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économie et finance - Page 857

  • Entretien avec Maurice Allais dans Le Choc du mois (archive)

    Le Choc du mois : Vous êtes tout à la fois un libéral, au sens politique et humaniste du mot, et un adversaire résolu de ce que vous appelez la « chienlit mondialiste du laissez-fairiste ». Qu'est-ce qui oppose le libéralisme authentique, dont vous vous réclamez, à la libéralisation des marchés qu'on subit aujourd'hui, et qui se revendique elle aussi du libéralisme ?
    Maurice Allais : Durant ces soixante dernières années, toutes les recherches que j'ai pu faire, toutes les réflexions que m'ont suggérées les événements, toute l'expérience que j'ai pu acquérir, ont renforcé en moi cette conviction qu'une société fondée sur la décentralisation des décisions, sur l'économie de marchés et sur la propriété privée, est, non pas la forme de société la meilleure dont on pourrait rêver sur un plan purement abstrait dans un monde idéal, mais celle qui, sur le plan concret des réalités, se révèle, aussi bien du point de vue de l'analyse économique que de l'expérience historique, comme la seule forme de société susceptible de répondre au mieux aux questions fondamentales de notre temps.
    Pour autant, si la conviction de l'immense supériorité d'une société économiquement libérale et humaniste n'a cessé de se renforcer en moi au cours de ces années, une autre conviction, tout aussi forte, n'a cessé également de se renforcer, c'est qu'aujourd'hui cette société est dangereusement menacée par la confusion du libéralisme et du laissez-fairisme. C'est là un des plus grands périls de notre temps. Une société libérale et humaniste ne saurait s'identifier à une société laxiste, laissez-fairiste, pervertie, manipulée ou aveugle. Tout comme le libéralisme ne saurait se réduire au laissez-faire économique.
    Le libéralisme est avant tout une doctrine politique, le libéralisme économique n'étant qu'un moyen permettant à cette doctrine politique de s'appliquer efficacement dans le domaine de l'économie. Or, l'économie mondialiste qu'on nous présente actuellement comme une panacée ne connaît qu'un seul critère : « l'argent ». Dépourvue de toute considération éthique, elle ne peut que se détruire elle-même.

    Il ne peut pas y avoir selon vous de libéralisme véritable sans cadre institutionnel et politique. Dans ces conditions, la régulation du marché par lui-même n'apparaît-elle pas comme un mythe ?
    Pour être bénéfique, la libéralisation des échanges exige un cadre économique et politique commun et stable avec des institutions appropriées. Ce cadre ne doit pas pouvoir être remis en cause ou dénoncé ultérieurement ou être instable.
    L'exemple de l'Union européenne, au sein de laquelle tant de mesures ont déjà dû être prises pour éviter des distorsions indues de concurrence, montre qu'un minimum d'intégration politique est nécessaire dès lors qu'une intégration économique très poussée est considérée comme souhaitable.
    Le libre-échange s'est constitué aujourd'hui en dogme incontournable. Il est relayé par les grandes organisations internationales, les grands médias et la plupart des hommes politiques.
    Quelles en sont les grandes lignes ? Comment expliquer pareil raz de marée ?
    Depuis trois décennies, la doctrine du libre-échange mondialiste s'est peu à peu imposée. Elle implique la disparition de tout obstacle aux libres mouvements des marchandises, des services et des capitaux dans le monde entier. Suivant cette doctrine, la disparition de ces obstacles est une condition à la fois nécessaire et suffisante d'« une allocation optimale des ressources à l'échelle mondiale », selon les mots de ses concepteurs. Tous les pays et dans chaque pays tous les groupes doivent voir leur situation améliorée.
    Pour les pays en voie de développement, cela consiste en l'ouverture totale vis-à-vis de l'extérieur, condition nécessaire de leur progrès. Pour les pays développés, en la suppression de toutes les barrières tarifaires ou autres, condition de leur croissance.
    Par exemple, pour les partisans de cette doctrine, le chômage dans les pays développés résulte essentiellement de salaires réels trop élevés, de l'insuffisante flexibilité du marché du travail, du progrès technologique accéléré qui se constate dans les secteurs de l'information et des transports, et d'une politique monétaire jugée indûment restrictive. Mais en aucun cas du libre-échange.

    Comment se fait-il qu'une telle doctrine, qui s'est avérée désastreuse, du moins en France, continue de nous être imposée ?
    Jamais la France ne s'est trouvée en temps de paix dans une situation économique aussi dramatique que celle d'aujourd'hui.
    De 1918 à 1939 et de 1946 à 1974, le chiffre du chômage a toujours été inférieur au million. Le sous-emploi effectif est aujourd'hui de l'ordre de six millions si l'on tient compte du traitement social du chômage.
    Mais on préfère ignorer, sinon occulter, sous l'influence de puissants groupes d'intérêts, les raisons réelles de la destruction de notre industrie, de la réduction de la croissance de plus de moitié depuis 1974 et du développement d'un chômage de masse.

    Serait-ce parce que cette idéologie n'est profitable qu'aux groupes les plus puissants ?
    Cette doctrine a été littéralement imposée aux gouvernements américains successifs, puis au monde entier, par les multinationales américaines, et à leur suite par toutes les multinationales qui ont des centaines de filiales et disposent d'énormes moyens financiers. Elles échappent à tout contrôle et exercent partout et par personnes interposées un pouvoir politique exorbitant. La mondialisation, on ne saurait trop le souligner, ne profite réellement qu'aux multinationales. Elles en tirent d'énormes profits.

    Nous assistons, depuis les crises asiatique et russe de 1997-1998, l'éclatement de la bulle Internet, et aujourd'hui de la bulle immobilière, à l'accélération des crises financière et monétaire. La fréquence de ces crises n'indique-telle pas que le système est fondamentalement vicié et instable ? Quelles en sont les principales faiblesses ?
    L'économie mondiale tout entière repose aujourd'hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile. Jamais dans le passé une pareille accumulation de promesses de payer ne s'était constatée. Jamais sans doute il n'est devenu plus difficile d'y faire face. Jamais sans doute une telle instabilité n'était apparue avec une telle menace d'effondrement général.
    Toutes les difficultés rencontrées résultent d'une méconnaissance d'un fait fondamental, c'est qu'aucun système décentralisé d'économie de marchés ne peut fonctionner correctement si la création incontrôlée ex nihilo (1) de nouveaux moyens de paiement permet d'échapper, au moins pour un temps, aux ajustements nécessaires. Il en est ainsi toutes les fois que l'on peut s'acquitter de ses dépenses ou de ses dettes avec de simples promesses de payer, sans aucune contrepartie réelle, directe ou indirecte, effective.
    Au centre de toutes les difficultés rencontrées, on trouve toujours, sous une forme ou sous une autre, le rôle néfaste joué par le système actuel du crédit et la spéculation massive qu'il permet. Tant qu'on ne réformera pas fondamentalement le cadre institutionnel dans lequel il joue, on rencontrera toujours, avec des modalités différentes suivant les circonstances, les mêmes difficultés majeures.

    Alan Greenspan, l'ancien gouverneur de la Réserve fédérale américaine, a défini les bulles financières comme des phénomènes d'« exubérance irrationnelle ». N'avez-vous pas l'impression que c'est la totalité du système boursier qui est en proie à une exubérance irrationnelle ?
    Qu'il s'agisse de la spéculation sur les monnaies ou de la spéculation sur les actions, le monde est devenu un vaste casino où les tables de jeu sont réparties sur toutes les longitudes et toutes les latitudes. Le jeu et les enchères, auxquelles participent des millions de joueurs, ne s'arrêtent jamais. Partout, cette spéculation, frénétique et fébrile, est permise, alimentée et amplifiée par le crédit, puisqu'on peut acheter sans payer et vendre sans détenir. On constate le plus souvent une dissociation entre les données de l'économie réelle et les cours nominaux déterminés par la spéculation.

    La crise de 1929 vous semble-t-elle le modèle de toutes les crises en cours et à venir ? Si oui, y a-t-il des similitudes entre les crises boursières qui affectent depuis une dizaine d'années la planète et la Grande Dépression des années 1930 ?
    On ne saurait trop insister sur les profondes similitudes, tout à fait essentielles, qui existent entre les crises actuelles et les crises qui les ont précédées, dont la plus significative est sans doute celle de 1929. Ce qui est réellement important en effet, ce n'est pas tant l'analyse des modalités relativement complexes, des « technicalities », des crises actuelles, qu'une compréhension profonde des facteurs qui les génèrent.
    La crise de 1929-1934 n'était elle-même qu'une répétition particulièrement marquée des crises qui s'étaient succédé au XIXe siècle, et dont sans doute la crise de 1873-1879 avait été une des plus significatives. En fait, toutes les grandes crises des XVIIIe, XIXe et XXe siècles ont résulté du développement excessif des promesses de payer et de leur monétisation.
    Le plus riche s'enrichit aux dépens des plus pauvres

    Les crises d'aujourd'hui ne sont-elles pas potentiellement plus dangereuses que celle de 1929 dans un contexte de mondialisation des échanges, de surendettement et de spéculation accru ?
    En 1929, le monde était partagé entre deux zones distinctes : d'une part, l'Occident, essentiellement les États-Unis et l'Europe ; et d'autre part, le monde communiste, la Russie soviétique et la Chine. Entre-temps, la mondialisation croissante des économies a changé la donne.
    Depuis les années 1970, une seconde différence, essentielle également, apparaît relativement au monde de 1929. La mondialisation précipitée et excessive a entraîné par elle-même des difficultés majeures. Une instabilité sociale potentielle s'est manifestée partout. Alors qu'en 1929, le chômage n'est apparu en Europe qu'à la suite de la crise financière et monétaire, il se constate dès aujourd'hui au sein de l'Union européenne et ne pourrait qu'être très aggravé si une crise financière et monétaire mondiale devait se développer.

