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géopolitique - Page 460

  • Tristes tropiques géopolitiques

    Un bref retour sur la lecture des Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss pourrait bien faire la lumière sur l’Etat du monde en termes de géopolitique.

    Déjà au début du XXe siècle, à travers ses nombreux voyages et ses rencontres avec les Indiens du Brésil, Lévi-Strauss avait su démasquer les leurres du discours orientaliste et néocolonial, tout en démontrant les ravages que l’idéologie du progrès de la civilisation mécaniciste occidentale produit sur son environnement et les différentes cultures avec lesquelles elle entre en contact.

    Loin de méditer sur le devenir et le relativisme des civilisations sur le plan anthropologique et culturel, le National Intelligence Council (NIC) a remis, le 9 janvier dernier, au nouveau président des Etats-Unis  Donald Trump, son nouveau rapport sur l’Etat du monde, comprenant des pronostics sur l’évolution du monde dans les années à venir. Le rapport, qui rend compte des tendances démographiques, technologiques et environnementales (sous le titre de Tendances globales : les paradoxes du progrès), dégage toutes les thématiques en mouvement qui influeront à moyen et à long terme sur l’organisation du monde, et distingue trois scénarios d’organisation humaine possibles dans les vingt prochaines années.

    Le même rapport fait état des enjeux soulevés par « le paradoxe du progrès » : sous la poussée d’une démographie de plus en plus jeune dans les pays en voie de développement, l’économie, l’emploi et l’urbanisation vont augmenter dans certaines régions du monde (pays du BRICS), alors que la croissance économique dans les pays riches va rester faible dans un avenir proche. Cette croissance plus faible devrait aboutir à une remise en question de la mondialisation mais aussi des bienfaits de progrès technologique qui « aggraveront les disparités entre les “gagnants” et les “perdants” ». Le rapport dresse un éventail de risques naturels et polémogènes : le changement climatique et les questions de santé, une météo extrême, le manque d’eau et de nourriture et de fertilité des terres, l’acidification des océans, la fonte des glaces et la pollution, les maladies infectieuses ; autant de risques potentiels qui appellent à une collaboration étroite de la communauté internationale.

    La gouvernance mondiale devient de plus en plus difficile et inadaptée en raison de la prolifération du phénomène polyarchique et le nombre croissant d’acteurs qui rendent difficile la gestion commune des crises. Le rapport stigmatise la montée du populisme de gauche comme de droite, l’influence du facteur religieux, le nationalisme, qui « menaceront le libéralisme ».

    Prenant en compte les différentes problématiques et défis dans les 20 années à venir, le NIC prévoit trois scénarios possibles : « Islands » (Iles), « Orbites » (Orbites) et « Communities » (Communautés).

    -Le premier des scénarios des « Iles » correspondrait au pire des scénarios d’un repli sur soi des Etats et envisage un monde dans lequel les Etats se fermeraient aux défis externes et les collaborations entre Etats seraient très restreintes.

    -Le deuxième scénario, celui des « Orbites », ferait des Etats-Unis une sorte d’orbite globale centripète, puissance-pivot mondiale bienveillante qui devrait être capable de rassurer ses alliés sur fond de coopération renforcée et de déployer de nouvelles capacités militaires qui devraient neutraliser les nouvelles dynamiques d’escalade qui augmentent le risque de guerre.

    -Enfin le troisième scénario, celui des « Communautés », consisterait à faire des démocraties libérales les nouveaux leviers d’une gouvernance décentralisée et des partenariats public-privé. On note le rôle de sous-traitant dédié aux grandes entreprises multinationales qui pourraient compléter le travail et le rôle des gouvernements « en fournissant des recherches, une éducation, des formations, une couverture médicale et des services d’information pour les sociétés dans le besoin.

