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économie et finance - Page 853

  • Champ-de-Mars : quand les intentions de Bertrand Delanoë sont mises à nu !

    images.jpgOn se souvient qu’après la manifestation du 13 janvier contre le « mariage » homosexuel, Bertrand Delanoë avait adressé à la préfecture de police la facture de ce qu’il estimait être des dégâts provoqués par le «piétinement» des pelouses sur le Champ-de-Mars : un coût évalué à «au moins 100.000 euros».

    Un jeune paysagiste mosellan, Samuel Bingelmann, avait alors proposé de restaurer, à ses frais, la pelouse abîmée. Il estimait que les travaux lui reviendraient «à moins de 50.000 euros». Hé bien le jeune homme s’est fait éconduire par la socialiste Anne Hidalgo ! Celle-ci, première adjointe PS du maire de Paris, a dénigré mardi matin sur RTL la généreuse proposition :«Je ne suis pas sûre que ce soit fait aussi bien», a-t-elle déclaré.

    Des propos qui ont suscité l’indignation du directeur de l’entreprise Lorraine Plants, située en Moselle : «Comment peut-elle juger la qualité du travail de mes salariés? Les jardiniers de la Ville de Paris sont sûrement excellents, mais mes huit employés connaissent eux aussi parfaitement leur métier » s’est-il exclamé. Avant de poursuivre : « Je comprends bien que la mairie de Paris ne veuille pas me confier ces travaux, après tout c’est son droit, mais cela ne l’autorise pas à humilier mes employés. Je souhaiterais qu’elle leur présente ses excuses».

    Il est évident que la démarche de Bertrand Delanoë est totalement partisane. D’abord, nul n’ignore son positionnement dans le débat sur le « mariage » homosexuel. Et qu’il présente comme par hasard une facture à l’issue de ce grand rassemblement, lequel était pourtant bon enfant et étranger aux violences habituelles des manifestations revendicatrices de gauche contre lesquelles le maire de Paris n’a pourtant jamais à redire, voilà qui achève de dissiper les doutes sur les intentions de Monsieur Delanoë… Et s’il fallait encore en convaincre l’opinion, c’est désormais chose faite : car si la démarche du maire de Paris était honnête et uniquement animée par le sort de la pelouse du Champ-de-Mars, il aurait dû se réjouir de la proposition que venait de lui faire le jeune paysagiste. CQFD

    http://www.contre-info.com/

  • Ecoracialisme (3) -/ L'Age d'or

    Frédéric Malaval, auteur du livre Ecoracialisme, non encore paru en édition, nous propose en exclusivité sur un mode toujours original son troisième extrait. Son constat est d’un réalisme achevé. Quelques anecdotes personnelles agrémentent sa démonstration qui débouche sur une conclusion presque déconcertante ou tout au moins inattendue. Nous verrons si les lecteurs réagissent sur ce texte.
    Polémia

    L'Age d'or

    Depuis la seconde moitié du XXe siècle, on vit bien. Guerres, famines, épidémies, tout a quasiment disparu depuis 1950. La population mondiale est passée d'environ 2,5 milliards d’individus à cette époque à 7 milliards en 2010. Dix milliards bientôt ?

    Depuis 1950, aucun conflit majeur n’est venu perturber la marche du monde. Le total des tués pendant la Première Guerre mondiale aurait été de dix millions ; des hommes jeunes et en bonne santé. (…)

    Un constat s'impose : énormément de morts. Depuis 1945, il y eut des conflits, mais les mortalités avérées sont beaucoup plus faibles. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) envisage 250.000 morts pour faits de guerre en 2004, contre 500.000 par homicides et 1.000.000 de suicidés. Les pertes humaines d'aujourd'hui sont de surcroît à rapporter à une population qui a presque triplé en un demi-siècle.

    Les morts par famine ont, eux aussi, quasiment disparu. La malnutrition existe : les disettes sont encore nombreuses, condamnant les individus les plus fragiles. Mais de gigantesques famines en temps de paix, il n'y a plus. Chacun peut constater qu'en Europe les marchés et les magasins regorgent de victuailles abondantes et de qualité. Ailleurs, il en est de même. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Produit intérieur brut (PIB) mondial n'a cessé de croître (sauf en 2009, selon la Banque mondiale), ceci malgré des crises sévères comme l'effondrement de l'Union soviétique et de ses satellites.

    Quant aux épidémies, c’est un mauvais souvenir. La Grippe espagnole de 1918 avec ses 34 millions de morts est la dernière ayant marqué les esprits. Oublions aussi les choléras du XIXe. A Paris, l'épidémie de 1832 fit près de 19.000 victimes en six mois, autant à Marseille. En juin 2011, les autorités allemandes purent confirmer la source d'une épidémie de diarrhées mortelles. Bilan : 36 morts.

    Guerres, famines et épidémies étant contenues, au cours des cinquante dernières années la durée de vie moyenne a progressé de plus de 20 ans dans le monde, passant de 46 ans (1950-1955) à 68 ans (2005-2010). Mais les situations restent très contrastées, avec une durée de vie bien moindre dans beaucoup de pays. Alors qu'un Européen vit en moyenne 76 ans, un Africain vit en moyenne 55 ans. En France, l'espérance de vie était de 45 ans en 1900, soit moins que celle d'un Africain aujourd'hui.

