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économie et finance - Page 857

  • Depardieu et Pavlov

    Les trois coups de la nouvelle année à peine frappés, nous assistons, sans bouder notre plaisir, à une représentation pleine de rebondissements, d’épisodes farcis de pathos ou de comique, d’effets de toge ou de rires satiriques.

    Depardieu est un personnage qui passe la rampe. Il a quelque chose de typiquement français – ce n’est pas pour rien qu’il incarne un Gaulois à l’écran – entre la démesure rabelaisienne et la grosse gueule à la Gabin, entre le mauvais garçon hugolien, un Jean Valjean redonnant vie à une rue populaire de Paris, fier de son père qui écoutait radio-Moscou, et le bourgeois épicurien, qui cultive son grand cru et fréquente qui lui plaît, les petits de son quartier, et les grands des palais présidentiels.

    Son exil fiscal fut d’abord un malentendu. Ne s’agissait-il que de gros sous ? Il arrive parfois qu’une goutte fasse déborder le vin de bordeaux. Son soutien à Sarkozy était, manifestement intéressé. Il l’a dit lui-même : Nicolas l’a sorti d’une affaire embarrassante, de gros sous… Je ne suis pas dans le secret des coffres… La reconnaissance du ventre, quoi !

    Mais, bon ! on aperçut sa grosse bedaine et sa trogne bouffie se caler au premier rang des sarkozystes électrisés par les cabotinages de l’agité du bocal médiatique. On se disait – et ce n’était pas une nouvelle – que c’était l’un de ces acteurs de gauche qui étaient passés de l’autre côté. On est tellement habitué à ce genre de coup de théâtre, dans les milieux culturels, que l’on n’y prête plus attention. Yves Montand donna, en 1984, le la, et chacun d’entonner la chanson décomplexée de l’argent qui, finalement, n’est pas si Mammon que ça, et qu’importe au fond la couleur du chat… »Vive la crise ! » Mais, à vrai dire, les côtés cour et jardin n’intéressent plus beaucoup le parterre, qui regarde, désabusé, de mauvais acteurs jouer une mauvaise pièce. Les coulisses seraient probablement plus intéressantes… mais il faut donner la patte.

    Tout cette commedia bavarde pourrait faire partie du domaine strictement communicationnel, rien n’est comparable avec les engagements entiers d’un Gérard Philipe, d’un Reggiani ou d’un Gabin. Encore que… Qui démêlera la part du cœur et du porte feuille dans les foucades politiques de nos baladins et histrions ?

    Mais Obélix a opté pour la troisième Rome. Ad augusta per angusta ? L’opulent pansu est-il parvenu, par la porte mesquine de l’avarice, à la considération ample et généreuse – celle de l’Histoire en train de se faire – du destin des peuples, comme ont pu le faire certains membres de l’aristocratie celte face à l’empire romain, qui donnait l’occasion à la civilisation gauloise de traduire son génie dans la langue d’Auguste ? Depardieu serait-il devenu eurasiste, c’est-à-dire partisan d’une multipolarité du monde, dont la Russie est, à juste titre, la championne, avec la Chine, l’Iran et les pays du BRICS ?

    J’avoue que je ne suis pas devin pour sonder les cœurs et les reins. Un certain passé plaide contre le bonhomme, sa collusion apparente avec la droite d’argent après avoir copiné avec la gauche caviar, mais la lettre qu’il a envoyée à Poutine est très belle, très noble. Qe l’on prenne ses toquades comme des caprices d’enfant gâté, ou pour des lubies d’avare, importe peu. Je n’ai pas des dizaines de millions d’euro sur mon compte, et je ne peux donc pas partager la vision d’un homme qui se promène dans le vaste monde comme dans son parc. La jet set est un milieu grisant, qui propulse dans les sphères éthérées comme un nomade habitué des tarmacs et des hôtels cinq étoiles : on n’en sort pas indemne, et les bulles montent au cerveau. Il faut donc éviter deux écueils : le ressentiment, la haine facile pour le riche, en même temps une adulation vulgaire et grossière, qui associe la réussite à la possession d’une Rolex.

    Le bébé n’est pas tout rose. Mais, tout compte fait, il aurait pu choisir l’Amérique, l’Angleterre, la Suisse, ou, in fine, la Belgique, comme il en fut question un temps. S’il ne s’était agi que de fric, les chemins étaient tout tracés par Chistian Clavier, Yannick Noah, Johnny Halliday, Florent Pagny, Alain Delon, Paul Loup Sulitzer, Marion Bartoli, Richard Gasquet, Gilles Simon, Jo-Wilfried Tsonga, Sébastien Loeb, Amélie Mauresmo, les familles Meunier (Carrefour, domiciliée en Belgique), Castel (Nicolas, Vichy Célestins, domiciliée en Suisse) ou Weirtheimer (Chanel, domiciliée en Suisse) ou Mulliez (Auchan et Décathlon, domiciliée en Belgique), Bernard Arnault… Tous de bons patriotes, à qui on ne cherche pas trop les poux sur la tête, étant donné qu’ils ont eu le bon sens de trouver asile dans des pays « amis », c’est-à-dire bien situés, comme il faut, dans l’orbe de l’infra-civilisation mercantile américaine et atlantiste. Bien leur en a pris, on ne va pas les mettre aux piloris ! Au contraire !

    La première réaction, face à sa révolte antifiscale, son grognement d’ours outré qu’on lui enlève sa part de miel, ne pouvait qu’être une aubaine pour la presse meanstream. Un personnage aussi répugnant qu’Afflelou semblait lui venir en aide, afin de faire monter la mayonnaise. Depardieu devenait un héros de notre temps, celui des Kerviel et des Tapi ! L’être qui fait rêver, c’est l’homme au cul cousu d’or, passant les frontières comme un aventurier sans peur, sans remords, le brushing au vent, regardant droit dans les yeux un avenir mirifique où tous les humains copuleront, comme des Lemmings, dans une frénésie consumériste. La seule frontière sera le grand Océan de plaisirs où plongera l’humanité. Le Grand Bleu !