    Alors que les Etats-Unis persistent dans leur tropisme géoconstructiviste global, en inventant et réactivant des discours-images et des guerres de représentations en faveur de la légitimation de leurs interventions dans le monde, ce tropisme géopolitique est le plus souvent en contradiction, en conflit avec le tropisme local, social et culturel des lieux. En effet, l’équation entre représentation géopolitique et territorialité réelle n’est jamais aisée. Le géopolitique et la dynamique sociale et territoriale d’un lieu, même s’ils peuvent entrer en résonance, leurs cadres spatiaux ne se calquent jamais. Les frontières, les nouvelles situations géopolitiques contribuent à l’émergence d’un espace public communautaire singulier, en marge des pesanteurs idéologiques, des volontés réductrices et uniformisatrices du discours géopolitique.

    Les mêmes erreurs produisent souvent les mêmes effets. Et si l’on résume les grandes lignes prospectives de ce dernier rapport, les Etats-Unis devraient s’engager, en dépit de l’arrivée d’un président loué pour son antisystémisme, sur la voie d’un ordre mondial, certes, perturbé et en mouvement, mais reposant sur le libéralisme marchand, une gouvernance mondiale hybride revisitée et relookée élargie au secteur des ONG et des grandes corporations, dans lequel seraient bannies toutes formes de populisme et de nationalisme jugées comme principales ennemies » de cette nouvelle communauté globale. Ce tropisme piétiste voire messianique ne date pas d’hier et coïncide parfaitement avec le divorce entre les élites mondialistes et les citoyens, non seulement en Europe mais aussi dans le monde entier. Il correspond à ce que l’éditorialiste économique Martin Wolf (dans Le Monde du 18 janvier 2014) nomme « La faillite des élites ». L’auteur y développe la thèse du manquement des élites européennes et mondiales dans la crise actuelle et dans celle de la Première Guerre mondiale (1914-18). Le trait commun d’hier et d’aujourd’hui est représenté par un cumul impressionnant d’ignorance et de préjugés ayant conduit, avec le premier conflit, à détruire les deux piliers de l’économie du XIXe siècle : le libre-échange et l’étalon or, avec la crise actuelle qui a encouragé un gigantesque pari consistant à dissocier responsabilité (répercussions d’une crise systémique) et pouvoir (système de décision) portant atteinte à la gouvernance démocratique. Le divorce entre élites et citoyens a engendré en Europe une concentration du pouvoir entre trois bureaucraties non élues (la Commission, la Banque Centrale européenne et le Fonds monétaire international) et une série de pays créanciers.

    Si le Tropisme rend compte de la tendance d’un organisme à croître dans une direction donnée, par exemple vers le bas ou vers le haut, on sait de longue date que le tropisme politique voire idéologique aboutit le plus souvent à un déni de réalité, en persistant dans l’erreur et la reproduction ad vitam æternam d’un simulacre géopolitique déstructurant. Eh bien, tout comme hier les Tristes tropiques dévoilaient l’eurocentrisme culturel et civilisationnel de l’Occident, aujourd’hui ces erreurs d’optique et de sens rendent compte du désordre géopolitique mondial.

    L’élection de Donald Trump en tant qu’outsider de l’Establishment américain annonçait, certes, pour le camp multipolaire et antiglobaliste des lendemains joyeux mais très vite désenchanteurs face à la pression de l’Etat profond étatsunien et surtout après l’attaque surprise étatsunienne en Syrie. Il faut rappeler que le camp atlantiste interprétait le tropisme géopolitique de Trump sous la forme d’une nouvelle opportunité pour refonder des relations transatlantiques plus équilibrées, plus inclusives et plus resserrées, dans un espace géopolitique « de Vancouver à Vladivostok ». En tout état de cause, la nouvelle feuille de route étatsunienne et sa représentation géopolitique du monde semblent souffrir du même tropisme atavique de cette super-puissance hégémonique au moment même où cet Empire est en voie de reflux sur le plan économique. Le tropisme bruxellois, à la fois technocratique et normativiste,   complète le tropisme globaliste du grand marché, le tropisme ONUsien, et puis, au niveau macro-régional, les différents tropismes néo-impériaux des puissances ayant connu dans le passé une expérience impériale.

