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international - Page 1363

  • La grande Albanie : un projet américain contre le monde orthodoxe ?

    La grande Albanie : un projet américain contre le monde orthodoxe ? Mercredi dernier, le Premier ministre albanais Sali Berisha a prôné l’octroi de la nationalité albanaise à tous les albanais, ou qu’ils résident. Cette déclaration a été faite lors d’une visite de la ville de Vlora où l’indépendance de l’état Albanais a été prononcée, il y a juste 100 ans. A l’époque l’Albanie se libérait juste du joug Ottoman.
    Cette déclaration fait suite a une autre déclaration, commune cette fois, que Sali Berisha avait fait avec son homologue Kosovar Hashim Thaçi il y a quelques semaines, promettant l'union de tous les Albanais. L’endroit était, il faut le dire bien choisi, puisque l’immense majorité des habitants du Kosovo y est aujourd’hui d’origine albanaise, ce qui n’a pas toujours été le cas.

    Lors de la guerre des Balkans en 1913, les serbes constituent encore la majorité de la population. En 1941, le Kosovo est rattaché à la Grande Albanie (déjà) sous protectorat fasciste italien. Après la guerre, le maréchal Tito interdira l’immigration albanaise car la Yougoslavie ne pouvait selon lui être forte qu’avec une Serbie la plus faible possible. En 1974, c’est du reste lui qui attribue au Kosovo le statut de province autonome, statut qui sera supprimé par Slobodan Milosevic en 1989, alors que les Serbes ne représentent déjà plus que 15 % de la population.

    Lorsqu’en 2008 le Kosovo se déclare indépendant, prés d’une décennie après l’intervention militaire occidentale, peu de commentateurs mettent le doigt sur l’Albanité dominante de ce nouveau petit état. L’heure est au contraire à la fête pour ce peuple soi disant oppressé et qui accède enfin à la liberté. Au sein de la plupart des pays Occidentaux et de l’Union Européenne, la reconnaissance est instantanée, sans que ne se pose la question du traitement de la minorité serbe et de l’avenir qui lui était réservé, malgré le terrible précédent de 2004, lorsque les chrétiens avaient été victimes de pogroms, les églises brulées, et les droits humains les plus élémentaires bafoués. Il est vrai que l’Europe, pardon l’UE, avait à cette époque d’autres priorités : l’organisation essentielle d’une gaypride a Belgrade.

    Il aura donc fallu seulement quatre ans pour que la farce de l’indépendance du Kosovo apparaisse enfin publiquement. Seulement quatre ans pour que le Premier ministre albanais donne raison aux nationalistes serbes qui ont eux toujours affirmé affronter non pas les Kosovars (les habitants de la région du Kosovo étant des serbes) mais bel et bien des Shqiptars, dans un nouvel épisode du conflit ancestral qui oppose depuis prés de 6 siècles dans les Balkans les Slaves orthodoxes aux fils de convertis de l’empire Ottoman. Le soutien occidental à la création du Kosovo et l’acharnement contre la Serbie peuvent sembler complètements inexplicables. Pourtant de 1991 à 2008, une seule et même logique a animé les stratèges américains: la destruction de la Serbie, afin que celle-ci soit la plus faible possible a l’avenir, au moment historique inévitable ou elle allait de nouveau se tourner vers la Russie. Bien sûr, il fallait dans le même temps une Russie également affaiblie au maximum. Si de 1991 à 2000 une guerre militaire et médiatique a été menée contre la Serbie de Milosevic en vue de son anéantissement, dans le même temps, c’est une guerre économique et morale qui était menée contre la Russie d’Eltsine. La croisade contre le monde communiste s’est transformée en croisade contre le monde orthodoxe, et contre son centre névralgique et politique le plus souverain : la Russie. Le théoricien du containment russe en Eurasie, Zbigniew Brezinski, affirmait lui-même en 2007 que: « Le principal ennemi de l’Amérique était désormais l’église orthodoxe russe». La création de la grande Albanie peut sans doute être vue dans ce sens historique et géostratégique. Elle est une nouvelle allumette jetée, une allumette qui pourrait créer une étincelle et déclencher un nouvel incendie dans le brasier balkanique. Cet incendie aurait pour conséquence d’affaiblir un peu plus l’Europe, mais aussi de déstabiliser un peu plus le monde orthodoxe (Macédoine, Grèce, Monténégro, Serbie…) et de freiner son rapprochement avec la Russie. Par ricochet, c’est donc l’influence russe en Europe de l’Est qui serait remise en cause, et donc son rapprochement avec l’Europe de l’Ouest. Ce faisant, l’Amérique aurait atteint une nouvelle fois son objectif essentiel : éviter un rapprochement continental et européen entre les mondes catholiques et orthodoxes.

    Alexandre Latsa http://www.voxnr.com

  • Le Parti sioniste veille au grain !

    La cause sioniste ne manque pas d’avocats, y compris sur Boulevard Voltaire où nos confrères de France 2 et d’Arte sont soupçonnés de complaisance unilatérale envers la cause palestinienne.

    Ce procès en sorcellerie n’est pas nouveau, il est même récurrent : ainsi fin 2011, la diffusion sur France 2 d’une émission sur les Territoires palestiniens avait fait l’objet d’une véritable campagne d’intimidation du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) appelant au boycott de la chaîne, obligeant la direction de France Télévision à rencontrer l’ambassadeur d’Israël et les représentants de la communauté juive en France. Plus récemment encore, début novembre, l’actuel président du CRIF, Richard Prasquier, faisait grief au président de France Télévisions d’avoir diffusé un clip d’un groupe toulousain sur la bande de Gaza. « Une vie de moins » : les paroles de ce clip de Zebda, composées pourtant par un prof de Science-Po Paris, devaient, selon le CRIF, être censurées car elles étaient de nature à « promouvoir la haine d’Israël chez les jeunes ». [...]

    José Meidinger - La suite sur Boulevard Voltaire

    http://www.actionfrancaise.net

  • Socialisme, mondialisme et « vivre-ensemble planétaire »


    • Article de Michèle Sirois, anthropologue québecoise, spécialiste en sociologie des religions

    • Publié dans « Nouveaux Cahiers du socialisme »
    • Titre original : L’universalisme menace-t-il la diversité culturelle ?
    Extraits

    Il devient impératif de définir des bases communes qui puissent prendre le relais de croyances religieuses et de valeurs culturelles qui nuiraient au développement du vivre-ensemble planétaire.

