« Si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou. » Cette sentence biblique a inspiré le tableau de Bruegel l’Ancien, où l’on voit une procession d’aveugles liés les uns aux autres s’entraîner mutuellement vers le précipice. La parabole de Bruegel vaut pour le destin de l’Union Européenne, qui n’a jamais paru aussi précaire.
Notre inconscient collectif nous le murmure : l’UE, dans son organisation actuelle, est condamnée. Certains experts le savent et le disent, à l’instar de Joseph Stiglitz, de Jacques Sapir, de Christian Saint-Etienne, de Jean-Luc Gréau, d’Alain Cotta, de feu Maurice Allais, Nobel d’économie symptomatiquement dédaigné par notre intelligentsia pour crime de lèse-béatitude envers l’euro. Notre élite politique aussi le sait, mais elle le tait soigneusement. Il faut la comprendre, faire pièce à la vérité signifierait sa chute
L’euro, ce moteur de croissance zéro
L’euro, ce moteur de croissance zéro, ne sera bientôt plus qu’une poudre de comète, abîmée dans le vaste charnier d’une oligarchie supranationale qui s’est trop tôt rêvée toute-puissante. Se corrompre dans de telles illusions d’omnipotence et d’expansion indéfinie, c’est la justice que l’histoire réserve à tous les projets impériaux, même les plus technocratiques et les moins séduisants. L’extraordinaire revitalisation des mouvements populistes européens, que la doxa nous affirmait enterrés dans les sables de la Fin de l’histoire, souligne assez la marche à la mort de l’illusion euratlantique.
La fable « crisiste » n’empêchera pas les grands mensonges de tomber
Certes, la crise de 2008 a été un effet d’aubaine pour une partie de la classe politique qui s’est ingéniée à masquer sous les traits de la conjoncture ce qui relève en réalité de failles structurelles, systémiques, propres à l’architecture de l’Union. Il faut bien être naïf pour avaler la fable crisiste qu’on tente de nous vendre : avons-nous attendu 2008 pour subir la stagflation, les délocalisations, la désindustrialisation massive, le chômage de masse, une politique d’élargissement aberrante, une immigration massive qui a explosé à la fin du siècle dernier, c’est-à-dire au moment même où la lutte contre l’immigration devenait l’omega du discours gouvernemental, plongeant le débat médiatique dans une schizophrénie ravageuse, où le durcissement des paroles va de pair avec l’impuissance des actes ? 2008 n’aura fait que révéler ces lignes de failles, dont aucune n’a été colmatée. La machine s'épuisera dans des annonces de réforme impossibles à mener et pour cause, l’ordre même de l’Union l’interdit. L’épreuve d’enfumage aura duré deux décennies. Une durée de vie remarquable pour une malversation aussi patente. L’Union semble désormais aussi fragile qu’un enfant atteint de progéria. Voici venu le temps où vont tomber les grands mensonges.
Trou noir des dettes souveraines et faillite civilisationnelle
Le trou noir des dettes souveraines travaille à leur perte fatale les économies européennes. Deux événements survenus dernièrement soulignent l’effet d’accélération : d’abord la rétrogradation de la note des Etats-Unis par Standard & Poor’s, qui signifie que le séisme financier mondial n’a pas encore épuisé ses capacités de réplique, puis l’annonce, tout aussi inédite, par le gouvernement français de sa volonté de suspendre les accords de Schengen pour tenter de juguler, vainement, l’afflux de dizaines de milliers de jeunes Tunisiens. L’édifice craque de partout. La pitoyable querelle avec l’Italie dit la faillite civilisationnelle dans laquelle nous sommes engagés. Sur le plan économique, maintenant que les pions sont tombés (Grèce, Irlande, Portugal), le cercle du désastre s’élargit et ce sont les pièces de choix qui vont être mises en jeu. L’Espagne sera la prochaine à offrir sa tête au billot du Fonds de solidarité. Gageons que le couple franco-allemand, roi et reine de ce sombre échiquier, feront tout pour proroger la demande de soutien des ibériques, qui entraînerait inéluctablement l’effondrement de l’union monétaire.
Euro et Schengen : vers la fin de l’utopie sans frontiériste
Formidable entropie qui engloutira tout de l’utopie sans-frontiériste : l’euro et Schengen imploseront simultanément. L’effet de sidération qu’engendrera cette implosion dans les opinions publiques se traduira par une série de révolutions politiques internes. Un basculement que tous les sondages annoncent et dont 2012 va dramatiquement préciser les contours.
La coque du vaisseau amiral est trouée
On aimerait ne pas avoir à se réjouir de telles perspectives. Et pourtant, nombre de politiques avisés, défaits par le référendum de Maastricht, nous avaient mis en garde : cette autodestruction était inscrite dans le programme génétique même de l’UE et de l’idéologie supranationale. Nous serions nous bornés à une Europe des Douze, fondée sur des coopérations bilatérales, seule solution pour aboutir à terme à un ensemble politique et économique stable et cohérent, que nous n’aurions pas eu à redouter un naufrage aussi radical. Persistance des Cassandres. Inutile désormais de chercher à sauver un vaisseau-amiral dont la coque est trouée. La situation ne nous laisse d’autre choix que de nous préparer à abandonner l’embarcation. L’épreuve sera douloureuse à court terme mais salvatrice à moyen terme. La plaie a de toute façon suffisamment suppuré. Il est temps de parapher l’acte de décès et d’achever cette chimère malade ou c’est elle qui nous achèvera.
Georges-Henri Bricet des Vallons Correspondance Polémia
Chercheur en science politique 6/05/2011
économie et finance - Page 854
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L'implosion de l'Union européenne est programmée
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Rébellion #56 - Edito: Réflexion en écho à celle d'un philosophe transalpin
Vers la communauté humaine. Réflexion en écho à celle d'un philosophe transalpin.
"L'être humain est la véritable communauté [Gemeinwesen] de l'homme."Karl Marx.
La récente parution en français du livre de Costanzo Preve, "Eloge du communautarisme" (1) publié en Italie en 2007, vient opportunément rappeler ce qu'il en est de l'enjeu majeur de la période contemporaine, celui de la sortie possible du capitalisme, devenu "CapitalismeAbsolu" adossé à l'idéologie ultra-libérale et dont la pérennisation mettrait à mal - à plus ou moins long terme - la richesse des potentialités de l'espèce humaine dans un monde totalement manipulé. On ne s'étonnera pas du fait que l'éloge entrepris par le philosophe italien converge avec l'orientation communautaire que nous défendons depuis tant d'années et qu'il nous donne ici l'occasion d'y revenir. Cet effort théorique d'éclaircissement en vue d'une orientation critique dans la lutte contre le Capitalisme Absolu devrait devenir le trésor commun de tous ceux voulant se mettre en marche vers la réalisation d'une authentique communauté humaine. Notons quelques axes de pensée importants à cet égard.