    Cessons ici d'exposer des chiffres étayant une idée simple : nous vivons un Age d'or. Bien sûr, tout est contestable. Evénements et statistiques font toujours l'objet d'aménagements selon les motivations des protagonistes qui les avancent. Toutefois, si je prends mon exemple, celui d'un Européen francophone de nationalité et citoyenneté françaises, né quinze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ayant toujours vécu dans la partie européenne de la Ve République française, je n'ai connu ni la guerre, ni la famine, ni d'épidémie. De cela, j'en suis garant. Je ne crois pas qu'aucun de mes aïeux eut ce privilège. Mes deux grands-pères vécurent comme soldats les deux conflits mondiaux. Mon père se promena dans les Aurès. Une grand-mère de mes enfants subit encore (2011) les séquelles du typhus qu'elle contracta, enfant, dans un Großdeutsches Reich agonisant. Son époux, plus âgé, traversa ces années sur le fil du rasoir. Membre de la Hitlerjugend, il était mobilisable par la Waffen-SS en juillet 1944. Prudent, il se fit oublier. Il termina sa carrière comme un des protagonistes de la fondation de la Communauté européenne Charbon-Acier (CECA). Dans cette génération, j’ai croisé un Breton sachant, enfant, à peine parler français. Enrôlé dans l’US Air force, il se retrouva en 1945 parlant mieux l’anglais que sa langue nationale. Il termina sa carrière commandant de bord chez Air France, sur Boeing 747. Un Alsacien, étudiant en médecine, ayant commencé la guerre sous le drapeau français fut ensuite intégré comme infirmier dans la Wehrmacht. Il finit la guerre sous le même statut, mais dans l’Armée soviétique, après qu’il eut été fait prisonnier par les Russes. (…)

    Quelques chiffres et souvenirs argumentent ce constat

    Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la production de biens de consommation et de services a fortement augmenté. Le Produit intérieur brut (PIB) mondial a été multiplié par 7 en 50 ans. Tous les continents ont connu la croissance, les acquis des pays « riches » profitant aux pays « pauvres ».

    De 1900 à 1950, la consommation mondiale d'énergie est passée de 965 millions de tonnes d'équivalent pétrole (TEP) à 2.099 millions de TEP, soit une multiplication par 2,1. (…)

    La consommation de denrées alimentaires connaît, bien évidemment, les mêmes évolutions. (…)

    Que ce soient les ressources renouvelables, comme le poisson, ou non renouvelables, comme le pétrole, la consommation de tout ce qui est consommable a crû depuis 1950 dans des proportions supérieures à celles estimées depuis que l'Homo sapiens sapiens artificialise l'écosphère. Les chiffres sont connus et régulièrement diffusés par des mouvements écologistes. Le WordWatch Institute, créé en 1974 par Lester Brown, édite chaque année un « état du monde » sous le titre The State of the World. Cet organisme se veut le pendant inquiet des grandes organisations internationales créées par les Américains dans l'après-guerre pour coordonner leur politique mondiale : Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Organisation des Nations unies (ONU), FAO, OMS, etc. Les résultats sont à la hauteur des espérances de leurs initiateurs. (…)

    Le confort, la santé, la sécurité, etc., tout ceci caractérise la seconde moitié du XXe siècle. Le prix à payer en est cependant une crise écologique inconcevable auparavant. La solution envisagée pour la surmonter est le Développement durable, dernier avatar d'une Modernité dont on oublie les apports, car ils vont de soi, et dont la conséquence est qu'on « vit bien ».

    Alors , oui, nous vivons dans ce qui ressemble à un paradis. Forts de ces succès, ceux qui ont organisé ce monde peuvent légitimement revendiquer sa direction officielle. Qui sont-ils ? Les Etats-Unis d’Amérique. La classe dirigeante américaine et ceux qu'elle a convaincus de la bienveillance de ses entreprises poursuivent inlassablement ce but : améliorer les conditions de vie matérielles de chacun d'entre nous. Ceux-ci ont comme doctrine de référence un capitalisme mondialisé, garant de la réalisation terrestre du paradis biblique. L'Homme y est envisagé comme un producteur-consommateur. Les plus dynamiques créent et organisent la distribution de ces richesses. A l'instar d'une aristocratie guerrière qui assurait la sécurité des territoires qu'elle dominait, l'oligarchie capitaliste apporte la prospérité. Personne ne veut contester sa gouvernance car les bienfaits dont chacun bénéficie aujourd'hui sont largement supérieurs aux méfaits qu’elle engendre. Cela dure depuis plus d'un demi-siècle. De surcroît, aucune doctrine n'est capable de s'opposer par l'esprit à ce qui domine la tête et le cœur de nos contemporains. Actuellement, rien ne peut ébranler les fondations de la mondialisation heureuse ou, dit autrement, l’américanisation du monde conduite par les Etats-Unis.

    Frédéric Malaval
    Ecoracialisme (3) L’Age d’or
    17/01/2013

    A suivre  Correspondance Polémia – 22/01/2013

    Voir :

    Ecoracialism (1) / Introduction
    Ecoracialisme (2) / Un homme, une femme ; un homme/femme, une femme/homme 

  • Le Qatar financerait les groupes islamistes du Nord Mali !

    Le Qatar, c’est ce petit pays qui rachète la France morceau par morceau, comme nous avons déjà eu l’occasion de le manifester sur ce site.

    En juin dernier, l’hebdomadaire satirique français “Le Canard Enchaîné”, citait une source de la Direction du renseignement militaire français (DRM) selon laquelle le riche émirat gazier du Qatar,  le prince al-Thani, financerait les groupes islamistes qui avaient pris le contrôle de l’Azawad, dans le Nord-Mali.

    Selon cette source, « les insurgés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA indépendantiste et laïc), les mouvements Ansar Eddine, Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) ont reçu une aide en dollars du Qatar ».

    Au début de l’année, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) aurait transmis plusieurs notes à l’Élysée, informant la présidence des « activités internationales » du Qatar. Apparemment sans grand effet, le prince al-Thani étant un grand allié de l’ancien président français Nicolas Sarkozy.

    Cette hypothèse paraît aujourd’hui confirmée par le Figaro. Le 20 janvier dernier, celui-ci évoquait l’équipement des djihadistes, auteurs de l’attaque du site gazier d’In Amenas : «On a trouvé parmi leurs kalachnikovs un modèle typiquement ­libyen, l’AK104, confie une source proche des militaires. Mais aussi des roquettes F5, petits modèles apparus pendant la guerre en Libye.» Leurs tenues aussi venaient de Libye : «Il s’agit de celles données par le Qatar aux rebelles du CNT (Conseil national de transition), reconnaissables à leur couleur ».