    En quoi pourrait consister une réforme du système financier et monétaire international ?
    Il faudrait entreprendre, premièrement, une réforme du crédit, qui rendrait impossibles à la fois la création de monnaie ex nihilo et l'emprunt à court terme pour financer des prêts à plus long terme. Cette double condition impliquerait une modification profonde des structures bancaires et financières qui devraient reposer sur la dissociation totale des activités bancaires : entre les banques de dépôt, de prêt et d'affaire, indépendantes les unes des autres.
    Deuxièmement, il faudrait pouvoir garantir la stabilisation de la valeur réelle de l'unité de compte. Le fonctionnement d'une économie de marchés repose sur un très grand nombre d'engagements sur l'avenir. L'efficacité de l'économie, comme la justice, implique que ces engagements soient respectés, que les calculs économiques ne soient pas faussés, et que ni les créanciers ni les débiteurs ne soient spoliés. Il convient donc que tous les contractants soient réciproquement protégés contre les variations du pouvoir d'achat de l'unité de compte.

    Vous insistez également sur la réforme des marchés boursiers ?
    C'est le troisième point. Le système actuel est anti-économique et n'est avantageux que pour de très petites minorités. Une seule cotation par jour sur chaque place pour chaque valeur serait de loin préférable. Elle réduirait considérablement les coûts, et elle serait favorable à tous les investisseurs petits et grands. Plus un marché est étendu et plus les cours qui s'y établissent sont significatifs et équitables.
    Quatrièmement enfin, une réforme du système monétaire international, un nouveau Bretton Woods (2), est absolument nécessaire. Une monnaie internationale doit être créée. L'utilisation actuelle du dollar comme monnaie internationale a pour effet de financer les déficits américains par la Communauté internationale. Ce système aboutit à enrichir le pays le plus riche aux dépens de tous les pays plus pauvres. C'est là une situation scandaleuse et immorale à laquelle il doit être mis fin au plus tôt.
    Ces quatre réformes sont indépendantes les unes des autres, et elles peuvent être appliquées séparément. Chacune d'elles serait bénéfique pour l'ensemble de l'économie. Mais, si elles étaient appliquées conjointement, leurs effets bénéfiques s'en trouveraient considérablement renforcés les uns par les autres.

    Comment analysez-vous, vous qui êtes un grand Européen, la politique menée par l'organisation de Bruxelles, dont le rôle s'apparente de plus en plus à celui d'un cheval de Troie de la mondialisation ?
    Depuis 1974, on a constaté dans tous les domaines une dérive technocratique, dirigiste, centralisatrice, unitaire et jacobine de la construction européenne. Non seulement cette dérive a entraîné partout des effets pervers, mais par ses excès même elle ne cesse de susciter de très fortes oppositions.
    Les exemples de cette dérive sont innombrables.
    Ainsi aucun droit de sécession n'est prévu pour permettre aux peuples de sortir d'une organisation qui ne tiendrait pas compte de leurs droits fondamentaux. C'est ainsi le droit essentiel des peuples à disposer d'eux-mêmes qui fondamentalement leur est refusé.

    L'ouverture des frontières européennes à la concurrence des pays émergents (aux coûts salariaux infiniment plus bas que les nôtres) n'est-elle pas pour nous suicidaire ? Ne menace-t-elle pas directement emplois et industries en Europe ?
    Si, à partir de 1974, la politique libre échangiste de Bruxelles n'avait pas été appliquée, le produit intérieur brut réel par habitant en France serait aujourd'hui d'au moins 30 % plus élevé qu'il ne l'est actuellement, et il serait certainement au moins égal au PIB réel par habitant des États-Unis. Qui ne voit que les difficultés majeures auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui résultent pour l'essentiel de la diminution considérable du PIB réel qu'a entraînée pour nous la politique bruxelloise ?

    Pour quelles raisons le protectionnisme a-t-il si mauvaise presse ? Serait-ce parce qu'il semble la réponse la plus appropriée pour faire face à l'absence de régulation à l'échelle d'un monde dominé par les grands groupes ?
    L'hostilité dominante d'aujourd'hui contre toute forme de protectionnisme se fonde depuis soixante-dix ans sur une interprétation erronée des causes fondamentales de la Grande Dépression. Or, le protectionnisme en chaîne des années 1930 n'a été qu'une conséquence, et non une cause, de la Grande Dépression. Il n'a constitué partout que des tentatives des économies nationales pour se protéger de conséquences déstabilisatrices d'origine monétaire.
    Le véritable fondement du protectionnisme, c'est la protection nécessaire contre les désordres et les difficultés de toute sorte engendrées par l'absence de toute régulation réelle à l'échelle mondiale. Il est tout à fait inexact de soutenir qu'une régulation appropriée puisse être réalisée par le fonctionnement des marchés tel qu'il se constate actuellement.

    Quelles formes pourrait prendre ce protectionnisme ?
    Sur le plan économique, il impliquerait notamment : une protection minimale des activités économiques, le principe étant que dans chaque secteur un pourcentage donné, par exemple 80%, de la consommation européenne soit assuré par une production européenne ; une protection minimale contre les désordres monétaires et financiers extérieurs à la Communauté européenne, ce qui implique notamment une profonde réforme des institutions monétaires et financières ; une protection minimale contre une immigration extérieure excessive et ses conséquences désastreuses ; le maintien d'une population active minimale dans l'agriculture et la pêche, car aucune nation ne peut survivre si elle ne reste pas profondément enracinée dans son sol, et si son autosuffisance alimentaire n'est pas assurée.

    Vous qui avez appelé à voter non au référendum du 29 mai 2005 sur le Traité constitutionnel européen, quelle forme constitutionnelle pourrait-on donner à l'Europe ?
    L'organisation politique de l'ensemble des pays européens devrait à mon sens reposer sur une Confédération d'Etats souverains, confédération libérale, humaniste et démocratique préservant les intérêts fondamentaux de chaque nation. L'objectif essentiel étant de vivre ensemble dans des conditions respectant, dans ce qu'elles ont d'essentiel, les nations qui se sont lentement édifiées au cours des siècles.
    Propos recueillis par François Bousquet Le Choc du Mois septembre 2007
    1. « Le détenteur d'un dépôt auprès d'une banque le considère comme une encaisse disponible ; alors que dans le même temps la banque a prêté la plus grande partie de ce dépôt, qui, redéposée ou non dans une banque, est considérée comme une encaisse disponible par son récipiendaire. À chaque opération de crédit il y a ainsi duplication monétaire. Au total, le mécanisme du crédit aboutit à une création de monnaie ex nihilo par de simples jeux d'écritures. Reposant essentiellement sur la couverture fractionnaire des dépôts, il est fondamentalement instable.» Nouveaux Combats pour l'Europe, 1995-2002, Maurice Allais, Clément Juglar, 2002, p. 240.
    2. Signés en 1944 à Bretton Woods (New Hampshire, États-Unis), les accords de Bretton Woods ont dessiné les grandes lignes du système financier international de l'après-guerre. Les pays signataires ont abandonné l'étalon-or au profit du dollar, convertibilité (du dollar en or) qui sera à son tour abandonnée en 1971. Le système financier vit depuis lors sous le régime des changes flottants. Maurice Allais préconise de le remplacer par un système de taux de change fixes (au besoin révisables).
    Le Choc du mois septembre 2007
    À lire de Maurice Allais
    • Pour la réforme de la fiscalité, 1990
    • Traité d'économie pure, 1994 (1re édition : 1943)
    • Combats pour l'Europe 1992-1994, 1995
    • Économie et intérêt, 1998 (1re édition : 1947)
    • La Crise mondiale d'aujourd'hui, 1999
    • La Mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance, 1999
    • La Passion de la recherche. Autoportraits d'un autodidacte, 2001
    • Nouveaux combats pour l'Europe 1995-2002, 2002
    • L'Europe en crise. Que faire ?, 2005
    Tous ces ouvrages sont parus aux éditions Clément Juglar, 62, avenue de Suffren, 75015 Paris.

  • [PARIS] Manifestation d’Action Française, vendredi 18 janvier, à 19 heures, devant l’ambassade de Grèce

    Manifestation d’Action Française : Sortons de l’euro, rentrons dans l’Histoire

    La rapidité de l’effondrement de la Grèce est due à plusieurs facteurs. Il y a en premier lieu les politiques d’austérité imposées à la Grèce par l’Union Européenne via la Troïka, soit le FMI, la BCE et l’UE.

    De ce point de vue, le gouvernement français, ayant accepté de s’aligner sur les diktats de ladite Troïka, porte une responsabilité incontestable dans l’évolution catastrophique de la situation économique grecque. En second lieu, la contraction du crédit et le développement de l’économie de troc qui en découlent aboutissent à une accélération du processus d’effondrement. La perfusion monétaire qui maintient en survie le pays agonisant ne vise pas à sauver la Grèce et à faciliter son redressement, mais à sauvegarder la crédibilité de la zone Euro.

