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Étienne Chouard - Sommes-nous en démocratie ?
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Budget européen : la ruine annoncée
Le budget européen souligne que l’Europe est devenue de plus en plus une machine à fabriquer du cash au profit des Eurocrates.
Les chamailleries sur le projet de budget européen remplissent abondamment les journaux. Chacun des pays veut tirer la couverture à lui tout en accusant bruyamment les autres de faire de même. La Grande-Bretagne et la France se signalent particulièrement à cet égard. La première réclame le maintien du chèque obtenu de haute lutte il y a longtemps par la baronne Thatcher. La deuxième veut la poursuite de la politique agricole commune ou PAC, laquelle est un instrument précieux pour les gouvernements successifs puisqu’elle asservit le monde rural à leur bon plaisir.
Le budget qu’il est si difficile de mettre sur pied a une particularité : c’est un budget pluriannuel allant de 2014 à 2020. On comprend que la mafia des Eurocrates qui est au centre du projet y trouve son intérêt. Refusant les économies absolument nécessaires, tout en les saluant distraitement, ils rêvent d’une autorisation de dépenser sur plusieurs années. De ce fait les eurosceptiques en Grande-Bretagne deviennent de plus en plus nombreux. David Cameron osera-t-il sauter le pas et sortir de la CEE ? Cela serait un coup de tonnerre et un bienfait pour tous les Européens étant donné que l’édifice de la CEE est carrément nocif comme nous allons le voir.
Les faits sont brutaux. L’Europe est devenue de plus en plus une machine à fabriquer du cash au profit des Eurocrates. La fortune des Commissaires européens est célèbre dans le monde entier. Un seul exemple : quand un Commissaire quitte ses fonctions il touche son traitement pendant trois ans pour lui donner le temps de se recaser. Ils sont « combinards » et se recasent tous très vite et le masquent de diverses façons. Les chômeurs qui le sont à cause de l’Europe et ne reçoivent rien pour se recaser apprécieront. Le poste de député européen est un « fromage » dont les multiples saveurs se lisent dans tous les journaux. La richesse des dirigeants s’étend selon l’usage jusqu’aux échelons les plus bas.
Cette richesse des eurocrates est un des moteurs de l’accroissement de la dictature européenne ; c’est un principe absolu que plus les unités publiques s’agrandissent, plus la richesse des acteurs s’accroît et moins il existe de contrôles !
La dictature
Sur le plan économique, la CEE court vers la ruine qui s’inscrit dans les chiffres officiellement publiés. Le chômage atteint des niveaux insupportables dans la plupart des pays. La croissance est désespérément plate. Par ondes successives cette situation délétère se propage dans le monde entier et jusqu’en Chine.
La raison principale de ces faits est que la CEE est une dictature à 27 têtes. Les 27 Commissaires, une fois nommés, exercent leur pouvoir pratiquement sans contrôle. Par ailleurs, le parlement, théoriquement chargé d’un certain contrôle, est lui-même élu d’une façon extrêmement douteuse. Les votes ont lieu à mains levées, leur convergence étant laissée au « jugement » du président de séance ! Les gouvernements exercent en principe une surveillance, par l’intermédiaire de fonctionnaires non élus, mais ce n’est qu’une gentille parodie de contrôle.
Pourquoi et comment la ruine
Au premier chef des explications, se trouve la gigantesque ponction fiscale nécessaire pour alimenter la fabuleuse machinerie. Une autre cause de ruine est le flot ininterrompu de directives et autres réglementations déversées par la CEE ; un Commissaire ne saurait exister sans créer des directives ; la dictature européenne s’occupe de tous les détails de la vie d’un immense continent : cela va de la pêche au thon rouge, aux ascenseurs, et jusqu’au choix des ampoules. Par cette vision socialiste de la politique, elle met le désordre dans une foule d’industries et de consommations.
La Cour de justice aggrave l’effet du déluge : de son fait personne n’est vraiment sûr du droit et cette incertitude est meurtrière pour la richesse générale. La fraude généralisée s’ajoute : la très coûteuse Cour des comptes européenne refuse depuis plusieurs exercices de certifier les comptes de la CEE ; les dictateurs vivent sur des comptes pourris.
L’égalitarisme mène également à la ruine. Pour mettre soi-disant à niveau les nouveaux membres, de l’argent est volé aux anciens pour investir chez ces nouveaux et il y a beaucoup de fuites. A cette fausse idéologie peuvent se rattacher des idées folles comme la convergence fiscale franco-allemande ; messieurs les Eurocrates, il faut supprimer les impôts au lieu de chercher des convergences impossibles.