    Bien sûr, il serait naïf de croire que le tropisme en géopolitique est uniquement un attribut de puissances globales qui prétendent au hegemon global. Le plus souvent, ce même tropisme globaliste se nourrit de tropismes régionaux, sub-régionaux et panistes qui, en tant qu’éléments apparemment perturbateurs, font très souvent le jeu des puissances globales, ainsi : tropisme néo-ottoman, tropisme grand-russe néosoviétique, micro-panismes dans les Balkans, le tropisme grand-albanais, le tropisme grand-serbe, etc. (le tropisme ethno-confessionnel qui cumule souvent les uchronies et les mythes fondateurs).

    D’autre part, une autre tendance plus scientifique et intellectuelle voire universitaire consiste à systématiquement déceler, classifier, découper le tout en parties indépendantes voire manichéennes, dans un cadre d’analyse autoréférentiel binaire, polaire, les dynamiques géopolitiques à l’œuvre dans le monde. Ce tropisme systémiste ne prend pas en compte les dynamiques plus complexes et conjoncturelles, les alliances ad hoc croisées, plus souvent dictées par le contexte et le moment que par des constantes statiques. En effet, la précarité des équilibres de puissance (balances) et l’incertitude stratégique permanente impliquent de reconsidérer le concept d’hégémonie géopolitique du passé et la « Global dominance » du système unipolaire du passé.

    Un autre tropisme que l’on peut qualifier de tropisme géopolitique postmoderne consisterait à se représenter le monde comme un vaste laboratoire anarchique voué à une sorte de chaos entropique qui s’auto-organise spontanément. Le système-monde serait a-polaire, un monde « sans pôle », hostile à toute structure géopolitique polaire. Ce tropisme d’ailleurs serait un épiphénomène issu de la convergence entre le tropisme globaliste qui repose sur le dogme du marché transnational unificateur et le tropisme néocivilisationnel déconstructeur qui décompose les Etats et les entités politiques jugées hostiles à l’ordre néolibéral capitaliste.

    Or, même s’il est vrai que nous sommes sortis du système unipolaire américanocentré vers un monde multipolaire, il n’en demeure pas moins vrai que notre système international reste marqué par une hégémonie ou une rivalité hégémonique entre plusieurs pȏles au sein de constellations diplomatiques et militaires disparates et mouvantes. Derrière l’asymétrie des acteurs, le caractère a–polaire et les incertitudes stratégiques sont toujours à l’œuvre des stratégies de puissances et dispositifs hégémoniques. La nouveauté est que, depuis le Traité de Westphalie et l’ordre mondial de Yalta, la stabilité du système ne peut plus être le fruit d’un seul acteur global dominant. D’autre part, aucune puissance globale, y compris les Etats-Unis, ne peut prétendre au statut d’Hegemon « de sens », c’est-à-dire être en mesure de produire une stabilité de sens, une communauté de destin, une nouvelle narration intégratrice au niveau mondial. Enfin, une chose est sûre : l’inflation de tropismes en géopolitique dans ces temps d’incertitudes stratégiques ne peut être que génératrice de démesures d’hybris, de confusion et de chaos.

    A la suite des divers grands modèles d’ordonnancement géopolitique − les modèles de l’Antiquité et de l’ordre impérial, du féodal, de la modernité – notre monde se trouve au cœur de la grande parenthèse qui consomme encore le modèle de la « révolution systémique de l’âge planétaire », débutée au XXe siècle et qui coïncide avec l’implosion de l’ordre bipolaire de la Guerre froide. C’est ce que l’historien Hobsbawm appelle le « long XIXe siècle » : « Il ne fait aucun doute que la fin des années 1980 et le début des années 1990 constituent la fin d’une période, et l’entrée dans une nouvelle ère de l’histoire du monde ». Ainsi, les événements des années 1990 sont en corrélation directe avec un processus amorcé à Sarajevo en 1914. Dans un monde qui a perdu ses repères, le tropisme géopolitique consiste à attiser ou à gérer le désordre, sans possibilité de dépassement.