    L’Action Française exige l’annulation complète de la dette Grecque et sa sortie de l’Euro, lequel ne semble défendre en réalité que les intérêts du pouvoir bancaire mondial.

    Avec, notamment : Association de Défense des Pouvoirs Régaliens (ADPR), Action Française Lycéenne (AFL), Action Française Etudiante (AFE), Centre Royaliste d’Action Française (CRAF), Cercle Anthinéa, Etudiants Souverainistes Parisiens, L’Action française 2000, La Restauration Nationale (RN), le Rassemblement pour l’Indépendance de la France (RIF), Souveraineté, Indépendance et Libertés (SIEL), Union des Patriotes Grecs (UPG)

    Rendez-vous à 19h00 précises à l’angle de la rue Jean Giraudoux et de l’Avenue d‘Iéna - Métro Kléber.

    Solidarité avec le peuple Grec !

    http://www.actionfrancaise.net

  • Cahuzac, un profil de médaille en or

    Le ministre du Budget qui cultive une arrogance de saison avec un dédain mesuré de ses contradicteurs que lui autorise sa contribution à l'ISF, est une fabrication heureuse de la Socialie, encouragée d'ailleurs en Sarkozie régnante par l'auguste fonction de Président de la Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire à l'Assemblée nationale dans la législature précédente, fonction dont il ne retira que des louanges, et qui était la clef qui tourne dans la serrure de Bercy.
    Mais Jérôme est aussi un ancien cardiologue reversé dans la chirurgie capillaire et le conseil en lotions¹, une offre très éloignée des aspirations prolétariennes, mais comme disait Terra Nova, les ouvriers c'est du passé. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes de l'argent-roi quand survint le démon de minuit et le détective Jack Palmer, mandaté par Patricia, l'épouse associée en affaires. Patatrac !

    La dénonciation de Médiapart - on parlera de Plenel plus bas - met en scène un foule de marionnettes dans son petit théâtre. On y voit pêle-mêle l'Union des banques suisses, actuellement soumise aux inconvénients d'un intérêt soutenu de la part de la police fiscale française (la BNRDF) ; la soeur du Pinochet-nouveau-est-arrivé, Me Isabelle Copé, avocate de l'ex-épouse trompée ; l'inspecteur des impôts psychopathe pensionné de l'Etat, capable de se contrôler lui-même à temps perdu ; le juge anti-terroristes Bruguières devenu candidat à l'élection d'une municipalité-cassoulet, c'est pas fini ; un corbeau non identifié mais dont l'existence est revendiquée par les médisants ; une jolie mariée presque neuve que tout le monde connaît dans le showbiz ; et pour couronner le tout, la qualité indélébile de strausskahnien du "prévenu" qui a eu le front de convoquer dès le départ le renfort de la garde à tout-faire de DSK, en la personne du gentil Stéphane Fouks d’EuroRSCG. Sauf la négresse - elle était philippine - n'y manque aucun ingrédient pour faire un film ! A la réserve près qu'il serait surprenant qu'il bénéficie de l'avance sur recettes de l'Etat !

    Jérôme et sa nouvelle Belle-maman entre les Delon

    Malgré les dénégations de la cible le doute, s'il n'est permis, est possible, et c'est bien ce qui conforte le scandale médiatique de Médiapart. Fredonnons « La calunnia è un venticello » de Don Basilio² ; de la fange jetée il restera toujours les tâches. Un chirurgien dans un créneau porteur doublé d'un conseiller de laboratoires pharmaceutiques finit par avoir beaucoup d'argent. Sera-t-il le seul parmi ses confrères à l'abriter ? Il l'affirme et chacun de sourire. La social-démocratie au caviar d'Aquitaine ne peut sortir indemne de pareilles accusations. Celles de Médiapart qui prétend que le ministre du Budget en poste avait un compte non déclaré à l'UBS-CH jusqu'en 2010, dont les avoirs auraient été virés à Singapour, ressortissent au domaine du faisable.
    Médiapart force la posture de l'impassibilité jusqu'à demander l'enquête préliminaire du Parquet pour ficeler le ministre dans un faisceau de soupçons, car ne rien trouver ne prouve jamais rien ! Et Edwy Plenel le sait bien, qui a lancé l'affaire sur une cassette audio de qualité discutable, fondée sur des hypothèses assez scabreuses d'un inspecteur des Impôts légèrement mythomane. Que cherche-t-il ? Le scoop, tout simplement et des abonnements à son journal électronique d'investigation (et dénonciation). Mais si d'aventure - par un communiqué précis de l'UBS par exemple - il était manifestement prouvé que la dénonciation est parfaitement calomnieuse, le site et son rédac'chef finiront pendus sous le Pont-Neuf, les yeux et la langue bouffés par les choucas ! La non-réponse de l'UBS les sauvent pour le moment, pour le moment !

    Dans son rôle d'imprécateur trotskyste - formation LCR - Edwy Plenel attaque sans relâche l'Etat, cause de tous les maux. Ses études à Alger après l'indépendance l'en ont sans doute convaincu. Garçon fort sympathique mais pas vraiment fini, son travail d'enquêteur obstiné dans la Mitterrandie glauque parvenue aux affaires - les petites histoires d'aujourd'hui sont nullissimes à côté de celles d'avant - ont créé l'icône à scoop que nous connaissons. Amusant : il a le même âge que Cahuzac.
    Entre-temps, écouter le ministre grand bourgeois du Budget déclarer à l'Assemblée Nationale dans l'affaire Depardieu qu'« il s'agit d'éviter que ceux qui décident de vivre en dehors de nos frontières s'exonèrent par là-même des obligations fiscales que ces personnes ont à l'égard de leur pays dans lequel elles sont nées, elles ont grandi, elles ont été éduquées, formées, le plus souvent où elles ont rencontré la prospérité sinon la fortune » sonne faux. Désespérément faux.
    http://royalartillerie.blogspot.fr

    (1) Qui se souvient de la Lotion Dubito qui ferait pousser des cheveux sur une boule de billard ?
    (2) Traduction du livret de Sterbini :
    La calomnie est un petit vent, une petite brise très gentille, qui, imperceptible, subtile, légèrement, doucement, commence, commence à murmurer. Piano, piano, terre à terre, à voix basse, en sifflant, elle glisse, elle glisse, elle rôde, elle rôde, dans l'oreille des gens, elle s'introduit, s'introduit adroitement, et les têtes et les cervelles, étourdit et fait gonfler. En sortant de la bouche, Le tapage va croissant, il prend force peu à peu, vole déjà de lieu en lieu, il ressemble au tonnerre, à la tempête, qui au cœur de la forêt, va sifflant, grondant, et vous glace d'horreur. À la fin elle déborde et éclate, se propage, redouble, et produit une explosion, comme un coup de canon, comme un coup de canon, un séisme, un orage, un tumulte général, qui fait retentir l'air. Et le pauvre calomnié, humilié, piétiné, sous le fléau public, par grand malheur s'en va crever.
  • Renault poursuit sa cure avec la suppression de 7.500 postes en France

     

    La direction du géant de l’automobile, Renault, annonce la réduction de 7.500 postes d’ici à 2016 en France, soit 14 % des effectifs du groupe qui s’élève à 54.000 postes.

    Il est précisé que la suppression de 5.700 postes serait due à des départs « naturels », ce qui équivaut à des milliers de suppressions de postes, quant au reste il s’agirait de 1.800 départs supplémentaires liés au système de carrières spécifiques conditionné à un accord syndical.

    Source : Boursorama

  • Enquête : Pourquoi la France ouvre-t-elle ses portes au Qatar ?

    20130108
     

    Sous Sarkozy comme avec Hollande, le richissime émirat dispose des mêmes facilités pour racheter des pans entiers de notre économie. Que signifie l’appétit d’ogre de ce petit pays ? Pourquoi Paris lui ouvre-t-il ses portes ? Enquête.

    La dépêche, stupéfiante, est tombée le 6 novembre dernier : l’ambassadeur du Qatar, Mohamed Jaham al-Kuwari, annonçait à l’Agence France-Presse que son pays avait l’intention d’investir 10 milliards d’euros dans des sociétés du CAC 40. Répondant au journaliste qui évoquait quelques rares déclarations de personnalités qui, comme Bernard-Henri Lévy, Jean-Luc Mélenchon ou Julien Dray, ont manifesté leur inquiétude sur l’influence du Qatar en France, l’ambassadeur a conclu l’interview par une formule aussi ironique qu’arrogante : «C’est quoi, le problème ?»

    En effet, il n’y a, apparemment, aucun problème. Apprendre que le fonds souverain qatari va presque doubler le montant de ses participations dans le CAC 40 ne pose aucun problème au gouvernement ni à l’opposition. Organiser la Coupe du monde de football dans un pays où ce sport n’intéresse personne et va nécessiter la construction de stades munis de sols réfrigérants pour pouvoir supporter des températures à 45° C (bonjour Kyoto !), ça n’interpelle personne dans le monde du sport – pas même Michel Platini -, ni dans celui de l’écologie, surtout pas Yann Arthus-Bertrand. Coïncidence : son dernier film a été financé par des Qataris…

    Savoir que des Qataris pourraient sélectionner des entrepreneurs de banlieue sur une base communautariste n’inquiète pas grand monde. Installer une annexe de Normale Sup à Doha, ville où l’on est payé 400 dollars ou 12 000 selon la couleur de sa peau, ne dérange personne, et surtout pas Monique Canto-Sperber, présidente du pôle interuniversitaire Paris Sciences et Lettres et Philosophe spécialiste de «l’éthique».

