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entretiens et videos - Page 852

  • Entretien avec Alexis Arette, auteur de Fils d’homme, je t’ai fait sentinelle

    « Lorsque les responsables
    deviennent des privilégiés,
    si le vice est le soutien
    de leur prospérité,
    ils feront tout pour garder le pouvoir
    jusqu’au déluge ! »

    Entretien avec Alexis Arette, auteur deFils d’homme, je t’ai fait sentinelle (Propos recueillis par Fabrice Dutilleul)

    Quel sens donnez-vous au mot « Sentinelle » tiré de l’ordre donné par Dieu au Prophète Ezéchiel : « Fils d’homme, je t’ai fait sentinelle » ?

    La réponse est dans la Bible. La Sentinelle, c’est l’homme lucide, à qui Dieu fait devoir d’annoncer l’ennemi, c’est-à-dire l’avancée des périls dans la société. Bainville disait « On a toujours les conséquences ! », et il n’est pas du tout certain que la phrase que l’on a prêtée à Louis XV : « Après moi le déluge ! » ne soit pas celle d’un visionnaire qui se sentait impuissant devant la perversité du siècle. De bonnes connaissances et l’exercice de la logique devraient établir des lois de sauvegarde, mais lorsque les responsables deviennent des privilégiés, si le vice est le soutien de leur prospérité, ils feront tout pour garder le pouvoir jusqu’au déluge ! Aujourd’hui, ni Soljenitsyne, ni Xavier Emmanuelli, ni Maurice Allais ne sont perçus comme sentinelles, et la République des repus continue d’appliquer le précepte mortel de Rousseau : « Écartons les faits, ils n’ont rien à voir à l’affaire » !

    Qu’apporte de nouveau ce livre par rapport à vos précédents ouvrages ?

    Des documents. Ils constituent la preuve que nous avons eu de tout temps des sentinelles et que, généralement, elles ne sont pas écoutées. Mais nous avons les textes de leurs prévisions. Il était bon de les réunir pour examiner leurs concordances. Il ne peut y avoir de science historique qu’à la lueur des concordances. Et c’est pour cela qu’après le déluge qui se prépare, l’« empirisme organisateur » de Charles Maurras retrouvera la place qui lui est due. Et si le langage religieux qu’emploient les sentinelles du passé peut paraître anachronique à notre époque, il faut se souvenir que l’on ne peut absolument pas juger le passé sur nos critères d’aujourd’hui, mais aussi que les lois du Décalogue restent le fondement justicialiste, c’est-à-dire le « garde fou » de la cité.

    Peut-on vraiment accorder quelque crédit à des « prophéties » ?

    Quant Edgar Cayce, « prophète » laïque s’il en fut, prédit, au moment où la Russie Soviétique occupe la moitié de l’Europe, que le régime tombera, et que la Russie sera un rempart du monde chrétien, on est obligé de dire, en voyant Poutine faire ostensiblement le signe de la croix, que Cayce avait bien « vu » l’avenir. Quant une religieuse, à l’époque où la Monarchie française semble donner le bon ton à l’Europe, prédit sa chute et l’exécution du Roi, il faut bien admettre qu’elle a reçu des dons qui ne sont pas communs.

    Par ailleurs, il faut considérer aussi que les « voyants » sont parfois dotés de pouvoirs exceptionnels, comme les « bilocations », par exemple. Mais depuis la découverte de la « relativité » par Einstein, le temps n’est plus une donnée impénétrable, et les vrais visionnaires arrivent à s’y mouvoir. Mais bien sûr, il y a aussi les charlatans…

    Croyez-vous vraiment que l’on puisse changer le cours funeste des évènement ?

    Je n’ai pas craint, en cours d’ouvrage, de me répéter pour l’affirmer. J’ai montré la puissance de la pensée dans la formation par exemple des « ectoplasmes ». Et si, malheureusement, je suis tributaire d’une pensée folle qui me fait déplacer des objets sans le vouloir, la télékinésie consciente existe bien, même si les cas sont rares. Il n’est pas jusqu’à l’efficacité des « placebo » qui ne manifeste la puissance de la foi ! Avec la parole du Christ : « Si vous aviez la foi comme un grain de Sènevé, vous déplaceriez les montagnes », nous sommes entrés dans un domaine que l’on croyait réservé à la sorcellerie ! Et bien, il existe aussi un domaine inconnu de la « Bonne Pensée » qui vous fait « magicien ». Et c’est par l’Oraison que la pensée humaine redevient à l’image de la pensée divine : Créatrice ! Oui, on peut décider de gravir une montagne au lieu de la descendre ! Oui, l’ouverture du troisième œil est peut-être pour demain !

    Vous dénoncez la Franc-Maçonnerie avec insistance dans votre livre. Englobez-vous, dans vos réserves, toutes les obédiences maçonniques, ou seulement certaines ? Nombre de Franc-Maçons se déclarent « croyants », chrétiens notamment…

    On peut être « croyant » en croyant à n’importe quoi. Être chrétien, c’est différent et catholique encore autre chose. En fait, l’exposé des idéaux franc-maçons est conforme aux grandes vertus tirées de l’Évangile, mais la pratique en est souvent contraire. Il suffit de lire le ministre Vincent Peillon pour savoir que la destruction de la religion catholique est son but, afin d’instaurer à la place la religion maçonnique. Mais ce citoyen n’est que l’expression du « Grand Orient » qui a supprimé la référence au « Grand Architecte de l’Univers, » et qui, de ce fait, n’a plus rien à voir avec les Maçons bâtisseurs de Cathédrales.

    Certaines obédiences comme la Grande Loge Nationale Française sont restées strictement « spiritualistes » et même proches du catholicisme, comme les Rose-croix. Il résulte de cette diversité « évolutive » que c’est surtout par prudence que l’Église a porté un jugement d’ensemble négatif… Pour ma part, c’est la part « sataniste » de la maçonnerie que je combats. Mais j’observe avec beaucoup d’attention l’évolution des obédiences. Car l’Esprit souffle où il veut !

    Fils d’homme, je t’ai fait sentinelle d’Alexis Arette, éditions de L’Æncre, collection « Patrimoine des Religions », dirigée par Philippe Randa, 362 pages, 35 euros.

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  • [Entretien] Farida Belghoul à L’Action Française : Unir catholiques et musulmans

    Farida Belghoul, qui participa jadis au "mouvement beur", a défrayé la chronique en lançant, avec succès, les" journées de retrait de l’école" (JRE), contre l’immixtion du "genre" dans les établissements scolaires. Elle a bien voulu répondre à nos questions.

    L’Action Française 2000 - Vous avez déclaré avoir été alertée sur la théorie du genre par des catholiques. Pouvez-vous nous en dire plus sur eux ? Avez-vous lu certains documents du Magistère catholique sur le sujet ?

    Farida Belghoul - J’ai surtout vu les vidéos disponibles sur le net, celles de Patrice André, d’Élisabeth Montfort, d’Alain Escada, d’Arnaud Dumouche... J’ai perçu dès la première vidéo que la situation était gravissime et j’ai aussitôt voulu m’engager dans le combat. Comme je l’ai déjà dit plusieurs fois, si les manifestations avaient, à mes yeux, l’avantage d’avoir réuni beaucoup de monde, il me paraissait indispensable d’aborder ce combat en empruntant de nouvelles formes de mobilisation, d’une part, et, d’autre part, de trouver le moyen d’intégrer les quartiers populaires. De plus, je suis convaincue depuis novembre 1989 que la victoire passe par l’alliance des catholiques et des musulmans. Je l’ai écrit dans une contribution avant de quitter définitivement le mouvement beur. Je n’ai pas lu les textes du Magistère mais je le ferai volontiers si vous me les communiquez.

    Vous définissez-vous comme musulmane ? Quel rapport entretenez-vous avec la religion ? À quel islam vous référez-vous : celui de la tradition familiale, un islam redécouvert, identitaire, un islam moderne ?

    - Je suis une musulmane pratiquante et je le suis devenue lorsque j’ai découvert, à vingt-huit ans, qu’il y avait des saints en islam. La sainteté a tout de suite été la seule réalité spirituelle qui m’ait attirée, dans la mesure où elle engage l’individu à la fois dans les pratiques cultuelles de l’homme ordinaire et qu’en même temps elle appelle à un dépassement positif de l’homme.

    Comment considérez-vous le féminisme ? Avez-vous toujours porté le même regard sur lui ?

    Le rejetez-vous en bloc ou faites-vous des distinctions ?

    - Le féminisme est une mauvaise réponse à une bonne question. La bonne réponse aurait été de travailler sur la complémentarité. Aujourd’hui, je pense qu’il vaut mieux le rejeter en bloc, même si je sais que, dans ma jeunesse, des éléments constitutifs du féminisme m’ont permis de me construire telle que je suis. À l’époque, nous avions affaire à une sorte de féminisme modéré tout de même. De nos jours, face aux Femen et aux Judith Butler, je ne peux que vomir. Le féminisme se révèle être une arme de destruction massive des enfants, donc de l’humanité.

    L’égalitarisme issu de la philosophie des Lumières, associé au développement de la technique, qui place l’homme et la femme dans un univers coupé de la nature, où la différence des sexes est relativisée sinon annulée (la force physique de l’homme lui sert de moins en moins, par exemple), semblent des évolutions irrésistibles... Finalement, la théorie du genre ne fait-elle pas qu’accompagner au plan idéologique ce processus mécanique et peut-être inéluctable ?

