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entretiens et videos - Page 850

  • Georges Berthu : « La fin de l’euro est inéluctable »

    La monnaie unique, la majorité n’en voulait pas. Et de grandes voix autorisées comme celles de Maurice Allais ou Robert Mundell (tous deux Prix Nobel d’économie) prévenaient qu’une monnaie multinationale ne serait pas viable. L’euro a néanmoins réussi à démarrer grâce à l’alliance contre-nature des deux grands ennemis des frontières nationales : les eurocrates fédéralistes et la finance mondiale qui s’enrichit en jouant sur les différences de conditions salariales. L’échec de l’euro, prévisible, est aujourd’hui cuisant et ce sont peuples qui paient et paieront.

    Le constat de Georges Berthu, ancien député européen, et auteur de nombreux ouvrages visionnaires sur le sujet, est sans concession :

    « La fin de l’euro est inéluctable » et ce en raison des « caractères fondamentaux de cet étrange système européen : l’ouverture des frontières aux échanges inéquitables et aux flux humains déracinés, joue le rôle d’un choc asymétrique qui fait diverger les États les uns des autres ; la divergence s’inscrit sur l’appauvrissement des populations, les déficits publics et les endettements qui ne sont pas maîtrisables. »

    L’auteur de « A chaque peuple sa monnaie » (1998) propose que l’Europe sorte du piège « diabolique » euro + libre-échangisme, que les gouvernements resserrent leurs dépenses publiques, révisent leurs politiques publiques, reprennent en main leurs frontières et renégocient entièrement les accords commerciaux européens. [...]

    Dans “A chaque peuple sa monnaie” paru en 1998, vous annonciez l’échec de l’euro, machine à fabriquer du chômage en l’absence de zone monétaire optimale. Comment l’euro a attaqué et continue d’attaquer la compétitivité française ?
    A l’origine, on nous annonçait que l’euro allait améliorer la compétitivité des pays européens. D’abord, parce qu’en introduisant davantage de transparence sur les prix à l’intérieur de la zone, il allait stimuler la concurrence. Et aussi parce qu’une gestion monétaire unifiée allait produire des synergies, des économies d’échelle, un élargissement des marchés financiers, bref une rationalisation générale qui ne pouvait qu’être favorable à la performance de la zone.

    Mais comme toujours avec l’euro, rien n’est tout blanc ou tout noir. Il y a des avantages et des inconvénients qu’il aurait fallu savoir pondérer avec prudence. C’était la méthode que je préconisais dans « A chaque peuple sa monnaie ». Mais à l’époque il y avait une véritable hystérie pro-euro. Les gouvernants n’ont rien pondéré du tout.

    Aujourd’hui, avec un peu de recul et avec l’expérience, il devient plus difficile de nier les inconvénients. Du point de vue de la compétitivité, il y a une contradiction flagrante : à l’heure où tout le monde demande de la flexibilité pour résister à la concurrence dans un monde en mouvement, l’unification monétaire a installé au cœur de l’Europe une zone de change parfaitement rigide.

    Plus question d’ajustement souple des monnaies les unes par rapport aux autres en fonction de l’évolution de chaque pays. Et en plus cette rigidité contamine les secteurs périphériques, comme la coordination budgétaire.

    Nous avons réinventé à l’échelle européenne un système rigide, une sorte de copie, dans son esprit, de l’étalon-or de triste mémoire.

    Au total, les inconvénients du point de vue de la compétitivité s’avèrent supérieurs aux avantages. Et cela arrive au plus mauvais moment, puisque simultanément ou à peu près, l’Union européenne a intensifié la concurrence des pays tiers en signant les accords de Marrakech.

    Face à une monnaie contraire à nos intérêts, quelles alternatives s’offrent à nous ? Peut-on modifier le fonctionnement de l’euro, de la banque centrale européenne, ou la fin de la monnaie unique est-elle inéluctable ?

    On peut bien sûr essayer d’améliorer le fonctionnement de l’euro, et les gouvernements le font régulièrement. On a mis en place des mécanismes européens de soutien aux pays en difficultés, la Banque Centrale s’est mise en position d’aider les banques, de racheter la dette des États sur le marché secondaire. Ces modifications peuvent faire illusion pour traiter les crises dans des pays petits ou même moyens, mais elles seront impuissantes lorsque la crise se propagera à un grand pays.

    Et elle se propagera forcément. Il ne faut pas se laisser étourdir par les discours des politiciens et des banquiers centraux. Nous devons au contraire ne jamais perdre de vue les caractères fondamentaux de cet étrange système européen : l’ouverture des frontières aux échanges inéquitables et aux flux humains déracinés, joue le rôle d’un choc asymétrique qui fait diverger les États les uns des autres.

    La divergence s’inscrit sur l’appauvrissement des populations, les déficits publics et les endettements qui ne sont pas maîtrisables, sauf à faire appel à la solidarité des pays entre eux. Mais comme un nombre grandissant a besoin d’aide, la solidarité va devenir insupportable pour le petit nombre de ceux qui restent. Or cette solidarité est un pilier constitutif de l’euro. Sans elle, il s’écroule.

    Si l’on considère ces fondamentaux, la fin de l’euro est inéluctable, quels que soient les petits artifices et les montages financiers branlants qui sont imaginés aujourd’hui par les gouvernements européens.

    J’avais posé la question à Jacques Sapir, je vous la repose : est-ce que la sortie de l’euro (si vous trouvez cette expression juste, parce que je ne vous ai pas vu l’utiliser, ni celle de « dissolution » ou de « démontage » de l’euro) est la pire des solutions à l’exception de toutes les autres ?

    Effectivement, je n’utilise pas l’expression « sortie de l’euro », car je crois que c’est une fausse fenêtre. Ceux qui l’utilisent pensent à une sortie concertée, volontaire, organisée. Une sortie qui résulterait d’une négociation dans le calme, dans la transparence, entre gouvernements de bonne volonté qui se rallieraient tous à une solution de bon sens et d’intérêt commun. Mais ce monde féérique n’existe pas.

    Vous pensez bien que les hommes politiques et les partis dits « de gouvernement », qui ont tous trempés dans la mise œuvre de l’euro, qui se sont trompés et qui ont trompé leurs concitoyens, qui nous ont plongé dans un système au coût démesuré – quelle qu’en soit l’issue d’ailleurs – ne vont pas tout d’un coup reconnaître leurs erreurs.

    Au contraire, ils vont essayer de tenir le plus longtemps possible, et plus cela durera, plus cela coûtera cher finalement.

    L’issue la plus probable, c’est une rupture du système dans les cris et les larmes le jour où les divergences entre les États seront devenues insoutenables. Ce jour là, on n’en sera plus à calculer le coût de telle variante par rapport à telle autre. On n’en sera plus à rêver à ce qui serait souhaitable. Le système se détruira parce qu’il ne pourra plus tenir, tout simplement.

    Tous les pays de la zone euro ont-ils intérêt à un retour aux monnaies nationales ? L’Allemagne, par exemple, réalise deux tiers de ses excédents commerciaux sur les pays de la zone euro, privés de l’arme de la dévaluation. N’entrerait-elle pas en récession ?

    Finalement, je crois que oui, tous les pays de la zone ont intérêt à un retour aux monnaies nationales. Je sais bien que l’Allemagne y a trouvé un grand intérêt, dans un premier temps, parce que ses concurrents européens ne peuvent plus dévaluer et se trouvent pieds et poings liés face aux importations allemandes.

    Mais dans un deuxième temps, ces pays entrent en crise, et l’Allemagne, qui se découvre attachée à eux dans le même système monétaire rigide, sera appelée à faire preuve de solidarité et à mettre la main à la poche.

    Au total l’Allemagne va s’apercevoir qu’il faudra rembourser d’un seul coup ce qu’elle a gagné pendant des années ! Acceptera-t-elle de se ruiner pour sauver les autres ? Probablement pas. Non par égoïsme, mais parce qu’elle s’apercevra que même si elle se ruine, elle ne sauvera personne.

    Elle ne sauvera personne parce que le système diabolique euro + libre-échangisme génère de l’appauvrissement et des déficits à un rythme tel que même elle, l’Allemagne, ne pourra pas faire face pour les autres.

    Quant aux autres États de la zone, en dehors de l’Allemagne et de sa périphérie, leur cas est encore plus clair : ils ont bénéficié de taux d’intérêt très bas, d’abord à cause de l’optimisme des marchés sur l’euro, et maintenant parce que les banques centrales injectent massivement des liquidités. Mais c’est une situation anormale, défendable ponctuellement, mais qui ne peut pas durer éternellement.

    Quand elle prendra fin et que les taux remonteront, les pays concernés resteront avec les pertes de compétitivité et les disciplines imposées. Seul avantage qui subsistera : la satisfaction de participer à un système européen beau comme une usine à gaz.

    La fin de l’euro signifiera-t-elle la fin de l’austérité ?

    Il serait démagogique de faire porter tous les péchés à l’euro. L’euro est un facteur aggravant de la crise, mais ce n’est pas la cause première.

    La cause première est double. D’un côté les pays européens ont depuis longtemps vécu dans le déficit, et cela continue bien que certains parlent d’austérité. D’un autre côté, ces mêmes pays – et pas seulement ceux de la zone euro – ont ouvert leurs frontières inconsidérément, sans chercher à graduer l’ouverture en fonction de ce que leurs économies pouvaient supporter. D’où une déstabilisation générale dont j’ai récemment analysé les mécanismes dans une longue étude sur l’« Observatoire de l’Europe ».

    Donc, première étape dans la réponse à votre question : si l’on veut récupérer notre équilibre économique et budgétaire, il faudra faire des efforts bien au-delà de la fin de l’euro.

    Mais dans votre question, il y a aussi une affirmation sous-jacente : nous serions supposés vivre actuellement une époque d’austérité, sous-entendu « budgétaire ». Ce n’est pas exact. Il y a bien un appauvrissement de la majorité des Français, dû à la déstabilisation de l’économie. Mais en ce qui concerne l’austérité budgétaire, elle n’existe pas.

    Jamais les déficits publics et l’endettement de l’État n’ont été aussi grands. Et ils continuent de galoper parce que beaucoup d’États, dont la France, estiment qu’il faut déverser encore plus de dépenses sociales pour calmer les souffrances des peuples engendrées par la déstabilisation de l’économie.

    D’ailleurs, on pourrait même soutenir que l’euro a eu pour inconvénient supplémentaire et accessoire de différer les mesures d’austérité : après son entrée en vigueur, la bienveillance des marchés a maintenu les taux d’intérêt si bas pour tous les pays membres que beaucoup ont trouvé plus pratique d’emprunter que de faire des réformes. Sous cet angle aussi, l’euro n’a fait qu’aggraver la crise.

    Donc finalement, on ne peut pas limiter la critique à un système, celui de l’euro, qui serait pervers et aurait engendré tous nos problèmes. Il faut remettre en cause en même temps plusieurs politiques publiques enchevêtrées qui amplifient mutuellement leurs effets négatifs. C’est assez compliqué.

    Peut-on imaginer les mesures qu’il faudra prendre au moment de la rupture de l’euro ?

    Des experts travaillent actuellement sur ce sujet, et c’est très bien. Mais il faut rester prudent sur le détail des mesures car évidemment nous ne connaissons pas les circonstances précises qui prévaudront lorsque cette rupture se produira. En tout cas, la concertation risque de n’être pas très grande.

    En gros, nous voyons bien les conséquences d’une rupture pour les pays qui sortiront : dévaluation de la nouvelle monnaie nationale, inflation à deux chiffres temporairement, remontée des taux d’intérêt, redémarrage de la croissance après une période assez dure d’au minimum deux ans.

    Je voudrais insister sur deux points. D’abord, au cas où l’euro perdurerait entre l’Allemagne et ses « clients » périphériques, il faudra relibeller notre dette en nouveaux francs. Sinon, compte tenu de la dévaluation de notre monnaie, la dette deviendrait encore plus écrasante. Je sais bien que les banquiers vont lever les bras au ciel, et qu’ils agiteront le spectre de la faillite – et peut-être certains assureurs aussi.

    Leurs investissements dans les titres publics des pays sortants perdront en effet de la valeur. C’est une conséquence négative qu’il faudra gérer. En tout cas, pour les pays sortants, je pense qu’il n’y a pas vraiment le choix : il faut relibeller la dette dans la nouvelle monnaie.

    Mais surtout, il faut souligner que les mesures à prendre ne concerneront pas seulement l’euro stricto sensu.