I) Le capitalisme se trouve dans l'incapacité de réaliser une communauté quelconque. Sur ce point, l'auteur est en désaccord avec Jacques Camatte de la revue Invariance paraissant en France depuis la fin des années soixante. Ce dernier a estimé que le capital a pu s'ériger en communauté despotique, l'Unique autoréférentiel, par un processus d'anthropomorphose ("anthropomorphose du capital"). Il est en quelque sorte la Substance devenu Sujet du Hegel de la Phénoménologie de l'Esprit, le mouvement de la valeur s'engendrant d'elle-même, subsumant le mouvement social, dans une mystification bien réelle et agissante. Les individus ne sont plus alors que des particules attirés dans le champ social du capital. Nous serons d'accord sur le fait qu'il n'y a là qu'une parodie d'un processus d'universalisation humaine. Le problème est en effet central : comment concilier communauté particulière et universalité? Dans son universalisation de la forme-marchandise, le capitalisme produit à l'heure actuelle des pseudo-communautés, y compris totalement virtuelles par le biais de la médiasphère. La perte, l'aliénation de l'individualité humaine sont compensées en apparence par la formation et la quête d'identités phantasmées (omnipotence imaginaire des individus, leur impuissance concrète). Se trouve ainsi éradiquée toute initiative efficace de reprendre son existence en mains (par la force du lien social). Si l'on entend par communauté, la possibilité d'expression/manifestation/ /objectivation de l'homme en tant qu'être générique (produisant des formes diverses sociales du travail et des formes communautaires d'existence sociale multiples) alors, effectivement, la "communauté du capital" ne saurait faire sens, ne serait qu'une parodie de communauté puisque la source et les résultats de l'activité humaine lui échappent, se retournent contre elle sous la forme de "la communauté réelle de l'argent" (Marx). Marx peut employer ici cette expression car l'argent est l'existence réifiée de toutes les qualités humaines. Ce qui est commun dans leur abstraction quantitative et de ce fait manipulable. Le lien social est en-dehors d'elles, dans un objet ou ce qui lui sert de signe monétaire. Retenons donc que le capital ne saurait faire communauté.
II) L'éloge du communautarisme ne peut faire l'impasse d'une critique de certaines interprétations de celui-ci.
a) D'abord, est-il un substitut pertinent au terme de communisme, et que nous devrions utiliser? Oui et non, pensons-nous. Oui, parce qu'il permet de prendre ses distances à l'égard de certaines expériences historiques qui n'ont pas échoué, comme le remarque Preve, mais n'ont que trop bien réussi! C'est-à-dire, qui ont mené à bien la vision néopositiviste et scientiste qu'était devenu le marxisme de la fin du 19° siècle et dont avait hérité, en particulier, le marxisme soviétique dans sa forme historique récemment disparue. Cela permet à un marxisme vivant (ou théorie marxienne?) de s'appliquer à lui-même sa charge critique (ce qui est, pour le moins, ce que l'on doit attendre d'une pensée dialectique). Non, dans une certaine mesure à notre avis, car il ne signifie pas autre chose que ce que Marx a toujours pensé sous le terme de communisme comme étant l'équivalent de la réalisation de la communauté humaine. Le vieil Engels, lui-même, rappelant que les deux compères avaient depuis leur jeunesse utilisé le terme allemand ancestral de "Gemeinwesen" pour signifier ce qui appartient en propre à l'essence des hommes. Puisque nous rejetons intégralement la dynamique du capital sous toutes ses formes, nous pouvons alors nous qualifier de communistes ou communautaristes, indifféremment. Le terme de communaliste serait également adéquat dans cette optique.
b) Ensuite, le communautariste pense de façon rigoureuse le rapport individu/communauté. Les deux sont complémentaires. En fait, seule la véritable communauté donne tout son poids à l'individualité. Elle en est même la condition sine qua non. L'universalisme de Costanzo Preve n'est pas à la remorque du globalisme marchand. Celui-ci ne fait que briser les derniers vestiges de ce qui restait des communautés traditionnelles déjà fort mises à mal par le monde moderne. Ce qu'il y a d'universel en l'homme, c'est en premier lieu une aspiration utopique ancienne et enracinée de l'espèce humaine et que l'auteur revendique explicitement. Elle est un rêve (pas un délire) d'une hominisation/humanisation en quête d'harmonie. Elle a, par ailleurs, sa forme concrète dans une pratique et une aspiration à la démocratie réelle inhérentes à la nature humaine dans la mesure où l'être humain possède le logos (raison et parole) qui ne le fige pas dans une universalité muette de type instinctuel.
c) La praxis libérée de l'aliénation capitaliste ne saurait déboucher sur la création de formes de communauté figée sur une identité plus ou moins supposée et fixée de toute éternité. Pour être simple et à titre d'exemples, ce n'est pas parce que le capitalisme dans son appétit insatiable de consommation de capital variable prône à cet effet, le "multiculturalisme" et l'antiracisme de salon, qu'il est nécessaire de lui opposer un racisme plus ou moins assumé. Les deux participent de la construction du monde tel qu'il est. Dans un monde uniformisé, il est bon de protéger son individualité mais celle-ci ne s'exprimera guère qu'au sein de limites très étroites débouchant parfois sur des bizarreries et lubies diverses. De même, un "communisme de caserne" reste fondamentalement irrationnel quant aux perspectives d'épanouissement humain. Ces quelques illustrations témoignent d'oppositions mécaniques entre individu/communauté, identité/altérité, pérennité/processus, substance/devenir, égalité/différence, qu'il faut au contraire dialectiser.
III) Qu'est-ce qui garantit la véracité d'une telle orientation communautariste sachant que le relativisme, le scepticisme et le nihilisme minent les fondements de la pensée occidentale au moins depuis l'accession du capitalisme à sa domination? Costenzo Preve a le mérite de reconduire la question de la pertinence des idées au socle de la pratique sociale : "la notion abstraite de 'vérité' ne naît pas en tant qu'approximation scientifique procédant d'une compréhension toujours meilleure d'un monde extérieur donné comme préexistant, mais plutôt comme réduplication de la communauté sociale matérielle dans une communauté idéale de faits et de valeurs partagées." (2). Ainsi est dépassée l'aporie de l'opposition matière/esprit et de son complément gnoséologique (3) de la théorie du reflet idéel de la matière extérieure à la conscience ayant fait couler beaucoup d'encre. La conscience est celle de l'être social vivant et de son déchirement dans l'aliénation du processus social jusqu'à son stade contemporain de la manipulation universelle. C'est l'occasion pour l'auteur de réévaluer à cette aune l'histoire de la philosophie occidentale en mettant l'accent sur les moments de prise de conscience des ruptures au sein de la vie communautaire et des moyens de les penser et d'y remédier, notamment chez les trois grandes figures que sont Aristote, Hegel et Marx. Ce sont des philosophes ayant mis l'accent sur les nécessaires médiations productrices de lien social s'opposant au mouvement d'autonomisation/ domination de la valeur. Le triomphe de l'Economie au détriment de la vie communautaire n'est pas une loi naturelle dont la justification par le règne universel des droits de l'Homme serait l'expression idéelle et incontestable. "La tradition philosophique occidentale, comme d'autres, naît en tant que réflexion sur la nature de la vérité sociale, une fois que cette vérité est mise en péril par l'avènement d'un non-sens qui est toujours et en toute chose un non-sens communautaire." (4). Le philosophe turinois se fait ici l'écho, nous semble-t-il, du philosophe napolitain du début du 18° siècle, G. Vico qui écrivait : "Le criterium du vrai, et la règle pour le reconnaître, c'est de l'avoir fait."De l'Antique sagesse de l'Italie. Chap I. Seul, le recours à l'essence de la vie communautaire dans ses possibilités, donne sens aux propositions les plus fondamentales. Il y a toujours au sein de la réalité quelque chose qui existe "en puissance" comme l'avait théorisé Aristote et que la désaliénation sociale traduirait "en acte".
