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entretiens et videos - Page 854

  • Bernard LUGAN « La Traite des esclaves fut d’’abord une opération inter-africaine »

    Bernard Lugan, docteur en histoire et docteur d’’État ès-lettres, enseigne l’’histoire à l’’université de Lyon III. Grand africaniste, il a publié une dizaine d’ouvrages dont Histoire de l’’Afrique du Sud (Éd. Perin, 1986), Histoire du Rwanda (Éd. Bartillat 1997), Histoire du Maroc (Éd. Perrin, 2000), Histoire de l’’Égypte (Éd. du Rocher, 2002), Rwanda : le génocide, l’’Église et la démocratie (2004), François Mitterrand, l’’armée française et le Rwanda (Éd. du Rocher, 2005). Il a aussi édité pendant plus de dix ans la revue L’’Afrique Réelle.
    L’’ACTION FRANÇAISE 2000. – Comment expliquez-vous l’’irruption en France de l’’actuel débat sur l’’esclavage ?
    Bernard LUGAN. – La question de l’’esclavage est un sujet passionnel devenu explosif en raison du poids des souffrances passées, de la mémoire collective, de la pugnacité du lobby afro-américain aux États-Unis et de l’’immigration en Europe. Son exposé tient généralement en une suite d’’idées reçues dont le support scientifique est obsolète.
    Il est ainsi affirmé, et cela sans la moindre preuve, que si l’’Afrique s’’enlise dans le non développement, c’’est essentiellement en raison de la ponction esclavagiste. Or, cette affirmation ne prend jamais en compte le fait que si la traite fut évidemment un drame affreux pour les individus qui furent vendus et une catastrophe pour les tribus victimes des razzieurs, elle fut en revanche une source considérable de bénéfice et de puissance pour ceux des Africains qui étaient les associés, les partenaires, les fournisseurs des Européens.
    Un puissant intérêt liait en effet des « partenaires blancs et noirs engagés dans une opération économique créatrice de profits » (1). Ne perdons jamais de vue que la Traite des esclaves fut d’abord une opération inter-africaine et que les États esclavagistes qui l’’organisaient ont connu une prospérité remarquable tirée de la vente de leurs “frères noirs” aux Européens. La grande réalité de la Traite est en définitive que ce furent bien des Noirs qui vendirent leurs “frères” aux négriers européens. Dans les Antilles françaises, certains commencent d’’ailleurs à reconnaître cette vérité historique politiquement bien incorrecte. On lisait ainsi dans Jeune Afrique du 28 juillet 1998 : « Nous n’’avons rien à voir avec des gens qui nous ont vendus. » « À l’’heure où les Africains demandent aux Européens des réparations pour leurs responsabilités dans la vente d’’esclaves, les Antillais veulent demander des comptes aux Africains : “l’’Afrique a vendu ses enfants, accusent-ils. Par conséquent, nous n’’avons rien à voir avec des gens qui nous ont vendus. Il apparaît en effet, que les Martiniquais ont, pour la première fois, besoin de poser des questions sur cette Afrique mère, de lui en vouloir ouvertement, de crever l’’abcès. » .
    La complicité de certains Noirs
    A.F. 2000. – Des Noirs étaient donc complices de ce trafic ?
    B.L. – En effet la Traite ne fut possible que parce que des Noirs capturaient d’’autres Noirs pour venir les vendre aux négriers. À l’’exception des pombeiros qui étaient des métis de Noirs et de Portugais et qui opéraient en Angola, les Européens ne pénétraient pas à l’’intérieur du continent. Ils n’’ont donc jamais été en mesure de jouer un rôle actif dans les phases de la capture, puis de l’’acheminement des esclaves vers la côte. Ces deux rôles essentiels étaient en totalité tenus par des Africains.
    La traite des esclaves fut d’’abord le fait d’’États esclavagistes africains qui n’ignoraient pas la loi du marché et qui savaient raréfier ou réguler le “produit” en fonction de la demande. De l’’intérieur du continent jusque’’au littoral, les réseaux de distribution, les péages, les versements de taxes, les marchés continentaux faisaient qu’’une partie de l’’Afrique s’’enrichissait en en vendant une autre. Andagsman, le film du réalisateur ivoirien Gnoan M’Balla sorti dans les salles en 2001, est explicite à ce sujet. Selon la présentation faite par son auteur, il met en effet en scène « la complicité des peuples africains qui ont vendu leurs frères aux trafiquants d’esclaves. Les tribus africaines se lançaient à la conquête d’autres tribus, les vaincus étaient faits prisonniers et échangés contre des fusils et du rhum. »
    Cette vérité, acceptable dans la bouche d’’un Africain, est considérée comme une provocation quand c’’est un Blanc qui l’’exprime. Mon estimé collègue Pétré-Grenouilleau l’’a malheureusement appris à ses dépens. Étant lui-même “politiquement correct”, il vient en effet de découvrir avec stupeur que la liberté en matière de recherche historique n’’existe plus en France..
    La France ne s’’y est pas enrichie
    A.F. 2000. – Peut-on dire que l’’esclavage a assuré la prospérité des pays européens ?
    B.L. – Cette proposition est scientifiquement absurde. La révolution industrielle française s’’étant faite dans la seconde partie du XIXe siècle, c’’est-à-dire après l’’abolition, et dans l’’Est de la France, notamment en Lorraine et dans la région lyonnaise ainsi que dans le Nord, et non à Bordeaux ou à La Rochelle, la prospérité industrielle française ne s’’explique donc pas par la Traite.
    Pour ce qui est de la Grande Bretagne les historiens anglo-saxons ont démontré (2) que l’’Angleterre n’’a pas tiré sa richesse du commerce des esclaves. David Richardson (3) a ainsi prouvé que les bénéfices tirés de la Traite des Noirs ne généraient pas de bénéfices particulièrement élevés (8 à 10 % à leur pic) et que, l’entreprise étant particulièrement risquée, elle n’a pas attiré massivement les investisseurs. Il a également démontré que ce ne sont pas les profits de la Traite qui ont permis l’’industrialisation britannique puisque les bénéfices tirés du commerce négrier n’ont représenté que moins de 1 % de tous les investissements liés à la révolution industrielle d’’Outre-Manche.
    D’’ailleurs, et c’’est moi qui l’’ajoute, si industrialisation et prospérité étaient les résultats du commerce des esclaves, le Portugal aurait dû être une des nations les mieux loties. Or, ce pays qui n’a pas fait sa révolution industrielle était il y a encore deux décennies une quasi enclave du tiers-monde en Europe.
    A contrario, que dire de l’’industrialisation de l’’Allemagne, de la Suède, de la Tchécoslovaquie, de la Suisse ou de la Russie, pays qui n’’ont pas ou quasiment pas participé au commerce des esclaves ?
    Quant à la révolution industrielle américaine ce n’est pas dans le Sud esclavagiste qu’elle s’est produite, mais dans le Nord abolitionniste.
    Le volume de la Traite
    A.F. 2000. – Peut-on valablement soutenir que l’’Afrique est sous-développée en raison des coupes sombres opérées dans sa démographie par la traite négrière ?
    B.L. – Poser cette question revient à poser celle du volume de la traite ; or le débat est clos car l’estimation du volume global de la traite atlantique fait aujourd’’hui l’’objet d’un consensus de la part des historiens qui l’estiment entre dix et douze millions d’’individus.
    En 1980, il y aura donc bientôt trente ans, Yves Person, titulaire de la chaire d’histoire de l’’Afrique à la Sorbonne, avait écrit que, localement, au lieu de vider des régions de leur population, la Traite avait plutôt épongé l’’excédent d’une population en croissance (4) laquelle s’’expliquait selon lui par l’introduction des plantes américaines par les Portugais (manioc, maïs, haricots, etc.), plantes qui ont véritablement révolutionné la vie alimentaire des Africains.
    Selon Hugh Thomas (5), l’’Afrique n’’a pas été dépeuplée par la Traite européenne laquelle n’a eu en définitive que peu d’’effets sur le bilan démographique global car la plus grande partie du continent y a échappé : « La population de l’’Afrique de l’’Ouest, dit-il, était probablement de l’’ordre de vingt-cinq millions au début du XVIe siècle, avec un taux de croissance de 17 pour 1.000. La Traite qui prélevait 0,2 % de la population par an n’’a pu avoir pour effet maximum que de ralentir son augmentation. »
    Ces chiffres sont à comparer aux pertes humaines subies par l’’Europe lors des épidémies de peste (entre 30 à 60 % de la population selon les régions), durant la Guerre de Trente ans qui dépeupla une grande partie de l’’Europe centrale ou encore durant les guerres de Religion ; or, ces terribles saignées n’ont pas bloqué le développement de l’’Europe. John Llife résume l’’état de la question d’’une phrase choc affirmant que la ponction démographique opérée par la Traite fut pour l’Afrique « un désastre, mais pas une catastrophe ». De fait la zone des actuels États du Ghana, du Dahomey, du Togo et du Cameroun, c’est-à-dire la Gold Coast et la Côte des Esclaves, englobant tout le delta du Niger, fut une des grandes zones de Traite. Or ces régions sont aujourd’hui parmi les plus densément peuplées de l’’Afrique littorale.
    Propos recueillis par Michel FROMENTOUX Action Française 2000
    (1) F. Renault et S. Daget : Les Traites négrières en Afrique, Paris, 1985. Voir aussi de S. Daget : La traite des noirs. Paris, 1990.
    (2) Sous la direction de W.M. Roger Louis : The Oxford History of the British Empire. 5 volumes, 1998-1999. – H. Thomas : The Slave Trade. London, 1997. Voir également de J. Llife : Africans : The History of a Continent, publié en langue française sous le titre : Les Africains. Histoire d’un continent. Paris, 2000.
    (3) D. Richardson : The British Empire and the Atlantic Slave Trade, 1660-1804. In The Oxford History of the British Empire, volume II, 1998.
    (4) Y. Person : La population de l’’Afrique noire durant les XVIIIe et XIXe siècles. Dans Culture et Société, III, 1980.
    (5) H. Thomas : The Slave Trade. London, 1997.

