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Europe et Union européenne - Page 384

  • Nouveaux clivages certes

    6a00d8341c715453ef0240a461bd60200c-320wi.jpgToute une partie, que l'on situe à droite sur l'éventail des opinions politiques, restera toujours convaincue de l'absence de nouveauté sous le soleil. Pour un réactionnaire digne de ce nom, les choses ne sauraient se reproduire qu'à l'identique. Pour son adversaire de gauche, au contraire, on repartira toujours à zéro, car les leçons du passé, outre que l'idéologie cherchera de façon perpétuelle à en effacer la mémoire, ne servent à rien.

    La cause de la vérité et de la liberté ne peut se confondre, bien sûr, avec ces deux types d'aveuglements symétriques. Héraclite semble l'avoir déjà située dans les fulgurants fragments qui nous ont été transmis, à plus de 2 500 ans de distance, aux alentours de la 70e olympiade : "la seule chose qui ne change pas c'est le changement".

    Des clivages évolutifs, on pourrait en évoquer pas mal.

    D'autres reviendront à reprendre le combat des mêmes contre les mêmes, sous des apparences différentes.

    Ainsi l'affaire Vincent Lambert déchaîne-t-elle de vraies passions. Sans doute n'existerait-elle pas sans le progrès médical des dernières décennies. Or, elle recrée un partage des eaux, à la fois inédit et renouvelé, entre défense de la vie et hantise de la déchéance.

    Plus radicalement, de la Baltique à l'Andalousie la plupart des études réalistes de l'opinion[1] placent, bien avant l'écologisme des bobos encadrant des bébés, l'immigration en tête des préoccupations citoyennes. Nos technocrates et nos toutous médiatiques peuvent bien se refuser à nommer son corollaire, l'islamisme, cela demeure bien central aux yeux des Européens.

    Qu'on permette à l'auteur de cette chronique de se répéter lourdement, et d'observer, à nouveau, qu'il s'agit bien de la fracture la plus nette et la plus profonde[2]. Elle a remplacé, aujourd'hui, celles qui se sont succédé au royaume des Lys, depuis la réunion des États Généraux en 1789.

    Cette question s'est bel et bien installée dans le débat public avec le discours prophétique d'Enoch Powell (1912-1998). Prononcé au congrès conservateur de 1968, il assura la célébrité de son auteur autour d'une citation de Virgile, redoutant des flots de sang. Cette transgression des mots d'ordre politiquement corrects valut à l'orateur d'être banni de la droite britannique. Bien des observateurs considèrent que c'est bien sa descendance qui l'a emporté lors du vote en faveur du Brexit en juin 2016.

    En France, après avoir stagné dans les années 1970, le mouvement de la flamme tricolore prit son essor, Mitterando regnante, dans les années 1980. Il avait adopté, entre-temps, ce cheval de bataille controversé inventé par François Duprat, lui-même rappelé au Ciel en 1974. Mais 45 ans plus tard, mesurant la progression continue de la protestation, on considère encore comme un succès d'avoir engrangé 25 % des suffrages autour d’une revendication qu'approuvent 65 % des électeurs.

    Une phrase, banale et même très plate dans son énoncé, a donc été prononcée par le Premier ministre Édouard Philippe au soir de ce 26 mai, supposé crépusculaire pour le parti de M. Wauquiez : "Les anciens clivages ne sont plus. De nouveaux sont apparus."[3]

    Préemptant la fin de l'opposition entre droite et gauche et des deux partis, "qui ont gouverné la France pendant plus de 50 ans", l’ancien maire du Havre appelle en fait à la macronisation d'une droite en déshérence. Peut-être, le chef du gouvernement envisage-t-il aussi un renforcement du poids des supposés conservateurs-réformateurs au sein de la coalition au pouvoir. On laisse courir la rumeur de sa candidature unificatrice contre Anne Hidalgo à Paris.

    Le 12 juin on pourra mesurer l'ampleur de sa vision du monde, sans aucun doute fascinante pour le petit peuple et grisante pour son élite éclairée. Il s'exprimera en effet, si Dieu nous prête vie, dans le cadre du discours de politique générale qu'en principe il s'apprête à prononcer devant l'Assemblée nationale.

    Dès maintenant il promet la reprise du programme présidentiel de 2017, largement avorté jusqu'ici.

    On verra bien ce jour-là quelle relance des réformes envisage de réactiver le pouvoir actuel, installé en 2017 sur ce mot d'ordre. On pressentira sans doute sa préoccupation teintée d'électoralisme, en vue du prochain scrutin municipal. Cette tare, mais aussi cette sauvegarde du régime, étreint comme d'habitude nos gouvernants.

    On s'emploie trop souvent à présenter pour essentiels les débats économiques.

    Or, on les envisage toujours, en notre Hexagone, sous l'angle des interventions étatiques. On ne veut jamais y voir la supériorité de la liberté des individus, plus intelligente que la contrainte des réglementations : ce choix décisif réapparaîtra bientôt.

    JG Malliarakis 

    Apostilles

    [1] Lire à ce sujet l'article très important de Dominique Reynié [titre probablement choisi par la rédaction du Figaro et d’ailleurs trompeur] : "Les citoyens européens ne veulent pas la fin de l’Union." 
    [2] cf. L'Insolent du 24 mai : "Petit bilan de campagne" 
    [3] cf. "Edouard Philippe capitalise sur les ruines de LR et sort renforcé"

    https://www.insolent.fr/

  • Européennes. En Europe centrale, victoire des identitaires

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    Par le Visegrád Post ♦ Si les médias français ont consacré la quasi-intégralité de leur temps d’antenne à analyser les résultats nationaux des élections européennes, le scrutin ne s’est évidemment pas limité aux frontières de l’hexagone ! Le Visegrád Post nous offre une bouffée d’air frais en analysant avec minutie les résultats des pays du groupe de Visegrád : Hongrie, Slovaquie, Tchéquie et Pologne.
    Dans ces pays, les scores des partis opposés à l’immigration sont très élevés.

