31/05/2019 – FRANCE (NOVOpress)
Julien Sanchez, porte-parole du Rassemblement national, était l’invité des “4 Vérités” de France 2, ce vendredi 31 mai.
Celui-ci a rappelé que le RN devait “gagner localement pour s’ancrer“.
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31/05/2019 – FRANCE (NOVOpress)
Julien Sanchez, porte-parole du Rassemblement national, était l’invité des “4 Vérités” de France 2, ce vendredi 31 mai.
Celui-ci a rappelé que le RN devait “gagner localement pour s’ancrer“.
A Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), Jordan Bardella a réalisé 21,94% des voix, loin devant La République en marche (15,05%) et surtout La France insoumise (12,83%). Un paradoxe dans cette ville traditionnellement d’extrême gauche, qui a voté à 35% pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle et élu Clémentine Autain aux législatives. Le maire, François Asensi, réélu sans interruption depuis 1991, a eu sa carte du PCF jusqu’en 2010 avant de devenir un sympathisant du Front de gauche.
L’explication de l’ancrage du vote RN est à chercher du côté de l’évolution démographique de la ville et des mutations des différents quartiers. C’est dans les zones pavillonnaires, situées en périphérie du centre-ville, que se concentrent les bulletins pour Jordan Bardella. Depuis quelques années, les mouvements de population ont accéléré la poussée du RN dans ces zones.
Le maire confirme :
“Il y a eu un changement de population. Des résidents des tours du Grand ensemble ont acheté des pavillons et depuis, il y a des non-dits”.
Une habitante explique :
“Je suis dans la zone pavillonnaire, on a eu des voitures brûlées et mon mari a été agressé il y a un mois et demi.Et ça, ça pousse les gens à voter RN.”
Pour les élections municipales, Alain Mondino, RN, n’est pourtant pas sûr de présenter une liste en 2020 :
“A Tremblay, on n’aura pas de liste RN, mais on travaille à une alliance, un bulletin Les Républicains-Rassemblement national”.
https://www.lesalonbeige.fr/changement-de-population-la-communiste-tremblay-en-france-a-vote-rn/
C’est dans un Parlement européen où les cartes ont été rebattues que les 23 élus du RN vont faire leur entrée en juillet. Les deux plus vieux groupes politiques du PE, celui de la droite dite (souvent par antiphrase) conservatrice, le parti populaire européen (PPE) et celui des sociaux-démocrates (S&D) ont perdu leur majorité commune. Sur les 751 députés qui siègent dans l’hémicycle européen, le groupe PPE en recueille désormais 179 et le groupe S&D 152, soit respectivement 38 et 35 de moins que dans la précédente mandature. Pour autant, les européistes répartis dans d’autres groupes et formations ont eux progressé. C’est le cas bien sûr des Verts, confortés par la poussée du vote écolo-progressiste en France et en Allemagne (67 sièges contre 50 en 2014) et du groupe centriste-libéral-fédéraliste ALDE (105 sièges contre 69 précédemment), auxquels se joindront les députés macronistes, et qui se hisse sur la troisième marche du podium. Le groupe Europe des Nations et des Libertés (ENL), progresse fortement, et à l’heure où nous écrivons, en toute hypothèse, il devrait compter au bas mot 58 sièges contre 37 actuellement. Plus largement, les députés souverainistes, nationaux, populistes, eurosceptiques, répartis dans trois groupes (ENL, EFDD, ECR) sont désormais au nombre de 172, voire 185 pour peu que l’on comptabilise les 13 élus du Fidesz de Viktor Orban, qui a toujours un pied au sein du PPE…
Un pole patriotique, identitaire, antibruxellois qui pourra peser sur les débats, voire sur la mécanique des instances européistes, la répartition de certains postes. Pour autant, ne nous leurrons pas, sociaux-libéraux, sociaux-démocrates, écolos et leurs alliés de revers d’extrême-gauche n’hésiteront pas à se faire la courte-échelle pour poursuivre leur fuite en avant transfrontiériste, libre-échangiste et multiculturaliste, utopies mortifères qui sont les piliers de l’actuelle contrefaçon européenne.