    Nous admettons donc nous être trompés en constatant que le Qatar rachetait la France morceau par morceau : manifestement, avec son argent et ses jeux d’alliances, il semble vouloir acheter la terre entière et y asseoir sa domination…

    http://www.contre-info.com/

  • Zemmour : « Montebourg est tout miel avec Renault »

    Chronique d’Eric Zemmour du 18 janvier 2013 : la curieuse mansuétude de Montebourg sur le dossier Renault.


    "La Chronique d'Eric Zemmour" : la curieuse... par rtl-fr

  • Comment les banques continuent à se goinfrer…

    C’est la crise ! Paraît-il… La crise et son cortège de plans sociaux. La crise et ses usines qui ferment. La crise et son chômage de masse. La crise et les impôts des classes moyennes qui augmentent, pour désendetter les Etats. La crise et les dépenses publiques qui baissent, pour éponger les erreurs du passé. La crise, oui, mais visiblement pas pour tout le monde !

    Il est une catégorie d’acteurs économiques qui gagnent quand tout le monde gagne, et qui gagnent encore quand tout le monde perd : les banques. Les plus grands établissements financiers américains – ceux dont il ne fait plus aucun doute qu’ils sont à l’origine de la Grande Crise qui secoue les économies occidentales depuis 2007 – viennent de publier leurs comptes pour l’année 2012. Ils laissent pantois.

    Accrochez-vous : Goldman Sachs, la banque symbole de toutes les dérives du capitalisme financier, celle qui a maquillé les comptes de la Grèce et inventé les produits financiers les plus dingues, a plus que doublé ses résultats : 7,3 milliards de dollars de profits nets ! JP Morgan a fait encore mieux : 21,3 milliards de dollars de bénéfices ! Le Pdg de cette dernière, Jamie Dimon, s’est même octroyé un bonus personnel de 10 millions de dollars. A ce tarif-là, ce n’est plus un cadeau Bonux, c’est le jackpot du loto. Et un gros lot qui, en l’occurrence, tombe chaque année, crise ou pas crise.

    Le plus incroyable, c’est que ces banques sont désormais censées évoluer dans un cadre réglementaire beaucoup plus strict (les fameuses lois Volcker et Dodd-Franck). Des contraintes dont elles n’ont d’ailleurs cessé de se plaindre. Il faut croire, à l’évidence, qu’elles ont l’effet du mercurochrome sur une jambe de bois.

    Dans ce contexte, on attend avec impatience les résultats de nos grands établissements français. Mais au moment où Bercy planche sur les nouvelles règles du jeu bancaire et semble hésiter à encadrer pour de bon leurs agissements, ces résultats himalayens des banques américaines devraient donner à réfléchir. Sans doute fallait-il sauver les banques en 2008. Mais à l’heure où les Etats sont surendettés et où l’on demande aux peuples toujours plus de sacrifices pour nous sortir de ce mauvais pas, le moment n’est-il pas venu d’imposer au monde de la finance des règles drastiques ? Pour éviter que quelques-uns continuent à se goinfrer en toute impunité. Pour éviter surtout que les mêmes causes produisent à l’avenir les mêmes effets dévastateurs.