    Comme partout dans l’Union européenne, le taux de participation à l’élection européenne a été faible dans les pays du V4. Cependant, dans chacun des quatre pays du Groupe de Visegrád, l’élection européenne de 2019 a connu une participation record, comme le montre le tableau ci-dessous :

      Hongrie Slovaquie Tchéquie Pologne
    2019 43,37 22,74 28,72 42,96
    2014 28,97 13,05 18,20 23,83
    2009 36,31 19,64 28,22 24,53
    2004 38,50 16,96 28,32 20,90

    Taux de participation en pourcentage, par pays et par année, aux élections européennes. Record de participation dans chacun des pays du V4.

    Hongrie

    Source : resultats-elections.eu

    Victoire écrasante et sans surprise du Fidesz, le parti national-conservateur de Viktor Orbán, avec 52,30% des suffrages. Pour le Premier ministre hongrois, en guerre ouverte avec le monde « libéral » et l’élite bruxelloise, cette victoire absolue lui offre encore une fois un argument de légitimité démocratique pour continuer sa politique – anti-immigration, pro-chrétienne, pro-famille – et s’impliquer plus encore dans la politique à l’échelle continentale. En effet, son contingent de 13 députés pourra, qu’ils restent au PPE ou pas, lui être utile comme argument de négociation. Les eurodéputés Fidesz sont, après les députés travaillistes maltais, les mieux élus du Parlement européen 2019-2024.

    En deuxième, le DK de l’ancien Premier ministre Ferenc Gyurcsány, politicien en faveur des États-Unis d’Europe, figure clivante de la politique hongroise pour sa répression sanglante des émeutes de l’automne 2006. Ce libéral de gauche est souvent critiqué comme un allié indirect objectif de Viktor Orbán, car vu comme un élément de zizanie dans l’opposition – toutefois très désunie avec ou sans Gyurcsány.

    En troisième position, Momentum, le jeune parti libéral allié d’Emmanuel Macron et de Guy Verhofstadt, après une ascension fulgurante. Ce parti souvent moqué comme étant un parti du centre-ville de Budapest réalise une percée également en province, en particulier dans certaines villes secondaires.

    En quatrième et cinquième positions, le parti socialiste et le Jobbik, au coude à coude, réussissant à avoir chacun un eurodéputé. Les deux partis connaissent un déclin dangereux pour leur survie de l’aveu même de leurs cadres. Lire ou relire notre dossier sur l’évolution du Jobbik ICI.

    Parmi les partis n’obtenant pas d’eurodéputés (sous la barre des 5%), le nouveau parti nationaliste de László Toroczkai, Mi Hazánk, le MKKP, le parti satirique et anarchiste, mais surtout le LMP, parti vert-libéral qui accuse un coup potentiellement fatal ; sa direction a même démissionné suite à l’annonce des résultats.

    Slovaquie

    Source : resultats-elections.eu

    Dans la logique de la récente élection présidentielle qui a porté à la tête de l’État la juriste libérale de 45 ans Zuzana Čaputová, l’élection européenne en Slovaquie a vu la victoire de la coalition entre Slovaquie progressiste (Progresívne Slovensko) et Ensemble-Démocratie civique (SPOLU – občianska demokracia) avec à peine plus de 20% des voix. Cette nouvelle victoire des forces libérales pourrait bien marquer un tournant dans la politique slovaque.

    En deuxième, le SMER, le parti menant la coalition gouvernementale dirigée par le Premier ministre Peter Pellegrini, successeur de Robert Fico, figure forte de la politique slovaque. Un score de 15,72% qui fait assez pâle figure dans un contexte de défiance. L’éclatement du vote des citoyens slovaques montre également le degré d’instabilité politique qui secoue actuellement le pays.

    En troisième position, les nationalistes radicaux de Marian Kotleba, créant la surprise alors que suite aux régionales de 2017, beaucoup les pensaient sur le déclin.

    Au coude à coude, les chrétiens démocrates du KDH et le parti libéral-libertaire et eurosceptique SaS, atteignent presque 10% chacun. Le KDH sur le déclin maintient toutefois ses deux eurodéputés tandis que le SaS, passé du groupe libéral ALDE au groupe conservateur eurocritique CRE en 2014, peu après les élections, s’est renforcé de 3 points.

    La coalition regroupant Les gens ordinaires et personnalités indépendantes (OL’aNO) et Nouvelle majorité (NOVA), sorte d’enfant illégitime du KDH et du SaS, obtient un élu.

    Fait notable, le parti de la minorité hongroise de Slovaquie, proche du Fidesz de Viktor Orbán, échoue tout juste pour le minimum de 5% nécessaires pour avoir un eurodéputé. Cela peut marquer le début du déclin du vote minoritaire.

    Autres partis n’obtenant pas les 5%, le parti patriotique SNS qui continue son déclin et le parti libéral Most-Híd (parti issu de la minorité hongroise MKP mais se voulant “trans-national”), dont l’électorat a probablement été capté par Zuzana Čaputová.