C’est en tout cas implicitement ce que souligne, l’ex candidat de l’UMP et directeur de la Fondation pour l’innovation politique, Dominique Reynié. Jacques Munnier le notait ce matin dans sa chronique sur France Culture, M. Reynié « estime dans Le Monde que la poussée des Verts et des centristes est propice à l’intégration européenne (…°). L’érosion de (l’) influence (du PPE et du groupe S&D) ouvre la voie à des combinaisons alternatives avec des groupes favorables à l’Union européenne. Selon lui, l’avenir de la droite n’est pas dans un rapprochement avec les populistes , mais dans la construction d’un bloc central où, à la fois incontournable et insuffisante, elle contribuerait à la prise en charge de préoccupations devenues lancinantes et qu’il serait déraisonnable de laisser plus longtemps en monopole aux populistes : la défense de la puissance économique, la protection des frontières, la promotion des valeurs communes » (sic). Confier la défense des frontières et de notre puissance économique à ce bloc central là est pourtant, au bas mot, très problématique aux yeux des plus lucides et des citoyens ayant un minimum de mémoire et de culture politique…
Mémoire et culture politique qui ont conduit nos compatriotes à ne pas accorder leur confiance à la liste LR à ces élections, quand bien même François-Xavier Bellamy a tenu ces derniers mois un discours souvent juste, intelligent et structuré. Mais le contrat de confiance entre cette droite et les Français malgré les efforts méritoires de la tête de liste LR, est (définitivement?) rompu. Une situation qui n’est pas de la responsabilité de M. Bellamy mais des dirigeants d’une droite spécialiste du double langage et qui une fois au pouvoir et présente dans les assemblées trahi ses électeurs. Le spectacle offert ces dernières heures par des pontes de LR tirant à boulets rouges sur la le positionnement qui fut celui de MM. Bellamy et Wauquiez est d’ailleurs édifiant.
Quelques jours avant le scrutin, le député européen et vice-président de la région Ile-de-France, Geoffroy Didier, progressiste ayant endossé par opportunisme ces dernières années un discours nettement plus droitier, affirmait que «quelle que soit l’issue du scrutin, Laurent Wauquiez a gagné son pari» . «Il a choisi et ensuite imposé, malgré les nombreuses résistances et réserves, François-Xavier Bellamy, qui fait aujourd’hui l’unanimité». Globalement, la campagne est «réussie dans la mesure où, quelle que soit l’issue du scrutin, nous avons d’ores et déjà atteint plusieurs objectifs». «Le premier, c’est de réunir la droite, ça ne semblait pas du tout gagné il y a quelques semaines encore.» Deuxièmement, ce que nous avons déjà réussi à faire, là encore quelle que soit l’issue du scrutin, c’est de recréer un partenariat avec le centre, ce qui n’était pas non plus évident», affirmait-il
Au lendemain de cette déroute de LR, M Didier expliquait tout le contraire au micro de RTL : «La droite doit se déringardiser d’urgence et doit notamment abandonner son conservatisme sociétal. » «Cette droite-là ne nous fera jamais gagner, elle nous condamnera à l’échec.» «C’est peut-être une droite mais ça n’est pas la droite» La droite c’est aussi en effet celle qui a voté massivement -par réflexe de classe? rejet de l’amour du prochain? - pour la liste de Nathalie Loiseau ce 26 mai dans les beaux quartiers de la capitale, les communes bourgeoises de l’ouest parisien et de la province, à Versailles , à Neuilly, à Bordeaux…
Présidente de la région Ile-de-France, opposante assumée à la ligne Wauquiez, la républicaine Valérie Pécresse entonnait hier le même discours que M. Didier, confiant qu’à la place du patron dr LR elle démissionnerait : « Le sujet c’est la survie ou la disparition de la droite à la prochaine élection. » « Il va falloir se mobiliser très vite pour les municipales. J’ai décidé de prendre mes responsabilités et, avec un certain nombre de maires, nous pouvons montrer le vrai visage de la droite, une droite qui aime l’ordre, une droite laïque et qui défend les valeurs de la République, une droite écologique et sociale. » Une urgence dit-elle, car « il n’est plus improbable de voir arriver Marine Le Pen au pouvoir puisque la droite n’arrive plus à incarner une alternance crédible à Emmanuel Macron. » « Ça veut dire qu’il faut tout changer ( chez les Républicains). »
