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entretiens et videos - Page 858

  • « On ne va pas aller mourir pour du pétrole » (entretien avec Aymeric Chauprade)

    Aymeric Chauprade, docteur en sciences politiques, savant de renommée internationale, l’un des spécialistes de pointe de la géopolitique en France, assigne à la Russie un rôle de première importance dans la mise en place du monde moderne. En quoi la croissance de l’influence russe est-elle liée à la renaissance de l’Orthodoxie ? Comment notre pays peut-il aider les chrétiens persécutés du Moyen-Orient ? Comment son rôle particulier est-il lié aux protestations récentes de millions de Français contre le mariage homosexuel ?

     

    C’est là le sujet de notre discussion avec Aymeric Chauprade.

    La foi et l’argent

    Thomas : qu’est-ce qui attire particulièrement votre attention dans la Russie d’aujourd’hui ?

    Aymeric Chauprade : Je comprends pourquoi, pour les Français de ma génération ou même plus jeunes, la Russie est si attirante aujourd’hui, et pourquoi les gens apprennent le russe et déménagent ici pour y fonder leur propre affaire. Ce n’est pas une sorte de phénomène marginal, le flot de ces gens est de plus en plus significatif. Ils ne sont pas, bien sûr, des dizaines de milliers, mais ils sont nombreux. Et ce phénomène est nouveau. Avant, les jeunes gens partaient aux U.S.A., brûlaient du « rêve américain ». Et maintenant, vient le remplacer le « rêve russe ». Et il est lié, à la différence du rêve américain, non aux aspects matériels et financiers, mais ce qui est plus important, à la recherche de soi, en tant qu’homme, à un retour aux sources chrétiennes. Pour la plupart des Européens, qui se réfèrent à leur culture chrétienne, la Russie incarne de plus en plus une sorte de contre modèle de l’Europe, en ce qui concerne les valeurs familiales et spirituelles.

    Thomas : C’est étonnant, vous avez, pour un étranger, une idée si flatteuse des Russes…

    A.C. : Bien sûr, les Russes participent à la société de consommation comme tous les autres dans le monde entier. Mais tout de même, ici, en Russie, on rencontre chez les gens quelque chose de profond, (peut-être la « mystérieuse âme russe » ?), la conviction que l’argent n’est pas dans la vie la valeur suprême. Et cela est vraiment attirant pour les jeunes Français, ceux du moins qui se trouvent en quête de plus profond que l’élargissement de leurs possibilités matérielles. C’est paradoxal, mais c’est un fait. Je vois d’un côté, en Russie, quelque chose de très proche de la culture américaine : le besoin d’amasser, le désir de déballer son niveau de réussite. Mais d’un autre côté, il y a là quelque chose qu’on ne trouve pas dans la culture américaine : si l’on fait connaissance avec un Russe d’une façon moins superficielle, on s’aperçoit que mise à part la soif de réussite, il y a en lui le désir de se trouver lui-même : « Qui suis-je et pourquoi est-ce que je vis » ? Et à mon avis, cela est directement lié en premier lieu au retour des Russes vers la religion, en partie à l’Orthodoxie. C’est une renaissance religieuse, le besoin de restaurer le lien du présent avec toute l’histoire russe. Je n’idéalise pas, cela plane dans l’air et se sent clairement.  C’est seulement une réalité qu’on peut constater.

    Thomas : Et que s’est-il donc passé pour que la Russie soit brusquement devenue attirante aux yeux des étrangers sur le plan des affaires ? Qu’est-ce qui a changé ?

    A.C. : La façon de considérer la Russie a changé. Quand on disait « la Russie » dans les années 90, on comprenait la mafia. Et cela faisait peur de venir travailler ici et y investir de l’argent, on pouvait tout perdre d’un coup. Mais de telles associations n’existent plus. Les gens ont senti que sur le plan économique, ici, c’était maintenant sans danger. Il existe une différence colossale entre le tableau que tracent de la Russie les médias pro-américains et ce que connaissent de la Russie les analystes économiques. Les premiers considèrent tout ce qui est lié à la Russie d’une façon strictement critique.

    Les seconds regardent les choses d’une façon lucide et réaliste et savent qu’en Russie, toutes les conditions sont rassemblées pour y conduire des affaires. J’ai personnellement entendu dire lors d’une conférence au directeur d’une compagnie française très importante : « Avant, nos entrepreneurs allaient en Chine, mais en réalité, personne n’a rien pu y gagner, à part les marques de luxe. Aujourd’hui, les compagnies françaises importantes gagnent beaucoup d’argent en Russie. Celui qui investit ici fait de bonnes affaires ».

    La comparaison avec la Chine est vraiment intéressante. Il y eut en effet la période du boum chinois, les Européens ont pris pied dans le marché chinois, et au début, semblait-il, les bénéfices croissaient à des rythmes extraordinaires. Mais la différence entre les cultures est telle que les gens tombaient dans une véritable frustration et sortaient de ce marché : ils ne parvenaient pas à être « chez eux » dans cette civilisation, ils restaient de toute façon « étrangers » en Chine. Alors que les Russes et les Français, malgré toutes les différences sont en fin de compte très proches.

    Thomas : En quoi la renaissance  économique du pays est-elle liée au retour des Russes vers la religion ?

    A.C. : J’ai rencontré des Russes qui sont matérialistes à 100 %. Mais j’ai aussi rencontré personnellement ceux qui gagnent beaucoup d’argent mais se souviennent qu’il y a quelque chose de plus grand que l’argent, par exemple le salut de l’âme. Ces entrepreneurs qui sont loin d’être pauvres décident à un certain moment de dépenser une partie (parfois importante) de l’argent gagné pour financer des projets liés à l’Église, à l’éducation, à l’illumination, afin que les gens viennent à la foi en Dieu. C’est à mes yeux très important. À ce propos, cela existe aux U.S.A., dans les milieux protestants.  En France, justement, cela nous manque beaucoup, peu de gens qui, ayant gagné beaucoup d’argent voudraient l’affecter à la cause de la renaissance de la religion et des valeurs spirituelles. De mon point de vue, c’est la maladie gravissime de l’Europe Occidentale contemporaine.

    Rattraper et dépasser l’Occident ?

    Thomas : Quelles sont vos impressions personnelles de votre participation au club de discussion « Valdaï » en septembre 2013 ?

    A.C. : Honnêtement, j’en garde des sentiments mitigés. D’un côté, j’ai été impressionné par le niveau du déroulement de l’évènement lui-même, la diversité des experts très intéressants et l’organisation intelligente des discussions. Mais ce qui me troublait d’un autre côté, c’est que la philosophie générale  de « Valdaï » est pénétrée de part en part par la vision du monde occidentale et libérale. J’avais l’impression que toute une classe de politiques russes, rassemblés à Valdaï, pas tous mais la majorité, essaie de dépasser l’Occident sur le plan des valeurs libérales. Et ils essaient de le faire de telle manière que la Russie reçoit ces valeurs comme la norme. D’après moi, c’est étrange. La Russie sur le plan spirituel et culturel a toujours suivi son propre chemin historique, et elle a aujourd’hui la possibilité de créer son propre modèle de civilisation sans copier l’Occident. Cela sonnera peut-être comme une provocation, mais quand à Valdaï j’ai entendu certains politiques, j’ai eu l’impression qu’ils se sentaient comme des représentants d’un pays du tiers-monde, et tentaient de toutes leurs forces de se montrer à leur avantage devant l’Occident « civilisé », comme pour dire : « Nous aussi, nous avons le progrès, regardez comme nous sommes libéraux. » Comme s’ils étaient des élèves, et que de l’Occident étaient venus des professeurs qui leur disaient avec condescendance : « Eh bien que voulez-vous, il vous faut encore, bien sûr, travailler à la lutte contre la corruption, à la défense des droits des minorités. Vous avez bien sûr fait des progrès particuliers, mais ce n’est quand même pas suffisant. » Et les savants russes, s’excusant, répondent : « Oui, oui, oui, nous allons essayer, nous allons grandir. » Je considère que la Russie mérite mieux.

    Thomas : Mais il y vraiment en Russie de grands problèmes de corruption, tout le monde le sait…

    A.C. : Je ne veux pas dire qu’en Russie tout soit rose. Je dis que dans les questions de civilisation et de culture, la Russie a ses réalités historiques, et il n’y a pas de nécessité à l’évaluer toujours sur le fond des pays occidentaux. Il va sans dire qu’en Russie, comme dans tout autre pays, il y a des problèmes. Il faut lutter impitoyablement contre la corruption, Mais soit-dit en passant, il existe aussi de la corruption en Occident.

    Thomas : Est-ce possible ?

    A.C. : Le fait est que les critères pour déterminer le niveau de corruption de tel ou tel pays sont établis et installés par des agences occidentales et que d’après leurs estimations, en France, en Allemagne ou aux U.S.A. la corruption, cela va sans dire, ne peut exister. C’est pourquoi je ne prendrais pour preuves leurs estimations qu’en Russie tout va mal qu’avec prudence. J’affirme qu’en Europe, la corruption existe aussi. Peut-être n’est-elle pas aussi voyante, aussi criante, mais elle existe. Elle est seulement cachée, masquée, exprimée d’une autre manière que « Je te donne l’argent, tu me fais le contrat ». Dans le cas de l’Occident, il est plutôt question d’une corruption de l’esprit, du caractère des gens eux-mêmes. C’est une sorte de profonde corruption morale, exprimée en cela qu’on a complètement exclu Dieu de notre vie. Mais personne n’a parlé à Valdaï de cette corruption fondamentale du monde occidental.

    Il faut défendre les chrétiens

    Thomas : Pourquoi les persécutions de chrétiens au Moyen-Orient sont-elles devenues si cruelles ces derniers temps ?