Actuellement la seule prétendue riposte imaginée à la crise est de demander plus de gouvernance européenne, c’est-à-dire d’accroissement de la dictature ! Pour leur défense, les Eurocrates prétendent que la construction européenne était nécessaire au marché commun : c’est une erreur. La libération des échanges, chemin nécessaire à l’accroissement de la richesse générale, pouvait se faire sans la création de la formidable et ruineuse bureaucratie européenne.
La construction européenne s’est faite en partie contre la volonté affirmée des peuples. Le projet insensé de budget pluriannuel est un effort pour consolider, malgré les disputes, un édifice branlant. Ira-t-il jusqu’au bout ? Le proche avenir nous le dira.
Michel de Poncins dans contrepoints
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Billet du jour : Cécile Duflot a des idées... dévastatrices !
Les français sont désormais habitués à cet anti-cléricalisme à géométrie variable, aussi féroce contre l’Eglise Catholique que soumis à Israël. La République maçonnique, dans sa tradition anti religieuse et anti-goys (non-juifs), maintient son hostilité à toute forme de contrôle de l’immigration, et persiste à classer à l’extrême droite, tout organisme ou parti politique qui affirme qu’un clandestin doit être reconduit à la frontière sans conditions.Rappelons au passage que le Parti Solidaire Français qualifie d'extrême droite l'extrême du capitalisme. En effet, si dans une logique parlementaire la droite est la famille du capital, l'extrême droite ne peut alors être que l'extrême de cette logique financière. L'extrême droite c'était Nicolas Sarkozy, la droite aujourd'hui, c'est François Hollande! Bienvenue dans cette France ou le socialisme du P.S est pro sioniste, capitaliste et se laisse pousser par la tempête mondialiste sans opposer de résistance, bien au contraire.
Le Canard Enchaîné qui n’en est pas encore à militer ouvertement pour le contrôle de l'immigration, publie deux articles qui ont toute leur places dans Minute ou Riposte Laïque, en jouant la carte de la « stigmatisation des populations déjà victimes du racisme et de la discrimination » !Dans le premier, le « journaliste », Didier Hassoux, nous apprend que l’arrivée massive de « nouveaux étrangers en situation irrégulière » dans le langage Canard Enchaîné (en clair, des clandestins sans autorisation de circuler sur le territoire) risque de mettre, cet hiver, la politique d’hébergement d’urgence dans l’impossibilité de fonctionner en région parisienne!Selon l’auteur de l’article, il y aurait en Seine-Saint-Denis, plus de 7.000 sans-papiers recensés au 31 juillet 2011, et 1000 de plus en 2012, soit une progression de 15 % en un anLes malheureux nouveaux venus, sous les conseils judicieux d'élus qui trahissent le Peuple, avaient occupés, non pas une mosquée (comme cela aurait du être le cas pour des musulmans), mais la basilique de Saint-Denis. Matignon, ne voulant pas froisser l’Union européenne, il n'était pas question de les expulser.Le premier ministre, J.M.Ayrault a donc demandé à Cécile Duflot de trouver des solutions. Un lieu d’hébergement leur était proposé dans le Val d’Oise, mais là encore, les clandestins défendus par toutes le officines antiracistes (financées par nos impôts), se sont octroyés le luxe de le refuser, expliquant que ce lieu était trop loin de Paris. Ces derniers ont d’autre part imposés l'exigence de demeurer tous ensemble.C'est alors que la République trouve la solution ; un hôtel trois étoiles, à 150 euros la nuit, près du Stade de France à Saint-Denis. Toujours selon l’article, l’hébergement d’urgence, dans la seule Ile-de-France, serait réservé entre 80 et 95 % à des étrangers en situation irrégulière. Ce qui coûte annuellement 410 millions d’euros au contribuable français, en plus du plan d’urgence supplémentaire de 50 millions d’euros réclamé par Cécile Duflot... Car la ministre du Logement à d'autres tours dans son sac à main en nous pondant la douce suggestion de régulariser les 8000 clandestins! Ce qui, d'après elle, leur donnerait accès plus facilement aux logements sociaux...Premier article décoiffant, mais, à côté de lui, dans le même esprit, un dénommé I.B. nous suggère un papier intitulé : « Allah santé de l’Etat ». On y apprend qu’un ancien « imam » d’Argenteuil, kurde