'une rudesse et d'une grossièreté sans nom. Le culte du ventre, comme s'intitule elle-même la religion nouvelle n'est pas plus digne de l'humanité que celui de l'or, et n'en diffère guère en principe d'ailleurs. Libéralisme et socialisme ne sont, comme on l'a dit souvent, que deux frères ennemis.
    Mais si les passions soulevées par leur lutte fratricide se font de plus en plus jour, et si leurs manifestations acquièrent non seulement une fréquence, mais un développement inquiétant pour l'ordre social, il s'est produit néanmoins dans le cours de ce siècle, comme dans toute la série qui date de l'ère chrétienne, un adoucissement progressif et continu des moeurs, que des explosions de violence ont pu troubler plutôt qu'arrêter, et dans lequel l'observateur impartial ne peut manquer de reconnaître encore l'influence souveraine, quoique parfois latente et en quelque sorte inconsciente du christianisme.
    Cet adoucissement des moeurs, cette piété pour l'humanité, fournissent à l'action sociale de nos trois internationales comme un air ambiant, où la jaune et la rouge se sentent mal à l'aise, l'une dans son égoïsme, l'autre dans sa rudesse, tandis que l'internationale noire s'y trouve dans son élément. On en voit le témoignage dans ses développements : refoulée par tous les gouvernements, monarchiques ou républicains, conservateurs ou progressistes, elle ne se produit pas moins d'année en année dans des manifestations toujours plus complètes."

  • Taxation à 75% : un nouveau camouflet pour Hollande ?

    PARIS (NOVopress) – Rappelez-vous, c’était en février 2012 sur TF1. Le candidat du changement avait surpris son monde par une prise de position à « gauche toute », sans aucun doute sensible aux sondages prévoyant le candidat du Front de gauche autour des 15%, en 3ème position devant Marine Le Pen. Cette prise de position, c’était la fameuse taxe à 75% sur les hauts revenus.

     

    Mais depuis, la réalité des urnes et notre situation économique ont rattrapé le désormais président et cette mesure semble plus que jamais sur le point de devenir une nouvelle « promesse de l’ombre » des socialistes.

    La confusion règne depuis ce jeudi 24 janvier, après que Europe 1 a annoncé que cette mesure ne serait jamais mise en œuvre.

    Le camouflet de trop ?

    Craignant un nouveau tollé, L’Élysée et Matignon se sont empressés de démentir l’information. Des démentis a priori dénués de toute ambiguïté. « Bien sûr, on dément », a déclaré l’entourage du président, interrogé par l’AFP. « Nous démentons formellement », a aussi dit à l’Agence de presse l’entourage de Jean-Marc Ayrault. Avant d’assurer que « le nouveau projet devrait être présenté prochainement. » Toujours d’après nos confrères d’Europe 1, « il y a en priorité d’autres sujets de préoccupation à l’Elysée ». Pour gagner du temps ?

    Après la censure du Conseil constitutionnel, l’Exécutif ne veut pas risquer un nouveau camouflet. Or, la décision des Sages lui pose de nombreux problèmes d’interprétation. Non seulement les juges ont sanctionné le fait que la taxation exceptionnelle au-delà de 1 million d’euros s’appliquait à chaque individu et non pas au foyer fiscal – ce qui créait un problème d’égalité devant l’impôt –, mais ils ont aussi laissé entendre que le taux pourrait être confiscatoire, sans pour autant définir un seuil précis.

    Bref, voilà un beau casse-tête pour le duo Hollande-Ayrault, qui réfléchirait déjà depuis un moment à des solutions de repli et sans doute également à la manière de l’annoncer aux Français.

    Le gouvernement est donc tenté d’enterrer une promesse formulée « à la volée » par un François Hollande qui ne savait plus comment relancer sa campagne.

    Julien Lemaire http://fr.novopress.info