    Marianne via http://fortune.fdesouche.com

  • La comptabilité n'est pas neutre en économie

    Pour beaucoup de monde, la comptabilité n'est rien d'autre qu'une technique d'enregistrement des mouvements d'argent au sein d'une entreprise, d'une société qui permet de savoir si celles-ci sont bien ou mal gérées. Pourtant, rien n'est plus faux que cette image de neutralité de la comptabilité perçue comme discipline objective se contentant de constater ce qui se passe lorsque l'on sort du simple tableau débit/crédit tel qu'il apparaît sur le relevé de compte en banque d'une famille.
    L'EXTRÊME RIGUEUR DES PREMIERS TEMPS DU CAPITALISME
    Le véritable problème de la comptabilité n'est pas tant d'enregistrer ce qui se passe dans la réalité que de savoir comment prendre en compte cette réalité. Des règles existent, dans les « plans comptables » pour indiquer dans quelle catégorie un actif, une dépense, un achat, un flux financier doit être inscrit : déjà, à ce stade, la représentation de l'activité de l'entreprise, à travers son bilan et ses différents comptes, sera modifiée selon les règles retenues et la manière dont elles seront mises en œuvre, dans la mesure où il y aura inévitablement une part d'interprétation. Au-delà de la rigueur, la comptabilité relève aussi d'un certain art.
    Mais il y a plus : ainsi, comment relever la valeur réelle d'une machine dans un atelier ? Doit-on la comptabiliser à la valeur de la casse, comme cela s'est fait longtemps, ou bien la comptabiliser, comme actuellement, selon le « principe du coût historique », c'est-à-dire selon le prix auquel elle a été achetée ? La réponse à ce seul problème peut modifier bien la situation d'une entreprise et de sa gestion. Dans le premier cas, la valeur des actifs d'une entreprise est nécessairement faible ; dans le second, elle est évidemment bien plus élevée.
    Historiquement, au XIXe siècle, c'est la conception du premier cas qui était retenue. Elle se rapportait à une vision très austère de l'activité et du risque économiques. La faillite était vécue comme une hantise et la prise en compte des actifs se faisait en anticipant une éventuelle faillite en simulant le capital résiduel en cas de liquidation des biens. Dans le même temps, elle s'accordait avec une conception de l'entrepreneur qui investissait directement son capital, disposait d'un maximum d'autofinancement, faisait donc peu appel à l'emprunt et était responsable sur des biens propres. La prise de risque du "capitaliste" n'était pas un vain mot et cette pratique s'inscrivait encore dans la tradition d'honneur et d'effort de la civilisation européenne toujours vivante. Le « principe de prudence » alors appliqué faisait que l'on évitait de prendre en compte des profits à venir, autrement dit des profits potentiels pour ne retenir que les pertes potentielles.
    L'inconvénient d'un tel système était de ne faire apparaître les profits, autrement dit les dividendes pour les actionnaires d'une entreprise, que vers la dernière période de production des investissements : on ne touchait pas de bénéfices rapidement.
    LE SYSTEME DU "COÛT HISTORIQUE"
    Ce système peu attrayant convenait mal lorsque le développement économique nécessita de mobiliser toujours plus de capitaux : il fallait attirer les épargnants et, pour cela, leur assurer des revenus plus rapides. A l'âge de l'entrepreneur pionnier commençait à se substituer celui du financier et du spéculateur, la bourse prenant de plus en plus d'importance dans l'économie. Pour cela, il fut décidé de ne plus envisager une liquidation fictive comme c'était le cas avec ce système comptable mais en considérant que l'entreprise existait durablement, invoquant le « principe de continuité ». La nouvelle conception reposait sur l'idée qu'une machine produit des richesses durant sa vie et qu'il faut prendre en compte cette réalité. Autrement dit, on comptabilisera la valeur d'un actif à son prix d'achat, ce que l'on appelle le « coût historique » diminué chaque année d'un pourcentage correspondant à l'usure de la machine calculée sur sa durée de vie estimée : c'est le principe de l'amortissement, bien connu de nos jours.
    C'est ce système comptable fondé sur le « coût historique » qui a dominé tout le XXe siècle jusqu'aux années 1980. De ce fait, la valeur comptable des entreprises, ainsi fondée sur cette conception anticipatrice mais considérée comme «valeur réelle» au sus de tous, était réévaluée par rapport au modèle précédent mais permettait de distribuer plus rapidement des bénéfices, à savoir des dividendes pour les actionnaires.
    VENDRE LA PEAU DE L'OURS
    Toutefois, ce n'était pas suffisant : pour satisfaire les actionnaires, il fallait accroître l'anticipation des bénéfices. C'est pourquoi nous en sommes aujourd'hui à une troisième prise en compte de la valeur d'un actif, à savoir qu'une machine ne représente plus un coût mais une somme de services actualisés, autrement dit de services futurs, non encore réalisés, ramenés à l'instant présent. L'argument de base invoqué - et tiré des travaux d'économistes tel Walras ou ceux de l'École autrichienne - est le suivant : dans la mesure où un équipement va être utilisé durant plusieurs années, il faut calculer la valeur de cette utilisation en anticipant cette dernière ; c'est le principe connu sous le nom "d'actualisation" : la valeur comptable d'un équipement va donc inclure pour une part des bénéfices non encore réalisés. Jusqu'alors, on ne distribuait des bénéfices que sur des actes commerciaux réalisés ; maintenant, il n'est plus besoin d'attendre que les faits se produisent : il suffit d'anticiper, en considérant comme sûre l'espérance de voir les faits se réaliser. Le principe d'imprudence - et à la limite d'escroquerie - est entré dans l'ordre comptable.
    Autrement dit, on ne prend plus en compte une valeur de réalisation - raisonnablement supposée comme certaine mais simplement  une  espérance de profits. Nous sommes ainsi entrés dans l'ère de la valeur virtuelle et cela d'une manière d'autant plus dangereuse que l'on ne prend plus en compte les risques de perte, inversant ainsi les règles de simple prudence et de bon sens qui prévalaient depuis le XIXe siècle.
    L'effet d'une telle évolution de la comptabilité conduit à favoriser la recherche de profits à court terme et à ouvrir ainsi la porte à tous les dérèglements.
    LES NORMES IFRS