  • Russie : Selon Marine Le Pen, “les Russes refusent le modèle ultralibéral et mondialiste”

    Interview exclusive de Marine Le Pen, réalisée le 19 juin 2013, à l’occasion du voyage officiel en Russie de la présidente du Front national.

    Marine Le Pen, accompagnée de Ludovic De Danne, conseiller chargé des Affaires étrangères et des Relations internationales, a été reçue par Alexeï Pouchkov, chef de la commission des Affaires étrangères à la Douma à Moscou en Fédération de Russie.

    RIA Novosti: C’est la première fois que vous réalisez une visite officielle en Russie. En tant que responsable politique, quelle est la portée symbolique d’une telle visite, pourquoi la Russie?

    Marine Le Pen: Sa portée est importante car les Russes sont attachés à leur identité, à leur culture, ils refusent de se soumettre au modèle ultralibéral et mondialiste que je combats moi-même en France. Nous sommes des peuples frères, et il y a tout intérêt à envisager pour l’avenir des relations approfondies entre la Russie et la France. On a l’impression que depuis plusieurs années, l’Union européenne pousse la France à distendre ces relations.

    RIA Novosti: Vous avez rencontré le président de la Douma. Quels thèmes ont été traités? Quelles sont vos impressions à chaud?

    Marine Le Pen: Nous avons été reçus de manière courtoise et avons évoqué des sujets importants, notamment des sujets d’actualité internationale comme la Syrie. Nous sommes le seul mouvement politique français à nous être opposés à toute intervention en Syrie et à avoir lourdement condamné l’intervention en Libye. Le président de la Douma m’a évoqué ses très fortes inquiétudes concernant la loi (française, ndlr) sur le mariage homosexuel. J’ai d’ailleurs été amenée à plaider un peu pour ces couples français dont la procédure d’adoption était en cours pour adopter des enfants russes et qui ont vu ces procédures s’arrêter net du fait du vote de la Douma. Il m’a dit qu’il allait examiner cela avec intérêt.

    RIA Novosti: Vous avez évoqué un partenariat stratégique avec la Russie. Quels sont concrètement les grands domaines dans lesquels la coopération peut se développer?

    Marine Le Pen: Concrètement, ça peut être l’aéronautique, les technologies, l’industrie du médicament. Ça peut être l’énergie. Je préfère avoir des relations privilégiées avec la Russie qu’avec le Qatar, voyez-vous.

    RIA Novosti: En 2005, votre père Jean-Marie Le Pen prônait la construction d’une Europe des nations “de Brest à Vladivostok“, une idée jadis énoncée par De Gaulle. L’Europe peut-elle se libérer de la tutelle américaine et se recentrer sur un espace continental?

    Marine Le Pen: Oui je le crois, et j’y œuvre. Je pense que l’Union européenne est devenue un système antidémocratique supranational qui est en train de ruiner les peuples et en même temps de leur faire perdre leur substance sur le plan de l’identité et de la culture. Par conséquent, lorsque cette Union européenne se sera effondrée, ce qui je crois arrivera, nous pourrons alors construire une Europe des nations libres et souveraines avec des accords de coopération entre les différentes nations. Et à ce moment-là, l’Europe pourrait tout à fait aller jusqu’à la Russie.

    RIA Novosti: La Russie est préoccupée par l’extension de l’Otan vers l’est et le déploiement d’un bouclier antimissile à ses frontières. Quelle est votre position à l’égard de cette mainmise américaine sur la sécurité européenne?

    Marine Le Pen: D’abord je suis pour la sortie de l’Otan. Je ne comprends pas aujourd’hui quelle est aujourd’hui son utilité. Quel est l’ennemi? C’est très bien d’avoir une organisation de défense commune, mais contre qui? Il n’y a pas beaucoup de responsables qui sont capables de répondre à cette question. La France doit retrouver une voix spécifique dans un monde multipolaire, et non unipolaire comme il l’est sous domination américaine.

    Que les États-Unis défendent leurs intérêts, c’est tout à fait légitime, tout comme pour l’Allemagne. Il n’y a qu’un malheur, c’est que parfois ces intérêts sont contradictoires avec ceux de la France. Je regrette que dans ce contexte, la France ne puisse pas défendre ses propres intérêts. L’intérêt de l’Europe est plus de développer les relations avec l’est, plutôt qu’avec l’ouest.

    RIA Novosti: Lors du sommet du G8 en Irlande du Nord, le président russe Vladimir Poutine a salué hier le lancement de négociations entre l’UE et les USA sur une zone de libre-échange. Que vous inspire ce projet?

    Marine Le Pen: J’en pense le plus grand mal. Car une zone de libre-échange avec les États-Unis, ce sera la ruine de l’agriculture française et de la défense française. Or tout ce qui va dans le sens de l’affaiblissement de l’Europe va dans le mauvais sens, tout comme une interdépendance trop importante avec la puissance américaine. Après l’entrée en vigueur de cet accord, on ne pourra plus reprendre notre liberté sous peine de sanctions et de pressions. Cela ne va pas dans le sens de l’indépendance de l’Europe, et particulièrement de la France, qui m’intéresse en premier lieu.