    On nous a refait le coup de l’opposition irréductible entre la droite et la gauche. Il était temps, on ne voyait pas trop la différence, et l’enfumage législatif avec le mariage gay semblait faire long feu. Copé, Parisot et les petits couteaux du libéralisme sont montés au créneau pour hurler au socialisme étouffant, à l’assassin fiscaliste (c’est la France du succès qu’on égorge !), tandis que les petites gâchettes de la mafia opposée ont fait croire qu’ils défendaient le petit contre le gros sans scrupule. «Il y a quelque chose de particulièrement indécent à entendre ces gémissements des plus fortunés à côté du silence des Français qui voient leur pouvoir d'achat remis en cause», s’écrie Benoît Hamon, lequel n’hésite pas à participer à un gouvernement qui a voté la « règle d’or », qui obéit aux marchés financiers internationaux, ponctionne les Français, et pas seulement les obèses, dérégule le marché du travail, favorise la fermeture d’usines et la délocalisation… et présente une belle brochette de « fortunés ».

    C’est sur ce terrain marécageux que tentèrent de nous mener, dans un premier temps, journalistes et politiciens. On s’y enlise forcément. Imaginez un joueur véreux qui vous force à utiliser un jeu de dés pipés. Ou un truand qui invente les règles, tout à son avantage, d’un jeu de cartes. Telle est la pensée unique. On nous place devant des absurdités, des paradoxes, des anomalies, des dysfonctionnements générés par le libéralisme mondial, comme le « coût trop élevé du travail », les « charges exorbitantes », « les règles trop contraignantes du marché », et tutti quanti, et le tour est joué : bon an, mal an, à coup d’alternances, on enfonce la leçon dans le crâne d’un peuple médusé, et on lui impose des remèdes que les choix économiques, sociétaux, civilisationnels, ont nécessairement, fatalement, produits. Face je gagne, pile, tu perds !

    C’était sans compter sans ce chien fou de Gérard ! Un peu plus gros qu’Idéfix, un peu patou dans une salle de rédaction !

    Et là, il faut invoquer ce bon vieux Pavlov, Russe célébrissime, et pour cause, car on peut le considérer comme le saint patron de notre modernité. Que devient son réflexe maintenant ? A la place du chien, les masses. A la place de la viande, la Russie de Poutine. A la place de la sonnette, un certain nombre de vocables attribués aux puissances qui résistent au Nouvel ordre mondial (dictature, corruption, propagande, démesure, grossièretés, folie, crime etc.), et cela donne une bonne bave universelle qui se répand à la une de la presse collaboratrice.

    Le héros potentiel, que les journalistes occidentaux plaçaient au Capitole, se retrouve soudain au bas de la roche tarpéienne.

    Les réactions valent toute anthologie de la farce universelle, et on doit les sauvegarder pour déchaîner les rires des générations à venir. Tant le mur du çon fut maintes fois passé avec maestria !

    Commençons par notre premier ministre, Jean Marc Ayrault, qui qualifia de « minable » le comportement d’un acteur, peut-être le meilleur, actuellement. Il est vrai qu’une condamnation pour « favoritisme » est un brevet beaucoup plus noble.

    Torreton, le bouffon du roi, le subventionné parisien, le petit envieux, s’attira, quant à lui, la risée, amplement méritée de Catherine Deneuve qui, pour une fois, fut bien inspirée.

    Toutefois, c’est lorsque Depardieu annonça qu’il acceptait la proposition de Poutine, de lui octroyer la nationalité russe, que la meute se déchaîna. Ce fut alors une cacophonie d’aboiements de toutes races, du roquet, prolifique, au rottweiler, plus dangereux. Cela couina et brailla, gémit et creva de rage dans tous les coins du chenil.

    Se faire des cheveux blancs pour son fric, soit ! Chercher à le planquer, à la bonne heure ! Œuvrer pour la bonne cause, transformer le poulailler en jungle, c’est encore plus cool ! Mais fricoter avec l’ours russe, quelle horreur !

    Et on sort la grosse artillerie des jurons, des raccourcis, des condamnations expéditives, des exécutions sommaires. On se croirait revenu aux procès de Moscou, ma foi. D’aucuns ont vu, en effet, Gérard, rouler des patins aux dictateurs, à Fidel, à Vladimir, à Ramzan Kadyrov, à Islom Karimov, avec la fille duquel il poussa la chansonnette…

    Il faut dire, horreur au delà de la Bérézina ! que Gérard gagne beaucoup d’agent en faisant là-bas de la pub, pour les banques, pour le Ketchup… Heureusement que ce dévergondage n’existe pas en deçà !

    Le Point du 4 janvier n’hésite d’ailleurs pas, contre toute évidence, car Depardieu jouit en Russie d’une popularité immense, d'affabuler comme un arracheur de dent, comme à l’époque où Radio Paris mentait (ce qui n’a guère cessé !) : son éloge de la démocratie russe aurait, paraît-il, « provoqué un concert de critiques et sarcasmes envers l'acteur français sur les réseaux sociaux russes vendredi ». Tu parles, Charles ! On va te croire ! Et de citer Edouard Limonov, Matvei Ganapolski, Vladimir Sokolov, Herhermann, Tous évidemment représentatifs du peuple russe, opposants ultra-minoritaires subventionnés par l’Amérique, manipulés, comme les Pussy Riot, par la CIA. De même, les Echos titrent : « La russophilie de Depardieu attriste fans et détracteurs ». Qui le prouve ? Mailly, qui préfère les Pussy Riot à Poutine ? Cambadélis ?

    Et nos commentateurs d’enfoncer le clou : ces régimes, affreux sanguinaires criminels contre l’humanité tortionnaires et patati. Bien évidemment, on fait référence à la torture, aux camps… La Russie ? Une grande démocratie ? Il se fout de nous, Gérard ! Et l’homosexualité, hein ! Qu’a dit Madonna, à ce sujet ? Et les Pussy Riots, ces vaillantes combattantes de la liberté, qui chantent quasiment à poil dans une église pour promouvoir la tolérance et le bonheur californien ? Pas étonnant que Brigitte Bardot suive Depardieu dans son élan, elle dont le ventre est encore fécond de la bête immonde.

    Et Cohn-Bendit, avec sa gueule de vidangeur enivré par les odeurs, fait son petit caca nerveux : «Ce sont des crétins finis [Gérard Depardieu et Brigitte Bardot], s’ils ont envie de tous dormir avec Poutine qu’ils se mettent dans son lit», «L’autre fou qui déclare la Russie comme une grande démocratie, vraiment il faut être complètement malade et complètement plein d’alcool (…) pour dire des bêtises pareilles », «Et puis l’autre [Brigitte Bardot] qui veut quitter la France (...) qu’elle aille en Russie (…) En Sibérie ce doit être formidable pour elle.»… On comprend pourquoi ce poète des égouts a connu tant de succès, et qu’il surnage, si l’on peut dire, depuis si longtemps, sur les eaux croupies et usées du cloaca maxima européen.