IV) Ces possibilités authentiquement humaines et potentiellement explosives pour le règne du Capital existent bel et bien et sont ce contre quoi celui-ci s'acharne pour en faire disparaître jusqu'au souvenir et/ou les pervertir (aliénation/réification des passions humaines en particulier). "Le Capital doit travailler sur les deux plans de la rationalité et de la socialité humaine de l'homme, qui sont inextirpables, mais aussi manipulables." (5). Rationalité instrumentalisable, purement technicienne et gestionnaire contre rationalité philosophique. Communautés de substitution (pseudo identités sectorielles) contre "souveraineté communautaire" incompatible avec le monothéisme de marché. Costanzo Preve défend alors une "redéfinition universaliste et progressive du communautarisme" (Chap. VI. p 209 à 240). "L'universalisme philosophique représente tout simplement pour moi l'extension physiologique et géo-philosophique de l'idée de vérité communautaire à celle d'une unique communauté mondiale. La 'vérité' du moment communautaire consiste en ce que l'individu a besoin d'une médiation concrète qui soit en état de relier son irréductible singularité à l'universalité abstraite de l'humanité pensée de façon planétaire." (6). Aux antipodes de l'idée de téléologie objective dirigeant l'ensemble du processus historique de l'humanité de façon nécessaire, il faut plutôt penser que la caractéristique de l'homme comme être social, générique, produit le mouvement plus ou moins irrégulier et non linéaire sur le chemin conduisant à l'unité au sein de l'espèce humaine. Ce que l'on peut appeler un processus d'universalisation. L'homme entre de plus en plus en relation par ses multiples productions/extériorisations objectives avec l'ensemble des autres hommes. En ce sens sa socialité s'élargit. Mais le Capital dresse des barrières aliénantes en travers de celle-ci. Il s'enferme dans un cycle de reproduction extensive et intensive de la domination de l'Economie sur l'activité sociale. Sa globalisation est donc destructrice du lien communautaire et de toute médiation donnant sens au rapport individu/communauté. Inversement, c'est grâce à diverses médiations culturelles, politiques, etc. que l'individu peut prendre part à la dimension universelle de l'espèce humaine. Le cosmopolitisme ultra-libéral ne met en relation que des individus mûs par le cycle production/consommation de marchandises et de sa représentation spectaculaire. Ce n'est que dans la lutte contre l'universalisation du règne despotique de la valeur et de la marchandise que les hommes constitués en groupes, communautés agissants, retrouveront le chemin de leur hominisation/humanisation enracinée et du libre développement de l'individualité.Rébellion http://cerclenonconforme.hautetfort.com
NOTES :
1) Ed. Krisis. Traduit et présenté par Yves Branca. Préface de Michel Maffesoli. Sept.2012. 267p. 23 euros.
2) Ibidem. p. 95.
3) Gnoséologie : théorie de la connaissance.
4) Ibidem. p.97.
5) Ibidem. p.215.
6) Ibidem. p.240. -
De Dieu à la guerre par la Banque : le cas américain
Le 24 décembre dernier, l’institut de sondages Gallup divulguait sur son site Internet les résultats d’une enquête téléphonique effectuée au cours de l’année 2012 et portant sur l’appartenance confessionnelle et la pratique religieuse chez les adultes américains [1]. L’étude révélait notamment que 77 % des sondés se déclaraient chrétiens, protestants pour les deux tiers d’entre eux.
Au cours des semaines précédentes, parmi les faits divers qui émaillaient l’actualité, la presse occidentale revint sur le récit de l’affaire Al-Masri (du nom d’un ressortissant allemand d’origine libanaise arrêté, détenu arbitrairement et torturé dans des prisons secrètes de la CIA en Macédoine et en Afghanistan [2]) et, dans un registre plus léger, sur les excuses prononcées par le chanteur pop sud-coréen Psy afin de clore une polémique déclenchée par les paroles d’une chanson vieille de neuf ans, dans laquelle l’interprète de Gangnam Style critiquait de façon incisive la présence militaire américaine en Corée [3].
Deux faits divers sans lien autre que les bases de l’armée ou les services secrets américains, disséminées aux quatre coins de la planète, comme autant de relais affichés ou masqués de l’impérialisme et de la violence guerrière anglo-saxonne, de la Corée à la Colombie et des Balkans à l’Australie en passant par le Golfe Persique, pour illustrer de manière explicite ce chiffre rappelé par le Stockholm International Peace Research Institute [4] : en 2011, l’Oncle Sam était à l’origine de 41 % des dépenses militaires dans le monde. Surgit alors une contradiction évidente : comment une nation dont 77 % des citoyens revendiquent leur foi en Christ peut-elle occuper le premier rang mondial des dépenses en matière d’armements ?
Des observateurs sincères mais peu avisés invoqueront aussitôt un messianisme évangélique et une mission civilisatrice dont se croirait investie l’élite néoconservatrice américaine tout comme d’ailleurs sa base électorale (la moral majority). Cette explication, qui satisfait évidemment les éléments les plus laïcards du camp antimondialiste, peut recouvrir quelques parcelles de vérité mais est néanmoins insuffisante à une compréhension du problème dans son ensemble. Les néoconservateurs, dont l’influence est aujourd’hui contrebalancée par celle des conservateurs réalistes à la Brzezinski et des mondialistes à la Soros [5], affichent certes leur bigoterie comme un gage de crédibilité et de respectabilité face à leurs électeurs, mais il est aisé de vérifier que les plus éminents d’entre eux n’ont retrouvé le chemin de l’église que tardivement, une fois écoulée leur jeunesse estudiantine, gauchiste et libertaire.
L’une des explications, moins divulguée mais plus convaincante, à la contradiction énoncée plus haut réside dans la corruption de l’élite WASP par le pouvoir bancaire associé au complexe militaro-industriel. Traditionnellement associée au monde protestant, la banque sous sa forme actuelle n’est toutefois qu’une lointaine et bâtarde descendante de l’esprit austère et entrepreneurial de la Réforme européenne. À l’aube du XVIIIème siècle, la création de la Governor and Company of the Bank of England [6] (la future banque centrale de l’Empire britannique) marque à la fois la suprématie de la thalassocratie britannique sur sa rivale hollandaise (la Compagnie des Indes orientales étant désormais portée à bout de bras par la banque de la couronne) et le début de l’endettement de l’État par le recours à des créanciers privés (le Tonnage Act, adopté à la même époque et destiné à financer les guerres opposant l’Angleterre à ses rivaux, permettait aux particuliers de s’enrichir sur intérêts par l’achat de bons du Trésor [7]).
La création de la Réserve fédérale américaine sous le mandat du président Wilson en 1913 constitue de ce point de vue un prolongement de cette mutation du système capitaliste et bancaire, l’essor industriel et le développement des techniques de communication permettant à une Amérique affranchie des menaces sécessionnistes de prendre définitivement le pas, après la Première Guerre mondiale, sur des puissances européennes déjà déclinantes. Le rôle d’une élite économique issue de l’émigration juive aux États-Unis, alliée de circonstance des représentants WASP du pouvoir bancaire, dans la prise du pouvoir par la banque peut être rapproché de celui joué par Edward Bernays dans le développement de la propagande moderne ainsi que dans son application à la manipulation de l’opinion des masses en vue d’une acceptation d’interventions armées extérieures.
Si la lecture de la Bible dans certaines églises protestantes (notamment américaines) s’avère particulièrement centrée sur l’Ancien Testament (l’Exode, l’esclavage à Babylone et en Égypte, la fuite des Hébreux peuvent parfois faire l’objet d’études bibliques approfondies mais partiales et favoriser chez certains fidèles une identification, même inconsciente, au peuple juif et donc par là même une sympathie presque instinctive pour le projet sioniste, y compris dans ses déclinaisons les moins pacifiques), il est donc nécessaire de ne pas perdre de vue que la violence guerrière américaine est liée à un protestantisme dévoyé, éloigné de l’esprit de la Réforme dont le modèle capitaliste rhénan constitue un descendant bien plus légitime.
Par Jean C. http://www.egaliteetreconciliation.fr
Notes
[1] http://www.gallup.com/poll/159548/identify-christian.aspx
[2] http://www.newyorker.com/online/blogs/closeread/2012/12/khaled-el-masri-torturing-the-wrong-man.html
[3] http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/northamerica/usa/9731576/Psy-apologies-for-rapping-about-killing-US-soldiers.html
[4] http://milexdata.sipri.org/
[5] Michel Drac, Choc et simulacre.