    Les sociétés sont de moins en moins homogènes. Des flux migratoires très importants contribuent à métisser les sociétés. Il en résulte un intense brassage culturel qui, s’il est source d’enrichissement, peut aussi apparaître comme un facteur de déstabilisation, en particulier dans les pays occidentaux aux prises avec une démographie vieillissante, ou pour des groupes minoritaires qui présentent une fragilité culturelle particulière.(…)

    On peut s’interroger sur l’avenir de la diversité culturelle dans ce contexte de mondialisation et de culture de masse. Partout sur la planète, l’homogénéisation culturelle (notamment à la faveur de la culture états-unienne) qui accompagne la mondialisation amène des populations qui subissent ce courant écrasant à craindre de perdre leur identité culturelle. (…)

    Comment arriver à protéger l’identité des cultures tout en se garantissant contre des valeurs incompatibles avec la démocratie et en limitant des comportements intolérables dans des sociétés multiculturelles ? Pour relever les défis du XXIe siècle, l’humanité doit repenser son organisation sociale. (…)

    Il devient impératif de définir des bases communes qui puissent prendre le relais de croyances religieuses et de valeurs culturelles qui nuiraient au développement du vivre-ensemble planétaire ; ces balises essentielles à toute vie sociale doivent reposer sur de nouveaux fondements, c’est-à-dire les droits humains universels.(…)

    Depuis peu, de nouveaux défis nous obligent à mettre en place la troisième génération des droits humains, c’est-à-dire les droits planétaires (droits de l’espèce humaine au développement, à la paix et à un environnement sain) (…)

    L’évolution des sociétés multiculturelles nous impose de définir des valeurs et de mettre en place des droits communs à l’ensemble de l’humanité, afin d’éviter le « choc des civilisations ».

    Lire l’article intégral (recommandé !)

    http://www.fdesouche.com

  • Conférence donnée par Aymeric Chauprade à Funglode, St Domingue, le 27 novembre 2012. Texte intégral.

    Aymeric Chauprade, vient de donner une interview au Quotidien de la Jeunesse de Chine sous le titre : « L’énergie, but inavoué des Etats-Unis et de l’Europe en Syrie. » C’est le thème qu’il a développé lors de sa conférence à Saint-Domingue le 27 novembre dernier, dont on trouvera le texte ci-après. Dans une brillante analyse, il a très clairement expliqué les différents aspects des événements de Syrie, leurs causes et leurs effets, sans omettre la nature réelle du lien entre le dollar et le pétrole ni les déboires qu’encourraient les Etats-Unis si ce lien venait à être rompu. Quant à la Syrie, il démontre le rôle stratégique – que les Européens focalisés sur la tragique guerre civile ignorent généralement – que ce petit pays « joue dans les logiques pétrolières et gazières au Moyen-Orient ». La démonstration est imparable !
    Polémia 

    Comprendre la géopolitique du Moyen-Orient c’est comprendre la combinaison de multiples forces. Nous allons voir qu’il faut envisager au moins la combinaison de 3 logiques :

    • - les forces intérieures qui s’affrontent à l’intérieur d’un même État, comme la Syrie, l’Irak ou la Libye. Des conflits ethniques (Kurdes et Arabes), ou confessionnels anciens (chiites, sunnites, Alaouites, chrétiens…).
    • - les logiques d’influence des grands acteurs de puissance régionaux (l’Iran, l’Arabie Saoudite, le Qatar, Israël, la Turquie, l’Égypte…) et la façon dont ces acteurs utilisent les logiques communautaires dans les États où ils essaient d’imposer leur influence (Liban, Syrie, Irak)
    • - le jeu des grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, UK…) et en particulier la géopolitique du pétrole et du gaz.

    A cette analyse géopolitique, il faut être capable de marier une analyse de science politique, et de comprendre en particulier ce qui se passe sur le plan des nouveaux courants idéologiques du monde arabe ou bien sur le plan de la légitimité des régimes politiques qui tremblent.

    Par ailleurs il ne faut surtout pas avoir l’idée que les dynamiques qui secouent le Moyen-Orient sont très récentes. Il n’y a jamais eu de stabilité au Moyen-Orient dans les frontières que nous connaissons aujourd’hui. Si les Anciens parlaient à propos des colonisations et protectorats de pacification ce n’est pas pour rien. Seules les structures impériales, que ce soit l’Empire ottoman ou les Empires occidentaux, ou même dans une certaine mesure la Guerre froide entre l’Ouest et l’Est, ont en réalité gelé momentanément les affrontements claniques, tribaux, ethniques et confessionnels du Sahara jusqu’aux déserts d’Arabie en passant par le Croissant Fertile.

    En réalité, il y a là une constante à peu près universelle. Là où de véritables États-nation homogènes n’ont pu se former, la guerre civile est devenu une sorte d’état instable permanent.