Egalement à la manœuvre, souligne Gabrielle Cluzel,( Boulevard voltaire), « Le président du Sénat Gérard Larcher propose (à la direction de LR) une ouverture vers le centre, histoire sans doute de perdre les 8,5 % d’électeurs restants. C’est LR version trappiste, qui continue de creuser sa tombe… »
Docteur en science politique, Benjamin Morel, analyse parfaitement dans Le Figaro, la situation inextricable dans laquelle se trouve engluée LR. Cette formation politique paye aujourd’hui au prix fort son absence de courage et de cohérence idéologique entre ses différentes factions. Toutes choses que Marine, Bruno Gollnisch, les dirigeants du RN avaient parfaitement analysé et anticipé. Toute maison divisée contre elle-même périra…
« Pour l’électorat centriste note ainsi M. Morel, le vote utile a pris le visage de LREM, pour l’électorat plus conservateur, il a pris les atours du vote RN.(…). LR doit trouver un espace électoral entre LREM et le RN, avec un double vote utile. À cela s’ajoute une profonde division. Les électeurs LR sont plus des conservateurs libéraux, ses militants des gaullo-conservateurs et ses élus des centristes orléanistes. (…) Les élus LR qui représentent la principale force du parti aujourd’hui sont assez proches d’une ligne LREM ; les électeurs qui restent à LR sont plus proches d’une ligne RN. C’est un enfer à gérer pour toute direction de parti. LR ne peut plus être un parti attrape-tout comme il le fut jadis. Le grand parti du centre et de la droite, c’est une idée morte. Soit LR parie sur l’échec de LREM et tente de reconquérir l’électorat du centre, soit il suit les traces de l’ÖVP (en Autriche, NDLR) ou de la CSU (en Allemagne, NDLR) en mettant la barre à droite pour récupérer le vote FN. Dans tous les cas, il faut pouvoir incarner l’alternance, donc l’alternative, donc être dans une opposition frontale au gouvernement. Si LR louvoie, si ses électeurs pensent que LR fait des cadeaux au gouvernement, les centristes préféreront voter quant à faire utiles, les autres n’y verront pas l’alternative et préféreront le RN. Le problème est que, à la veille des municipales, les maires LR vont avoir la tentation de faire alliance avec LREM au vu des derniers résultats… ». Bref, la recomposition/clarification du paysage politique se poursuit et n’en est peut-être qu’à ses débuts.
https://gollnisch.com/2019/05/29/recomposition-et-clarification-du-paysage-politique/
La chronique de Philippe Randa
L’instrumentalisation du vote « contre » aura été le fil rouge de ce nouveau scrutin des élections européennes avec des succès, néanmoins, mitigés…
Plutôt payant pour les trois listes arrivées en tête : « contre l’extrême-droite », pilonné par La République en Marche a limité le score de la liste menée par Jordan Bardella dont le score est moindre qu’au précédent scrutin ; « contre la politique d’Emmanuel Macron », prôné par le Rassemblement national lui a certes permis de l’emporter sur celle de Nathalie Loiseau, mais avec seulement 1% de différence ; « contre la détérioration climatique », martelé par les Écologistes les a incontestablement remis dans le jeu électoral d’où il avait disparu précédemment.
Plutôt contre-productif pour les autres listes en course dont l’échec est patent : la liste des Républicains qui s’insurgeait « contre le duel RN-LAREM » s’effondre – à l’instar de la liste menée par Nicolas Dupont-Aignan « contre on ne sait plus qui ni avec qui » –, les électeurs ayant à l’évidence choisi « l’original » à la « copie », selon un adage qui n’avait pas toujours été vrai dans le passé.
Quant aux listes « contre l’Europe », prônant peu ou prou le Frexit, le naufrage le plus évident est celui de La France insoumise, tout autant victime de la fracture sur l’immigration qui divise ses troupes que de la personnalité clivante de son leader historique… Quant à l’inexistence électorale des souverainistes Asselineau et Philippot, la charité n’autorise guère de commentaires après leurs résultats.
Le vote « pour l’Europe » n’aura, lui, guère été payant ; seul le Parti socialiste peut s’estimer un miraculé pour ne pas avoir (encore) sombré définitivement, mais fait jeu égal avec FI et son ancien candidat à l’élection présidentielle Benoit Hamon aura ses frais de campagne remboursés avec 3%.
Cela n’augure par des lendemains qui chantent pour une hypothétique refondation d’une gauche « repassée de la lumière dans l’ombre », comme pourrait peut-être dire aujourd’hui l’inénarrable Jack Lang.