    A.C. : En fait, les chrétiens du Moyen-Orient se trouvent depuis longtemps dans une situation de continuelle pression. La Turquie en est l’éclatant exemple. Au début du XXe siècle, huit pour cent de la population turque était chrétienne, et il est aujourd’hui question de quelques centièmes d’un pour cent. Il n’y a pourtant pas, en Turquie, de persécution physique des chrétiens. En revanche, on interdit l’enregistrement de nouvelles paroisses, et les gens sont obligés de quitter le pays d’eux-mêmes. En un mot, on essaie doucement et en silence d’étouffer le christianisme. Et c’est la situation générale des pays du Moyen-Orient.

    Mais il y a une autre tendance, une relation ouvertement grossière et cruelle aux chrétiens. Cette tendance s’est activée particulièrement après la guerre d’Irak. Il faut malheureusement reconnaître que les guerres des U.S.A. dans cette région ont facilité à leur manière l’émergence du fondamentalisme islamique, en particulier sunnite. Que ce soit il y a quelques années en Irak ou aujourd’hui en Syrie, ce sont les mêmes extrémistes sunnites. Ils détruisent les églises, scient les croix, profanent les icônes et, bien sûr, éliminent physiquement les chrétiens, parmi lesquels apparaissent à nouveau de véritables martyrs. C’est pourquoi si le régime du président de la Syrie Bachar el Assad s’effondre, il est tout à fait évident que les persécutions ne feront que s’intensifier. En un mot, ces jeux politiques, cette union entre les U.S.A., la Grande-Bretagne et, à mon grand regret, la France, font les affaires des islamistes fondamentalistes dans leur lutte contre les chrétiens. Je souligne que je ne parle pas de l’islam dans son ensemble en tant que religion mais bien des fondamentalistes, c’est-à-dire d’un groupe particulier de gens aux dispositions guerrières à l’intérieur du monde musulman.

    La Russie, dans la situation de la persécution des chrétiens au Moyen-Orient peut jouer un rôle vraiment historique, tout à fait dans le courant de toute l’histoire russe. Car au cours de nombreux siècles, jusqu’à la révolution de 1917, la Russie a été le défenseur assidu des chrétiens d’Orient. Et il est indispensable aujourd’hui, à mon avis, qu’elle redevienne ce défenseur. Il faut que la Russie qui se retrouve grâce au renouveau de l’Orthodoxie, envoie au monde le signal : « Nous sommes un État chrétien et les défenseurs des chrétiens. En dehors des chrétiens d’Orient, nous soutiendrons tous les chrétiens qui s’opposent à l’imposition des principes d’individualisme, au Diktat des minorités, à la légalisation du mariage homosexuel et ainsi de suite. Nous les soutiendrons pour défendre les valeurs traditionnelles ». De la sorte, ce sont précisément les valeurs traditionnelles qui deviendront la principale ressource russe, son principal outil, et feront de la Russie un acteur important de la politique mondiale. J’y crois et m’efforce de promouvoir cette idée de toutes les manières. Et je sais qu’en Russie, beaucoup considèrent que c’est justement dans cette direction qu’il faut avancer : s’engager dans l’éducation, expliquer le christianisme aux gens, pour devenir un État qu’on puisse appeler chrétien de plein droit.

    Thomas : Le thème de la persécution des chrétiens est-il évoqué par les médias occidentaux ?

    A.C. : Ça dépend. Dans l’ensemble, on peut dire que la tendance est de le minimiser. Mais la situation s’arrange petit à petit, car Internet apparaît comme une puissante source d’information alternative. Les ressources d’Internet rappellent aux principaux média traditionnels, par exemple, à des journaux français tels que Le Figaro ou Libération, l’état réel des affaires. Et quand de pareils médias ne disent rien d’un événement comme l’exécution de chrétiens à Maaloula, ces choses surgissent sur Internet, et les médias ne peuvent faire autrement que de les mettre en lumière. C’est pourquoi la situation évolue. Et de plus en plus de chrétiens en France se rendent compte que les chrétiens au Moyen Orient, par exemple les coptes en Égypte, sont réellement en danger.

    La France se réveille

    Thomas : En avril 2013, la loi sur le mariage homosexuel est entrée en vigueur en France, ce qui a suscité de massives actions de protestations de la part des défenseurs des valeurs traditionnelles. Qu’en pensez-vous ?

    A.C. : Il s’est produit en France un événement d’une importance colossale. Bien sûr, auparavant, s’est produit un regrettable événement : la loi sur la légalisation du mariage homosexuel a été adoptée. La plupart des ministres, les socialistes et les « Verts », ont soutenu et soutiennent le mouvement en ce sens.Chaque jour que Dieu fait, pas à pas, ils s’efforcent avec persévérance de détruire l’aspect chrétien de la France contemporaine. Un exemple tout récent : ils ont promu la proposition de supprimer du calendrier français les fêtes chrétiennes pour les remplacer par des fêtes juives et musulmanes. Mais la société réagit quand même. Trois millions de personnes étaient dans la rue pour protester contre la légalisation du mariage homosexuel. Des gens d’âges divers, de bonnes familles, étaient prêts à manifester avec le risque d’être arrêtés, pour dire non à cette loi et défendre la seule conception normale de la famille. Sur ce point, il s’est produit quelque chose de très important. Bien qu’aujourd’hui la vague de protestation ait reflué, elle a enclenché tout un processus, ouvert la voie à tout un mouvement de résistance, comme si un ressort sur la porte s’était tendu sous la pression, la serrure avait été arrachée, et la porte s’était ouverte toute grande. Les gens savent maintenant qu’ils ont une plateforme où ils peuvent se rassembler pour défendre les valeurs familiales traditionnelles. En outre, il y a aussi d’autres directions de « combat » : la question de l’immigration, la question de l’islamisation etc. Je suis persuadé que nous assistons à un processus très important : le réveil des Français. Bien que pour parler d’une façon imagée, les forces du mal soient de toute façon très puissantes.

    Thomas : Beaucoup sont persuadés que le mouvement pour la défense des valeurs traditionnelles doit prendre une dimension internationale. Que pensez-vous, sur ce point, d’une collaboration entre le France et la Russie ?

    A.C. : C’est justement là-dessus que je m’efforce de travailler. C’est le thème qui m’occupe en permanence. Je suis persuadé que personne ne gagnera dans la solitude. C’est comme la lutte avec le nazisme; la menace était si forte qu’on ne pouvait la contrer qu’en s’unissant, et ce n’est pas par hasard que la Russie a trouvé un allié dans la Résistance française. Nous avons aujourd’hui devant nous une nouvelle forme de totalitarisme. Il n’est extérieurement pas aussi évident, il est masqué, il ne porte pas de casque militaire, mais c’est bien un totalitarisme, quoique rampant, on impose aux gens les valeurs libérales, on met en doute les concepts traditionnels de dignité de la personne, on pousse l’homme à se révolter contre Dieu, et en ce sens, le nouveau totalitarisme revêt des traits vraiment sataniques. Il faut opposer à ce totalitarisme une puissante résistance. Et si la Russie se déclare un État chrétien, et le défenseur des valeurs chrétiennes, cela deviendra justement une réponse, et la création d’un contre-modèle à ce que l’on impose aux gens en Occident. On le leur impose précisément. Je ne considère pas, par exemple, que la légalisation du mariage homosexuel réponde à une position sincèrement motivée des gens ordinaires dans les pays d’Europe. Non, c’est celle de la minorité au pouvoir qui cherche à imposer ses critères au peuple : ils ont fabriqué la théorie du genre qui « fonde » la légalisation des mariages homosexuels. Je suis sûr que les Européens de base eux-mêmes, comme d’ailleurs les Américains, n’en veulent pas. Et si on leur propose un contre modèle, ils l’adopteront. La Russie, en collaboration avec d’autres pays et organisations sociales qui soutiennent la famille traditionnelle peut le réaliser.

    Thomas : Mais pourtant, comme les informations nous l’ont appris, bien que trois millions de Français soient sortis dans la rue, pas moins de 60 % de la population française, c’est-à-dire la majorité, soutenaient cette légalisation du mariage homosexuel. Et vous nous dites que ce n’est pas l’avis du peuple…

     

    A.C. : Il faut parler ici de la logique de l’histoire de l’humanité en tant que telle. La majorité des gens, dans n’importe quel pays à n’importe quelle époque est malheureusement passive. C’est seulement un fait historique. Cela concerne n’importe quel peuple. Cela signifie que si un gouvernant inculque le mal, le peuple le reçoit et suit le mal. Si le gouvernant fait le bien, le peuple l’accepte et suit le bien. Cela ne signifie pas que la société est stupide, pas du tout. Simplement la plupart des gens vit au quotidien, s’occupe de ses affaires au jour le jour. Ce n’est pas mal, ce sont de bonnes gens qui éveillent en moi personnellement une vive sympathie. Mais on ne peut pas les appeler des citoyens conscients, on ne peut pas dire qu’ils réfléchissent à ce qui se passe dans leur État. C’est toujours une minorité qui est consciente, dans la société, et qui se bat et s’oppose. Elle va se battre, par exemple, pour la liberté de l’homme, ce qui, en fin de compte, veut dire la lutte pour le triomphe d’une vérité chrétienne. Ce schéma est valable pour toutes les sociétés. Rappelez-vous la Résistance française, dont les participants étaient bien sûr en minorité. Et même en U.R.S.S., il y eut de la même manière le mouvement des dissidents qui résistaient au régime soviétique, et pourtant les Soviétiques en majorité n’étaient pas des partisans du régime déterminés, la majorité simplement se taisait, nageait dans le sens du courant. Je le répète, telle est la philosophie de l’histoire.  C’est la minorité active qui fait l’histoire, et la question est seulement de savoir quel choix elle va faire, dans le sens du bien ou dans celui du mal.

    Thomas : N’êtes-vous pas seul de cet avis parmi vos collègues en France ? Le fait est que beaucoup généralisent, affirmant : « On considère en Occident… » Comme si l’Occident était quelque chose d’homogène, où l’avis des gens est unifié, et où les experts isolés, par exemple vous-même, vous êtes plutôt l’exception à la règle, le vecteur d’un avis marginal sur les choses. En quoi cela correspond-il à la réalité ?