    Cette troisième phase s'est traduite par l'adoption de nouvelles normes comptables appelées IFRS (International Financial Reporting Standards). De quoi s'agit-t-il ? Le système repose sur le principe de la « juste valeur » (Fair Value), autrement dit sur la règle que les actifs d'une société doivent être valorisés à leur valeur de marché. Le but de cette réforme était de faciliter le travail de valorisation des sociétés ; mais cela entraîne une très grande volatilité de la valeur des actifs et la publication de résultats comptables sans rapport réel avec leur activité économique. En outre, cette valorisation s'applique indifféremment à des actifs d'une durée de moyen et de long terme pour lesquels la valorisation instantanée n'a pas de sens. En outre les méthodes de valorisation manquent de clarté et d'harmonisation entre les sociétés.
    Les établissements de crédit comme les entreprises ayant d'importantes participations financières se trouvent particulièrement exposés à ces défauts. Avec un tel principe, c'est une nouvelle philosophie de la compréhension de la situation financière des entreprises qui apparaît. Et c'est surtout la valorisation des actifs selon les techniques boursières qui fait son entrée dans la comptabilité.
    Ces normes IFRS se sont imposées aux Etats européens au début des années 2000, venant des États-Unis, à travers un organisme a priori indépendant, l'IASB (International Accounting Standard Board), auquel l'U.E., bien légèrement, a en quelque sorte donné carte blanche pour leur mise en œuvre. Celui-ci, aidé par les jeunes générations de cadres financiers formés dans les grandes écoles du mondialisme que sont les écoles de commerce et de gestion délivrant les fameux MBA (Master of Business Administration), a conduit à la transformation non négligeable des systèmes comptables en place comme le PCG français (Plan Comptable Général), plaidant pour une harmonisation des règles comptables en Europe et dans le monde occidental. Alors que le PCG régissait le seul droit comptable, les normes IFRS intègrent l'information financière en général, laquelle est essentiellement tournée vers les actionnaires et autres investisseurs.
    Actuellement, les normes IFRS régentent les « comptes consolidés » des entreprises, c'est-à-dire les comptes qui rassemblent tous les comptes et résultats des entreprises, notamment des grands groupes, et qui jouent un rôle majeur dans l'information économique et financière.
    Ce type d'information, concernant les anticipations et les perspectives de production n'est certes pas inutile mais n'a pas sa place dans une discipline qui doit, autant que possible, être un diagnostic de la santé d'une entreprise.
    LES NORMES ET LA CRISE FINANCIÈRE
    Ces normes IFRS ont contribué au développement de la pandémie financière présente et à venir dans la mesure où elles ont faussé les bilans : alors que les actifs des instituts financiers étaient comptabilisés à la valeur boursière, qui avait augmenté vertigineusement au cours des années 1990-2000, les dettes demeuraient évaluées à leur valeur initiale, ce qui a gonflé artificiellement les profits comptabilisés ! Le phénomène a encore été aggravé lorsque l'IASB a décidé de ne plus amortir certains actifs immatériels jugés rétifs à cet exercice, les traitant ainsi comme indestructibles. Une telle situation, jointe à la prestidigitation développée par « l'industrie financière » avec notamment les produits dérives, ne pouvait - et ne peut - qu'engendrer l'euphorie et conduire à l'abandon de toute prudence en matière de distribution de crédit. La politique du « n'importe quoi », pour ne pas dire de la malhonnêteté, sera illustrée par les faits suivants. Selon les normes IFRS, nous l'avons vu, les valeurs des actifs sont comptabilisées à la valeur des "marchés" (en réalité, quelques poignées d'agents financiers agissant derrières leurs écrans d'ordinateurs). En période  de hausse, tout va bien. Mais lorsque la crise arrive, comme en 2008, la logique des normes IFRS voudrait que l'on comptabilise ces mêmes actifs à la valeur des marchés, autrement dit une valeur fortement dévalorisée. Ce qui signifiait une forte dévalorisation de la valeur affichée des entreprises, autrement dit l'aggravation d'une situation déjà catastrophique. Que fut-il alors décidé par les instances financières mondialisées ? Tout simplement de ne pas comptabiliser les pertes au motif que, en période de crise, les marchés ne peuvent plus fonctionner correctement et par conséquent les valeurs relevées ne signifient plus rien !
    Des dirigeants financiers s'inquiètent du maintien de tels principes dangereux, tel le président d'AIG, groupe d'assurance américain qui a demandé leur remise en cause, tel le directeur général de Paribas Baudoin Prot qui s'est inquiété de trouver le moyen d'en limiter les effets « pro cycliques ». Mais il est à penser que les choses en resteront aux vœux pieux et aux vaines critiques. L'IASB n'a préconisé que des modifications ponctuelles qui ne remettent pas l'ensemble en cause alors que les normes IFRS s'appliquent à un nombre croissant d'Etats. Et l'on peut craindre que le "mal" augmente dans la mesure où les normes IFRS demeurent encore imprégnées des normes précédentes. Il existe en effet des projets plus extrêmes t fondés sur la « full fair value » autrement dit le « valeur sincère entière », qui vise à calquer la comptabilité sur les règles de spéculation boursière : le pire est donc à venir.
    L'étendue de l'escroquerie pourrait être élargie en prenant en compte les politiques fiscales qui, pour amoindrir la fiscalité pesant sur les plus puissantes sociétés, a instauré la technique de l'amortissement fiscal accéléré, la « prestidigitatrice en chef » étant probablement Margaret Thatcher qui, dans les années 1980 a autorisé des amortissements fiscaux de 100 %, autrement dit permettant de passer en perte sur une année la totalité d'un actif dont la durée de vie est de plusieurs années.
    UNE URGENTE REMISE EN ORDRE
    La comptabilité n'est pas, à l'évidence, une discipline neutre. Comme toute description, elle relève de concepts, de principes qui ont nécessairement leurs défauts, lesquels peuvent toujours être - et seront toujours - détournés à des fins frauduleuses. Mais ces principes doivent être honnêtes, réalistes. Ils ne peuvent être indépendants de la morale naturelle, c'est-à-dire des principes sains, de bon sens, sans lesquels une société est menacée d'effondrement. Il est clair que les principes fondamentaux appliqués actuellement en comptabilité ne sont pas des principes sains. Dans la perspective du redressement de notre civilisation à laquelle œuvrent tous les hommes de bien, à commencer par les nationalistes, il est vital de dénoncer les pratiques comptables actuelles et de définir des règles comptables saines et sincères. Lorsque l'actuel système aura sombré, provoquant le chaos, il faudra reconstruire l'ordre sur de saines bases.
    André GANDILLON, Président des Amis de RIVAROL
    Rivarol du 1er juillet 2011