    Alors que les Tristes Tropiques de Lévi-Strauss finissaient avec une mise en perspective salutaire, une annonce optimiste à savoir qu’en comparaison avec les autres cultures « primitives » la civilisation occidentale apparaît comme une option, un choix, parmi d’autres offerts à l’humanité, les tropismes géopolitiques en raison de leurs implications pratiques destructrices sur le terrain annulent le choix, car ils aboutissent à un déni de réalité face à des situations complexes, protéiformes et mouvantes. Et c’est la raison pour laquelle ces tropismes se soldent le plus souvent par la pérennisation ou le gel d’une situation conflictuelle sans issue. Et c’est aussi la raison pour laquelle nous avons l’impression d’assister à du déjà-vu, lorsque l’histoire se répète. C’est le propre du tropisme que d’obéir à une dynamique de simulation, tout comme le notait Nietzsche dans La Naissance de la philosophie : « Le monde apparent est l’unique monde. C’est un mensonge que d’y ajouter le monde vrai. »

    Jure Georges Vujic
    5/05/2017

    Voir aussi : Les paradoxes du progrès : la CIA se penche sur notre avenir et ce n’est pas drôle
    Fabrice Frossard,  28/01/2017

    http://balises.info/2017/01/28/cia-se-penche-avenir-paradoxes-progres-nest-drole/

    https://www.polemia.com/tristes-tropiques-geopolitiques/

  • L’omniprésidence turque

    Georges Feltin-Tracol

    Le 16 avril dernier, les électeurs turcs étaient convoqués à un référendum crucial. Ils devaient se prononcer sur une grande révision de la constitution de 1982 rédigée par la junte militaire alors en place.

    Premier ministre omnipotent entre 2003 et 2014, Recep Tayyip Erdogan avait déjà réussi une première modification en 2007 en imposant l’élection au suffrage universel direct du président de la République de Turquie pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Auparavant, le chef de l’État était élu par les parlementaires pour un mandat unique de sept ans et exerçait une fonction principalement honorifique.

    L’élection dès le premier tour d’Erdogan et son tempérament autoritaire provoquèrent l’éviction de son ancien conseiller diplomatique, le Premier ministre Ahmet Davotuglu, pour un chef de gouvernement plus malléable. Désormais, malgré une opposition qui soupçonne une vaste fraude électorale et une victoire plus courte que prévue (51,41 %), la nouvelle réforme fait de la Turquie non pas un régime présidentiel calqué sur le modèle étatsunien, mais plutôt un régime présidentialiste.

    En effet, toujours élu pour cinq ans, le président qui n’aura plus de premier ministre à partir de 2019, nommera et révoquera les membres de son gouvernement, dirigera tout l’exécutif et aura le droit de présider un parti politique. Chef suprême des forces armées, il supervisera les magistrats et pourra gouverner par décret. La concordance des élections présidentielles et législatives sera appliquée : les Turcs voteront le même jour pour le président et les députés. De fait, la dissolution de la Grande Assemblée nationale (impensable en système présidentiel) entraînera une élection présidentielle anticipée. Observons que cette simultanéité électorale fut défendue en France dans les années 1960 par le Club Jean-Moulin, proche des socialistes, puis par Jean-Pierre Chevènement dans Le temps des citoyens en 1993.

    Désireux d’éclipser la figure fondatrice d’Atatürk, Erdogan s’est offert des institutions hyper-présidentielles qui lui assurent la plénitude du pouvoir. La Turquie retrouve ainsi avec lui sa puissance régionale d’avant au risque de déstabiliser une nouvelle fois tout le bassin méditerranéen, les Balkans, le Caucase et, on l’a vu récemment avec l’implantation de fortes communautés immigrées turques, l’Europe occidentale.

    Bonjour chez vous !

    • « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 31, diffusée sur Radio-Libertés, le 28 avril 2017.

    http://synthesenationale.hautetfort.com/

  • Gilles Ardinat : la taille des acteurs en géopolitique réponse à la propagande européiste

  • Une élection très géopolitique, par Pascal Gauchon

    Conflits-13-couv-300x424-248x350.jpgLes enjeux de politique internationale figurent rarement en première ligne lors des consultations électorales en France, et d’ailleurs dans la plupart des démocraties. L’élection présidentielle française ne semble pas contredire la règle. Parmi les thèmes qui ont émergé jusqu’à présent, le revenu universel, la baisse du nombre de fonctionnaires, le chômage, la sécurité sociale arrivent en tête, sans oublier les affaires…