     On ne sait pas au juste à qui accorder la palme de la grossièreté, tellement les compétiteurs brillent de leur talent. Ce même Benoît Hamon, qui se prenait pour Robin des bois, se crut de l’esprit en proposant, à propos de BB : « Elle pourrait demander Gérard Depardieu en mariage, ce serait formidable. » On imagine les rires télécommandés du plateau. Sa collègue du gouvernement le coiffa sur le poteau en ironisant perfidement : elle aurait « une longue liste de personnes » qu’elle « voudrai[t] voir en Russie ». Probablement en Sibérie.

    Mais la palme revient indubitablement aux écologistes parisiens,. Plus bobo qu’eux, on meurt ! Ils ont proposé que le Conseil de Paris « élève » ( !) les membres du groupe féministe russe Pussy Riot au rang de citoyennes d'honneur de la Ville de Paris. Eh bien oui, les très américanisées Ingrid Betancourt et Aung San Suu Kyi y ont eu droit (propagande atlantiste oblige !) car, écoutez bien, "Paris est la ville où a été signée la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, c'est donc une ville qui doit reconnaître les personnes qui défendent les droits de l'homme". Rien moins que ça !

    On connaît la chanson. C’est la même qui sature les ondes à propos de l’Iran, de la Syrie, récemment de la Libye, etc. Evidemment, en accusant la Russie de tous les maux, on n’ira pas voir de plus près si la démocratie est bien défendue au Qatar, en Arabie Saoudite, en Afghanistan, si Israël, l’Otan, ne commettent pas des crimes de guerre, si les « rebelles » qui tentent de détruire la république syrienne ne sont pas des brutes sanguinaires, si l’Amérique respecte bien les droits fondamentaux, si Guantanamo, la torture délocalisée sont dignes d’une démocratie, si les prisons US, la chambre de la mort, ne sont pas pires que les prisons russes, si la démocratie est réelle, dans le pays des lobbys, du fric roi, de l’abstention massive, et si, chez nous, en France, dans le « pays des droits de l’homme » (rires), le système électoral est juste, lui qui empêche des millions de citoyens d’être représentés, où les médias sont cadenassés par une caste et ses larbins journalistiques, où les gouvernements mentent impunément et contredisent toujours la volonté du peuple, quand on lui donne la parole – ce qui, du reste, est rare. Sans parler de la corruption (la France est bien placée !), les affaires de mœurs, les scandales d’affaires etc.

    Que dire de la décision de notre Depardieu ? On lui donnera sans doute raison, même si son geste prend sa source dans de mauvaises raisons. On ne s’étonnera pas que le parti socialiste ait donné des consignes pour étouffer la polémique. Un artiste comme lui, avec une popularité si grande, est contre productif en termes de propagande. Bouche cousue, donc ! On ne sait jamais ! D’aucuns pourraient se rendre compte que le pays est occupé par le parti de l’étranger, étranger à la nation, à son passé, son héritage, son histoire, étranger au peuple qu’il trahit et sacrifie sur l’autel d’un mondialisme mortel. Et le pire ennemi de cette caste cynique, c’est bien la Russie, qui revient à ses racines, à sa religion ancestrale, à son esprit, au simple souci de ses intérêts patriotiques. Ce que ne saurait tolérer les princes qui nous gouvernent !

    Claude Bourrinet http://www.voxnr.com

  • Les vrais chiffres du chômage : 9 millions de demandeurs d’emplois

    Il y a les chiffres officiels (les fameuses catégories A) et puis ceux que l’on ne comptabilise pas… les chômeurs invisibles !

  • "Loi Magnitski" : la Russie rejette l'ingérence dans ses affaires intérieures

    "Un monde changeant" par Fedor Loukianov

    Il y a deux semaines, personne ne pouvait s'imaginer que l'année en cours s'achèverait sur une crise aussi aigüe dans les relations russo-américaines.

    Début 2012 déjà, les experts n'étaient pas optimistes et déclaraient que le plus important serait de traverser l'année avec un minimum de pertes. Les campagnes électorales dans les deux pays (élections présidentielles en Russie en mars et aux Etats-Unis en novembre – ndlr) n’ont pas favorisé une évolution positive des relations bilatérales. Des débordements sont survenus aussi bien en hiver - alors que Vladimir Poutine tentait de séduire ses électeurs - qu'en automne, lorsque Barack Obama affrontait Mitt Romney.

    Toutefois, les passions soulevées par les élections se sont apaisées et en novembre dernier, le gouvernement russe a félicité Barack Obama pour sa victoire - avec un soulagement non dissimulé. La tempête s'est produite plus tard, après que le Congrès américain a adopté, de façon parfaitement prévisible, la "loi Magnitski" et que le président américain l'a signée.

    Pourquoi Moscou a réagi aussi violemment à cette loi, pourtant évoquée depuis longtemps ? Apparemment, il y a deux raisons à cela. Apparemment, la décision de ne pas riposter à cette loi de manière symétrique, par une loi identique, comme on s'y était attendu, mais d'exploiter un thème extrêmement sensible, jointe à une attaque politique généralisée contre les Etats-Unis, s'explique par deux raisons.

    Premièrement, la "loi Magnitski", avec ses formulations très larges permettant de sanctionner presque tout le monde au bon vouloir des législateurs et de l'administration américaine, a semblé bafouer toutes les limites possibles et imaginables. La Russie a depuis longtemps accumulé des griefs contre l'approche américaine, consistant à conférer à sa législation nationale une dimension internationale.

    La loi actuelle, avec sa liste pouvant être élargie à tout moment, semble avoir été rédigée pour durer longtemps et a beaucoup de chances de dépasser, en termes de longévité, l'amendement Jackson-Vanik. Son adoption a donc fait déborder le vase. Deuxièmement, le Kremlin voudrait mettre à tout jamais une croix sur la récupération, par Washington, des problèmes internes russes pour les replacer dans un contexte international.

    Vladimir Poutine a toujours professé une approche classique des relations internationales. Le président russe estime que le principe de souveraineté étatique ne devrait pas être remis en cause car, entre autres conséquences négatives, cela conduirait à l'érosion du système. En effaçant la limite entre les affaires intérieures et extérieures, on saperait la stabilité structurelle du monde.