    - La théorie du genre révèle merveilleusement ce qu’est en vérité l’égalité. Nous devons avoir le courage - et l’honnêteté intellectuelle - de voir qu’il s’agit en fait d’uniformisation et de cristallisation du monde. Je crois que la cristallisation, en effet, est dans notre horizon, mais cela n’empêche pas que, jusqu’à notre dernière goutte de sang, nous devons proclamer la beauté de la Création et tout sacrifier pour sa protection. Un jour, la dernière heure viendra, nous n’en connaissons pas la date ; cette ignorance doit nous conduire à espérer que notre génération, et la suivante, et la suivante encore, soient épargnées. Louer Dieu, c’est protéger son œuvre. Il est seul juge à décider quand clore ce cycle et en appeler un autre...

    Propos recueillis par Stéphane Blanchonnet - L’AF 2881

    http://www.actionfrancaise.net/craf/?Entretien-Farida-Belghoul-a-L

  • Nice : la ville aux mosquées et aux djihadistes

    Philippe Vardon, diplômé en droit et sciences politiques, publie ce mercredi L’Imam Estrosi, un livre-enquête sur l’islamisation de Nice et les rapports que le député-maire (UMP) de Nice entretient avec l’UOIF. Il répond à Minute :

    E"[I]l y a bien aujourd’hui à Nice dix-huit lieux de culte musulmans. J’en donne la liste précise en annexe de mon livre. Il ne s’agit pas forcément de petites mosquées (en opposition à la fameuse Grande Mosquée que les musulmans de Nice réclament depuis des années), puisque certaines peuvent accueillir plusieurs centaines de personnes! En ajoutant à ces dix-huit mosquées, celles, actuellement en travaux, dont l’ouverture est prévue à l’est et l’ouest de la ville, nous arrivons donc à vingt. Tout cela s’inscrit dans une certaine logique, car, après avoir affiché pendant quelque temps son soutien au projet de mosquée centrale et « clairement identifiée », la municipalité estrosiste est désormais favorable à « davantage de lieux de taille raisonnable ».

    En qualifiant Estrosi d’imam, n’allez-vous pas un peu trop loin ?

    L’imam est littéralement « celui qui conduit », et avec Christian Estrosi, on se trouve dans ce schéma. C’est notamment par son entremise que la majorité des mosquées niçoises sont aujourd’hui gérées par l’Union des musulmans des Alpes-Maritimes (Umam), association faisant partie de la fameuse Union des organisations islamiques de France (UOIF), dont la proximité avec les Frères musulmans est de notoriété publique. C’est sur cette association qu’Estrosi s’appuie pour contrôler l’islam à Nice. [...]

    [N]otre ville est tout particulièrement touchée par les départs de jeunes musulmans vers la Syrie. Des réseaux envoyant des apprentis djihadistes s’entraîner en Afghanistan et en Indonésie y ont été démantelés, une enquête a été menée sur une base de soutien logistique aux islamistes tchétchènes. Je rappelle aussi qu’en 2009, à l’issue d’une manifestation protestant contre les bombardements israéliens sur Gaza, plusieurs centaines d’émeutiers avaient affronté les forces de l’ordre dans le centre ville, certains criant « Allah Akbar »! [...]

    Michel Janva

  • De l’utilité des milieux activistes d’extrême-gauche pour la consolidation du système

    Entretien avec le Dr. Claus-Martin Wolfschlag
    Propos recueillis par Jan Ackermeier
    Q.: Dr. Wolfschlag, votre travail scientifique s’est intensément penché, depuis plusieurs années déjà, sur l’extrémisme de gauche, sur lequel vous avez publié quelques ouvrages de référence qui avertissent aussi le public des dangers que représentent ces gauches hyper-activistes. Comment jaugez-vous aujourd’hui le danger représenté par cette mouvance qui s’affiche de gauche?
    CMW: Le vocable de “dangerosité” est subjectif, il indique automatiquement une prise de position. Le requin représente un danger pour de nombreux petits poissons. Il n’est nullement un danger pour une grosse baleine. Dès que l’on manie le vocable de “dangerosité”, on doit se demander pour qui, et dans quelle mesure, ce danger existe. Pour les élites qui détiennent aujourd’hui le pouvoir, pour les oligarchies financières, cet “extrémisme de gauche” ne représente pas un grand danger. Ces élites au pouvoir gardent un contrôle certain sur la situation, sinon on ne financerait pas les innombrables “centres culturels” de la mouvance radicale de gauche. De même, la mansuétude de l’appareil judiciaire et des médias à son égard n’est pas vraiment inspirée par la peur que susciteraient ces petits groupes hyper-activistes. Si l’Etat le voulait vraiment, il lui suffirait de claquer des doigts et l’“extrémisme de gauche”, parfois si arrogant, disparaîtrait bien vite de la scène politique. Par conséquent, il faut bien constater que ces extrémistes de gauche sont bien utiles à l’élite en place, pour que celle-ci puisse disposer d’un instrument commode pour rapidement pouvoir museler ses seuls adversaires idéologiques réels. Or aujourd’hui les seuls adversaires réels de cette oligarchie se trouvent positionnés à droite, une droite hostile à la globalisation, hostile aux oligarchies en place parce qu’elle veut maintenir la culture traditionnelle.
    Les “extrémistes de gauche” ne sont donc dangereux que pour les petites gens auxquelles on colle l’étiquette de “droite” (à tort ou à raison), surtout celles qui s’activent dans de petits partis politiques ou qui animent de petites structures éditoriales. Elles risquent à tout moment de subir des menaces ou des violences réelles ou d’être dénoncées dans les médias, d’être clouées au pilori médiatique et d’en subir toutes les conséquences sociales, de subir la délation auprès de leur employeur ou de leur voisinage. Les “extrémistes de gauche” sont, dans une perspective plus générale, dangereux pour le peuple tout entier et pour l’Etat national parce qu’ils contribuent, par leurs actions, à empêcher que se déploie des correctifs intelligents et pratiques aux dérives dangereuses du système et parce qu’ils criminalisent tous les modèles alternatifs potentiels et leur diffusion.
    Q.: Dans les rapports rédigés annuellement par le “Verfassungsschutz” allemand (= la police politique qui s’affiche comme défenderesse de la “constitution”), dans les discours des médias d’Autriche et d’Allemagne, on évoque sans cesse la persistance d’un danger de “droite”, alors que la gauche activiste et violente n’est quasi jamais évoquée. Comment interprétez-vous cette situation aberrante?
    CMW: Cette situation n’est aberrante que si vous partez encore et toujours du schéma qu’il existerait un “Centre” politique légitime et deux marges extrêmes qui devraient toutes deux être combattues. Il faudrait plutôt se demander pour quelles politiques et quelles valeur ce “Centre” s’engage. Où nous mène la politique des soi-disant “responsables” qui, depuis des décennies, se sont installés dans les fauteuils confortables du pouvoir? Si vous vous posez cette question, vous vous en poserez automatiquement une autre: les objectifs de ce “Centre”, de ces “forces centristes”, et de cette “mauvance hyper-activiste de gauche” ne sont-ils pas les mêmes, finalement? Le libéralisme et le communisme s’efforcent tous deux de créer sur la planète entière un seul et unique Etat global et unitaire qui, officiellement, nous apportera la paix et le bien-être mais, en réalité, nous contrôlera tous à l’extrême et exercera un pouvoir globalitaire au seul bénéfice d’une élite numériquement très ténue.
    Q.: De quelles strates sociales proviennent ces hyper-activistes d’extrême-gauche, à votre avis, et, à titre de comparaison, quelle différence y a-t-il entre eux et les anciens soixante-huitards?
    CMW: Aucun sondage n’a été effectué pour le déterminer, aucune statistique n’a été établie, je dois donc vous répondre en puisant dans le souvenir de mes propres observations. La plupart des activistes de l’extrême-gauche allemande sont issus de ce qu’il faut bien appeler le “prolétariat universitaire”. Généralement, il s’agit d’étudiants en sociologie et en pédagogie qui estiment constituer une sorte d’avant-garde progressiste. Quand j’effectuais mes études, j’en ai croisé un grand nombre et, aujourd’hui, beaucoup d’étudiants en sociologie, qui ne sont pas de gauche et avec qui j’entretiens des contacts, me confirment que bien peu de choses ont changé depuis lors. Certains séminaires de l’université, où s’agite ce prolétariat académique, sont de véritables bouillons de culture d’où sort l’idéologie de la gauche radicale. Le personnel enseignant est très marqué par cette idéologie et accueille dans ces séminaires de nombreux étudiants affiliés aux groupes dit “antifa”. Ils y apprennent une certaine rhétorique efficace; ils y sont bien écolés et parviennent à faire taire toutes les voix discordantes, moins bien formées, en avançant des arguments apparemment imparables ou en menaçant subtilement leurs adversaires. En fait, depuis l’ère des soixante-huitards, peu de choses ont changé. Cela fait maintenant presque cinquante ans qu’un fatras intellectuel s’est déversé sur les établissements d’enseignement, produisant une hydre à nombreuses têtes qui nous parlent d’une “société plurielle post-nationale” ou de “gender studies”, etc. Il existe toutefois une différence notable. Le niveau intellectuel a considérablement baissé. Le mouvement de 1968 se justifiait partiellement, il a constitué une rupture sociale plus ou moins nécessaire, il a fragmenté la croûte qui recouvrait encore des structures sociales vidées intérieurement, ne représentant plus rien. Aujourd’hui, cependant, nous avons affaire à une génération qui n’a jamais connu autre chose que ce fatras intellectuel, qui a été socialisée et éduquée dans le seul giron de cette idéologie dominante depuis près d’un demi-siècle. Cette génération a littéralement pompé et avalé, sans avoir les anti-corps nécessaires pour le faire, tous les préjugés, les marottes, les ritournelles et les stéréotypes de ce fatras intellectuel, sans le soumettre à la moindre critique. Or toute cette génération qui n’a pas connu véritablement d’autres pensées que celle dominante, marine forcément dans son jus et s’abrutit lentement, inexorablement.
    Q.: Avez-vous constaté un accroissement de la violence exponentielle depuis quinze ou vingt ans?
    CMW: Pour vous répondre, je dois faire référence aux statistiques du “Verfassungsschutz”, qui évalue les actes violents réellement commis. Dans la citadelle des “autonomes” qu’est la ville de Hambourg le nombre d’actes violents commis par les activistes d’extrême-gauche s’est accru depuis l’an 2000. La promptitude à commettre des actes violents est difficilement mesurable car elle s’estompe dans les têtes ou se concrétise dans certaines situations précises. C’est là que réside le véritable danger. La droite politique, très réduite en nombre, n’existe pour les médias et pour la perception de la plupart des citoyens, que sous la forme d’un “nazisme” imaginaire, que l’on démonise et que l’on pose comme prêt à revenir sur la scène politique allemande. Officiellement, on ne veut absolument pas faire la différence entre ce nazisme imaginaire et médiatique et les réalités sur le terrain. On ne trie jamais le bon grain de l’ivraie. Ce qui a pour conséquence que ces figures démonisées par les médias focalisent tout le potentiel d’agressivité disponible: elles sont dès lors boucs émissaires, elles servent à dériver les attentions. Nous avons en Allemagne plusieurs générations qui ont été éduquées dans une perspective soi-disant “anti-fasciste” et qui ont, dès lors, intériorisé ce schéma binaire et fantasmagorique.
    Certes, l’Etat traditionnel oppose encore quelques digues. Mais, progressivement, les droits fondamentaux sont vidés de leur substance. Pour ceux que l’on considère comme “de droite” (à tort ou à raison), le droit de s’assembler, le droit à la libre expression, à l’égalité devant les tribunaux, à être protégé contre toute discrimination sont sans cesse réduits. Et l’on proclame: “Pas de liberté pour les ennemis de la liberté”. Le danger qui se pointe à l’horizon, c’est que les ressortissants de ces générations socialisées à pareille enseigne vont obtenir postes et fonctions dans l’appareil étatique et dans la magistrature: ils voudront alors utiliser le monopole étatique de la violence pour lancer “la bataille finale pour la libération”. Nous verrons alors des collégiens ou des étudiants, qui ont l’air bien nets et bien propres aujourd’hui, qui hurlent leurs paroles soi-disant “anti-racistes” dans les rues, devenir demain gardiens-en-chef de camps de concentration, briseurs d’os dans les chambres de torture ou juristes terrifiants qui nous bâtiront un avenir d’enfer. Le Malin trouve toujours de nouveaux chemins à emprunter.
    (entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°8/2014, http://www;zurzeit.at ).