  • La Chine achète l'Europe archive 2010

    LA CHINE profite de la crise pour accroître son influence sur l'Europe, investissant dans la dette des pays de la zone euro, elle se fait ainsi des alliés à l'intérieur de l'Union européenne (UE). Début novembre, la cavalerie portugaise est au garde-à-vous pour saluer majestueusement Hu Jintao, le chef de l'État et du Parti communiste chinois. Un événement inattendu se produit : un cheval se cabre et désarçonne le cavalier. Préoccupé, le chef de l'État chinois attend la fin de la cérémonie pour s'adresser au garde, l'embrasser et lui demander si tout va bien. Le geste attentionné du président chinois a valeur de symbole : « À travers ce beau moment, le monde découvre la Chine sous une grandeur humaine », mentionne le Quotidien du Peuple, l'organe du PC chinois.
    Grâce à l'endettement de la zone euro, Pékin tente dans son propre intérêt de stabiliser l'économie de ses plus grands partenaires commerciaux. Le géant de l'énergie China Power International voudrait entrer dans le capital d'Energias de Portugal en achetant 2 à 5 % du capital de cet opérateur de gaz et d'électricité lusitanien. Les deux entreprises coopéreront dans des projets d'énergie renouvelable en Europe, en Afrique et au Brésil. Avant son arrivée à Lisbonne, Hu Jintao fut appelé comme un sauveur. Il s'engage à « soutenir l'Union européenne par des mesures concrètes ». Le vice-ministre des Affaires étrangères Fu Ying a indiqué que la Chine développerait l'acquisition des emprunts d'État appartenant aux pays endettés. Pékin tire adroitement profit de la crise de l'euro pour étendre peu à peu, mais sur le long terme, son influence politique et économique. Son offre vise avant tout les membres les plus endettés de la zone-euro, que l'on appelle les États PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne). Avec beaucoup de diplomatie , la République populaire affirme vouloir gagner des alliés au sein de l'UE. Lors de son voyage en Europe en octobre, le Premier ministre Wen Jiabao explique avec condescendance : « La Chine a déjà acheté des emprunts d'État à la Grèce, à l'Espagne et à l'Italie, tandis que d'autres investisseurs sont en train de quitter ces pays ». Au Parlement d'Athènes, Wen Jia-bao promet d'aider la Grèce : « Nous devons proposer d'autres aides et sortir certains pays de leurs difficultés financières ». Étant le plus grand détenteur de devises mondiales, la Chine a amassé 2,5 billions (2 500 mille milliards) de dollars. 70 % de ces capitaux ont été investis. Les Chinois tentent de constituer leur trésor dans des devises autres que le dollar. Yu Yong-ding, ancien conseiller monétaire de la Banque centrale chinoise et président de la Société d'études chinoises sur l'économie mondiale, accrédite cette diversification, même si les autres devises « ne sont pas des produits de substitution idéaux » par rapport aux emprunts d'État américains.
    En juillet, la Chine a acquis pour 400 millions d'euros d'emprunts d'État espagnols. Le Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero remercia son bienfaiteur par une visite diplomatique à Pékin en septembre. « Si la Chine augmente sa part d'emprunts espagnols, dit-il, cela renforcera la confiance des marchés financiers ». Zapatero espère que la Chine achètera encore plus d'emprunts d'État. Les Européens du Sud regardent avec avidité vers Pékin. Les capitalistes de l'État chinois qui soutiennent ce pays par l'achat de titres demeurent invisibles. Dans la capitale, des agents de l'Administration chinoise des changes travaillent et spéculent derrière les murs d'un bloc abritant des bureaux. Les résultats des recherches ne sont jamais publiés directement. Inféodée à la Banque centrale, tout est contrôlé par l'État. L'année dernière, Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque centrale chinoise et responsable de la politique monétaire, attira l'attention en proposant de remplacer le dollar comme monnaie de réserve globale par des droits de tirage spéciaux, un actif de réserve international créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. Zhou Xiaochuan suit les consignes du parti et de la Banque centrale qui précise sur son site : « La Chine est un investisseur responsable sur le long terme dans l'investissement des réserves de change qui suit le principe de diversification. L'Europe a été, est et restera l'un des principaux marchés d'investissement pour les réserves de change de la Chine ».
    LA GRÈCE, UN TREMPLIN VERS L'EUROPE DE L'EST
    China Investment Corp. (CIC) est un nouveau fonds souverain chargé de gérer sous la forme de participations (sur des fonds en actions) une partie des capitaux publics de la Chine. Il démarre avec un capital d'environ 200 milliards de dollars provenant du stock de devises. À l'occasion de sa fondation il y a trois ans, CIC suscitait la méfiance des Européens. En 2009, son président Lou Jiwei, ancien vice-ministre des Finances, déclarait avec ironie : « Des fonctionnaires de l'UE me demandaient que les investissements ne franchissent pas 10% de notre capital ». À présent, les temps ont bien changé. Les Chinois se heurtent rarement à un comportement de résistance, comme cela peut être le cas à Hambourg et dans l'ensemble des ports de la Hanse, où ils tentent en vain d'obtenir une participation. L'intérêt est important : La Chine est le premier partenaire commercial de l'Allemagne et de l'UE. Il s'agit d'une exception, car dans le reste de l'Europe, les Chinois sont les bienvenus. La République populaire a pris les Hellènes dans son champ de mire. Elle entend les utiliser comme tête de pont pour son commerce avec l'Europe de l'Est : en novembre 2008, l'entreprise chinoise Cosco (China Océan Shipping Company), un des premiers armateurs mondiaux, a obtenu un bail de location de 30 ans sur le port du Pirée, le plus grand de Grèce et l'un des plus importants de la Méditerranée. Jusqu'en 2015, elle veut augmenter le transbordement des containers à 3,7 millions de pièces contre 800 000 à l'heure actuelle, indique le Premier ministre Wen Jiabao.
    Dans la ville d'Athlone, au centre de l'Irlande, des investisseurs chinois ont l'ambition de construire un gigantesque complexe pour les entreprises pouvant accueillir des conférences et des expositions. Pour Pékin, c'est un lieu d'implantation stratégique : l'Irlande est le seul pays anglophone de la zone euro. En Italie, à l'occasion de la visite de Wen Jiabao, le Premier ministre Silvio Berlusconi a fait embraser de lumière rouge le Colisée servant également de support à des hologrammes chinois. Wen Jiabao promit aux Italiens de doubler ses liens commerciaux d'ici 2015. Politiquement, Pékin attend des Européens une plus grande souplesse : lors d'un sommet avec des représentants européens qui s'est déroulé à Bruxelles en octobre, Wen Jiabao ne toléra pas les exigences de réévaluation de la devise chinoise. Pékin tient artificiellement le taux du change du yuan à un bas niveau, ce qui permet de réduire le prix des exportations. De plus, en juillet dernier, Angela Merkel s'engagea une nouvelle fois à ce que l'UE reconnaisse dans un délai de cinq ans le statut d'« économie de marché » total de la Chine. Cette faveur rendra encore plus difficile toute opposition aux exportations et aux dumping de l'Empire du Milieu.
    L'UE VICTIME DES INVESTISSEMENTS CHINOIS
    La dépendance des États européens à l'égard de la Chine s'accroît. L'UE devient de ce fait plus poreuse aux risques d'ingérence de Pékin, qui débat sur la quantité de capitaux pouvant être investie en Europe. Les trois quarts des placements devraient être effectués en dollars, ce qui concurrencera l'euro. Yi Xianrong avertit : « L'investissement dans le papier est très risqué ». C'est pourquoi ce membre de l'Académie de Pékin pour les sciences sociales atteste que dans le cadre des « affaires politiques, il est judicieux pour la Chine d'acquérir des emprunts d'État européens, mais seulement en petite quantité ». Un investissement minimal, une influence maximale, la Chine a toujours tenu à cette stratégie à l'égard de l'Europe, de plus en plus prise en tenaille entre des injections en dollars et la politique d'investissement de Pékin. Nous assistons à une hégémonie déguisée du dollar instrumentalisée et maîtrisée par la Chine.
    L. B. Rivarol du 23 décembre 2010

  • Mali : Tant que l'argent afflue, l'Ouest ne semble pas troublé par l'idéologie des monarchies du Golfe

    La France espère que les monarchies arabes du Golfe vont apporter leur aide à la campagne contre les rebelles djihadistes au Mali, a déclaré hier son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. En visite aux Emirats Arabes Unis, M. Fabius a présenté brièvement les différentes aides possibles : en fournissant du matériel ou du financement - une requête ironique étant donné que l'on pense que les donateurs privés de ces pays sont les principaux soutiens d'al-Qaïda en Irak et en Syrie. P.C.