irakien, Yashar Ali, est assigné à résidence, dans une petite ville bretonne, Arostrenen, depuis cinq années et demi. Pour le garder à l’œil, la République lui offre le gite et le couvert, à hauteur de 1.500 euros par mois. Mais avant d’être envoyé en Côtes d’Armor, le sympathique imam avait été logé, durant trois ans, dans un hôtel trois étoiles, en Lozère, à Mende. Depuis huit ans, ce brave disciple du salafisme en France, nous a donc coûté la bagatelle de 155.000 euros.On est en droit de s’interroger, à la lecture de tels articles, sur la réaction de nos compatriotes, qui, en région parisienne, fréquentent tous les jours les transports en commun, avec ses heures d'attentes interminables, dans des conditions de confort difficiles, avec des retards de plus en plus fréquents. Les clandestins exigent la proximité parisienne, et ils l’obtiennent !Dans un contexte où le gouvernement Hollande-Ayrault demande 33 milliards d’économies en 2013! Après le serrage de ceinture de 7 milliards pour cette année 2012, quel va être l'avenir des millions de retraités, qui ont cotisé toute leur vie, lorsqu'ils apprendront ce à quoi vont servir leurs futurs prélèvements, souvent sur de petites retraites, eux qui, déjà en grand nombre ne peuvent plus se soigner, quand les clandestins bénéficient de l’AME ou de l’ASPA! Bien entendu, sans avoir jamais donné un centime à la France.Ceux qui ont des logements précaires ou qui dorment dans leur voiture, faute de pouvoir se payer un toit, apprécieront également les largesses de la ministre du logement. La France déjà victime des banques et de la diaspora de ses richesses, les classes moyennes, qui subissent un véritable holocauste fiscal, et qui doivent s'acquitter des loyers astronomiques, savoureront également ces quelques chiffresL’explication est pourtant fort simple : le Parti Socialiste ose parler de justice sociale, quand les Français modestes sont victimes de sa préférence immigrée… Tout est dit...Le Parti Solidaire Français, demande au gouvernement de suspendre toutes les aides au logement aux non français et de répondre défavorablement à la demande de régularisation de ces clandestins qui n'ont aucun passe droit sur la population française en règle! Population française qui je le rappel détient le droit à disposer comme il l'entend de l'entière surface de son territoire selon les principes bancales de la démocratie moderne (normalement souveraineté du peuple) et de la République (historiquement, cause de la plèbe et plaidée par le tribun). Toute personne qui prend la décision de quitter sa Patrie pour venir « squatter » celle des autres, se met ouvertement au service du capital apatride, et devient par conséquent un traître Pour nous le combat de la gauche, la véritable gauche, celle des français qui aiment la France, se situe en premier lieu contre ceux qui exploitent nos travailleurs et ceux qui participent à la destruction de leur outil de travail ainsi qu'à leur droit à disposer d'eux mêmes. La Vraie gauche, reste consciente que « l'immigration est l'arme du capital » et que cette phrase de Karl Marx devrait être inscrite à la porte de tous les grands syndicats nationaux. Sans cela, démagogie, mensonges et spoliations resteront l'avenir des enfants de France!Défendez la France face au mondialisme, rejoignez la Révolution Nationale et Socialiste!Thomas WERLET http://partisolidaire.blogspot.fr -
Réponse à la gauche anti-anti-guerre
Tribune libreDepuis les années 1990 et en particulier depuis la guerre du Kosovo en 1999, les adversaires des interventions occidentales et de l’OTAN ont dû faire face à ce qu’on pourrait appeler une gauche (et une extrême-gauche) anti-anti-guerre, qui regroupe la social-démocratie, les Verts, et le plus gros de la gauche « radicale » (le Nouveau Parti Anticapitaliste (1), divers groupes antifascistes etc.) (2). Celle-ci ne se déclare pas ouvertement en faveur des interventions militaires occidentales et est parfois critique de celles-ci (en général, uniquement par rapport aux tactiques suivies et aux intentions, pétrolières ou géo-stratégiques, attribuées aux puissances occidentales), mais elle dépense le plus gros de son énergie à « mettre en garde » contre les dérives supposées de la partie de la gauche qui reste fermement opposée à ces interventions.