    Comme je l’ai dit, ce que l’on appelle improprement « crise de l’euro » est en réalité une crise de l’euro et de plusieurs autres politiques publiques qui enchevêtrent leurs effets. Donc cela signifie que les gouvernements devront agir sur plusieurs registres à la fois, notamment celui du resserrement des dépenses publiques, d’une véritable révision des politiques publiques, d’une reprise en mains des frontières et d’une renégociation des accords commerciaux européens.

    Ce dernier point est très important. Pour qu’une dévaluation ait des effets positifs, il faut que l’économie puisse redémarrer. Et pour qu’elle puisse redémarrer assez vite, il faut que ses meilleures activités n’aient pas été toutes délocalisées. Sinon, il faudra relocaliser, c’est-à-dire attendre les effets positifs d’une renégociation des accords commerciaux européens. Or cela peut prendre assez longtemps.

    Et en plus, bien entendu, certains de nos partenaires européens ne voudront pas renégocier les accords commerciaux. Ils voudront rester dans un système libre-échangiste. Il faudra donc aller vers des formules de coopérations différenciées au niveau européen. Tout cela ne sera pas simple. Il faudra qu’à la fin d’un système monétaire rigide corresponde la fin d’une Europe rigide.

    On voit à quel point l’attentisme des gouvernements actuels est désastreux : le temps passe, l’industrie délocalise, le redressement sera encore plus difficile le moment venu, lorsque l’euro se rompra. Mais nous n’y pouvons rien. Nous aurons seulement l’amère satisfaction d’avoir dit ce qu’il fallait au moment où il le fallait.

    Appelez-vous toujours de vos vœux un nouveau système monétaire européen, avec une monnaie commune superposée aux monnaies nationales ?

    La proposition d’un système européen doté d’une monnaie commune, se superposant aux monnaies nationales sans les éliminer, était présentée il y a une vingtaine d’années dans un but bien précis : intercaler une étape intermédiaire avant la monnaie unique, permettant de tester prudemment certains aspects du système avant de faire le grand saut. Et bien sûr, je pensais que le test serait négatif.

    Les circonstances aujourd’hui ne sont plus les mêmes : nous avons fait le grand saut, et d’ailleurs nous allons nous écraser. Je ne vois plus très bien ce que la monnaie commune pourrait nous apporter.

    Mais on peut toujours essayer de réfléchir à d’autres systèmes monétaires, à condition qu’ils soient souples : par exemple recréer un « serpent monétaire » auquel participeraient les États sortis de l’euro, avec leurs nouvelles monnaies nationales, et l’euro lui-même s’il en subsiste un pour certains pays.

    Je ne veux pas interdire les réflexions. Encore une fois, nous ne connaissons pas à l’avance toutes les circonstances de la fin totale ou partielle de l’euro. Mais franchement, je pense qu’avec la fin de la monnaie unique et compte tenu des souffrances qu’elle aura engendrées, tout le monde sera dégoûté pour un moment des mirifiques montages monétaires européens. C’est aussi, hélas, une des conséquences de l’euro que nous avions prévue depuis longtemps.

    Mais nous vivons d’espoir. « A chaque peuple sa monnaie » était aussi un plaidoyer pour une Europe de la libre coopération, respectueuse de ses peuples, appuyées sur ses démocraties nationales qui d’ailleurs auraient bien besoin d’être revivifiées elles aussi. Voilà un chantier digne de tous nos efforts.

    Vous avez évoqué à plusieurs reprises les responsabilités des gouvernements européens. Pouvez-vous préciser comment on en est arrivé à la situation que vous dénoncez ?

    Il faudrait un livre entier pour répondre à votre question. Je donnais déjà des éléments de réponse dans « A chaque peuple sa monnaie ». Vous en trouverez aussi dans le livre « La sale guerre de la monnaie européenne » écrit en 1996 par Bernard Connolly, un fonctionnaire européen qui, à l’époque, était au cœur de la préparation de la monnaie unique.

    Pour résumer, il n’y avait pas a priori de majorité en Europe pour une unification monétaire. C’était une aventure trop risquée, à moins de lancer tous les pays dans une construction politique de type fédéral. Mais de cette construction fédérale, personne ne voulait car elle ne correspondait pas à l’état de l’Europe : il n’y a pas de zone monétaire optimale pour une unification parce que, avant tout, il n’y a pas de zone politique optimale pour une fédération.

    Les conditions n’y sont pas réunies pour faire vivre une démocratie européenne. Bref, en un mot, le projet d’unification monétaire était destiné à avorter.

    Il a néanmoins réussi à démarrer grâce à l’alliance contre-nature des eurocrates fédéralistes et du très grand patronat, celui qui travaille à l’échelle internationale et gagne beaucoup d’argent en jouant sur les différences de conditions salariales. Ce très grand patronat n’avait pas vraiment besoin de l’euro, il pouvait vivre sans lui – Jacques Calvet l’avait bien expliqué – mais il avait besoin d’une Europe qui démolisse les frontières.

    Le projet de l’euro, qui devait renforcer les pouvoirs de cette Europe démolisseuse, leur convenait en ce sens. Ils l’ont donc soutenu par tous les moyens d’influence à leur disposition.

    Aucun de ces deux groupes ne pouvait à lui seul porter le projet de la monnaie unique. Mais alliés, ils étaient complémentaires et représentaient une force bien plus considérable.

    Pris en tenailles entre les manœuvres des eurocrates, très bien décrites par Bernard Connolly, et les exigences de ce très grand patronat, les gouvernements n’ont pas su résister. Ils ont lancé le projet, et réussit le lancement. Mais évidemment les réalités sont toujours là, et le succès ne suit pas. Ce sont les peuples qui paieront.

    Cette triste histoire devra servir de leçon. Notre « gouvernance » européenne donne un pouvoir démesuré aux eurocrates, et elle présente incontestablement une fragilité face aux exigences de la finance internationale.

    Recentrer l’Europe sur les démocraties des différentes nations, c’est aussi vouloir réparer cette fragilité.

    Liberté Politique  

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  • L'héritage de Dominique Venner

     

    L'héritage de Dominique Venner
    L’historien et essayiste, ancien combattant de l’Algérie française et fondateur de la Nouvelle Revue d’Histoire (NRH) s’est donné la mort le lendemain de Pentecôte devant l’autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris, laissant un testament politique dans lequel il appelait à des actions spectaculaires et symboliques pour « ébranler les somnolences », expliquant que « nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes »… De nombreux hommages lui ont été rendus.
    Entretien d’Aliénor Marquet avec Philippe Randa qui lui a consacré un chapitre de son livre Ils ont fait la guerre. Les écrivains guerriers, préfacé par Jean Mabire (éditions Déterna, « Documents pour l’Histoire », 3e édition).
    Quel souvenir vous a laissé votre première rencontre rencontre avec Dominique Venner ?
    Il s’agissait de l’interviewer pour la revue Hommes de Guerre, dirigée par Jean Mabire. Le souvenir d’avoir affaire à quelqu’un qui savait très exactement, très minutieusement, comment devait se dérouler notre entretien. Il avait préparé questions et réponses ; les premières rejoignaient celles que j’avais préparées et donc « l’interview » pour article a été rapidement exécuté… Nous avons pu passer la suite de notre déjeuner dans une discution qui n’a fait que confirmer que Dominique Venner était quelqu’un dont la vision du monde, l’action et la pensée était parfaitement réfléchies, organisées…
    Qu’il ait mis fin volontairement à ses jours ne m’étonne donc pas ; c’est dans la droite ligne de son personnage.
    Certains qualifient Dominique Venner de « réformateur du nationalisme français » et même de « créateur de l’extrême-droite moderne » ; partagez-vous cet avis ?
    Pour ma part, j’ai toujours été plus sensible au Dominique Venner historien que théoricien. Peut-être parce que je ne l’ai pas connu à l’époque où il était engagé politiquement… Je suis même assez surpris que beaucoup l’appréhende comme un théoricien, mais c’est un fait… Si par ailleurs, j’ai eu toujours de très bons contacts avec Dominique Venner, je n’en ai jamais été proche, comme je l’ai été de Jean Mabire, par exemple… Si cela avait été le cas, mon opinion serait sans doute différente.
    Vous partagez avec lui une vision européiste pour l’avenir de notre pays… Ne pensez-vous pas que l’Union européenne actuelle a déconsidérée une telle vision ?
    La ligne « souverainiste », défendue par un éventail assez large de la classe politique, ne me semble pas être d’un dynamisme remarquable, se contentant généralement de pointer les défaillances évidentes de l’Union européenne actuelle… Étant pour ma part un partisan de l’Europe des régions, je ne peux que reconnaître la justesse de la plupart des critiques émises par les souverainistes, sans adhérer le moins du monde à leur obsession d’un retour au pré carré des Nations… Pour faire une comparaison avec votre prochaine question, c’est comme les critiques que certains émettent sur les religions monotéïstes en prônant un retour à des religions polythéïstes mortes, mais qu’ils envisagent pourtant avec le plus grand sérieux de ressusciter.
    Êtes-vous choqué par l’endroit choisi par Dominique Venner pour mettre fin à ses jours ?
    Dominique Venner a laissé une lettre expliquant qu’il admirait ce lieu de culte, « génie de ses aïeux » et ne voulait en rien choquer les chrétiens, mais « choquer » dans le sens de « réveiller » sa « patrie française et européenne » ; il a demandé à ses proches de comprendre le sens de son geste… Prenons acte de ses intentions. Quant à être fondateur de quoi que ce soit, je ne le crois pas… Nous sommes à une époque où un suicide, quelles qu’en soient les motivations, est perçu comme le simple acte d’un déséquilibré… Comme l’a dit Alain Soral à Nicolas Gauthier dans un entretien paru sur le site Boulevard Voltaire : « L’immense majorité des soumis, n’y verront que “le bon débarras d’un vieux con d’extrême droite” et sont déjà passés à autre chose… » On ne peut, hélas, être plus cyniquement réaliste.
    Dominique Venner n’ouvrait pas les colonnes de la NRH à certains auteurs jugés sulfureux… Pensez-vous que l’intérêt de la revue de Venner – qui savait jusqu’où aller trop loin –, n’était pas justement, en ne franchissant pas la ligne rouge, de pouvoir durer et toucher un public « hors milieu » par le biais de sa distribution en kiosque ?
    J’ignore absolument tout de la non-collaboration de certains auteurs à sa revue et des motifs pour cela… Qui sont les « On » et de quels droits reprochent-ils les choix de collaboration d’un directeur de publication ? Il est quand même, me semble-t-il « maître et charbonnier chez lui »… Pour ma part, quand j’émets des reproches, c’est sur un texte qui a été publié et non sur ceux qui ne l’ont pas été… Et pour ma part toujours, je juge ce qui a été écrit et non pas par qui cela a été écrit… Les collaborations à la NRH ont été suffisamment éminentes, riches et multiples pour qu’on s’en réjouisse sans chercher chicagne sur celles qui n’y ont pas figurées.
    Votre politique éditoriale est différente…
    J’applique évidemment dans ma politique éditoriale ce que je viens d’expliquer… Libre à ceux que je n’ai pas publié pour des raisons que leur ai indiqué et qui ne regardent qu’eux et moi, d’en penser ce qu’ils veulent… Quant à ceux qui jugent les auteurs ou les œuvres que j’ai ou vais publier dans le futur comme des « provocations », c’est participer à la diabolisation de certains auteurs, de certaines pensées, c’est admettre implicitement qu’on ne peut pas lire certains livres ou certains auteurs pour comprendre le passé ou répondre aux défis du présent, mais simplement pour « faire du buz », selon une expression contemporaine… Si certains me considèrent comme un provocateur, qui puis-je ? Je n’ai pas de temps à perdre avec eux.
    Dominique Venner avait ses choix de collaboration, j’ai les miens éditoriaux… Je doute que lui m’ait considéré comme un provocateur, pas plus que je ne l’ai considéré comme d’une trop grande prudence… « On » peut bien penser ça de lui ou de moi… Je doute qu’un tel jugement l’ait beaucoup chagriné de son vivant. Quant à moi, ai-je besoin d’être plus explicite ? Sinon, je peux citer Michel Audiard qui avait des saillies assez justes pour qualifier tous les « On » de France et de Navarre. Et d’ailleurs !
    La dichotomie nationaux/nationalistes qu’il avait introduite s’appliquerait donc aussi à la presse et à l’édition ? Et lui, le révolutionnaire, aurait tenu le rôle du national pendant que vous tenez celui du nationaliste ?
    Je suis fatigué de l’éternel débat entre « nationaux » et « nationalistes », entre « révolutionnaires » et « réactionnaires », entre « républicains » et « fascistes »… C’est un vocabulaire obsolète qui empêche tout véritable débat et ne correspond plus en rien à notre siècle. Que l’on prenne position sur des débats actuels avec un vocabulaire adapté me semble plus fécond… Quant à savoir si Dominique Venner ou moi-même ou d’autres encore tiennent des « rôles » et quelles sont les différences entre nous, c’est vouloir absolument étiqueter les uns et les autres… L’ennui, avec les étiquettes, c’est qu’elles correspondent rarement à la réalité et n’ont d’autres finalités que réduire l’expression ou la crédibilité de ceux qui en sont victimes… Intéressons-nous à ce qu’écrivent les uns ou les autres, cherchons à en tirer le bon grain utile de l’ivraie stérile… Pour jouer un rôle, il faut être dans une pièce où un maître-d’œuvre distribue justement les rôles… Je ne pense pas que Dominique Venner ait obéi à qui que ce soit pour « jouer » une partition écrite par d’autres… Ce n’est pas mon cas non plus.
    Quel regard le professionnel de la presse et de l’édition que vous êtes porte-t-il sur l’œuvre de Dominique Venner ?
    Dominique Venner a vécu une époque où les idées qu’il défendait n’étaient pas en « odeur de sainteté politique »… Il n’a donc pas connu la notoriété des plateaux de télévisions et n’a guère été invité dans les grandes universités pour débattre comme tant d’autres auteurs de bien moindre talent… Ce n’est pas le seul dans ce cas ; ses amis et complices Jean Mabire ou Jean Bourdier hier, Alain de Benoist aujourd’hui encore, sont cloués au même pilori d’exclusion… Reste son œuvre. Des centaines de milliers, sans doute même des millions d’exemplaires de ses livres, de ses articles, une revue d’histoire qui va perdurer au-delà de sa disparition… Pour ses détracteurs, il a peut-être « débarrassé le plancher », mais il a, à l’évidence, laissé aux générations futures de fructueuses munitions qui pourraient être d’importance pour « refonder notre future renaissance en rupture avec la métaphysique de l’illimité, source néfaste de toutes les dérives modernes », selon ses derniers désirs exprimés dans sa lettre-testament.
    Notes :
    Ils ont fait la guerre. Les Écrivains guerriers, Philippe Randa, collection « Documents pour l’Histoire », éditions Déterna, 304 pages, 31 euros
  • Les forces radicales dans l’islam servent les intérêts des Américains