  • Myret Zaki répond à nos questions en vue d'une potentielle nouvelle conférence avec Etienne Chouard

  • «Français de souche» : Denis Tillinac répond à Aymeric Caron

    FIGAROVOX - Invité dans l'émission On n'est pas couché pour présenter son livre, Du bonheur d'être réac, l'écrivain Denis Tillinac a été traité de «vieux con» par Laurent Ruquier et violemment pris à partie par le chroniqueur Aymeric Caron. Il lui répond en exclusivité pour FigaroVox.
    FIGAROVOX. - Invité dans l'émission de Laurent Ruquier ce samedi pour présenter votre nouvel essai, Du bonheur d'être réac, vous vous êtes heurté à un Aymeric Caron particulièrement agressif. Avez-vous été surpris par l'hostilité du plateau à votre égard ?
    Denis Tillinac. - Un écrivain classé à droite ne peut s'attendre à de la bienveillance sur une chaîne publique surtout lorsque la gauche est au pouvoir. Passe encore d'être traité de «vieux con» par l'animateur pour un passage de mon livre où j'ironise sur l'obligation de parité des listes aux municipales. Mais la haine d'un intervenant, ces amalgames vicieux, son manichéisme brutal, le choix même des mots visant à occulter le sens et l'esprit de mon livre trahissent une accointance avec les procédés de la propagande des régimes totalitaires. Ça fait un peu froid dans le dos. On n'aimerait pas que cet idéologue ait des pouvoirs de justice ou de police.

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  • La jeunesse est-elle passée à droite ?