    RIA Novosti: … Les Français traités de “réactionnaires” par M. Barroso en raison de leur “exception culturelle”…

    Marine Le Pen: L’Union européenne montre son vrai visage. C’est une structure antinationale, qui vise à la disparition des nations, à la suppression des frontières, et à la mise en esclavage, par la dette d’ailleurs, des peuples. Par conséquent, je considère que je suis en résistance contre M. Barroso.

    RIA Novosti: Dans le domaine moral, Paris et Moscou s’éloignent. La France légalise le mariage gay à l’heure où la Russie interdit la promotion de l’homosexualité auprès des mineurs. Avez-vous abordé ce thème à Moscou? Y a-t-il une convergence avec vos interlocuteurs russes au niveau sociétal?

    Marine Le Pen: Oui, bien sûr que nous avons abordé ces sujets, car je crois que la Russie est très inquiète de la multiplication de ces lois, et assez agacée, il faut le comprendre, par le fait que l’Union européenne se considère comme porteur des valeurs universelles, exigeant des autres nations que celles-ci se soumettent. C’est contestable, je suis moi-même opposée au mariage homosexuel et à l’adoption par les couples homosexuels, par conséquent je partage le refus de cette loi avec la Russie. Je suis d’ailleurs à la tête du seul mouvement politique qui a pris l’engagement de revenir sur cette loi si nous arrivons au pouvoir. Je pense que les nations sont libres, souveraines, démocratiques, et l’Union européenne ne peut pas imposer ses vues aux nations du monde.

    RIA Novosti: Votre visite à la Douma intervient quelques jours après le discours de l’intellectuel français Aymeric Chauprade devant la chambre basse. Ce dernier décrivait devant les députés russes “des peuples trahis par leurs élites, assoupis devant la perte de souveraineté et l’immigration massive, mais que l’attaque contre la famille commence à réveiller“. Êtes-vous d’accord avec cette analyse? Un “réveil” est-il en marche?

    Marine Le Pen: Oui, je souscris totalement à la déclaration de M. Chauprade, dont je suis de très près les travaux. L’excès et la brutalité avec lesquels le gouvernement français a imposé cette loi (sur le mariage homosexuel, ndlr), en faisant fi des véritables centres d’intérêt et des préoccupations des Français, a entraîné un réveil d’une partie de la population française, qui s’est re-politisée et à mon avis pèsera lourd lors des prochaines échéances électorales.

    RIA Novosti: Vous bénéficiez actuellement de 40% d’opinions favorables. Des élections municipales et européennes auront lieu dans un avenir relativement proche. Pourquoi ce regain de popularité maintenant?

    Marine Le Pen: Chaque jour apporte la démonstration que le Front national a eu raison dans le diagnostic qu’il a posé. Chaque jour pousse les Français à s’intéresser et à adhérer aux solutions qui sont les nôtres. J’ai nommé un réarmement face à la mondialisation, retrouver le chemin de la souveraineté du peuple, de la démocratie, et de l’indépendance, le patriotisme économique, et le retour d’un État stratège qui ne se soumet pas devant les puissances d’argent. Et tout cela agrège de plus en plus de Français qui viennent de droite ou de gauche.

    RIA Novosti: Les nationalistes russes manifestent régulièrement contre Vladimir Poutine, qu’ils jugent trop laxiste. Quelle est la différence entre le patriotisme que vous (et de nombreux dirigeants russes) invoquez, et le nationalisme, comment faire en sorte que ce patriotisme ne se transforme pas en un nationalisme agressif et violent ?

    Marine Le Pen: Sémantiquement, le nationalisme a été compris au fil du temps comme une défense agressive de la patrie, un rejet des autres. Le patriotisme, c’est l’amour des siens, et c’est la volonté de défendre, quand on est un dirigeant, les intérêts de sa nation et de son peuple. Nous sommes résolument dans le camp des patriotes, des patriotes démocrates, et nous voulons en quelque sorte une révolution, mais une révolution démocratique, pacifique et patriotique.

    Ria Novosti   http://fortune.fdesouche.com/

  • Marine Le Pen: les Russes refusent le modèle ultralibéral et mondialiste

    Marine Le Pen: les Russes refusent le modèle ultralibéral et mondialiste
    RIA Novosti: C'est la première fois que vous réalisez une visite officielle en Russie. En tant que responsable politique, quelle est la portée symbolique d'une telle visite, pourquoi la Russie ?

    Marine Le Pen: Sa portée est importante car les Russes sont attachés à leur identité, à leur culture, ils refusent de se soumettre au modèle ultralibéral et mondialiste que je combats moi-même en France. Nous sommes des peuples frères, et il y a tout intérêt à envisager pour l'avenir des relations approfondies entre la Russie et la France. On a l'impression que depuis plusieurs années, l'Union européenne pousse la France à distendre ces relations.

    RIA Novosti: Vous avez rencontré le président de la Douma. Quels thèmes ont été traités ? Quelles sont vos impressions à chaud ?

    Marine Le Pen: Nous avons été reçus de manière courtoise et avons évoqué des sujets importants, notamment des sujets d'actualité internationale comme la Syrie. Nous sommes le seul mouvement politique français à nous être opposés à toute intervention en Syrie et à avoir lourdement condamné l'intervention en Libye. Le président de la Douma m'a évoqué ses très fortes inquiétudes concernant la loi (française, ndlr) sur le mariage homosexuel. J'ai d'ailleurs été amenée à plaider un peu pour ces couples français dont la procédure d'adoption était en cours pour adopter des enfants russes et qui ont vu ces procédures s'arrêter net du fait du vote de la Douma. Il m'a dit qu'il allait examiner cela avec intérêt.

    RIA Novosti: Vous avez évoqué un partenariat stratégique avec la Russie. Quels sont concrètement les grands domaines dans lesquels la coopération peut se développer ?

    Marine Le Pen: Concrètement, ça peut être l'aéronautique, les technologies, l'industrie du médicament. Ça peut être l'énergie. Je préfère avoir des relations privilégiées avec la Russie qu'avec le Qatar, voyez-vous.

    RIA Novosti: En 2005, votre père Jean-Marie Le Pen prônait la construction d'une Europe des nations "de Brest à Vladivostok", une idée jadis énoncée par De Gaulle. L'Europe peut-elle se libérer de la tutelle américaine et se recentrer sur un espace continental ?

    Marine Le Pen: Oui je le crois, et j'y œuvre. Je pense que l'Union européenne est devenue un système antidémocratique supranational qui est en train de ruiner les peuples et en même temps de leur faire perdre leur substance sur le plan de l'identité et de la culture. Par conséquent, lorsque cette Union européenne se sera effondrée, ce qui je crois arrivera, nous pourrons alors construire une Europe des nations libres et souveraines avec des accords de coopération entre les différentes nations. Et à ce moment-là, l'Europe pourrait tout à fait aller jusqu'à la Russie.

    RIA Novosti: La Russie est préoccupée par l'extension de l'Otan vers l'est et le déploiement d'un bouclier antimissile à ses frontières. Quelle est votre position à l'égard de cette mainmise américaine sur la sécurité européenne ?