    Pourtant ces élections pourraient bien porter prioritairement sur la relation de la France et du monde. C’est sur ce sujet qu’Emmanuel Macron a commis son premier faux pas en allant en Algérie qualifier la colonisation française de « crime contre l’humanité », formule répétée une semaine plus tard. Chacun comprend qu’il s’agissait moins de géopolitique – redéfinir la relation tumultueuse avec Alger – que de politique intérieure – tenter de capter le vote des Franco-Algériens au risque d’encourager la victimisation. Comme l’expliquait Laurent Fabius (Conférence des ambassadeurs, 25 août 2015), il n’y a pas de coupure entre politique intérieure et extérieure.

    Plusieurs candidats ont mis en avant leur personnalité, seule capable d’après eux de tenir tête à des personnages aussi forts que Donald Trump et Vladimir Poutine. Déjà les critiques ont fusé contre François Fillon et Marine Le Pen suspectés de vouloir rapprocher la France de la Russie. Pendant ce temps, Macron se plaint d’attaques informatiques venues de ce pays. Ces rumeurs vont s’amplifier, elles sont trop commodes, et elles sont à la mode…

    Les relations de la France et du monde passent au premier plan des préoccupations de l’opinion. Une question éminemment géopolitique.

    Il est une autre raison qui devrait placer les relations de la France et du monde au coeur de la campagne. Selon un sondage OpinionWay du 16 février, l’axe mondialisation/antimondialisation est devenu plus important pour les électeurs que l’axe gauche/droite.

    Pour juger un candidat à la présidentielle, 53% disent tenir compte de son attitude à l’égard de la mondialisation et 44% de sa position entre gauche et droite. Seuls les inactifs et donc les seniors, privilégient le clivage gauche/droite. Ce dernier n’a pas disparu, mais il paraît secondaire.

    Rien n’indique comment se positionnent les sondés – pour ou contre la mondialisation –, rien ne permet de dire quel candidat ou quelle candidate profitera de cette polarisation. Les milieux populaires, présentés comme hostiles, sont les plus sensibles au thème de la mondialisation, mais les classes moyennes ou supérieures le privilégient elles aussi alors qu’elles sont censées en profiter.

    Faut-il en conclure qu’un nouveau paradigme politique apparaît en France, comme cela s’est produit aux États-Unis et au Royaume-Uni lors des derniers scrutins ? Il faut garder prudence. Le clivage gauche/droite n’a pas disparu. Il retrouvera son importance lors des élections législatives – un peu comme le clivage républicains/démocrates a gardé toute sa pertinence lors des élections au Congrès américain.

    Reste que les relations de la France et du monde passent au premier plan des préoccupations de l’opinion. Une question éminemment géopolitique.

    Pascal Gauchon Editorial du n° 13 de la revue Conflits

    https://fr.novopress.info/

  • Syrie : Débats dans les « commentaires », les analyses d'Antiquus et Richard Portier (LafauteàRousseau)

    Une image parmi d'autres sur l'action des forces syriennes, telles que l'agence SANAles diffuse ... 

    Les articles et vidéos que nous avons publiés dès après les frappes américaines en Syrie [Eric Zemmour et Mathieu Slama], ont suscité des commentaires fort intéressants dans les colonnes de Lafautearousseau. Antiquus partage en quelque sorte la perplexité initiale de Zemmour. Lequel, depuis lors, considère que « Trump a dynamité sa propre campagne électorale ». Mathieu Slama est sur cette même ligne. Richard Portier propose une analyse subtile, en apparence divergente. Tandis que l'article d'Antoine de Lacoste que nous avons mis en ligne ce matin, toujours très documenté, conclut que Donald Trump est rentré dans le rang. Est-ce un point de vue définitif ? Probablement. Les mois à venir nous le diront.  LFAR

     

    Antiquus - Le 11.04.2017

    C'est effectivement une affaire bizarre.