    « Il y a surtout un désir de refondation, l’espoir d’une nouvelle perspective, qui n’a pas encore trouvé de moyen d’expression.»
    FIGAROVOX - Le maire adjoint de Versailles (sans étiquette) François-Xavier Bellamy et le docteur en sciences-politiques Gaël Brustier analysent le décalage croissant entre la jeunesse de France et les partis politiques. Ils s’interrogent sur la possibilité d’un renouvellement idéologique à gauche comme à droite.
    François-Xavier Bellamy est maire adjoint de Versailles (sans étiquette). Ancien élève de l’Ecole normale supérieure et agrégé de philosophie, il enseigne en classes préparatoires.
    Gaël Brustier est docteur en sciences-politiques et membre du Parti socialiste, il est notamment l’auteur de Voyage au bout de la droite (Mille et une nuits, 2010) et de La Guerre culturelle aura bien lieu (Mille et une nuits, 2013).
    Figarovox : Un certain nombre de signaux témoignent d’un renversement idéologique qui ferait souffler le vent à droite, notamment dans la jeunesse. Gaël Brustier, vous parlez même d’une «domination culturelle» de la droite. N’est-ce pas prématuré ?
    Gaël Brustier : La première chose à noter, c’est l’extraordinaire confusionnisme idéologique de la période. Le cadre de cette confusion date de la fin des Trente Glorieuses où on a vu le consensus social-démocrate s’effriter en Europe. Il y a eu une reconfiguration des gauches et des droites, mais les droites, au sens large, ont bénéficié d’une capacité à donner un sens à l’expérience quotidienne des citoyens supérieure à celle des vieilles social-démocraties ou à la gauche radicale. C’est comme ça que Thatcher émerge et arrive à reconfigurer le conservatisme britannique, à la fois avec de l’ancien, la nostalgie de la grandeur du Royaume Uni, et puis du nouveau: une nouvelle conception de l’organisation sociale. Face à la mutation du monde les gauches sont en véritable crise.
    À quoi correspond cette domination culturelle des droites en Europe? Je soutiens l’idée que c’est la peur du déclin, l’idée que la société «occidentale» serait menacée qui détermine les paniques morales, véritables moteurs de la reconfiguration du débat public. Il y a une vague droitière en Europe, même si l’on ne peut pas mettre Geert Wilders (leader du parti populiste néerlandais PVV) et la «Manif pour tous» sur le même plan. Pourtant ils correspondent, chacun à leur manière, à des angoisses de populations différentes face à une même idée, celle du déclin supposé de la «civilisation occidentale».
    François-Xavier Bellamy : Je suis d’accord avec Gaël Brustier pour dire qu’il y a une transformation en profondeur des catégories dans lesquelles se construit la conscience politique contemporaine. Il est donc bien difficile de lire la domination de l’une de ces catégories traditionnelles aujourd’hui. On voit bien qu’il se passe quelque chose autour de la catégorie traditionnellement considérée comme de droite ; et cependant la conscience politique nouvelle qui émerge ne se fait pas autour des structures traditionnelles d’expression politique. Les partis politiques de droite en Europe, et particulièrement en France, ont du mal à comprendre ce qui est en train de se passer dans la conscience politique de leur électorat. Pour reprendre l’expression utilisée par Gaël Brustier, la situation actuelle se caractérise par une forme de «panique morale», une inquiétude qui cristallise cette reconfiguration idéologique. Mais je crois qu’elle est d’abord due au fait que les citoyens ont le sentiment que la politique n’a plus de prise sur le réel. Dans ce discrédit jeté sur la classe politique, il n’y a pas seulement de la peur: il y a surtout un désir de refondation, l’espoir d’une nouvelle perspective, qui n’a pas encore trouvé de moyen d’expression – d’où le fait qu’il se caractérise comme inquiétude.
    Comment analysez-vous le phénomène Manif pour tous ? Est-ce un mai 1968 à l’envers ? Le dernier cri d’un monde qui meurt ? La naissance d’un Tea party à la française ? La reprise en main culturelle de la droite par la rue ?
    F-X B: Rien de tout cela. Je pense là encore que nous sommes d’accord pour dire qu’on assiste à un phénomène nouveau. La conscience politique qui émerge chez la jeune génération, notamment à droite, reconduit paradoxalement toute une famille de pensée vers une forme d’héritage qui était plutôt lié à la gauche: le refus de l’individualisme, la volonté d’une liberté qui soit accolée à une exigence de responsabilité devant l’avenir, la prise en compte d’une forme d’écologie intégrale authentique et cohérente.
    Une autre transformation inédite dans cette nouvelle conscience politique, c’est le primat de l’intellectuel et du culturel, qui étaient là encore, dans les dernières décennies, l’apanage de la conscience politique de gauche. Au XXème siècle, les mouvements de gauche avaient compris que les mutations politiques se jouent d’abord sur le terrain culturel ; alors que la droite a toujours cru – du moins une partie de la droite, celle qui est aujourd’hui institutionnellement majoritaire – au primat de l’économie dans la vision politique. De ce point de vue-là, une évolution très profonde est en train de se jouer à droite : à la faveur des récents débats de société, toute une partie de l’opinion prend conscience de l’importance déterminante de l’engagement culturel.
    G B: La Manif pour Tous est un vrai mouvement social, complet qui a ses intellectuels, ses réseaux économiques, ses cadres politiques, ses nouveaux venus et ses activistes. Il fait renouer la droite avec la rue, ce qui est déjà arrivé dans l’histoire. Comment le catégoriser? Il me semble que c’est bien un mouvement de droite: si on regarde les cadres, que ce soit les Veilleurs, les Hommen, tous ces groupes, je n’ai jamais rencontré un électeur de gauche, même si certains ont basculé politiquement. Il y a une dimension conservatrice au sens philosophique du terme mais aussi une dimension populiste de contestation des élites (sans que ce soit péjoratif). On a aussi une dimension clairement identitaire. Cette question du mariage cristallise des paniques morales, des angoisses civilisationnelles. On voit que le Front National récupère par exemple la question de la disparition des clochers de France, assez déstabilisante dans beaucoup d’endroits. Dans ce mouvement on a des chassés croisés, comme après mai 68 où on a vu des jeunes radicaux devenir maoïstes, et des trotskistes rentrer au PS et devenir des bons sociaux-démocrates, idem là on a observé la radicalisation d’un groupe comme les Hommen et le «recentrage» apparent du Bloc Identitaire qui a refusé de participer à Jour de Colère et opère un mouvement de «respectablisation». Une grande centrifugeuse où ce mouvement très vaste voit ses cartes rebattues à chaque instant. Cette angoisse morale est en fait une angoisse face à l’envahissement du marché, on le voit à travers la question de la PMA, la GPA, la marchandisation du vivant ont conduit à construire ce que vous appelez l’écologie humaine.
    F-X B: «La droite a enfin pris conscience de l’importance du combat culturel»
    Au-delà d’une pensée limitée au ras-le-bol fiscal, au besoin de sécurité et à la laïcité, les manifestations ont révélé une vision anthropologique opposée à la société consumériste et au libéral-libertarisme. Ils rejoignent en cela la pensée de Jean-Claude Michéa et de Christophe Guilly. Est-ce la preuve que le clivage droite-gauche est obsolète ?
    F-X B: Vous avez raison de dire que les cadres de ce mouvement viennent de la droite ; mais, encore une fois, c’est une droite qui s’est découvert subitement une conscience de gauche. Ce mouvement social (l’expression même appartient au vocabulaire de la gauche) s’est formé, non pas par un simple réflexe conservateur, mais contre une forme d’ultra-libéralisme, au nom du refus de l’envahissement du marché. Ce sont là des cadres intellectuels qui étaient plutôt liés à la conscience politique de gauche. Les catégories politiques traditionnelles sont très profondément bousculées, parce que la gauche assume aujourd’hui des combats politiques qui auraient pu ressembler (pensons à la GPA, par exemple) à une forme de libéralisme anglo-saxon très pragmatique, alors que la jeune génération de droite prend en charge les exigences intellectuelles et sociales que la majorité et ses inspirateurs délaisse.
    G B : Sur les sujets que l’on vient d’évoquer, il y a aussi des clivages à gauche. La GPA, par exemple est minoritaire à gauche. Sur la marchandisation du vivant, cela fait longtemps qu’il y a des débats à gauche: il y a avait eu un rapport en 2000 au Parlement européen où on avait vu voter une partie des députés démocrates-chrétiens européens avec une partie des sociaux-démocrates et la gauche radicale qui était contre la marchandisation du vivant. Ce clivage intellectuel profond divise tous les camps politiques.
    Comment expliquez-vous la faible mobilisation de la gauche autour des questions sociétales l’année dernière, qui a laissé la rue à la jeunesse de droite ? Est-ce une gêne due à la présence de la gauche au pouvoir ?
    G B : En effet, le peuple de gauche n’a pas été mobilisé : ils étaient 4000 place Baudoyer pour fêter la victoire, tandis qu’en face ils avaient été 700 000 à manifester !
    C’est moins une question de gêne qu’une mauvaise stratégie dans la défense de la loi. D’abord il est très étonnant de voir la gauche défendre l’institution du mariage. Personne ne s’attendait à ce que la gauche veuille marier tout le monde! C’est l’ironie de l’Histoire…
    D’autre part, il y a la question de l’état des mouvements de jeunesse à gauche. Il n’y a plus, comme au cours des années 80 avec SOS racisme, un espoir qui trouve une incarnation dans un mouvement de jeunesse. Aujourd’hui le projet de la gauche doit consister dans le libre choix de son mode de vie, et pas simplement en l’égalité des droits. Or ce libre choix n’a pas été défendu de manière affirmée par de travail idéologique profond, on en est resté à des réflexions inabouties sur les «droits».
    Enfin, quand on fait une réforme de cette ampleur, il faut établir un dialogue, composer avec la société. La loi sur l’IVG est faite par Giscard, Chirac et SimoneVeil, comme la loi sur la pilule par de Gaulle et Neuwirth: il y a nécessité d’un dialogue sur ces grandes évolutions qui ne consiste pas simplement à jeter l’anathème sur les opposants ou les réticents. D’abord parce que l’anathème solidarise et radicalise tout un camp politique: on en voit les conséquences aujourd’hui. Il y a eu beaucoup d’erreurs stratégiques, et finalement je pense qu’on peut dire que le mariage pour tous est une cause juste qui n’a pas été justement défendue..
    Alain Finkielkraut a dit que ces manifestations ont montré une chose, que la jeunesse de France n’était pas réductible à Canal plus et aux banlieues… Diriez-vous qu’on a découvert que la jeunesse était passée à droite ?
    G B : Je ne pense pas que la jeunesse soit passée à droite. Aujourd’hui dans la jeunesse, la gauche a tout pour être majoritaire, pourtant elle ne l’est pas. La gauche ne peut pas enclencher une mobilisation si elle ne peut pas enclencher un imaginaire, une représentation du monde qui soit véritablement alternative à «l’idéologie du déclin». Elle ne peut pas mobiliser dans le vide, avec des mouvements de jeunesses exsangues, qui sont des émanations de partis politiques, de jeunes qui veulent légitimement faire de la politique mais sont trop peu suivis par les jeunes citoyens engagés.
    Le Parti Socialiste s’en remet au quotidien à la gestion de la doxa économique dominante: les indicateurs, le pacte de responsabilité, un jargon technocratique. On interroge le président de la République sur la défiscalisation du double vitrage, ça devient consternant. Quant à la gauche radicale, alors qu’elle était portée par l’élan des forums sociaux internationaux, le formidable regain entre 1998 et 2006 autour des mouvements altermondialistes, de pratiques locales émancipatrices, elle s’en est remise au rappel au monde ancien. On veut faire la révolution, mais simplement en protégeant les services publics et le vieux consensus social-démocrate. Même Besancenot fait un programme économique qui est celui de 1981! Le Front de Gauche défend aussi ce socialisme de 1981. On a l’impression que la gauche est incapable d’offrir aux jeunes une vision du monde alternative, des lendemains qui chantent.
    Gaël Brustier : «La gauche est incapable d’offrir aux jeunes une alternative à l’idéologie du déclin»
    F-X B: Les partis ne mobilisent plus les jeunes, et ceux, très nombreux, qui se sont engagés pour la Manif pour tous, n’ont pas été mobilisés par les partis de droite. Fait révélateur: ils se sont structurés à l’intérieur de collectifs créés pour l’occasion. L’UMP n’aurait pas pu aligner des armées de jeunes contre le mariage pour tous, quelque ait été son engagement par ailleurs. Il y a une déconnection entre les partis et les électeurs, aussi bien à gauche qu’à droite. Les syndicats étudiants, par exemple, sont largement déconnectés de la vie étudiante, et ne sont plus des mouvements de masse.
    Je ne dirais pas qu’on s’est rendu compte que la jeunesse était passée à droite ; mais on s’est déjà débarrassé d’une caricature, qui disait que tous les jeunes appartenaient aux partis de gauche! Au début du débat sur le mariage, on avait encore droit à ce poncif récurrent, qui voulait que tous les jeunes soient favorables au mariage pour tous, contre des aînés crispés sur le passé. En réalité, le clivage était inverse: une très large partie de la jeunesse s’est engagée contre l’épuisement des fantasmes de la génération de mai 68, pour dire que cette réforme n’était pas le progrès auquel elle croit. Notre avenir n’est pas écrit d’avance!
    G B : La jeunesse de gauche cherche son grand mouvement. Il existe une jeunesse de gauche, mais elle est privée d’un grand mouvement culturel de masse qui la fasse communier dans l’idée de l’émancipation, d’un nouvelle forme de républicanisme, du libre choix de son mode de vie…Cette jeunesse est cloisonnée dans des organisations qui sont de pures machines électorales. On n’a pas de véritable point de rencontre entre les intellectuels et le peuple de gauche, parce qu’il n’ y a plus de mouvement d’éducation populaire, de mouvement de combat culturel. Il n’y a pas encore de capacité de réaction à la réaction!
    F-X B : Ce qui est difficile pour cette jeunesse de gauche, c’est l’extraordinaire déception que suscite la majorité, à l’image de ce président – qui se présentait comme le président de la jeunesse, et qui de fait ne répond pas du tout aux difficultés réelles de la jeunesse. Il y avait une énorme attente, qui a été déçue par une absence complète de réflexion et d’innovation à gauche sur les questions de jeunesse.
    FigaroVox – François-Xavier Bellamy – Gaël Brustier, 28/02/2014
    Source : Le Figaro ;fr
    http://www.polemia.com/la-jeunesse-est-elle-passee-a-droite/

  • Fratelli d’Italia : « Mêler la tradition avec l’innovation »

    La droite italienne qui est souvent un mystère difficilement compréhensible de notre côté des Alpes connaît moult rebondissements et transformations. Dernier exemple en date Fratelli d’Italia qui vient d’organiser des primaires en attendant un congrès. Se plaçant dans l’héritage d’Alliance nationale. A cette occasion, Novopress a interrogé Carlotta Andrea Buracchi, porte-parole de Fratelli d’Italia pour la région d’Arezzo.