    Marine Le Pen: D'abord je suis pour la sortie de l'Otan. Je ne comprends pas aujourd'hui quelle est aujourd'hui son utilité. Quel est l'ennemi? C'est très bien d'avoir une organisation de défense commune, mais contre qui? Il n'y a pas beaucoup de responsables qui sont capables de répondre à cette question. La France doit retrouver une voix spécifique dans un monde multipolaire, et non unipolaire comme il l'est sous domination américaine. Que les Etats-Unis défendent leurs intérêts, c'est tout à fait légitime, tout comme pour l'Allemagne. Il n'y a qu'un malheur, c'est que parfois ces intérêts sont contradictoires avec ceux de la France. Je regrette que dans ce contexte, la France ne puisse pas défendre ses propres intérêts. L'intérêt de l'Europe est plus de développer les relations avec l'est, plutôt qu'avec l'ouest.

    RIA Novosti: Lors du sommet du G8 en Irlande du Nord, le président russe Vladimir Poutine a salué hier le lancement de négociations entre l'UE et les USA sur une zone de libre-échange. Que vous inspire ce projet ?

    Marine Le Pen: J'en pense le plus grand mal. Car une zone de libre-échange avec les Etats-Unis, ce sera la ruine de l'agriculture française et de la défense française. Or tout ce qui va dans le sens de l'affaiblissement de l'Europe va dans le mauvais sens, tout comme une interdépendance trop importante avec la puissance américaine. Après l'entrée en vigueur de cet accord, on ne pourra plus reprendre notre liberté sous peine de sanctions et de pressions. Cela ne va pas dans le sens de l'indépendance de l'Europe, et particulièrement de la France, qui m'intéresse en premier lieu.

    RIA Novosti: ... Les Français traités de "réactionnaires" par M. Barroso en raison de leur "exception culturelle"…

    Marine Le Pen: L'Union européenne montre son vrai visage. C'est une structure antinationale, qui vise à la disparition des nations, à la suppression des frontières, et à la mise en esclavage, par la dette d'ailleurs, des peuples. Par conséquent, je considère que je suis en résistance contre M. Barroso.

    RIA Novosti: Dans le domaine moral, Paris et Moscou s'éloignent. La France légalise le mariage gay à l'heure où la Russie interdit la promotion de l'homosexualité auprès des mineurs. Avez-vous abordé ce thème à Moscou? Y a-t-il une convergence avec vos interlocuteurs russes au niveau sociétal ?

    Marine Le Pen: Oui, bien sûr que nous avons abordé ces sujets, car je crois que la Russie est très inquiète de la multiplication de ces lois, et assez agacée, il faut le comprendre, par le fait que l'Union européenne se considère comme porteur des valeurs universelles, exigeant des autres nations que celles-ci se soumettent. C'est contestable, je suis moi-même opposée au mariage homosexuel et à l'adoption par les couples homosexuels, par conséquent je partage le refus de cette loi avec la Russie. Je suis d'ailleurs à la tête du seul mouvement politique qui a pris l'engagement de revenir sur cette loi si nous arrivons au pouvoir. Je pense que les nations sont libres, souveraines, démocratiques, et l'Union européenne ne peut pas imposer ses vues aux nations du monde.

    RIA Novosti: Votre visite à la Douma intervient quelques jours après le discours de l'intellectuel français Aymeric Chauprade devant la chambre basse. Ce dernier décrivait devant les députés russes "des peuples trahis par leurs élites, assoupis devant la perte de souveraineté et l’immigration massive, mais que l’attaque contre la famille commence à réveiller". Etes-vous d'accord avec cette analyse ? Un "réveil" est-il en marche ?

    Marine Le Pen: Oui, je souscris totalement à la déclaration de M. Chauprade, dont je suis de très près les travaux. L'excès et la brutalité avec lesquels le gouvernement français a imposé cette loi (sur le mariage homosexuel, ndlr), en faisant fi des véritables centres d'intérêt et des préoccupations des Français, a entraîné un réveil d'une partie de la population française, qui s'est re-politisée et à mon avis pèsera lourd lors des prochaines échéances électorales.

    RIA Novosti: Vous bénéficiez actuellement de 40% d'opinions favorables. Des élections municipales et européennes auront lieu dans un avenir relativement proche. Pourquoi ce regain de popularité maintenant ?

    Marine Le Pen: Chaque jour apporte la démonstration que le Front national a eu raison dans le diagnostic qu'il a posé. Chaque jour pousse les Français à s'intéresser et à adhérer aux solutions qui sont les nôtres. J'ai nommé un réarmement face à la mondialisation, retrouver le chemin de la souveraineté du peuple, de la démocratie, et de l'indépendance, le patriotisme économique, et le retour d'un Etat stratège qui ne se soumet pas devant les puissances d'argent. Et tout cela agrège de plus en plus de Français qui viennent de droite ou de gauche.

    RIA Novosti: Les nationalistes russes manifestent régulièrement contre Vladimir Poutine, qu'ils jugent trop laxiste. Quelle est la différence entre le patriotisme que vous (et de nombreux dirigeants russes) invoquez, et le nationalisme, comment faire en sorte que ce patriotisme ne se transforme pas en un nationalisme agressif et violent ?

    Marine Le Pen: Sémantiquement, le nationalisme a été compris au fil du temps comme une défense agressive de la patrie, un rejet des autres. Le patriotisme, c'est l'amour des siens, et c'est la volonté de défendre, quand on est un dirigeant, les intérêts de sa nation et de son peuple. Nous sommes résolument dans le camp des patriotes, des patriotes démocrates, et nous voulons en quelque sorte une révolution, mais une révolution démocratique, pacifique et patriotique.
    source : RIA Novosti :: lien

  • Quand les socialistes défendaient le peuple…

    Quand les socialistes défendaient le peuple…
    Vous venez de publier Édouard Berth ou le socialisme héroïque. Pourquoi s’intéresser à un homme aussi peu connu ?

    Il est en fait bien connu de tous les historiens des idées, qui le considèrent en général comme le plus fidèle disciple de Georges Sorel, auteur des Réflexions sur la violence et des Illusions du progrès. Édouard Berth (1875-1939) a été l’un des principaux théoriciens du syndicalisme révolutionnaire, c’est-à-dire de cette branche du mouvement ouvrier qui, estimant que la classe ouvrière ne pouvait compter que sur elle-même pour instaurer la « société des producteurs », n’avait qu’hostilité pour les partis politiques et donnait la priorité à « l’action directe » (soit l’action sur les lieux de travail) développée par les syndicats. Ce sont les représentants les plus actifs de cette tendance révolutionnaire, Victor Griffuelhes et Émile Pouget, qui parvinrent, en octobre 1906, à faire adopter par la CGT la célèbre Charte d’Amiens que l’on considère aujourd’hui comme l’acte fondateur du syndicalisme français. Berth eut, par ailleurs, un itinéraire extrêmement original puisque, sans jamais abandonner ses convictions, il participa, à la veille de la Première Guerre mondiale, à l’aventure du Cercle Proudhon, où se rencontrèrent maurrassiens et syndicalistes révolutionnaires, puis s’enthousiasma vers 1920 pour la révolution russe, au point de collaborer régulièrement à la revue Clarté, fondée par Henri Barbusse. Revenu de son léninisme, il collabora jusqu’à sa mort à La Révolution prolétarienne de Pierre Monatte.

    Ce qui frappe, c’est aussi le contraste entre socialisme d’antan, tout entier voué à la défense de la classe ouvrière, et Parti socialiste actuel. Ce PS est-il encore socialiste ?