    Selon le président russe, les événements du XXIème siècle démontrent le caractère pernicieux de l'approche libérale, prônant l'universalité des droits de l'homme et, partant, le droit de se mêler des affaires intérieures des Etats au nom de leur protection.

    Les Etats-Unis sont l'incarnation de cette approche. Grâce à leur philosophie politique et à leur auto-identification comme système social idéal, l'Amérique se pense obligée de juger la situation des autres pays, de prononcer un verdict et parfois de le mettre à exécution manu militari.

    Comme les Etats-Unis sont une superpuissance dotée d'un large éventail d'intérêts nationaux, leur autorité idéologique et morale devient un outil de promotion de ces intérêts, les deux éléments étant inséparables. Cela a toujours été ainsi et cette situation perdurera aussi longtemps que les Etats-Unis bénéficieront de leur statut et des ressources leur permettant d’imposer au niveau international leur vision d'un comportement correct.

    La Russie des années 2010 refuse de percevoir les Etats-Unis comme un Etat ayant la moindre raison de se positionner comme un exemple à suivre. Sa riposte ferme à la "loi Magnitski" lui sert à montrer que la sphère de la politique intérieure d'un Etat devrait être intégralement placée en dehors des dialogues interétatiques.

    Vladimir Poutine trouve le monde très dangereux et imprévisible. La mondialisation et l'ouverture des communications effacent les membranes qui protégeaient auparavant les Etats d'une influence extérieure. Tous les processus négatifs entrent en résonance et s'amplifient. Ils ne peuvent pas être entièrement évités et le président russe se rend compte que la stratégie isolationniste appartient au passé.

    Il s'agit donc de minimiser cette influence et d'utiliser ces membranes en tant que filtres. Selon Vladimir Poutine, la politique des grandes puissances et surtout des Etats-Unis - qui aggravent l'imprévisibilité du monde par leur désir de se mêler de toutes les affaires - est soit malintentionnée, soit insensée. Et pour les ramener à la réalité, il faut les remettre brutalement à leur place.

    Cette perception est favorisée par les changements que traversent les Etats-Unis. Les Américains réalisent de plus en plus clairement que leur pays n'est plus en mesure de porter le fardeau lié à son hégémonie mondiale. On a d’abord eu l'impression que ce sentiment était un trait caractéristique de Barack Obama, homme atypique pour l'establishment de Washington.

    Toutefois, il semblerait que cette idée se répande progressivement, tout comme l'impression selon laquelle les Etats-Unis devraient partager le fardeau de la gestion avec ceux qui pourraient en assumer une partie. Il ne s'agit pas de favoriser une concurrence avec l'Amérique mais une coopération avec elle.

    Néanmoins, les pays qui partagent les valeurs et les principes américains, c'est-à-dire les alliés traditionnels, sont largement inutiles d'un point de vue pratique - l'Europe a abandonné ses ambitions pour se consacrer à la lutte contre la grave crise économique. Il faudra donc s'appuyer avant tout sur ceux qui seraient capables d'apporter leur contribution, au lieu de ceux qui ont une mentalité similaire. La Russie, quoi que l'on puisse en dire, bénéficie d'une situation qui rend sa coopération (ou du moins son absence d’opposition) pratiquement indispensable pour résoudre les problèmes des Etats-Unis.

    Vladimir Poutine est conscient des changements à l’œuvre aux Etats-Unis et espère les utiliser pour transformer le modèle des relations entre les deux pays. La Russie se montre prête à coopérer - mais d'égal à égal et sans que les étrangers fassent la moindre tentative pour influencer les affaires intérieures russes. C'est pourquoi le transit de marchandises militaires de l'Otan vers l'Afghanistan via le territoire russe reste intangible, malgré les récriminations des communistes et des patriotes russes - alors que tout ce qui a trait aux affaires purement russes est défendu bec et ongles.

    Vladimir Poutine n'a pas entièrement tort dans son évaluation de la situation aux Etats-Unis et dans le monde. Malheureusement, il a très mal choisi son thème pour riposter aux Américains. L'image d'un pays qui exerce une vengeance politique en lésant ses propres orphelins est pire que l'étiquette d'agresseur dont on affublait autrefois la Russie. La récupération de ce sujet sensible et délicat à des fins politiques a provoqué un rejet, même parmi les représentants influents de l'establishment russe. Les mensonges utilisés dans la rhétorique publique ont dépassé les limites de l’admissible dans la lutte politique.

    La réputation de la Russie comme pays respectant les accords signés est remise en question : celui sur les adoptions entre la Russie et les Etats-Unis a été ratifié par cette même Douma (chambre basse du parlement russe) et n'est entré en vigueur que le 1er novembre dernier. Par ailleurs, la riposte russe à la "loi Magnitski" ne semble pas efficace : les tracas causés aux familles américaines qui adoptent des enfants russes n'affectent pas les Etats-Unis.

    Paradoxalement, les relations russo-américaines se présentent plutôt bien d’un point de vue pratique. Les frictions concernant la crise syrienne et, plus globalement, les événements au Proche-Orient, les contradictions en matière de défense antimissile (ABM), les échanges apathiques d'imprécations à l'occasion du fameux élargissement de l'Otan : aucun de ces sujets ne peut être qualifié de contradiction majeure.

    Là où les relations bilatérales concernent un sujet réellement important pour l'un des partenaires, comme le transit afghan par exemple, Washington et Moscou mettent des gants et cherchent à arrondir les angles. Même dans le cadre du sempiternel sujet de la démocratie et des droits de l'homme, l'administration Obama se montre plus réservée qu'une administration américaine typique. Même la "loi Magnitski" n'a pas été adoptée facilement, comme ses initiateurs l'avaient prévu, mais en échange de l'annulation du ridicule amendement Jackson-Vanik.

    On a beaucoup espéré que le second mandat de Barack Obama, qui coïncide avec le mandat prolongé (de six ans) de Vladimir Poutine, permettrait aux deux parties de faire abstraction de la conjoncture courante et des émotions électorales afin de se consacrer à l'édification de nouvelles relations. Il semble qu'il n'en soit toujours pas question.