    Lire le texte intégral (version Pdf) de la conférence en cliquant ici

    Eric Chauprade http://www.polemia.com
    27/11/2012

  • Europe : la tentation fédéraliste

    En dépit de l'échec du dernier sommet européen sur le budget, le mythe de la gouvernance européenne continue d'être présenté comme la panacée contre la crise. Et l'Allemagne, maîtresse du jeu, pousse au fédéralisme.
    Recevant Jean-Marc Ayrault à Berlin, Angela Merkel s'est prononcée en faveur d'une « France forte ». Cette expression, plus sarkozyste qu'hollandienne, est loin de signifier, comme a voulu le croire son homologue, que le chancelier allemand donnait son satisfecit aux positions françaises sur l'Europe. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire ce que, au même moment, Volker Kauder, président du groupe parlementaire et proche d'Angela Merkel, confiait à l'hebdomadaire Der Spiegel sur notre pays : « Ce serait bien si les socialistes engageaient maintenant vraiment des réformes structurelles. Cela ferait du bien au pays et à l'Europe. »
    Les Allemands ne feignent évidemment pas de croire que François Hollande ne fait rien. Non ! ils critiquent son action. Reprenant une idée gaullienne, Volker Kauder précise en effet que « l'Europe ne va pas avancer sans un axe franco-allemand qui fonctionne » ; ce qui signifie clairement pour lui « que le président François Hollande se rapproche du chancelier ». Pas l'inverse !
    Et Angela Merkel l'a clairement signifié, qui n'a de cesse de critiquer les positions affichées par le président de la République, à commencer par sa volonté d'obtenir de Bruxelles une mutualisation de la dette au sein de l'Europe.
    Cette idée, et sa détermination à maintenir, contre ses partenaires, le niveau actuel de la PAC, loin de le différencier des autres politiques européens, soulignent au contraire l'espèce de sauve-qui-peut généralisé qui prévaut aujourd'hui dans l'Union européenne : chacun essaye de sauvegarder pour lui ce qu'il dénonce chez le voisin comme un égoïsme national.
    Berlin a une position sensiblement différente. Elle pointe le manque de compétitivité de certains pays, et l'excès de dettes publiques. Et, pour y remédier, invite ses partenaires à entreprendre les réformes nécessaires, en renforçant en outre l'intégration européenne. Car si tous appellent de leurs vœux une gouvernance économique européenne, l'Allemagne est sans doute un des rares pays encore en mesure de s'y atteler. D'où son leitmotiv sur la discipline budgétaire, que ses partenaires feignent de ne point entendre.
    Parce que, ils le démontrent tous les jours, ils ne sont plus capables, pour la plupart, de contenir les effets catastrophiques de leur dette.
    Parce que, en conséquence, et sans se l'avouer, ils comptent aussi sur Berlin pour compenser leur faiblesse.
    Tutelle allemande
    De ce fait, et paradoxalement puisque ce n'est pas le but recherché, la mutualisation des dettes chère à François Hollande renforcerait la mise sous tutelle allemande de l'Europe, et singulièrement de la France. Car son adoption serait le signe que l'Allemagne est reconnue comme le dernier garant de cette dette. Notamment parce que chacun de ses partenaires demande à Berlin ce qu'il est incapable de faire, ni d'accepter. Mais ce jour-là, rien ni personne ne pourrait plus empêcher l'Allemagne d'imposer cette discipline budgétaire tant redoutée... Ce qui confirmerait la critique renouvelée de certains eurosceptiques, qui considèrent que la monnaie unique, conçue comme un outil idéologique censé, à lui tout seul, construire l'Europe, n'a, de fait, profité qu'à la seule Allemagne.
    Dès lors, Jean-Luc Mélenchon n'a pas tort d'évoquer une arrogance allemande. Mais celle-ci, aujourd'hui, n'est d'abord, pour les Allemands, qu'un moyen de se préserver, autant que faire se peut, de la contagion de la crise actuelle.
    Une crise qui, quoi qu'en disent nos dirigeants, frappe particulièrement notre pays. Au point que divers média allemands n'ont pas hésité à qualifier la France de nouvel « homme malade de l'Europe ». Et que l'hebdomadaire britannique The Economist qualifiait la France, le 17 novembre dernier, de « bombe à retardement au cœur de l'Europe ».
    Cette défiance universelle de tous envers chacun explique, partiellement, le raté du dernier sommet européen sur le budget, qui, après avoir commencé avec plusieurs heures de retard, s'est soldé, au bout de deux petites heures, par un constat d'échec - constat, malgré de nouvelles discussions, réitéré dès le lendemain.
    En cause, bien sûr, certaines « lignes rouges » nationales ; mais aussi l'horizon 2020 jusqu' auquel doit tenir le prochain budget, et qui, à l'heure de la crise, paraît bien lointain. Tout le monde admet qu'il faut faire des économies... mais, évidemment, dans la poche du voisin.
    Ce n'est d'ailleurs pas l'Allemande Angela Merkel qui a cristallisé le refus européen d'un accord, fût-il un compromis, mais le Britannique David Cameron, qui a défendu bec et ongles son rabais, faisant résonner, à plus de trente ans de distance, la formule thatchérienne : « I want my money back ! »(1)
    Herman Van Rompuy y aura pourtant mis toute sa force, manifestement insuffisante, de persuasion. Il ne suffit pas que le « dogme » impose l'Europe aux européens des pays qui la composent, pour que nos dirigeants, d'où qu'ils viennent, oublient qu'ils ne sauraient aller indéfiniment à rebours de leurs opinions publiques. Surtout pour défendre une Europe qui n'est, selon l'expression de François Hollande, qu'un compromis. Tu parles d'un idéal ! Un compromis qui fait d'ailleurs fi, aujourd'hui, des particularismes mis en place par chacun depuis la fin de la guerre. En bref, on en est arrivé au point où les nationalismes n'entrent plus dans le cadre européen...
    Prix Nobel de la paix, l'Europe paraît aujourd'hui incapable de la faire chez elle.
    On a donc suspendu la discussion, pour la remettre au mois de janvier prochain. Rompuy espère que les « replis nationaux » feront alors place à un esprit européen. Et peut-être même à l'Europe fédérale, que l'Allemagne appelle de ses vœux.
    Il faudra, pour y parvenir, supprimer les derniers pans de souveraineté qui restent en chaque État-membre. Et dans l'esprit de leurs habitants.
    Olivier Figueras monde & vie 4 décembre 2012
    1. Rendez-moi mon argent !

  • AFGHANISTAN : L'héroïne complice du terrorisme (arch 2009)