[6] Alain Soral, Comprendre l’Empire.
[7] « La dette publique, une vieille histoire » par Sylvie Arsever in Le temps, 27/08/2012 http://www.letemps.ch/Page/Uuid/dd326752-d433-11e1-bbf5-6d21c95c98bf/La_dette_publique_une_vieille_histoire#.UPh8e5Hfv7g
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L’opération au Mali, coup dur pour le budget en période de rigueur
L’intervention militaire française au Mali pèsera lourdement sur le budget des opérations extérieures des armées (Opex) et révèle déjà des insuffisances en matière de transports, un domaine pour lequel la France est contrainte de faire appel à ses alliés.
François Hollande recevant à l’Elysée des représentants d’associations maliennes en France, le 13 janvier 2013
Combien ça coûte ? “Je ne peux pas l’évaluer encore. Tout cela sera public, évidemment” : une semaine après le début des opérations, Jean-Yves Le Drian, doit déjà répondre aux interrogations sur leur coût financier. D’autant que le ministre de la Défense a prévenu que l’engagement “sera long“.
Concrètement, les crédits dédiés aux Opérations extérieures (Opex) pour 2013 s’élèvent à 630 millions d’euros. En baisse d’environ 90 millions par rapport à 2012, en raison du retrait français d’Afghanistan. Mais les économies escomptées du retrait afghan devraient être effacées par l’opération au Mali.
“C’est une opération qui durera au minimum une bonne partie de 2013, sinon toute l’année 2013. Ca ne tiendra pas dans le budget“, estime Axel Poniatowski, ancien président UMP de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale.
En 2011, année des opérations en Libye, le coût des Opex avait atteint 1,2 milliard d’euros. Il s’agissait alors d’une opération aéronavale très différente de l’intervention au Mali, avec une campagne aérienne de huit mois et le déploiement du porte-avions Charles de Gaulle en Méditerranée.“Ca n’aura pas d’incidence sur le budget de la défense“, souligne pour sa part Jean-Louis Carrère, le président PS de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat.
Quand le budget Opex est dépassé, le gouvernement abonde habituellement les crédits, pour ne pas plomber le budget défense.
Le coût des opérations au Mali dépendra en premier lieu de leur durée. Mais les premiers jours du conflit ont confirmé certaines insuffisances des armées, notamment en moyens de transport et de ravitaillement.
Paris a dû demander l’aide de ses partenaires pour acheminer du matériel. La Grande-Bretagne, le Danemark, la Belgique ou le Canada, ont accepté de fournir des avions de transport et les Etats-Unis devraient également participer.
Autres conséquences financières, les opérations extérieures précipitent l’usure du matériel, en particulier dans des zones éprouvantes comme le Sahel.
Les Transall utilisés pour acheminer les troupes sont à bout de souffle et les deux drones Harfang de l’armée de l’air en bout de course après trois ans de service et 5.000 heures de vol en Afghanistan.
“Les militaires disent que les équipements français qui sont déployés permettent à peu près d’assurer une opération comme celle-ci, mais qu’on est vraiment très limite“, souligne Axel Poniatowski.
Autant d’inquiétudes qui viendront alimenter le débat sur le nouveau Livre blanc de la défense, qui devra s’attacher à faire coller les nouvelles priorités stratégiques aux capacités budgétaires de la France.
L’opération au Mali peut également servir de vitrine de la haute technologie française, notamment des avions Rafale, engagés dès les premiers jours. L’Inde, qui selon des sources proches des discussions pourrait en commander jusqu’à 189 à Dassault Aviation, avait annoncé son choix après que l’avion de combat français ait fait ses preuves lors de la guerre en Libye.
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États surendettés : Quelles conséquences ?
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L’Ukraine boycottée ou la vengeance de l’Occident
L’Ukraine est menacée de boycott, non pas pour le sort infligé à Madame Timochenko mais pour l’orientation pro-russe du Président Ianoukovitch
Le prolongement des accords russo-ukrainiens sur la présence de la flotte russe en Mer Noire a heurté les Etats-Unis
Quelques semaines avant le début des matches pour la coupe européenne de football, l’Ukraine, pays hôte, est mis sous pression. Le président de la Commission de l’UE, Barroso, a renoncé à sa visite lors des matches, de même que plusieurs hommes politiques en vue d’Europe occidentale. Quant au ministre allemand des affaires étrangères, Westerwelle, il a adressé quelques remontrances au gouvernement de Kiev: “Le gouvernement ukrainien doit savoir que le chemin vers l’Europe passe par un pont qui repose sur deux piliers: la démocratie et l’Etat de droit”.
Le motif officiel de ces tensions croissantes est la détention de Ioulia Timochenko. L’ancienne première ministre a été condamnée l’automne dernier à sept années de prison pour corruption, parce qu’elle avait conclu un accord gazier avec la Russie, que les juges ont considéré comme défavorable à l’Ukraine. Ces accords ont entraîné une perte de quelque 137 millions d’euros. L’Occident a sévèrement critiqué ce jugement: il critique le Président pro-russe Viktor Ianoukovitch d’avoir voulu se débarrasser d’une adversaire mal aimée. “En infligeant une sentence sévère à l’encontre de Madame Timochenko, le gouvernement Ianoukovitch a rejoint la liste, toujours plus longue, des gouvernements qui utilisent le droit pénal pour l’appliquer à d’anciens dirigeants. Des anciens premiers ministres, des présidents, des ministres et des chefs de l’opposition —tous adversaires politiques de ceux qui sont au pouvoir— sont désormais traduits en justice ou menacés de poursuites judiciaires”, écrit Arch Puddington, vice-président de “Freedom House”, une boîte américaine spécialisée en propagande. Toute une batterie de nouveaux reproches ont fait déborder le vase: la “princesse du gaz” Timochenko se verrait refuser des traitements médicaux en prison, elle y serait maltraitée, etc.
Mais en fait cet assaut propagandiste et médiatique contre l’Ukraine, qui est un pays où la notion d’Etat de droit est différente de celle en vigueur en Occident, a d’autres motivations: il vise le Président Ianoukovitch. Il y a deux ans, quand celui-ci a battu le pro-occidental Viktor Iouchtchenko qui, aux côtés de Ioulia Timochenko, était la deuxième icône de la “révolution orange” soutenue par les Etats-Unis, la politique ukrainienne a changé de cap. Iouchtchenko avait voulu rejoindre l’OTAN: cette intention ukrainienne a été rayée de l’ordre du jour dès l’accession à la présidence de Ianoukovitch. Les relations avec la Russie se sont normalisées, alors qu’elles avaient été fort tendues jusqu’alors. Quand Ianoukovitch a prolongé le contrat de location des bases navales russes en Crimée, à Sébastopol, dont le terme était prévu pour 2017, il a en quelque sorte franchi une ligne rouge.
Dès l’accession de Ianoukovitch à la présidence, le 7 février 2010, le tir de barrage a commencé. Le publiciste américain Walter Russell Mead, habituellement modéré dans ses propos, écrivait, dès le lendemain, que la victoire de Ianoukovitch “constituait un nouveau camouflet à l’idée que le monde tout entier deviendrait rapidement démocratique”. Plus incisif fut le politologue new-yorkais Alexander J. Motyl au cours de l’été 2010 dans les colonnes de la célèbre revue “Foreign Affairs”. D’après Motyl, Ianoukovitch choisirait ses ministres comme un “patron” et privilégierait des hommes et des femmes issus de la minorité russe de l’Est de l’Ukraine, ce qui mettrait le “consensus national en danger”.