    L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

    http://fr.rian.ru

  • DEXIA OU LE SCANDALE DE TROP

    Nous avons supporté le scandale du Crédit Lyonnais et bien d'autres. Voici maintenant Dexia dont les difficultés étaient connues depuis longtemps mais dont le sauvetage, organisé en urgence, nécessite des milliards d'argent public.
    Le gouffre est ancien, il est le fruit des énarchos-socialos au pouvoir depuis des décennies. Pour assurer le sauvetage les contribuables vont être invités à verser des sommes immenses, difficiles à évaluer.
    Il y a, d'abord, la part de la France dans une augmentation de capital réservée aux trois états, France, Belgique et Luxembourg, le feu vert ayant été obtenu le 21 décembre : il s'agit en quelque sorte d'une nationalisation à trois. Mais ce n'est qu'une broutille. En parallèle, les états donnent à Dexia une garantie de 85 milliards d'euros, la France en fournit la moitié environ. Pour des raisons que les lecteurs de ces flashs connaissent bien, de telles garanties se transforment toujours en pertes, car la garantie n'est qu'un habillage provisoire pour masquer le gouffre.
    Il y a encore DMA ou Dexia Municipal Agency, l'entité qui porte les crédits aux collectivités territoriales françaises dont 10 milliards de prêts toxiques. La France l'acquiert pour un euro symbolique. Parallèlement et sans rigoler du tout Dexia promet un retour à l'équilibre en 2018. Dans son actif, se trouve un portefeuille de 245 milliards d'euros de participations très liées au secteur public en Europe notamment en Espagne et en Italie ; cette description résumée ne présage rien de bon. Combien faudra-t-il provisionner ?

    L'HISTOIRE DE DEXIA
    En 1987, il s'agissait d'une obscure petite division de la Caisse des Dépôts et Consignations, finançant les collectivités locales. Elle s'en émancipa pour devenir le crédit local de France, coté en Bourse et privatisé. En 1996, eut lieu un mariage avec le voisin belge du même métier, l'union recevant un nouveau nom : DEXIA. L'objectif était de devenir un leader mondial dans le financement des collectivités locales. L'inconvénient de ce métier est la faiblesse des marges. Au lieu de chercher à améliorer le cœur du métier, les dirigeants partirent à l'aventure.
    Ce fut, tout d'abord, la « transformation » ce qui est un péché capital dans le domaine financier. Ils empruntèrent à court terme pour pas très cher et prêtèrent à long terme pour plus cher ; une mécanique infernale était lancée. Comme cela rapportait beaucoup d'argent, les mêmes dirigeants se lancèrent dans une boulimie d'acquisition d'entreprises, d'activités, ou même de portefeuilles : Espagne, Italie, Japon, États-Unis étaient leurs terrains de chasse. Tout baignait, mais ce n'était qu'une apparence. En 2008, brusquement, DEXIA eût besoin de 260 milliards d'euros, la banque n'ayant que quatre jours de liquidités devant elle. Les États belges, français et luxembourgeois furent appelés au secours. Chemin faisant, l'action a perdu 94 % de sa valeur. Pendant cette course folle, DEXIA a poussé les collectivités territoriales à s'endetter pour réaliser des projets des élus en les chargeant d'emprunts toxiques : la révolte gronde chez des responsables locaux découvrant la ruine par des contrats insensés et se tournant vers l'Etat pour compenser. Constatons que des palais pour des collectivités ont été bâtis avec des emprunts toxiques !
    Nous savons tous que par le poids insupportable de leur organisation et du train de vie de leurs dirigeants, ces collectivités génèrent une partie appréciable de l'ouragan fiscal écrasant l'économie. DEXIA a ajouté au malheur en poussant à des investissements inutiles au gré des caprices des élus.

    NE PAS RECOMMENCER
    Avant la découverte de la catastrophe, les avertissements n'ont pas manqué ; les responsabilités sont innombrables : luxe et nombre des administrateurs, représentants des collectivités, Caisse des Dépôts et Consignations, ministères. Les barbichettes se sont tenues les unes avec les autres.
    DEXIA nous renvoie comme dans un miroir les défauts de l'économie administrée : gâchis des interventions publiques dans le domaine économique, irresponsabilité générale, folie des grandeurs, légèreté dans le choix des investissements, course absurde vers l'étranger lointain et dangereux.
    Il ne faut surtout pas recommencer ; or c'est ce que fait le pouvoir provisoirement en place. Il vient de créer la banque publique d'investissement ou BPI qui double plusieurs organismes déjà existants et les élus salivent à l'avance. Un nouveau futur scandale s'annonce.
    MICHEL de PONCINS http://libeco.net

  • CRISE ET CHATIMENT

    Les nouvelles sur le front du chômage ne sont pas réjouissantes surtout en France, mais aussi dans d'autres pays de la CEE. En France, sur un an, la progression est de 6,2 %, les seniors étant particulièrement touchés ; le pouvoir en est réduit à se réjouir d'un ralentissement léger de son accroissement.
    La spirale de l'endettement sans limite gagne partout. Des plans d'austérité se préparent et, déjà, en Espagne, le futur plan est compris par le peuple, en grève générale, comme un châtiment pour des fautes qu'il n'a, certes, pas commises. Il est remarquable que Mariano Rajoy, le nouveau premier ministre, qui n’est pas responsable de la ruine infligée au peuple espagnol, souffre cette grève générale. Mais s’il persiste à persécuter son peuple par les faux remèdes de la CEE et du FMI réunis, il deviendra lui-même à son tour responsable.
    Dans cette conjoncture désastreuse, Angela Merkel se pose de plus en plus comme la Reine de Prusse. On a vu en France les Prussiens de trop nombreuses fois ; ce souvenir n'empêche pas le « petit » Français de courir aujourd'hui après la Prussienne.
    Plus étonnant : Angela Merkel veut davantage d'Europe. Elle se rêve, ainsi, en Reine du continent tout entier ; la CEE va-t-elle devenir une résurgence approximative du Saint Empire Romain Germanique ? La comparaison historique serait plaisante.
    Plus d'Europe, cela veut dire des parlottes pendant des lustres et la ruine par un flot torrentiel de directives reflétant un socialisme destructeur, avec, en sus, une incertitude juridique cancéreuse. Quant à la richesse des eurocrates elle s'étale dans tous les journaux. L'enrichissement personnel indu (EPI) de ces eurocrates est au cœur de la ruine. La dernière révélation, particulièrement déplaisante, est celle des droits aux congés extravagants des diplomates européens : 93 journée par an ! La Baronne Ashton, censée être ministre des affaires étrangères du « machin » européen, a bien conscience de sa propre inutilité puisqu'elle accepte de ne pas avoir à sa disposition en tout moment la totalité de son dispositif.
    Les remèdes imposés par la « communauté internationale », se fracassent sur de fausses équations et de mauvais raisonnements. On promet aux peuples abasourdis de souffrir au lieu de la richesse qu'ils devraient et pourraient facilement avoir. Nul ne peut s'étonner alors d'observer la percée toute récente dans les sondages en France du représentant patenté du communisme, idéologie la plus meurtrière du défunt XX°siècle.