    L'Afghanistan produit 93 % de l'opium mondial. Cette manne vénéneuse génère quatre milliards de dollars par an, dont le quart au moins est raflé par les taliban. La drogue prospère sur la corruption, l'arrogance des trafiquants, la désunion des Occidentaux et les réticences face aux cultures de substitution.
    Mélange explosif en Afghanistan : une "démocratie" s'est glissée dans les hardes du plus gros producteur d'héroïne. Les deux ne pourront coexister longtemps. Malgré les Américains et les troupes de l'OTAN, tôt ou tard, soit le nouveau régime, soit la poudre blanche l'emportera. Le combat a commencé dès la chute des taliban en 2002. Pour l'instant, l'avantage est à la drogue.
    Narco-state
    L'Afghanistan produit 93 % de l'opium mondial, d'où est extraite la morphine, puis l'héroïne. Cette manne vénéneuse engendre 4 milliards de dollars par an, dont le quart au moins est raflé par les taliban. Chiffres d'autant plus inquiétants que plus de 100 000 hectares de terres sont toujours couverts de pavot, jolies fleurs blanches bordées de rose d'où, après une incision, s'échappe une substance noirâtre et gluante.
    L'Afghanistan est devenu un narco-state. Dans les coulisses de la diplomatie, l'étiquette infamante circule de plus en plus... C'est que l'héroïne finance le terrorisme, la subversion, la guerre tribale. À terme, elle menace le pays, son gouvernement, son économie, les intérêts de l'Europe et des États-Unis.
    Mais pour le rugueux et madré paysan afghan, l'opium, c'est d'abord un moyen d'échapper à la misère. Lorsqu'il cultive du blé, de l'orge ou des légumes, il arrive à gagner péniblement, en afghanis, la monnaie locale, l'équivalent de 800 dollars par an ; lorsqu'il se met à cultiver du pavot sur la même superficie, il peut espérer empocher plus de 3 000 dollars. Un expert de l'ONU basé à Kaboul était récemment de passage à Washington. Il y raconta l'histoire d'Abdul, trente ans, un paysan dont le village se trouve à une centaine de kilomètres au sud de la capitale. Le grand-père et, après lui, le père d'Abdul ont toujours cultivé du blé et de l'orge sur leur lopin de terre. La famille (quatorze personnes) était pauvre comme beaucoup d'autres. À la mort de son père, Abdul s'endette : il achète une pompe d'irrigation, fait réparer la toiture et bâtir un hangar. Si bien que lorsqu'un inconnu lui apporta un jour une poignée de graines de pavot en affirmant qu'une seule récolte lui permettrait de rembourser tous ses créanciers, Abdul ne réfléchit pas longtemps.
    Les paysans comme Abdul se comptant par dizaines de milliers. Le défi lancé par l'héroïne n'est pas près d'être relevé. Thomas Schweich fut pendant deux ans, à l'ambassade américaine à Kaboul, le grand patron de la lutte antidrogue. Pour lui, ce défi consiste, avant de s'attaquer aux gros cartels locaux, à neutraliser quatre obstacles : la corruption des rouages gouvernementaux, l'arrogance des trafiquants locaux, la désunion des Occidentaux et les réticences face aux cultures de substitution. L'obstacle de la corruption au sommet apparaît le plus sérieux.
    Invulnérables
    Détail révélateur : le frère du président Hamid Karzai maintient à Kandahar, non sans un cynisme très oriental, des liens étroits avec les fournisseurs d'opium - malgré les pressions de Washington pour qu'il soit arrêté. Quant aux ministres en exercice et aux hauts fonctionnaires, ceux qui n'ont jamais touché à l'argent sale de la drogue doivent se compter sur les doigts d'une main. Une liste d'une centaine de noms circule à Kaboul : des responsables à des fonctions clés qui ferment les yeux sur les circuits de l'héroïne et protègent les caïds. Jusqu'à présent, aucun n'a été inquiété.
    Le deuxième obstacle - celui des trafiquants locaux - apparaît comme la conséquence du premier. Ces trafiquants, on les connaît presque tous. Ils sont une douzaine avec des milices, des fiefs, des réseaux. Leur immense richesse et leurs appuis politiques les rendent invulnérables. « Pour les anéantir, souligne Schweich, il faudrait monter de vastes opérations à l'échelle nationale, coincer leurs complices le long de la frontière pakistanaise, détruire une à une les mailles de leur système. Les dirigeants afghans traînent les pieds et les alliés ne parviennent pas à s'entendre. »
    Carte de la drogue
    Cette désunion est le troisième obstacle. Les Américains souhaiteraient que l'offensive antidrogue soit menée avec un maximum d'agressivité. Or, l'Allemagne, la Pologne, l'Italie et l'Espagne renâclent, craignant des procès qui, chez eux, pourraient les mettre en cause si leurs soldats tuaient des non-combattants - même si ceux-ci ne sont que des "fourmis" de l'héroïne.
    Le quatrième et ultime obstacle - les résistances à l'éradication du pavot - est celui qui semble s'éroder un peu, permettant de timides espoirs. À Kaboul, les rapports des agents du Narcotic Bureau affirment que sur les trente-quatre provinces afghanes, vingt se sont débarrassées en 2008 des fleurs blanches à collerette rose pour les remplacer par du safran ou de la pomme de terre. Le pavot se maintient dans les provinces méridionales où les taliban sont rois. Désormais, la carte militaire se confondra avec la carte de la drogue.
    De notre correspondant aux États-Unis
    PHILIPPE MAINE  L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 19 mars au 1er avril 2009

  • « Comprendre l'Empire » Entretien avec Alain Soral (arch 2011)

    Fut un temps où l'on voyait régulièrement Alain Soral à la télévision. On ne l'y voit quasiment plus. L'affaire Dieudonné est passée par là. Il s'est réfugié sur Internet et à Egalité & Réconciliation, l'association qu'il anime. Dans son dernier opus, qui rencontre un public assez large, il s'efforce de « comprendre l'Empire ». Ou comment on est passé de l'universalisme républicain, égalitaire et national, au cosmopolitisme impérial, inégalitaire et déraciné. C'est un succès de librairie d'autant plus inattendu que le livre s'est heurté à une conspiration du silence de la presse mainstream. C'est pour nous l'occasion de lui donner la parole.

    Le Choc du mois : Votre ouvrage représente une sorte « d'histoire de France et du monde de 1789 à nos jours » vue au travers de votre grille d'analyse politique, économique et sociale. Pour atteindre ce but ambitieux tout en restant dans le format d'un ouvrage grand public, vous avez recours à une multitude de courts paragraphes, condensés et incisifs. Cette formule donne une grande densité et une indéniable facilité d'accès à l'ouvrage, mais ne vous a-t-elle pas parfois contraint à un excès de « simplification » des problématiques traitées qui peut être « frustrant » pour un auteur ?
    Alain Soral : Je ne pense pas que le synthétique soit simplificateur. Je pense même que mes chapitres, additionnés les uns aux autres, produisent une analyse des plus complexe de la réalité. Mais l'habitude de la lourdeur universitaire et de sa poudre aux yeux bibliographique peut donner, c'est vrai, cette impression de légèreté au lecteur influençable...

    Dans votre évocation du processus d'imposition progressive du pouvoir de l'Empire, c'est-à-dire, pour vous, de la Banque, vous évoquez notamment l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy que vous attribuez de façon assez affirmative aux milieux bancaires dont il aurait contrarié les projets. Ne craignez-vous pas d'être taxé de « complotisme » ?
    L'assassinat de Kennedy résulte bien d'un complot. Je me permets juste de faire remarquer que la théorie du complot officielle, attribuée à un individu mu par un mobile psychologique, est infiniment moins crédible que la mienne, validée par toute l'histoire cachée des États-Unis d'Amérique...

    Face à « l'empire bancaire », vous excipez comme modèle de « résistance » la finance islamique. N'est-ce pas une vision un peu naïve de ce qu'est réellement cette finance dont la pratique réelle est assez éloignée des beaux fondements théoriques comme le montrent, par exemple, la faillite de l'Amlak et la Tamweel, deux banques islamiques des Emirats Arabes Unis, lors de l'effondrement de la bulle immobilière au Moyen-Orient ou les difficultés de Banque islamique de Malaisie, « symbole de la finance islamique en Malaisie », qui a avoué, en 2005, des pertes massives sur des créances douteuses et de mauvais investissements et qui n'a été sauvée de la faillite que grâce à une recapitalisation ?
    Il me semble que ce que j'écris est un peu plus subtil. Je fais juste remarquer que le rouleau compresseur libéral s'agace, par définition, de tout sacré qui lui résiste en théorie, et que la finance islamique lui résiste encore théoriquement. Une raison suffisante pour que l'islam soit mis au pas définitivement par l'Empire, comme ce fut le cas de notre chrétienté, qui n'était pourtant pas plus exemplaire en la matière...