    En janvier 1905, le « règlement » de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) – Parti socialiste de l’époque – se présentait comme un « parti de classe qui a pour but de socialiser les moyens de production et d’échange, c’est-à-dire de transformer la société capitaliste en société collectiviste, et pour moyen l’organisation économique et politique du prolétariat ». Allez donc demander aujourd’hui aux travailleurs de PSA, de Florange ou d’ArcelorMittal ce qu’ils pensent du « socialisme » de Hollande !

    Qu’un dirigeant du PS, en l’occurrence Dominique Strauss-Kahn, ait pu être appelé à la direction du Fonds monétaire international (FMI) pour y mettre en œuvre la même politique que pratique aujourd’hui Christine Lagarde était déjà tout un symbole. Et maintenant ? Ni le mariage homosexuel, ni la légalisation du cannabis, ni la lutte pour la parité (sauf dans le mariage !), ni l’immigration incontrôlée, ni l’abolition des frontières, ni même la défense des « droits de l’homme » (dont Marx avait fait une critique impitoyable) ne sont évidemment des mesures « socialistes ». Ce sont des mesures libérales, censées répondre aux caprices et aux désirs individuels. Devenu un parti social-libéral – de plus en plus libéral et de moins en moins social –, le PS ne conçoit plus la société que comme une addition d’individus. C’est pour cela que le gouvernement actuel, privilégiant le sociétal au détriment du social, a choisi de faire diversion en cachant les cinq millions de chômeurs derrière le mariage pour tous.

    Le bilan social-défaitiste de François Hollande est évident dans tous les domaines. De l’abandon de toute réforme fiscale d’envergure à l’absence de politique industrielle, de la révision du Code du travail dans le sens exigé par le MEDEF au chantage à l’emploi pour faire baisser les salaires – tandis que ceux des grands patrons ne seront finalement pas « encadrés » –, sans oublier la loi sur la « sécurisation de l’emploi » (sic), qui a signé l’arrêt de mort du contrat à durée indéterminée (CDI), chaque jour qui passe administre la preuve de la totale soumission de François Hollande aux exigences de la finance.

    Rallié depuis au moins trente ans au système de l’argent, le PS est devenu un parti de fonctionnaires, de technocrates et de bobos ayant oublié le socialisme depuis belle lurette et ne s’intéressant qu’au « pourtoussisme », aux interventions « humanitaires » et à la défense des « victimes » sur le mode émotionnel et lacrymal. Ce n’est donc pas sur ses dirigeants qu’il faut compter pour expliquer que la crise actuelle est d’abord une crise du mode de production capitaliste, c’est-à-dire une crise généralisée de la logique de valorisation du capital, et moins encore pour tenter d’y remédier.

    Comment expliquer cette évolution ? Passer d’un Édouard Berth à un DSK…

    Ce qu’on appelle la « gauche » est né en France, à l’époque de l’affaire Dreyfus, de la fusion de deux courants totalement différents : une aspiration à la justice sociale portée par le mouvement ouvrier et une philosophie du progrès héritée des Lumières, que Sorel a justement définie comme fondamentalement bourgeoise. Le problème est que l’idéologie du progrès n’a que méfiance pour ce que Pasolini appelait la « force révolutionnaire du passé ». Or, le socialisme originel, s’il s’opposait bien entendu aux hiérarchies d’Ancien Régime, n’entendait nullement abolir les solidarités organiques traditionnelles ni s’attaquer aux fondements communautaires du lien social. Il contestait en revanche hautement l’idée libérale selon laquelle le marché, la logique de l’intérêt et le droit procédural suffiraient à faire tenir ensemble une société.

    Dès les années 1980, la gauche, sous couvert de se « moderniser », a commencé à s’adapter aux modèles libéraux. Elle a, de ce fait, abandonné les idéaux du socialisme. Il lui reste la métaphysique du progrès, qu’elle partage avec la droite libérale. Dans ces conditions, le libéralisme sociétal de la gauche rejoint tout naturellement le libéralisme économique de la droite. Être de gauche, désormais, c’est adhérer à la logique de « l’antiracisme » et de la « lutte-contre-toutes-les-discriminations » pour masquer le fait que l’on a cessé d’être anticapitaliste.

    Édouard Berth se faisait une idée « sublime » de la classe ouvrière, appelée selon lui à détruire le capitalisme bourgeois en reprenant à son compte les valeurs héroïques de l’Antiquité. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la gauche actuelle n’a pas le même rapport au peuple…

    Le peuple et la gauche n’ont jamais été des notions équivalentes, comme on l’a vu lors des journées de juin 1848 et de la Commune de 1871, lorsque la gauche bourgeoise faisait tirer sur le peuple. Lisez le livre de Bertrand Rothé récemment paru aux Éditions du Seuil, De l’abandon au mépris, sous-titré Comment le PS a tourné le dos à la classe ouvrière. Le mot de mépris n’est pas exagéré. L’auteur explique très bien comment les élites du PS ont abandonné les ouvriers au nom de la modernité, et parfois aussi de la « préférence étrangère ». Éric Zemmour résume parfaitement la situation quand il écrit que « la gauche se croit aujourd’hui antilibérale alors que son obsession progressiste en fait la meilleure servante du marché », tandis que la droite s’imagine « défendre les valeurs traditionnelles alors que le marché, qu’elle admire, détruit ce qu’elle est censée défendre ». Le grand clivage actuel n’est plus celui qui oppose la droite et la gauche, mais celui qui oppose des classes populaires encore « territorialisées » à une nouvelle classe globalisée, engendrée elle-même par un néocapitalisme financiarisé et de plus en plus déterritorialisé. Cette nouvelle classe s’est formée sous l’effet d’une intensification des mobilités dans un climat marqué par la déréglementation des marchés et des innovations technologiques rétrécissant l’espace et le temps. Face à elle, la frustration des classes populaires, et celle des classes moyennes menacées de déclassement, pourrait bien devenir le moteur d’une nouvelle lutte des classes.

  • La révolution turque

     

    La révolution turque
    Natella Speranskaya : La révolution nationale a commencé en Turquie. Quelles sont les forces en présence ? Qui se bat contre qui ?

    Claudio Mutti: Les slogans concernant les «droits humains» et la «démocratie», les agissements des Femen, la solidarité exprimée par Madonna et d'autres stars hollywoodiennes, la rhétorique antifa truffée de "Bella ciao" comme musique de fond, sont les symptômes d'une «révolution orange» ou un «printemps turc », plutôt que d'une révolution nationale. À l'heure actuelle, il est impossible de savoir si les troubles ont éclaté de manière spontanée, ou si ce sont vraiment des agents étrangers qui ont provoqué des troubles, comme prétendu par Erdogan. Mais nous devons considérer que l'ambassadeur américain Francis Ricciardone a répété deux fois en deux jours son message en faveur des manifestants et que John Kerry a fait une déclaration sur le droit de contester. Certes, parmi les manifestants il y a aussi des militants et des activistes d'intérêt national, anti-atlantistes et aussi des mouvements pro-Eurasie (comme, par exemple, le Parti des travailleurs, ISCI Partisi); mais je ne pense pas qu'ils sont en mesure de diriger une masse aussi hétérogène vers l'objectif d'une révolution nationale.

    Natella Speranskaya : Comment se place la révolution turque en terme d'opposition géopolitique de l'eurasisme (Russie, Iran, Syrie) à l'occident et à l'atlantisme (OTAN, USA, UE) ?