    A.C. : Je trouve important de le dire en Russie, dans une interview pour une publication russe. La réalité objective est la suivante : la majorité des gens en Occident ne réfléchit pas aux questions dont nous parlons maintenant. Et la minorité qui vit et travaille tous les jours avec ces questions se partage en deux groupes : le premier, ce sont ceux qui considèrent l’individualisme général comme la norme, et le deuxième, ce sont ceux qui  trouvent indispensable de revenir aux racines chrétiennes.C’est là, je le répète, le tableau objectif. Ce sont ces deux minorités qui créent les partis et les organisations politiques. Ensuite, c’est la question du libre choix des citoyens aux élections. Pour parler de la France,il existe aujourd’hui un parti qui, d’après les analystes, dans un proche avenir deviendra le premier de France par sa popularité, c’est le Front national. Un parti qui se dresse contre le système existant. Ses partisans ne sont pas une minorité, c’est une partie notable des Français qui affirment l’importance des valeurs chrétiennes, la dignité de la personne, le danger de l’islamisation de la France, le refus de participer aux guerres des U.S.A., etc. Il ne convient donc pas de me considérer comme un bien grand original. Non, une grande quantité de gens, en France, raisonnent selon la même logique. Parmi les économistes, parmi les militaires. Si vous pratiquez un sondage chez les officiers, vous verrez que 30 ou 40 % d’entre eux sont disposés envers la Russie de façon très, très positive; beaucoup plus positive qu’envers les U.S.A. J’ai enseigné dix ans à des officiers, j’avais presque trois mille étudiants, je sais de quoi ils parlent et ce qu’ils pensent. Sans conteste, il est parmi eux des « atlantistes » des gens qui sont à cent pour cent pour l’O.T.A.N., qui raisonnent jusqu’à maintenant en termes de guerre froide; soi-disant, « les Russes sont d’affreux communistes ». Mais il y a une part significative d’officiers, particulièrement chez les jeunes, qui raisonnent d’une façon radicalement différente.

    Thomas : Vous avez évoqué le parti « le Front national ».  En Russie, la tendance est de craindre comme le feu les mots « national », « nationalité » etc. On confond le mot « nationalisme » avec le mot « nazisme ». Et tout ce qui est « national » entraîne une association directe avec fascisme, agression, génocide, camps de concentration, extermination physique des immigrés… Existe-t-il, d’après vous, un nationalisme pacifique et à quoi ressemble-t-il en pratique ?

    A.C. : Il existe. L’exemple en est justement le Front national qui s’est déclaré dès le début comme un parti patriotique. Ce n’est pas un parti de nationalistes, si l’on comprend le nationalisme comme un synonyme d’agression. Le parti patriotique s’efforce de conserver le visage historique de la France, défend sa civilisation et sa culture contre les changements du système qui se produisent sous l’influence des étrangers. Il n’a jamais été question de chasser immédiatement du pays tous les immigrés. La question, c’est que le multiculturalisme nuit à la France dans un sens purement démographique, les gens qui sont arrivés des pays arabes et leurs enfants occupent de plus en plus la France et de ce fait, provoquent la guerre civile. Ce que nous voulons, c’est que les étrangers s’assimilent, c’est-à-dire deviennent proprement des Français. Cela peut naturellement être lié à l’adoption du christianisme. Mais pas forcément : celui qui trouve important pour lui de rester dans l’islam doit simplement connaître et accepter la culture française, ne pas obliger sa femme à porter le voile intégral, etc. C’est là le programme du Front national. On n’y trouve pas un mot sur le recours à la force contre les immigrés. En outre, parmi les députés élus à l’assemblée nationale il y a des Arabes, ce que peu de gens savent. Nous pensons simplement qu’une immigration trop abondante nuit à la France. Comme elle nuit à ces mêmes étrangers qui viennent en France

    Je suis moi-même partisan du dialogue entre les civilisations. J’ai beaucoup travaillé et enseigné, par exemple au Maroc. J’ai pris parole à l’O.N.U. comme expert  du Maroc. J’ai des dizaines d’amis et de collègues parmi les musulmans, je crois en une politique arabe de la France. Les pays arabes sont nos voisins par la Méditerranée. Nous avons d’excellentes relations avec eux. La seule chose que nous devions faire, c’est contrôler les flux migratoires. Car aujourd’hui, cela ne peut pas continuer ainsi. Autrement la société française va tout simplement exploser, parce que la prospérité du gouvernement va s’écrouler, beaucoup de jeunes étrangers viennent en France dans l’espoir de vivre des allocations.

    Être ou avoir

    Thomas : Vous parlez beaucoup de religion. Dans quelle mesure la religion, en tant que domaine fondamentalement non matériel, peut-être un facteur géopolitique ?

    A.C. : La géopolitique comprend au minimum trois choses fondamentales : La première c’est la géographie physique, c’est-à-dire où et comment le pays se situe, qui sont ses voisins, son ouverture sur la mer, etc. La deuxième, c’est la géographie des ressources, le pétrole, le gaz naturel, etc. Et la troisième, c’est la géographie identitaire, comment les gens se voient, quelle est leur identité. C’est relié directement aux conflits ethniques et religieux, car l’identité religieuse est l’une des plus importantes pour l’homme. En ce sens, on peut réduire de façon imagée la problématique de la géopolitique à deux verbes principaux, qui, dans la langue française sont également des auxiliaires qui servent à constituer les temps, le verbe avoir et le verbe être. À travers le verbe être, l’homme définit justement son identité, c’est-à-dire qu’il répond à la question : « que suis-je en cette vie ? » Cela concerne les questions de religion : « je suis chrétien », « je suis musulman », « je suis juif ».

     L’identité religieuse a une énorme signification, car elle définit le système de valeurs de cette personne concrète, la façon dont il va percevoir le monde alentour. Et au moment où il se définit et commence à voir le monde précisément comme cela et pas autrement, cela devient un facteur de géopolitique. Car l’homme ne vit pas seul au monde mais en relation avec les autres. En un mot, la religion du point de vue géopolitique n’est pas pour les gens une question de connaissance théologique, ni de vie spirituelle intérieure, mais de recherche de sa propre identité, la tentative de décider « qui je suis » et d’agir en conséquence.

    Beaucoup considèrent qu’en géopolitique domine tout ce qui est lié au verbe « avoir » : qui a quelles armes, les ressources naturelles, les technologies etc. C’est bien sûr important, mais ce n’est pas le plus important. Car on ne va pas aller mourir pour du pétrole. En ce sens, c’est le verbe « être » qui occupe la première place : les gens sont prêts à faire la guerre s’ils défendent leur identité, leur vision du monde, ce qui leur est cher.

    L’identité religieuse, je le répète, est pour l’homme en un sens la principale, parce que la façon dont voit ses relations avec Dieu, avec l’Absolu, avec les valeurs supérieures, détermine celle dont il va construire ses relations avec tout le reste du monde terrestre.

    Thomas : Et quel rôle jouent la religion et la foi dans votre vie ?

    A.C. : Je m’intéresse beaucoup à tout ce qui est lié au catholicisme dans le monde contemporain. Mais l’Orthodoxie me fascine, je sens en elle quelque chose d’originel, un christianisme pur qui n’a pas été obscurci, le reflet de la foi des premiers chrétiens. En Occident, nous le savons, ces notions se sont en partie perdues.

    Je suis marié, j’ai quatre enfants. Et la religion est pour moi une chose centrale et vitale. Ce qui ne change rien au fait que je suis pécheur, que la force et la profondeur de ma foi sont moindres que je le juge nécessaire. La religion, c’est ce qui permet de rendre plus digne notre façon de vivre et de s’opposer aux séductions du monde, comme par exemple, l’argent et les belles filles, qui sont d’ailleurs très nombreuses en Russie. On ne tient que grâce à la foi, la foi en Celui qui est plus grand que tout cela.

    • Propos recueillis par Thomas et mis en ligne sur L’Esprit européen, le 15 décembre 2013.

    http://www.europemaxima.com/

  • [Noël en Syrie] Charles de Meyer à L’Action Française : " Les Syriens attendent des Français de retrouver une marque de l’amitié historique entre nos peuples. "

    Charles de Meyer, fondateur de l’association SOS Chrétiens d’Orient et rédacteur en chef de nouvelarbitre.com, revient de Syrie, où il s’est rendu à Noël, alarmé par la détresse des chrétiens. Avant de participer au carrefour royal du 18 janvier, il a bien voulu nous rendre compte de son voyage...

    L’AF 2878 - Tout d’abord pourquoi cette association SOS Chrétiens d’Orient ?

    CHARLES DE MEYER - Nous avons lancé l’association SOS Chrétiens d’Orient suite à un appel. Un simple appel d’un journaliste qui nous décrivait les exactions commises par les jihadistes dans le village chrétien de Maaloula. Nous considérions alors qu’il nous fallait agir concrètement pour montrer notre solidarité avec les communautés chrétiennes orientales qui souffrent dans un silence accablant depuis des années. Qu’elles soient coptes, syriaques, chaldéennes, grecques orthodoxes ou catholiques latines, toutes les diverses Eglises du Levant sont victimes d’une vision de l’Islam qui n’a aucune humanité pour ceux qui sont vus comme des infidèles. Cette association cherche donc à mener des expéditions en convoyant jouets, couvertures et vêtements auprès de communautés qui sont prises soit dans la guerre civile, soit dans des politiques de discrimination. Elle est pérenne et prévoit de renouveler les convois régulièrement dans l’année afin d’alerter l’opinion publique française et d’affirmer combien l’indignation ne peut suffire devant le martyr de nos frères aînés dans la foi.

    Qui avez-vous rencontré ? Dans quelle situation se trouvent aujourd’hui les chrétiens de Syrie ? Quelle est leur disposition d’esprit ?

    Nous avons rencontré des Syriens de toutes confessions qui s’accordaient dans le rejet de la barbarie financée par l’Arabie séoudienne sur le sol de leur Nation. Du Grand Mufti de Syrie aux prélats catholiques ou orthodoxes, tous faisaient part de leur écœurement devant l’archaïsme et le fanatisme de combattants souvent étrangers. La situation des chrétiens de Syrie est tout à fait particulière : ces derniers jouissaient en effet d’un dialogue religieux particulièrement avancé pour le Levant avant le début de la guerre civile, ils étudiaient et vivaient en paix depuis des centaines d’années avec leurs compatriotes musulmans. Aujourd’hui comme de nombreuses minorités, ils subissent une recrudescence de haine de la part des combattants.