     

    Samedi 22 et dimanche 23 février ont eu lieu des primaires importantes pour Fratelli d’Italia ? Quel était l’objet de ces primaires ? Un nouveau programme, un nouveau symbole, de nouveaux chefs ? Quel est le but du congrès des 8 et 9 mars prochains ?

    Il y a une semaine ont eu lieu les premières consultations primaires de la droite politique italienne, organisées par Fratelli d’Italia – Alliance nationale. Tout les citoyens pouvaient y participer, pas seulement les adhérents, pour choisir non seulement le symbole du mouvement mais également 8 principes importants quant à la ligne du mouvement (en répondant “oui” ou “non” à des questions qui allaient du rapport avec l’UE jusqu’à l’immigration, la réforme présidentielle [à savoir l'évolution vers un régime présidentiel, NDLR], le protectionnisme, la prostitution, l’aide fiscale aux familles nombreuses, etc.) et les “Grandes Électeurs” qui participeront au congrès du parti les 8 et 9 mars à Fiuggi [lieu hautement symbolique, puis que c'est là en 1995 que le MSI se transforma en Alliance nationale, NDLR]. Le but de ce congrès sera surtout d’entériner la présidence de Giorgia Meloni à la tête du mouvement – elle était la seule candidate – et de définir le programme à partir du verdict des primaires.

    Le symbole adopté reprend certes le nom de Fratelli d’Italia, mais également celui d’Alliance nationale et la flamme du MSI. En quoi cet héritage, cette filiation sont importants ?

    L’intention était de mêler la tradition représentée par la flamme du Mouvement social italien (MSI) contenue dans le symbole d’Alliance nationale avec l’innovation à laquelle le présent nous appelle. Se « projeter » dans le futur avec une classe des jeunes dirigeants politiques mais avec un regard vers le passé glorieux de la droite italienne dont nous représentons la continuation naturelle. Et en fait le symbole qui a gagné repropose la même logique proposée à la fin de 1993 par Alliance nationale : le cercle le plus grand représentant le futur, l’innovation qui englobe en bas le cercle qui représente le passé nos “racines”, exactement comme la croissance d’un arbre ; on voulait représenter graphiquement l’évolution de notre histoire, celle de la droite politique italienne. En plus, il faut souligner qu’Alliance nationale est “la maison politique”, le mouvement où la plupart de nos membres et dirigeants a été formée ou bien a commencé à s’occuper de politique. Enfin, comme l’indiquait Giorgio Almirante, l’un des “modèles” de la droite italienne : “Ne pas renier, ne pas restaurer”…

    Votre programme est clairement de droite ( contrôle de l’immigration, sortie de l’euro, élection du président de la République au suffrage universel direct, etc.). Comptez-vous déjà sur les élections européennes de mai 2014 pour le présenter aux Italiens ? Lors de ces élections allez-vous conclure des alliances ? Au niveau national avec la Lega Nord par exemple et au niveau européen avec le Front national de Marine le Pen ?

    Nous irons certainement nous présenter aux élections européennes. Cependant, nous n’aurons pas besoin des alliances car le système électoral celui de la proportionnelle et ça nous permets donc de nous présenter en solo mais il faudra cependant 4% des suffrages exprimés pour espérer avoir des élus.

    Sur la question “PPE [Parti populaire européen, centre-droit au Parlement européen, dont est membre l'UMP mais aussi le Peuple de la liberté, l'alliance de centre-droit italienne qui réunissait Forza Italia de Berlusconi et Alliance nationale, NDLR] ou pas” et donc sur notre rapport avec le Front National, 98 % des suffrages exprimés lors des primaires ont dit “oui” à la participation au PPE. Or, s’agissant de notre modèle d’Europe, les primaires se sont déclarés en faveur d’une éventuelle sortie de la zone euro dans le cas de renégociation des accord européens, ce que nous souhaite pas le PPE, donc...

    Vous opposez-vous au gouvernement Renzi ? Avez-vous des accords avec le nouveau Forza Italia et même le nouveau centre-droit d’Angelino Alfano ?

    Nous avons pas voté la question de confiance au gouvernement Renzi, celui-ci est le troisième gouvernement choisi dans les salles d’un Palais et non issu véritablement du choix des électeurs.

    Désormais en Italie, on pense que tout mal peut être soigné par des exécutifs des techniciens ou des gouvernements nommés, non élus, mais les résultats sont les mêmes: faillite et crise. Nous voulons retourner aux élections le plus tôt possible afin de donner à cette nation un gouvernement réellement politique et réellement démocratique, et non plus un gouvernement qui prive le peuple italien de sa souveraineté nationale. Nous ne voulons plus d’un gouvernement en fait aux ordres des chancelleries européennes et des institutions bancaires, qu’elles soient supranationales ou non.

    Renzi se présente lui-même comme “nouveau” mais pour le moment son gouvernement représente tout ce qu’il y a de mauvais dans notre Ière République : la stratégie des accords entre courants, les combinaisons électorales, les pressions des intérêts particuliers.

    Voilà pourquoi nos 9 parlementaires iront évaluer très précisément chaque proposition de loi présenté par la majorité et chaque décret gouvernemental.
    Quant aux autres partis du centre-droit, il y a très peu à dire : NCD [le mouvement d'Angelino Alfano, NDLR] soutient le gouvernement Renzi (et il est lui nécessaire pour bénéficier d’une majorité), Forza Italia est maintenant dans l’opposition comme nous mais il ne faut pas oublier que Berlusconi était dans la majorité jusqu’en septembre dernier, ce qui allait contre le pacte signé avec nos électeurs lors de notre alliance pour les dernières élections législatives. Nous avons été cohérents, quant à eux…

    Propos recueillis par Arnaud Naudin

    http://fr.novopress.info/158436/fratelli-ditalia-meler-tradition-linnovation/#more-158436

  • La France Black-Blanc-Beur ? C’est plus M. Le Pen et F.Belghoul que le PS !

    Entretien avec Alain de Benoist

    Entre ce qu’il était naguère convenu d’appeler le « vote musulman », soit celui des « quartiers », et le Parti socialiste, l’heure paraît être au désamour. Effet Dieudonné ? Effet Mariage pour tous ? Ou les deux à la fois ?

    À l’époque de SOS Racisme et de la Marche des beurs, autant dire la préhistoire, les choses vues de gauche étaient simples : il y avait d’un côté une majorité de méchants franchouillards xénophobes et racistes, et de l’autre une sympathique nouvelle France Black-Blanc-Beur qui en était la victime. Trente ans plus tard, la France Black-Blanc-Beur représente l’essentiel de l’auditoire de Dieudonné, tandis que les mahométans, à l’instigation de Farida Belghoul, sont les premiers à retirer leurs enfants de l’école pour protester contre l’enseignement de la théorie du genre. Les choses se compliquent ! Et le PS se retrouve dans la position ridicule de ces antisémites droitards obligés de constater que les plus résolus défenseurs de l’identité française s’appellent aujourd’hui Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy et Éric Zemmour. C’est une belle claque pour les esprits simplistes qui ne parviennent pas à comprendre que la réalité sociale est toujours complexe. Que les Français « issus de l’immigration » aient jusqu’ici surtout voté à gauche n’est pas niable, mais il n’y a aucune raison pour qu’il en aille toujours de même. Le « désamour » dont vous parlez devrait plutôt être considéré comme un signe avant-coureur. « La gauche a perdu le vote dit musulman », estimait ces jours-ci le politologue Olivier Roy (Le Figaro, 19 février). C’est toute la stratégie de la fondation Terra Nova (chercher à séduire les immigrés à la place du peuple, le FN étant devenu le premier parti de la classe ouvrière) qui tombe à l’eau.

    http://www.bvoltaire.fr/alaindebenoist/la-france-black-blanc-beur-cest-plus-marine-le-pen-farida-belghoul-que-le-ps,52084

  • Alain de Benoist : « De nombreuses personnes s’expriment contre l’Europe alors qu’en réalité elles dénoncent l’Union Européenne »