    D'abord, il faut se poser la question de savoir si le bombardement au sarin a bien été le fait de l'armée syrienne. Bachar avait en effet donné sa parole à Poutine qu'il n'avait plus un gramme de ce gaz neurotoxique. S'il en avait conservé, Poutine perdrait la face. On ne voit pas très bien l'intérêt de chacun. La lecture des infos dans l'agence SANA, source unique du côté de Damas depuis la fermeture d’ « infosyrie « , SANA nous dit : « les USA n'ont tenu aucun compte de ce qui s'est réellement passé » . Autrement dit, il y a là un « coup tordu ». Qui peut avoir fait une opération aussi bien montée, aussi cynique aussi (car il y a 67 morts) ? Je ne répondrai pas à la question, mais un simple regard sur les services secrets à l'œuvre permet d'envisager une hypothèse que je préfère garder pour moi. Un autre élément doit attirer notre attention. Il s'agit d'une base aérienne qui a été bombardée par l'USAF. Or ce bombardement de 70 missiles tomahawk a fait … 6 morts, et apparemment aucun avion ni hélico détruit, seulement des bâtiments et hangars. Ce qui laisserait penser que cette action militaire américaine aurait « fuité » comme par hasard. Enfin, côté Trump, cette « frappe » (j'utilise le mot dans son sens journalistique, pas d'équivoque) a des effets intérieurs aux Etats- Unis très positifs : elle désarme les ennemis et fait plaisir au lobby pro-israélien. Bref, un numéro d'illusionnistes.

    Richard Portier - Le 12.04.2017

    Trump s'est inscrit dans le cadre du consensus bien-pensant !

    L'actualité va trop vite et on voudrait répondre « à chaud » chaque jour, à tous les articles et commentaires très intéressants de LFAR. D’un autre coté, les réactions dans l'urgence ont aussi leurs inconvénients... Je suis de moins en moins perplexe face à la réaction de Trump en Syrie. Elle a deux ordres de causes qui, réunies, l’éclairent à mon sens très bien. L'une de politique intérieure et l'autre de politique étrangère. Je ne comprends par contre pas bien la perplexité de Zemmour qui a bien vu que Trump avait pris ses adversaires (La « médiacratie vociférante » attachée à ses basques) à contre-pied et n'en tire pas la conclusion qui s'impose : pour la première fois depuis son élection, Trump s'est inscrit dans le cadre du consensus bien-pensant ! Domenach, un de ses représentants français, en étant réduit, pour ne pas l'approuver, à invoquer la grotesque « stratégie de l'homme fou ».

    L'électorat de Trump était globalement d’accord, par lassitude et souci d'économie avec l'idée d'un relatif désengagement du guêpier syrien. Mais l'intervention armée lui a parue juste moralement (Les Américains croient dur comme fer qu'ils sont les garants du Bien dans le Monde...) et Trump a bien pris soin de lui donner un caractère punitif ,mais limité : je n'ai pas vu les enquêtes d'opinion US sur la question mais je suis sûr que l'approbation a été massive, à l'évidence...

    Par ailleurs il est également évident que Trump a envoyé un message clair à Poutine (Et a contré au passage les accusations de connivence avec lui de ses adversaires).

    Poutine pousse ses pions dans le monde musulman : réunion des pays sunnites au Kazakhstan, confluence d'intérêt avec l'Iran chiite et avec la Turquie, percée au Maroc etc.... Il est incontestable que l'année écoulée a vu le retour de la Russie au premier plan de la politique mondiale. Même si Trump a paru admettre le fait que le monde était devenu multipolaire, il est trop un patriote américain pour accepter que les USA ne soient qu'un des partenaires autour du grand échiquier mondial : « America First » a un double sens. Le rôle d'un Président US est de défendre la prospérité américaine, mais aussi son leadership mondial (Et accessoirement de montrer au peuple qu'il le fait ...) Il me semble que l'intervention US en Syrie a rempli tous ces objectifs...

    […] La politique internationale comme nationale est brutale,cruelle, et ne connait que les rapports de force, et Poutine était en train de trop monter en puissance, ou en tout cas d'y prétendre... (Plutôt du poker que des échecs, si on y pense....).Tout en prenant à contre-pied ses adversaires intérieurs et de la bien-pensance internationale, Trump a montré les crocs à un rival pour le remettre à son rang .On voit ça tous les jours dans les documentaires animaliers. Donc Trump qui est un bien étrange personnage à notre point de vue « vieux-continental »  ,mais au fond un américain bien normal, n'est ni le fou ni l'idiot qu'on nous présentait mais un bon tacticien. L'incertitude demeure sur ce que sera vraiment son (mandat). Pour le moment avantage à lui sur ses adversaires.  