    Tchéquie

    Source : resultats-elections.eu

    ANO 2011, le parti du Premier ministre Andrej Babiš a réussit à gagner également cette élection, malgré les attaques constantes à son égard. ANO 2011 améliore même son score par rapport à 2014, où le parti libéral-conservateur avait alors récolté 16,13% des suffrages. Une bouffée d’oxygène pour le Premier ministre milliardaire, homme d’affaires se prêtant facilement à l’humour, entré en politique pour casser les codes et améliorer la gestion économique du pays selon vision plus économiquement libérale. Acteur important du renforcement du V4, Andrej Babiš, dont le parti est théoriquement membre de l’ALDE – comme LaREM ! -, est toutefois sur une ligne farouchement opposée à l’immigration massive ainsi qu’à l’euro ou encore au renforcement de l’axe Paris-Berlin.

    En deuxième, le parti libéral-conservateur et eurocritique ODS, poids lourd historique de la politique tchèque. Avec quatre eurodéputés, et membre du groupe CRE, il peut être un allié objectif de Babiš sur le plan européen pour défendre les intérêts tchèques.

    Le parti pirate confirme sa place de troisième force politique du pays. Ce parti libéral, progressiste et anti-conservateur est porté par une génération s’étant politisée avec internet, se sentant concernée par des enjeux liés au numérique, en faveur d’une démocratie plus directe et intégrée à l’idéologie de « société ouverte ».

    En quatrième place, TOP 09 (« Tradition, responsabilité, prospérité »), parti libéral-conservateur, membre du PPE, maintient une présence incontournable dans la politique tchèque, bien qu’en léger déclin, passant de quatre eurodéputés à trois.

    En cinquième position, le parti Liberté et Démocratie Directe, SPD, du tchéco-japonais Tomio Okamura. Ce parti patriotique, anti-Islam, anti-immigration et fortement critique de l’UE fait son entrée au parlement européen dans le groupe ENL avec deux élus.

    L’Union chrétienne démocrate – Parti populaire tchécoslovaque arrive en sixième position. Parti démocrate-chrétien, membre du PPE, la KDU-ČSL perd un élu et n’enverra que deux eurodéputés à Bruxelles.

    Enfin, le parti communiste tchèque – resté sur une ligne travailliste et marxienne, et donc opposé par exemple à l’immigration pour protéger les travailleurs tchèques – se maintient encore au-dessus de la barre des 5%, malgré un déclin progressif.

    Tout comme en Slovaquie, le paysage politique tchèque est très éclaté et divers. Cela résulte notamment d’une crise durable du système politique tchèque.

    Pologne

    Source : resultats-elections.eu

    En Pologne, première victoire du PiS à une élection européenne, améliorant son score par rapport à 2014 (+11,32%). Le parti national-conservateur au pouvoir depuis l’automne 2015 comptait sur ces élections, à six mois du scrutin législatif, pour prendre la mesure de sa capacité de mobilisation. C’est chose faite et le résultat est plus que satisfaisant pour le PiS. Conforté par ce résultat dans leur politique à échelle européenne, le PiS, parti leader du groupe CRE, entend bien se faire entendre plus que jamais à Bruxelles.

    En deuxième, la coalition européiste regroupant les libéraux de gauche de la PO, membres du PPE, ainsi que les libéraux-libertaires de Nowoczesna, le parti agraire PSL, les sociaux-démocrates du SLD post-communiste et les Verts. Échec de la politique de front uni qui s’annonce inquiétante pour les forces d’opposition en vue des élections législatives de l’automne. Toutefois, l’écart n’est pas très important entre la Coalition européenne (KE) et le PiS, constituant deux blocs majeurs déterminant dans la politique polonaise.

    En troisième, le tout nouveau mouvement Printemps (Wiosna) du militant LGBT Robert Biedroń. Un score non-négligeable pour ce parti progressiste radical, fondé en février 2019, et défendant une ligne LGBT et européiste. Tout semble indiquer que ce mouvement, structuré autour de l’activisme politique LGBT, puisse devenir un poil à gratter permanent pour le PiS catholique et conservateur.

    En quatrième position arrivent les patriotes de Konfederacja, union hétéroclite de nationalistes autour du sulfureux libertarien monarchiste Janusz Korwin-Mikke, connu pour ses sorties provocatrices sur les femmes, la démocratie, le IIIe Reich et l’Union européenne.

    Le mouvement Kukiz’15 retombe comme un soufflé, ne passant pas la barre symbolique (en Pologne, comme au Royaume-Uni, le système intègre une mesure par régions) des 5% et risquant ainsi de sortir bientôt du paysage politique polonais. Ils n’ont pas d’eurodéputé.

    Visegrád Post 27/05/2019

    Source : Visegrád Post

    Crédit photo : Visegrád Post

  • Macron n’a fait qu’aligner la gauche française à la social-démocratie européenne

    Macron n’a fait qu’aligner la gauche française à la social-démocratie européenne

    De Benoît Dumoulin dans L’Incorrect :

    Le scrutin du 26 mai est un véritable séisme. Pour la première fois, les deux formations politiques qui structuraient le Parlement européen depuis 1979, le PPE et les sociaux-démocrates, perdent la majorité absolue des sièges et devront composer avec les Verts et les Libéraux pour former une coalition. Les premiers, forts de leurs succès en France et en Allemagne, gagnent 20 sièges, et les seconds, au sein desquels siègeront les députés LREM, en enregistrent 30 de plus. Si bien que l’un et l’autre seront très convoités pour former une majorité et pourront se montrer exigeants. On se dirige donc vers une coalition à l’allemande regroupant tous les partis favorables à l’approfondissement de la construction européenne. […]

    C’est au niveau français que le scrutin a révélé des surprises lourdes de conséquences. D’abord, l’élection confirme l’effacement des anciens partis de gouvernement qui totalisent moins de 15% des voix, au profit du duel Macron-Le Pen, qui est l’assurance vie de la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. Celui-ci avait tué le PS en 2017, il a poursuivi son œuvre de recomposition de la vie politique en tuant LR.