    Claudio Mutti : Il est vrai que beaucoup de gens ont été troublés par l'implication de la Turquie dans le conflit syrien. Néanmoins, lorsque les manifestants clament "Nous sommes les enfants d'Atatürk", ils expriment une préoccupation liée à des croyances laïcistes et séculaires, pas à une position de type eurasiste. Malheureusement, je ne vois pas une tendance anti-Atlantique d'importance dans la présente révolte.

    Natella Speranskaya : Votre pronostic quant à l'évolution des événements en Turquie et leurs conséquences sur la situation en Syrie ?

    Claudio Mutti : Il est probable que la révolte turque va pousser Erdogan à penser à l'adage «Qui sème le vent récolte la tempête» et l'amènera à se consacrer davantage aux affaires turques que syriennes, conscient sans doute que les Américains sont toujours prêts à évincer leurs collaborateurs, après en avoir fait usage. Ainsi, il y a deux mois, son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a signé un protocole d'accord avec le SCO. Si le gouvernement turc veut être cohérent avec cette décision, il doit abandonner ce genre de «néo-ottomanisme» qui dissimule un rôle impérialiste, utile aux intérêts nord-américains. Encore mieux, si la Turquie veut vraiment être un point de référence pour les peuples musulmans de la Méditerranée et du Moyen-Orient, il doit rompre ses liens avec l'OTAN et avec le régime sioniste. Il est en effet schizophrène de déstabiliser la Syrie et en même temps d'accuser le sionisme et Israël d'être, selon les mots de M. Erdogan, "un crime contre l'humanité» et «une menace pour la paix régionale".
    Entretien avec Claudio Mutti http://www.voxnr.com
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  • Élection d’Hassan Rohani : vers un rééquilibrage géopolitique de l’Iran ?

    Élection d’Hassan Rohani : vers un rééquilibrage géopolitique de l’Iran ?

    Le résultat des élections est il une surprise ?

    A l’évidence, aucun analyste n’avait prévu la victoire d’Hassan Rohani au premier tour de l’élection présidentielle [vendredi dernier]. Mais il ne faut pas oublier que l’Iran est un pays imprévisible qui puise sa créativité et son esprit d’innovation dans une culture poétique inaccessible aux prévisions mathématiques.

    Les réformateurs l’ont ils emporté ?

    Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la distinction entre réformateurs et conservateurs s’avère peu opérante en Iran. La preuve en est que parmi les six candidats en lice, cinq étaient classés ultraconservateurs ou conservateurs pragmatiques. Il s’agit de Saïd Jalili, d’Ali-Akbar Velayati, de Mohsen Rezaï d’Hassan Rohani et de Mohammad Ghalibaf. Seul un candidat, Seyed Mohammad Gharazi, était qualifié de modéré. A ce compte, les Iraniens avaient mathématiquement 83% de chances d’élire un conservateur. C’est oublier que le monde iranien est marqué depuis des siècles par un rêve qui n’a rien de conservateur, celui de réformer le monde musulman en prenant sa tête. Mais ce rêve souterrain, qui hante la plupart des hommes d’État iraniens se heurte à deux obstacles : l’Iran n’est ni Sunnite ni Arabe. Il est par conséquent tenu à l’écart par les pays musulmans qui s’effraient de son inépuisable créativité. Devant ce rejet, les Iraniens sont tiraillés entre deux types d’évolutions : soit un basculement vers l’Occident ou à l’inverse une consolidation des liens avec l’Asie. Même si les Iraniens se perçoivent comme des Occidentaux, ils ont été contraints par les sanctions récentes à se rapprocher simultanément de la Russie et de la Chine pour former une alliance plastique que l’on pourrait qualifier de Nouvel Empire Mongol.

    Il conviendrait, par conséquent, de repenser la distinction entre réformateurs et conservateurs au profit d’un nouveau gradient Occident/Orient. Or cette nouvelle distinction bouleverse les schémas établis car il n’est pas plus conservateur de se tourner vers la Chine que vers l’Europe. La véritable question est par conséquent la suivante : qui l’a emporté entre les Océanides – partisans d’un rapprochement avec la puissance maritime américaine – et les Gengiskhanides – qui souhaitaient un rapprochement avec la Russie et la Chine. Les Iraniens nous ont répondu aujourd’hui de façon totalement inattendue avec la victoire des Iranides un tiers parti qui souhaite le retour à une politique d’équilibre internationale. Aujourd’hui, le Nouvel Empire Mongol connaît un vacillement et ce n’est pas tout à fait un hasard si les chancelleries russe et chinoise ont du mal à se positionner ce soir sur le résultat de l’élection.

    Quel est le profil du nouveau président ?

    Parmi les six candidats, les hommes ayant exercé des fonctions diplomatiques importantes étaient surreprésentés : il s’agissait de Saïd Jalili, ancien Vice-Ministre des Affaires Étrangères, d’Akbar Velayati ancien Ministre des affaires étrangères, et d’Hassan Rohani qui a une grande expérience de la diplomatie puisqu’il a été personnellement en charge du dossier nucléaire. A l’évidence, ces diplomates l’ont emporté sur les spécialistes de l’ordre intérieur

    Peut on espérer un règlement de la question nucléaire ?

    Il faut s’attendre à une inflexion sur ce point. Nous avons aujourd’hui un signe fort. Même s’il est improbable qu’Hassan Rohani remette en cause la volonté de l’Iran de mettre en place une filière nucléaire, les négociations peuvent avancer. Leur échec actuel s’explique en partie par la très grande difficulté pour les Occidentaux à prendre au sérieux les spécificités culturelles et juridiques de l’Iran. A la différence de la France, l’Iran a été occupé pendant près de mille ans par des puissances étrangères. Cette occupation a marqué en profondeur ses élites qui ont mis au point des procédés de négociation extrêmement sophistiqués afin d’assurer leur survie politique. Or, depuis la découverte des hydrocarbures, l’Iran est devenu le centre géopolitique de la planète contrôlant simultanément les richesses énergétiques de la mer Caspienne et du Golfe Persique. Cela amène les négociateurs iraniens à réfléchir à chaque mouvement diplomatique. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’Iran n’a pas donné le signal d’une proche normalisation. D’un point de vue intérieur, il a opéré un rééquilibrage en se repositionnant au centre. Dans ces circonstances, il ne fait guère de doute qu’Hassan Rohani n’acceptera de ralentir la nucléarisation de l’Iran qu’à condition que la communauté internationale accorde à l’Iran le statut de puissance régionale. Car au fond, par delà ses difficultés économiques, l’Iran aspire par dessus tout à une dignité retrouvée sur la scène internationale.

    Thomas Flichy
    Historien du droit et des institutions

    Source : Realpolitik.tv.

    Crédit photo : DR.http://fr.novopress.info

  • Béatrice Bourges : « Vers une recomposition du paysage politique en fonction de l'adhésion à des valeurs de civilisation »

    Porte-parole du Collectif pour l'enfant et du Printemps français, Béatrice Bourges est aujourd'hui l'une des principales figures de l'opposition à la loi Taubira dénaturant l'institution du mariage. Elle répond à l'enquête de Monde et Vie sur la droite.