    Alain de Benoist est un auteur controversé. Souvent mis de côté de la scène médiatique parisienne, le fondateur de la revue Éléments a le mérite d’avoir une vision tranchée quant à notre société moderne. Auteur de plus de 90 ouvrages, propriétaire de l’une des plus grandes bibliothèques d’Europe, le penseur de la « Nouvelle droite » évoque ici de nombreuses questions qui ont rythmé son itinéraire intellectuel, notamment celles de l’Europe et du penseur allemand Carl Schmitt. Entretien.
    Le Rideau : Alain de Benoist, on vous présente souvent comme celui qui a la plus grande bibliothèque privée d’Europe…
    Alain de Benoist : Je ne sais pas si c’est vrai. Je ne pense pas, il y en a certainement d’autres. En plus, il y a différents types de bibliothèques : des bibliothèques de bibliophiles, c’est-à-dire des gens qui achètent des livres rares, très chers, des beaux livres, des éditions illustrées, etc. Ce n’est pas mon orientation. J’aime bien les beaux livres mais j’achète d’abord les livres en fonction de leurs contenus ; je suis plus bibliomane que bibliophile. D’autre part, j’ai une bibliothèque relativement spécialisée, dans la mesure où j’ai assez peu de littérature. Plus des trois quarts de ma bibliothèque est consacré à ce que les Anglais appellent « non-fiction » : tout ce qui n’est pas œuvre de fiction. Parmi les grandes allées figurent la philosophie, l’histoire des religions, l’archéologie, l’antiquité, l’histoire contemporaine, les sciences sociales, les sciences de la vie, etc. Ce sont les domaines sur lesquels je travaille et qui m’intéressent le plus.
    Par ailleurs, mon côté collectionneur se manifeste sur un certain nombre d’auteurs que j’aime particulièrement. Il doit y en avoir une centaine, je pense. Là, je dois dire que j’ai un peu tendance à acheter tout ce qu’ils ont publié, tout ce qu’on a publié sur eux. Par exemple, j’ai une bibliothèque célinienne assez énorme, tout comme celle consacrée à Bernanos, à Péguy, etc. Ça va assez loin : si je vais en République tchèque, je vais acheter des livres de Céline, de Bernanos et de Péguy que je vais trouver en langue tchèque, que je suis évidemment incapable de lire, mais je veux les avoir. J’ai des éditions de Carl Schmitt en chinois, en turc, en japonais d’un certain nombre d’auteurs…
    J’ai arrêté d’acheter sur catalogue – évidemment ça prenait un temps fou, car, quand vous recevez un catalogue il faut le lire tout de suite, téléphoner pour retenir les livres…c’est toute une industrie -, ç’a coïncidé avec l’apparition d’Internet. Il y a tellement de possibilités d’achat, pas seulement de livres neufs bien entendu, mais aussi de livres d’occasion sur des sites qui regroupent eux-mêmes des dizaines ou des centaines de libraires, lesquels proposent des centaines de millions de livres ! C’est vertigineux ! J’achète donc moins de livres anciens, plutôt des livres nouveaux. Je reçois pas mal de livres en service de presse et je continue surtout mon travail de repérage, en lisant pour chacun des pays dont je maîtrise à peu près la langue – en France, c’est Livres-Hebdo – des publications professionnelles qui recensent toutes les semaines la totalité des livres sortis. À priori, il n’y a pas grand-chose qui m’échappe. Un journal comme Livres-Hebdo recense toutes les semaines 2 à 3000 livres. C’est classé par rubriques, donc c’est plus facile à consulter. Tous ces facteurs ont influé sur l’importance de ma bibliothèque. Elle est pour l’instant dispersée dans deux maisons, une maison que j’ai près de Versailles et une maison en Normandie. Le grand problème est évidemment toujours de trouver de la place, de classer. Ces dernières années j’ai beaucoup classé : ç’avait commencé à s’empiler d’une manière qui n’était plus tellement accessible. Maintenant c’est bien classé, mais les murs ne sont pas extensibles : j’essaie de me restreindre. C’est à la fois de la collectionnite, de la manie, incontestablement – il est très clair que j’ai des milliers de livres que je n’ai jamais lus et que je ne lirais jamais – mais c’est quand même une bibliothèque de travail. Si je travaille sur un sujet, je vais trouver tout un rayon de livres qu’à ce moment-là je vais lire crayon à la main, de manière très attentive.
    Quand est-ce qu’a commencé cette « collectionnite aigüe » ?
    Très tôt, dès que j’ai eu les moyens d’acheter des livres. J’ai commencé par les livres de poche puisqu’à ce moment-là, c’était les débuts de la collection du Livre de Poche. Évidemment, je m’étais mis en tête d’acheter tous les livres de la collection ! C’est mon côté collectionneur. J’ai énormément lu et après je n’ai cessé d’acheter des livres. J’en ai acheté énormément pendant une dizaine d’années sur des catalogues de livres d’occasion français et étrangers. Ce qui fait que ma bibliothèque a à peu près autant de livres en langues étrangères qu’en langue française.
    Est-ce que vous avez pensé à votre succession ?
    Oui, j’y ai pensé. Et je dois avouer que je n’ai pas trouvé de bonne solution. J’ai deux enfants que ça n’intéresse pas fondamentalement. J’ai une grosse bibliothèque germanophone que j’envisage de léguer à une fondation en Allemagne. Pour le reste, je ne sais pas. L’hypothèse la plus probable, c’est que tout cela sera vendu et dispersé. On peut aussi faire des ventes groupées dans des hôtels de vente, mais il faut établir un catalogue ce qui est un travail énorme. Je n’ai pas fait de catalogue parce que, lorsque j’ai commencé à avoir des masses considérables de livres, il n’y avait pas encore les ordinateurs, tout simplement. Mais là, pour rattraper quarante ans d’achats en différentes langues, il faudrait salarier quelqu’un pendant plusieurs années. Disons que le catalogue est dans ma tête et que je sais à peu près où est chaque livre.
    Comment jugez-vous le marché du livre actuellement ?
    Il est clair qu’aujourd’hui il y a une crise de l’édition. Beaucoup de gens en parlent. Il y a aussi une crise de la lecture qui est évidente et qui a pour cause fondamentale toutes les nouvelles technologies fondées sur l’image. En dehors même du flot d’images qui nous est dispensé par ces technologies, il y a le fait qu’on peut accéder par internet à tout un tas de fichiers numériques, de livres rares parfois. Mais je dois dire que là je suis totalement fermé. Je pense que c’est en partie un problème de génération. Je suis vraiment un enfant de la galaxie Gutenberg ! Un texte est indissociable, pour moi, d’un livre qu’on prend dans la main, qui, à la limite, peut avoir une odeur. Le plaisir d’avoir un livre dans la main, de pouvoir écrire dessus, dans les marges, est quelque chose qui est indissociable de la lecture. Lire à l’écran ou imprimer sur des feuilles volantes, ce que je fais bien entendu, comme tout le monde, n’est pas du tout ce que j’attends de la lecture. J’ai peut-être un côté un peu « dinosaure » à ce sujet : peut-être que dans cinquante ans le livre n’existera plus du tout.
    C’est possible, selon vous ?
    J’ai du mal à le croire. J’ai tendance à penser qu’il y aura toujours des petits cénacles. Subsiste aussi le problème des livres très spécialisés. Des tas de livres sont édités dans un cadre universitaire et ne touchent que quelques dizaines de lecteurs. Ce n’est donc pas rentable numériquement d’exploiter tout cela. Mais on ne sait jamais. Rappelez-vous le film de Truffaut, Farenheit 451, dans lequel on brûle les livres… C’est une perspective que je trouve tout à fait désespérante, mais c’est quelque chose que je ne verrai pas, et, par conséquent, je suis content d’avoir ma bibliothèque.
    N’est-il pas préférable, conformément à la phrase de Diderot, de ne compter que « sur peu de lecteurs » tout en aspirant « qu’à quelques suffrages », plutôt que d’être mal lu par tout le monde ?
    La question de savoir par qui on est lu est une très vieille question. Quand vous vendez un livre à 1000, 3000, 10 000 exemplaires, parmi ceux-ci, combien y a-t-il de vrais lecteurs ? De gens qui vont descendre dans le texte et en retirer la substantifique moelle ? Cela vaut pour n’importe qui. La différence reste que dans un passé si lointain, certaines lectures changeaient la vie des gens ; quand on parle avec un certain nombre de personnalités, elles peuvent nous citer les livres qui les ont marquées. Évidemment, on est marqué différemment selon l’âge, qu’on lise à 17-18 ans ou à 35-40 ans. Mais est-ce qu’on peut être encore marqué à vie et même orienter sa vie en fonction d’une lecture faite sur écran ? C’est une question que je me pose.
    Trouvez-vous encore des auteurs contemporains « valables » ?
    Il y en a toujours, heureusement. Je dirais simplement qu’on ne voit plus l’équivalent des grands noms de l’époque de Sartre, Barthes, Derrida, Bourdieu…Les grands intellectuels ont un peu disparu. Ça ne veut pas dire que les gens n’ont plus de talent, mais plutôt que c’est la fonction même qui a subi une mutation : on est sorti de l’époque où le grand intellectuel, qui avait sa base à l’Université, jouait le rôle de porte-parole des sans-voix ou de grande autorité morale. L’intellectuel a été destitué de son autorité morale, à la fois parce que le monde universitaire et scolaire est entré dans une très profonde crise – peut-être faudrait-il dire de « décadence » –, mais aussi parce que le canal par lequel l’intellectuel peut s’exprimer aujourd’hui, c’est le journal, la télévision. Il rentre par la même dans la société du spectacle. Le fait d’être invité à participer à une émission de télévision ne vous donne pas d’autorité morale particulière : c’est juste une visibilité spectaculaire. Par conséquent, on est sorti de l’ère des intellectuels. Mais il y a toujours des auteurs importants. J’ai été assez proche de Jean Baudrillard qui est quelqu’un dont l’œuvre est, je pense, admirable. J’aime beaucoup l’école d’Alain Caillé et Serge Latouche. Je trouve que Jean-Claude Michéa fait aujourd’hui des livres importants qui renouvellent certaines problématiques. J’ai beaucoup d’admiration pour un politologue et sociologue comme Louis Dumont, par exemple.