    CROISSANCE, OU ES-TU ?
    La première fausse équation est l'idée que la croissance arrangera tout, à la fois pour le chômage et pour l'endettement. Ainsi s'explique la bataille des chiffres, la croissance étant officiellement annoncée comme molle. Pour que cette croissance résolve le chômage et l'endettement, il faudrait des niveaux à la chinoise. En outre, avant le moindre effet, les délais seraient considérables. Les pouvoirs socialisants dans toute l'Europe et, notamment, en France freinent de tout leur poids l'économie et, de ce fait, interdisent les rêves.
    La deuxième erreur est l'idée d'incitations officielles à cette croissance par des politiques publiques. Comme toute politique économique officielle, elles ne pourraient que se retourner contre leurs propres objectifs. A l'échelle européenne, le drame ne peut que se multiplier.
    Last, but not least : Angela Merkel a imaginé, le 30 mars, de renforcer le M.E.S. ou Mécanisme Européen de Stabilité en le dotant de milliards en plus. En programmant ainsi un flot de monnaie créé ex nihilo, elle oublie allègrement le souvenir cuisant de l'hyperinflation allemande au siècle dernier. Il est vrai que l'OCDE s'y met aussi en évoquant un pare-feu de mille pillards d'euros?
    Autre double erreur : afin de réduire les déficits, objectif louable en soi, les gouvernements se contentent de taper sur le contribuable pour prendre l'argent là où il est : c'est la chasse ouverte aux riches et aux « mauvais » capitalistes. Malheureusement, personne ne parle sérieusement de supprimer vigoureusement des dépenses publiques en commençant par les plus scandaleuses.
    Rappelons que, s'il existe un tribunal de l'histoire, la Prussienne devra répondre d'un double crime dû aux éoliennes : destruction de magnifiques paysages de son pays, ainsi que de ses sols où des milliers de tonnes de béton  resteront enfouis pour toujours!

    LA RICHESSE POUR TOUS
    La voie de la richesse pour tous est connue et largement ouverte.
    Elle passe par la double libération des entreprises seules aptes à créer de la richesse, que ce soit l'entreprise d'un seul, ou une TPE ou une entreprise de centaines de milliers d'employés.
    La première libération est le détricotage du code du travail qui compte plus de 2 600 pages, pèse 1 kilo et demi et est réparti en plusieurs tomes en croissance perpétuelle. Il ne peut, certes, être question de le détricoter à grande vitesse. Tout récemment, les pouvoirs, pourtant socialisants, de plusieurs pays ont montré la voie à emprunter en raccourci ; pour permettre aux employeurs d'embaucher il faut qu'ils puissent débaucher sans problème quand les commandes ne sont plus là. La généralisation de cette évidence dans toute l'Europe réduirait fortement le problème gravissime du chômage.
    La libération fiscale consisterait à supprimer totalement un ou deux des impôts les plus destructeurs pour les entreprises, avec évidemment la suppression des dépenses publiques correspondantes. En France il existe un fouillis inextricable de 6000 dispositifs d'aides aux entreprises dont le coût global est très supérieur à l'impôt sur les sociétés !

    LE TAM-TAM MEDIATIQUE
    Dans les périodes électorales, nous assistons stupéfaits à des gerbes de promesses intenables. A part cela on nous dit de toutes parts qu'il faudra « souffrir ».
    Pourquoi les dirigeants européens s'obstinent-ils dans l'erreur ? Il y a sans doute trois explications.
    Promettre de « la sueur, du sang et des larmes » est une attitude « churchillienne » qui plaît aux foules et est peut-être rentable sur le plan électoraliste, horizon indépassable de ces personnages.
    A force de prêcher l'erreur, avec l'aide du tam-tam médiatique, on finit par s’en convaincre soi-même.
    En dernier lieu, se tromper avec la foule n'est guère dangereux électoralement. Par contre, avoir raison tout seul demande du courage et de la clairvoyance, toutes denrées assez rares dans des démocraties plus ou moins frelatées.
    MICHEL DE PONCINS. http://libeco.net/

  • Les convergences financières de la droite et de la gauche, en image…

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  • Coûts et abus de l'aide médicale d'État arch 2009

    L'Aide médicale d'État autorise les immigrés clandestins à se faire soigner en France gratuitement, sans risquer aucun contrôle de leur situation. Le système est si confortable que les Français aimeraient être aussi bien traités.

    Soigner un malade, fut-il immigré clandestin, c'est-à-dire un étranger entré (et installé) illégalement sur le territoire français, est, sans doute aucun, un devoir non seulement de charité, mais encore de simple humanité. L'Église défend l'une et l'autre raison. Mais si la protection sociale ainsi offerte - gratuitement - devient un automatisme, voire une combine, elle peut, en étant donnée au premier venu, et notamment à celui de l'extérieur, vicier tout un système, les coûts dépassant rapidement le financement qui est celui de notre Sécurité sociale.
    Le signe emblématique de cet état de fait s'appelle l'aide médicale d'État (AME), qui a été mise en place, à compter du 1er janvier 2000, par Bernard Kouchner et Martine Aubry, en remplacement de l'aide médicale gratuite destinée aux sans-papiers, et qui était régie par les départements. Gérée par la Direction générale des affaires sociales, en accord avec la Caisse nationale d'assurance maladie, l'AME prend en charge, depuis cette date, les dépenses médicales des étrangers en situation irrégulière et sans ressources résidant en France.
    Plus précisément, cette aide donne droit à la prise en charge à 100 % (avec dispense d'avance des frais), aux soins médicaux et aux prescriptions médicales, que ce soit chez le médecin ou à l'hôpital, dans la limite des tarifs conventionnels ; mais également au forfait journalier en cas d'hospitalisation. La grossesse et les soins aux enfants font évidemment partie des "pathologies" prises en charge - de même que l'interruption volontaire de grossesse, c'est-à-dire l'avortement. En conséquence, les sommes énormes allouées à cette aide médicale aux clandestins sert aussi la culture de mort !