    Qu’enfin la France impose à tous ses partenaires l’admission directe du Qatar au sein de la francophonie, sans passer par la case «observateur», comme l’exigeaient les usages jusqu’alors, cela n’ennuie pas grand monde non plus.

    A Doha, on appelle ça le «français sonnant et trébuchant». Mais, à Paris, le silence est de rigueur. Depuis des années. On peut même dater l’origine de l’amitié franco-qatarie : le premier voyage de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, à Doha, en décembre 2005. Sarkozy s’est lié d’amitié avec le Premier ministre qatari, Hamad ben Jassem al-Thani, «HBJ» pour les intimes, au risque de mélanger les genres.

    Lorsqu’il arrive à l’Elysée, Sarkozy prend l’habitude de recevoir tous les mois «HBJ». Au menu des discussions, les emplettes en France du fonds souverain Qatar Investment Authority (QIA). Selon un patron du CAC 40, «Guéant avait une liste de courses pour les Qataris. On avait l’impression que l’Elysée leur donnait à racheter la France».

    C’est durant le quinquennat Sarkozy que le Qatar est entré dans le capital de plusieurs groupes du CAC 40. Le président a même donné de sa personne, en faisant pression sur le président du PSG, Sébastien Bazin, gérant du fonds Colony Capital, pour lui demander de vendre le PSG selon les conditions du Qatar. Bazin proposait aux Qataris 30 % du club de foot parisien pour 30 millions d’euros. Après l’intervention présidentielle, ils en ont récupéré 70 % pour 40 millions (ils en sont désormais propriétaires à 100 %).

    Convention fiscale

    Mais le sport n’est qu’une conséquence d’une orientation stratégique prise à l’Elysée. C’est sous l’ère Sarkozy que le Qatar s’est imposé – sans provoquer un quelconque débat, même au sein du gouvernement Fillon – comme un médiateur de la diplomatie française au Proche et au Moyen-Orient : intervention financière pour libérer les infirmières Bulgares en Libye (juillet 2007), aide au rapprochement entre Nicolas Sarkozy et Bachar al-Assad, puisque, avant d’aider les combattants, le Qatar était un allié solide du régime baasiste.  

    Et, bien sûr, plus récemment, le Qatar, seul pays arabe à le faire, a participé – financement de l’armement, formation des combattants libyens et même présence de 5 000 hommes des forces spéciales – à l’intervention militaire occidentale contre Kadhafi.

    La puissance grandissante du Qatar en France semble stimulée par la faiblesse de nos responsables politiques, déboussolés par la crise mondiale et appâtés, parfois, par les largesses supposées de ce petit pays. Ami personnel de la famille de l’émir, Dominique de Villepin, aujourd’hui avocat d’affaires, a pour principal client le Qatar Luxury Group, fonds d’investissement personnel de la cheikha Mozah bint Nasser al-Missned. A droite, parmi les habitués de Doha, on trouve aussi Philippe Douste-Blazy, Rachida Dati ou Hervé Morin.

    Dans les milieux diplomatiques français, cette politique du «tout-Qatar» agaçait certains, qui espéraient que François Hollande, réputé partisan d’un resserrement des liens avec l’Algérie, allait en quelque sorte «rééquilibrer» la politique française dans la région.

    Certes, François Hollande s’est rendu en Algérie le 19 décembre. Mais il avait vu le Premier ministre de l’émirat, Hamad ben Jassem al-Thani, dans un palace parisien dès le début de 2012. Les deux hommes s’étaient d’ailleurs déjà rencontrés une première fois en 2006, François Hollande le recevant en tant que premier secrétaire du PS. Depuis son élection, il l’a revu à deux reprises, et a accueilli l’émir Hamad ben Khalifa al-Thani à l’Elysée, le 22 août 2012. Un traitement privilégié.

    Autre signe de continuité, l’entrée d’investisseurs qataris au capital de France Télécom en juin 2012… «Les gouvernements passent, mais les intérêts demeurent. Les accords financiers entre la France et le Qatar n’ont pas été interrompus, remarque le chercheur Nabil Ennasri, Hollande a seulement mis un terme à l’affichage publicitaire façon Sarkozy.»

    Incroyable : la convention fiscale entre les deux pays – une sacrée niche fiscale qui dispense un investisseur qatari de tout impôt sur les plus-values réalisées sur la revente de biens immobiliers en France -, qui avait été tant décriée par le PS (du temps de l’opposition), n’a pas été abrogée…

    Il faut dire que, même sous Sarkozy, les Qataris ont eu la prudence de créer ou de maintenir des liens solides avec la gauche française. L’ambassadeur du Qatar en France, Mohamed Jaham al-Kuwari, a préparé la transition politique de longue date en multipliant les contacts avec plusieurs dirigeants socialistes : Ségolène Royal, Laurent Fabius, Elisabeth Guigou, Jack Lang, Bertrand Delanoë, Martine Aubry, mais aussi Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg, qui a séjourné à Doha en pleine campagne de la primaire socialiste, ou encore Manuel Valls, seul émissaire du candidat à avoir rencontré l’émir en décembre 2011.

    Sous nos latitudes tempérées, le Qatar est un sujet de consensus. Jusque dans les médias, où il est devenu le pays des Bisounours. Comme dans l’émission «Un œil sur la planète», diffusée sur France 2 l’automne dernier, le présentant comme un nouvel eldorado, terre d’accueil de tous les ambitieux et les entrepreneurs.

    Ou encore dans une interview de l’ambassadeur de France au Qatar publiée dans la revue Géoéconomie (1). Le diplomate s’enthousiasme d’abord sur les perspectives de coopération entre les deux pays, faisant miroiter aux groupes français la perspective des 120 milliards mobilisés en vue de la Coupe du monde de football en 2022. Autant de beaux contrats pour Bouygues, Vinci, Carrefour et quelques autres.

    Mais l’ambassadeur y ajoute le supplément d’âme indispensable aux esprits délicats que nous sommes supposés demeurer : le printemps arabe aurait ainsi révélé – comme l’a reconnu lui-même François Hollande – d’importantes convergences entre les deux pays. L’honneur est sauf.

    Feuilletons le dossier de presse «Qatar en France». Il s’y dessine peu à peu un véritable storytelling qatari, que l’on pourrait résumer comme suit : le Qatar est un «nanopays» richissime – 78 260 dollars de revenu par Qatari en 2009, ça fait rêver – mais coincé entre deux géants, l’Iran, avec lequel il doit partager le gisement de gaz North Dome, l’un des plus grands du monde, et l’Arabie saoudite, 14 fois plus peuplée et disposant d’avoirs neuf fois supérieurs.

    Cette fragilité obligerait les Qataris à se montrer à la fois plus intelligents et plus diplomates que leurs voisins. Ils chercheraient ainsi une «assurance vie» - l’expression revient chez tous nos interlocuteurs – et seraient prêts à signer des chèques XXL à ceux qui sont susceptibles de lui garantir une protection. La France, avec son siège au Conseil de sécurité de l’ONU, constitue son meilleur allié.

    Autre argument en faveur des Qataris, leurs investissements sont jugés «très professionnels». Leur charte, «Vision nationale pour le Qatar 2030», adoptée en 2008, prévoit que les revenus des placements des fonds souverains qataris se substitueront à ceux du gaz.

    Il faudrait donc se réjouir, s’enthousiasme Patrick Arnoux, du Nouvel Economiste (2), de leur intérêt pour nos grands groupes : «L’entreprise Qatar, dirigée d’une main ferme par le cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, investit certes par milliards sur des actifs qui ont trois points communs : ils sont unitairement importants, prometteurs pour l’avenir et à forte rentabilité.» Et de vanter les financiers qataris, «issus des meilleures banques américaines comme Lehman Brothers» (curieux, cet éloge d’une banque qui a fait faillite en 2008, déclenchant la crise dans laquelle nous pataugeons encore !).

    Et puis, nous assurent tous ces amis français des Qataris, ces derniers ne sont ni gourmands ni exhibitionnistes ; excepté chez Lagardère, ils n’exigent pas de siéger dans les conseils d’administration des sociétés dont ils deviennent actionnaires.

    Une alternative aux Saoudiens

    Riches en capitaux disponibles, respectueux de l’indépendance de leurs partenaires, les Qataris sont aussi, nous dit-on, modernes. Leur nouvelle constitution donne aux 200 000 Qataris le droit d’élire des représentants locaux qui pourront même être des femmes (au sein d’une chambre cependant strictement consultative).

    La chaîne Al-Jazira, qu’ils ont créée en 1996, présentée comme une sorte de CNN arabe, aurait révolutionné l’information au Proche-Orient. La femme de l’émir, la cheikha Mozah bint Nasser al-Missned, a contribué à une véritable cité du savoir à la périphérie de Doha, ouverte aux musées et aux universités occidentales.

    Enfin, le sentiment de fragilité des Qataris les pousserait à devenir une tête de pont entre le monde arabo-musulman et l’Occident. Songez que la plus grosse base militaire américaine, autrefois à Bahreïn, a déménagé à Doha et que les Qataris maintiennent des liens avec Israël. Ils constituent ainsi une alternative plus présentable que les Saoudiens, qui soutiennent les salafistes dans la région. Et si le Qatar représentait cet islam modéré dont tant d’Occidentaux espèrent l’avènement depuis des années ?