    Dans votre évocation des tentatives de résistance à l'Empire, vous semblez avoir une certaine indulgence pour l'URSS présentée comme une sorte de tentative judéo-chrétienne maladroite de rupture avec le monde de la Banque. Mais l'URSS, maintenue en survie à bout de bras par la finance occidentale, n'a-t-elle pas plutôt été un « partenaire » et un formidable accélérateur du développement de la domination bancaire en décrédibilisant pour longtemps, notamment par l'étendue de ses crimes, toute solution socialiste susceptible de s'opposer au modèle capitalisto-affairiste ?
    Réduire l'épopée  soviétique  à cette simple ruse de l'Histoire, voilà le complotisme ! Ne pas croire au roman communiste russe n'implique pas qu'on tombe dans l'excès inverse. Ce serait comme réduire le rôle historique du FN, sous Jean-Marie Le Pen, à une délégitimation orchestrée de la cause nationale. Par respect pour les hommes qui font l'Histoire en combattant, je refuse de tomber dans cette simplification-là...

    L’islam spirituel, antibourgeois, patriote, dont vous vous faites l'avocat, les Français ne le discernent pas forcément aussi clairement que vous, eux étant plutôt confrontés dans leur vie quotidienne à une sorte d'islamo-racaillisme, où le Coran se résume souvent à un marqueur identitaire couvrant les agissements d'un lumpenprolétariat de voyous totalement intégrés aux codes de l'Empire.
    Concrètement, quelles sont en France les personnalités et les organismes ou mouvements qui incarnent cet « islam français » que vous considérez comme un élément de la résistance nationale face à la puissance de la Banque mondialisée ?
    Concrètement, ce sont ces milliers de musulmans du quotidien qui vivent et travaillent discrètement en France et dont vous n'entendez jamais parler. J'en rencontre à chacune des réunions d'Egalité & Réconciliation, et eux, contrairement à certains nationalistes, stupides ou lâches, savent très bien quel est l'ennemi principal de la Nation française. Contrairement aussi à nos gauchistes de souche, ces musulmans français ne trouvent non plus aucune excuse à la délinquance ethnique...
    Vous insistez à plusieurs reprises dans votre ouvrage sur la rupture fondamentale que représente la logique de l'Empire avec la pensée et la morale chrétiennes. Cela signifie-t-il pour vous qu'une « sortie » de l'Empire ne peut passer que par une redécouverte et une réappropriation par les Français de leurs racines chrétiennes et de leur héritage catholique ? Redécouvrir le sens du « nous », du don et de la transcendance est une absolue nécessité pour sortir de la domination impériale bancaire sur les esprits. Pour ça, ici, nous avons les Evangiles et leur message. Un message d'amour et de combat que je trouve très éloigné de celui, fait de lâcheté et de soumission, que diffuse l’Église actuelle. Une Église que Jean, prophétiquement, qualifiait déjà de « putain de Babylone »...

    Selon vous, les récents soulèvements populaires au Maghreb sont-ils plutôt un signe d'ébranlement de l'Empire ou une nouvelle manipulation de celui-ci ?
    Dans le cas libyen, partagez-vous la défense de Mouammar Kadhafi exprimée par votre ami Dieudonné ?
    Un des principes de la domination impériale est la manipulation et la récupération des colères légitimes. Donc difficile de savoir, pour l'instant, qui va sortir gagnant de cet ébranlement, des peuples ou de l'Empire. Ça peut être aussi bien demain « la gouvernance globale ou la révolte des nations » que la gouvernance globale par la révolte des nations, habilement récupérée...Quant à Kadhafi, c'est un personnage complexe qui a beaucoup fluctué durant ses quarante années au pouvoir, mais il suffit que Bernard-Henri Lévy me dise d'aller l'abattre pour que je sache, comme Dieudonné, qu'en ce moment, c'est plutôt l'homme à soutenir !

    Bien que ne bénéficiant que de très peu de relais médiatiques et publicitaires, votre ouvrage est un véritable succès en termes de vente. Au-delà des qualités intrinsèques du livre, comment expliquez-vous cet attrait du public et par quels biais êtes-vous parvenu à le toucher ?
    Sans modestie aucune, par mon charisme, mon courage et mon talent. Je sais que c'est agaçant, mais c'est comme ça ! Être présent sur Internet ne suffit pas.
    Propos recueillis par Xavier Eman Le Choc du Mois mai 2011
    Alain Soral, Comprendre l'Empire, Demain la gouvernance globale ou la révolte des Nations ?, éditions Blanches, 237 p., 15 €.