    Justifier de son identité sans papiers...
    Les conditions que doit remplir le bénéficiaire de l'AME sont simples: résider en France depuis plus de trois mois, sur présentation mensuelle d'un justificatif de présence (inscription scolaire ou facture d'hôtel, carte d'abonnement RATP, voire visa... expiré); et disposer de ressources inférieures au plafond fixé pour la CMU complémentaire (621 € mensuels pour une personne, 1 800 € pour six personnes, en métropole, au 1er juillet 2008). La demande, enfin, doit être renouvelée chaque année. En outre, cette aide peut être attribuée, sur décision du ministre chargé de l'action sociale, à certaines personnes de passage en France. Quant aux clandestins qui ne peuvent pas justifier d'une présence de plus de trois mois, ils peuvent néanmoins bénéficier d'une prise en charge des soins d'urgence. L'étranger qui en fait la demande doit justifier de son identité - pour un clandestin, supposé "sans-papiers", la chose peut ne pas manquer de sel... Pour ce faire, l'intéressé peut présenter une carte d'identité, un permis de séjour périmé, ou tout autre document « de nature à attester l'identité du demandeur et celle des personnes à sa charge », telle une carte d'étudiant, ou l'« attestation d'une association reconnue ou d'un professionnel de santé prouvant la bonne foi du demandeur en cas d'impossibilité de produire un document probant ».
    Qu'il s'agisse des ressources ou des justificatifs, on peut s'interroger sur la réalité (ou la véracité) des documents fournis. Qu'en est-il, en effet, du calcul de ressources pour des gens dont le travail au noir est officiellement reconnu, dans la plupart des cas, comme le principal revenu ? De même, si une carte d'identité bénéficie aujourd'hui de moyens de contrôle, il n'en est pas de même pour une carte d'étudiant, ou tout autre attestation. Encore ces justificatifs - selon un rapport publié en 2003 par l'Inspection générale des Affaires Sociales, qui comptabilisait pour cette année-là quelque 170 000 bénéficiaires - sont-ils susceptibles d'être remplacés par une déclaration sur l'honneur. Dans la capitale, 40 % des attestations de résidence et 99 % des justificatifs de ressources seraient ainsi suppléés. On comprend qu'il ne soit guère difficile pour un clandestin de bénéficier de cette AME puisque, en définitive, il n'est besoin ni de papiers, ni de ressources déclarées ; et qu'en pratique, il soit aussi aisé de passer la frontière et de fournir facilement ces attestations, pour se faire soigner aux frais de la France lorsque l'on est atteint d'une maladie lourde. Certains petits malins bien Français tentent même de se faire passer pour clandestins afin de bénéficier de l'AME, plus intéressante que la CMU !
    Point n'est besoin de grands discours pour comprendre les abus que favorise ce système d'aide. En 2006, la dotation officielle au titre de l'AME était de 233,5 millions €. (Sans parler des 8,5 milliards au total de surcoût que représente l'immigration pour la protection sociale, selon les calculs du professeur Jacques Bichot). Une somme largement insuffisante, puisque la dette de l'Etat fin 2005, soit après cinq ans d'AME, dépassait les 400 millions. De ce fait, l'AME est devenue la part la plus importante des systèmes complémentaires aux services généraux de l'assurance maladie (les deux autres étant l'accès à la protection maladie complémentaire et le fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante). L'an dernier, elle représentait 58,6 % de cette complémentarité ; cette année, elle s'est hissée à 80,5 % !
    Olivier Figueras monde & vie - 20 septembre 2008

    Migrations familiales
    L'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a rendu, le 10 septembre dernier, son rapport annuel sur les « Perspectives des migrations internationales ». Il n'y est, bien sûr, question que d'immigration légale. Mais la tactique du regroupement familial favorise l'entrée aussi bien d'étrangers en règle que de clandestins. L'OCDE note qu'en France, 2006 a été une année de stabilisation avec quelque 135 000 titres de séjour accordés. Mais il y a eu, dans ce cadre général, une forte augmentation (60 %)de migrations familiales. Or, la nouvelle loi relative à la maîtrise de l'immigration, entrée en vigueur le 20 novembre 2007, stipule que ce regroupement familial des étrangers demandeurs doit être soumis à un test évaluant leur connaissance de la langue française et des valeurs de la République. A en juger par l'actualité récente, il n'apparaît pas que ce contrôle soit toujours très suivi ...

  • États-Unis : Pour Roubini, « le pays est au bord d’une nouvelle crise »

    Les États-Unis sont loin d’être tirés d’affaire malgré l’entente intervenue dans la nuit du Jour de l’An pour éviter de frapper le « mur fiscal », affirme le célèbre économiste Nouriel Roubini.

    Selon lui, le dysfonctionnement du système politique américain fait en sorte que les États-Unis feront bientôt face à une nouvelle crise fiscale… dans deux mois.

    «Si aucune action n’est prise d’ici le 1er mars, 110 milliards de réductions de dépenses entreront en vigueur», écrit dans le Financial Times celui qu’on surnomme Dr Doom, car il avait prévu la crise financière de 2007-2008. Les défis seront donc de taille pour les républicains et les démocrates déjà à couteaux tirés.

    D’une part, la dette américaine atteindra son plafond. Il a été plusieurs fois renégocié dans le passé, mais ce processus est douloureux. À l’été 2011, cela avait provoqué de l’instabilité sur les marchés financiers.

    D’autre part, les élus américains devront commencer à débattre des mesures à prendre à moyen terme pour assainir les finances publiques et réduire la dette du pays, qui s’élève actuellement à 16 443 milliards de dollars américains (en 2012, le déficit du gouvernement fédéral représentait 8,5% du PIB).

    «Cela mènera à une autre dispute entre les républicains, qui veulent réduire la taille du gouvernement fédéral, et les démocrates, qui veulent le maintenir mais sans être sûr de la manière de le financer», écrit Nouriel Roubini.

    À ses yeux, on doit s’attendre à des débats épiques entre les deux partis. Par exemple, les États-Unis doivent-ils introduire une taxe sur la valeur ajoutée ? Une taxe à taux unique ? Des taxes plus élevées ou moins élevées sur le revenu ? Une taxe sur le carbone ?

    «Ce sera bientôt bordélique», soutient l’économiste.

