Nous avons déjà eu l'occasion d'entretenir nos lecteurs du livre de Christophe Guilluy, La France périphérique, qui a reçu le Prix des impertinents. Son sous-titre Comment on a sacrifié les classes populaires, dit bien l'importance de cette publication. C'est ce qui nous conduit à vous en proposer ici une vraie recension.
Remarqué pour ses Fractures françaises (2010, rééd. 2013), Christophe Guilluy présente cette année dans La France périphérique une synthèse claire sur cette reconfiguration, encore mal analysée par le discours officiel et qui échappe aux hommes politiques. La vraie menace pour le pouvoir ne vient pas des zones urbaines, dites sensibles, trop longtemps choyées par la peur d'un embrasement, mais de ces territoires en marge des métropoles. « Ainsi, la question sociale n’est pas circonscrite de l'autre côté du périph, mais de l’autre côté des métropoles, dans les espaces ruraux, les petites villes, les villes moyennes, dans certains espaces périurbains qui rassemblent près de 80% des classes populaires. » Dans ces territoires oubliés des politiques de la ville se met en place une véritable contre-société subversive. Cette France des petits blancs délaissés, qui va des Bonnets rouges aux victimes des plans sociaux, ne profite pas des joies de la mondialisation heureuse. Jamais le pays n’a paru aussi coupé entre les métropoles, adeptes du libéralisme à tout crin et du multiculturalisme, et les territoires oubliés des nouvelles couches populaires.