Elle nous appelle à soutenir les « victimes » contre les « bourreaux », à être « solidaires des peuples contre les tyrans », à ne pas céder à un « anti-impérialisme », un « anti-américanisme », ou un « anti-sionisme » simplistes, et, surtout, à ne pas s’allier à l’extrême-droite. Après les Albano-Kosovars en 1999 on a eu droit aux femmes afghanes, aux Kurdes irakiens, et plus récemment aux peuples libyen et syrien, que « nous » devons protéger.
On ne peut pas nier que la gauche anti-anti-guerre ait été extrêmement efficace. La guerre en Irak, qui était présentée sous forme d’une lutte contre une menace imaginaire, a bien suscité une opposition passagère, mais il n’y a eu qu’une très faible opposition à gauche aux interventions présentées comme « humanitaires », telles que celle du Kosovo, le bombardement de la Libye, ou l’ingérence en Syrie aujourd’hui. Toute réflexion sur la paix ou l’impérialisme a simplement été balayée devant l’invocation du « droit d’ingérence », de la « responsabilité de protéger », ou du « devoir d’assistance à peuple en danger ».
Une extrême-gauche nostalgique des révolutions et des luttes de libération nationale tend à analyser tout conflit à l’intérieur d’un pays donné comme une agression d’un dictateur contre son peuple opprimé aspirant à la démocratie. L’interprétation, commune à la gauche et à la droite, de la victoire de l’Occident dans la lutte contre le communisme, a eu un effet semblable.
L’ambiguité fondamentale du discours de la gauche anti-anti-guerre porte sur la question de savoir qui est le « nous » qui doit protéger, intervenir etc. S’il s’agit de la gauche occidentale, des mouvements sociaux ou des organisations de défense des droits de l’homme, on doit leur poser la question que posait Staline à propos du Vatican : « combien de divisions avez-vous ? » En effet, tous les conflits dans lesquels « nous » sommes supposés intervenir sont des conflits armés. Intervenir signifie intervenir militairement et pour cela, il faut avoir les moyens militaires de le faire. Manifestement, la gauche européenne n’a pas ces moyens. Elle pourrait faire appel aux armées européennes pour qu’elles interviennent, au lieu de celles des Etats-Unis ; mais celles-ci ne l’ont jamais fait sans un appui massif des Etats-Unis, ce qui fait que le message réel de la gauche anti-anti-guerre est : « Messieurs les Américains, faites la guerre, pas l’amour ! ». Mieux : comme, après leur débâcle en Afghanistan et en Irak, les Américains ne vont plus se risquer à envoyer des troupes au sol, on demande à l’US Air Force, et à elle seule, d’aller bombarder les pays violateurs des droits de l’homme.
On peut évidemment soutenir que l’avenir des droits de l’homme doit être confié aux bons soins et à la bonne volonté du gouvernement américain, de ses bombardiers et de ses drones. Mais il est important de comprendre que c’est cela que signifient concrètement tous les appels à la « solidarité » et au « soutien » aux mouvements sécessionnistes ou rebelles engagés dans des luttes armées. En effet, ces mouvements n’ont nul besoin de slogans criés dans des « manifestations de solidarité » à Bruxelles ou Paris, et ce n’est pas cela qu’ils demandent. Ils veulent des armes lourdes et le bombardement de leurs ennemis et, cela, seuls les Etats-Unis peuvent le leur fournir.
La gauche anti-anti-guerre devrait, si elle était honnête, assumer ce choix, et appeler ouvertement les Etats-Unis à bombarder là où les droits de l’homme sont violés ; mais elle devrait alors assumer ce choix jusqu’au bout. En effet, c’est la même classe politique et militaire qui est supposée sauver les populations « victimes de leur tyrans » et qui a fait la guerre du Vietnam, l’embargo et les guerres contre l’Irak, qui impose des sanctions arbitraires contre Cuba, l’Iran et tous les pays qui leur déplaisent, qui soutient à bout de bras Israël, qui s’oppose par tous les moyens, y compris les coups d’état, à tous les réformateurs en Amérique Latine, d’Arbenz à Chavez en passant par Allende, Goulart et d’autres, et qui exploite de façon éhontée les ressources et les travailleurs un peu partout dans le monde. Il faut beaucoup de bonne volonté pour voir dans cette classe politique et militaire l’instrument du salut des « victimes », mais c’est, en pratique, ce que la gauche anti-anti-guerre prône, parce que, étant donné les rapports de force dans le monde, il n’existe aucune autre instance capable d’imposer sa volonté par des moyens militaires.