    La Syrie est fière de sa civilisation et de son modèle de société et les Chrétiens cherchent à être des citoyens modèles, ils refusent absolument de se singulariser ou de jouer la carte communautaire. Ainsi, tous nous ont répondu souffrir en premier lieu en tant que Syriens de l’importation de conflits internationaux au cœur de leur pays. Ils sont dans l’incompréhension totale devant l’attitude de l’Occident et particulièrement de la France qui a pourtant un rôle historique de soutien et de protection des chrétiens d’Orient. Des armes et de l’argent français ont en effet contribué à des attaques de villages chrétiens et de monuments historiques syriens. Toutefois, les Syriens sont encore nombreux à parler français, à aimer notre civilisation, ils distinguent aisément l’oligarchie dirigeante du peuple de France, et pour cause, comment assimiler la Terre de Saint Louis et du protectorat de 1920 avec quelques terroristes qui occupent le Krak des chevaliers sur ordre de prédicateurs wahhabites ?

    Quel bilan tirez-vous de ce séjour ? Vous interlocuteurs ont-ils souhaité adresser un message aux Français ?

    Nous sommes fiers d’avoir pu amener quatre tonnes de jouets, de couvertures et de vêtements auprès des Syriens. Au-delà de l’image conformiste, il y a bien entendu un moment d’humanité très fort dans le regard d’un enfant malade ou traumatisé par le conflit et qui reçoit tout de même un jouet pour Noël. C’est la preuve que nous pouvons tous agir avec humanité et efficacité au service de nos convictions si nous nous en donnons les moyens. Le temps de la réinformation vis-à-vis de la doxa médiatique doit être complété par cette confrontation au réel, et la réalité syrienne est pleine de paradoxes, de douleurs autant que d’un espoir tout à fait admirable.

    Les Syriens attendent des Français de retrouver une marque de l’amitié historique entre nos peuples. Nous devons continuer à alerter l’opinion sur les méthodes utilisées par les rebelles soutenus par la France mais nous devons également retourner en Syrie, visiter l’Eglise du baptême de Saint Paul ou les souks. Nos interlocuteurs savent que la France ne se réduit pas à quelques locataires du pouvoir et qu’elle peut redevenir cohérente avec son héritage, à nous de voir !

    Propos recueillis par François Marcilhac - L’AF 2878

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Noel-en-Syrie-Charles-de-Meyer-a-L

  • Pierre Hillard : « Le régionalisme entraînera la mort de la France »

    Pierre Hillard est un essayiste français, docteur en science politique. Il est connu pour ses analyses du mondialisme ainsi que du processus de destruction des nations dans le but d’instaurer un gouvernement mondial. M. Hillard a répondu à nos questions suite aux déclarations de François Hollande, lors de sa conférence de presse du 14 janvier dernier, sur la diminution du nombre de régions. Un régionalisme à marche forcée dicté par l’Union Européenne et l’Allemagne…

    Dans sa récente conférence de presse, le chef de l’État a fait part de sa volonté de diminuer le nombre de régions, tout en augmentant leur taille et leur puissance. Comment recevez-vous ce projet ?

    PH : L’idée n’est pas nouvelle. Déjà, en 2009, le rapport Balladur avait lancé un projet similaire. Le président Hollande veut, apparemment, procéder à une refonte des frontières régionales françaises. En dehors de la modification territoriale, il est difficile de savoir quelles compétences nouvelles seront attribuées à ces régions. Pour le moment, aucune information n’a filtré de l’Elysée. On peut, cependant, être sûr que ces blocs régionaux vont acquérir tôt ou tard des prérogatives supplémentaires car c’est la finalité du projet. Suis-je étonné d’une telle annonce … bien sûr que non. Elle n’est que la conséquence d’un long travail fait en amont dans le cadre de l’Union européenne. Celle-ci s’inspire du travail fait en coulisses par l’Allemagne.

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  • Le mépris des malfaiteurs pour les instances françaises de répression

    Entretien avec Xavier Raufer dans Boulevard Voltaire

    Huit Roumains, certains armés de haches, sont interpellés en flagrant délit lundi, alors qu’ils braquaient une bijouterie près des Champs-Élysées à Paris. S’ils n’en sont pas à leur coup d’essai, leur mode opératoire est relativement nouveau en France.

    À Paris, c’est le second pillage par la même équipe. Le premier, c’était en octobre 2013, rue de la Paix. Notons d’abord l’insondable mépris qu’éprouvent ces malfaiteurs pour les instances françaises de répression : cette première attaque s’est produite à 200 mètres du ministère de la Justice et du bureau de Mme Taubira.
    Mais ces attaques « smash and grab » (« fracasse et rafle ») sont fréquentes ailleurs en Europe, notamment à Londres depuis 2010. Chaque fois, cinq, six, voire 15 individus se ruent en meute sur une bijouterie, fracassant des vitrines devant des employés pétrifiés par la surprise et la primitive brutalité de l’acte, et fuient enfin comme une volée de moineaux, des bijoux ou des montres plein les poches. Il y a bien sûr des arrestations – inévitables avec un tel modus operandi, que ces bandits subissent avec fatalisme. Ils se débattent, certes, mais pas dans le genre farouche, tant pis si j’y laisse ma peau.

    Ces interpellés étaient roumains de nationalité, en général issus de clans nomades criminalisés. De tels « smash and grab » sont fréquents en Europe depuis 2010 ; on sait qui sont les bandits et d’où ils viennent. Donc, en octobre 2013 à Paris, on est surpris de voir le porte-parole de la police tomber des nues devant la « nouveauté » de telles attaques, et l’impréparation flagrante des professionnels de la bijouterie-joaillerie devant de tels actes.

    Les instances de répression et les syndicats professionnels devraient un jour réaliser qu’il n’y a plus de frontières en Europe, que les bandits entrent à leur guise dans une France sans frontières et que si un « smash and grab » advient à Londres, ce n’est qu’à deux heures en Eurostar de Paris et qu’ainsi, mieux vaut se préparer.

    Quel amateurisme ! Certains d’entre eux restent coincés dans le sas de sécurité, ne pouvant plus ni entrer ni sortir… Qui sont ces gens ?

    Les stratèges de telles opérations sont de grands professionnels, sachant où écouler les bijoux, comment couvrir leurs traces, etc. Les exécutants, les jeunes bandits du terrain, apprécient lucidement le risque. Les chefs comme les troupes connaissent le laxisme de la justice Taubira. Comme, en France, la police et la gendarmerie font encore leur boulot proprement, ces bandits savent leur arrestation probable, mais qu’ensuite la justice les élargira au nom de la « culture de l’excuse »… pauvres victimes de l’exclusion et du racisme… j’ai volé car j’avais faim… toute ma famille à nourrir… et autres bobards que les juges Taubira avalent goulûment.

    Comment lutter contre de tels desperados, sans doute fort dangereux?

    Mais on sait très bien comment faire ! Preuve : les huit de lundi étaient repérés et suivis depuis leur arrivée sur le territoire français. Dès le flagrant délit manifeste, à la première vitrine attaquée à la hache, ils ont été cueillis par ceux qui les filaient et n’attendaient que ça. En France, le seul problème est un affligeant laxisme judiciaire. Désormais, pour notre justice, tous les prétextes sont bons pour élargir les malfaiteurs, y compris les auteurs de vols à main armée — et attaquer une bijouterie avec une hache est un vol à main armée.

    Donc, pas besoin d’être grand criminologue pour prédire le futur, en liberté, de tels auteurs de « smash and grab » : ils réitéreront en France ou en Europe. Ce, selon la seule intangible loi criminologique, l’effet de déplacement, fondé sur un basique raisonnement coût-bénéfice : là ou cela rapporte le plus et où le risque carcéral est minime. Or, la France est un pays riche avec une justice « passoire ». Attendons sereinement les statistiques criminelles de l’année 2013. Les résultats du laxisme Taubira y apparaîtront de façon éclatante.

    Xavier Raufer

    Docteur en géopolitique et criminologue

    Il enseigne dans les universités Panthéon-Assas (Paris II), George Mason (Washington DC) et Université de Sciences politiques et de droit (Pékin)

    http://www.altermedia.info/france-belgique/

  • Entretien avec Alain de Benoist: Gare à la logique hygiéniste imposée par l’État maternel thérapeutique !