    Contrairement à ce que l’on peut lire, ce n’est peut-être la fin du clivage droite / gauche autour duquel s’était structurée notre vie politique, mais simplement son évolution. En effet, Macron n’a fait qu’aligner la gauche française, encore archaïque et rivée aux 35 heures, à la social-démocratie européenne. Macron a fait en 2017 ce que Blair ou Schröder ont fait dans les années 2000 : un parti libéral, progressiste et pro-européen. LREM n’est que le nouveau visage de cette gauche qui reste progressiste mais aime l’argent, d’abord parce qu’elle s’est enrichie au fil des années, les anciens révolutionnaires devenant des apparatchiks nantis, et ensuite parce qu’elle estime que le socialisme a échoué et qu’il est temps, pour elle, d’appliquer à la sphère de l’État les méthodes de gouvernance issues de l’entreprise.

    En face, la droite dite de gouvernement, qui n’était pas encore morte en 2017, n’a jamais été capable de comprendre qu’il lui appartenait non seulement de recentrer son discours sur les thématiques identitaires – ce qu’elle a en partie fait – mais de nouer des alliances avec le RN, ce qu’elle n’a jamais voulu. Faute de clarification politique, elle se retrouve perdante sur les deux tableaux puisqu’une partie de son électorat a basculé chez Emmanuel Macron dont elle se sent plus proche, tandis que l’électorat conservateur et souverainiste, s’estimant trahi à chaque élection, ne peut lui accorder sa confiance, en dépit de la présence de François-Xavier Bellamy qui était une belle prise de guerre de Wauquiez mais n’a eu aucune influence sur la composition de la liste ni sur la stratégie de LR.

    Cela confirme, s’il en était encore besoin, que l’UMP, véritable auberge espagnole, était une imposture voulue pour agréger des partis qui reposaient sur des rentes électorales sans éprouver le besoin de clarifier leur ligne politique. Cela a fonctionné jusqu’au moment où Macron a bouleversé le jeu politique. Le tort de Wauquiez, c’est de n’être pas allé jusqu’au bout de cette clarification et de n’en avoir pas tiré toutes les conséquences au niveau électoral en 2017. Maintenant, il se retrouve en position de faiblesse et replié sur une base électorale très réduite. […]

    https://www.lesalonbeige.fr/macron-na-fait-qualigner-la-gauche-francaise-a-la-social-democratie-europeenne/

  • Recomposition et clarification du paysage politique

    agora.jpgC’est dans un Parlement européen où les cartes ont été rebattues que les 23 élus du RN vont faire leur entrée en juillet. Les deux plus vieux groupes politiques du PE, celui de la droite dite (souvent par antiphrase)  conservatrice, le parti populaire européen (PPE) et celui des sociaux-démocrates (S&D)  ont perdu leur majorité commune. Sur les 751 députés qui siègent dans l’hémicycle européen, le groupe PPE en recueille désormais  179 et le groupe S&D 152, soit respectivement 38 et 35 de moins que dans la précédente mandature. Pour autant, les européistes répartis dans d’autres groupes et formations ont eux progressé. C’est le cas bien sûr des Verts, confortés par la poussée du vote écolo-progressiste en France et en Allemagne (67 sièges contre 50 en 2014) et du groupe centriste-libéral-fédéraliste ALDE (105 sièges contre 69 précédemment), auxquels se joindront   les députés macronistes, et qui se hisse sur la troisième marche du podium. Le groupe Europe des Nations et des Libertés (ENL), progresse fortement, et à l’heure où nous écrivons, en toute hypothèse, il devrait compter au bas mot 58 sièges contre 37 actuellement. Plus largement, les députés  souverainistes,  nationaux,  populistes, eurosceptiques, répartis dans  trois groupes  (ENL, EFDD, ECR) sont désormais au nombre de 172, voire 185 pour peu que l’on comptabilise les 13 élus du Fidesz de Viktor Orban, qui a toujours un pied au sein du PPE…

    Un pole patriotique, identitaire,  antibruxellois qui pourra peser sur les débats, voire sur la mécanique des instances  européistes, la répartition de certains postes. Pour autant,  ne nous  leurrons pas, sociaux-libéraux, sociaux-démocrates,  écolos et leurs alliés de revers d’extrême-gauche n’hésiteront pas à se faire la courte-échelle pour  poursuivre leur fuite en avant  transfrontiériste, libre-échangiste et multiculturaliste, utopies mortifères  qui sont les piliers de l’actuelle contrefaçon européenne.