Geoffroy Didier, secrétaire général des Républicains, s’est livré jeudi à une sévère charge contre « la droite« , qu’il appelle à « s’ouvrir aux Français et vivre avec son temps« , après la défaite historique de son parti aux Européennes.
« L’urgence, c’est l’émergence d’une droite moderne, (…) l’acceptation et la régulation des évolutions de la société plutôt que leur déni ou leur contestation« , écrit le député européen dans une tribune publiée sur le site du Monde.
« La grande question actuelle est sociale, mais la droite ne parle que d’austérité (…). La grande question actuelle est celle des inégalités urbaines, et pourtant la droite parle uniquement de ruralité, délaissant les banlieues et les villes pour ‘le seigle et la châtaigne’ (…). Le seul discours que la droite ait su porter aux plus de 5 millions de fonctionnaires était la suppression de 500.000 d’entre eux, sans jamais, d’ailleurs, dire lesquels« , poursuit M. Didier, en proposant « plutôt une augmentation des salaires des enseignants, véritables boucliers de la République, financée en renonçant à un certain nombre de postes dans les ministères, à Paris« .
Le secrétaire général de LR avait dès dimanche soir appelé son parti à sortir du « conservatisme sociétal « , après la déroute de la liste de François-Xavier Bellamy aux élections européennes.
« Je propose que la droite se pose au moins la question de l’ouverture de la procréation médicalement assistée, qui serait une avancée sociale comme le furent de fait le mariage pour tous, et avant le PACS, et avant l’IVG« , fait-il valoir dans sa tribune, en appelant en outre au « respect des autres, comme de ceux qui, par exemple, pratiquent une autre religion que soi« . […]
http://www.fdesouche.com/1215601-crise-a-lr-geoffroy-didier-exhorte-la-droite-a-vivre-avec-son-temps
http://by-jipp.blogspot.com/2019/05/gauche-onfray-et-droite-zemmour-meme.html#more
Pour la première fois depuis longtemps, voire pour la première fois tout court, deux intellectuels, Raphaël Glucksmann et François-Xavier Bellamy, figuraient parmi les têtes de liste aux élections européennes. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Cela n’a apparemment pas porté bonheur aux partis qui s’étaient adressés à eux ! L’un et l’autre se trouvent en effet associés à un échec retentissant. L’essayiste bobo Raphaël Glucksmann, libéral de gauche, avait déjà coulé le Magazine littéraire, il n’obtient que 6,1 % des voix avec sa liste « Envie d’Europe », qui n’a visiblement pas fait envie à grand monde. Alors qu’il voulait « reconstruire la gauche », pieux souhait s’il en est, il s’est retrouvé comme un petit ours polaire sur une banquise en train de fondre, godillant comme il le pouvait entre les écologistes, les insoumis, l’« Europe des gens » de Ian Brossat et la « liste citoyenne » de Benoît Hamon, pour ne rien dire des « animalistes » qui, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, ne soutenaient pas la dame Loiseau. La « gauche » se retrouve éclatée comme jamais. C’est pathétique.
Le cas des Républicains est encore pire. François-Xavier Bellamy, jeune philosophe de talent, n’a certes pas démérité, mais les résultats qu’il a obtenus (8,4 % des voix) sont une catastrophe comme on en a rarement vu. La droite bourgeoise, qui aurait pu être sensible à son côté bien élevé, a préféré rallier Macron, au point que le petit prince-philosophe a même été battu dans son fief versaillais. Quant aux classes populaires, qu’il n’avait évidemment rien pour séduire, elles lui ont visiblement préféré un candidat encore plus jeune que lui, Jordan Bardella, qui a grandi dans les cités « difficiles » de Drancy, et non dans les beaux quartiers.
Bruno Retailleau a tenté d’expliquer l’échec en disant que Bellamy avait été une victime collatérale du duel Macron-Le Pen. Après quoi les dirigeants de LR ont répété leurs mantras habituels : on va « convoquer des états-généraux pour refonder la droite », on va « retrouver nos valeurs », on va « rassembler » Nadine Morano et Valérie Pécresse, et autres calembredaines. Bref, on va maintenir l’équivoque et continuer à tourner en rond. Ces gens-là sont incorrigibles : ils n’ont pas compris qu’ils vont connaître le sort du PS parce que le monde des vieux partis est en train de disparaître. Ils n’ont pas compris que, dans le monde actuel, on ne peut atteler au même cheval la droite et le centre, les conservateurs et les libéraux. C’est tout aussi pathétique.