     

    Entretien avec Alain de Benoist: Gare à la logique hygiéniste imposée par l’État maternel thérapeutique !
    Vous venez de publier aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux « Les démons du bien« , essai dont la première partie se veut une critique radicale de la tyrannie des bons sentiments. A quoi attribuez-vous l’émergence de ce néo-cléricalisme ?
    À l’esprit du temps. Mais l’esprit du temps n’est jamais que la résultante d’une tendance de fond. À partir du XVIIIe siècle, la montée sociale de la classe bourgeoise a simultanément marginalisé les valeurs aristocratiques et les valeurs populaires, en les remplaçant par ce que Tocqueville appelait les passions « débilitantes » : utilitarisme, narcissisme et triomphe de l’esprit de calcul. La vogue de l’idéologie des droits de l’homme a, de son côté, permis à l’égoïsme de se draper dans un discours « humanitaire » dont la niaiserie est le trait dominant. L’accélération sociale et la montée de l’insignifiance ont fait le reste.
    L’un des traits caractéristiques de « l’empire du bien » est cet envahissement du champ politique par le lacrymal et le compassionnel qui fait qu’à la moindre catastrophe ayant une portée médiatique, les ministres se précipitent désormais pour exprimer leur « émotion ». C’est également révélateur de la submersion de la sphère publique par le privé. La vie politique bascule du côté d’une « société civile » appelée à participer à la « gouvernance » par des « demandes citoyennes » qui n’ont plus le moindre rapport avec l’exercice politique de la citoyenneté. Il est désormais beaucoup mieux vu (et aussi plus rentable) d’être une victime qu’un héros.
    Parallèlement, la marchandisation de la santé va de pair avec la médicalisation de l’existence, c’est-à-dire avec un hygiénisme dogmatique qui se traduit par une surveillance toujours plus grande des modes de vie. Elle prescrit socialement des conduites normalisées, cherchant ainsi à domestiquer toutes les façons d’être qui se dérobent aux impératifs de surveillance, de transparence et de rationalité. On assiste à l’instrumentalisation de la vie humaine au travers d’une logique hygiéniste imposée par l’État maternel thérapeutique.
    L’évolution du langage est également significative. On préfère parler désormais de « fractures sociales » – aussi accidentelles en somme que les fractures du tibia – que de véritables conflits sociaux. Il n’y a plus d’exploités, dont l’aliénation renvoie directement au système capitaliste, mais des « déshérités », des « exclus », des « défavorisés », des « plus démunis », tous également victimes de « handicaps » ou de « discriminations ». La notion de « lutte contre-toutes-les-discriminations » a d’ailleurs elle-même remplacé celle de « lutte contre les inégalités », qui évoquait encore la lutte des classes. Dans 1984, George Orwell expliquait très bien que le but de la « novlangue » est « de restreindre les limites de la pensée » : « À la fin, nous rendrons impossible le crime par la pensée, car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer. » Le politiquement correct fonctionne comme la « novlangue » orwellienne. L’usage de mots détournés de leur sens, de termes dévoyés, de néologismes biaisés ressortit de la plus classique des techniques d’ahurissement. Pour désarmer la pensée critique, il faut sidérer les consciences et ahurir les esprits.
    Les médias ne cessent de dénoncer la menace de l’« ordre moral », tout en nous faisant en permanence la morale. Paradoxe ?
    C’est tout simplement qu’une morale en a remplacé une autre. L’ancienne morale prescrivait des règles individuelles de comportement : la société était censée se porter mieux si les individus qui la composaient agissaient bien. La nouvelle morale veut moraliser la société elle-même. L’ancienne morale disait aux gens ce qu’ils devaient faire, la nouvelle morale décrit ce que la société doit devenir. Ce ne sont plus les individus qui doivent se conduire de façon droite, mais la société qui doit être rendue plus « juste ». L’ancienne morale était ordonnée au bien, tandis que la nouvelle est ordonnée au juste. Alors même qu’elles prétendent rester « neutres » quant au choix des valeurs, c’est à cette nouvelle morale, fondée sur le devoir-être (le monde doit devenir autre chose que ce qu’il a été jusqu’ici), qu’adhèrent les sociétés modernes. Nietzsche aurait parlé de « moraline ».
    L’essentiel de votre livre porte sur la théorie du genre, dont tout le monde parle en ce moment. Vous avez été l’un des premiers intellectuels à en faire une critique argumentée. Une fois de plus, à quoi attribuer ce phénomène venu des USA ? Et d’abord, de quoi s’agit-il exactement ?
    La théorie du genre est une théorie qui prétend déconnecter radicalement l’identité sexuelle du sexe biologique. Le sexe, remplacé par le « genre » (gender), serait une pure construction sociale. Cette théorie repose sur un postulat de « neutralité » de l’appartenance sexuelle à la naissance : il suffirait d’élever un garçon comme une fille pour en faire une femme, ou d’élever une fille comme un garçon pour en faire un homme. Ceux qui sont d’un avis différent sont accusés de propager des « stéréotypes » (on oublie qu’un stéréotype n’est jamais qu’une vérité empirique abusivement généralisée). Cette théorie a pour effet de confondre les deux sexes et de rendre plus difficile à chacun d’eux d’assumer son identité.
    La théorie du genre est en fait insoutenable. Non seulement son postulat d’une « neutralité sexuelle » originelle ne correspond pas à la réalité, mais on constate que l’appartenance sexuée favorise dès la plus petite enfance, avant tout conditionnement, des comportements spécifiques à chaque sexe. Cela ne signifie pas que les constructions sociales ne jouent aucun rôle dans la définition de l’identité sexuelle, mais que ces constructions sociales se développent toujours à partir d’une base anatomique et physiologique. La théorie du genre confond par ailleurs le sexe biologique, le genre (masculin ou féminin), l’orientation sexuelle et ce qu’on pourrait appeler le sexe psychologique (le fait qu’un certain nombre de femmes ont des traits de caractère masculins, et un certain nombre d’hommes des traits de caractère féminins). Reposant sur l’idée qu’on peut se créer soi-même à partir de rien, elle relève en fin de compte d’un simple fantasme d’auto-engendrement. Il faut pourtant la prendre très au sérieux. Dans les années qui viennent, c’est en référence à elle que l’on va voir se multiplier à l’infini les accusations de « sexisme ».
  • Puy-de-Dôme, Isère, Marne… Jour de Colère mobilise la France entière

    « Commerçants étouffés, contribuables matraqués, jeunes désespérés, retraités ponctionnés, ouvriers trahis, enfants déboussolés, délinquants libérés, valeurs bafouées…..TOUS A PARIS LE 26 JANVIER 2014 ! » peut-on lire sur le manifeste Jour de Colère Puy-de-Dôme.

    La grande manifestation nationale Jour de Colère qui vise à dénoncer la désastreuse politique du gouvernement et son mépris du peuple français attire toujours plus de Français las, désabusés et en colère. Medias-presse.info a rencontré trois responsables locaux de Jour de colère: Isère, Marne et Puy-de-Dôme. Nous ne pouvons que saluer leur dévouement et leur courage inlassables au service de leurs concitoyens.

    MPIQuelles activités avez-vous privilégiées afin de faire connaître Jour De Colère sur le terrain et mobiliser la population locale ? et quel accueil recevez-vous ?

    Puy-de-Dôme : Concernant les actions de terrain pour faire connaitre JDC, les plus importantes devraient se faire bientôt : le plus dur est de faire passer le message. Le tractage est la meilleure solution : comme en politique, vous pouvez avoir un contact direct et pertinent avec les gens auxquels vous donnez un tract. Ils vous parlent, vous demandent plus de détails et cela les motive à venir. La mobilisation est fondamentale, elle est le cœur de notre mouvement. Je ne désespère absolument pas : il faut une mise en place mais le temps nous est compté. Après tout,qui sait, je ne doute pas que nous aurons de grosses surprises le 26 Janvier à Paris ! Contrairement à la Manif Pour Tous, notre mouvement s’étend et ne cible pas qu’un seul mécontentement. Pas facile donc de rassembler des gens du premier coup même si je constate ces jours, une hausse des intéressés et participants. En général, la colère et la motivation d’un changement durable pousse les gens à agir !

    La suite sur MPI

  • Jean Sévillia : « Même dans les périodes de crise ou d'effondrement, la France se redresse toujours »

    Journaliste et écrivain, auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l'Autriche (Zita, impératrice courage, Le dernier empereur) ou à l'histoire (Historiquement correct, Historiquement incorrect), Jean Sévillia a récemment publié une Histoire passionnée de la France, chez Perrin.
    Monde et Vie : Jean Sévillia, comment vous est venue l'idée de publier une Histoire de France ? Visez-vous un public particulier, par exemple les jeunes, auxquels les programmes scolaires ne prévoient plus d'enseigner cette histoire ?
    Jean Sévillia : Pourquoi une histoire de France ? Parce qu'un tel instrument d'analyse et de synthèse est utile pour le grand public cultivé qui veut rafraîchir sa mémoire, soit sur la totalité de notre histoire pour avoir une vision d'ensemble, soit sur une époque, comme le Moyen-Âge, ou Napoléon. Ordonné chronologiquement, mon livre peut être lu de la première à la dernière page, ou bien par chapitre ou sous-chapitre, afin de compléter rapidement ses connaissances sur un sujet particulier. C'est un ouvrage de culture générale, qui s'adresse aussi bien à un public ayant appris l'histoire de France et qui veut la réviser, qu'à un public qui ne l'a jamais sue et veut en connaître les traits essentiels. Il est évidemment moins destiné aux agrégés d'histoire - encore que l'un d'entre eux me disait récemment qu'il était arrivé à l'agrégation sans avoir jamais entendu parler de la loi de 1905, ni de la politique anticléricale de la IIIe République... Le public est d'autant plus large que l'enseignement de l'histoire est mal conçu et idéologiquement biaisé. À partir des années 1970, on a cassé l'enseignement chronologique et classique de l'histoire de France, de sorte qu'aujourd'hui les quadragénaires ne la connaissent plus.
    Vous accordez une grande place à l'histoire contemporaine: huit chapitres sur quatorze sont consacrés à la période qui s'étend de la Révolution française jusqu'à aujourd'hui. Pourquoi ce choix ?
    Pour deux raisons. D'abord, la somme de connaissances historiques que nous possédons est plus importante pour les temps modernes, alors que les sources concernant les époques plus anciennes sont rares et incertaines... Bien que la période couverte par la monarchie mérovingienne, par exemple, soit aussi longue que celle qui nous sépare, en 2014, de la Révolution française, nous avons donc beaucoup plus à dire sur ce qui s'est passé au cours des deux derniers siècles que sur les Mérovingiens. Ensuite, mon livre est destiné aux hommes de notre temps, qui attendent des réponses sur des sujets polémiques. U en existe, bien sûr, sur le Moyen Age, mais ils ne soulèvent pas les passions des foules. En revanche, le lecteur attend une réponse sur la Révolution française, Napoléon, la Grande Guerre, la Résistance et la collaboration, etc. Les événements capitaux qui se sont produits au XXe siècle passionnent davantage les Français que l'histoire plus ancienne. C'est pourquoi mon livre s'élargit chronologiquement à partir des temps modernes.
    Dans votre conclusion vous évoquez la nécessité de réunir les Français autour de leur histoire. N'est-il pas utopique d'espérer restaurer la cohésion nationale autour d'une histoire aussi fracturée depuis la Révolution, marquée par les affrontements qui ont dressé deux France l'une contre l'autre ? L'histoire de France rassemble-t-elle ou divise-t-elle ?
    Les deux ensemble. L'histoire peut diviser, si elle est trop partisane, car sur les grandes fractures de notre histoire, protestants contre catholiques, républicains contre royalistes, catholiques contre laïcs, gauche contre droite, etc., l'on trouvera toujours des points de division. Mais si on la regarde en prenant de la hauteur, apparaîtront aussi des points de convergence, non moins importants que les points de fracture. Par-delà notre vision politique, religieuse, etc., il existe une étonnante continuité de l'histoire française, qui, même si les fractures demeurent, peut aider à trouver des points d'accord et d'unité, ou du moins montrer ce que les Français ont en commun par-delà leurs divisions. Si l'on croit au cadre national - qui est à mon avis un cadre d'analyse valide historiquement et politiquement -, l'on voit que les Français, de gauche ou de droite, catholiques ou laïcs, sont dans la même barque France, et que si elle coule, ils couleront en même temps. Une nation rassemble des gens différents et si l'histoire est racontée d'une façon sereine, elle peut être un point de convergence pour montrer une histoire commune. Cela me paraît important aujourd'hui.
    Quelle est la période qui vous passionne le plus ?
    L'histoire m'intéresse plus à partir de la Révolution, ou peut-être des guerres de religion, parce que l'on y retrouve l'écho de nombreux débats toujours actuels. De même pour le XIXe siècle et, a fortiori, le XXe. Ce qui me frappe, c'est la capacité de rebond de notre pays. La France a connu des crises terribles, des guerres civiles, des affrontements fratricides d'une extrême violence. Nous ne sommes pas une démocratie Scandinave, mais un pays conflictuel : chez nous, la bagarre est permanente ; mais même dans les périodes de crise ou d'effondrement, la France se redresse toujours, et c'est le sens de notre histoire à travers les siècles. Au début du XVe siècle, pendant la guerre de Cent ans, on croit que la France est morte, mais Jeanne d'Arc arrive et elle reprend vie. Elle connaît de semblables effondrements pendant les guerres de religion, après la Révolution française, en 1940... À chaque fois, se produit une sorte de miracle français grâce auquel ce pays arrive à sublimer ses divisions et à repartir après les plus grandes épreuves. Pour moi, c'est un message d'espérance : cela signifie que même si, aujourd'hui, nous sommes tous extrêmement inquiets devant la situation du pays, nous gardons la capacité d'en sortir; et que si nous ne voyons pas la solution, cela ne veut pas dire qu'elle n'existe pas.
    Propos recueillis par Eric Letty monde&vie
    Jean Sévillia, Histoire passionnée de la France, Perrin, 560 pp, 25 €