     

    Les forces radicales dans l’islam servent les intérêts des Américains
    Algerie patriotique : Le président égyptien Morsi, issu des Frères musulmans, a été renversé, et le peuple tunisien demande, à son tour, la destitution du parti islamiste Ennahda au pouvoir. Pensez-vous que les peuples arabes ont pris conscience que le simulacre appelé «printemps arabe» est, à la base, une manipulation au profit de desseins géostratégiques de l'entité sioniste ?
    Alexandre Douguine : Je ne peux pas donner mon avis à propos de tout ce qui se passe dans le monde arabe. Je ne suis pas musulman. Je ne peux donner mon avis que d’un point de vue géopolitique et en tant que Russe qui suit les événements dans le monde arabe.
    Pour commencer, il faut dire que je crois que la situation politique dans le monde arabe était après la période de la décolonisation manipulée par les pouvoirs étrangers. Donc, on ne peut pas parler de gouvernements arabes parce que dans chaque gouvernement arabe, il y a les grandes puissances étrangères qui sont en jeu. Dans les différents pays arabes, il existait des influences. Donc, on peut parler de printemps arabe, aussi, en se rendant compte qu’il s’agit de certaines manipulations de la part de la force extra-arabe. Il y a certaines croyances profondément enracinées dans les sociétés arabes, en même temps, il y a la manipulation. Le souci des peuples arabes d’organiser leurs sociétés sur les bases de leur culture et de leur religion, de leur vision du monde est tout à fait légitime. Dans beaucoup de pays arabes, actuellement, ce sont des régimes politiques postcoloniaux, d’où le désir des populations de se débarrasser de cette tutelle post-colonialiste occidentale. La situation devient, donc, très compliquée parce qu’on ne peut pas être libre dans le monde actuel, dominé par des puissances géopolitiques importantes. On ne laissera pas les peuples arabes choisir librement comment doit être leur vie, leur chemin historique. L’Occident qui prétend être la force unique globale, aujourd’hui, va vouloir toujours manipuler la situation. Il y a également les désaccords dans le monde arabe. Il y a des forces totalement contradictoires et opposées. Par exemple, dans le contexte de l’Egypte, nous pouvons dire qu’il y a deux branches de musulmans radicaux ; le parti des Frères musulmans de Morsi, orienté vers le Qatar, et les salafistes qui sont en contact avec l’Arabie Saoudite. Proches idéologiquement, mais différents politiquement. En même temps, le Qatar et l’Arabie Saoudite sont manipulés géopolitiquement par les Etats-Unis. L’armée égyptienne, maintenant au pouvoir, était bien liée à Washington et à l’Etat d’Israël. La tendance démocrate en Egypte est occidentaliste, alors que certains mouvements nationalistes sont beaucoup plus à l’écoute des besoins du peuple égyptien. Il se trouve aussi qu’ils sont manipulés par l’extérieur et, dans ce cas, la situation devient tout à fait compliquée. Morsi, quand il était au pouvoir, menait une politique en faveur des Etats-Unis d’Amérique et d'Israël. Il a commencé par détruire les bases des Palestiniens et déclaré son hostilité à Bachar Al-Assad. Il a été destitué, mais cela ne veut pas dire que la situation est meilleure. La révolution arabe ou le printemps arabe sont manipulés et dénaturés par les forces étrangères. Je crois que nous avons besoin de rêver de l’islam authentique. Nous avons besoin du sentiment identitaire du monde arabe. Les Arabes doivent décider de leur avenir et construire leurs sociétés sur les bases de leur culture. Seulement, ce n’est pas le cas. Il faut mener jusqu’au bout la lutte anticolonialiste et après cela, on peut songer au futur et à la possibilité de révoltes réelles et non pas manipulées.
    Je crois que l’éviction de Morsi est une bonne chose, car nous avons vu que la société égyptienne refusait sa politique pro-américaine, anti-syrienne, et celle des Frères musulmans en général, parce que l’islam radical et extrémiste n’a rien à voir avec l’islam traditionnel à ce que je sais. Les forces radicales dans l’islam servent toujours les intérêts des Américains, partout. C’est l’analyse objective et sans parti pris. Je crois, donc, que deux forces importantes doivent prendre les décisions dans le monde arabe, au vu des événements qui se déroulent : le peuple arabe lui-même, parce qu’il doit être souverain, libre et indépendant dans ses décisions, et la religion authentique et profondément enracinée dans ce peuple, l’islam traditionnel. Je crois que maintenant il y a beaucoup de personnages qui se proposent d’être les chefs spirituels et religieux alors qu’ils travaillent pour des puissances qui n’ont rien à voir avec le monde arabe, telles que les Etats-Unis, le pays le plus satanique et antireligieux du monde. Le libéralisme occidental est agressif, séculaire, maçonnique et complètement antitraditionnel et je ne comprends pas comment on peut collaborer avec les Etats-Unis en défendant les valeurs islamiques. Je crois que c’est tout à fait contradictoire et, dans ce cas, je suis tout à fait d’accord avec Cheikh Imran Hosein, que je tiens en très grande estime, pour dire que le peuple arabe et le monde musulman ont besoin de retour aux vraies traditions islamiques, ce qui exclut toute collaboration avec les forces de l’Occident qui sont celles du Dajjal.

    D'aucuns estiment que le modèle algérien dans la lutte antiterroriste et ensuite dans la politique de réconciliation pourrait répondre aux besoins de ces nations qui sombrent dans le chaos. Quel est votre avis là-dessus ?
    Je ne suis pas, suffisamment, au courant de la vie politique en Algérie. A mon avis, la situation en Algérie, actuellement, est critique parce qu’il y a tant de contradictions qui ne sont pas résolues. Il y a tant de tensions entre différents groupes, notamment ethniques, tels les Berbères qui possèdent leur propre identité ethnique nationale et culturelle. Il y a aussi la présence évidente de la France et de l’Europe en Algérie jusqu’à ce jour. Il y a, également, des forces ultra-radicales avec l’appui du Qatar et de l’Arabie Saoudite. Et il y a, aussi, certaines demandes légitimes de la population pour qui le pays devra répondre aux besoins de son peuple et non pas à ceux de tel ou tel clan politique ou économique. Cela étant, si la situation reste telle quelle, on arrivera à une crise tôt ou tard. Ce compromis postcolonial qui est en place en Algérie ne peut pas durer éternellement, donc, il faut proposer des solutions, lesquelles ne doivent pas être uniquement pour l’Algérie, mais pour tout le monde arabe ; il faut suggérer des stratégies pour le monde arabe pour ne pas être divisés, manipulés et pour ne pas détruire les Etats et les sociétés, dans des guerres civiles, comme c’est le cas de la Libye, de l’Irak et maintenant de la Syrie. Il y aura beaucoup de morts, mais aucune justice, ni liberté ni identité. Les Arabes doivent penser à leur identité, à leur géopolitique. J’ai écrit un livre, traduit en arabe, intitulé Les Fondements de la géopolitique. En Turquie, mon livre a suscité beaucoup d’intérêt, voire des conséquences politiques. Les Turcs ont adapté la vision eurasiste géopolitique, où dans le centre se trouve l’Eurasie et la Russie, et non pas les Etats-Unis et l’Occident, et ils ont construit sur cette base la vision géopolitique turque. Nous avons besoin d’une chose pareille pour le monde arabe et dans ce cas, il faut baser certaines idées géopolitiques sur l’islam. Ce qui est important, c’est de créer la vision géopolitique du monde arabe dans la situation actuelle, ayant pour centre, non pas les Etats-Unis, l’Europe ou l’Occident, mais plutôt le monde arabe lui-même. Nous avons besoin d’une géopolitique indépendante pour résoudre la situation générale. Mon livre n’a pas été pris comme modèle par le gouvernement actuel, c’est plutôt l’opposition en Turquie qui a tiré toutes les conclusions, parce le régime d’Erdogan suit les ordres de Washington. J’ai voulu dire dans mon livre qu’il faut développer la réflexion géopolitique pour proposer certains projets communs au monde arabe et comment sortir de la tutelle étrangère.

    Pensez-vous que la position de l'Algérie vis-à-vis des événements qui ont secoué la région arabe lui vaudra d'être la prochaine cible des sionistes ?
    Oui, je suis presque certain que l’Algérie sera la prochaine cible. Parce que l’Algérie possède tous les facteurs pour être déstabilisée. Il y a tant de tensions entre le gouvernement, le peuple et les différents partis politiques, ethniques et culturels, qu’ils ne laisseront pas les Algériens tranquilles. Dans les printemps arabes, les forces extérieures ont joué un rôle très important, car dans le monde actuel, nous ne pouvons pas être souverains s’il manque le facteur stratégique. Les pays souverains sont les Etats-Unis, l’Europe unie, la Chine, en partie la Russie et peut-être l’Inde. Les autres pays ne sont plus souverains. Ils ne peuvent pas, dans ce cas, décider de leur futur. Et je crois que l’Algérie ne pourra jamais s’en sortir si elle maintient le statu quo, et si elle n’œuvre pas pour trouver une solution globale pour les problèmes du monde arabe. On ne peut pas isoler un Etat arabe du monde arabe. La structure du monde arabe telle que je la connais est la même pour tous les pays : la même religion, la même langue, plus au moins la même culture et la même situation socioéconomique. Je pense qu’il faut être activement engagé. Ce qui se produit en Syrie concerne chaque Algérien. Tout ce qui se passe en Irak concerne chaque Algérien. Nous ne pouvons pas être libres et indépendants de tout ce qui se produit dans le monde arabe. Ni le Maroc, ni la Tunisie, ni l’Algérie ne possèdent l’immunité contre ces événements. Et pour participer et agir, il faut avoir un programme, ce qui est le cas chez les Occidentaux. Les autorités algériennes sont dans une situation assez difficile : ou elles suivent les ordres de l’Occident ou elles connaîtront tôt ou tard une situation révolutionnaire.
    L’Occident veut installer le pouvoir mondial unipolaire. C’est en quelque sorte le pouvoir de la Bête apocalyptique Dajjal, et il ne laissera jamais tranquilles les autres peuples. On nous ne donne pas la possibilité de nous gouverner par nous-mêmes, on est toujours sous contrôle. Nous, en Russie, qui possédons l’arme nucléaire et beaucoup plus de possibilités et de facilités pour nous gérer de manière autonome, nous sommes sous une grande pression occidentale. Ils veulent nous manipuler comme ils manipulent les autres pays. Nous avons besoin de plan général et commun pour notre lutte afin de créer un monde plus juste, multipolaire en respectant les religions et les peuples.