    C’est en tout cas implicitement ce que souligne, l’ex candidat de l’UMP et  directeur de la Fondation pour l’innovation politique Dominique ReyniéJacques Munnier le notait ce matin dans sa chronique sur  France Culture,  M. Reynié « estime dans Le Monde que la poussée des Verts et des centristes est propice à l’intégration européenne (…°). L’érosion de (l’) influence (du PPE et du groupe S&D)  ouvre la voie à des  combinaisons alternatives  avec des groupes favorables à l’Union européenne. Selon lui,  l’avenir de la droite n’est pas dans un rapprochement avec les populistes , mais dans la construction d’un bloc central où, à la fois incontournable et insuffisante, elle contribuerait à la prise en charge de préoccupations devenues lancinantes et qu’il serait déraisonnable de laisser plus longtemps en monopole aux populistes : la défense de la puissance économique, la protection des frontières, la promotion des valeurs communes » (sic).  Confier la défense des frontières et de notre puissance économique à ce bloc central là est pourtant, au bas mot, très problématique aux yeux des plus lucides et des citoyens ayant un minimum de mémoire et de culture politique…

    Mémoire et culture politique qui ont conduit nos compatriotes à ne pas accorder leur confiance à la liste LR à ces élections, quand bien même François-Xavier Bellamy a tenu ces derniers mois un discours souvent juste, intelligent  et structuré. Mais le contrat de confiance entre cette droite  et les Français malgré  les efforts méritoires de la tête de liste LR,  est (définitivement?) rompu. Une situation  qui  n’est pas de la responsabilité de M.  Bellamy mais des dirigeants d’une droite  spécialiste du double langage et qui  une  fois au  pouvoir et  présente dans les assemblées trahi ses électeurs. Le spectacle offert  ces dernières heures par des pontes de LR tirant à boulets rouges  sur la  le positionnement qui fut celui de MM. Bellamy et Wauquiez est d’ailleurs édifiant.

    Quelques jours avant le scrutin, le député européen et  vice-président de la région Ile-de-France, Geoffroy Didier, progressiste ayant endossé par opportunisme ces dernières années un discours nettement plus droitier, affirmait que  «quelle que soit l’issue du scrutin, Laurent Wauquiez a gagné son pari» . «Il a choisi et ensuite imposé, malgré les nombreuses résistances et réserves, François-Xavier Bellamy, qui fait aujourd’hui l’unanimité». Globalement, la campagne est «réussie dans la mesure où, quelle que soit l’issue du scrutin, nous avons d’ores et déjà atteint plusieurs objectifs».  «Le premier, c’est de réunir la droite, ça ne semblait pas du tout gagné il y a quelques semaines encore.» Deuxièmement, ce que nous avons déjà réussi à faire, là encore quelle que soit l’issue du scrutin, c’est de recréer un partenariat avec le centre, ce qui n’était pas non plus évident», affirmait-il

    Au lendemain de cette déroute de LR, M Didier expliquait  tout le contraire au micro de RTL : «La droite doit se déringardiser d’urgence et doit notamment abandonner son conservatisme sociétal. » «Cette droite-là ne nous fera jamais gagner, elle nous condamnera à l’échec.» «C’est peut-être une droite mais ça n’est pas la droite» La droite c’est aussi en effet celle qui a voté massivement -par réflexe de classe? rejet de l’amour du prochain? -    pour la liste de Nathalie Loiseau ce 26 mai dans les beaux quartiers de la capitale, les communes bourgeoises de l’ouest parisien et de la province, à Versailles , à Neuilly, à Bordeaux

    Présidente de la région Ile-de-France, opposante assumée à la ligne Wauquiez, la républicaine Valérie Pécresse entonnait hier le même discours que M. Didier, confiant qu’à la place du patron dr LR elle démissionnerait : « Le sujet c’est la survie ou la disparition de la droite à la prochaine élection. » « Il va falloir se mobiliser très vite pour les municipales. J’ai décidé de prendre mes responsabilités et, avec un certain nombre de maires, nous pouvons montrer le vrai visage de la droite, une droite qui aime l’ordre, une droite laïque et qui défend les valeurs de la République, une droite écologique et sociale. » Une urgence dit-elle, car « il n’est plus improbable de voir arriver Marine Le Pen au pouvoir puisque la droite n’arrive plus à incarner une alternance crédible à Emmanuel Macron. » « Ça veut dire qu’il faut tout changer ( chez les Républicains).  »

    Egalement à la manœuvre, souligne Gabrielle Cluzel,( Boulevard voltaire), « Le président du Sénat Gérard Larcher propose (à la direction de LR) une ouverture vers le centre,  histoire sans doute de perdre les 8,5 % d’électeurs restants. C’est LR version trappiste, qui continue de creuser sa tombe… »

    Docteur en science politique, Benjamin Morel, analyse parfaitement dans Le Figarola situation inextricable dans laquelle se trouve engluée LR. Cette formation politique paye aujourd’hui au prix fort son absence de courage et  de cohérence idéologique entre ses différentes factions. Toutes choses  que  Marine, Bruno Gollnisch, les dirigeants du RN avaient parfaitement analysé et anticipé. Toute maison divisée contre elle-même périra…