  • Entretien avec Jacques Philarchein (questions préparées par Guillaume Lenormand pour RN76).

    1)RN76 ; Jacques Philarchein, bonjour. Pourriez-vous, à l’intention de nos lecteurs, vous présenter et nous résumer votre parcours intellectuel, idéologique et politique ?

    Bonjour, je suis, comme beaucoup d'enseignants, issu de la gôche. Entendons-nous bien, je n'étais pas particulièrement prédisposé au gauchisme, mais le poids du gauchisme est tel dans l'enseignement que je devins gauchiste, en quelque sorte, sans m'en apercevoir. Puis, conscient que le gauchisme n'était qu'une posture, cachant un grand vide intellectuel, je suis devenu plus tard syndicaliste à FO ; le syndicalisme a l'avantage d'être plus précis, plus légitime, et de mobiliser une vraie culture juridique et sociale. Cela dit, à l'occasion de mon expérience syndicale, j'ai pu mesurer la perversité en même temps que la servitude volontaire des enseignants. Ces enseignants que je défendais bénévolement n'avaient strictement aucune reconnaissance ; les mêmes qui accusaient les syndicats d'être ripoux (même si ce n'est pas entièrement faux) passaient leur temps à me demander des renseignements techniques ou de plaider leur cause, sans prendre de carte bien entendu ! Puis je suis devenu patriote, lassé des positions immigrationnistes, sans-papiéristes et sans-frontiéristes de tous les syndicats, y compris le mien. Cela étant, mon patriotisme a considérablement changé de forme entre 2010 et aujourd'hui !

    2)RN76 : Vous êtes intervenu lors des Assises contre l’Islamisation en 2010. Rapidement et clairement, pour quelle(s) raison(s) avez-vous rompu, depuis, avec Riposte Laïque ?

    Oui, j'ai fait une intervention très hostile à la bobocratie, et à l'immigrationnisme d’État. Par voie de conséquence, je m'y alarmais de la poussée de l'islam en France. Après avoir travaillé pour Riposte, j'en suis parti récemment, étant proche des idées d'Alain Soral, penseur détesté par beaucoup de rédacteurs de Riposte. Vers la fin, certains de mes textes étaient systématiquement refusés, il suffisait que je parle de quenelle ou d'Alain Soral, que j'affiche une position plutôt pro-Palestiniens, ou encore que je cite Kemi Seba ou le Sheikh Imran Hosein, pour que les autres rédacteurs (pas tous, cela dit) me traitent de tous les noms sur notre liste de diffusion. J'en avais marre de faire des articles qui passaient à la corbeille. Je suis parti. Ma conférence conjointe à Nancy avec mon ancien « patron » Pierre Cassen fut mon dernier partenariat avec Riposte.
    3)RN76 : Riposte Laïque est-il une incarnation d’un néo conservatisme à la française ou est-ce plutôt une réaction épidermique des français sincères face à l’islamisation, sans fond idéologique solide?

    Au début, je ne savais même pas ce qu'était le néo-conservatisme. J'ai compris par la suite qu'il s'agissait d'une sorte de doctrine mondialiste américano-centrée, selon laquelle le monde se partagerait entre un axe du Bien et un axe du Mal composé de pays voyous, souvent musulmans. Un truc vachement manichéen ! Je me suis alors aperçu que les néo-conservateurs appelaient « voyous » tous ceux qui contrariaient les intérêts immédiats des USA, et plus généralement de l'oligarchie mondialiste. Les néo-conservateurs, crispé sur une exaltation de la culture « judéo-chrétienne », en réalité judéo-WASP, et volontiers islamophobes, sont les mêmes qui financent ou soutiennent des islamistes dès lors que ceux-ci servent leurs intérêts, ou ce qu'ils croient être leurs intérêts. En clair : une gigantesque arnaque idéologique, assortie de milliers de morts. L'islam, vu par les néo-conservateurs, est tantôt diabolique, tantôt super-sympa, en fonction des intérêts du moment !

    En ce qui concerne Riposte, il est clair qu'il y a des rédacteurs sionistes et mêmes des néolibéraux, ils ne s'en cachent d'ailleurs pas. Il y a donc une forme de néoconservatisme latent à l’intérieur de Riposte : soutien à l’État d'Israël, et faible contestation de la géopolitique des États-Unis d'Amérique. Cela dit, Riposte soutient également Bachar el Assad et Poutine, mais déteste l'Iran. Tout cela est bien ambigu. Cela a valu à Riposte un lectorat, je le crois, assez important, composé, comme vous le dites, de Français sincères. Le problème, c'est que les Français sincères ont aussi de la sympathie pour Soral et Dieudo. Les positions viscéralement hostiles de Riposte à l'encontre de ces deux personnage vont, à mon avis, affaiblir la crédibilité de Riposte Laïque et de Résistance républicaine.

    4)RN76 : A RN76, nous parlons souvent de « récupération » du milieu patriote et d’infiltration de celui-ci par des thématiques qui permettraient de lui ôter toute dimension révolutionnaire et de le ramener dans le giron de la « droite forte ». Ainsi, la critique de l’immigration massive (qui mène à la contestation du modèle économique capitaliste et mondialiste) est peu à peu évacuée au profit d’une obsession de l’Islam (permettant de mobiliser pour la défense de «l’occident »). Dans quelle mesure pensez vous (ou non) que cette récupération soit réelle et planifiée ?

    Vous avez tout résumé dans cette phrase : « La critique de l’immigration massive (qui mène à la contestation du modèle économique capitaliste et mondialiste) est peu à peu évacuée au profit d’une obsession de l’Islam. » Je pense que le mondial-Système est suffisamment intelligent et pervers pour infiltrer et manipuler sa contestation ultime qui est le national-patriotisme. On parle à longueur de pages du méchant islam, et tout le reste passe à la trappe. Je me souviens d'une phrase de l'abbé de Tanoüarn : « Le pire ennemi de la France, ce n'est pas l'islam, c'est elle-même. » C'est ce que j'ai également dénoncé dans mes articles sur l'homme-masse, sur la servitude volontaire et le nihilisme occidental. Je suis le rédacteur de RL qui a le moins écrit sur l'islam et le plus sur les Français de souche non-musulmans, dont j'ai systématiquement dénoncé l'aveuglement, la complaisance et la perversité individualiste. En salle des profs, je suis entouré de zombis. La quasi-totalité de mes collègues est encore en extase devant la politique du gouvernement. L'une d'elle me disait : « Bon, d'accord, la France ne va pas très bien. Mais quand même, Hollande, il est plus beau que Sarkozy. » je vous laisse apprécier le niveau de cette analyse politique, émanant d'une enseignante d'économie et de sociologie ! Autre fait : dans ma petite ville de 12 000 habitants où est mon lycée, il y a peu d'élèves arabo-musulmans, et ils sont généralement disciplinés et ont de bons résultats. Les « branleurs » et les fouteurs de m... sont les petits FDS, des « chavs » individualistes, qui ne prennent pas une note, et bénéficient de toutes les impunités. C'est dire la complexité de notre époque... Du reste, ces « chavs » ressemblent beaucoup à leurs professeurs, à la fois leurs victimes et leurs complices. L’Éducation Nationale est en état de mort cérébrale. Ce ne sont en aucun cas les musulmans qui ont provoqué cette mort cérébrale ! La France s'est tuée elle-même. Regardez aussi toutes ces affaires où les pouvoirs publics prennent des décisions destinées à éviter « d'offenser certaines communautés » (interdiction des sapins de Noël, par exemple), alors même que ces « communautés » n'ont souvent rien demandé. La France n'est pas victime de l'islam, mais de son propre suicide. Certes, je ne nie pas que des milieux islamistes impérialistes puissent être tentés de bénéficier de ce suicide. En religion, comme en politique, la nature a horreur du vide.