On ne s’étonnera guère que Motyl critique surtout le prolongement du bail de location des bases navales de la flotte russe de la Mer Noire. D’après lui, ce prolongement serait une décision irréfléchie, prise à la hâte, sans qu’il n’ait été tenu compte des “effets géopolitiques potentiels pour l’Ukraine”. En prolongeant ce bail, Ianoukovitch aurait “bradé” la sécurité de l’Ukraine en “livrant à la Russie, pour un certain temps, le contrôle informel de la Crimée, des voies maritimes incontournables et des ressources gazières qui la jouxtent”.
Pour les Etats-Unis, le prolongement du bail constitue un revers considérable pour leurs ambitions géopolitiques en Europe orientale. Même si l’adhésion de l’Ukraine n’est plus aujourd’hui à l’ordre du jour, Washington a désormais les mains liées jusqu’en 2042. Avec une base russe sur son territoire national, l’Ukraine n’adhèrera pas au Pacte nord-atlantique; quant à un rejet unilatéral du bail de la part de l’Ukraine, la Russie ne l’acceptera pas. De cette façon, les Etats-Unis éprouveront les plus grandes difficultés à contrôler ce que les géopolitologues de tradition anglo-saxonne nomment le “Heartland”, soit l’espace-noyau eurasien. En 1919, en effet, le géographe britannique Sir Halford J. Mackinder écrivait, suite à la première guerre mondiale, la révolution russe et l’occupation par les troupes allemandes de l’Ukraine après le traité de paix germano-soviétique de Brest-Litovsk: “Qui gouverne l’Europe orientale, domine l’espace-noyau. Qui gouverne l’espace-noyau, domine l’ïle mondiale (l’Europe, l’Asie et de nombreuses portions de l’Afrique). Qui gouvernne l’île mondiale, domine le monde”.
Les Etats-Unis avaient réussi à dominer momnetanément cet espace-noyau, auquel appartient au moins l’Ukraine orientale, grâce à la “révolution orange” qu’ils avaient mise en scène de l’automne 2004 au printemps 2005. A l’époque, l’ambassadeur des Etats-Unis en poste à Kiev, John Herbst, avait joué dans ce jeu un rôle déterminant. Les affaires étrangères américaines écrivent à son sujet: “Lorsqu’il était en fonction, il a travaillé à l’amélioration des relations américano-ukrainiennes et a contribué au déroulement d’élections présidentielles correctes (“fair”). A Kiev, il a vécu la “révolution orange”. Auparavant, John Herbst avait été ambassadeur des Etats-Unis en Ouzbékistan, où il a joué un rôle décisif dans l’installation d’une base américaine appelée à soutenir l’Opération ‘Enduring Freedom’ en Afghanistan”.
Les Etats-Unis n’ont pourtant pas réussi à maintenir sur le long terme l’Ukraine dans leur sphère d’influence. Cet échec s’explique pour plusieurs raisons: le duo Iouchtchenko/Timochenko s’est rapidement dissous; les conditions de vie des Ukrainiens n’ont pas pu être améliorées pour l’essentiel et la politique pro-américaine de Iouchtchenko a accentué le vieux clivage entre Ukraine de l’Est et Ukraine de l’Ouest. Mais cet échec n’exclut pas une nouvelle révolte colorée qui pourrait à nouveau changer la donne. Car n’oublions pas ce qu’écrivait Motyl il y a deux ans: “Si Ianoukovitch maintient le cours qu’il poursuit aujourd’hui, il pourrait provoquer une deuxième révolution orange”. Le cas Timochenko pourrait en donner le prétexte.
Bernhard TOMASCHITZ.
(article tiré de “zur Zeit”, Vienne, n°19/2012; http://www.zurzeit.at/ ). -
Zone euro : une analyse économique comparative entre les six pays membres (Allemagne, France, Italie, Espagne, Grèce, Portugal) et le Royaume-Uni
Michel Leblay, économiste que nos lecteurs connaissent bien, expose son analyse économique comparative des six pays phares de la zone euro – soit qu’ils soient les trois premières puissances économiques de l’ensemble, soit qu’ils soient confrontés à des difficultés majeures – à un moment où la monnaie unique est fortement attaquée par toute une école de politiques et d’économistes ainsi que par les marchés, mettant en péril la cohésion et la stabilité de la zone. Ce texte, d’une très grande technicité et illustré de nombreux tableaux s’ouvre sur une introduction qui donne le fil que suit l’auteur et que Polémia retient comme présentation. Le développement sera consultable en version PDF à laquelle le lecteur pourra se rendre selon l’indication qui lui est donnée en fin de cette introduction.
PolémiaL’expression dominante au sein des classes politiques européennes et parmi les économistes les plus écoutés ou les plus sollicités présentait l’euro, à sa création, comme un gage de stabilité et une promesse de prospérité. La monnaie unique, après treize années d’existence, interpelle sur son avenir. Depuis la nouvelle crise financière d’origine américaine intervenue en 2008, la zone euro est ébranlée par les tensions successives affectant les marchés des dettes publiques de plusieurs Etats membres. Afin de maintenir l’unité de la zone et de redresser la situation économique des pays menacés d’insolvabilité, les autorités gouvernementales et monétaires de l’Union Economique et Monétaire (UEM) enchaînent des mesures éphémères quant à leurs effets. Ces convulsions des marchés financiers ne sont que le reflet des déséquilibres profonds (endettements publics et privés, déficits des balances commerciales, défauts possibles d’établissements bancaires) qui affectent principalement les pays du sud de l’Europe dans un contexte général d’atonie économique et de croissance du chômage. Si ces graves soubresauts constituent pour certains une opportunité, offrant la possibilité d’un basculement décisif vers « une intégration politique », pour d’autres, au contraire, plus en marge, ils illustrent la conception viciée sur laquelle reposait l’euro, monnaie unique d’un ensemble de pays économiquement disparates.
Les commentaires sur la situation de la zone euro affluent qu’il s’agisse de l’information audiovisuelle ou de la presse écrite. L’endettement et sa réduction, la solvabilité des établissements bancaires, les décisions de la BCE et leurs nuances et les déclarations diverses concentrent l’attention. Cependant, l’argumentation demanderait souvent un examen dans la durée relevant l’expérience historique, la conception théorique et l’évolution d’un contexte économique dans lequel s’inscrit l’institution de la monnaie unique.
Apprécier la conjoncture actuelle nécessite le recueil et l’analyse d’un ensemble de données depuis la mise en place de cette monnaie unique. Ne pouvant être exhaustive par rapport à l’ensemble des données qualifiant l’état d’une économie et à la totalité des pays constituant la zone euro, l’étude porte sur les éléments considérés comme les plus significatifs. Ainsi, sur les dix-sept pays composant la zone, six d’entre eux ont été retenus pour leur intérêt : l’Allemagne, la France et l’Italie qui sont les trois premières puissances économiques de l’ensemble ; l’Espagne, quatrième puissance économique, la Grèce et le Portugal, tous les trois confrontés à des difficultés majeures. Les données sur lesquelles l’attention est portée affèrent à la croissance du produit intérieur brut (PIB), à l’analyse des composantes de celui-ci, à l’évolution de la balance des paiements et du commerce extérieur, au chômage, au taux d’épargne… Introduire une comparaison avec le Royaume-Uni, deuxième puissance économique de l’Union européenne par le niveau de son produit intérieur, resté à l’extérieur de la zone, paraît utile à la réflexion.