    « Pour l’électorat centriste note ainsi M. Morel, le vote utile a pris le visage de LREM, pour l’électorat plus conservateur, il a pris les atours du vote RN.(…). LR doit trouver un espace électoral entre LREM et le RN, avec un double vote utile. À cela s’ajoute une profonde division. Les électeurs LR sont plus des conservateurs libéraux, ses militants des gaullo-conservateurs et ses élus des centristes orléanistes. (…) Les élus LR qui représentent la principale force du parti aujourd’hui sont assez proches d’une ligne LREM ; les électeurs qui restent à LR sont plus proches d’une ligne RN. C’est un enfer à gérer pour toute direction de parti. LR ne peut plus être un parti attrape-tout comme il le fut jadis. Le grand parti du centre et de la droite, c’est une idée morte. Soit LR parie sur l’échec de LREM et tente de reconquérir l’électorat du centre, soit il suit les traces de l’ÖVP (en Autriche, NDLR)  ou de la CSU (en Allemagne, NDLR) en mettant la barre à droite pour récupérer le vote FN. Dans tous les cas, il faut pouvoir incarner l’alternance, donc l’alternative, donc être dans une opposition frontale au gouvernement. Si LR louvoie, si ses électeurs pensent que LR fait des cadeaux au gouvernement, les centristes préféreront voter quant à faire utiles, les autres n’y verront pas l’alternative et préféreront le RN. Le problème est que, à la veille des municipales, les maires LR vont avoir la tentation de faire alliance avec LREM au vu des derniers résultats… ». Bref,  la recomposition/clarification  du paysage politique se poursuit et n’en est peut-être qu’à ses débuts.

    https://gollnisch.com/2019/05/29/recomposition-et-clarification-du-paysage-politique/

  • Le vote « contre » plus payant que le vote « pour »

    Elections-européennes-2019.jpg

    La chronique de Philippe Randa

    L’instrumentalisation du vote « contre » aura été le fil rouge de ce nouveau scrutin des élections européennes avec des succès, néanmoins, mitigés…

    Plutôt payant pour les trois listes arrivées en tête : « contre l’extrême-droite », pilonné par La République en Marche a limité le score de la liste menée par Jordan Bardella dont le score est moindre qu’au précédent scrutin ; « contre la politique d’Emmanuel Macron », prôné par le Rassemblement national lui a certes permis de l’emporter sur celle de Nathalie Loiseau, mais avec seulement 1% de différence ; « contre la détérioration climatique », martelé par les Écologistes les a incontestablement remis dans le jeu électoral d’où il avait disparu précédemment.

    Plutôt contre-productif pour les autres listes en course dont l’échec est patent : la liste des Républicains qui s’insurgeait « contre le duel RN-LAREM » s’effondre – à l’instar de la liste menée par Nicolas Dupont-Aignan « contre on ne sait plus qui ni avec qui  » –, les électeurs ayant à l’évidence choisi « l’original » à la « copie », selon un adage qui n’avait pas toujours été vrai dans le passé.

    Quant aux listes « contre l’Europe », prônant peu ou prou le Frexit, le naufrage le plus évident est celui de La France insoumise, tout autant victime de la fracture sur l’immigration qui divise ses troupes que de la personnalité clivante de son leader historique… Quant à l’inexistence électorale des souverainistes Asselineau et Philippot, la charité n’autorise guère de commentaires après leurs résultats.

    Le vote « pour l’Europe » n’aura, lui, guère été payant ; seul le Parti socialiste peut s’estimer un miraculé pour ne pas avoir (encore) sombré définitivement, mais fait jeu égal avec FI et son ancien candidat à l’élection présidentielle Benoit Hamon aura ses frais de campagne remboursés avec 3%.

    Cela n’augure par des lendemains qui chantent pour une hypothétique refondation d’une gauche « repassée de la lumière dans l’ombre », comme pourrait peut-être dire aujourd’hui l’inénarrable Jack Lang.

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  • Gauche Onfray et droite Zemmour : même combat ?

    L’état de décomposition de la droite française aux dernières élections européennes exige une réflexion politique et idéologique profonde. Il est évident que, si rien n’est fait d’ici deux ans, Macron sera réélu sur un fauteuil en 2022 (jusqu’en 2027). 
    J’ai évoqué, dans mon précédent article, les raisons pour lesquelles la France ne s’en relèverait pas. 
    Il ne faut pas compter, non plus, sur des Pécresse, Bertrand ou autres Larcher pour comprendre la nécessité d’une union des droites. 
    Quant aux Retailleau et Wauquiez, ils n’auront sans doute pas le courage de faire enfin sauter cette frontière, qui n’est désormais plus que symbolique, entre leur ligne et celle du Rassemblement national. 
    De son côté, l’isolement et l’image de Marine Le Pen la conduiront avec certitude à l’échec à la prochaine élection présidentielle.
    Cette impasse politique pourrait être transcendée par le débat idéologique. 
    Les penseurs, les intellectuels qui alertent depuis des années doivent se réunir pour dépasser leurs divergences et s’unir sur l’essentiel. 
    Il est vrai que, lorsque l’on entend les critiques de Michel Onfray sur la dictature européiste maastrichtienne, lorsqu’on lit ses textes décodant l’islamisme et que l’on connaît les thèses que défend Éric Zemmour depuis des décennies, on se dit que, finalement, ce qui les sépare dorénavant est secondaire.
    En effet, qu’est-ce qu’Onfray trouverait à redire de cette phrase que Zemmour a prononcée le 1er février 2014 et qui synthétise, finalement, une bonne partie de sa pensée : « Le gouvernement a un programme totalitaire […] Il veut détruire tout ce qui structure et identifie les gens, c’est-à-dire la famille, le sexe, mais aussi la nation. […] Il y a une volonté de la gauche d’achever la nomadisation de la population, d’en faire des êtres interchangeables, ni vraiment hommes ni femmes, ni vraiment français ni étrangers, ni rien du tout. C’est un projet totalitaire » ?
    Ces deux personnalités incarnent, finalement, en mettant des concepts sur les impressions et les expériences, cette France des gilets jaunes qui s’est exprimée sur les ronds-points. 
    Cette France que Christophe Guilluy a décrite comme « périphérique », celle du bon sens, qui voit, vit et comprend les problèmes de la nation, qu’un Ivan Rioufol analyse également chaque semaine avec pertinence.
    La fracture qui séparait les électeurs de gauche et de droite concernant le libéralisme économique est désormais caduque. 
    On voit qu’émerge, des deux côtés, l’idée de régulation du libre-échange et de protectionnisme. L’économie n’est, de toute façon, que la conséquence d’une politique, et même plus : d’un choix civilisationnel des gouvernants. 
    Et ce sera sur cette question d’ampleur qu’une pensée allant de la gauche Onfray à la droite zemmourienne pourra faire barrage aux mondialistes et leur « projet » de mondialisation clamé haut et fort par Macron à la présidentielle. 
    Ce projet aboutira soit à un grand espace de consommation multiculturelle, soit, par le triomphe du communautarisme islamique sur les âmes désœuvrées et désenchantées de nos contemporains, à des perspectives largement traitées dans les romans de Houellebecq… 
    On le voit, le corpus intellectuel existe. 
    Il faut, désormais, le structurer dans une pensée, un programme et, évidemment, l’incarner politiquement. 
    Axel Vontargier