    Bien sûr, comme tout storytelling, celui portant sur le Qatar reflète une partie de la réalité. L’émir, qui a chassé son père du pouvoir en 1995, s’est révélé un fin stratège. «Le Qatar est le premier à avoir acheté des méthaniers, analyse l’économiste Hakim el-Karoui, et à garder ainsi la maîtrise du transport du gaz.» Résultat : le pays frôle les 20 % de croissance en 2012, après 16 % en 2010 et 12 % en 2009.

    Ensuite, il semble bien que la stratégie qatarie soit la plus subtile des pays du Golfe. «Les Qataris ne sont pas que des payeurs, observe l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, ils sont astucieux et mènent une stratégie d’équilibre, entre Al-Jazira d’un côté, le phare du printemps arabe, la base américaine sur leur territoire et leurs relations assez bonnes avec Israël.»

    Enfin, il est patent que les Qataris ne mélangent pas forcément leur politique diplomatique, pas facile à décrypter, et leurs investissements pour lesquels ils recherchent, c’est un banquier qatari qui parle, un «absolute return», autrement dit une garantie de retour sur investissement.

    Mais ces indéniables atouts – prospérité économique, stratégie au long cours, subtilité diplomatique – ne doivent pas occulter la face moins reluisante du petit Etat. La condamnation à perpétuité, le 28 novembre, du poète Mohammed al-Ajami, coupable… d’un court texte critique sur l’émir, jette une lumière blafarde sur la modernité qatarie.

    Et il y a surtout la relation très particulière que le Qatar entretient avec l’islamisme politique. L’émirat a été, depuis quinze ans, le refuge de bien des activistes radicaux, tel Abassi Madani, l’ex-patron du FIS algérien. Le Hamas a déménagé ses bureaux de Damas à Doha, et la récente visite de l’émir à Gaza n’est pas passée inaperçue.

    La chaîne de télé Al-Jazira s’est fait connaître en devenant le diffuseur exclusif des communiqués d’Al-Qaida, et certains ne manquent pas de souligner que Doha a été exempt de tout attentat terroriste. Exilé au Qatar depuis quarante ans, le plus célèbre prédicateur islamiste, Youssef al-Qardaoui, officie chaque semaine sur Al-Jazira.

    L’homme a déclaré que «les opérations martyres sont l’arme que Dieu a donnée aux pauvres pour combattre les forts», et que, «tout au long de l’histoire, Allah a imposé aux juifs des personnes qui les puniraient de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. [...] C’était un châtiment divin. Si Allah le veut, la prochaine fois, ce sera par la main des musulmans».

    Cet activisme n’étonne pas Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité de la DGSE (services secrets français) : «Comme la famille régnante veut ravir à la famille Al-Saoud d’Arabie saoudite son rôle moteur dans le contrôle de l’islam sunnite à l’échelle mondiale, elle héberge volontiers les imams et prêcheurs de tout poil, à condition qu’ils soient plus extrémistes que les oulémas saoudiens, de façon à leur rendre des points. Et le Qatar finance partout et généreusement tous les acteurs politico-militaires salafistes, dont la branche la plus enragée des Frères musulmans, hostiles à la famille Al-Saoud et bien sûr au chiisme, mais aussi aux régimes « laïcs » et nationalistes arabes susceptibles de porter ombrage aux pétromonarchies.»

    Enfin, le Canard enchaîné affirme que les services français ont repéré une présence qatarie dans le nord du Mali, où sévissent des groupes jihadistes. «On pense, explique Roland Marchal, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri), qu’un certain nombre d’éléments des forces spéciales qataries sont aujourd’hui dans le nord du Mali pour assurer l’entraînement des recrues qui occupent le terrain, surtout d’Ansar Dine.» Ansar Dine, un groupe jihadiste non lié à Al-Qaida.

    Bref, la famille régnante au Qatar n’a sans doute pas de doctrine bien établie, mais son jeu diplomatique, fondé sur une double exigence – concurrencer les Saoudiens dans le monde musulman et diaboliser l’Iran – peut l’amener à des positions fort lointaines de «l’islam des Lumières».

    Y compris en France. «Si quelqu’un, affirme un bon connaisseur du dossier, avait la curiosité de se poster en face de l’ambassade du Qatar, il pourrait y prendre en photo d’éminents animateurs de la mouvance islamiste radicale.»

    Premier instrument de l’influence du Qatar dans le monde arabe, la chaîne Al-Jazira s’est révélée être «le DRH du printemps arabe», selon l’expression de Naoufel Brahimi el-Mili, professeur de science politique et auteur du livre le Printemps arabe, une manipulation ? (3)

    Ce dernier a passé des mois à décrypter les émissions de la chaîne qui fut la première à mettre en scène le martyre du vendeur de légumes tunisien Mohamed Bouazizi, dont le suicide, le 4 janvier 2011, a embrasé la Tunisie, avant que la révolte ne se propage en Libye ou en Egypte. A chaque fois, Al-Jazira accompagne et «feuilletone» les mouvements et les combats.

    Il apparaît que, partout, les Qataris soutiennent les Frères musulmans, qui constituent la principale force politique du printemps arabe. Et qu’Al-Jazira est leur bras armé. Brahimi note ainsi que le nouveau ministre des Affaires étrangères libyen, Mohamed Abdelaziz, était un journaliste de la chaîne, de même que Safwat Hijazi, devenu une sorte de «conseiller spécial» du gouvernement égyptien. Pour Brahimi, le projet du Qatar est limpide : «Imposer la révolution « démocratique » par le bas, puisque les révolutions par le haut, façon néoconservateur bushiste, ont échoué.»

    Autre sujet d’inquiétude, l’activisme sportif des Qataris – Grand Prix de l’Arc de triomphe, achat du PSG, Mondial de handball (2015) et Coupe du monde de football (2022) – ne relève pas forcément d’un amour désintéressé du sport mais bien d’une stratégie délibérée de soft power.

    C’est d’ailleurs Nicolas Sarkozy lui-même, cumulant le rôle de superconsultant des Qataris avec celui de président de la République, qui aurait conseillé à l’émir de «passer par le sport» pour implanter Al-Jazira en France. D’où la création de la chaîne BeIN Sport, au risque de déstabiliser le système audiovisuel français, et notamment le financement du cinéma.

    Enfin, et ce n’est pas le moins inquiétant, les Qataris manifestent un intérêt particulier pour les secteurs industriels sensibles et stratégiques. Cette inclination est d’abord apparue dans le dossier EADS. A la fin des années 90, l’émir sympathise avec Jean-Luc Lagardère, avec lequel il partage une passion des chevaux.

    Les deux couples sympathisent, Bethy Lagardère initiant la cheikha Mozah aux joies de la vie parisienne, tandis que les équipes Lagardère apportent à l’émir leurs conseils avisés dans l’audiovisuel lors de la création d’Al-Jazira. Avant même la mort de Jean-Luc Lagardère, en 2003, l’émir avait émis le vœu d’entrer au capital d’EADS.

    Mais Jean-Paul Gut, alors haut dirigeant d’Airbus, avait habilement orienté les Qataris vers une prise de participation dans le groupe Lagardère lui-même, ce qui était moins intéressant pour le Qatar mais répondait à l’inquiétude de l’héritier, Arnaud Lagardère, qui souhaitait s’assurer des alliés solides dans sa société holding. Mais, quand le groupe allemand Daimler a voulu vendre ses parts dans EADS, le Qatar s’est porté acquéreur, ce qui entraîna une vive réaction d’Angela Merkel aboutissant à un engagement de l’Etat allemand à la place de Daimler.

    Si les Qataris se sont senti l’audace d’avancer sur des dossiers aussi sensibles, c’est que les liens entre la France et le Qatar sont anciens : 80 % de l’équipement militaire qatari est français et, pour l’anecdote, les 15 ha que la Direction générale de l’armement loue à Bagneux (Hauts-de-Seine) appartiennent à une banque qatarie…

    Poker menteur

    Autre indice de l’intérêt des Qataris pour les secteurs stratégiques, l’affaire Altis, une société de semi-conducteurs en difficulté que les Qataris voulaient acheter en 2009 pour créer une industrie similaire au Qatar. Mais Augustin de Romanet, alors patron de la Caisse des dépôts, a jugé le projet suspect, et le Fonds stratégique industriel s’est finalement substitué à l’émirat.

    Encore plus inquiétant, le jeu de poker menteur autour d’Areva : il s’en est fallu de peu que l’émirat mette la main sur les mines d’uranium du groupe nucléaire ! A la manœuvre, l’ancien secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant, l’intermédiaire de choc Alexandre Djouhri, Henri Proglio, le PDG d’EDF, et François Roussely, du Crédit suisse – une des banques conseil en France des Qataris avec la banque Rothschild.

    L’alternance est, apparemment, un concept qui ne s’applique pas à cet aréopage. C’est d’ailleurs peut-être ce qui a conduit l’ambassadeur du Qatar à annoncer de nouveaux investissements dans les groupes français.

    A ce rythme-là, la France va finir par avoir plus besoin du Qatar que l’inverse.

    (1) «Qatar, l’offensive stratégique», no 62, été 2012.

    (2) Du 3 mars 2012.

    (3) Editions Max Milo, 2012.

    Fonds qatari dans le CAC 40 : déjà plus de 6 milliards !