Evidemment, le gouvernement américain sait à peine que la gauche anti-anti-guerre européenne existe ; les Etats-Unis décident de faire ou non la guerre en fonction de ses chances de succès, de leurs intérêts, de l’opposition interne et externe à celle-ci etc. Et, une fois la guerre déclenchée, ils veulent la gagner par tous les moyens. Cela n’a aucun sens de leur demander de ne faire que de bonnes interventions, seulement contre les vrais méchants, et avec des gentils moyens qui épargnent les civils et les innocents.
Ceux qui ont appelé l’OTAN à « maintenir les progrès pour les femmes afghanes », comme Amnesty International (USA) l’a fait lors du meeting de l’OTAN à Chicago (3), appellent de fait les EU à intervenir militairement et, entre autres, à bombarder des civils afghans et à envoyer des drones sur le Pakistan. Cela n’a aucun sens de leur demander de protéger et pas de bombarder, parce que c’est ainsi que les armées fonctionnent.
Un des thèmes favoris de la gauche anti-anti-guerre est d’appeler les opposants aux guerres à ne pas « soutenir le tyran », en tout cas pas celui dont le pays est attaqué. Le problème est que toute guerre nécessite un effort massif de propagande ; et que celle-ci repose sur la diabolisation de l’ennemi et, surtout, de son dirigeant. Pour s’opposer efficacement à cette propagande, il faut nécessairement dénoncer les mensonges de la propagande, contextualiser les crimes de l’ennemi, et les comparer à ceux de notre propre camp. Cette tâche est nécessaire mais ingrate et risquée : on vous reprochera éternellement la moindre erreur, alors que tous les mensonges de la propagande de guerre sont oubliés une fois les opérations terminées.
Bertrand Russell et les pacifistes britanniques étaient déjà, lors de la première Guerre mondiale, accusés de « soutenir l’ennemi » ; mais, s’ils démontaient la propagande des alliés, ce n’était pas par amour du Kaiser, mais par attachement à la paix. La gauche anti-anti-guerre adore dénoncer « les deux poids deux mesures » des pacifistes cohérents qui critiquent les crimes de leur propre camp mais contextualisent ou réfutent ceux qui sont attribués à l’ennemi du moment (Milosevic, Kadhafi, Assad etc.), mais ces « deux poids deux mesures » ne sont jamais que la conséquence d’un choix délibéré et légitime : contrer la propagande de guerre là où l’on se trouve (c’est-à-dire en Occident), propagande qui elle-même repose sur une diabolisation constante de l’ennemi attaqué ainsi que sur une idéalisation de ceux qui l’attaquent.
La gauche anti-anti-guerre n’a aucune influence sur la politique américaine, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas d’effets. D’une part, sa rhétorique insidieuse a permis de neutraliser tout mouvement pacifiste ou anti-guerre, mais elle a aussi rendu impossible toute position indépendante d’un pays européen, comme ce fut le cas pour la France sous De Gaulle, et même, dans une moindre mesure, sous Chirac, ou pour la Suède d’Olof Palme. Aujourd’hui, une telle position serait immédiatement attaquée par la gauche anti-anti-guerre, qui possède une caisse de résonance médiatique considérable, comme un « soutien au tyran », une politique « munichoise », coupable du « crime d’indifférence ».
Ce que la gauche anti-anti-guerre a accompli, c’est de détruire la souveraineté des Européens face aux Etats-Unis et d’éliminer toute position de gauche indépendante face aux guerres et à l’impérialisme. Elle a aussi mené la majorité de la gauche européenne à adopter des positions en totale contradiction avec celles de la gauche latino-américaine et à s’ériger en adversaires de pays comme la Chine ou la Russie qui cherchent à défendre le droit international (et ont parfaitement raison de le faire).
Un aspect bizarre de la gauche anti-anti-guerre c’est qu’elle est la première à dénoncer les révolutions du passé comme ayant mené au totalitarisme (Staline, Mao, Pol Pot etc.) et qu’elle nous met sans cesse en garde contre la répétition des « erreurs » du soutien aux dictateurs faite par la gauche de l’époque. Mais maintenant que la révolution est menée par des islamistes nous sommes supposés croire que tout va aller bien et applaudir. Et si la « leçon à tirer du passé » était que les révolutions violentes, la militarisation et les ingérences étrangères n’étaient pas la seule ou la meilleure façon de réaliser des changements sociaux ?