Un premier développement visera à éclairer par quelques éléments marquants les circonstances présentes :
• la création de l’Union Economique et Monétaire
• l’Union latine
• Robert Mundell, théoricien de l’union monétaire
• le contexte économique préludant à l’euroEnsuite, il sera procédé à une analyse de différentes données économiques caractérisant la situation des six pays membres de la zone euro, observés, de leur adoption de la monnaie unique à l’année 2011. Pour les mêmes données, la comparaison sera faite avec le Royaume-Uni. L’examen portera sur :
• les structures économiques
• la formation brute de capital fixe
• la balance des paiements
• une vue générale des grandes données : taux d’inflation, taux d’épargne, taux de chômage, dette publiqueLes définitions et la méthode
Préalablement à ces développements, l’étude comportant de nombreuses références statistiques, il convient d’indiquer les sources utilisées et la méthode suivie. Pour la période précédant la création de l’euro, afin d’avoir une cohérence d’ensemble, les données brutes proviennent des séries statistiques établies par Angus Maddison (voir infra). A partir de la création de l’euro, début de l’examen détaillé de différents agrégats, il est recouru aux bases de données mises à disposition par Eurostat, centre d’information statistique de la Commission européenne. Sur la base des valeurs recueillies, exprimées en dollars pour les séries de Maddison et en euros pour Eurostat, il a été effectué des calculs de variation en pourcentage, en fonction du besoin, traduits sous une forme graphique. La plupart de ces graphiques comportent en référence les pourcentages utilisés.
Plusieurs notions, propres à l’économie, sont employées au long des diverses explications. Deux d’entre elles, au moins, les plus fréquemment citées, méritent une définition : la valeur ajoutée et le produit intérieur brut.
La valeur ajoutée est une notion comptable qui permet de mesurer la production réelle d’une entité économique. Elle correspond au produit final de celle-ci diminué des consommations intermédiaires nécessaires à sa réalisation .
Le produit intérieur brut (PIB), selon l’INSEE, « est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d'activité, augmentée des impôts moins les subventions sur les produits (lesquels ne sont pas affectés aux secteurs et aux branches d'activité) ». Il peut être exprimé en valeur, c'est-à-dire au taux de change courant de la monnaie ou en volume en fonction d’un taux de change de référence ce qui corrige les effets de la variation des prix.
A suivreMichel Leblay http://www.polemia.com
Economiste
8/10/2012Texte intégral en version PDF : cliquer ici
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Guyane : Permis de polluer pour l’or
La société Rexma pourra exploiter une zone proche du Parc national. L’impact s’annonce catastrophique.
Il s’appelle Limonade, du joli nom d’une crique de Guyane française, mais recèle tous les ingrédients d’un cocktail explosif pour Arnaud Montebourg. Le 26 octobre, le ministère du Redressement productif a accordé à la société française Rexma le permis d’exploiter l’or alluvionnaire dans le secteur de la crique, à proximité du village de Saül, en lisière du Parc national de Guyane. La publication du permis Limonade au Journal officiel, le 11 décembre, a mis le feu aux poudres : la centaine d’habitants de ce village, situé en pleine forêt amazonienne, à 250 kilomètres du littoral, combat ce projet depuis 2005 et a ressenti cette décision comme un camouflet. Elle a immédiatement rédigé une pétition pour manifester sa colère.
«Miner». La contestation ne cesse de croître. Le 21 décembre, les associations WWF, France Nature Environnement et Guyane Nature Environnement accusaient Montebourg de «miner le plus grand parc national français». Le 8 janvier, la fondation Nicolas-Hulot demandait au gouvernement d’annuler cette «autorisation incompréhensible». Quant au parc amazonien de Guyane, créé en 2007, sa direction vient de réaffirmer son opposition, maintes fois exprimée depuis 2008. Elle rappelle que «plusieurs services de l’Etat [Direction régionale de l’environnement, Direction de l’agriculture et de la Forêt, Office national des forêts] et le préfet de l’époque» s’y étaient aussi opposés. Jeudi, c’est un collectif de scientifiques (1), spécialistes de la biodiversité guyanaise et de l’impact de l’orpaillage, qui a adressé à Montebourg une lettre ouverte, très argumentée, pour l’enjoindre de reconsidérer sa décision.
Au ministère, on rétorque que l’autorisation a en fait été accordée à Rexma le 2 mai par le gouvernement précédent, et que la validation du 26 octobre n’était qu’une formalité obligatoire pour publication au JO. Mais à Saül, la population est tombée des nues. «On pensait en avoir fini avec ce feuilleton», résume Christian Roudgé, coordinateur de Guyane Nature Environnement.
Le Schéma départemental d’organisation minière, entré en vigueur en janvier 2012, interdit en effet toute exploitation minière sur le territoire de Saül. Mais la société Rexma a bénéficié de l’antériorité de sa demande de permis, déposée en 2008, et a obtenu une autorisation pour cinq ans. «Le temps de déboiser, polluer les rivières, détruire le cadre de vie des habitants de Saül, ruiner l’activité touristique…» soupire Roudgé.
Le Parc de Guyane s’interroge aussi sur «la cohérence d’une décision qui va faire émerger une activité temporaire et néanmoins durablement dégradante pour l’environnement». L’exploitation aurifère ira aussi à l’encontre de la «solidarité écologique» que la loi de 2006 sur les parcs nationaux impose entre la zone cœur et la zone périphérique de ces établissements publics.
La crique Limonade se situe à quelques kilomètres en amont du cœur du parc, et les boues générées par l’extraction de l’or affecteront cette zone protégée. «L’activité aurifère sera à l’origine de la destruction inévitable de milieux naturels et aquatiques jusqu’alors préservés», écrit la direction du parc.
Même si Rexma n’utilisera pas de mercure, désormais interdit pour extraire l’or, «l’extraction entraînera un relargage de cette substance très toxique dans la chaîne trophique», souligne Sébastien Brosse, chercheur en écologie aquatique (université Paul-Sabatier de Toulouse-CNRS), un des signataires de la lettre à Montebourg. Saül a été en effet un haut lieu de l’orpaillage depuis la fin du XIXe siècle, son sous-sol et ses eaux sont gorgés de mercure.
Selon l’étude d’impact de Rexma, le permis recouvre une zone de 200 hectares de forêts primaires, qui recèle 16% des espèces remarquables régionales, 127 d’orchidées, 286 d’oiseaux, 52 de batraciens, ou encore 160 espèces de vertébrés protégés ou déterminants… Saül est aussi considéré comme le «château d’eau de la Guyane, ajoute Christian Roudgé. C’est dans cette zone que la plupart des fleuves prennent leur source».
Pêche. L’exploitation aurifère priverait, enfin, les habitants de leur seule zone de pêche, la crique Limonade, et mettrait en péril l’activité économique fondée sur l’écotourisme depuis vingt ans. Le ministère du Redressement productif assure avoir demandé au préfet de Guyane, qui doit délivrer l’autorisation de début des travaux, de «consulter au préalable toutes les parties concernées». En attendant, trois grosses pelles mécaniques sont arrivées chez Rexma, à Saül.
Notes :
(1) CNRS, Inra, Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture…
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Éducation Nationale : dépenser plus pour avoir moins (archive 2008)
Cette année, le baccalauréat a soufflé ses 200 bougies. Que de chemin parcouru depuis sa création le 17 mars 1808 par Napoléon Bonaparte ! Or, voici que la récente Palme d'Or « Entre les murs » aborde la question de la scolarité. Ode cinématographique à la société mixte, ce film produit d'ailleurs un effet inverse à celui recherché : sommé par le réalisateur de plaindre les victimes Nassim et autre Souleymane, le spectateur est bientôt gagné par une solide envie de conseiller à ces héros hargneux - qui remercient leurs hôtes doigt levé à l'appui - un prompt retour dans leur savane ou douar.
Quoi qu'il en soit, examinons à la lueur du film l'état de notre école publique.