    France Telecom (1 %) : 214,5 M€

    Lagardère (13 %) : 1,071 milliard €

    LVMH (1 %) : 653,64 M€

    Suez Environnement (1 %) : 45 M€

    Total (3 %) : 2,691 milliards €

    Veolia (5 %) : 946,95 M€

    Vinci (8 %) : 2 84,11 M€

    Vivendi (5 %) : 427,88 M€

    Total : 6,334 milliards d’euros

    IMMOBILIER : 4 MILLIARDS NET D’IMPÔTS

    Les avoirs immobiliers en France des Qataris se partagent entre différents membres de la famille régnante. Ils comprennent des immeubles de luxe et de nombreux hôtels. Au total, l’immobilier détenu par l’émirat dans notre pays atteindrait ainsi 4 milliards d’euros. Début 2008, les Qataris ont obtenu le vote au Parlement français d’un statut fiscal qui les exonère d’impôt sur leurs plus-values immobilières en France. Et ils en profitent : ces dernières années, ils ont racheté des hôtels de luxe comme le Martinez et le Carlton, à Cannes, le Royal Monceau, le Concorde Lafayette, l’hôtel du Louvre, à Paris, le Palais de la Méditerranée, à Nice. Mais ils ont également fait main basse sur le somptueux hôtel Lambert sur l’île Saint-Louis, à Paris, le splendide hôtel d’Evreux de la place Vendôme, à Paris, l’immeuble Virgin des Champs-Elysées, le siège de Vivendi, avenue de Friedland, à deux pas des Champs-Elysées, le siège d’Areva près de l’Opéra, et la tour Pacific à la Défense, ainsi que sur le centre de conférences Kléber, lieu chargé d’histoire – le haut commandement militaire allemand s’y était installé sous l’Occupation et c’est là qu’ont été signés les accords de Paris mettant fin à la guerre du Vietnam. Le destin du centre Kléber est de devenir un palace pour milliardaires…

    Au total, les avoirs qataris en France – immobilier et CAC 40 – dépasseraient donc les 10 milliards* d’euros selon nos calculs. Une somme qui rejoint les statistiques de la Banque des règlements internationaux (9,79 milliards), ce qui représente trois fois moins que les investissements du Qatar en Grande-Bretagne, mais deux fois plus que ceux de l’Allemagne.

    * Valeur au 20 novembre 2012

    • Article publié dans le numéro 820 du magazine Marianne, du 5 au 11 janvier 2013

    http://euro-synergies.hautetfort.com/

  • Les décroissants : Être et ne plus avoir…

    Fatigués de la course au “toujours plus”, ils ont choisi de vivre mieux avec moins. Une nouvelle éthique de vie qu’ils mettent en actes au quotidien. Témoignages.

    Qu’on les baptise « décroissants », « créatifs culturels », « consomm’acteurs », que l’on range le mouvement dans un tiroir intitulé « simplicité volontaire » ou « downshifting », peu importe… Car la dynamique est bien là : de plus en plus de personnes, en Amérique du Nord comme en Europe, veulent cesser de se laisser déborder par une vie qui ne leur convient plus.

    Pour l’instant, impossible de chiffrer avec exactitude l’ampleur de la vague, mais des instituts d’études en marketing évoquent déjà une « tendance significative et en expansion (1) ». Aux États-Unis, environ 20 % de la population serait concernée, et plus de dix millions d’Européens auraient déjà modifié profondément leur manière de vivre. « On peut parler d’un étouffement des individus dans cette société dévorée par les objets et la technologie », souligne le psychanalyste Jean-Pierre Bigeault.

    Prise de conscience et passage à l’acte

    Surconsommation, course à la réussite sociale, ravages de la pollution et diminution des ressources… les décroissants font le même constat que beaucoup d’entre nous : leur vie ne tourne pas rond. Mais eux passent à l’acte. Une montée de conscience qu’explique la psychanalyste Luce Janin-Devillars : « Pour endiguer les ravages de la pollution, certains comprennent qu’il y a une noblesse à réparer ce qui peut l’être, à inverser la tendance du jetable pour préserver l’avenir des générations futures. »

    Une fois le processus du « désengagement » enclenché, la diminution des besoins matériels est remplacée, peu à peu, par une grande richesse intérieure. Un peu comme si l’espace « dégagé » laissait entrer une autre dimension, spirituelle, presque mystique. Il ne s’agit pas de renouer avec de vieilles traditions contemplatives religieuses, retiré du monde, à la recherche d’un dieu. Cette spiritualité-là, au contraire, va à la rencontre des humains, chacun se sentant partie intégrante d’un tout, et non plus maître arrogant de la planète.

    Luce Janin-Devillars en est persuadée : « L’éducation, la socialisation, le vivre avec les autres, le religieux au sens premier de religare, “relier”, sont là pour nous humaniser, nous conduire vers une créativité aussi propre que possible. » En tout cas, c’est ainsi que les décroissants que nous avons rencontrés cherchent un nouvel équilibre. Des fous ou des avant-gardistes ?

    Qui sont-ils ?

    Les « décroissants »

    Ils contestent la société de consommation, réduisent leur pollution, mangent bio. S’y retrouvent écologistes, altermondialistes, déçus de l’action politique… et bien d’autres, d’aucun bord en particulier.

    Les consom’acteurs

    Des « décroissants » particulièrement impliqués dans la consommation de produits équitables.

    Les downshifters (ou « désengagés »).

    L’expression existe aux États-Unis depuis 1986. Ils veulent ralentir dans tous les domaines, mais surtout dans le travail.

    Les slow food et les slow life

    Ils participent, de près ou de loin, au mouvement international, créé en Italie, qui promeut les « vrais » produits, la « vraie » nourriture, la convivialité, en opposition à la fast food et à la fast life.

    Et aussi…

    Le Mouvement de la simplicité volontaire lancé par Duane Elgin, essayiste canadien ; les No Logo, qui refusent le diktat des marques et de la publicité ; les Soho-Solos, qui travaillent seuls ou en toutes petites unités.

    Témoignages: “nos amis se fichaient de nous. Maintenant, ils nous envient

    Francis, 41 ans, marié, deux enfants. Lui et sa femme ont quitté Paris il y a quinze ans pour vivre en lisière de la forêt de Fontainebleau, dans une maison construite de ses mains.

    « On a longtemps vécu à Paris. On y a fait nos études aux Arts déco. En 1991, je me suis installé ici quatre jours par semaine, dans une cabane construite par mon grand-père, au milieu du jardin. Mes parents venaient de mourir d’un cancer, à peine âgés de 50 ans, à quatre ans d’intervalle. Les voir mourir comme ça… On ne pouvait plus envisager notre vie de la même façon. Passer son temps à travailler, comme eux, ne pas profiter de la nature, de la vie… Charlotte est venue me rejoindre. Tous nos amis se fichaient de nous !

    J’ai commencé à travailler le bois. Puis, après la naissance de nos filles, l’idée d’une maison en rondins s’est imposée : des matériaux naturels ne nécessitant aucune énergie, 100 % recyclables, une isolation naturelle parfaite. Je l’ai construite en deux ans. Ce choix correspond absolument à nos désirs de simplicité, d’harmonie, de protection de l’environnement. Nous élevons nos enfants dans cet esprit : respect de la nature, vie avec les saisons, pas de gaspillage…

    Je construis une cuve et un bassin de récupération de l’eau de pluie. On pratique beaucoup le voisinage : je te donne des tomates, tu me prêtes la main. Financièrement, ce n’est pas toujours facile. Charlotte est free-lance pour des magazines, je cultive des légumes… Mais on est tellement plus heureux ! Le plus marrant, c’est que nos amis qui nous prenaient pour des dingues nous envient et nous demandent des conseils pour en faire autant ! »
    Sans mes enfants, je serais prête à lâcher encore plus

    Laurence, 43 ans, mariée, trois enfants. Ex-architecte, elle a créé une boutique de design écologique et équitable en région parisienne.

    « Je suis de nature révoltée. Enfant, je voulais être avocate, chirurgien, sauver des vies. Je suis devenue architecte, pour créer de beaux endroits pour les gens. Mais la quarantaine arrivant, rien ne me convenait plus : ni notre mode de vie, ni mon boulot. Surtout, l’environnement me posait une grande question : qu’est-ce que nous allions laisser à nos enfants ? Tout ce gaspillage, ce déséquilibre…

    La mort de mes parents, à très peu de temps d’intervalle, m’a mise debout. J’ai compris qu’ils s’étaient épuisés à travailler. Il n’y avait plus de temps à perdre. Il nous a fallu deux ans pour concrétiser notre projet : vivre ailleurs, autrement, changer d’activité professionnelle.
    Le premier pas a été l’achat de notre espace au sein de ce que l’on appelle “l’usine”, à Ivry-sur-Seine, en région parisienne. Aujourd’hui, elle est devenue un lieu de vie en commun, où nous habitons à une quinzaine de familles, partageant le jardin, des objets, des repas…

    Ensuite, j’ai arrêté l’architecture et ouvert ma boutique de design écologique. On a revu nos dépenses à la baisse, on recycle, on bricole. Sans mes enfants, je serais prête à lâcher encore plus, y compris ma maison. A vivre de très peu. A renoncer vraiment à “l’avoir” pour laisser la place à “l’être”. On me dit souvent que mon magasin, c’est un truc de bobos, de privilégiés… je m’en fiche. Les comportements, les sociétés ont toujours changé grâce aux classes les plus favorisées. Tout le monde doit s’y mettre, on n’a plus le choix… »

    Nos ressources ont baissé de 25 %, et alors ?