On nous répond parfois qu’il faut agir « dans l’urgence » (pour sauver les victimes). Même si on admettait ce point de vue, le fait est qu’après chaque crise, aucune réflexion n’est menée à gauche sur ce que pourrait être une politique autre que l’appui aux interventions militaires. Une telle politique devrait opérer un virage à 180° par rapport à celle qui est prônée actuellement par la gauche anti-anti-guerre. Au lieu de demander plus d’interventions, nous devrions exiger de nos gouvernements le strict respect du droit international, la non ingérence dans les affaires intérieures des autres états et le remplacement des confrontations par la coopération. La non ingérence n’est pas seulement la non intervention sur le plan militaire, mais aussi sur les plans diplomatique et économique : pas de sanctions unilatérales, pas de menaces lors de négociations et le traitement de tous les états sur un pied d’égalité. Au lieu de « dénoncer » sans arrêt les méchants dirigeants de pays comme la Russie, la Chine, l’Iran, Cuba, au nom des droits de l’homme, ce que la gauche anti-anti-guerre adore faire, nous devrions les écouter, dialoguer avec eux, et faire comprendre leurs points de vue politiques à nos concitoyens.
Evidemment, une telle politique ne résoudrait pas les problèmes des droits de l’homme, en Syrie, ou Libye ou ailleurs. Mais qu’est-ce qui les résout ? La politique d’ingérence augmente les tensions et la militarisation dans le monde. Les pays qui se sentent visés par cette politique, et ils sont nombreux, se défendent comme ils peuvent ; les campagnes de diabolisation empêchent les relations pacifiques entre états, les échanges culturels entre leurs citoyens et, indirectement, le développement des idées libérales que les partisans de l’ingérence prétendent promouvoir. A partir du moment où la gauche anti-anti-guerre a abandonné tout programme alternatif face à cette politique, elle a de fait renoncé à avoir la moindre influence sur les affaires du monde. Il n’est pas vrai qu’elle « aide les victimes » comme elle le prétend. A part détruire toute résistance ici à l’impérialisme et à la guerre, elle ne fait rien, les seuls qui agissent réellement étant, en fin de compte, les gouvernements américains. Leur confier le bien-être des peuples est une attitude de désespoir absolu.
Cette attitude est un aspect de la façon dont la majorité de la gauche a réagi à la « chute du communisme », en soutenant l’exact contrepied des politiques suivies par les communistes, en particulier dans les affaires internationales, où toute opposition à l’impérialisme et toute défense de la souveraineté nationale est vue à gauche comme une forme d’archéo-stalinisme.
La politique d’ingérence, comme d’ailleurs la construction européenne, autre attaque majeure contre la souveraineté nationale, sont deux politiques de droite, l’une appuyant les tentatives américaines d’hégémonie, l’autre le néo-libéralisme et la destruction des droits sociaux, qui ont été justifiées en grande partie par des discours « de gauche » : les droits de l’homme, l’internationalisme, l’antiracisme et l’anti-nationalisme. Dans les deux cas, une gauche désorientée par la fin du communisme a cherché une bouée de secours dans un discours « humanitaire » et « généreux », auquel manquait totalement une analyse réaliste des rapports de force dans le monde. Avec une gauche pareille, la droite n’a presque plus besoin d’idéologie, celle des droits de l’homme lui suffit.
Néanmoins, ces deux politiques, l’ingérence et la construction européenne, se trouvent aujourd’hui dans une impasse : l’impérialisme américain fait face à des difficultés énormes, à la fois sur le plan économique et diplomatique ; la politique d’ingérence a réussi à unir une bonne partie du monde contre elle. Presque plus personne ne croit à une autre Europe, à une Europe sociale, et l’Europe réellement existante, néo-libérale (la seule possible) ne suscite pas beaucoup d’enthousiasme parmi les travailleurs. Bien sûr, ces échecs profitent à la droite et à l’extrême-droite, mais cela uniquement parce que le plus gros de la gauche a abandonné la défense de la paix, du droit international et de la souveraineté nationale, comme condition de possibilité de la démocratie.Jean Bricmont http://www.voxnr.comnotes : version française du texte publié sur Counterpunch http://www.counterpunch.org/2012/12/04/beware-the-anti-anti-...
(1) Sur cette organisation, voir Ahmed Halfaoui, Colonialiste d’« extrême gauche » ? Voir http://www.legrandsoir.info/colonialiste-d-extreme-gauche.ht....