    Lire aussi sur Lafautearousseau ...

    Syrie : Zemmour estime que « Trump a dynamité sa propre campagne électorale »

    Mathieu Slama : en Syrie, pour la première fois, Trump a trahi ses promesses de campagne 

    Syrie : Perplexité après les frappes U.S. Retour au « monde d'avant » ?

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/

  • BACHAR : L'ENTRETIEN QUI DÉRANGE

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    L’interview du président al-Assad par l’AFP n’a pas été relayée en France, et pour cause. Le chef de l’État syrien y démonte les manipulations occidentales dans l’affaire dite du gaz de Khan Cheikhoun et dans celle des représailles américaines deux jours plus tard, sans aucune enquête officielle préalable. Une violation du droit international qui n’étonne plus Assad, qui ne manque pas de lucidité sur le lobby militaro-industriel US et la véritable fonction de Donald Trump.

    Les lecteurs français s’étonneront de la lourdeur avec laquelle le journaliste de l’AFP tente d’imposer la version américaine au président d’une Syrie en guerre depuis 6 ans, et en partie contre les mercenaires soutenus par les USA…

    Entretien obtenu par l’Agence syrienne d’information.

    AFP : Monsieur le président, je voudrais d’abord vous remercier de nous avoir reçus pour nous accorder cette interview. Monsieur le président, avez-vous donné l’ordre d’attaquer Khan Cheikhoun aux armes chimiques ?

    Le président al-Assad : En fait, personne jusqu’à maintenant n’a enquêté sur ce qui s’était passé ce jour-là à Khan Cheikhoun. Comme vous le savez, Khan Cheikhoun est sous le contrôle du « Front al Nosra » qui est une branche d’Al-Qaïda. Les seules informations dont dispose le monde jusqu’à présent sont donc celles publiées par la branche d’Al-Qaïda. Personne n’a d’autres informations. Nous ne savons pas si toutes les photos ou les images vidéos que nous avons vues sont vraies ou truquées. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé qu’une enquête soit menée à Khan Cheikhoun.

    Ensuite, selon les sources d’Al-Qaïda, l’attaque a eu lieu entre 6h et 6h30, alors que l’attaque syrienne a été déclenchée sur la même région entre 11h30 et midi. Ils parlent donc de deux événements différents. Aucun ordre n’a été donné de déclencher une attaque ; et d’ailleurs nous ne possédons pas d’armes chimiques, car nous avons renoncé à notre arsenal depuis plusieurs années. Et même si nous possédions de telles armes, nous ne les aurions jamais utilisées. Tout au long de notre histoire, nous n’avons jamais utilisé notre arsenal chimique.

    Alors, qu’est- ce qui s’est passé ce jour-là ?

    Comme je viens de le dire,  l’unique source de ces informations c’est Al-Qaïda, chose que nous ne pouvons pas prendre au sérieux. Notre impression est, cependant, que l’Occident, notamment les États-Unis sont les complices des terroristes, et qu’ils ont monté toute cette histoire pour s’en servir de prétexte à l’attaque. L’attaque n’a pas eu lieu à cause de ce qui s’est passé à Khan Cheikhoun. Nous sommes devant un seul et même événement : la première étape en était le spectacle auquel nous avons assisté sur les réseaux sociaux et les chaînes de télévision, et la campagne médiatique déclenchée. La seconde étape était l’agression militaire. C’est bien ce qui s’est produit à notre sens. Car, quelques jours seulement, voire 48 heures ont séparé la campagne médiatique de l’attaque américaine, sans la moindre enquête, sans les moindres preuves tangibles de quoi que ce soit. Rien que des allégations et des campagnes médiatiques. Puis l’attaque a eu lieu.

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  • Marine Le Pen évoque la persécution des chrétiens

    À Perpignan :