    Robert, 40 ans, marié, trois enfants. Anglais, il a quitté son entreprise d’agroalimentaire pour s’installer dans le Gers et devenir consultant indépendant en marketing.

    « En 2001, nous avons décidé de quitter Bristol, en Angleterre, où je travaillais pour une entreprise d’agroalimentaire. Je voulais sortir de la vie d’entreprise dans laquelle j’évoluais depuis quinze ans, reprendre mon activité en main. Je ne supportais plus de vivre dans cet environnement de performance financière, de penser sans cesse au profit des actionnaires… Ma femme est française, nos enfants, bilingues, cela a facilité la décision.

    Ma femme a pu intégrer l’Éducation nationale comme professeur d’anglais. Et nous nous sommes installés à dix kilomètres d’Auch, le Sud-Ouest. Nos ressources ont baissé d’environ 25 %, et alors ? Nous avons tellement gagné en contrepartie : du temps pour les enfants, les amis, du plaisir… Je suis plus créatif. Je travaille pour moi, et surtout je maîtrise tout ce que je fais, de A à Z… Ce qui ne veut pas dire que je vois le monde de l’entreprise comme le grand méchant loup : je n’exclus pas d’y entrer de nouveau. Mais je pense qu’il faut envisager d’autres types de relation au travail.
    Les Soho-Solos (2) que je côtoie ici ont tous ce même désir de modifier les rapports avec l’entreprise. C’est un vrai mouvement qui s’amorce.
    »

    Je voulais travailler pour vivre et non l’inverse

    Marc, 40 ans, marié, deux enfants. Ancien cadre supérieur chez Elf-Aquitaine, il est aujourd’hui enseignant en éthique des affaires à Barcelone.

    « A ma sortie de Sup de Co, j’ai été engagé chez Elf- Aquitaine comme cadre supérieur dit “à haut potentiel”, très bien payé. Pourtant, il me manquait quelque chose…

    Je voulais m’enrichir intellectuellement, travailler pour vivre et non l’inverse. J’ai démissionné. En même temps, Sybille, ma femme, quittait son travail de directrice commerciale pour commencer un DEA en économie de l’environnement.

    J’ai alors repris des études à l’Institut européen des affaires. Nos ressources ont été divisées par deux mais, de nouveau, j’étais libre. A la fin de mon doctorat, j’ai choisi délibérément un poste moins prestigieux que d’autres, à l’université de Barcelone où j’enseigne l’éthique des affaires. Nous vivons très simplement, sans télévision ni radio, avec ce même désir d’être le plus possible en accord avec nous-mêmes, avec notre famille. Depuis quelque temps, j’ai entamé un nouveau processus : me détacher de “l’avoir”, de la reconnaissance sociale flatteuse, pour aller vers “l’être”.

    Aujourd’hui, j’essaie même de me détacher du “faire” pour aller encore plus vers “l’être”. Je quitte peu à peu le domaine de la compréhension intellectuelle pour me diriger vers une
    plus grande contemplation, une capacité à m’émerveiller de ce que je ne comprends pas, comme les émotions, ou simplement la beauté d’un paysage. Abandonner les “objectifs”, déverrouiller la porte, laisser entrer les “autres”. Auparavant, j’étais à la recherche du bonheur, maintenant, je suis davantage à la recherche de ma vie.
    »

    Notes

    1- Trends Research Institute (institut américain de recherche sur les tendances).

    2 – Le Soho-Solo est un programme européen destiné à faciliter l’installation des travailleurs indépendants dans les régions de l’Ouest de l’Europe. Site : www.soho-solo.com

    Psychologies

    http://fortune.fdesouche.com

  • Olivier Delamarche “L’accord sur la flexisécurité est un cadeau aux entreprises”

    Olivier Delamarche, du groupe Platinium Gestion, le 15 janvier 2013 sur BFM Radio, met les points sur les i, dans l’émission “Intégrale Bourse.

    « Les entreprises françaises n’avaient pas la même souplesse que les entreprises américaines pour licencier et pour adapter leur coûts. Elles vont maintenant avoir beaucoup plus de faciliter pour le faire »

    « Les entreprises ne vont pas embaucher. Si vous avez une récession devant vous, vous n’embauchez pas. Donc la courbe du chômage va continuer à augmenter et probablement même s’accélérer »

    http://fortune.fdesouche.com/

  • Emploi : les prévisions noires de l’Unedic

    Le gestionnaire de l’Assurance chômage anticipe une nette hausse du nombre de demandeurs d’emploi en 2013, ainsi que de son déficit.

    Après la satisfaction (pas tout à fait) générale provoquée par le succès des négociations sur l’emploi, vendredi, le retour à la réalité. L’Unedic, qui gère les finances de l’Assurance chômage, a livré ce lundi des prévisions pessimistes pour 2013 : ses finances devraient être au diapason de l’emploi en 2013, c’est-à-dire franchement dans le rouge, en raison de la croissance quasi-nulle à laquelle s’attendent les économistes.

    Pour faire ses comptes, en effet, l’Unedic ne s’est pas appuyée sur la prévision du gouvernement, un 0,8% de moins en moins crédible, mais sur le chiffre de 0,1% retenu notamment par l’Insee. Autant dire que l’activité restera stable en 2013, ce qui ne permettra pas de résorber un chômage en hausse depuis dix-neuf mois consécutifs.

    L’institution s’attend donc à 185.500 inscriptions supplémentaires à Pôle Emploi en catégorie A (aucune activité), après 295.000 en 2012. Un ralentissement, donc, mais pas une baisse : le nombre total de demandeurs d’emploi de catégorie A s’élèverait ainsi à 3.300.000 environ. Le nombre de demandeurs d’emploi indemnisés, lui, augmenterait de 180.000 environ, ce qui entraînerait une augmentation de 8% des dépenses de l’Assurance chômage.

    Dans le même temps, cette dernière verrait la situation se dégrader côté recettes, en raison des destructions d’emploi, mais aussi de la faible progression de la masse salariale, sur laquelle sont appuyés ses revenus. L’endettement de l’Assurance chômage augmenterait donc de près de 34%, atteignant 18,6 milliards d’euros en fin d’année, un niveau record.

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  • Christine Lagarde, une libérale au FMI

    Un ancien ministre français de l'Économie succède à un autre ancien ministre français de l'Économie à la tête du FMI. De Strauss-Kahn en Lagarde, sauf sur le plan des mœurs, rien ne devrait vraiment changer.
    Sans surprise, c'est le ministre de l'Économie et des Finances français, l'UMP Christine Lagarde, qui a succédé le 28 juin à un autre ancien ministre de l'Économie et des Finances français, le socialiste Dominique Strauss-Kahn, à la direction générale du Fonds Monétaire International. Elle a été élue pour un mandat de cinq ans. Le FMI aux mains de Christine Lagarde pourrait sembler être une chance pour la France, un symbole de l'influence de notre pays dans le monde. Ce n'est malheureusement pas le cas. Christine Lagarde, comme son prédécesseur, est membre de l'hyper classe mondialisée qui défend avant tout les intérêts des grands de ce monde, pratiquant un libéralisme totalement dérégulé qui ne tolère aucune limite à la toute puissance du marché.
    Avocate internationale
    Loin de défendre les intérêts de puissance de la France, les locataires de ce poste envié et grassement rétribué se contentent de poursuivre leurs petites discussions entre amis, au gré des sommets internationaux, tout en soignant une image de sauveurs des économies nationales en danger. L'essentiel étant pour eux, non pas de réformer les pays menacés par la crise, mais d'éviter qu'ils ne contaminent les puissances plus importantes. Pour ce type de dirigeants internationaux, la politique se limite à la gestion économique, les dimensions sociales et morales des affaires publiques leur restant aussi étranger qu'un ours blanc à un papou. Avec l'arrivée de Christine Lagarde, la direction générale du FMI gagnera sans doute en probité, mais ne changera pas de ligne de conduite. De la même façon que son long passage à Bercy (quatre ans) n'a rien changé à la situation française, compromise par l'importance de la dette de l'État.
    Issue de la petite bourgeoisie havraise, championne de natation synchronisée, Christine Lagarde, si elle a échoué au concours d'entrée à l'Ena, s'est hissée en 1999, à force de ténacité et de brio professionnel, à la tête d'un des plus grands cabinets d'avocats américains, Baker and McKenzie, basé à Chicago. S'étant toujours piqué de politique, elle devient en 2005, ministre du Commerce extérieur de Jacques Chirac, sacrifiant temporairement une partie de ses revenus. Depuis, politiquement très compatible avec Sarkozy, Lagarde n'a pas quitté le gouvernement. Elle s'est faite élire en 2008 conseiller de Paris dans le XIIe arrondissement, où l'on ne peut pas dire qu'elle laissera un grand souvenir, pour cause d'absentéisme chronique...
    Un manque de recul sur les limites du système américain
    Femme intelligente et volontaire, elle souffre d'un clair manque de recul sur les limites du système américain et de l'idéologie libérale. Sa familiarité avec les grandes institutions internationales et sa maîtrise de la langue anglaise n'ont d'égal que sa difficulté à paraître crédible lors de discussions avec les « vrais gens ». On l'a ainsi vu faire des envolées lyriques sur la beauté des ciels d'Eugène Boudin, le peintre pré-impressioniste normand, lors de l'inauguration d'une mairie de la banlieue de Rouen, devant une assemblée qui semblait, plus prosaïquement mais fort logiquement, plus préoccupée par le bon fonctionnement des lignes de bus et du ramassage des poubelles... Elle avait donc rapidement renoncé à succéder à Antoine Rufenacht à la mairie du Havre.
    Tremplin politique
    A la tête du FMI, elle sera délivrée de ce genre de contingences. Pour elle, cette direction générale pourrait cependant être un tremplin pour un retour en politique aux avant-postes. N'oublions pas qu'elle était donnée premier ministrable l'été dernier. N'oublions pas non plus que, depuis Washington, DSK rêvait d'un destin national en France. Il se pourrait donc bien que l'on revoie un jour Christine Lagarde, une nouvelle fois lassée des charmes de l'Amérique, jouer un rôle de premier plan sur la scène politique française. À moins que le FMI ne puisse juguler les nouvelles crises qui s'annoncent.
    Avec l'arrivée de Christine Lagarde, le Fonds Monétaire International passe du social-libérarlsme deDSK à un libéralisme avancé. On doute que les habitants des pays actuellement au bord de la faillite à cause de la mauvaise gestion de leurs dirigeants saisissent toutes les subtilités de la distinction entre ces sensibilités politiques.
    Jacques Cognerais Monde&vie du 16 juillet 2011