(2) Par exemple, en février 2011, un tract distribué à Toulouse demandait, à propos de la Libye et des menaces de “génocide” de la part de Kadhafi : “Où est l’Europe ? Où est la France ? Où est l’Amérique ? Où sont les ONG ? » et : « Est-ce que la valeur du pétrole et de l’uranium est plus importante que le peuple libyen ? ». C’est-à-dire que les auteurs du tract, signé entre autres par Alternative Libertaire, Europe Écologie-Les Verts, Gauche Unitaire, LDH, Lutte Ouvrière, Mouvement de la Paix (Comité 31), MRAP, NPA31, OCML-Voie Prolétarienne Toulouse, PCF31, Parti Communiste Tunisien, Parti de Gauche31, reprochaient aux Occidentaux de ne pas intervenir, en raison d’intérêts économiques. On se demande ce qu’ont du penser ces auteurs lorsque le CNT libyen a promis de vendre 35% du pétrole libyen à la France (et cela, indépendamment du fait que cette promesse soit ou non tenue ou que le pétrole soit ou non la cause de la guerre).
(3) Voir par exemple : Jodie Evans, Why I Had to Challenge Amnesty International-USA’s Claim That NATO’s Presence Benefits Afghan Women. http://www.alternet.org/story/156303/why_i_had_to_challenge_... ;s_claim_that_nato’s_presence_benefits_afghan_women. -
Affaire Madoff Les ressorts classiques d'une escroquerie géante (arch 2009)
La crise financière a mis au jour une colossale escroquerie qui aurait pu se poursuivre, par beau temps, jusqu'à la mort de son instigateur. Le montage imaginé par Bernard L. Madoff a-t-il été permis par des failles dans le système financier mondial ? Quelle est la part de responsabilité des épargnants, des professionnels ou encore des Etats ? Tentative de décryptage.
A lire certains de nos confrères, l'homme semble presque attachant. Un genre de gentleman cambrioleur qui, grand seigneur, aurait payé ses salariés jusqu'à la dernière minute. Remettons les pendules à l'heure : Bernard Lawrence Madoff est un escroc, un menteur, un malhonnête qui a roulé dans la farine sa propre famille (ses deux fils n'étaient, semble-t-il, pas au courant), ses coreligionnaires et un nombre pour l'heure incalculable de petits et grands investisseurs. Du bagou, sûrement, mais même pas vraiment d'originalité. Le montage qu'il a mis en place, il ne l'a pas imaginé. Il s'agit « tout bêtement », d'une pyramide, ou chaîne, de Ponzi. En 1920, Charles Ponzi avait ainsi réussi à arnaquer des milliers de personnes en promettant 50 % de rendement en 45 jours. Les investisseurs, particuliers ou professionnels, crédules et cupides, confient leur argent et reçoivent leurs premiers bénéfices. Le bouche à oreille suffit généralement à convaincre d'autres clients : l'argent des derniers arrivés paye les intérêts des autres.
En 1960, quand Madoff crée son entreprise, Bernard L. Madoff Investment Securities LLC, l'échange des actions (trading) passe encore par le téléphone et le parquet de la Bourse de New York. Madoff comprend avant les autres qu'en automatisant informatiquement les ordres boursiers, il peut gagner en rapidité et en nombre de transactions exécutées. Les techniques de la société sont appliquées pour développer le Nasdaq, aujourd'hui le deuxième marché d'actions des Etats-Unis en volume traité. Grâce à son excellente connaissance des marchés financiers, Madoff améliore sa pyramide de Ponzi en investissant une partie des capitaux que son fonds récolte dans des fonds à risques. Ce qui permettra de masquer ses activités pendant des dizaines d'années, la fraude remontant vraisemblablement aux années soixante-dix. Concrètement, les capitaux à gérer sont limité à 10 millions d'euros. Le Financial Times cite également HSBC pour 1 milliard de dollars. Par le biais de ces établissements réputés, des particuliers sont touchés, sans même s'en être rendu compte : ils ont confié des sommes d'argent à des fonds d'investissement qui les ont placés chez Madoff. Selon l'Autorité des marchés financiers (AMF) une centaine de fonds français ont effectivement acheté des fonds Madoff, mais aucun d'entre eux, assure toujours l'AMF, n'a été distribué massivement dans le grand public.