    http://by-jipp.blogspot.com/2019/05/gauche-onfray-et-droite-zemmour-meme.html#more

  • EUROPÉENNES - ANALYSE RÉSULTATS ... ET APRÈS ?

  • Alain de Benoist : « le monde des vieux partis est en train de disparaître ! »

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    Pour la première fois depuis longtemps, voire pour la première fois tout court, deux intellectuels, Raphaël Glucksmann et François-Xavier Bellamy, figuraient parmi les têtes de liste aux élections européennes. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

    Cela n’a apparemment pas porté bonheur aux partis qui s’étaient adressés à eux ! L’un et l’autre se trouvent en effet associés à un échec retentissant. L’essayiste bobo Raphaël Glucksmann, libéral de gauche, avait déjà coulé le Magazine littéraire, il n’obtient que 6,1 % des voix avec sa liste « Envie d’Europe », qui n’a visiblement pas fait envie à grand monde. Alors qu’il voulait « reconstruire la gauche », pieux souhait s’il en est, il s’est retrouvé comme un petit ours polaire sur une banquise en train de fondre, godillant comme il le pouvait entre les écologistes, les insoumis, l’« Europe des gens » de Ian Brossat et la « liste citoyenne » de Benoît Hamon, pour ne rien dire des « animalistes » qui, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, ne soutenaient pas la dame Loiseau. La « gauche » se retrouve éclatée comme jamais. C’est pathétique.

    Le cas des Républicains est encore pire. François-Xavier Bellamy, jeune philosophe de talent, n’a certes pas démérité, mais les résultats qu’il a obtenus (8,4 % des voix) sont une catastrophe comme on en a rarement vu. La droite bourgeoise, qui aurait pu être sensible à son côté bien élevé, a préféré rallier Macron, au point que le petit prince-philosophe a même été battu dans son fief versaillais. Quant aux classes populaires, qu’il n’avait évidemment rien pour séduire, elles lui ont visiblement préféré un candidat encore plus jeune que lui, Jordan Bardella, qui a grandi dans les cités « difficiles » de Drancy, et non dans les beaux quartiers.

    Bruno Retailleau a tenté d’expliquer l’échec en disant que Bellamy avait été une victime collatérale du duel Macron-Le Pen. Après quoi les dirigeants de LR ont répété leurs mantras habituels : on va « convoquer des états-généraux pour refonder la droite », on va « retrouver nos valeurs », on va « rassembler » Nadine Morano et Valérie Pécresse, et autres calembredaines. Bref, on va maintenir l’équivoque et continuer à tourner en rond. Ces gens-là sont incorrigibles : ils n’ont pas compris qu’ils vont connaître le sort du PS parce que le monde des vieux partis est en train de disparaître. Ils n’ont pas compris que, dans le monde actuel, on ne peut atteler au même cheval la droite et le centre, les conservateurs et les libéraux. C’est tout aussi pathétique.

    De façon plus générale, est-ce le rôle des intellectuels de chercher à faire une carrière politique ? Vous avez naguère écrit que les intellectuels et les politiques vivaient sur deux planètes différentes, les premiers ayant tendance à complexifier les choses, les seconds à les simplifier pour d’évidentes raisons électorales. Ces deux mondes ne sont pourtant pas totalement étanches…

    Il y a une différence bien connue entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité. “Cela ne signifie pas”, disait Max Weber, “que l’éthique de conviction est identique à l’absence de responsabilité et l’éthique de la responsabilité à l’absence de conviction”. Il faut au contraire souhaiter que les hommes politiques aient des convictions fortes, et tenir compte aussi de ce qu’il est parfois nécessaire de théoriser la praxis. Mais il reste que la politique est l’art du possible (ou de rendre possible ce qui est nécessaire), tandis que la théorie cherche à dire le vrai sans toujours se soucier des conséquences.

    Les intellectuels peuvent parfaitement s’engager en politique, mais s’ils en font une carrière, ils ne pourront plus assumer leur rôle d’intellectuels. Ils devront participer à toutes sortes de magouilles auxquelles ils répugnent (ou devraient répugner). Ils devront s’abstenir d’exprimer trop fortement leurs opinions personnelles, et s’ils n’y consentent pas, on leur fera très vite comprendre, comme cela a été maintes fois le cas, que leur place est ailleurs.