De façon plus générale, est-ce le rôle des intellectuels de chercher à faire une carrière politique ? Vous avez naguère écrit que les intellectuels et les politiques vivaient sur deux planètes différentes, les premiers ayant tendance à complexifier les choses, les seconds à les simplifier pour d’évidentes raisons électorales. Ces deux mondes ne sont pourtant pas totalement étanches…
Il y a une différence bien connue entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité. “Cela ne signifie pas”, disait Max Weber, “que l’éthique de conviction est identique à l’absence de responsabilité et l’éthique de la responsabilité à l’absence de conviction”. Il faut au contraire souhaiter que les hommes politiques aient des convictions fortes, et tenir compte aussi de ce qu’il est parfois nécessaire de théoriser la praxis. Mais il reste que la politique est l’art du possible (ou de rendre possible ce qui est nécessaire), tandis que la théorie cherche à dire le vrai sans toujours se soucier des conséquences.
Les intellectuels peuvent parfaitement s’engager en politique, mais s’ils en font une carrière, ils ne pourront plus assumer leur rôle d’intellectuels. Ils devront participer à toutes sortes de magouilles auxquelles ils répugnent (ou devraient répugner). Ils devront s’abstenir d’exprimer trop fortement leurs opinions personnelles, et s’ils n’y consentent pas, on leur fera très vite comprendre, comme cela a été maintes fois le cas, que leur place est ailleurs.
N’oublions pas en outre que nous ne sommes plus à l’époque où les intellectuels jouaient encore le rôle de grandes consciences morales ou de porte-parole des sans-voix. Aujourd’hui, il n’y a plus d’Émile Zola, de Jean-Paul Sartre, de Raymond Aron ni même de Michel Foucault. Il y a une multitude d’auteurs de talent, mais qui n’influencent pas vraiment le cours du temps. La figure de l’intellectuel a largement été détrônée au profit de l’« expert », quand ce n’est pas au profit de l’amuseur public ou de l’imposteur. Il faut donc revenir à l’essentiel. Le rôle d’un théoricien, c’est d’abord de produire une œuvre qui expose sa conception du monde, sa conception de l’homme et de la société. Le rôle d’un intellectuel, c’est d’analyser le monde actuel pour aider à comprendre le moment historique que l’on vit. Cela ne l’empêche évidemment pas de donner un avis ou de signer des pétitions !
J’en conclus, avec un sourire, que vous n’accepteriez pas de figurer sur une liste électorale ?
En effet, et pour au moins trois raisons. La première est que je ne suis pas un homme de puissance, mais un homme de connaissance. La seconde est que je ne suis pas un acteur, mais un observateur de la vie politique. La troisième, pour être franc, est que je trouve la politique au jour le jour extrêmement ennuyeuse et qu’elle ne vient pas, et de loin, au premier rang de mes centres d’intérêt.
Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
https://www.bvoltaire.fr/alain-de-benoist-le-monde-des-vieux-partis-est-en-train-de-disparaitre/
Le 26 mai, sur TF1, à l’occasion de la soirée des élections européennes, Gilbert Collard et Daniel Cohn-Bendit se sont invectivés et traités de tous les noms. Ce que j’ai vu et entendu de pire dans l’audiovisuel.
Une honte.
Les deux journalistes animateurs, Gilles Bouleau et Anne-Claire Coudray, dépassés, impuissants, le premier, étrangement, n’invitant toutefois que Gilbert Collard à se calmer.
Une faillite.
Cette altercation unique, d’une infinie grossièreté, Collard renvoyant Cohn-Bendit à son passé et ce dernier n’étant pas en reste dans l’insulte, a fait beaucoup jaser et on s’en est repu sur les réseaux sociaux.
Un voyeurisme.
Daniel Cohn-Bendit a pu s’expliquer sur ces échanges délirants et il a évidemment, évoquant l’interpellation de Collard (« Vous êtes un homme de trop ») sur le plateau de « C à vous », fait référence à l’Histoire, à l’antisémitisme et, implicitement, à l’Holocauste. Une généralisation tragique. (Morandini)
Un détournement.