    L'objectif du salafisme transnational est dévoilé au grand jour dans les pays touchés par ce fléau. Qu’est-ce qui empêche une union de ces Etats pour éradiquer à jamais ce mal ?
    Le salafisme est un courant de l’islam qui, à partir des années 1980, se retrouve manipulé par les Américains. Partout dans le monde, les Américains utilisent, de telle ou telle manière, le salafisme pour leurs intérêts géopolitiques. Le salafisme était absent de l’islam russe. Aucun des musulmans russes n’était partisan du salafisme et cette manière d’expliquer le Coran et les hadiths du prophète Mohamed était tout à fait étrangère aux Russes musulmans. Pour certains, cette tradition du salafisme est naturelle. Ce sont des gens qui ont une foi islamique simple et qui sont inconsciemment manipulés par les Américains. Il faut faire une distinction entre le salafisme politique manipulé par les Etats-Unis et Israël, et les croyants qui suivent cette manière littéraire de l’interprétation du Coran et du hadith. A mon avis et après cette distinction, il faut se poser la question suivante : en étant musulman, peut-on être collaborateur des Américains et les considérer comme un allié dans la lutte contre des ennemis tels les salafistes ou ceux qui ne sont pas contre l’islam ? Je connais des salafistes algériens, en France, qui sont tout à fait bons, anti-américains et antimondialistes. C’est leur opinion religieuse. Ils sont enracinés dans l’islam et croient qu’il faut organiser la vie sur la base de l’islam authentique. Je ne vois rien de négatif en cela. Mais lorsqu’on commence à manipuler les tendances religieuses dans un but géopolitique, cela est une autre chose. Je ne crois pas que nous devons lutter contre le salafisme. Nous devons lutter contre la manipulation des tendances religieuses pour les intérêts géopolitiques et colonialistes des Etats-Unis et des pays de l’Otan.

    Le soutien de la Russie à la Syrie obéit-il à des considérations idéologiques ou stratégiques ?
    Il y a plusieurs raisons à l’appui de Moscou à Bachar Al-Assad. On appuie la Syrie parce qu’elle se trouve dans une zone considérée comme stratégique par la Russie. Après l’arrivée au pouvoir des forces extrémistes en Libye, appuyés par les Occidentaux, l’attitude des Libyens envers la Russie était tout à fait négative. Nous en avons tiré une leçon. Si nous ne soutenons pas le gouvernement syrien actuel, les relations avec la Syrie seront détruites. En même temps, nous avons une base militaire là-bas, donc, il y a aussi une raison pragmatique. Par ailleurs, Poutine comprend très bien que la guerre contre Al-Assad n’est pas une affaire intérieure à la Syrie, mais plutôt une campagne de l’Otan et l’Occident pour faire tomber le gouvernement national, instaurer le chaos, et gouverner avec des marionnettes manipulées par Washington. On peut très bien placer au pouvoir les extrémistes pour avoir le prétexte d’entrer en guerre en Syrie. Moscou ne veut pas laisser les mains libres aux Etats-Unis dans leur politique impérialiste. Si les Etats-Unis et l’Otan peuvent procéder à la manipulation, sans contestation, des autres pays, ce sera la fin de toutes les libertés et de tous les choix possibles. Moscou comprend également qu’après la chute possible du gouvernement de Bachar Al-Assad, la seconde cible sera l’Iran et la troisième nous-mêmes. C’est une opération en trois phases. Détruire Al-Assad, attaquer l’Iran et déstabiliser la Russie à partir du Caucase du Nord où la situation n’est pas très bonne. On y retrouve les mêmes forces qui luttent en Syrie et en Libye, des salafistes manipulés par l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Américains. Ils veulent nous faire subir le même sort. Tout ceci est pragmatique, idéologique et stratégique ; il s’agit aussi du refus de la vision du monde unipolaire.

    Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi http://www.voxnr.com/cc/etranger/EFZyVFklkkIbIscPJK.shtml
  • Marion Le Pen, la Tradition évolutive contre l’élite hostile

    Marion Le Pen est l’une des petites-filles de Jean-Marie Le Pen. Elle incarne très bien cette bizarre dynastie démocratique et elle a été élue à vingt-deux ans à la Chambre des Députés, où elle siège à la commission de la Culture et de l’Education. Militante chevronnée et convaincue, elle a brillamment défendu la position du peuple français contre le mariage pour tous. Oratrice née comme son grand-père, elle défend un monde que l’on veut oublier, fait de foi, de nation, de tradition et aussi de culture et de progrès. Nous lui avons posé un ensemble de questions destinées à éclairer sa personnalité déjà rayonnante et reconnue.

    Questions de la Pravda et réponses de Marion Maréchal Le Pen

    - Melle Le Pen, vous êtes la plus jeune députée française, celle aussi qui a marqué une forte réticence au mariage pour tous. Vous avez tenu un beau discours à ce propos récemment place Dauphine à de jeunes chrétiens : pouvez-vous expliquer à notre lectorat russe les détails de votre position ? Et comment expliquer l’extravagante brutalité de la réaction du gouvernement français ?

    En effet, ce combat me tient particulièrement à coeur et je partage, avec cette jeunesse de France qui s’est levée ces derniers mois, la volonté de défendre le cadre indépassable de nos valeurs et du respect des lois naturelles. Nous avons assisté à la toute-puissance d’un "nano-lobby" qui, à lui seul, avec ses quelques centaines d’adhérents, a réussi à détruire l’institution du mariage comme cadre de la filiation et à mettre le désir individuel des adultes au-dessus de toute autre considération comme le bien-être de l’enfant adopté, et ce, contre l’avis de nombreux pédopsychiatres français reconnus. J’ai également tenu à dénoncer les nombreuses atteintes de la gauche libertaire à nos libertés individuelles : sous-estimation des chiffres de manifestants, centaines de gardes à vue arbitraires, recours excessifs à la violence policière, peine de prison pour délit d’opinion... La démocratie française se meurt sous nos yeux par la volonté d’une élite idéologue qui contraint le peuple français à abandonner toute attache à l’égard de la famille ou de la nation pour mieux imposer son utopie mondialiste. Heureusement, la résistance de ces derniers mois a montré que la conscience française n’était pas morte !

    - La loi Taubira s’applique sur le relativisme moderne et les progrès de la technoscience, et la science ne cesse de progresser en se libérant de toute éthique. Vous avez entendu parler des Google babies, dont les mères porteuses sont en Inde. Pensez-vous qu’une conscience chrétienne ou humaniste puisse encore intervenir dans ces circonstances ?

    En effet, nous arrivons aujourd’hui à l’aboutissement du nihilisme moderne où l’homme n’est finalement qu’une marchandise de plus dans ce règne du libre-échange. Leur conception du "progrès" social est calquée sur l’évolution du progrès technique. Leur étrange raisonnement par analogie les amène à considérer que les sociétés humaines, à l’instar des avancées technologiques, ne peuvent qu’évoluer vers toujours plus d’avancées sociales et donc vers toujours plus de bien. Le véritable danger de cette loi réside dans les dérives qu’elle va entraîner avec l’arrivée de la PMA pour les couples lesbiens puis de la GPA pour les hommes au nom de l’"égalité". L’humain et ses produits ne deviendront plus ainsi qu’un produit consommable parmi les autres au nom du progrès et de l’égalité. Les vrais féministes devraient s’insurger contre ce mépris de la femme.

    - Toujours pour notre lectorat, pouvez-vous nous donner une idée de votre parcours intellectuel et même familial (votre rapport à votre grand-père par exemple) ? Quelle est votre France modèle du passé, s’il y en a une ? Votre grande figure historique ?

    Je viens d’une célèbre famille politique française dont la figure historique Jean-Marie Le Pen déchaîna, durant de nombreuses années, les passions pour avoir porté à lui seul le courant national méprisé et combattu par nos élites au nom de la lutte contre "la haine nationaliste" et les "extrêmes". Ma vie personnelle m’a appris l’adversité, c’est pourquoi aujourd’hui, l’arène politique ne m’effraie pas. J’ai grandi dans l’amour de mon pays dont j’assume chaque erreur et chaque réussite. Comme disait Napoléon : « de Jehanne d’Arc à Robespierre, je prends tout ». Je ne défends pas un conservatisme béat mais un passéisme intelligent car un peuple qui oublie son passé oublie aussi ses erreurs et risque de les renouveler. Ma nation a plus de 1000 ans d’existence et il serait bien réducteur de commencer son histoire à la révolution de 1789. Il y a beaucoup de personnages historiques qui me plaisent ; je n’ai pas de référent particulier mais Jeanne d’Arc est certainement l’une de mes préférées, cette bergère guerrière de 19 ans portée par la Providence pour sauver le pays des Anglais.

    - On a coutume de se plaindre de la jeune génération depuis au moins cinquante ou soixante ans. Comment voyez-vous votre génération - qui est FN à 26 % en France ? Est-elle comme on le voudrait inculte, aliénée par la technologie, les Smartphones et possédée par les médias ? Ou est-elle au contraire plus insoumise et prête à accompagner le mouvement national au pouvoir en France ?

    Les faits sont têtus. Malgré le matraquage idéologique opéré à travers l’Education nationale depuis des années, la jeunesse de France est pleine de ressources. Aujourd’hui cette jeunesse fait le piteux bilan d’une révolution morale soixante-huitarde qui leur a fait bien du tort. La réalité les rattrape au quotidien : chômage de masse, insécurité généralisée, immigration massive. Nous payons les erreurs de nos aînés et la crise économique nous conduit à nous recentrer sur les protections naturelles que sont la famille et la communauté nationale. Le mouvement "Manif pour tous", qui a réuni des millions de personnes durant plusieurs mois, s’est caractérisé par la jeunesse des acteurs. Nous avons vu sortir du bois une jeunesse extrêmement déterminée avec une réelle conscience politique, ne craignant ni le jugement moralisateur de nos élites, ni la répression. Tout cela est extrêmement encourageant pour l’avenir et me donne beaucoup d’espoir car, avec eux, j’ai vu que nous ne serions pas seuls pour remettre sur pied la France de demain.

    - Le Front national que vous représentez monte mais il y a trente ans qu’il monte, alors que vous n’étiez pas même née ! Quels sont les facteurs qui pourraient amener votre parti au pouvoir dans les années sans doute décisives qui viennent ? Etes-vous prêts, alors que vous êtes un parti sans gros moyens ?

    Une des raisons de nos succès électoraux est que les Français voient que ce que nous disons depuis des années est vrai. Je dis souvent que nous avons eu, peut-être, raison trop tôt. Les Français ont désormais compris que le Front national est le seul mouvement qui peut apporter les solutions volontaires et courageuses que la situation actuelle exige ! Je crois que c’est l’effondrement des élites, fascinées par le pouvoir et l’argent, qui amène toujours plus de Français à voter pour nous. Nos adversaires ont échoué partout, sur tout, tout le temps avec une véritable constance. Mes compatriotes sont lassés de cette foire aux nuls. Nous avons moins de moyens que les autres mais cela ne veut pas dire aucun moyen. Nous faisons de la politique autrement et nous avons gardé la culture militante ; nous sommes donc beaucoup plus économes que nos adversaires du PS et de l’UMP.

    - De plus en plus on assiste à un problème étonnant en France, en Europe de l’ouest, dans l’occident tout entier, celui des élites hostiles. Les parlementaires n’aiment pas les gens qu’ils représentent, les bureaucrates ne les servent pas, les journalistes et les médias les méprisent. Comment analysez-vous ce problème des élites hostiles ?