    Parmi vos nombreuses publications, lesquelles préférez-vous ?
    C’est assez compliqué de répondre, car je n’ai jamais fait de livre qui soit une sorte de somme, comme l’ont fait certains auteurs qui ont écrit « le » livre de leur vie. Je n’ai pas du tout un esprit de système ; j’ai donc abordé des sujets très différents. Par goût du paradoxe, je dirais peut-être le livre publié avec Thomas Molnar sur la notion de sacré (L’éclipse du sacré, éditions La Table Ronde, NDLR), certainement l’un de ceux que j’ai le moins vendu, d’ailleurs. Dans des écrits plus proprement théoriques, j’ai publié un gros livre à l’Âge d’Homme qui s’appelle Critiques – Théoriques et qui, en l’état actuel, est ce qui donne la vue la plus générale de mes positions dans différents domaines. Et puis mon autobiographie, Mémoire vive, publiée chez Bernard de Fallois il y a deux ans : j’y tiens beaucoup, car elle n’est pas seulement le récit de ma vie – qui, après tout, ne passionne pas nécessairement les foules –, mais surtout le récit d’un itinéraire intellectuel, itinéraire qui n’est pas toujours perceptible quand on me lit.
    Au vu de ce que vous venez de dire, peut-on en déduire que vous pensez que la société actuelle est trop spécialisée ?
    Effectivement, il y a dans les domaines du savoir, de la connaissance, dans les disciplines académiques, une très grande spécialisation. Mais cette spécialisation vient de deux choses ; d’abord du fait que le nombre d’informations à traiter est tellement énorme aujourd’hui qu’il est extraordinairement difficile et très ambitieux de vouloir faire une sorte de synthèse globale ; d’autre part, l’évolution du système universitaire et scientifique, qui fait obligation aux auteurs de publier beaucoup (« publish or perish »), fait qu’il est plus facile, dans une certaine mesure, de devenir spécialiste d’un petit territoire plus ou moins inexploré. Ainsi, vous devenez spécialiste du commerce des gains entre 1644 et 1722. Formidable…
    C’est un contraste énorme par rapport au XIXe siècle qui a été l’époque des grandes synthèses, quand on pense aux Histoires universelles, aux Histoires de France en 40 volumes écrites par des auteurs qui ne doutaient de rien et n’avaient à leur disposition ni machine à écrire ni ordinateur. Je trouve ça stupéfiant et admirable. Quand on prend un livre comme Le déclin de l’Occident, de Spengler, par exemple, qui est une considération sur l’histoire universelle nourrie par une culture absolument phénoménale, quoi qu’on pense de ses orientations : c’est un projet que plus personne – aujourd’hui – n’entreprendrait, tout simplement.
    En soi ce ne serait pas dramatique si la spécialisation se bornait à une répartition des tâches, de division du travail : le problème c’est que les gens qui deviennent spécialistes d’un petit secteur ont souvent une absence totale de culture sur le reste. Dans mes mémoires, je cite l’exemple d’un helléniste que j’ai très bien connu, François Chamoux, avec lequel j’avais effectué un voyage en Grèce. Je lui avais posé une question qui ne devait pas être bien compliquée, mais il m’avait répondu : « Ah, la question que vous me posez se rapporte au VIe siècle avant notre ère et je suis spécialiste du Ve siècle ; je ne peux donc pas vous répondre ». Ça m’avait frappé parce que j’avais cru qu’il se moquait de moi. Or, il était sincère.
    Je crois très profondément, et c’est aussi le fond de ma démarche, à la nécessité d’un certain encyclopédisme. Je veux dire par là qu’il y a des choses, des idées et des vérités qui naissent de la rencontre des points de vue. J’ai fréquemment déploré le fait que les spécialistes des sciences de la vie, par exemple, et ceux des sciences sociales s’ignorent et se méprisent en général très cordialement. Alors que je crois qu’au contraire, c’est la confrontation des données que l’on peut recueillir dans ces deux domaines qui s’éclairent mutuellement et qui peuvent donner une idée plus juste et fructueuse. Je crois que c’est Jules Monnerot qui parlait de la nécessité des « coordinateurs-synthéticiens », les gens qui veillent au carrefour. Le grand problème de la spécialisation est qu’elle fait disparaître ces synthéticiens.
    Quelles études avez-vous suivi ?
    J’ai fait une filière qu’on appelait « A », totalement littéraire. J’ai appris autant que possible le grec et le latin avant d’aller ensuite au lycée Montaigne, puis au lycée Louis-Le-Grand où j’ai fait la classe de philo. J’ai ensuite été un an à l’Institut d’études politiques, mais je n’ai pas continué. Puis, j’ai effectué mes études à la Sorbonne, essentiellement en sociologie, morale, philosophie générale et histoire des religions.
    J’ai su que vous avez bien connu Raymond Abellio. Des anecdotes ?
    J’ai en effet été lié d’amitié avec Raymond Abellio, que j’ai très bien connu dans les dernières années de sa vie pour des raisons de chronologie évidentes. C’est l’un des hommes dont la conversation était la plus passionnante. Ça partait un peu dans tous les sens, mais c’était une sorte de jaillissement continu de points de vue, d’idées paradoxales…C’était un homme en même temps très enthousiaste. Je me souviens que lors de l’écriture de son dernier livre il était assez malade et il répétait : « Il faut que je le termine absolument ». Il l’a terminé et il est mort juste après. On pourrait dire qu’il s’est retenu de mourir, ce qui n’est pas forcément absurde comme idée. Il voulait terminer sa dernière œuvre.
    Venons-en à un sujet très actuel, Carl Schmitt. Pour reprendre le titre d’un ouvrage sorti chez Gallimard (J.F. Kervégan en est l’auteur, NDLR) : Que faire de Carl Schmitt ?
    Le lire, tout simplement. Ce sont des questions un peu ridicules : « De quoi Carl Schmitt est-il le nom ? », « Que faire de Carl Schmitt ? ». Le statut de Carl Schmitt est très paradoxal : on a beaucoup focalisé, surtout à date récente d’ailleurs, sur le fait qu’il s’est indéniablement compromis sous le IIIe Reich. Pas pendant longtemps, mais entre 1933 et 1936. En 1936, le parti nazi et la SS constatent qu’il n’est pas du tout dans la ligne, qu’il n’est pas national-socialiste, et engagent une très violente campagne contre lui à l’issue de laquelle il est destitué de toutes ses fonctions officielles. Il garde seulement son professorat.
    On peut discuter à l’infini des raisons pour lesquelles Carl Schmitt s’est engagé de la sorte. C’est d’autant plus étrange qu’il faut rappeler qu’en 1932, un an avant l’arrivée d’Hitler, lui-même demandait l’interdiction du parti nazi. Je laisse cela aux biographes. Je suis quelqu’un qui ne disqualifie jamais une œuvre au motif de la biographie de son auteur. La biographie de l’auteur, je m’y intéresse de manière distincte. Savoir ce qu’a fait Heidegger ou Carl Schmitt entre 1933 et 1936, c’est comme si j’apprenais demain que Shakespeare était cleptomane ou qu’il tuait des petits garçons tous les matins : je m’en fiche complètement, dans la mesure où cela ne change rien à la valeur de son œuvre. Dans le cas de Carl Schmitt, c’est encore plus frappant, car l’essentiel de son œuvre date d’avant 1933 et d’après 1945. Ce qu’il a publié pendant la guerre et sous le IIIe Reich – même si cela ne manque pas d’intérêt, je pense notamment à Terre et Mer –, ce n’est pas l’essentiel de son œuvre. Ses grands livres restent ceux qui traitent de la notion de politique, du parlementarisme, de la théologie politique, de la figure du partisan, du Nomos de la Terre, etc.
    On a quand même retrouvé, dans ses journaux qui datent d’après la guerre, des passages antisémites…
    Oui, mais le problème c’est qu’il ne faut pas tomber dans l’anachronisme. Il faut d’abord avouer que l’antisémitisme était extrêmement répandu à cette époque-là dans les milieux les plus différents, et que ce n’est pas parce que quelqu’un a écrit des phrases antisémites qu’il était nazi. Des antisémites, on sait aujourd’hui qu’il y en avait aussi dans la Résistance française ! Schmitt pouvait penser ce qu’il voulait des Juifs, mais ce qui est important c’est qu’il n’y a pratiquement aucune remarque antisémite dans ses ouvrages, à une ou deux exceptions près. On peut les enlever, ça ne change absolument rien à la valeur de son œuvre.
    Le statut de Carl Schmitt est extrêmement bizarre. Il est fréquemment critiqué et, périodiquement, il y a des campagnes dirigées contre lui. En même temps, je peux vous dire que Carl Schmitt est aujourd’hui l’auteur de science politique le plus discuté dans le monde, et non de manière hostile. Il est traduit systématiquement dans toutes les langues : aux dernières nouvelles, ses œuvres complètes sont en cours de traduction à Pékin. Les traductions et les livres sur lui se multiplient également. Il se trouve que je suis cela de très près, car j’ai publié il y a quatre ans en Autriche une bibliographie schmittienne de 600 pages, que je continue à mettre à jour. Depuis 1985, année de la mort de Carl Schmitt, plus de 500 livres lui ont été consacrés, ce qui signifie qu’il sort dans le monde pratiquement un livre toutes les semaines ou tous les quinze jours. Les articles, eux, se comptent par milliers dans toutes les revues de sciences politiques. Il y a une influence indéniable de Carl Schmitt, plus sensible peut-être encore auprès d’auteurs de gauche que d’auteurs classés à droite : les schmittiens de gauche sont légion. Il est donc à la fois un auteur sulfureux et, en même temps, considéré comme le dernier grand classique en matière de science politique.