    Monde et Vie : À votre avis, les notions de droite et de gauche ont-elles encore une signification aujourd'hui ?
    Béatrice Bourges : Non, elles n'en ont plus, car la recomposition du paysage politique est en train de se faire autour de notions qui dépassent les clivages et les partis politiques actuels. Je pense que nous allons assister à une décomposition du paysage politique actuel, puis à une recomposition en fonction de l'adhésion - ou pas - à des valeurs de civilisation, des valeurs de vie construites sur le réel, opposées à des « valeurs » construites sur des fictions, comme le mariage homo, la PMA, la GPA, etc. Ces valeurs de civilisation défendront l'homme, dans tous les domaines, en dépassant largement les seules questions éthiques et bio-éthiques : quelle est la place de l'homme par rapport à la finance et à l'économie, considère-t-on que c'est lui qui est au service de l'économie ou l'inverse, etc.
    Cette reconstruction autour du bien commun résulte d'un équilibre très subtil entre l'intérêt général et le respect des personnes : quand on arrive à concilier l'un et l'autre, on se trouve dans le bien commun. C'est autour de cette notion que le paysage politique va se recomposer ; or elle transcende les partis politiques, comme le montrent bien les sujets de controverse actuels : le « mariage homosexuel » n'est pas une question de gauche ou de droite, mais de civilisation.

    N'est-ce pas la définition de ce que Benoît XVI appelle l'écologie humaine ?
    Oui. Il s'agit d'une écologie humaine et environnementale, qui s'intéresse à la place de l'homme. Trop souvent, ceux qui parlent d'écologie environnementale séparent l'homme de la nature, en se préoccupant de la nature sans se soucier de l'homme, voire en affirmant qu'il représente pour elle une menace. Nous disons, nous, que l'homme est partie intégrante de la nature, et que si l'on respecte la nature - ce qui est souhaitable -, on doit évidemment respecter l'homme.

    De nombreux opposants à la loi Taubira ont aujourd'hui le sentiment de se heurter à un totalitarisme. Le mouvement d'opposition à la légalisation du « mariage homosexuel » est-il appelé à se dresser aujourd'hui en champion de la liberté ? Peut-on parler d'une résistance au totalitarisme qui se dessine ?
    Mille fois oui. On veut nous empêcher de nous exprimer, voire de réfléchir ; et pour nous empêcher de réfléchir, on s'attaque aux enfants, ce qui relève de la dictature. Ainsi, Najat Vallaud-Belkacem déclare qu'il faut que les enfants soient retirés de leur environnement familial avant l'âge de trois ans. C'est le même type d'idéologie qui existait naguère en Union soviétique.

    Ce souci apparaît déjà pendant la Révolution française, notamment dans les discours de Lepeletier de Saint-Fargeau ou de Saint-Just...
    Il se retrouve en effet dans tous les systèmes totalitaires. Le ministre de l'Education nation; Vincent Peillon, ne se cache d'ailleurs pas vouloir changer les mentalités grâce aux enfants en les éduquant à cet effet. Nous nous trouvons donc face à une dictature en germe. Je dis « germe », parce qu'il n'existe pas encore de camps dans notre pays ; mais quand on voit que des personnes sont arrêtées et embarquées, dans la rue ou en sortant du métro, simplement pour avoir exprimé leur opposition à la légalisation du « mariage homosexuel » en revêtant des vêtements frappés d'un logo, il est permis de se demander si nous avons encore la liberté de circuler. Je n'en suis pas sûre ! Circuler habillé de façon indécente ne pose pas de problème, mais il est interdit de porter un sweat-shirt orné d’un logo défendant les valeurs familiales. C'est quand même gênant...

    Permettez-moi de revenir aux notions de droite et de gauche héritées de la Révolution française. La volonté de créer l'homme nouveau, qui sous-tend le projet de Vincent Peillon, n’est-elle pas une constante de l'idéologie de gauche, qui est à la base de tous les totalitarismes modernes, de l’hitlérisme au communisme et au matérialisme actuel ?
    Oui, c'est la création de l'homme par l'homme. On tue Dieu afin que l'homme crée l'homme, mais il le crée hors de la réalité : hors de la réalité des corps, de la nature, de la biologie… C'est le mythe de l'homme nouveau, de la naissance d'un homme parfait, sans défaut, que l'on trouvait en effet chez Hitler. Il porte aussi une aspiration à la toute-puissance : l'homme n’a besoin de personne d'autre que lui-même.
    Propos recueillis par Eric Letty monde&vie due juin 2013
    www.collectifpourlenfant.fr
    www.printempsfrancais.fr

  • 15-16 septembre: université d'été de LMPT

    Ludovine de La Rochère, présidente de « La Manif pour tous », est interrogée sur le blog de L'Homme nouveau. Extraits :

    "[...] « La Manif pour tous » entend-elle prendre une dimension politique ?

    RNon, il ne s'agit pas de se constituer en mouvement politique, mais d'agir auprès des élus pour peser dans le débat public. Nous sommes convaincus, en effet, que c'est notamment notre indépendance qui fait notre force.

    Justement, que comptez-vous faire pour les maires qui sont déjà et seront de plus en plus confrontés aux demandes de mariages homosexuels ?

    Nous mettons en place la structure nécessaire pour les aider, du point de vue juridique, de la communication, etc. Nos avocats travaillent en ce moment sur les textes de loi qui leur permettront de défendre les maires qui refuseront, en conscience, de célébrer le « mariage » de personnes de même sexe. Il ne faut pas oublier que la liberté de conscience est censée être l’un de nos fondamentaux, garanti par la Déclaration des droits de l’Homme !

    Ne craignez-vous pas un essoufflement de la mobilisation pendant les vacances ? Que comptez-vous organiser ?

    « La Manif pour tous » ne se bat pas seulement contre la loi Taubira, mais aussi contre ce qui est en est à l’origine, c’est-à-dire l’idéologie du Gender, et bien sûr contre la PMA (Procréation Médicalement Assistée) pour tous et la GPA (Gestation Pour Autrui ou mère porteuse). En fait, la tâche est immense pour nous tous qui voulons défendre le mariage et la filiation, c’est-à-dire l’enfant et la famille ! Nous allons annoncer et proposer trois types d’actions : informer et sensibiliser encore et toujours plus largement sur ce qui se joue actuellement, organiser des actions de rue, des actions juridiques et des actions auprès des politiques français et européens. Nous souhaitons aussi former sur ces sujets, car il y a urgence ! C’est dans cette optique que nous organisons une université d’été les 15 et 16 septembre en région parisienne. D’ici là, des actions sont bien sûr prévues, à commencer par la pétition pour la liberté de conscience des maires, très importante pour la suite, à signer sur le site officiel de « La Manif pour tous ». [...]

    Michel Janva 

  • Dopage : « La commission d’enquête du Sénat est une mascarade ! »

    Entretien avec le docteur Jean-Pierre de Mondenard.

    Le docteur Jean-Pierre de Mondenard est un historien du cyclisme et son dernier ouvrage, Les Grandes Premières du Tour de France, vaut le détour. C’est aussi un des plus grands spécialistes mondiaux de la lutte contre le dopage. A ce titre, il a été entendu par la commission d’enquête « sur l’efficacité de la lutte contre le dopage », lancée en février par le Sénat. En exclusivité pour « Minute », il nous explique comment certains sports, comme le tennis, passent à travers les mailles du filet, et pourquoi la commission sénatoriale le laisse perplexe.

    Minute : Devant le Sénat, Francesco Ricci Bitti, président de la fédération internationale de tennis, a expliqué que le tennis étant un sport d’adresse, il n’était pas touché par le dopage?

    Jean-Pierre de Mondenard : Comme argument, c’est affligeant ; c’est prendre les gens pour des imbéciles. Le tennis est un sport très physique, les joueurs font de la musculation, et quand ils restent cinq heures sur un court, ce sont les qualités physiques qui finissent par faire la différence. L’alibi d’un sport d’adresse est bidon.