    J’aime beaucoup votre concept "d’élites hostiles" ! Cela résume très bien ce que nous vivons aujourd’hui. La population est, en effet, devenue la variable d’ajustement de la guerre pour plus de pouvoir. Mais un pouvoir non pour servir mais pour se servir. Ces élites se combattent et s’admirent dans le même temps, chacun voulant ce que l’autre possède. Nous sommes dans une satisfaction de l’immédiateté et une volonté échevelée du plaisir égotique sans contrainte. Les peuples sont des enjeux commerciaux et plus du tout idéologiques. Les Trotskistes et les Maoïstes des années 70 sont devenus des rois de la com’ et des média, les gourous de la mondialisation, les grand prêtres de la financiarisation de l’économie. L’Hostilité des élites vient du fait qu’elles ne poursuivent plus les mêmes buts et les mêmes espérances que les peuples. Pire même, ces derniers, parce qu’ils s’accrochent à leur modes de vies, leurs racines deviennent un obstacle aux rêves de toute puissances des maniaques de la globalisation.

    - Dans le même ordre d’idées, comment contrôler l’immigration qui est devenu non plus un problème français (que M. Le Pen soulevait dès les années 70) mais mondial ?

    L’affaire du "Bulldozer de Vitry" a été le chant du cygne du communisme à la française. Le Parti Communiste Français, qui dénonçait l’immigration de masse comme « l’armée de réserve du capital », a cédé aux sirènes du pouvoir avec l’arrivée de François Mitterrand en 1981. Le PCF s’est, petit à petit, marginalisé pour devenir aujourd’hui le porte-parole "des luttes", c’est-à-dire tous les combats des minorités, des sans-papiers, des minorités sans papier. Le peuple a tourné le dos au PCF et, au lieu de faire son examen de conscience, le "parti" à décidé de défendre tout ce qui n’est pas le peuple. Le Front National défend véritablement ceux qui sont les plus fragiles car les plus exposés à l’insécurité, au déclassement et à la folie de la mondialisation. C’est, à mon sens, la raison de notre succès auprès des couches populaires.

    - Quelles seraient vos propositions pour concilier la liberté de mouvement et la préservation des nations ?

    Avant tout, il nous faut sortir immédiatement de l’espace Schengen. Il faut stopper les pompes aspirantes de l’immigration en réservant notre modèle social à nos nationaux et ainsi cesser d’en faire bénéficier le monde entier. Il faut arrêter de fabriquer du Français à tour de bras, sans aucune condition, par le droit du sol qui crée des situations d’immigration intenables, notamment dans nos départements et territoires d’outre-mer. Il faut durcir les conditions d’octroi et de déchéance de la nationalité française. Il faut qu’un étranger qui arrive en France comprenne qu’il doit subvenir seul à ses besoins car la France n’a plus les moyens de le soigner, de le nourrir, de le loger, souvent au détriment de ses nationaux... Et évidemment, pour cela, il faut faire respecter la loi en redonnant aux forces de l’ordre les moyens de mener à bien leur mission.

    - L’Europe est un projet qui a d’abord séduit au temps du général de Gaulle et d’Adenauer, puis effrayé - lorsque vous étiez enfant, et qui enfin vire à l’aigre. Peut-on sortir la France du piège européen ? Et dans quelle condition, sous peine d’éviter d’autres soubresauts plus nationaux ?

    L’idée était de garantir la paix et de permettre aux nations européennes de partager des ressources et des savoirs-faire. L’Union Européenne et sa commission n’ont plus rien à voir avec l’idée fondatrice. Nous allons vers une construction fédérale alors que celle du général de Gaulle était confédérale. Certains vous disent que c’est la même chose. Mais non, cela n’a rien à voir ! La confédération est une union de pays indépendants or le projet de l’actuelle commission a pour but de transférer le plus de compétences possible, comprenez souveraineté, à un groupe sans légitimité populaire.

     

    - Dans la lutte contre le mondialisme et le politiquement correct, Vladimir Poutine est souvent ciblé par la hargne des groupes médiatiques occidentaux. Rêvez-vous comme le général de Gaulle et votre grand-père d’une Europe boréale de l’Atlantique à l’Oural et même au-delà ?

    Il est certain que nous avons beaucoup en commun et beaucoup à partager. Ce qui est sûr c’est que nous avons les moyens et les ressources de proposer une alternative au mondialisme. Notre histoire diplomatique tranche avec celle de l’Angleterre et de l’Allemagne. L’Angleterre, car elle pousse vers le "grand large", comme disait Churchill, et l’Allemagne car elle est toujours dans son idée de Mitteleuropa. Ces deux visions sont assez en contradiction avec les intérêts de la France. Ces deux nations nous verraient très bien relégués dans ce qu’elles considèrent comme la seconde division de l’Europe et qu’elles nomment avec dédain : le Club Méditerranée (France, Italie, Espagne, Grèce...). La vieille Europe est bien compliquée mais je suis persuadée que la France et la Russie ont un intérêt commun à se tendre la main car toutes deux ont la tradition du respect des grands équilibres et de la non-ingérence.

    - Quelle est votre position sur le conflit syrien et le trop fameux printemps arabe ?

    Nous sommes à la remorque de l’Union Européenne qui, elle-même, prend ses ordres à Washington. Nous avons renoncé à une vision géostratégique propre. Le résultat est la montée en puissance des mouvements islamistes les plus radicaux. La Libye et la Syrie sont la preuve du décalage flagrant entre émotion et raison. Ni Kadhafi, ni Assad ne sont de grands démocrates et je ne les défends pas, mais nous devons faire de la prospective. Que nous disent les faits ? Les conflits libyen et syrien ont démontré que l’éclatement d’un état fort crée les conditions de confrontations ethnico-religieuses sans fin et ayant pour toile de fond la montée des groupes djihadistes. Les pays de l’Union Européenne ne cessent de pousser à une déflagration dans le Maghreb et le Machrek. C’est, à mon sens, un aveuglement idéologique coupable. Je crois sincèrement que, d’une erreur de constat, nous sommes aujourd’hui dans l’irrationnel.

    - Vous êtes très jeune et encore bien seule à votre Parlement. Dans le lugubre contexte français, pensez-vous rester en politique très longtemps et à quelles conditions ?

    On ne choisit pas de faire de la politique, ce sont les électeurs qui choisissent ! Malgré tout, je ne suis pas de ceux qui se contentent d’être les spectateurs de leur époque ; je pense donc toujours oeuvrer d’une manière ou d’une autre pour mon pays. Il y a bien des manières de faire de la politique et je ne pourrais pas vous dire celle qui pourrait être la mienne après mon mandat de député. Je n’ai pas de plan de carrière alors j’irai là où ma contribution pourra être la plus utile.

    par Tatiana Popova, <pravda.ru> http://www.france-courtoise.info/?p=1481
  • Entretien avec Arnaud Bordes

     

    Entretien avec Arnaud Bordes
    Arnaud Bordes, vous publiez aux éditions Auda Isarn votre dernier livre Pop Conspiration. Entre espionnage, conspirologie et post punk, l’héroïne, AnneMarie Pop, semble évoluer dans un univers fortement inspiré par Jean Parvulesco. Avez-vous connut le maitre de l’oniroman ? Quelle a été son influence sur vous ?
    Je l’ai rencontré assez régulièrement, vers Saint-Sulpice, ou dans un café près La Muette (lieu qui participait de son esthétique du secret). Il me racontait des anecdotes sur de Roux, Hallier, Bergier…, d’étourdissantes choses sur Staline et le GRU. Nous parlions de littérature fantastique.
    M’a-t-il influencé ? On le dit. D’autant, sans doute, que dans Pop Conspiration les références sont davantage politico-historiques. Et que lui-même y apparaît.
    J’ai cependant toujours apprécié manipuler les références, littéraires, esthétiques. Aussi, cette fois, mes influences seraient plutôt dans Grasset d’Orcet et Pierre Dujols.

    Pop Conspiration se compose de 37 petits chapitres, a l’écriture incisive et vaporeuse. On y trouvera moins l’influence du style décadent que je vous affectionnez par ailleurs. Pourquoi de tels changements stylistique ?
    Pour le plaisir de changer.
    De même qu’en alchimie, il y a dans l’écriture la voie humide, qui est celle de l’Asianisme et des nébulosités sophistes, des rhétoriques dissolvantes et complexes (l’apogée étant chez certains Grands Rhétoriqueurs du XVe siècle ou dans les Histoires tragiques de François de Rosset) ; et la voie sèche, qui est celle des clartés soufrées, de « l’éclat de l’escarboucle leste ».
    Disons que j’ai pris la voie sèche.

    Œuvre également politique, Pop Conspiration narre l’affrontement entre les agents de Murcie et Morvan. Vous semblez prendre parti pour Murcie. Serais-ce là le symbole des anciennes – mais toujours très actuelles luttes entre Guelfes et Gibelins ? Ou dans un autre ordre d’idée, entre la modernité et la tradition ? Qu’est-ce qui vous amené à vous rangez ici plutôt que là ?
    Morvan et Murcie tiennent ensemble pour la Tradition, dont ils sont et qu’ils portent. Aucun n’est moderne ou progressiste.
    L’Histoire est peut-être un labyrinthe, où l’on se perd. Perdition et labyrinthe entendus initiatiquement (voir Mircea Eliade). Morvan et Murcie ne s’y égarent pas, ils sont le labyrinthe.
    Labyrinthe qui est également celui des Silentiaires (autre désignation probable de Morvan et Murcie). Les Silentiaires sont ces chroniqueurs énigmatiques (quoique attestés par Nicolas de la Mare, commissaire du Roi au Chatelet, et Adolphe Thiers) qui turent l’Histoire, dont ils dissimulèrent la vérité, bien des événements aussi, qu’ils chiffrèrent, manipulant la chronologie, les dates, les séquences, les intervalles…
    C’est à rapporter, éventuellement, à l’école Récentiste qui postule que l’Histoire n’est pas telle qu’on la croit, que la chronologie des événements diffère et que les faits sont autres.
    Murcie, en effet, incline vers la paroisse, la cité, Rabelais, les Catholiques, les Armagnacs… Ce doit être, j’imagine, mon côté guelfe qui me le fait apprécier.

    Il est rare que des héroïnes soient aussi cruelles et déterminées. Pourquoi avoir choisi une femme pour incarner Murcie ?
    Pour le romanesque d’abord – rien de mieux qu’une jeune femme dépravée et nostalgique, qui, bien raisonnablement, n’admire rien ni personne.
    Elle n’est pas de Murcie. Elle en fut, à un moment de sa vie.
    Elle a, pour reprendre à nouveau Eliade, « ce goût de la vanité des choses qui pénètre tout [son] être, circule avec [son] sang. »
    Le « poids de l’Histoire » l’ennuie. Pour s’en affranchir, alors que d’autres cherchent un ou le temps sacré, elle se plaît dans la pose, le geste, la somptueuse futilité, dans l’instant pop. La différence n’est d’ailleurs pas là de nature, mais de degré.
    Certains, férus d’archétypes, pourront y trouver un avatar de l’éternel féminin. Lequel ? Je leur laisse le plaisir de choisir.

    Votre livre est émaillé de références musicales, avec un goût prononcé pour le post punk et le néo-folk. Quelle est l’influence de la musique sur votre écriture ? Participe-t-elle de l’élaboration de votre style ?

    Malgré des incursions plus ou moins longues dans le Classique ou l’Industriel, je ne me suis jamais vraiment dépris du post-punk. Joy division, la plupart des groupes Factory, Section 25, The Wake, The Names…, m’importent. Sans omettre Minimal compact ou encore The Sound… ou, tout autrement, les Byrds.
    J’écris, oui, avec ces musiques. Je ne saurais sans.

    Vous êtes également l’Altmeister des éditions Alexipharmaque, comment devient-on éditeur ? Pourquoi avoir choisi ce chemin difficile ?
    S’il est une chose que je crois savoir faire, c’est rechercher des livres et lire, tout le temps, de tout, en quantité. Devenir éditeur est peut-être une manière de rendre un rien utile une telle obsession.
    Notes :
    Arnaud Bordes, Pop Conspiration, récit, 12 euros, Auda Isarn, http://www.reflechiretagir.com/auda.html
  • L’antiracisme sans races, ça va être compliqué !

    Le mot « race » vient d’être officiellement supprimé des documents officiels. En finir avec le mot pour éradiquer les maux : n’est-on pas une fois encore en pleine pensée magique ? D’ailleurs, s’il n’y a pas de races, comment peut-il y avoir du racisme ? Et de l’antiracisme, au passage ?