    Comment en êtes-vous venu à la lecture cet auteur ?
    Le premier livre de Schmitt que j’ai lu est évidemment La notion de politique, paru en 1972 aux éditions Calmann Lévy, dans la collection « Liberté de l’esprit » dirigée par Raymond Aron. Aron s’est beaucoup intéressé à Carl Schmitt. Il est d’ailleurs très significatif que ceux qui ont introduit ou réintroduit l’œuvre de Schmitt en France après la guerre étaient Raymond Aron et Julien Freund, ancien résistant arrêté plusieurs fois par la Gestapo. Ce dernier était devenu un grand ami de Carl Schmitt. Vous voyez que les choses ne sont jamais très simples. Ensuite, je l’ai lu au fur et à mesure des publications et des traductions. Pour finir, j’ai moi-même travaillé sur Schmitt, j’ai publié cette bibliographie, un livre intitulé Carl Schmitt actuel, qui a été traduit dans six langues différentes, ainsi que trois recueils de textes de Carl Schmitt inédits en France.
    Pensez-vous que sa vision de l’Europe correspond à la vôtre ?
    J’apprécie beaucoup l’œuvre de Carl Schmitt, je pense que c’est un auteur absolument fondamental. Il fait surtout partie de ces auteurs que l’on peut lire indéfiniment en trouvant quelque chose que l’on n’avait pas aperçu avant, et ce à chaque lecture. Un livre comme la notion de politique, par exemple, j’ai dû le lire six ou sept fois et j’y trouve toujours des éléments nouveaux. Je pense par ailleurs qu’il y a une très grande actualité de Carl Schmitt : sa critique du libéralisme est plus actuelle que jamais, ses travaux sur le parlementarisme également, ainsi que ses études en matière de droit constitutionnel. Ce qu’il a écrit sur la figure du partisan nous renvoie à l’actualité du terrorisme, sa critique de la « guerre juste » tombe à point nommé au moment où l’on voit réapparaître les guerres « humanitaires », les interventions de police internationale, etc. Dans toute une série de débats qui concernent l’actualité la plus immédiate, il apporte quelque chose et on est pratiquement tenu de le citer.
    Cela dit, je ne suis pas un disciple inconditionnel de Carl Schmitt. Il y a des points sur lesquels je suis même en désaccord avec lui. D’abord, il ne faut pas l’oublier, c’est un auteur très profondément catholique, ce qui n’est pas mon cas. Ensuite, sur la notion même de politique, je fais quelques réserves sur son analyse. Ce qu’il dit sur la dialectique ami/ennemi est très intéressant dans le domaine de la politique étrangère, mais beaucoup plus difficilement applicable pour ce qui concerne la politique intérieure. Je suis aussi en désaccord avec le fait que Carl Schmitt fasse venir en premier l’inimitié par rapport à l’amitié. L’amitié est, pour lui, une conséquence de l’inimitié. Pour moi, c’est le contraire. Je fais venir en premier la notion d’amitié politique ; mais c’est peut-être parce que je suis assez aristotélicien, alors que Schmitt est plutôt un augustinien. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a peur de voir la politique disparaître. Dans ses livres, il exprime à plusieurs reprises la crainte que ce qu’il appelle la « dépolitisation libérale » finisse par l’emporter et qu’on rentre dans un monde sans politique, où le politique aurait disparu. Je ne sais pas s’il a raison, mais je suis beaucoup plus réticent quant à admettre cette idée. Pourtant, en fonction même de ce qu’il dit, le politique ressurgit toujours. D’un côté, il exprime la crainte que le politique puisse disparaître, de l’autre il dit que toute inimitié dans quelque domaine qu’elle s’exprimee, restitue une dimension politique dès l’instant où elle monte aux extrêmes. Si c’est vrai – et il n’y a pas de raison de considérer que c’est faux –, on voit mal comment le politique pourrait disparaître.
    Parmi les grands « schmittiens », que pensez-vous de Giorgio Agamben ?
    Je crois que Giorgio Agamben n’est pas vraiment un grand schmittien ; je pense d’ailleurs qu’il serait le premier à récuser cette étiquette. Il est très critique de Schmitt sur plusieurs points, mais il est exact qu’il en parle beaucoup. Tout d’abord parce qu’il est italien et que la fortune de Schmitt en Italie a toujours été considérable. En Italie, tout le monde cite Schmitt ! Et les réticences que peuvent avoir les Français, suite aux campagnes menées par Emmanuel Faye ou Yves Charles Zarka, les Italiens ne les comprennent pas du tout. Les grands auteurs de gauche italiens comme Massimo Cacciari, Danilo Zolo et tant d’autres écrivent énormément sur Schmitt. Les Français sont très en retrait par rapport à la lecture de Schmitt, telle qu’elle se fait en Italie et secondairement en Espagne, par exemple. De son vivant, Schmitt a eu beaucoup de liens avec l’Espagne, puisque sa fille avait épousé un Espagnol.
    Votre influence est également importante en Italie…
    Oui, je vais souvent en Italie, j’ai beaucoup d’amis italiens et j’en suis à 36 ou 37 livres publiés en langue italienne, ce qui est assez considérable.
    Comment vous expliquez cette préférence géographique ?
    Cela s’explique d’abord par les liens personnels que j’ai tissés avec des intellectuels, des journalistes, des écrivains italiens. J’ai toujours été très « italophile » ! Évidemment, quand on noue beaucoup de liens, ça favorise les traductions d’articles ou de livres. Deuxièmement, il y a le fait que les Italiens, en général, s’intéressent beaucoup plus à la France que les Français ne s’intéressent à l’Italie. Ils sont incroyablement cultivés concernant tout ce qui se passe en France sur le plan intellectuel. C’est également un pays dont la langue est évidemment assez proche, par certains aspects, de la langue française. Les Italiens, enfin, sont des gens qui ont des réactions très rapides, tout à fait à l’opposé des Allemands sur ce plan-là : ils sont toujours à l’affût des nouveautés. Tout va très vite en Italie…
    Revenons à l’Europe. Êtes-vous du même avis que Carl Schmitt à ce sujet ?
    Non. Schmitt est fondamentalement un étatiste. En même temps, il est très lucide et a compris que l’Etat-nation est entré en crise depuis les années 1930 ; il s’interroge donc sur son avenir. C’est un étatiste qui prend soin, par ailleurs, de dire que la politique et l’État sont des choses très différentes. L’État peut se vider de son contenu politique, le politique va ressurgir ailleurs. Il n’en reste pas moins que, de façon presque sentimentale, Carl Schmitt est un étatiste, un disciple de la souveraineté selon Jean Bodin, et aussi un élève de Hobbes. Il attache de l’importance à des contre-révolutionnaires comme Maistre et Donoso Cortés, mais c’est fondamentalement un souverainiste.
    Je ne me situe pas dans cette optique parce que j’ai subi d’autres influences, notamment celles du milieu fédéraliste. Je vois beaucoup plus l’Europe comme une fédération, alors que Schmitt, notamment dans sa Théorie de la Constitution, critique assez nettement la fédération dans une dialectique, assez fine d’ailleurs, où il oppose fédération, confédération, etc. Ma conception de l’Europe est fédérative. Je dois beaucoup à des théoriciens issus de ce qu’on a appelé le fédéralisme intégral, avec des gens comme Robert Aron, Alexandre Marc, Denis de Rougemont…
    Je ne suis pas pour une Europe des régions, mais pour une Europe qui prenne en compte les régions et les nations dans une optique fédéraliste. Je reste donc partisan d’une Europe politiquement unie, dont je reconnais d’ailleurs que c’est une perspective très lointaine aujourd’hui. Il est très clair que l’actuelle Union européenne ne correspond pas du tout à ce modèle : à mon avis elle est même l’inverse. Il y a des gens qui disent aujourd’hui que l’Europe de Bruxelles est fédérale ; je la trouve au contraire extrêmement jacobine puisqu’elle s’est bâtie à partir du haut – de la Commission de Bruxelles – au lieu de partir d’une démocratie locale fondée sur le principe de subsidiarité. Le drame c’est que l’UE a mis en marche un mode de construction européenne vicié dès le départ, en s’imaginant que par une sorte d’effet de cliquet, la citoyenneté économique allait donner naissance à la citoyenneté politique. On s’aperçoit que ça ne marche absolument pas.
    Aujourd’hui, l’UE qui, de surcroît, s’est étendue hâtivement à différents pays d’Europe de l’Est – qui étaient très mal préparés à rentrer dans l’Europe et qui voulaient surtout intégrer l’OTAN pour se placer sous le parapluie américain –, se retrouve à la fois impuissante et paralysée. Elle fait désormais l’objet de toutes les critiques. C’est une chose qui me désole. Il y a vingt ou vingt-cinq ans, l’Europe était une solution pour la plupart des gens. Aujourd’hui c’est « l’Europe problème ». Les gens ont peur de l’Europe et lui attribuent, parfois d’ailleurs à juste titre, des initiatives absolument désespérantes, notamment la perte des souverainetés des États nationaux. C’est un thème que les souverainistes développent beaucoup, et il est certain que les États perdent leur souveraineté. Le drame est que ce n’est pas au profit d’une souveraineté européenne. La souveraineté qu’ils font disparaître tombe dans une espèce de trou noir au profit d’un ensemble mou qui ne sait même pas, parce qu’il n’a jamais voulu déterminer ses finalités, s’il veut être un marché ou une puissance. En ce sens, l’Union européenne discrédite l’Europe. Beaucoup de gens parlent contre l’Europe alors qu’en réalité ce qu’ils dénoncent c’est l’UE. Pour moi l’UE, c’est toute autre chose que l’Europe !
    Le rideau
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