    Regardez aux Etats-Unis. Le basket-ball, c’est un sport d’adresse et ils sont tous dopés; le base-ball, c’est un sport d’adresse et ils sont tous dopés…

    Les déclarations du président de la fédération internationale de tennis démontrent, une nouvelle fois, que les dirigeants du sport n’ont aucune volonté de lutter contre le dopage. Ils font juste semblant, pour donner l’illusion…

    Est-ce pour cela que l’AFLD (Agence française de lutte contre le dopage) n’a pas le droit de mettre les pieds à Roland-Garros?

    L’action de cette agence « indépendante » est limitée. Elle s’arrête là où commence le droit des grandes fédérations internationales: la fédération de tennis, la fédération de football, la fédération de sport automobile, qui cautionnent des événements comme Roland-Garros, la Coupe du monde de foot, les grands prix de F1, et qui génèrent des centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires. Pas question de tuer la poule aux œufs d’or.

    Alors ces fédérations ont verrouillé le système: personne n’a le droit de mettre son nez dans leurs affaires, les contrôles et les sanctions restent à leur discrétion. Leur demander de s’occuper des histoires de dopage, c’est leur demander de se tirer une balle dans le pied; alors elles tirent à côté.

    Les contrôles inopinés

    Francesco Ricci Bitti avance pourtant que sa fédération diligente plus de 200 contrôles à Roland-Garros?

    Mais faire des contrôles sur les finalistes de Roland-Garros, c’est perdre son temps! Faire des contrôles sur les demi-finalistes, c’est perdre son temps. Pourquoi ?

    Les joueurs qui se dopent sont des pros du dopage, qui suivent un programme annuel qui tient compte des échéances. Ils savent qu’à un certain stade de la compétition, ils vont être contrôlés; donc ils ont géré leur programme de dopage en conséquence, pour être négatif ce jour-là.

    Les seuls contrôles qui permettent d’épingler les tricheurs, ce sont les contrôles inopinés, quand les sportifs sont en phase de préparation. Tout le reste c’est de la foutaise, c’est de l’argent foutu en l’air.

    En tant qu’expert, vous avez été convoqué par la commission d’enquête du Sénat. Vous étiez dans quel état d’esprit?

    J’ai reçu une lettre du Sénat m’informant que j’étais convoqué pour être auditionné devant la commission d’enquête. Je n’avais pas envie d’y aller, parce que je sais d’avance comment se termine ce genre d’histoire: quand on veut enterrer un problème, on fait une commission…

    J’ai donc traîné des pieds. Je leur ai rappelé que j’étais un médecin libéral toujours en exercice; je leur ai indiqué que j’allais paumer quatre heures; je leur ai demandé qui allait m’indemniser… Ils m’ont répondu que je n’avais pas le choix, que c’était obligatoire, et que je risquais une amende de 7.000 euros en cas de défection. Le 14 mars, j’ai donc répondu présent.

    Et alors, ça vaut le coup?

    On doit prêter serment, jurer de ne dire que la vérité, rien que la vérité! Comme devant le grand jury américain… Sauf qu’aux Etats-Unis, si vous mentez, vous risquez de vous retrouver en taule ! Alors qu’au Sénat…

    J’ai suivi les auditions de certains acteurs et témoins de la lutte contre le dopage, et je peux vous le dire, beaucoup d’entre eux ont men ti à 90 % ! Pourtant, ils ne seront pas poursuivis… J’aimerais que cette commission ne soit pas une mascarade, mais au final j’ai le sentiment que c’est une mascarade.

    Quand un sénateur découvre l’eau tiède…

    Et que pensez-vous des sénateurs qui composent cette commission?

    Ecoutez, je vous livre une anecdote. Il y a une quinzaine de jours, à Vichy, j’étais invité à une table ronde sur le Tour de France à laquelle participait un sénateur du Puy-de-Dôme, Alain Néri, membre de la fameuse commission. Il nous a rapporté que récemment, avec une délégation du Sénat, il avait fait un voyage aux Etats-Unis, pour notamment s’entretenir avec les responsables de l’Usada, l’agence américaine de lutte contre le dopage.

    Et là, il raconte qu’il a appris l’existence d’un nouveau produit dopant, les stéroïdes « designer », des stéroïdes modifiés, indécelables dans les contrôles. Mais l’existence de ces stéroïdes « designer » a été révélée aux Etats-Unis quand le scandale du laboratoire Balco a éclaté, en… 2003 ! Le sénateur était ainsi tout content de nous livrer un scoop vieux de dix ans ! Accablant.

    Aux frais de la princesse, des gens qui ne savent même pas ce qu’est une molécule se voient confier des missions pour évaluer l’efficacité de la lutte contre le dopage. Je crois rêver.

    Propos recueillis par Pierre Tanger

    - Les Grandes Premières du Tour de France, par Jean-Pierre de Mondenard, éditions Hugo Sport, 208 pages, 16,95 euros.

    Article de l’hebdomadaire “Minute” du 12 juin 2013 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.

    Dopage : « La commission d’enquête du Sénat est une mascarade ! »

    http://fr.novopress.info

  • La faillite des services de renseignement américains

    La faillite des services de renseignement américains

    Ci-dessus : Surveillance informatique des pays par la National Security Agency américaine. Vert pour les pays les moins surveillés, puis jaune, orange et rouge de plus en plus surveillés. Surveillance de mars 2013. Document top secret révélé par une fuite début juin 2013, voir ci-dessous.

    WASHINGTON (NOVOpress via Bulletin de réinformation) – Depuis quelques jours, la polémique est vive autour des révélations sur la surveillance des sites Internet du monde entier par les services secrets américains. A ces opérations auraient, d’ailleurs contribué, les géants de l’Internet tels que l’entreprise Facebook de Monsieur Zuckerberg.

    Pourtant, les renseignements américains ont surtout montré des faiblesse

    Déjà, la semaine passée, les systèmes informatiques de l’armée américaine ont été victimes d’une cyber‑attaque depuis la Chine. Des secrets militaires et stratégiques ont ainsi été dérobés et observés par Pékin. Il s’agit notamment des plans du dernier avion de chasse Raptor qui représente près de quinze années de travail pour Washington.

    Par ailleurs, les fuites concernant l’espionnage à l’échelle mondiale par les Etats‑Unis proviennent d’un ancien employé de la CIA et travaillant aujourd’hui pour une société privée … sous-traitée par les services de renseignement !

    Qu’en est‑il de ce recours au secteur privé ?

    Il est assez important. En 2010, un peu moins de 2000 entreprises privées travaillaient pour les agences de renseignement américaines. La lutte contre le terrorisme et les nouvelles orientations stratégiques des Etats-Unis expliquent ce besoin grandissant de prestations commerciales. Ce recours à des entreprises privées par le gouvernement américain dans le domaine de la Défense n’est cependant pas nouveau. Parmi les soldats présents en Irak depuis 2003, plus de la moitié des troupes est composée d’armées privées.

    Qu’impliquent ces révélations d’espionnage et de faiblesses ?

    Cela signifie tout d’abord que la guerre se déroule désormais sur un terrain virtuel. Dans ces conflits, les principes diplomatiques s’effacent et la lutte est acharnée. Plus grave encore, des compétences pourtant régaliennes sont désormais confiées à des acteurs privés, preuve du vacillement des Etats, notamment occidentaux qui tentent de se rattraper en espionnant les populations : la bête est blessée.

    Crédit iùmage : U.S. National Security Agency (NSA), via Wikipédia, domaine public depuis qu’elle est révélée.

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