    Les Affaires   http://fortune.fdesouche.com/

  • Concurrence géopolitique dans le Pacifique

    Les États-Unis veulent contrer la montée en puissance de la Chine : ils projettent d’encercler l’Empire du Milieu !

    Dans les rapports bilatéraux entre les États-Unis et la Chine, la méfiance réciproque est désormais de mise. Lors de sa visite en Australie, le Président américain Obama a en effet déclaré : “ J’ai pris une décision d’ordre stratégique : en tant qu’État riverain du Pacifique, les États-Unis joueront dans l’avenir un plus grand rôle dans la mise en valeur de cette région ; c’est là une politique à mener sur le long terme ”. De plus, les États-Unis entendent bâtir une base militaire à proximité de la ville de Darwin dans le Nord de l’Australie, où seront plus tard casernés 2500 soldats d’élite. Obama veut en plus créer une zone de libre-échange dans le Pacifique qui comprendrait l’Australie, le Japon, Singapour et le Vietnam, tandis qu’il n’y aurait aucune place pour la Chine dans ce projet.

    Quand ils prennent acte de ces projets stratégiques, les Chinois craignent d’être encerclés par les États-Unis. Soupçon parfaitement justifié! Déjà en 2006, les États-Unis et l’Inde avaient signé un accord d’ampleur assez vaste par lequel la Nouvelle Delhi se voyait reconnaître au niveau international comme puissance nucléaire. Outre cet accord américano-indien, les États-Unis entretiennent des bases militaires au Japon et en Corée du Sud. Si dorénavant l’Axe liant les puissances d’Asie aux États-Unis se voit prolongé jusqu’en Australie, alors l’influence de la Chine restera limité à ses seules eaux côtières.

    Les projets de Washington doivent se percevoir comme une tentative d’endiguer la Chine, tant que cela est encore possible. Car le développement économique de l’Empire du Milieu s’effectue à une vitesse de croissance inégalée, ce qui agace et inquiète les États-Unis, encore plus préoccupés par l’éveil d’une politique étrangère chinoise bien consciente des enjeux planétaires. Au Conseil de Sécurité de l’ONU, les Chinois ne cessent de torpiller les projets américains, comme, par exemple, quand il s’agit d’infliger à l’Iran des sanctions encore plus draconiennes. Dans la lutte pour la domination économique des États riches en matières premières, notamment en Afrique et en Asie centrale, Beijing et Washington sont devenus de véritables rivaux. À tout cela s’ajoute que le modèle chinois, couplant une économie libéralisée et un appareil d’Etat autoritaire, exerce une attraction de plus en plus évidente sur les pays en voie de développement et sur les pays émergents qui préfèrent opter pour un avenir politique différent de celui suggéré par la “démocratie libérale” de type américain. De ce fait, la Chine n’est plus seulement un concurrent économique des États-Unis mais elle les défie en agissant justement sur leur point le plus sensible : celui de vouloir incarner et propager de manière monopolistique la seule démocratie de facture occidentale, au détriment de toutes les autres formes possibles de gouvernance. Ce n’est donc pas un hasard si, un jour, Obama a déclaré, en s’adressant à la Chine d’un ton assez menaçant : “ Nous continuerons à expliquer, y compris à Beijing, quelle est la signification pour nous du maintien des normes internationales et du respect des droits de l’homme pour le peuple chinois ”.

    Il y a plus : la modernisation des forces armées chinoises, et surtout de la marine de guerre de l’Empire du Milieu, montre que Beijing n’entend pas se contenter, dans l’espace pacifique, d’un rôle de “junior partner”, soumis à la volonté américaine. Le renforcement militaire chinois a pour effet que les frais d’entretien de l’empire américain doivent désormais être révisés à la hausse dans la région, notamment pour garantir la sécurité d’alliés comme le Japon ou la Corée du Sud et surtout Taiwan. Plusieurs incidents confirment ce nouvel état de choses: la marine chinoise s’attaque de plus en plus souvent à des navires de prospection vietnamiens ou philippins qui oeuvrent en Mer de Chine du Sud, espace marin dont les riverains se querellent à propos du tracé des frontières maritimes et, partant, sur la superficie de leur zone d’influence économique. Lors de ces escarmouches, ce ne sont pas tant les Vietnamiens ou les Philippins qui sont les destinataires des menaces chinoises mais avant tout les États-Unis.

    Les Chinois, dans ce contexte, s’inquiètent surtout de l’amélioration constante des rapports américano-vietnamiens, en dépit du souvenir cuisant de la guerre du Vietnam. Le Vietnam communiste a certes libéralisé son économie en s’inspirant du modèle chinois et s’est ouvert aux investisseurs étrangers mais les relations avec le grand voisin du Nord n’en demeurent pas moins empreintes de méfiance pour des raisons historiques. Pendant des siècles, les Vietnamiens ont dû payer tribut aux empereurs de Chine et, pendant la seconde moitié du 20ème siècle, la Chine n’a jamais omis de toujours briser, avant qu’ils ne se concrétisent, les rêves vietnamiens de devenir une puissance régionale, en dépit de la “fraternité communiste” censée unir Hanoi à Beijing. Quant au Vietnam, le pays le plus densément peuplé de l’Indochine, il a toujours revêtu une signification particulière pour les Chinois : en effet, la puissance étrangère qui contrôlera ce pays limitera ipso facto et de manière considérable l’influence de Beijing dans la région et fera courir à la Chine le risque d’être encerclée.

    Où l’affaire risque bien de devenir explosive, c’est quand les relations américano-vietnamiennes se trouvent renforcées par les activités du consortium pétrolier américain Exxon dans les eaux de la Mer de Chine du Sud. Fin octobre, l’Energy Delta Institute annonçait qu’Exxon avait découvert devant les côtes du Vietnam “des gisements de gaz d’une ampleur assez considérable” dans une région qui est également revendiquée par la Chine. La situation, déjà âprement concurrentielle, pourrait dès lors prendre une tournure plutôt dangereuse. Car, au même moment, le ministère de la défense américain travaillerait, selon le “Financial Times”, “ à développer rapidement une nouvelle stratégie prévoyant une bataille aérienne et navale, afin d’acquérir à terme les moyens de contrer les plans chinois visant à empêcher les forces armées américaines de pénétrer dans les mers voisines de la Chine ”.

    Berhard TOMASCHITZ.
    (article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°48/2011;  http://www.zurzeit.at ).
    R.Steuckers