    Les médias qui, comme Riposte, insistent davantage sur l'islam que sur le nihilisme occidental risquent ainsi, de facto, de faire le jeu du Système.

    5)RN76 . Pour nous l’ennemi est clairement le libéralisme (économique ou civilisationnel), qui a la particularité de pouvoir s’incarner dans des domaines idéologiques très éloignés les uns des autres. Croyez-vous qu’en réponse, le nationalisme et la révolution puisse dépasser les concepts de droite ou de gauche ? Qu’en pensez-vous ?

    Je dirais que le mondial-Système est un libéral-libertarisme. Il y a un libéralisme sauvage en économie, et un libertarisme tout aussi sauvage au niveau des moeurs puisque, désormais, la délinquance et le crime sont exaltés et non réprouvés. Mais libéral-libertarisme est encore un mot insuffisant, car insistant trop sur la notion de liberté. En réalité, ce mondial-Système est extrêmement dirigiste et répressif. Par certains côtés, je préférerais qu'on parle en économie d'un libéral-étatisme (l’État sert à cogner sur les petits, salariés, fonctionnaires ou patrons, pour favoriser les gros, hauts-salariés, hauts-fonctionnaires et grands patrons) et au niveau sociétal d'une anarcho-tyrannie (l’État tyrannise les honnêtes gens tout en favorisant l'impunité la plus sauvage en matière de crimes et de délits). Aujourd'hui, par exemple, Valls entre en guerre contre notre humoriste national Dieudonné ; Esteban et Samuel sont en prison pour s'être défendus, comme tant d'autres ; Nicolas Bernard-Busse a été incarcéré parce qu'il n'était pas d'accord avec le gouvernement ; moi-même je suis un futur délinquant de la pensée ; et pendant ce temps, magouilleurs, escrocs, tortionnaires, violeurs, casseurs, cogneurs bénéficient de toutes les largesses d'une magistrature aux ordre. J'ai d'ailleurs dans l'idée que ce système anarcho-tyrannique (terreur contre les dissidents et les braves gens, et protections inouïes à l'endroit de la racaille) est le propre de bien des révolutions. Pour cette raison, je me méfie du concept de révolution, fût-elle nationale. A la limite, je préfère le concept de restitution, de dévolution, de restauration même, mais dans un sens assez large. Les gauchistes disent eux-aussi : « Il faut faire la révolution ! » Je préfère « Il faut retrouver nos valeurs ! » Bien évidemment, j'en ai conscience, ce ne sont que des mots... J'ajoute qu'en astronomie une révolution complète est un retour à la position initiale !

    6)RN76 : En temps que nationalistes, nous pensons que dans un pays, la religion tient le rôle de ciment social et que l’absence de religion (destruction du catholicisme français) fragilise la cohésion sociale, tout en créant un vide qui appelle à être comblé (ce qui expliquerait le succès de l’Islam salafiste prosélyte en France). En temps que marxiste, quel est votre point de vue sur cette question ?

    Je ne suis pas « marxiste », mais « marxien », « marxiste » est une simplification rhétorique. Mon « marxisme » consiste surtout en une conscience très claire de la captation de la plus-value et de l'exploitation économique, qui n'est pas un mythe. Pour cette raison, je n'apprécie pas non plus l'infiltration des milieux nationalistes par de petits capitalistes magouilleurs et anti-sociaux. Par principe, je défends les petits patrons, mais je sais qu'il en existe d'indignes, comme il existe aussi un grand nombre de salariés indignes, ceux-là même du reste qui font régner la terreur en entreprise et harcèlent leurs propres collègues. L'écroulement du niveau moral de la population amène à ce genre de chose. Et Ortega y Gasset a raison de rappeler que « l'homme-masse » est partout, quelle que soit sa position dans la lutte des classes. Riche, pauvre, exploiteur, exploité, savant, ignorant, homme, femme, vieux, jeune : l'immoralité, l'individualisme, l'effondrement culturel, la néo-barbarie des mœurs, toute l'échelle sociale est polluée, du sommet jusqu'à la base, d'un côté à l'autre, par ces vices structurels de notre société, qu'Ortega y Gasset voyait poindre chez les Espagnols je-m'en-foutistes des années 20-30, qui le payèrent d'ailleurs d'une guerre civile.

    En ce qui concerne « l'opium du peuple », j'ai suffisamment lu Hervé Ryssen pour me demander si Marx vise le christianisme ou s'il ne viserait pas plutôt sa religion d'origine qui est le judaïsme. On trouve d'ailleurs la même incertitude quant à la critique freudienne de la religion comme névrose collective. Cela posé, mon opinion sur la religion est nuancée. Je reste convaincu que toutes les doctrines, sans exceptions, religieuses ou non-religieuses, peuvent être infiltrées, détournées, récupérées, déformées, triturées dans tous les sens pour servir les intérêts d'une oligarchie mondialiste, disons-le satanique. Toutes les doctrines, y compris bien entendu le christianisme. Qu'on soit sédévacantistes comme M. Livernette, je crois, ou non-sédévacantiste, comme M. Ploncard d'Assac, on reconnaîtra aisément que le gauchisme pontifical actuel n'est pas le fin du fin en matière de sagesse chrétienne ! Je ne suis nullement un spécialiste de la papauté, mais à chaque fois que je tombe sur des propos du pape, je les trouve vides, bien vides... et très bisounours. Une fois, je lis un truc : le pape condamne la violence en Syrie, et l'emploi du gaz... Et cela s'arrête là. Aucune analyse des différents camps qui s'affrontent. Je sais bien que la théologie et la géopolitique sont deux sciences différentes, mais enfin, on conviendra que c'est un peu court comme position... Cela me fait penser aux droits-de-l'hommistes maçonniques qui pensent que la guerre, c'est très vilain, et qu'il faut agir pour la paix dans le monde et la démocratie...

    Je suis donc favorable à une restauration de la pratique religieuse chrétienne en France. Mais pour cela, il faut deux conditions, l'une externe, politique, et l'autre interne, au sein même du religieux. Politiquement, cette restauration ne pourra advenir que lorsque le pouvoir politique protégera sincèrement les lieux de cultes chrétiens, notamment catholiques, en France, et coopérera à une politique active de soutien aux Chrétiens persécutés dans le monde. Le christianisme pourrait donc, de ce point de vue, redevenir une sorte de religion d’État (encore que le concept de « religion d’État » reste pour moi assez flou). D'un point de vue religieux, il faudra promouvoir une caste de prêtres qui soient de grands lucides, qui sachent faire preuve de connaissances et de virilité intellectuelle, loin des prêtres-bisounours d’aujourd’hui. Je crois que la Foi et la Raison ne s'opposent pas dans le christianisme (mais je ne suis pas théologien) : malheureusement, aujourd'hui, on n'a ni l'une ni l'autre, ni la virilité intellectuelle, qui permettrait d'allier des deux. Nous avons besoin de prêtres qui appellent un chat un chat, et non pas de pâles fantômes qui se contentent de bêler que nous sommes tous frères d'un bout à l'autre de la planète. Ne jamais froisser personne, ne jamais même froisser la gauche, voilà à quoi en sont réduits nos prêtres ! Je me rappelle d'une conversation dans un vide-grenier avec un curé de gauche de ma connaissance, habillé en civil ; « J'ai viré nationaliste », lui dis-je, par provocation... Il m'a regardé d'un air effrayé, à croire qu'il avait vu le diable !

    7)RN76 : Nous reprochons régulièrement à nos camarades nationalistes d’être trop romantiques, de n’avoir qu’une vision essentiellement culturelle de la politique. En revanche, la gauche marxiste a souvent été aveugle face aux problèmes civilisationnels du fait de son matérialisme et de sa limitation à la seule grille de lecture économique et sociale.
    Pensez-vous qu’une synthèse soit possible, comme l’ont tenté Georges Valois, Ernst Niekitsch, Jan Thiriart ou, pour certains, Alain Soral
     

    Je vais vous décevoir, je ne suis qu'un inculte, à part Alain Soral, je n'ai pas vraiment fréquenté tous ces auteurs que vous citez. C'est d'ailleurs typique des anciens gauchiste qui ont perdu dix ou vingt ans de leur vie à lire les âneries du Système. J'envie la culture gigantesque de certains nationalistes originels ! Il m'est donc impossible de faire un exposé de spécialiste sur la question. Mais sur la ligne générale, c'est vous qui avez raison. Le nationalisme ne saurait transiger sur la question sociale, sous peine de redevenir un faux-nez du capitalisme cynique et oligarchique. Pour cette raison, le nationalisme doit étudier le monde du travail, et manifester de l'empathie pour lui, y compris avec une grille d’analyse marxienne. Le nationalisme n'appartient pas à la haute bourgeoisie, fût-elle intérieure, même si celle-ci n'est pas à mépriser, puisque ses intérêts s'opposent à ceux de la bourgeoisie comprador transnationale et apatride, la plus riche et la plus cynique de toutes. Pour cette raison un certain socialisme et un certain nationalisme doivent s'unir. Gauche du travail, droite des valeurs, le slogan est bon, je me réjouis qu'il soit entendu. Un nationalisme totalement anti-social est une contradiction dans les termes, puisqu'il livrerait le peuple, et donc la nation, à une bourgeoisie cynique et oppressive. Cela me rappelle une caricature où l'on voit un capitaliste cynique déclarer, en fumant un cigare, je crois : « Je suis un bon Français, puisque, dans toute ma vie, je n'ai embauché, exploité et licencié que de bons Français ! » Pour cette raison, il faut soigneusement éviter les alliances avec les faux-nez patriotiques de la droite mondialiste, notamment tous ces mouvements issus de l'UMP, qui sont à la droite mondialiste ce que Mélenchon est à la gauche mondialiste : une instance de rabattage des voix sur les partis du Système. Je laisse de côté la question du FN ; je crois qu'il existe au moins 5 ou 6 FN à l'intérieur du FN, des tendances les plus sincèrement nationalistes aux tendances les plus crypto-systémiques.