  • Alan Greenspan : couler l'Europe

    Fixant de son seul chef le cours du dollar, Alan Greenspan est à l'origine de la crise financière mondiale actuelle. Président de la Réserve fédérale américaine, il appartient à la Commission trilatérale, au Conseil des relations internationales et au B'nai B'rith. Il n'agit que pour le seul intérêt du dollar, actionnant la planche à billets lorsqu'il en a besoin.
    Alan Greenspan est né à New York le 6 mars 1926. Il est le fils de Herman Herbert et de Rose (Goldsmith) Greenspan, et il prit le nom de sa mère, remariée. Son père était un célèbre boursicoteur. Diplômé de l'université de New York « cum laude », il est également passé par l'université de Columbia (Ph.D.), sous la direction de Arthur F. Burns (de son vrai nom Bernstein, d'origine autrichienne, et représentant des seuls intérêts des Rothschild si l'on en croit l'ouvrage particulièrement documenté d'Eustace Mullins : The Secrets of the Federal Reserve), qui fut son chaperon à la Réserve fédérale. Burns travailla pour la britannique Royal School of Economies, financée par les Rothschild et la finance apatride, dont le principal théoricien fut Alfred Marsall, inventeur de la théorie monétariste (si utile dans le développement de l'économie de la drogue qui fut l'apanage des banques britanniques à la fin du XIXe siècle). Celui-ci devait fonder le National Bureau of Economie Research pour le compte des Rockefeller. Auparavant, il devait passer par la George Washington High School, en même temps qu'un certain Henry Kissinger. Dilettante, il devait également étudier la clarinette et participer à un orchestre de jazz. Il épousera le peintre américain Joan Mitchell, avant d'en divorcer et de se fiancer à nouveau ... en décembre 1996, à plus de 70 ans, puis de se remarier avec la correspondante de NBC, Andrea Mitchell. Il sortira durant des années avec Barbara Walters, l'Anne Sinclair locale, apparaissant comme une figure des soirées mondaines branchées new-yorkaises. Dès 1948, il rejoint la Board Conference, une association d'influence d'hommes d'affaires. Quatre ans plus tard, fort de ses relations, il lance son propre fonds d'investissement. À la mort de son associé, en 1958, il devient président de Townsend-Greenspan and Co,qui opta pour écrémer sa clientèle, comprenant la plupart des cent premières fortunes industrielles ou financières américaines. En parallèle, Greenspan enseigne l'économie à l'université de New York,"selon les préceptes de l'économie libérale : c'est le marché qui est le roi, et plus particulièrement le marché américain, lequel, à l'occasion, peut s'imposer, lorsqu'il le faut, avec la puissance du bâton militaro-industriel de l'Oncle Sam.
    Sa philosophie, si l'on ose le terme, découle des principes d'un économiste libéral américain, Ayn Rand, l'équivalent d'un Raymond Barre qui devait former des générations d'économistes. À noter que Rand fut aussi le maître à penser d'un des pontes de la CIA, William Buckley, et de la revue pseudo-conservatrice National Review. Dès 1967, Greenspan devient un conseiller écouté de Richard Nixon, sans doute le premier conseiller, et sera le responsable de sa politique économique durant sa campagne présidentielle de 1968. Il servira également Johnson. Durant le premier mandat de Nixon, il se prononcera en faveur de la fin de la conscription et dirigera diverses structures économiques. En 1972, il prend la présidence du bureau des conseillers économiques de Nixon, ce, jusqu'en 1974. Lorsque Gerald Ford devient président, il devient son conseiller économique n° 1, défendant la déflation, la réduction des dépenses publiques, le contrôle des salaires, etc. Bref, une politique antisociale, favorable exclusivement aux multinationales mondialistes et apatrides, dans la meilleure tradition d'un Kuhn ou d'un Warburg.
    Alan Greenspan, considéré comme républicain, est donc en fait un pur homme d'affaires et un financier. Il a été de longue date le confident de nombre de présidents républicains. Dès 1977, il devient président de la J.P. Morgan Guaranty Trust (premier banquier de la Révolution bolchevique), administrateur de Mobil Oil, d'Alcoa, du Fonds Dreyfus, de la fameuse Brookings Institution (qui forme les futurs cadres du CFR, première institution mondialiste américaine) du conseil des économistes du Times, etc. En 1981-1983, il préside la Commission sur la Sécurité sociale, qui aboutit à la conclusion que l'« assurance universelle » est en faillite, alors même qu'elle dégage des excédents colossaux : de là le développement des « nouveaux pauvres » américains, qui n'a rien à envier à la France socialiste.
    En juin 1987, il succède à Paul Volcker (qui avait lui-même succédé à Arthur Burns, de son véritable patronyme Burnsieg), au bout d'une campagne épique où rien ne fut épargné à son prédécesseur pour l'obliger à ne pas solliciter un renouvellement de mandat, à la tête de la Réserve fédérale américaine, appelée FED. Il faut savoir qu'en réalité, il a été simplement désigné secrètement au sein de cette institution purement privée comme représentant des Morgan, dans la meilleure tradition de la fondation de la FED en 1910, où c'est Henry P. Davidson, homme de Morgan, qui avait déjà été désigné. Dès sa nomination, Greenspan s'emploient à relever les taux d'intérêt américain, pour le seul profit des banquiers. Il provoque alors le" Black Monday " (Lundi noir), où le Dow Jones baissera de 508 points en une seule séance. Greenspan est coutumier du fait d'avantager les seules banques "amies", en leur faisant savoir ses décisions à l'avance, à l'encontre du "vulgum pecus". En mai 1997, Greenspan sera "réprimandé", mais gardera son poste, pour avoir ouvert les débats secrets de la FED à des non-membres : « Nous sommes profondément préoccupés, devaient déclarer deux démocrates du Congrès, d'apprendre du président Greenspan que la FED continue à inviter un groupe d'élite aux discussions concernant la politique monétaire, alors qu'elle feint publiquement de regretter que ses rencontres sur la politique monétaire fassent l'objet de fuite. » Le Monde (7 mai 1997) indiquait : « M. Greenspan a reconnu que 28 (sic) représentants de banques centrales étrangères, originaires de Bulgarie, de Chine, de Hongrie, de la République tchèque, de Pologne, de Roumanie et de Russie (NDA : donc tous communistes ou ex-communistes), avaient pris part à des réunions de la banque centrale de l'Etat du Kansas, y compris à la discussion et au vote des taux. »
    Qu'est-ce que la FED ? Le premier organisme financier mondial tout simplement, même si la plupart des Américains ignorent même son existence. L'organisme a été créé en 1910. II se réunit le troisième mardi de chaque mois, à huis clos, à Washington, avec douze personnalités du monde bancaire : les membres du "Conseil des Gouverneurs" sont les véritables maîtres du système financier américain. L'écrivain Martin Larson a donné l'origine de la FED et de son véritable créateur : « Paul Warburg (premier agent de change mondial) était un financier allemand, qui vint aux Etats-Unis en 1902 et se joignit à la firme Kuhn, Loeb et Cie. En 1911, tout en continuant à recevoir un salaire de 500 000 dollars de cette firme, il s'imposa comme l'apôtre d'une monnaie élastique et d'un système bancaire centralisé. En 1914, le président Wilson le nomma membre du premier conseil du Federal Reserve. Plus tard, il servit durant plusieurs années comme président de son Conseil consultatif fédéral. Il fut décoré en 1912 par le Kaiser pour les services rendus au Reich, alors que son frère était chef de la police secrète allemande. » De même  Eustace Mullins (dans The Federal reserve Conspiracy) note : « Du temps où nos finances étaient sous la dictature de Paul Warburg, président du Conseil des gouverneurs de la Federal Reserve, et dont la première allégeance allait à sa famille de banquiers, les Warburg de Hambourg, Maw Warburg finançait le Kaiser en guerre contre nous, tandis que la firme Kuhn, Loeb & Co de Paul Warburg avait cinq représentants au département du Trésor responsable des Liberty Laans, finançant ainsi notre guerre contre le Kaiser. » Comme les Rothschild, implantés sur les trois continents, les Warburg étaient des as du triple jeu. Dans The Federal Reserve and Our manipulated dollar, Martin Larson expose le danger de cette situation : « Le vice fondamental de la FED consiste en ceci qu'il fonctionne en agence indépendante au profit de financiers privés auxquels appartiennent les banques qui en sont membres, et sont ainsi à même de contrôler le crédit, les taux d'intérêt, et toute notre économie. »
    Pour comprendre son importance, on citera le New York Times Magazine du 21 avril 1996, dans un article intitulé « Club Fed », avec le sous-titre « Le pouvoir dans l'économie réside, non dans les mains du Président (des États-Unis) mais dans celles d'Alan Greenspan ». « Une vaste majorité des Américains n'a aucun concept de ce que la FED représente dans leurs vies. Le Congrès a toujours été incapable d'obtenir des réponses précises aux questions qu'il se pose sur la FED : que sont devenus les milliards de dollars que la FED a virés à Mexico avant les élections présidentielles durant les deux dernières décennies ? Combien dépense la FED pour soutenir le cours du dollar ? Comment la FED décide-t-elle de changer les taux d'intérêt ? ( ... ) Le pouvoir économique ne se trouve pas entre les mains du président des Etats-Unis ou de celle d'AT&T (premier groupe, de communication mondial) mais entre celles d'Alan Greenspan, président de la FED. Cela ne serait pas si grave si à la fin de chaque semaine, il s'expliquait dans un anglais compréhensible, mais il ne le fait pas. » Pour donner une idée de son langage codée, prenons par exemple la date du 8 juin 1995 : pour le New York Times du jour, qui suivait une conférence de presse, « Greenspan voit un risque de récession mondiale », tandis que le Wall Street Journal, du même jour, titrait : « Le président de la FED ne voit pas de récession à l'horizon. » Comme l'indique Le Point (15 novembre 1997), « le patron de la banque centrale exerce, sur la planète finance, un véritable magistère de la parole ». Quant à David M. Jones dans son essai The Politics of money, sous-titré The FED under Alan Greenspan (1991), il fait de son président « l'homme le plus influent en matière de politique économique mondiale ».
    Comme le dit parfois cet homme au langage totalement, et sciemment, abscons : « Je passe un temps considérable à éluder des questions et à me faire un souci terrible en imaginant que j'ai quand même été trop clair. » Il faut l'avoir entendu pour le croire, mais cet homme, totalement méprisant de la vie, ne pense que courbes et profits. Une anecdote, après la guerre du Golfe, gigantesque ratonnade américaine de la fin de siècle, il retrace ses émotions : « Ce soir-là, j'étais assis devant mon ordinateur. Au fur et à mesure que la nuit avançait, on pouvait non seulement voir le prix du pétrole baisser fortement sur les marchés mondiaux, mais suivre, minute par minute, les effets de cette décélération sur les marchés des changes et de l'or, sur les taux d'intérêt et sur les opérations d'arbitrage qui s'entrecroisent dans le monde entier. À ce moment-là, il m'est apparu clairement que la guerre ne risquait pas d'évoluer dans le sens d'une destruction majeure des installations pétrolières au Proche-Orient, » Or, durant cette nuit du 16 janvier 1991, le monde entier suivait le pilonnage massif de Bagdad et des installations stratégiques irakiennes, 350 000 soldats devaient être littéralement assassinés par les armes spéciales américaines. Pendant ce temps Greenspan croisait sur son ordinateur ses courbes pour le seul bonheur du billet vert. Car, il faut bien le comprendre, la guerre militaire n'est que la poursuite de la guerre économique. Ce n'est qu'en imposant la monnaie américaine comme devise mondiale que les États-Unis peuvent maintenir leur emprise sur le monde. Qu'il monte ou qu'il baisse, le règne du dollar est toujours la règle. Mais qu'une monnaie nouvelle de réserve s'y substitue, comme pourrait l'être l'euro s'il y avait une véritable volonté politique européenne, et s'en serait fait de la suprématie yankee.
    Aujourd'hui, la guerre américaine n'est plus militaire contre l'Irak, elle est purement financière et se concentre contre l'Europe, de manière à préserver les marchés américains face à la déconfiture du Japon et des pays émergents. Ce n'est qu'en brisant l'Europe, que Greenspan réussira à maintenir le niveau de vie des Américains obèses.
    Gabriel LINDON