Si l'on se fonde sur la dépense globale d'éducation (cantines, transports, compris, etc.) la France a dépensé 116,3 milliards d'euros pour l'année scolaire 2005-2006. L'Education nationale engloutit la part la plus importante de nos impôts, qu'ils soient récoltés par l'Etat, les régions ou les départements, et encore cela ne suffit pas, puisque, selon SOS-Education, il convient d'y ajouter 11,2 % de la somme, dépensés par les ménages à titre personnel (cahiers, livres, etc.) À raison de 7 401 euros par collégien et par an, 10 000 euros par lycéen, la dépense s'alourdit chaque année. Ces chiffres, tirés d'un rapport d'audit commandé par l'Etat lui-même, montrent une augmentation budgétaire de 33 % pour les collégiens entre 1994 et 2004, et de 50 % pour les lycéens. Pendant ce temps-là, entre 1990 et 2006, le nombre d'enfants et de jeunes scolarisés dans le primaire a décru, passant de 6 953 milliers à 6 644 milliers. Dans le secondaire, le ressac est plus visible encore : on passe de 5 709 milliers en 1990 à 5 418 milliers à la rentrée 2006 (sources : Insee).
Premier poste de l'Etat, l'Education nationale emploie le chiffre ahurissant de 1 192 600 personnes ; elle est le premier employeur au monde, devançant même les Chemins de fer indiens (population de l'Inde : 1,1 milliard d'habitants). Précision qui ne manque pas de sel, 38 % de cette armée mexicaine, reconnaît benoîtement le ministère, sont affectés à des tâches administratives. Quant aux « fonctionnaires enseignants », leur nombre exact demeure imprécis, mais ils sont officiellement plus de 23 000 à ne pas enseigner du tout, qu'ils soient « détachés » ou « en attente de poste » ; et ce chiffre ne comprend pas les « en stage » ou « souffrants », dont la proportion reste opaque. Rappelons tout de même que l'absentéisme dans le secteur public coûte environ 8,5 % du Budget annuel de l’État.
Bien entendu, à défaut d'une franche approbation, toutes ces dépenses pourraient être admises, si, en regard de leur absurdité, des milliers de Pic de la Mirandole formaient l'avant-garde de nouvelles générations surdouées. Hélas, il faut déchanter. Le budget de l'Education nationale représente 7,1 % du PIB de la France quand 61,4 % de la population active salariée sont sans diplôme ou titulaires d'un diplôme inférieur au bac. Voilà qui en inquiétera plus d'un, puisque le bac est lui-même un produit dévalué, avec 83 % de reçus. En donnant un hochet à tous les recalés du dernier rang, l’Éducation Nationale a du reste dynamité la filière du secondaire. Pour rappel, il y avait eu 50 % de reçus au Bac général en 1966. Serait-ce que les génies en herbe actuels ont fait de considérables progrès ? Non : ces diplômés de perlimpinpin possèdent à l'usage un bagage étique, une orthographe relevant de l'onomatopée et du tag, et des connaissances souvent fantaisistes, assénées par un encadrement soixante-huitard. Quand on songe qu'à sa création, l'examen se déroulait exclusivement à l'oral et en grande partie en latin ! Et nunc reges, intelligite erudumm, qui judicatis terram (« et maintenant, vous les élites, instruisez-vous, vous qui décidez du sort du monde ») ...
L'enquête qualitative PISA (Programme International pour le suivi des acquis des élèves), menée par l'OCDE en 2006, confirme le classement médiocre de la France, déjà pointée du doigt par l'organisation internationale dans ses précédentes études de 2000 et de 2003 L'OCDE teste près de 400 000 élèves de 15 ans scolarisés dans 57 pays. Alors que les élèves finlandais caracolent une nouvelle fois en tête du classement, les Français dégringolent. En 2003, la France était a la 10e place pour les sciences. Elle recule au 19e rang en 2006 parmi les trente pays de l'OCDE. Ce décrochage se confirme aussi dans les deux autres domaines étudiés depuis 2000, la compréhension de l'écrit (lecture) et les mathématiques. En lecture, la France a ainsi rétrogradé entre 2000 et 2006 de la 14e place à la 17e place. Même chose en mathématiques, où les Français sont passés en trois ans du 13e au 17e rang. Quant à l'université, c'est kif-kif bourricot : les universités américaines se réservent les 30 premières places du classement de l'enseignement supérieur dans l'évaluation PISA. Le premier établissement français, l'université Paris VI (Pierre et Marie Curie) pointe à une peu enviable 36e place ...
TABLEAU NOIR ET DJELLABAS
Venons-en au cœur de la question. Comment expliquer qu'avec un tel niveau de dépenses - aucun autre pays ne consacre un tel budget par élève scolarisé - nous soyons ainsi à la traîne ?
« La France et le Japon ont vu leurs performances en lecture diminuer, mais pour des raisons diamétralement opposées. En France, c'est la proportion d'élèves en difficulté qui a augmenté », explique Eric Charbonnier, analyste à la direction de l'éducation de l'OCDE. Que signifie ce langage châtié ? Qui sont ces mystérieux « élèves en difficulté » qui se multiplient et plombent nos performances ?
Une étude menée par la Commission européenne dans le cadre de son programme intitulé « Education et formation 2010 » indique que 40 % des élèves immigrés de la 1ère génération ont des performances moyennes inférieures au niveau 2 (sur les six niveaux possibles de compétences) en Belgique, France, Norvège et Suède. Dans notre pays, ces malchanceux méconnaissent en outre les vertus de la ponctualité : une enquête de 2002 de notre ministère de l’Éducation montre qu'en terminale technologique et générale, seuls 5,2 % des élèves d'origine maghrébine arrivent au cours à l'heure.
Citons à présent le rapport de la Commission européenne in extenso : « L'analyse des évaluations PISA 2003 montre que, dans la plupart des pays, les enfants qui, à la maison, parlent une autre langue que la langue de l'enseignement ont de moins bons résultats scolaires, et ce dans tous les pays européens de l'étude OCDE. Le décalage entre la langue maternelle et la langue seconde et les difficultés qui en résultent s'expliquent d'une part par la difficulté pour les élèves de s'adapter au langage scolaire, et, plus généralement, par la difficulté à s'adapter à la forme scolaire (compréhension des consignes, des tâches à accomplir). Les effets linguistiques et textuels des consignes scolaires ne peuvent être isolés du contexte socioculturel ou socio-historique (...). L'apprentissage du vocabulaire, la reconnaissance du code, déjà difficiles à appréhender pour les petits autochtones, sont autant de barrières à franchir pour maîtriser l'écriture, la lecture et la résolution de problèmes. » Cette analyse est rejointe par une autre ; selon d'autres experts de l'OCDE en effet, « le fait de parler à la maison une autre langue que la langue d'enseignement est préjudiciable pour les apprentissages des élèves issus de l'immigration et engendre des retards irrécupérables ». Ces experts entérinent donc le fait qu'une classe où les enfants surgis du bilad prédominent est dans l'incapacité de bien fonctionner, puisque le préalable à l'enseignement être entendu - n'est pas rempli. Le sabir qui, dorénavant, tient lieu de novlangue dans de nombreuses régions de France entre en conflit avec la transmission du savoir. Voilà qui est fâcheux, certes, mais doit être exprimé.
Terminons par quelques chiffres : selon l'Insee, 13 % des immigrés ont moins de 25 ans. La part des immigrés nés au Maghreb a doublé depuis 1962. Le nombre de naturalisations s'élève à environ 150 000 individus chaque année. En 2004, parmi ces nouveaux «Français», 50 % étaient originaires du Maghreb avec une écrasante majorité d'Algériens, 11 % d'un autre pays africain, et 15 % d'Asie.