    N’oublions pas en outre que nous ne sommes plus à l’époque où les intellectuels jouaient encore le rôle de grandes consciences morales ou de porte-parole des sans-voix. Aujourd’hui, il n’y a plus d’Émile Zola, de Jean-Paul Sartre, de Raymond Aron ni même de Michel Foucault. Il y a une multitude d’auteurs de talent, mais qui n’influencent pas vraiment le cours du temps. La figure de l’intellectuel a largement été détrônée au profit de l’« expert », quand ce n’est pas au profit de l’amuseur public ou de l’imposteur. Il faut donc revenir à l’essentiel. Le rôle d’un théoricien, c’est d’abord de produire une œuvre qui expose sa conception du monde, sa conception de l’homme et de la société. Le rôle d’un intellectuel, c’est d’analyser le monde actuel pour aider à comprendre le moment historique que l’on vit. Cela ne l’empêche évidemment pas de donner un avis ou de signer des pétitions !

    J’en conclus, avec un sourire, que vous n’accepteriez pas de figurer sur une liste électorale ?

    En effet, et pour au moins trois raisons. La première est que je ne suis pas un homme de puissance, mais un homme de connaissance. La seconde est que je ne suis pas un acteur, mais un observateur de la vie politique. La troisième, pour être franc, est que je trouve la politique au jour le jour extrêmement ennuyeuse et qu’elle ne vient pas, et de loin, au premier rang de mes centres d’intérêt.

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

    https://www.bvoltaire.fr/alain-de-benoist-le-monde-des-vieux-partis-est-en-train-de-disparaitre/

  • L’Allemagne dépense 23 milliards d’euros pour les réfugiés

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    BERLIN (Reuters) – L’année dernière, l’Allemagne a consacré un montant record de 23 milliards d’euros à l’intégration de plus d’un million de réfugiés, a rapporté lundi un document gouvernemental présenté par Reuters.

    Cela représente une augmentation de près de 11% sur les 20,8 milliards d’euros que l’Allemagne a dépensé l’année précédente, rapporte le document du ministère des Finances.

    Angela Merkel et ses ministres discuteront du rapport annuel du gouvernement sur les coûts liés aux réfugiés et à l’intégration lors de la réunion ordinaire du gouvernement mercredi.

    Merkel a défendu à plusieurs reprises sa décision de 2015 de laisser les frontières allemandes ouvertes à des centaines de milliers de migrants, principalement originaires de pays musulmans, en tant que nécessité humanitaire, mais s’est depuis engagée à empêcher la répétition de cette migration de masse en s’attaquant à ses causes.

    Alice Weidel, leader parlementaire de l’alternative d’extrême droite Alternative for Germany (AfD), a reproché au gouvernement de Merkel d’avoir dépensé des milliards d’euros pour les réfugiés, affirmant: « C’est un cadeau de bienvenue coûteux aux dépens des citoyens ».

    […]

    Traduction Fabrice Drapel pour alter INFO

    Source Reuters

    Vu sur LesObservateurs.ch

    https://www.alterinfo.ch/2019/05/29/lallemagne-depense-23-milliards-deuros-pour-les-refugies/

  • Altercation Gilbert Collard/Daniel Cohn-Bendit : sous les insultes, un réel problème de fond…

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    Le 26 mai, sur TF1, à l’occasion de la soirée des élections européennes, Gilbert Collard et Daniel Cohn-Bendit se sont invectivés et traités de tous les noms. Ce que j’ai vu et entendu de pire dans l’audiovisuel.

    Une honte.

    Les deux journalistes animateurs, Gilles Bouleau et Anne-Claire Coudray, dépassés, impuissants, le premier, étrangement, n’invitant toutefois que Gilbert Collard à se calmer.

    Une faillite.

    Cette altercation unique, d’une infinie grossièreté, Collard renvoyant Cohn-Bendit à son passé et ce dernier n’étant pas en reste dans l’insulte, a fait beaucoup jaser et on s’en est repu sur les réseaux sociaux.

    Un voyeurisme.

    Daniel Cohn-Bendit a pu s’expliquer sur ces échanges délirants et il a évidemment, évoquant l’interpellation de Collard (« Vous êtes un homme de trop ») sur le plateau de « C à vous », fait référence à l’Histoire, à l’antisémitisme et, implicitement, à l’Holocauste. Une généralisation tragique. (Morandini)

    Un détournement.

    Gilbert Collard, lui, a été convié à s’exprimer à « L’Heure des pros » sur ce vaudeville lamentable. Selon lui, Cohn-Bendit doit être « en ce moment dans un EHPAD que lui a réservé Macron ».(Morandini)

    Une outrance.

    Le pire est qu’ont été totalement occultés le fond du problème et la responsabilité de TF1 dans l’organisation de ce débat. Dans quels esprits saugrenus avait pu germer l’idée que Daniel Cohn-Bendit était plausible en « grand témoin » alors qu’il avait appuyé tout au long, ne mégotant pas son soutien, la liste de LREM et la cause européenne du président de la République ? Comme il y avait déjà un représentant de LREM sur le plateau, c’était un déséquilibre qui était instauré. Anomalie d’autant plus préjudiciable qu’on pouvait pressentir le traitement que lui réserverait Gilbert Collard, dont l’indifférence n’est pas le fort.

    Une aberration.

    Épisode dérisoire, dira-t-on. Mais riche de leçons.

    Extrait de : Justice au Singulier

    https://www.bvoltaire.fr/altercation-gilbert-collard-daniel-cohn-bendit-sous-les-insultes-un-reel-probleme-de-fond/