  • « L’art de la guerre » Obama la préfère cachée

    Les Etats-Unis n’ont plus les moyens de lancer de grandes guerres comme en Corée, au Vietnam ou en Irak. Obama préfère intensifier l’action militaire secrète. Manlio Dinucci détaille le programme.

    Le président Obama n‘aime pas la guerre. Non pas parce qu’il est prix Nobel de la paix, mais parce que l’action belliqueuse ouverte découvre les cartes de la stratégie étasunienne et des intérêts qui en sont à la base. Il a ainsi lancé un grand plan qui, écrit le Washington Post, « reflète la préférence de son administration pour l’espionnage et l’action secrète plutôt que pour l’usage de la force conventionnelle ».

    Ce plan prévoit de restructurer et potentialiser la DIA (Agence de renseignement militaire), jusqu’ici concentrée sur les guerres en Afghanistan et Irak, de façon qu’elle puisse opérer à l’échelle globale en tant qu’ « agence d’espionnage focalisée sur les menaces émergentes, plus étroitement reliée avec la CIA et les unités militaires d’élite  ».

    Le premier pas sera d’augmenter l’organigramme de la DIA qui, doublé pendant la dernière décennie, comprend environ 16 500 membres. Sera formée « une nouvelle génération d’agents secrets » à envoyer à l’étranger. La CIA s’occupera de leur entraînement dans son centre de Virginie, connu comme « la Ferme », où on élève des agents secrets : pour ceux de la DIA, qui constituent aujourd’hui 20 % des élèves, seront créés de nouveaux postes.

    La collaboration de plus en plus étroite entre les deux agences est témoignée par le fait que la DIA a adopté quelques unes des structures internes de la CIA, parmi lesquelles une unité appelée « Persia House », qui coordonne les opérations secrètes à l’intérieur de l’Iran.

    Les nouveaux agents DIA fréquenteront ainsi un cours de spécialisation auprès du Commandement des opérations spéciales. Celui-ci est spécialisé, outre dans l’élimination d’ennemis, en « guerre non conventionnelle » conduite par des forces extérieures entraînées à dessein ; en « contre-insurrection » pour aider des gouvernements alliés à réprimer une rébellion ; en « opérations psychologiques » pour influencer l’opinion publique afin qu’elle soutienne les actions militaires étasuniennes.

    La formation terminée, les nouveaux agents de la DIA, au départ 1 600 environ, seront assignés par le Pentagone à des missions dans le monde entier. Le Département d’État s’occupera de leur fournir de fausses identités, en en introduisant une partie dans les ambassades. Mais, comme celles-ci sont remplies d’agents de la CIA, on fournira aux agents de la DIA d’autres fausses identités, comme celle d’universitaire ou d’homme d’affaires.

    Les agents de la DIA, grâce à leur expérience militaire, sont réputés être plus idoines pour recruter des informateurs en mesure de fournir des données de caractère militaire, par exemple sur le nouvel avion de chasse chinois. Et le développement de leur organigramme permettra à la DIA d’élargir la gamme des objectifs à frapper avec les drones et avec les forces spéciales.

    Ceci est la nouvelle façon de faire la guerre, qui prépare et accompagne l’attaque ouverte par l’action secrète pour miner le pays de l’intérieur, comme on l’a fait en Libye, ou pour le faire s’écrouler de l’intérieur, comme on tente de le faire en Syrie. C’est dans cette direction que va la restructuration de la DIA, lancée par le président Obama.

    On ne sait pas si le néo-candidat premier ministre Pier Luigi Bersani [1], qui a une grande estime pour Obama, l’a déjà félicité. En attendant il est allé en Libye pour « reprendre le fil d’une présence forte de l’Italie en Méditerranée ». Le fil de la guerre contre la Libye, à laquelle l’Italie a participé sous commandement étasunien. Tandis que Bersani jouissait, en s’exclamant « à la bonne heure ».