    8) RN76 Avez-vous l’intention de continuer à vous engager politiquement et idéologiquement ? Si oui, dans quelles directions ?

     Je suis, disons, un peu fatigué... Je reste un militant patriote, et je suis disponible pour des interventions, des conférences. Mais faire de la politique dans un parti, c'est une chose que je ne sais pas faire. Je suis déjà une personne publique en tant que fonctionnaire de l’Éducation nationale. Je ne vous cache pas que j'ai quelque envie de rester un peu en retrait. Cela dit, on peut évoluer. Je deviendrai peut-être politicien un jour, allez savoir...

    9) RN76: Rapidement, que souhaitez-vous concrètement pour l’avenir politique de notre pays ?

    L'urgence a mon avis est de rétablir la sécurité et de mettre fin à la politique d'inversion des valeurs, d'impunité et de protection des criminels par les institutions. Il faudrait que la France redevienne souveraine et qu'elle rompe aussi avec la culture immigrationniste, qui aggrave les problème sans toutefois les créer (les problèmes ont comme origine l'inversion des valeurs, l'immigration elle-même n'étant qu'un facteur aggravant, fût-il très aggravant). Cela dit, toute cette « restauration » repose sur une seule chose : il faut que la masse cesse de consentir et de pratiquer l'aveuglement volontaire, comme mes collègues en salle des profs qui ne savent rien, absolument rien de l'actualité, ce qui est un comble pour des gens qui disent à leurs élèves : « Informez-vous » ! Même l'oligarchie, si puissante soit-elle, n'est pas à l'origine directe de nos problèmes ; le problème est le consentement, encore très majoritaire, de la masse, de l'homme-masse. Récemment, Vincent Reynouard a publié une vidéo sur ce thème, son allocution prononcée à la Fête des patriotes en septembre 2013, intitulée « Être inaccessible au découragement ». Il y tient le même discours qu'Ortega y Gasset, et près d'un siècle plus tard. J'ai toujours été effaré, autant chez les enseignants que dans d'autres couches de la populations, de l'ampleur du consentement au Système. J'ai moi-même écrit un article intitulé « La France crève parce qu'elle est un peuple de victimes consentantes ». La minimisation systématique des faits-divers criminels, notamment, est une constante des conversations quotidienne. Des supplices, des viols, des horreurs en tout genre deviennent de simples « échauffourées »... Pendant ce temps, les protestataires sont désignés comme « fascistes », y compris s'ils ont eux-mêmes subi des horreurs. Le Français-masse n'éprouve aucune empathie pour ses compatriotes, et se croit intouchable. En clair : excusez-moi, mais c'est un con, un con qui touche le fond de la connerie, et en même temps un salaud, au moins un salaud passif. Le plus dur des combats, c'est donc le combat contre nous-mêmes. Personne ne peut dire si nous le gagnerons un jour. J'espère que vous me pardonnerez ce pessimisme, et le mépris indéfectible que j'éprouve pour mes compatriotes-masse, pour les foules, pour les bouffeurs de chips devant la télé comme je les appelle (je tiens cette expression de Pierre Hillard). Je l'ai écrit des tonnes de fois : le pire ennemi du Français de souche, c'est le Français de souche, ce « barbare vertical » dont parlait Ortega y Gasset en stigmatisant, quant à lui, l'Espagnol moyen débile et fêtard des années 20-30.

    10) RN76: Pour terminer, pouvez-vous nous donner en quelques lignes votre définition personnelle de la France, et de ce qu’est être français ?

    Être Français, c'est refuser d'être aveugle sur la France. Je vous renvoie aux développements précédents. Les Français, de souche ou de branche, qui se complaisent dans l'aveuglement et la bassesse, ne sont que des hommes-masse. L'homme-masse est international (et mondialiste).

    11) RN76: Nous vous remercions sincèrement du temps que vous nous avez accordé et nous espérons vous recroiser au cœur de ce combat perpétuel qu’est le nationalisme révolutionnaire et social.

    Non, c'est moi qui vous remercie d'avoir invité un tout petit intellectuel comme moi à s'exprimer sans faux-semblants. A très bientôt de vous lire ou de vous écouter.

    Source: RN76

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com/archive/2014/01/12/entretien-avec-jacques-philarchein-questions-preparees-par-g-5269570.html

  • Les Etats-Unis sont derrière les attentats de Volgograd

    Les Etats-Unis sont derrière les attentats de Volgograd Algeriepatriotique : Quelle analyse faites-vous de la dégradation de la situation sécuritaire en Russie après les deux actes terroristes perpétrés à Volgograd ?
    Alexandre Douguine : Je ne crois pas qu'il s’agisse de dégradation de la situation sécuritaire en Russie. Certains actes terroristes sont presque incontrôlables quand il est question des régions ayant des populations plus ou moins homogènes qui soutiennent, dans une certaine mesure, des groupes terroristes comme c'est le cas au Caucase du Nord, en Russie. Le fait que l'activité des terroristes s’accentue ces derniers temps montre que les forces qui veulent déstabiliser la Russie se focalisent sur les Jeux olympiques de Sotchi. Les Etats-Unis et les pays de l'Otan veulent montrer Poutine, qui s’oppose radicalement au libéralisme et à l’hégémonie américaine, comme un «dictateur» en comparant Sotchi à Munich à l'époque d’Hitler. C'est la guerre médiatique. Dans cette situation, les forces qui soutiennent la politique hégémonique américaine, avant tout les réseaux sub-impérialistes locaux – comme les wahhabites soutenus par l’Arabie Saoudite –, cherchent à confirmer cette image en faisant de la Russie un pays où il n’y a pas le minimum de sécurité et qui est prêt à installer la dictature en réponse aux actes terroristes qui visent essentiellement les Jeux olympiques de Sotchi chers à Poutine. On sait que le chef des renseignements saoudiens, Bandar Bin Sultan, a proposé à Poutine de garantir la sécurité en Russie en échange de l'arrêt de l'appui russe à Damas. Poutine a piqué une colère et refusé cela d'une manière explicite, en accusant les Saoudiens d'être des terroristes, ce qu'ils sont en vérité, pire que ceux qui servent les intérêts des Etats-Unis. Donc, les groupes wahhabites qui activent en Russie, téléguidés par les Saoudiens et à travers eux par leurs maîtres de Washington, ont accompli la menace de Bandar Bin Sultan. En fin de compte, ce sont les Etats-Unis qui attaquent la Russie de Poutine, afin de le châtier pour sa politique indépendante et insoumise à la dictature hégémonique américaine et libérale.
    Qui en est à l'origine ?
    Je crois que je l'ai expliqué dans ma réponse à la question précédente. Quant aux organisateurs concrets de cet acte terroriste, je n'en sais pas plus que les autres. Il semble que ce sont des réseaux wahhabites du Caucase du Nord et les femmes de terroristes liquidés par les services spéciaux russes. Je crois qu’elles sont ignoblement utilisées par les chefs cyniques, consciemment ou inconsciemment, qui travaillent pour les intérêts des Américains.
    D'aucuns estiment que ces attentats terroristes sont la conséquence du soutien indéfectible de la Russie à la Syrie et à l'Ukraine. Etes-vous du même avis ?
    C'est absolument correct. Il s'agit du «châtiment américain» accompli par les complices des Américains par le biais des Saoudiens.
    Quelles vont être les mesures que prendra le Kremlin pour parer à une escalade de la violence dans le pays ?
    Je crois que la montée de la violence durant la période des Jeux olympiques de Sotchi est inévitable. J'espère qu’à Sotchi on réussira quand même à contrôler la situation, mais c'est théoriquement impossible de le faire dans les régions qui l'entourent et qui sont organiquement liées à certains groupes de population du Caucase du Nord où se trouvent les bases principales des terroristes. Cette fois, ce n'est pas la Tchétchénie qui est au centre du dispositif du terrorisme, mais plutôt le Daguestan et la République de Kabardino-Balkarie. On essayera de faire pour le mieux, mais il ne faut pas oublier qu’on a affaire à une grande puissance mondiale, celle des Etats-Unis, qui nous attaque. C'est un défi sérieux qui demande une réponse symétrique. Donc, on verra...

    A Douguine http://www.voxnr.com/cc/d_douguine/EFlAVFVlVZFhzQEmIV.shtml

    Propos recueillis par Mohamed El-Ghazi

  • Entretien avec Génération Résistante, un des soutiens de Jour de Colère

    Génération Résistante fait partie des soutiens de Jour de Colère…Nous avons pu nous entretenir avec un des responsables du collectif pour en savoir un peu plus…

    MPI: Pourriez-vous nous présenter votre association et ses objectifs?

    Génération Résistante: Comme beaucoup de mouvements d’opposition au gouvernement, Génération Résistante tient ses racines dans les manifestations contre le projet de loi du mariage pour tous.
    Cette période de prise de conscience pour un grand nombre de français a fait émerger une envie forte de réveiller les esprits silencieux. Un combat intergénérationnel, regroupant français de 7 à 77 ans. Ainsi, on aurait pu croire à un choc des générations se traduisant en un rassemblement faible, mais aux contraire, une seule génération était observable, la génération des français de la Résistance d’hier, d’aujourd’hui, mais surtout de demain.

    Génération Résistante a voulu entreprendre ce souci de représenter ces personnes qui ont lutté pour la préservation des valeurs fondamentales qui font notre société.

    Arrivé sur les réseaux sociaux fin Mai 2103, la volonté du collectif a été immédiatement d’être apolitique. C’est la mise en avant d’une désobéissance civique mais pacifique: « Désobéir, c’est servir ». Un leitmotiv qui a pour ambition de recueillir chaque personne qui ne se reconnaît pas ou plus dans le gouvernement actuel. Chaque citoyen a sa raison de résister, nous lui donnons l’opportunité de l’exprimer.

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