     

    L'Ouest a dépeint les dirigeants du Golfe comme des alliés
 naturels pour encourager les révolutions démocratiques

    Les Etats-Unis et les pays occidentaux se sont tournés depuis longtemps vers les monarchies du Golfe pour financer leurs actions dans le monde musulman et au-delà. Quelques fois, le financement a été direct, comme l'aide financière et matérielle que le Qatar a apportée aux rebelles libyens en 2011. D'autres fois, cela a été des subventions indirectes à des groupes, comme les moudjahidin afghans qui combattaient les Soviétiques, et avec lesquels l'Ouest ne voulait pas trop être associé publiquement. M. Fabius a dit que les donateurs se réuniraient vers la fin janvier à Addis-Abeba, pour financer une campagne africaine contre al-Qaïda. Il a déclaré : « Tout le monde doit s'engager à combattre le terrorisme. Nous sommes assez confiants que les Emirats iront aussi dans cette direction ».

Les relations entre les Etats-Unis et leurs alliés européens, d'une part, et les monarchies absolues du Golfe, de l'autre, ont été très contradictoires depuis que le Printemps Arabe a commencé, il y a deux ans. L'Ouest a décrit les rois et les émirs du Golfe, qui dirigent quelques-uns des Etats les moins démocratiques du monde, comme des alliés naturels pour promouvoir et financer les révolutions démocratiques en Libye et en Syrie.

Une contradiction supplémentaire est que l'Arabie Saoudite et ses dirigeants sunnites ont encouragé les salafistes dans tout le monde musulman - des militants fondamentalistes défendant une interprétation littérale du Coran - en payant pour leurs écoles et leurs mosquées. Tandis que la plupart des salafistes sont non-violents, leur idéologie est similaire à celle d'al-Qaïda.

La Libye de Mouammar Kadhafi était un donateur et un investisseur important en Afrique sub-saharienne et il est peu probable que les Arabes du Golfe soient prêts à dépenser autant d'argent. Même les rebelles syriens disent que les fonds qu'ils reçoivent arrivent épisodiquement et qu'ils sont inadéquats, conduisant au pillage généralisé par les chefs rebelles. Tandis que la France justifie son intervention au Mali en affirmant que celle-ci fait partie de la « guerre contre la terreur », son action pourrait provoquer plus de troubles dans cette région. Chose intéressante, un groupe rebelle au Nord, le MNLA séparatiste qui veut une patrie pour les Touaregs au Nord du Mali, aurait soutenu l'intervention française.
 

     

    Patrick Cockburn

    The Independent,
    16 janvier 2013
    Titre original : As long as the cash rolls in, the West appears untroubled by Gulf monarchies' ideology

     

    Traduction : JFG-QuestionsCritiques
    Correspondance Polémia – 21/01/2013

  • L’Islande: Future puissance énergétique et modèle révolutionnaire ?

    L’Islande de la révolution future
     
    Mais l’Islande, ce n‘est pas seulement cela, c’est une révolution constituante. Après son refus de payer sa dette, l’Islande vient de publier son taux de croissance pour 2012 et il est le triple de la croissance de l’Union Européenne ! A côté de cela, dans les news économiques, on apprend que Benoît XVI soutient Monti : sans doute la doctrine sociale de l’Eglise ! Benoit XVI n’a surtout pas imaginé que l’Islande puisse devenir un modèle ! L’Islande avait déjà terminé l’année 2011 avec une croissance économique de 2,1% et, selon les prévisions de la Commission européenne, elle va faire le triple du taux de croissance attendu pour l’UE en 2012 alors que la croissance globale de l’Union est prévue à 0,5% en 2012 contre 1,5% en Islande. Pour 2013, la croissance devrait atteindre 2,7%, principalement à cause de la création d’emplois.
     
    Qu’a donc fait l’Islande ? 
    Une thérapie de choc : elle a nationalisé les banques privées! Il faut le répéter à l’envie : l’Islande a été le seul pays européen qui a rejeté, par un référendum citoyen, le sauvetage des banques privées et du coup, accepté consciemment de laisser s’effondrer certaines d’entre elles. Elle a ensuite jugé les nombreux banquiers pour leurs crimes financiers. Pendant ce temps, en France, on dort dans les voitures sur le parking du parvis du Château de Vincennes ou on installe des tentes derrière les murs du périphérique parisien (voir sous les bretelles de la porte d’Orléans) et dans un pays comme l’Espagne, le ministre de l’économie qui fut un grand responsable chez Lehmann Brothers, avait maquillé les soldes bancaires et gonflé les résultats pour faire croire à une solvabilité du système financier ! En 2008, Glitnir, Landsbankinn et Kaupthing furent les banques islandaises nationalisées pour éviter leur faillite. Elles furent placées sous contrôle démocratique. En juin dernier, l’une d’elle, Landsbankinn, a même annoncé son intention de rembourser les intérêts aux détenteurs d’hypothèques pour éviter aux citoyens de payer leurs pertes. 
     