  • CHOMAGE : JEREMIADES SUR JEREMIADES

    Le prophète Jérémie pleurait sur le malheur des temps mais ne le créait pas lui-même. Les lamentos publics sur le chômage ne cessent pas et ne sont pas près de cesser à mesure que les mauvaises nouvelles déferlent. Ces lamentations sont d'autant plus fortes qu'elles proviennent de ceux-là mêmes qui créent le drame, tout en veillant avec soin à y échapper personnellement.
    Les chiffres sont mauvais dans toute la zone euro. fin avril, 17,4 millions de personnes se trouvaient sans emploi soit 11 % de la population active et 110 000 personnes de plus qu'en mars. La France, comme souvent, est en pointe si l'on peut dire. Avril est le douzième mois de hausse consécutive aboutissant à un total de 2,75 millions de chômeurs ; toutes les catégories de la population sont touchées mais surtout les jeunes et les seniors.
    Le phénomène n'est pas nouveau. Depuis longtemps et quelle que soit la couleur apparente ou réelle du gouvernement le problème s'aggrave. Or, ce n'est pas du tout une fatalité comme nous allons le voir.
    En novembre 2011, il y eut trente mille demandeurs d'emploi supplémentaires les jeunes étaient particulièrement touchés. Le taux de chômage « officiel » était de 10 %. En fait ce pourcentage est faux, car les 10 % se rapportent à la population active laquelle comprend les fonctionnaires ou assimilés qui ne risquent pas le chômage ; rapporté aux salariés du privé, le pourcentage réel deviendrait de 20%. L'Allemagne de son côté affichait alors un taux officiel de 6,4 % et connaissait une pénurie de main d'œuvre.
    Antérieurement, en avril 2009, le Président Sarkozy présentait un plan d'urgence destiné prétendument à atténuer le taux de chômage. Il visait à faciliter le recrutement de jeunes dans les entreprises par le biais de l'apprentissage et de contrats aidés. Il était promis 320 000 contrats d'apprentissage en un an, grâce à une exonération de charges et à une prime spéciale ; de l'argent fut déversé dans une campagne d'information sur l'apprentissage ; personne ne peut savoir si des contrats d'apprentissage supplémentaires ont été conclus. Des sortes de nouveaux fonctionnaires, sous le nom de « référents », devaient faire la promotion de l'alternance.
    
En remontant le temps, le 4 juillet 1977, Raymond Barre avait lancé le premier « pacte national pour l'emploi des jeunes », Ses successeurs à Matignon ont inventé une kyrielle de dispositifs : contrats de qualification, stages d'insertion dans la vie professionnelle, travaux d'utilité collective, contrats emploi-solidarité, emplois-jeunes, contrats jeunes en entreprise, contrats d'insertion dans la vie sociale, contrat de professionnalisation. Dominique de Villepin plus tard mit en œuvre un « plan d'urgence pour l'emploi des jeunes ».

    POURQUOI LE CHOMAGE ?
    Arrêtons ce désolant historique et voyons les causes. Cela conduira aux remèdes lesquels existent malgré la propagande officielle contraire.
    Les explications le plus souvent citées sont nombreuses : désindustrialisation, atonie de l'investissement, chute des exportations, coût du travail excessif, nombre excédentaire des fonctionnaires, les 35 heures, immigration sauvage, Smic en accroissement constant, code du travail et son incroyable complexité, grèves permanentes chassant les investisseurs hors de France, nuée d'organismes publics souvent immortels et prétendant s'occuper de la calamité .
    En fait cette énumération mélange les causes et les effets. Il y a trois causes majeures : la fiscalité en folie, le code du travail et l'immigration sauvage.
    Dans le cadre restreint de ce flash, il n'est pas possible de tout traiter et nous allons parler uniquement de la fiscalité. Nous allons voir ainsi que François Hollande en héritant d'une catastrophe nationale s'est empressé de l'aggraver.

    LA CREATION D'EMPLOIS
    Seules les entreprises peuvent créer des emplois. Nous excluons les entreprises du Cac 40 ; celles-ci ont tout compris et gagnent leur argent à l'étranger. En plus, structurellement, les très grandes entreprises ne sont guère créatrices d'emplois.
    L'immense tissu des autres entreprises est prêt à créer des emplois en grand nombre si on ne les en empêche pas par les lois fiscales et sociales. Cela peut concerner aussi bien des firmes de milliers de personnes que des PME ou des TPE.
    Comment se prend la décision d'embaucher ou pas ? Le processus est le même qu'il y ait un décideur, le patron, ou un groupe de décideurs. Il faut légitimement que l'embauche maximise les profits. Chaque décision d'embauche répond à un challenge : produit nouveau, marché à l'extérieur, concurrent agressif, acquisition d'une licence, opportunité à saisir... .
    Le risque est toujours important. Il est très grand pour l'entreprise personnelle ou familiale, car souvent le patrimoine du patron est dans la balance.
    En clair et pour résumer, il faut que les risques et le coût de l'embauche soient largement inférieurs aux profits espérés, ceci si possible d'une façon pérenne. C'est là que la fiscalité intervient dans le cadre de la centaine d'impôts que paient les entreprises. Elle intervient aussi avec bien d'autres impôts : un impôt sur les super riches les chassent hors de France et crée du chômage en conséquence.
    Si le décideur sait que le fisc le privera de la totalité ou de l'essentiel de ses efforts, il restera l'arme au pied en rongeant son frein. C'est ce qui s'est passé tant de fois avec les Chirac, Sarko et compagnie ; le résultat est connu avec la croissance désolante du chômage engendrant à son tour d'autres calamités.

    L'INCERTITUDE DU CHATIMENT
    Avec François Hollande un facteur nouveau apparaît, à savoir une incertitude maximum sur la punition réservée aux entrepreneurs. Cette longue incertitude dure depuis les primaires socialistes mais elle s'est durcie pendant la campagne officielle. Depuis l'élection elle s'envole dans le nuées. Tous les jours les médias parlent de la menace fiscale détaillant le menu des réjouissances avec toutes les variantes possibles. Dans ce menu les entreprises sont particulièrement visées !
    Tout récemment Martine Aubry vient de lâcher une véritable bombe en disant que les impôts déjà prévus ne suffiront pas et elle a fait allusion à d'énormes marges de manœuvre fiscales (sic). C'est si grave qu'il est permis de s'interroger : la « Kamarade » ne fait-elle pas payer au président son ingratitude en lui savonnant par avance la planche ? Tout ce micmac se déroule sous l'œil goguenard de la CEE, elle-même source connue du chômage dans le continent.
    Dans ce tintamarre aucune mesure d'économie réelle et immédiate n'est prévue alors que cela permettrait aux entreprises d'éviter le déluge fiscal. Le résultat immédiat est le freinage ou l'arrêt des embauches, avec le chômage en folie.
    Il n'est pas possible que les politiques au pouvoir ignorent le lien cruel entre la courbe du chômage et la chasse fiscale ouverte contre les entrepreneurs. Certes, manipulant l'opinion par médias interposés, ils répandent le gros mensonge d'une prétendue fatalité et finissent peut-être par y croire. A l'abri de ce mensonge, se trouve un problème de culture : la chasse aux entrepreneurs fait partie de la chasse aux riches, tous étant suspects par nature.
    D'étranges souvenirs resurgissent en cette occurrence. Lors de la révolution dite française, Robespierre dut sa chute à l'incertitude qu'il laissa planer sur ses futures victimes qui se révoltèrent à temps ! D'âge en âge, l'idéologie révolutionnaire se transmet.
    Ce flash attire principalement l'attention sur l'aspect fiscal évident du chômage avec l'adjonction dramatique de l'incertitude. Simultanément il montre que la voie pour l'atténuer, voire l'éradiquer, est largement ouverte surtout si on s'attaque aussi aux autre causes citées ci-dessus.
    Un peu d'optimisme peut cependant apparaître. L'évidence est telle que les victimes peuvent se réveiller malgré la propagande.
    Encore faut-il que leurs cris ne tombent pas dans l'oreille de sourds !
    MICHEL de PONCINS http://libeco.net