    Rassurez-vous. Si elle affirme en effet ne plus reconnaître « l’existence d’aucune prétendue race », la République française déclare toujours qu’elle « condamne le racisme ». En fait, ce qui va être plus difficile à justifier, c’est la condamnation pour « incitation à la haine raciale », c’est-à-dire pour incitation à la haine de quelque chose qui n’existe pas. Il va aussi être plus difficile de justifier l’apologie du métissage, qui désigne désormais un mélange d’entités imaginaires, voire la promotion de la « diversité », puisqu’« il n’y a pas de diversité des races » (François Hollande, 12 mars 2012). Enfin, comme les gens s’entêtent à voir et reconnaître des « races » autour d’eux, il va falloir les persuader qu’ils sont victimes d’une illusion d’optique. Tous mes vœux à ceux qui voudront se charger de cette tâche !

    Cela dit, vous n’avez pas tort de parler de pensée magique, puisqu’on confond les mots et les choses. On pourrait aussi parler de démonologie, dans la mesure où il s’agit d’énoncer des formules rituelles et des mantras pour exorciser les “pensées mauvaises”. Mais on ne peut qu’être frappé également de la concomitance entre l’affirmation de la non-existence des races et l’offensive de l’idéologie du genre, qui raisonne à partir de prémisses identiques. La race serait comme le sexe une « construction sociale » sans réalité substantielle. D’où une même stratégie, typiquement orwellienne, de substitution lexicale : « population » au lieu de « race », « genre » au lieu de « sexe », « parent » au lieu de « père » et « mère ». L’idée sous-jacente est que lutter contre le racisme implique de nier l’existence des races, tout comme lutter contre le sexisme conduirait à nier l’existence des sexes. La réalité est évidemment qu’on peut accorder aux hommes et aux femmes les mêmes droits sans exiger d’eux qu’ils deviennent androgynes. Et qu’on n’assurera pas l’égalité par la négation de la diversité, ou par sa réduction à la mêmeté.

    Que disent d’ailleurs les scientifiques de cette notion pour le moins controversée ? Y a-t-il unanimité sur le sujet ?

    L’étude des races a beaucoup évolué depuis l’approche typologique du XIXe siècle. Dans son livre paru au Seuil en 2008, L’humanité au pluriel, Bertrand Jordan souligne que l’analyse de l’ADN permet de définir des groupes d’ascendance au sein de l’espèce humaine, que « les différences génétiques entre groupes humains existent » et qu’elles « sont ancrées dans l’histoire déjà longue de l’humanité ». Le fait est que depuis le premier séquençage du génome humain (2001), les travaux se multiplient sur les marqueurs génétiques qui identifient des appartenances de groupes. La diversité humaine n’est donc pas seulement individuelle, mais aussi collective, la prise en compte de ces pools génétiques permettant de retracer la phylogénie des populations humaines. Ce n’est évidemment pas qu’une affaire de peau, puisqu’en médecine légale on peut aussi bien identifier l’appartenance ethnique par l’examen du squelette ou celui de l’ADN. Comme l’écrivaient Nancy Huston et Michel Raymond dans Le Monde du 17 mai dernier, dire que l’espèce humaine s’est diversifiée au cours de l’évolution en populations qui possèdent des marqueurs génétique distincts est une simple constatation, qui n’implique aucun jugement de valeur. À partir de là, certains chercheurs tiennent à conserver le mot « race », d’autres non, ce qui n’a finalement pas une grande importance : le « débat sur les races » est finalement plus affaire de sémantique que de biologie moléculaire ou de génétique des populations. Vous noterez au passage qu’en 2008, Barack Obama a publié un livre intitulé De la race en Amérique. Et que les statistiques ethniques sont d’usage courant aux États-Unis.

    C’est ce qui a permis de savoir que Barack Obama n’a dû son élection qu’aux “minorités”…

    N’exagérons rien. Dans les seize élections présidentielles qui ont eu lieu aux États-Unis entre 1952 et 2012, un seul démocrate, Lyndon B. Johnson en 1964, a recueilli une majorité de votes chez les Blancs. Quant à Obama, il a séduit plus de Blancs que nombre de ses prédécesseurs démocrates. Neuf candidats démocrates, tous Blancs, ont recueilli un pourcentage de votes de l’électorat blanc inférieur à celui obtenu en 2012 par Obama (39 %). Jimmy Carter, par exemple, n’avait recueilli que 33 % des votes de cet électorat en 1980.

    Vous-même, qui avez écrit deux livres pour condamner le racisme (Contra el racismo et Europe, tiers monde, même combat), pouvez-vous résumer votre pensée sur la question ?

    Vaste sujet ! Le Dictionnaire historique et critique du racisme qui vient de paraître aux PUF, sous la direction de Pierre-André Taguieff, ne compte pas loin de 2000 pages… Disons pour faire bref qu’il est essentiel de bien distinguer les théories d’un côté (dont l’étude relève de l’histoire des idées), et de l’autre les comportements (dont l’étude relève de la sociologie). Les théories racistes sont celles qui, soit postulent une inégalité entre les races, soit considèrent l’appartenance de race comme facteur essentiel de l’histoire des hommes, ce qui implique la toute-puissance du déterminisme racial. Il n’y a plus grand monde aujourd’hui pour souscrire à ce genre de théories. Au sens des comportements, le “racisme” est une attitude de méfiance ou d’hostilité irraisonnée, souvent instinctive et spontanée, envers ceux qui appartiennent (ou qu’on croit appartenir) à une autre race. Cette méfiance ou cette hostilité n’a évidemment pas besoin d’être “théorisée” pour se manifester. Ce n’est qu’une forme parmi d’autres d’altérophobie ou d’hétérophobie, c’est-à-dire d’allergie à l’Autre-que-nous.

    J’y ajouterai une troisième forme de racisme. C’est celle qui consiste à déclarer les différences inexistantes, superficielles ou sans importance. On ne stigmatise plus l’Autre, on dit seulement que cet Autre n’existe pas, qu’il n’est en définitive que le Même. Ce racisme-là se pare souvent du masque de “l’antiracisme”. Plus pervers, il n’en est aussi que plus dangereux.

    Alain de Benoist http://www.voxnr.com

  • « Le problème n'est pas que les Américains soient nationalistes, c'est que nous ne le soyons plus ! »

    Aymeric Chauprade est docteur en sciences politiques, chercheur à Paris-V René Descartes et enseigne la géopolitique à Paris-I-Sorbonnes. Il a publié récemment « Géopolitique, constantes et changements dans l'histoire » et « Dictionnaire de géopolitique » aux éditions Ellipses.
    1) Quelle est votre définition de la géopolitique ?
    La géopolitique est l'analyse de la politique des centres de puissance (les Etats et les entités trans-étatiques) comme fonction des données (constantes et variables dans l'histoire) de la géographie physique, de la géographie identitaire, de la géographie des ressources économiques. et du progrès des techniques. Mon dernier ouvrage « Géopolitique, constantes et changements dans l'histoire » vise à montrer le poids de l'ensemble de ces facteurs sur les situations historiques et contemporaines. J'y insiste notamment sur les données ethniques, religieuses et démographiques et l'importance de l'immigration comme facteur de la géopolitique.
    2) En quoi la géopolitique de la France s'oppose-t-elle aux intérêts américains ?
    La géopolitique ne se situe pas dans l'idéologie et dans le discours moral, mais dans ce que l'on appelle couramment la «Realpolitik». Je n'ai rien a priori contre les Etats-Unis, mais je constate que leur avantage considérable en puissance depuis la fin de la guerre froide est un facteur d'effacement de la France. Puissance globale, les Etats-Unis cherchent à nous éliminer du monde arabe, de l'Afrique et de l'Asie-Pacifique. Ils encouragent la construction d'une Europe germano-américaine dans laquelle la France n'aura qu'un strapontin et perdra sa dimension mondiale.
    3) Quel regard portez-vous sur l'interventionnisme tous azimuts des Etats-Unis
    ? Depuis l'aube de l'humanité, l'histoire déroule la compétition des peuples. Les Américains considèrent qu'ils doivent être en tête de cette compétition et comment le leur reprocher ? Ils sont nationalistes et ils ont bien raison ! Le problème n'est pas que les Américains soient nationalistes, c'est que nous ne le soyons plus ! Si, en face des nationalistes, ils n'y a pas de contrepoids, comment voulez-vous que le monde soit équilibré et vive en paix ?
    4) Comment jugez~vous les contradictions de l'Europe en matière géopolitique et en matière de défense ?
    La construction européenne tente de rapprocher des nations dont les intérêts géopolitiques divergent par nature. L'histoire fait que les zones d'influence des uns et des autres ne sont pas les mêmes, méditerranéen, africain et plus largement ultra-marin de la France ! Or, dans une Europe fédéralisée où les décisions se font déjà à la majorité, on ne voit pas comment, mathématiquement, la France pourra faire entendre ses intérêts géopolitiques. L'utopie européenne est en train de tuer la géopolitique de la France.
    5) Et la faiblesse congénitale de l'O.N.U. ?
    Les seules réalités qui comptent sont les peuples et leurs instruments de pouvoir que sont les Etats (et parfois les lobbies trans-étatiques). Les pouvoirs multinationaux comme l'O.N.U. sont nécessairement le reflet des rapports de force entre les Etats, comme en témoigne la composition du Conseil de Sécurité en 1945. À l'heure où les Etats-Unis ne paient pas leur quote-part, savez-vous que les agences de l'O.N.U. ne survivent que grâce à l'embargo sur l'Irak, et que depuis la mise en place de la résolution « pétrole contre nourriture », l'O.N.U. s'est commissionnée à hauteur de 53 milliards de dollars, ce qui lui permet d'éviter la banqueroute de ses agences ?
    L'Irak n'occupe aucun territoire depuis 1991 et continue cependant de payer le prix fort. Dans le même temps l'O.N.U. n'arrive même pas à imposer des observateurs en Palestine, alors que des résolutions contre l'occupation israélienne existent depuis plus de trente ans.
    Non seulement l'O.N.U, pèse de moins en moins face à l'axe américano-israélien, mais en plus la France a accepté le principe de perdre son fauteuil au Conseil de Sécurité «au profit» d'un siège européen. L'O.N.U. n'est qu'un miroir de la puissance relative des Etats.
    6) Quelle est la politique naturelle de la France ?
    L'histoire de la nation française est celle du combat contre tous les impérialismes qui ont voulu anéantir notre indépendance nationale : du Saint-Empire romain germanique à l'américano-européisme en passant par le communisme international. La France conserve les ressources morales, intellectuelles et économiques de redevenir une très grande puissance. Pour cela, elle doit tourner le dos à l'utopie européenne, restaurer sa politique mondiale par le biais de la Francophonie, de la politique arabe et de l'affirmation de son influence ultra-marine (Caraïbes, océan indien, Pacifique... ) ; elle doit entretenir l'équilibre dans ses relations avec les Etats-Unis, la Chine ou la Russie et refuser le basculement dans tel ou tel bloc.
    7) Que pensez-vous de l'évolution de la Russie et de la Chine ?
    L'objectif des Etats-Unis est de prendre la tête d'un bloc dans lequel les nations ouest-européennes auraient perdu leur souveraineté et où la Russie serait vassalisée ; face à un nouveau bloc : une Chine en plein essor économique et qui d'ici dix ans peut être une très grande puissance mondiale. Il n'est pas exclu que nous assistions dans les vingt ans à venir, à un rapprochement durable de Washington et Moscou face à Pékin. Cette évolution n'est rendue possible que par l'atlantisme des nations ouest-européennes, car la Russie et la Chine souhaiteraient avoir des partenaires de contrepoids en Europe occidentale face à l'hyperpuissance américaine. Je suis convaincu que la restauration d'une politique étrangère d'indépendance nationale et d'équilibre mondial est non seulement possible mais indispensable à la survie de notre liberté et à l'apaisement des tensions internationales.
    8) Pratiquement que faire ?
    Les Etats-Unis sont engagés sur deux voies qui risquent de renforcer considérablement leur suprématie mondiale et de déséquilibrer encore le monde. Premièrement, hyperpuissance conventionnelle, l'Amérique est gênée par les logiques de dissuasion nucléaire adverses. Son projet de bouclier antimissiles vise à annuler cette gêne et à augmenter son pouvoir d'ingérence militaire au Moyen-Orient comme en Asie. Deuxièmement, les Etats-Unis veulent contrôler l'ensemble du pétrole du Moyen-Orient et s'entendre avec les Russes sur les hydrocarbures de manière à contrôler la dépendance énergétique de la croissance asiatique (notamment chinoise mais pas seulement). Pour ce faire, ils projettent d'envahir l'Irak et d'y installer un gouvernement aux ordres. Puis ensuite de s'occuper du retour de l'Iran sous influence américaine. Ainsi, avec l'Arabie Saoudite, l'Irak, l'Iran, la mer Caspienne (présence militaire en Asie centrale) et la Russie plus proche, l'Amérique tiendra la pompe à hydrocarbures du monde et détiendra alors un pouvoir de nuisance considérable sur les rivaux économiques.
    Que faire alors ? Premièrement, s'engager sur la voie des systèmes de défense antimissiles et restaurer notre défense nationale car on voit bien que c'est l'hyperpuissance militaire qui donne aux Etats-Unis une telle marge de manœuvre. Deuxièmement, tout faire pour empêcher l'Irak de tomber dans la sphère d'influence américaine. La relance d'une politique arabe passe notamment par l'appui clair à la mise en place d'un Etat palestinien et à la rupture de l'embargo sur l'Irak.
    9) Que pensez-vous du risque terroriste international ?
    Ce risque existe. Certains mouvements mènent une guerre contre notre Civilisation et il faut les combattre. Mais le Il septembre 2001 est aussi instrumentalisé par Washington comme un prétexte permettant à l'Amérique de faire avancer nombre de ses intérêts. Attendons-nous à ce que Washington prétende qu'Al Quïda est en Irak de manière à justifier son agression. L'ennemi invisible, à la différence d'un Etat, a ceci de pratique (pour Washington) qu'il peut être partout où cela arrange ...
    10) Et la géopolitique intérieure de la France ?
    La restauration de la France passe aussi par le redressement de l'identité française. La géopolitique intérieure de la France a été bouleversée par le séisme de l'immigration ces trente dernières années. Le communautarisme s'installe en France. La démographie française recule face à la démographie de l'immigration. Cette dynamique doit être clairement inversée. Sinon, quel sens y aura-t-il à parler de géopolitique extérieure de la France, si la France n'est plus ... la France ?
    D'autre part, outre la question essentielle de l'identité française, l'immigration pose une question géopolitique plus globale : son rôle de levier des maffias criminelles transnationales et du terrorisme islamiste transnational.
    11) Vous êtes optimiste ?
    Avec la patience on arrive à tout.
    Français d'abord 2ième quinzaine juin 2002