Gilbert Collard, lui, a été convié à s’exprimer à « L’Heure des pros » sur ce vaudeville lamentable. Selon lui, Cohn-Bendit doit être « en ce moment dans un EHPAD que lui a réservé Macron ».(Morandini)
Une outrance.
Le pire est qu’ont été totalement occultés le fond du problème et la responsabilité de TF1 dans l’organisation de ce débat. Dans quels esprits saugrenus avait pu germer l’idée que Daniel Cohn-Bendit était plausible en « grand témoin » alors qu’il avait appuyé tout au long, ne mégotant pas son soutien, la liste de LREM et la cause européenne du président de la République ? Comme il y avait déjà un représentant de LREM sur le plateau, c’était un déséquilibre qui était instauré. Anomalie d’autant plus préjudiciable qu’on pouvait pressentir le traitement que lui réserverait Gilbert Collard, dont l’indifférence n’est pas le fort.
Une aberration.
Épisode dérisoire, dira-t-on. Mais riche de leçons.
Extrait de : Justice au Singulier
Il y avait de la dérouillée dans l’air. Mais, contre toute attente, elle s’est abattue dimanche soir sur Les Républicains, bien davantage que sur La République en Marche. Certes, Emmanuel Macron perd son pari face à Marine Le Pen : son mouvement (LREM) ne récolte que 22,41% des voix aux Européennes, contre 23,31% au RN. L’échec était prévisible. Reste que l’écart des voix (moins de 1%) limite la déroute envisagée. “Ce n’est pas une défaite”, a même cru pourvoir assurer, ce matin sur Europe 1, Nathalie Loiseau, la tête de liste LREM. Il est vrai que la macronie peut se réjouir d’avoir poursuivi avec succès le dynamitage des vieux partis. Le parti socialiste, associé à Place Publique, ne récolte que 6,3% des suffrages. Quant à la liste LR, conduite par le prometteur François-Xavier Bellamy, elle s’effondre à 8,44%. Là est le séisme. J’avoue ne l’avoir pas envisagé.
Les sondeurs non plus n’ont rien vu venir. La Bérézina oblige la droite de Laurent Wauquiez à admettre qu’elle n’est plus crédible aux yeux des Français, même si près de 50% des électeurs n’ont pas participé au scrutin. Le bureau politique des LR doit se réunir ce lundi soir. Il n’est pas sûr que les caciques du parti soient disposés à entendre ce que suggèrent les électeurs en invitant la vieille droite à choisir son nouveau camp, bien dessiné par Macron : soit celui des “progressistes”, dominés par LREM, soit celui des souverainistes, dominés par le RN. Le spectre de “l’extrême droite” est devenu un cliché qui ne rend plus compte de la diversité du vote civilisationnel.
Dès hier soir, la gauche en déroute n’avait que le mot “union” à la bouche. Mais ce que s’autorisent les socialistes depuis 1971 et le congrès d’Epinay, qui allait sceller l’alliance avec le très stalinien PCF, est refusé à la droite par les faiseurs de morale. Cet interdit unilatéral a été tellement intégré par la droite de gouvernement qu’elle est la première désormais a rejeter l’hypothèse d’un rapprochement avec le RN, alors que celui-ci n’a plus rien de commun avec l’infréquentable FN de Jean-Marie Le Pen. Dès hier soir, les barons de LR semblaient être d’accord pour relancer, sans autre imagination, l’union avec le Centre, en passant par le silencieux Xavier Bertrand. “Tout est à reconstruire du sol au plafond“, a expliqué Valérie Pécresse, ce matin sur RTL. Reste que la fin de l’histoire est déjà écrite, si Les Républicains persistent à regarder de haut un RN qui capte le vote souverainiste : lors de la prochaine présidentielle, en cas de probable nouveau duel Macron-Le Pen, cette dernière aura de grande chance d’être à nouveau battue, à cause de son isolement.
C’est cette absurdité qui est à résoudre, alors que partout en Europe les populistes se consolident sur des alliances et des personnalités compétentes. Sur les questions sociétales, les différences entre François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella étaient mineures. Des électeurs LR ont d’ailleurs apporté des voix à la liste RN, dans la recherche d’un vote utile. Macron, comme la gauche, redoute une union des droites. Or son opposition aux souverainistes est l’occasion de consolider cette force politique, seule capable d’assurer l’alternance.
Ivan Rioufol
Texte repris du blog d’Ivan Rioufol