    Nous avions sur Metamag présenté la vidéo de la révolte islandaise. La révolte pacifique avait débuté en 2008, sans que celle-ci soit décrite dans les pages des grands médias européens. Aujourd’hui dans les publications des experts économistes qui pullulent dans les bacs des libraires, la révolution islandaise n’est mentionnée que dans des notes en bas de page, en précisant que ce pays serait un dangereux exemple à suivre !
     
    un soutien populaire aux 2 reférendums
     
    À la fin de 2008, l’ensemble des dettes de l’Islande égalait neuf fois son PIB. Sa monnaie s’était effondrée et sa Bourse avait suspendu ses activités, après une chute de 76% ! Le pays a donc fait faillite et a ensuite reçu un prêt de 2 100 millions de dollars du FMI et 2 500 millions de dollars provenant des pays nordiques et de la Russie. Le FMI, comme d’habitude, avait exigé, en échange des mesures « d’ajustement » c’est-à-dire des coupures dans les dépenses sociales sauf que cette fois-ci, le plan d’austérité du FMI a provoqué la colère de la population, la chute du gouvernement et la convocation d’élections anticipées, au début de 2009.
    Johanna Siguroardottir 1er ministre islandais et l’ancien Premier ministre Geir Haarde
    La gauche a remporté alors la majorité absolue et a provoqué l’effondrement du Parti de l’Indépendance, un parti conservateur, qui était traditionnellement la force dominante du pays. Le Parti de l’Indépendance n’a pu conserver que 23,7% des voix. Johanna Siguroardottir a été choisie pour diriger le gouvernement réunissant des sociaux-démocrates, et des écologistes de gauche. En 2010, le gouvernement a mis sur pied une assemblée constituante de 25 membres, des « citoyens ordinaires » pour réformer la Constitution. Cette même année, le gouvernement avait soumis sa population à un référendum sur le paiement ou non de la dette contractée par les banques : 90% des gens ont refusé de payer. Le FMI a alors gelé les prêts en espérant que l’Islande finisse par payer ses dettes illégitimes.

    une économie redressée
    En septembre 2010, l’ancien Premier ministre Geir Haarde a été mis en procès pour négligence dans la gestion de la crise. En avril 2011, les citoyens ont de nouveau dit non à un nouveau référendum sur le paiement de la dette. Après cela, au mois de décembre, la banque Landsbankinn a décidé de réduire une partie de la dette, 350 milliards de couronnes, soit environ 33% de la dette totale. Il y a quelques jours, les responsable de la Fiscalité en Islande ont inculpé deux cadres supérieurs de banque qui ont commis des fraudes au moyen de prêts non autorisés pendant les opérations qui ont conduit le système financier à s’effondrer en 2008 : l’ancien PDG responsable de la faillite d’une grande banque et son responsable financier. Ils auraient abusé de leur position pour fournir environ 102 millions d’euros sans autorisation, sans garanties de la part des bénéficiaires et sans avoir consulté le département de gestion des risques. Les agences de notation Moody, Standard & Poor et Fitch font pression pour punir l’endettement de l’Islande mais sans grand succès et toujours en essayant d’ignorer la reprise économique du pays.
     
    Pourquoi rappeler tout cela en début d’année ? 
     
    Pour préciser par écrit et pour demain le prix du reniement. En se soumettant à la logique néolibérale de dérégulation et de privatisation, en déclarant son impuissance à conduire une politique de gauche et en accordant dans le débat public une place centrale à la rigueur, à l’austérité, la gauche française se suicide théoriquement et démobilise les classes populaires. François Hollande, au Val de Reuil, en Normandie, a rappelé que l’Etat ne reprendrait pas PétroPlus, qu’il était hors de question pour l’Etat d’envisager une quelconque nationalisation, y compris bancaire. C’est céder aux financiers, c’est ne pas imaginer d’autre existence sociale et économique au delà du libéralisme mais c’est surtout ne pas comprendre que l’heure n’est pas la même qu’en 2002, par exemple, sous Lionel Jospin.
     
    La crise du système financier a changé la donne. Pour la première fois, le système s’engage à faire ce qu’il n’avait jamais fait auparavant dans l’histoire du libéralisme et du capitalisme : exploiter l’Etat national lui-même, le dépouiller. Les banques et la bourse ne font, en fait, actuellement – c’est une lapalissade ! – des affaires qu’avec les Etats. Les capitalistes volent leur argent, le gardent dans les banques, se déclarent en faillite et demandent à être renfloués, c’est là la fantastique affaire d‘un vrai détournement oligarchique de la richesse populaire. Nos dirigeants européens le savent bien. Ils baissent la tête et acceptent d’aider les banques pour que le système ne s’effondre pas. Le régime est en quelque sorte devenu mafieux et le capitalisme financier escroque les Etats.
    Vous appréciez les paysages islandais mais l’Islande bouillonne aussi d’une énergie propre, venue directement du centre de la terre. Cette énergie géothermique, l’Islande l’exporte et elle souhaite désormais aller plus loin en envisageant d’exporter son électricité grâce à un ambitieux projet de pipelines vers l’Europe du Nord qui pourrait alimenter en électricité un million de foyers aux Pays-Bas et en Ecosse.
    Exploitation de la géothermie
    Cette énergie géothermique permet de produire de l’électricité et de se chauffer grâce à la chaleur prélevée directement dans le sous-sol. A Hveragerði, par exemple, on fait pousser différents fruits et légumes dans des serres tropicales grâce à l’énergie géothermique. 75% des tomates cultivées dans ces serres sont d’ailleurs directement consommées par les Islandais et le pays envisage même d’en exporter d’ici 5 ans. Plus d’énergie disponible que de besoins et donc un produit et un savoir faire à vendre au monde entier.
    Sites géothermiques en Islande
    L’Islande a du coup décidé de former à cette science des étudiants étrangers qu’elle va chercher jusqu’en Afrique. Un jeune kényan étudie ainsi la géothermie en Islande et se servira de ses connaissances une fois de retour au pays. Grâce à ses volcans, l’Islande produit aujourd’hui 5 fois plus d’électricité que ce dont le pays a besoin.
    Source: Michel Lhomme Metamag