  • L'eurasisme en Turquie

    L'eurasisme en Turquie Quintu Corsi (pseudonyme) est un Corse vivant en Turquie , actif dans la mouvance traditionnaliste-révolutionnaire de ce pays. Il éclaircit pour les lecteurs de Corsica Patria Nostra certains aspects d'un monde turc relativement peu connu en Europe.
    Panturquisme, pantouranisme, kémalisme, ces notions liées au nationalisme turc demeurent confuses pour un Européen. Peux-tu les préciser brièvement ?
    Le panturquisme : c'est un mouvement apparut au début du XXème siècle et popularisé par le mouvement Jeune Turc. Dans l'idéal, ce courant visait à créer un gigantesque empire incluant tous les peuples turcophones sous une même bannière. Aujourd'hui cette mouvance a laissé certains de ces principes de côté, lui préférant la création d'accords durables entre la république de Turquie et les pays turcophones d'Asie centrale en général (Ouzbékistan, Kazakhstan, Turkménistan etc.) dans différents domaines, tels que l'économie, les relations internationales, la géopolitique. Dans la période contemporaine, c'est le président Turgut Ozal (1927-1993) qui a posé les bases du panturquisme actuel, et à l'heure d'aujourd'hui le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoglu œuvre toujours en ce sens.
    Le pantouranisme : ce mouvement est intimement lié au panturquisme, mais il est beaucoup plus idéologique. Alors que le panturquisme a largement tendance à favoriser l'union des peuples turcs musulmans, le pantouranisme est plutôt favorable au retour à une origine préislamique idéalisée. En effet, selon cette idéologie, les turcs sont frères dans tous les cas, nonobstant leur religion, leur croyance, ou l'incroyable brassage ethnique dont ils font l'objet, notamment en Turquie. Ainsi ils prétendent pouvoir unir les turcs musulmans aux turcs gagaouzes chrétiens, par exemple, ou certains Kirghizes shamanistes aux Tatars de Crimée musulmans. Bien que pantouranisme et Islam ne soient pas incompatibles pour beaucoup (Les Ilkhanides, Les Timourides, les Seldjoukides, ou les Ottomans incarnant un glorieux passé aux yeux de ceux-ci), les pantouranistes n'hésitent pas à mettre en avant un hypothétique lien indéfectible entre Turcs & Mongols ; ainsi ils se réclament du grand "Tanri" (Tengrï chez les Mongols), le Grand Dieu du ciel, ou à se réclamer de pratiques shamanistes, le tout enveloppé d'un folklore turc (culte des grandes personnalités turques et mongoles , comme Gengis Khan, Tamerlan, Alp arslan, culte du saz (guitare turque) etc.). Aujourd'hui ce courant est plus ou moins représenté par le parti politique "MHP", bien que celui-ci est toujours oscillé entre panturquisme et pantouranisme, sans distinctions particulières. Ce sont plutôt des groupes politiques épars, se réclamant en partie des "Loups Gris", qui en font la promotion. Ce courant ne concerne pas uniquement les peuples turciques, mais l'ensemble des populations Ouralo-Altaiques avec les Finnois, les Hongrois, les Bulgares et les Estoniens. A ce sujet, l'on peut évoquer la mémoire du Comte Teleki, Ministre des Affaires Étrangères du régent Horty partisan d'un grand Touran de "Budapest à Tokyo". Aujourd'hui ces conceptions sont reprises par Alexandre Douguine et ses différents épigones.
    Kémalisme : ce courant est en fait le courant hérité de Mustafa kemal dit "Atatürk" ou "Père des turcs". C'est un mouvement qui avait pour principes premiers de moderniser la Turquie à marche forcée, en déchirant ses derniers liens avec l'Empire Ottoman mourant de manière brutale (lois extrêmement restrictives concernant le port du voile, du turban, de la barbe etc.) dans l'optique d'en faire un état-nation fort et sécurisé, dans un contexte très difficile puisque c'était la guerre d'indépendance. Dans les premiers temps, ce courant reposait sur 6 principes (Républicanisme, Populisme, Laïcité, Révolutionnarisme, Nationalisme, Etatisme). Il faut noter que Mustafa Kemal était un homme cultivé, peu religieux (c'est un euphémisme, bien qu'on puisse l’apercevoir sur quelques photos prononcer quelques prières), acquis aux idées modernistes de l'Occident d'alors, et initié à la Franc-maçonnerie. Aujourd'hui ce mouvement incarné par le parti "CHP". Il est en général composé de turcs "laïcs", aisés, idéalisant la société occidentale sous toutes ses formes. Ils vouent un culte sans faille à Atatürk, et se réclament en tous points à ses principes, surtout à l'heure d'aujourd'hui, face à une forte réislamisation de la Turquie.

    Quels sont les rapports entre islamisme et nationalisme en Turquie ?
    Leurs rapports sont très profonds, au point que l'on peut souvent lire le concept de "synthèse islamo-nationaliste" lorsque l'on aborde la Turquie. Dans la Turquie contemporaine, les jeunes turcs se sentent extrêmement fier à la fois d'être musulman et turc. Cela tient, à mon sens, de leur passé, surtout la période de l'Empire Ottoman, période durant laquelle les turcs ont marqué de manière indélébile nombre de contrées, musulmanes ou non. Ils en tirent une grande fierté, et considèrent que la Turquie est l'héritière de l'Empire. A ce titre ils n'hésitent pas à employer le terme religieux de "Sehit" ou "Martyr" pour les soldats morts au combat, ou encore à citer un hadith du Prophète Muhammad, qui dit :"L'amour de la Patrie fait partie de la Foi". Notons aussi l'extrême popularité de films traitant de la période ottomane, comme "Fetih 1453" ou la série turque "Le siècle magnifique".
    Cependant j'aimerai éclaircir un point qui me semble important : le terme "Islamiste" employé pour la Turquie ne doit absolument pas être mêlé aux islamistes en général (Al Qaida) ou autre. Les turcs musulmans possèdent dans leur corpus théologique et/ou idéologique un nombre conséquent de savants ou de personnalités "soufies" (ou du moins affiliés à cette doctrine d'une manière ou d'une autre), ce qui tend à largement modérer l'influence wahhabite par exemple, dans tel ou tel aspect de la vie quotidienne ou politique. Cela dit, j'ai parfois rencontré des turcs qui se revendiquaient du "salafisme", mais ils étaient plutôt présent dans la diaspora, cela étant plutôt dû aux fréquentations entretenues avec des arabes de France en général (même chose pour les Tchétchènes de France).

    Comment expliquer la persistance des relations de la Turquie avec l'axe américano-sioniste malgré l'arrivée des islamistes aux pouvoir ?
    C'est en fait dès sa naissance que la république de Turquie a entretenu des liens très étroits avec cet axe. Auparavant utilisée comme "base" américaine pour contenir le bloc soviétique, la république de Turquie est aujourd'hui le pion parfait pour l'axe-américano sioniste dans la région. Cela est essentiellement dû au fait que pour éviter un coup d'état par la junte kémaliste, le premier ministre a fait le choix de se ranger aux côtés des Etats-Unis et de l'Europe ; ainsi, la junte kémaliste été muselée, car avec un coup d'état, comment pouvait-elle se poser en garant de la laïcité auprès des instances occidentales face à un gouvernement "islamiste" officiellement acquis aux "valeurs occidentales"! Joli coup de maître s'il en fut, mais avec quelles conséquences...Comme aujourd'hui avec la Syrie.
    Cependant, nous avons pu voir que parfois, la république de Turquie pouvait faire preuve de défiance face à cet axe, notamment en 2003 lorsqu'elle a refusé de laisser transiter les hordes de GI pour aller en Irak, ou dernièrement avec l'affaire du "Mavi marmara". En outre, on peut citer la célèbre série "la Vallée des Loups", parfois produite en film, dans lesquels les sionistes & les américains apparaissent en tant que meurtriers, trafiquants d'organes etc. Par ailleurs Cette série fait un véritable carton en Turquie et parmi la diaspora.

    Existe-t-il en Turquie des courants eurasistes favorables au rapprochement avec la Russie et le dépassement des tensions dans les Balkans et le Caucase ?
    Il existe effectivement un courant eurasiste en Turquie. Ce courant est incarné actuellement par Suat Ilhan, un ancien général de l'armée turque, qui a écrit quelques ouvrages à forte tendance souverainiste eurasiste.
    Sinon j'ai quelque fois rencontré des turcs eurasistes, mais il n'est pas aisé d'en trouver qui arrivent justement à dépasser certains cadres idéologiques, car ils associent assez facilement leur identité propre aux sujets évoqués (je pense à la Tchétchénie ou à la Bosnie, par exemple, deux peuples auxquels les turcs sont très liés).

    Dans les années 1980, l'organisation des "loups gris" , inspirée par le Colonel Turkes avait tissé des liens avec certains groupes NR européens . Quelle est son audience aujourd'hui en Turquie et dans l'émigration ? Son orientation idéologique ?
    Avant toutes choses, il est essentiel de savoir qu'il y a deux types de "Loups Gris" :
    Il y a ceux qui s'en réclament par "sentiment d'appartenance», c'est à dire en général ceux qui agissent dans la diaspora. Bien souvent, ce sont des électrons libres, qui possèdent une antenne à Berlin, ou une antenne à Paris, par le biais d'associations le plus souvent. Ces "Loups Gris" agissent en général par réaction, c'est à dire lorsqu'un membre de la communauté turque est agressé par des partisans du PKK (groupe terroriste pro kurde financé par les sionistes), ou pour tel ou tel évènement culturel. Il m'est arrivé d'en croiser régulièrement, et bien souvent ils ne connaissent que quelques bribes du programme du "MHP" (parti créé par Turkes) justement, quand ça ne les intéresse pas du tout. C'est une couverture identitaire en général, histoire de ne pas se noyer dans le magma informe que leur propose "l'Etat" français.
    En Turquie, les "Loups Gris" jouissent d'une certaine aura essentiellement dû au fait que dans les années 80 ils furent le fer de lance de la lutte anti-communiste. A l'heure actuelle, leur mouvement est en perte de vitesse, car de trop nombreuses histoires les liant à la mafia ont été révélées, et aussi parce que le "complot Ergenekon" les a grandement sali. En outre, ils allient de manière assez maladroite leur idéologie ultra-nationaliste avec le culte à Atatürk et à ses principes-clefs (la laïcité par exemple), ce qui ne touche absolument pas l’électorat turc actuel.
    Concernant les liens avec des NR européens, je sais que le NDP Allemand est parfois proche de cellules de "Loups Gris" en Allemagne, et en France il m'est déjà arrivé de parler de sujets sérieux avec des membres de cette organisation. En Hongrie dernièrement, des rapprochements entre la Turquie et la Hongrie étaient envisagés par le Parti "Jobbik" à travers quelques déclarations ; notons par ailleurs qu'un édifice à la gloire du Sultan Suleyman le Magnifique est présent en Hongrie, ce que les "Loups Gris" ne manquent jamais de citer. Pour le reste, je ne suis pas en mesure de vous aider davantage.