    Traduction
    Marie-Ange Patrizio

    Source
    Il Manifesto (Italie)

    1] Secrétaire du Partito democratico, élu dimanche 2 décembre aux élections primaires pour conduire les « listes progressistes » aux prochaines élections politiques dont sera issu le nouveau gouvernement, que Bersani se prépare à présider. NdT. Site de campagne

  • Irlande : les évêques parlent clair sur l'avortement

    Cinq évêques irlandais étaient présents mardi soir à la veillée pour la vie organisée au pied levé devant l'Oreichteas à Dublin, mais c'est par la voie de leur conférence qu'ils ont opposé une réponse ferme aux propositions d'assouplir la loi condamnant l'avortement en Irlande formulées par un groupe d'experts censés indiquer au gouvernement comment respecter la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme. Je vous en propose ici ma traduction.

    Première réponse de la Conférence des évêques d’Irlande au Rapport du groupe d’experts sur le jugement A, B et C contre Irlande
    Une société qui croit que le droit à la vie est le plus fondamental de tous les droits ne peut ignorer le fait que l’avortement est d’abord et avant tout une question morale. 

    En tant que société une responsabilité particulière nous incombe en vue d’assurer le respect de ce droit au nom de ceux qui sont sans défense, sans voix ou vulnérables. Cela comprend notre devoir en tant que société de défendre et de promouvoir le droit égal à la vie de la mère enceinte et de l’enfant innocent et sans défense qu’elle porte en son sein lorsque la vie de l’une ou de l’autre de ces personnes est menacée.   

    En vertu de leur commune humanité la vie de la mère et celle de son enfant à naître sont toutes les deux sacrées. Ils ont également droit à la vie. L’Eglise catholique n’a jamais enseigné que la vie de l’enfant à naître doit être préférée à celle d’une mère. Lorsqu’une femme enceinte gravement malade a besoin de soins médicaux qui peuvent mettre en péril la vie de son bébé, de tels soins sont moralement licites dès lors que tout a été mis en œuvre pour sauver la vie et de la mère, et de l’enfant.
     L’avortement, défini comme la destruction directe et volontaire d’un bébé à naître, est gravement immoral en toutes circonstances. Cela est différent des soins médicaux qui ne cherchent pas directement et volontairement à mettre fin à la vie de l’enfant à naître. 

     La loi en vigueur et les directives médicales en Irlande autorisent infirmières et médecins dans les hôpitaux irlandais à mettre en œuvre, en pratique, cette distinction éthique vitale. Il s’agit d’un facteur important qui a permis d’assurer que les hôpitaux irlandais soient au nombre des plus sûrs et des meilleurs au monde en ce qui concerne les soins médicaux apportés aussi bien à la mère qu’à son enfant à naître. En tant que pays, voilà quelque chose que nous devrions chérir, promouvoir et protéger.   Le Rapport du groupe expert sur le jugement A,B, C contre Irlande propose des options* qui pourraient mettre fin à la pratique de faire cette distinction éthique vitale dans les hôpitaux irlandais. Sur les quatre options présentées par le Rapport, trois impliquent l’avortement : la mise à mort directe et volontaire d’un enfant à naître. Cela ne peut jamais être justifié moralement. Le jugement de la Cour européenne des droits de l’homme n’oblige pas le gouvernement irlandais à légiférer en faveur de l’avortement.
     D’autres aspects du Rapport provoquent des inquiétudes supplémentaires.  Celles-ci comprennent, mais la liste n’est pas limitative, le fait que :  • Le jugement de la Cour européenne des droits de l’homme permet des options par rapport à cette affaire d’importance morale, sociale et constitutionnelle fondamentale, qui ne sont pas reprises dans ce Rapport. Cela inclut l’option d’introduire l’interdiction constitutionnelle de l’avortement ou tout autre forme d’amendement constitutionnel en vue de renverser la jurisprudence « X-case »**.  • Le Rapport ne fournit aucune analyse éthique des options proposées, alors même qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un problème moral et que cette prise en considération de la dimension éthique faisait partie des Termes de référence • Le Rapport ne prend pas en compte les risques qu’impliquent les tentatives de légaliser un prétendu « avortement limité » selon les contours de la jurisprudence « X-case ». Le jugement « X-case » inclut la menace de suicide comme justification d’un avortement. L’expérience internationale montre que le fait d’autoriser l’avortement sur la base de la santé mentale conduit effectivement à ouvrir grandes les vannes de l’avortement.
    Le Rapport identifie également les Directives en tant qu’option. Il note que les Directives peuvent contribuer à assurer la cohérence dans la fourniture de soins médicaux. Si les Directives peuvent procurer une plus grande clarté par rapport aux conditions ou des soins nécessaires à la vie peuvent être prodigués à une mère enceinte ou à son enfant à naître dans le cadre législatif existant, et dès lors que la mise à mort directe et volontaire de l’une ou de l’autre personne continue d’être exclue, alors de telles Directives éthiquement justes peuvent permettre d’avancer.   Une affaire d’une telle importance exige que l’on prenne suffisamment de temps pour qu’un débat calme, rationnel et bien informé ait lieu avant qu’aucune décision sur les options proposées par le groupe expert soit prise. Tous ceux qui sont concernés, particulièrement ceux qui sont chargés de représenter le peuple, doivent prendre en considération les questions morales profondes qui se font jour dans la réponse à ce Rapport. L’avortement est gravement immoral en toutes circonstances, combien « limité » puisse être l’accès à l’avortement. * NDLR. – Les quatre options proposées sont, d’une part, une clarification des Directives sur les soins médicaux, qui n’a pas la faveur du rapport car elle ne serait pas juridiquement contraignante. Et de l’autre, la mise en place de règles régissant la mise en place de l’avortement légal : ce sont ces trois « solutions » qui sont fermement rejetées pas les évêques irlandais.

    1. Mettre en place une loi, votée donc par le parlement, qui pose le principe de la fourniture d’avortements légaux, de manière à ouvrir la voie au ministre de la Santé qui en fixerait les contours par l’équivalent irlandais du décret. 


    2. Mettre en place une loi seule qui fixerait tous les contours de l’avortement légal.


    3. La solution « loi plus décrets » où plus de détails seraient fixés par la loi et où le ministre de la Santé ne s’occuperait que de certains aspects de la questions


    ** NDLR. – Le cas X, en 1992, concernait une jeune fille de 14 ans, violée et enceinte, qui menaçait de se suicider si ses parents ne l’emmenaient pas à l’étranger pour obtenir un avortement. La Cour suprême irlandaise avait reconnu son « droit » à l’avortement en ces circonstances, La jeune fille allait par la suite se rendre en Angleterre pour se faire avorter mais fit une fausse couche pendant le voyage. La jurisprudence, quant à elle, n’a jamais été traduite en droit.

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