Gageons qu'avec un tel apport, augmenté des enfants de "sans-papiers" qui, par convention internationale, ont accès à la scolarité, les disciples de Bossuet ou d'Honoré de Balzac seront bientôt légion.
Grégoire DUHAMEL. Rivarol 17 octobre 2008 -
DURBAN ECHEC ET MAT (archive 2011)
Autour de l'imposture du changement climatique, dû à des causes humaines et à ses prétendus dangers, les réunions se succèdent : Copenhague, Kyoto, Cancun et, tout récemment, Durban en Afrique du sud : l'échec est patent après les négociations entre 194 pays. Un non accord a repoussé en 2015 l'espoir d'un autre accord. En attendant ce fût de belles vacances pour les milliers de participants et, ceci, aux frais des contribuables du monde entier. L'objectif était d'arracher une prolongation du protocole de Kyoto après 2012, afin d'ouvrir la voie à un accord global juridiquement contraignant. Il s'agit depuis le début de ces parlottes internationales de lutter contre le climat en vue de limiter la hausse de la température de la planète ; on pourchasse les émissions de gaz à effet de serre ; le CO2, est promu au statut d'ennemi public numéro un. Accessoirement, il était prévu de dépenser cent milliards d'euros par an pour aider les pays pauvres à s'adapter au climat futur.
En fait, aucun pays n'est vraiment enthousiaste. Les pays émergents comme la Chine, l'Inde et le Brésil sont aujourd'hui très réticents à s'engager dans un accord international et mettent en accusation les pays développés. Les États-Unis ne font pas partie du protocole de Kyoto, puisqu'ils sont les seuls à ne pas l'avoir ratifié : ils veulent seulement s'engager dans un accord global si tous les pays du monde s'y engagent de la même façon, ce qui évidemment est impossible. Le Canada et le Japon, qui sont très liés aux États-Unis, sont influencés par ceux-ci et ne veulent pas s'en différencier. A la clôture de la conférence de Durban, le Canada s'est retiré spectaculairement du protocole de Kyoto.
UNE FAUSSE IDEOLOGIE RESSEMBLANT AU SYSTEME MADOFF
La fausse idéologie du réchauffement climatique est très ressemblante au système Madoff. A la base, il s'agit déjà de deux chimères.
La chimère du réchauffement climatique revient à affirmer qu'il y a effectivement un réchauffement et que ce réchauffement est dû aux activités humaines et non au soleil ou autres manifestations de la nature. Or, cette double affirmation semble contraire aux faits. Des milliers de savants américains ont envoyé une pétition à Obama pour le mettre en garde contre les erreurs ainsi formulées et les conséquences dévastatrices qu'elles pourraient avoir pour l'économie américaine. Vaclav Klaus, président tchèque, qui fut président de l'Europe pendant six mois, est un savant et a examiné en détail les études concernant le prétendu réchauffement et son rattachement au CO2 ; il a montré dans plusieurs livres que c'était pure fantaisie. En fait les cavaliers du réchauffement veulent, par des discours, lutter contre le soleil : n'est pas Josué qui veut !
Du côté de Madoff, nous sommes aussi en pleine chimère : c'était l'idée folle que l'on pouvait obtenir, par une prétendue bonne gestion, un rendement financier très supérieur à la norme des rendements dans des placements similaires à un moment donné ; et que ce succès pouvait être durable, voire indéfini.
La respectabilité apparente des acteurs intervient aussi dans la comparaison. Un grand nombre de savants fort honorables se sont engagés à lutter contre le réchauffement. Madoff avait pour lui sa célébrité, due à ses hautes fonctions antérieures, et personne ne pouvait imaginer, qu'il se tromperait et tromperait tout le monde jusqu'à ses meilleurs amis.
Nous avons déjà remarqué ailleurs comment et pourquoi, une chimère reposant sur un pur mensonge au départ, peut se consolider au fur et à mesure du temps jusqu'à devenir du béton ; personne, alors, ne se soucie plus d'aller aux sources pour vérifier les fondations ; des Danois s'étaient vantés, lors de la réunion de Copenhague, de prendre des douches très brèves pour sauver la planète (sic) : comme la douche était brève, ils n'avaient pas le temps de réfléchir à l'ineptie de leur propre comportement ! Les idiots utiles ont de l'avenir.
Les deux chimères du réchauffement et de Madoff sont ou furent mondiales et cette extension universelle est favorisée par les moyens de communication ultra rapides que nous connaissons. La mondialisation joue ainsi sa partie dans la consolidation.
Le jeu des intérêts est aussi là. Derrière Madoff se groupaient des intermédiaires naïfs ou à moitié consentants pour avoir le bonheur de profiter de l'aubaine. Les personnes qui tirent avantage de la chimère du prétendu réchauffement sont extrêmement nombreuses. La chimère est, en effet, tellement bien organisée qu'il n’est pas possible de faire une carrière raisonnable et paisible dans un domaine scientifique, quel qu'il soit, si l'on marque du scepticisme vis-à-vis du réchauffement climatique et de ses causes humaines : les éditeurs se dérobent et les postes intéressants vous échappent. Mais, en plus, un grand nombre de firmes importantes se sont engouffrées dans l'occasion. Des sociétés de renom international ont un directeur du « développement durable ». Elles investissent de grandes sommes dans la promotion de leur action dans ce domaine et prétendent faire des produits « durables », personne ne s'avisant de l'absence de signification précise de ce terme dans la langue française. Il serait inimaginable que ces sociétés et leurs collaborateurs se mettent brusquement à semer le doute sur la solidité de l'édifice. La presse est invitée au festin : nous sommes inondés de publicité proposant des produits « durables » ou soi-disant respectueux de l'environnement.
LA CROISSANCE EN PANNE
Pour le réchauffement, la ruine vient évidemment des coûts gigantesques engagés dans la chimère et qui dépassent l'imagination. Il s'ajoute les dégâts occasionnés par l'intervention étatique. Les gouvernements de tous pays, malgré leurs réticences à s'engager, prêtent l'oreille au catastrophisme et manipulent l'économie en conséquence. Ils s'appuient pour cela sur leur prétendu monopole de l'intérêt général, ce qui leur permet de réglementer notre vie dans tous les détails. Les nombreux coups de boutoir assénés à l'économie française par les deux Grenelle de l'environnement sont connus.
La richesse est le seul moyen de s'adapter à toutes les situations et de lutter contre les changements climatiques s'ils existent et là où ils se produisent. La croissance de la richesse ne peut venir que de l'économie libre. L'Europe est en pointe dans l'idéologie du réchauffement et c'est, entre autres, une des explications de la panne de croissance dans tout le continent.
Les forces travaillant à l'extension de la chimère sont considérables. Il existe une Conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui est au centre de l'édifice. Le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est un poids lourd bourré d'argent ; il s'est fait prendre il y a deux ans dans un trafic de données. La France compte un Ambassadeur en charge des négociations sur le changement climatique (sic) ; il serait étonnant qu'il n'ait pas des collègues dans d'autres pays.
Pour ses dévots la chimère est une véritable religion, avec ses dogmes. Dans cet aspect religieux se glisse l'adoration de la « terre-mère » qui est le contraire du culte dû au vrai Dieu. Il conduit les manipulateurs du réchauffement à penser que les hommes sont de trop dans la nature ; leurs prétentieux calculs aboutissent par exemple à chiffrer le CO2 dont les nourrissons seraient responsables (sic).
Réjouissons nous néanmoins car, malgré l'intensité de ces forces, l'échec de Dubal, suite aux conférences qui l'ont précédé, est dans une certaine mesure une victoire de la liberté.
Michel de PONCINS http://libeco.net/