    Certains experts de la Turquie évoquent un antagonisme ethno-culturel et politique entre "Turcs blancs" du littoral et "Turcs noirs" de l'Anatolie profonde. Qu'en est il réellement selon toi ?
    Leur vision est fondée. Il y a effectivement un fossé remarquable entre les turcs "blancs", c'est à dire ceux qui se complaisent largement dans un mode de vie tout à fait occidental (vie quotidienne, politique, laïcité exacerbée etc.) et les turcs "noirs", qui portent en vérité la Turquie sur leurs épaules. Les Turcs "blancs" sont en général ceux qui adhèrent pleinement au kémalisme, rejetant certaines les traditions de leur culture qu'ils considèrent comme "arriérées" (Pratiques islamiques essentiellement) et sont bien entendu complètement plongé dans la vision sioniste de la région, alors que les Turcs "noirs" sont en fait les héritiers séculiers de l'Islam turc, qui à travers Recep Erdogan, ont enfin pu s'exprimer dans la vie politique.

    L'idéologue et dirigeant révolutionnaire européen Jean Thiriart considérait la Turquie comme une" province d'Europe". Qu'en pensent les turcs eux-memes de manière générale ?
    C'est toujours l'éternel débat ! Les Turcs d'Anatolie sont-ils plutôt européens ou asiatiques ? S'agit-il d'une question de territoire, de comportements, de religion? J'ai personnellement lu quelques ouvrages massifs sur le sujet et bien que qu'ayant agrémenté ces lectures de voyages en Anatolie profonde, je ne suis toujours pas en mesure de répondre à cette question de manière catégorique. J'ai souvent entendu dire autour de moi que nombre de Croisades "furent lancées pour bouter hors d'Europe le Turc mahométan aux yeux bridés". Est-ce que ces personnes savent que la plupart des mères des Sultans Ottomans étaient européennes (Hongroises, Serbes..)? Que les jeunes Sultans Ottomans parlaient le français, le serbe ou le valaque, en plus du turc ottoman ? Ou qu'à l'heure actuelle les petits cafés en Anatolie de l'Est ressemblent souvent aux vieux bistrots français des années 50 ?
    Concernant la vision des Turcs sur le sujet, il m'est difficile de répondre de manière générale. Cela diffère du niveau d'étude de la personne interrogée (je dis cela sans dénigrement aucun bien entendu), de sa vision politique ou de sa pratique religieuse. Les Turcs qui se trouvent dans mon entourage ont plutôt tendance à se considérer comme "asiatique", et je pense que cela est un effet pervers de la politique "européenne" actuelle. Lorsque j'évoque des aspects de la culture européenne en lien la culture turque, ou des affinités historiques par exemple, je n'ai jamais eu affaire à un quelconque rejet, bien au contraire. En outre, il est important de noter que René Guénon est lu dans certains milieux, et que ses œuvres commencent à être traduites. J'ai entendu dire que Julius Evola aussi était parfois cité. Est-ce là une simple coïncidence ? L'avenir nous le dira. En tout cas, je pense qu'il est tout à fait possible de dire que les Turcs sont "les plus européens des asiatiques", et ça, c'est déjà pas mal.

    Quintu Corsi http://www.voxnr.com

    Source : Corsica patria nostra :: lien

  • B. Gollnisch Entretien du 7 août 2013 : « l’affaire » Rihan-Cypel, Act-Up, DSK et Taubira

  • Entrevue du C.N.C #1: Hold Fast

     

    1) Pour commencer, peux-tu nous présenter Hold Fast et ses motivations ? Quelles ont été les réactions quant à votre premier album, Chute Libre, jusqu’à maintenant ?

    Tout d'abord merci au Cercle Non Conforme de nous offrir l'opportunité de nous présenter et de nous exprimer. HOLD FAST est tout simplement le projet hardcore de 2 membres du groupe HAIS & FIERS, le guitariste et le chanteur. Après avoir enregistré le mini cd d'Hais & Fiers: Timebomb, nous avons eu l'idée d'un projet plus violent, plus brutal (musicalement) que Hais & Fiers. Nous avons donc commencé à répéter et à composer des chansons. Nous pensons que la brutalité du hardcore est en parfaite équation avec les thèmes que nous abordons et l'époque "sombre" que nous traversons...

    Jusqu’à présent les critiques sont plutôt bonnes. Nous avons des retours positifs de France, mais aussi des 4 coins de l'Europe (Allemagne/Russie/Grèce...). Je pense que ça va nous pousser à continuer ;)

    2) Que signifie concrètement le nom du groupe : Hold Fast ? Y-a-t-il un rapport avec la chanson du même nom d’Hais et Fiers ?

    HOLD FAST est une expression anglo-saxonne qui signifie "ne jamais lâcher/tenir bon". D'ailleurs, il existe un nœud de marin qui porte ce nom et qui est connu pour justement ne jamais lâcher.

    Est-ce qu'il y a un rapport avec la chanson du même nom d'Hais & Fiers ? Oui et non. Ça colle tout simplement très bien à l'idée du groupe. Ne rien lâcher face au système...

    3) Vous jouez du Hardcore et vous avez sorti votre album chez Black Shirts Records. La scène Hardcore italienne actuelle vous a-t-elle inspiré ? Sinon, quelles sont vos influences ? A l’écoute de l’album, on peut dire Métal, Hardcore et RAC…

    Personnellement j'adore la scène hardcore fasciste italienne. C'est du très lourd avec des groupes comme Hate for Breakfast (qui n'existe plus malheureusement), Blind justice, Still Burnin’ Youth, Green Arrows, No Prisoner et j'en passe etc... très pro et très productive. J'en profite pour remercier Sandro de Black Shirts Records pour nous avoir produits. Ça a été assez compliqué de trouver un label.

    Quant aux influences, nous jouons simplement la musique que nous aimons et que nous écoutons : Rac/punk/metal/hardcore. Nous ne sommes pas vraiment influencés par telle ou telle scène ou tel ou tel groupe.

    4) Que penses-tu de la scène musicale actuelle en France ? Sachant que la musique est un facteur mobilisateur très important, penses-tu que notre scène est suffisamment mobilisatrice de par son activité et ses groupes ?

    Nous avons quelques bons groupes Français comme Frakass qui doivent sortir un nouvel album bientôt si je ne me trompe pas et il y a aussi nos amis de Lemovice, Bordel boys...etc Mais il faudrait vraiment de nouveaux groupes, du sang neuf et peut être un son différent (hardcore ? et même, pourquoi pas Rap si c'est bien foutu ?). Ça commence à vraiment manquer en France. Mais plus que le style de musique jouée, le plus important est d'essayer d’être professionnel, d'avoir un bon son, des bonnes partitions. Il faut essayer de se rapprocher des productions "à la mode" de MTV, mais avec notre message, qui, lui, signifie quelque chose... Comme tu l'as souligné, la musique est un très bon moyen de véhiculer nos idées et de motiver les troupes. Personnellement, j'ai d'ailleurs commencé à me politiser au son de groupes RAC des années 80.

    5) Peux-tu nous éclairer sur l’imagerie que vous utilisez et en particulier sur la très belle pochette de l’album qui a un lien, nous semble-t-il, avec les paroles de la chanson « Chute Libre »…

    On a essayé de se créer une image qui colle à la musique et aux textes de Hold Fast, une image enragée, la rage de toute cette merde qui nous entoure. Le concept du gars au masque de hockey avec son flingue vient de la chanson « Chute libre » (qui est aussi le titre de l'album) c'est la descente aux enfers d'un petit blanc qui habite en cité avec tout ce que ça peut engendrer comme embrouilles et qui trime pour s'en sortir financièrement. Malgré sa volonté, le système ne lui laisse pas la chance de s'en sortir et l'écrase de tout son poids (combien d'Européens de souche dans ces situations ? et combien d'allogènes qui vivent sur le dos des bons petits blancs ?). Il ne voit plus alors que la vengeance ultime comme échappatoire. Le masque de Hockey aussi car je suis fan de films d'horreur. Jason Voorhees (Vendredi 13) : uno di noi ;)

    6) Quels sont selon toi les fondements sur lesquels se baserait la société pour laquelle tu combats ?

    Je suis très loin d’être un politicien et il y a tellement de choses à changer, à commencer par nous-mêmes… Quelques idées qui me semblent essentielles : Remettre à l’ordre du jour le droit du sang et non le droit du sol. Essayer d’en finir avec le profit à tout prix et le capitalisme. Promouvoir et obliger à produire tout ce qui peut l’être, chez nous. Remettre en place la peine de mort pour les violeurs, assassins d’enfants etc. dès lors que des preuves irréfutables sont trouvées (ADN…etc.). Mettre en place des lois écologiques vraiment efficaces…etc. Mais comme je l’ai dit la politique n’est pas ma fonction, je préfère faire de la musique.

    7) Les paroles de la chanson « Esprit Guerrier » célèbrent le dépassement personnel. Peux-tu nous dire pourquoi cela est si important pour toi ?

    Les jeunes blancs, aujourd'hui, pour la plupart, ont perdu cet esprit guerrier qui est pourtant dans nos veines. Combien de jeunes se laissent totalement faire lorsqu'ils sont aux prises avec des bandes ethniques ? Nous sommes descendants de peuples européens, de peuples guerriers : celtes, romains, slaves, spartiates...etc. Le sport et le dépassement de soi doivent être promus. De nombreux jeunes activistes des pays de l'est et d'ailleurs en Europe ont compris qu'il faut redonner le goût du sport, l'esprit guerrier aux jeunes blancs (voir l'organisation de MMA "White Rex" en Russie qui fait un très bon boulot dans ce sens). Il le faut, surtout avec les temps sombres qui approchent...

    8) Nous ne pensons pas nous tromper en disant que le thème général de Chute Libre est la résistance au système. Comment y résister efficacement selon toi ? Quelles actions (de la part de mouvements politiques ou autres) te semblent actuellement aller dans la bonne voie ?

    A chacun de mettre ses compétences propres au service de nos idées. Il y a tellement de choses à faire… au niveau urbain (faire face à nos ennemis dans la rue et ailleurs), au niveau social (aider les nôtres qui se retrouvent dans la merde et/ou en prison), au niveau sportif (promouvoir le dépassement de soi, organiser des tournois entre blancs, des randonnées, organisations de type White Rex), au niveau écologique (manger local, protection de la nature, actions coup de poings) niveau militant (dénoncer les mensonges du système, collage, tractage, bombage), niveau musical (monter un groupe engagé, organiser des concerts…etc.). Très important aussi et qui sera de plus en plus une forme de résistance : fonder une famille saine. Bref être là et penser différemment.

    9) Le futur, tant de la France que de l’Europe, comment le vois-tu ?

    Très "sombre", dans tous les sens du terme... métissage, immigration, capitalisme, catastrophe écologique, répression qui se fera de plus en plus dure contre ceux de notre camp. Sans compter les crises sociales qui se feront elles aussi de plus en plus sentir. Tous ces problèmes ne feront que s'accentuer... jusqu'au point de non-retour ? J'espère que les nôtres se réveilleront avant qu'il ne soit trop tard...

    10) Merci d’avoir répondu à nos questions. A quoi peut-on s’attendre de la part de Hold Fast dans un futur plus ou moins proche ?

    On devrait se remettre à bosser sur de nouvelles compos durant l'année. Quelques idées naissent déjà. Peut-être aussi une surprise pour dans pas très longtemps... qui vivra verra. Merci encore pour cette entrevue les gars.

     

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    Voir notre chronique de l'album "Chute Libre" ici.

    http://cerclenonconforme.hautetfort.com