Comment une opération d'une telle ampleur a-t-elle échappé aux contrôles pourtant nombreux, aux Etats-Unis ou en Europe ? L'équivalente américaine de l'AMF, la Securities & Exchange Commission (SEC) est pointée du doigt pour ses graves défaillances. En huit ans, trois enquêtes ont été diligentées par le régulateur américain des marchés placés dans un fond d'investissement à risque. Lorsque le placement n'est pas suffisamment performant, au lieu de diminuer le rendement versé à l'investisseur, Madoff compense les manques par des capitaux provenant d'un autre investisseur. Il propose ainsi 11 % de rendement par an, pour un fonds présenté comme très sûr, qui aurait dû être en principe moins rentable. Tant que les investisseurs laissent leurs capitaux chez lui, pas de problème. Mais lorsque la crise s'intensifie, au mois de septembre et que de nombreux épargnants souhaitent récupérer leurs capitaux, Madoff ne peut les rendre. Il fait part de la situation à son fils, qui prévient les autorités.
Le 11 décembre, il est arrêté par le FEI. Des premiers éléments de l'enquête, il ressort que Madoff n'a gagné de l'argent que grâce aux commissions perçues pour gérer les actifs de ses clients. Il n'aurait apparemment pas détourné de sommes supplémentaires et serait aujourd'hui ruiné, ce qui n'est que justice ! En attendant d'être jugé, Bernard L. Madoff, 70 ans, est assigné à résidence dans son appartement de Manhattan, sous surveillance permanente, porte un bracelet électronique et son passeport a été confisqué. La peine semble, pour le moment, bien légère !
Isabelle R. Doumic monde & vie 31 janvier 2009
La SEC en échec
La fraude de Madoff a fait se volatiliser 50 milliards de dollars. À qui appartenait cet argent ? Les premiers touchés font partie de la communauté juive new-yorkaise : riches particuliers mais aussi fondations, comme celles du Prix Nobel Elie Wiesel ou du cinéaste Steven Spielberg. Mais la liste ne s'arrête pas là.
Des banques sont touchées dans le monde entier. D'après Le Monde, la banque espagnole Santander est la plus exposée à la fraude : elle risque de perdre 2,33 milliards d'euros. Côté français, Natixis évalue à 450 millions ses pertes potentielles, BNP Paribas à 350 millions. AXA à 100 millions, Dexia à 85 millions. Le Crédit agricole, Groupama et la Société générale s'en sortent mieux, enregistrant un préjudice
contre la société de Bernard L. Madoff, sans que rien ne ressorte. Arthur Levitt, conseiller chez Carlyle Group et coprésident de Promontory Financial Group, interrogé par La Tribune, met en cause la compétence de la SEC : « Dans le cas Madoff, la division en charge de la surveillance de ce domaine n'avait tout simplement pas la compréhension de techniques de trading sophistiquées, impliquant des produits dérivés complexes ».
Est en cause l'idéologie même des responsables de la SEC, qui souhaitaient une division surveillance moins agressive s'agissant des sociétés. « Du fait de ce positionnement, souligne Arthur Levitt, l'agence a été moins pro-investisseur et davantage pro-business. » Mary Schapiro, nouvelle présidente de la SEC nommée par Barack Obama est quant à elle plutôt pro-investisseurs.
I. R. D. -
Abbottabad ou la fable de la mort de Ben Laden
Le 2 mai 2011, l'intervention d'un commando des forces spéciales des Navy Seals aurait provoqué la mort d'Oussama Ben Laden. Le dirigeant d'Al-Qaïda aurait passé plusieurs années dans une villa fortifiée d'Abbottabad, dans le nord du Pakistan. Néanmoins, l'observation de ce bastion militaire, montre plusieurs faits permettant de douter de la réelle exécution du terroriste le plus recherché au monde : avec la bienveillance des militaires et des services secrets, les Islamistes y développaient leurs activités.
Abbottabad conduit sur les traces d'Al-Qaïda. De la maison où le gouvernement américain affirme qu'Oussama Ben Laden a été tué, un chemin permet d'atteindre l'est de la ville. À proximité du bazar, des grilles métalliques protègent une villa où habite Abdoul Hamid Sohail. Ce directeur d'une compagnie d'assurances à la retraite portant des sarouels blancs et des chemises au col droit, ne ressemble pas à un terroriste. Pourtant, il hébergeait Umar Patek, membre du groupe terroriste indonésien proche d'Al-Qaïda Jamaah Islamiyah. Ce terroriste faisait l'objet d'un avis de recherche avec une prime d'un million de dollars. Instigateur présumé des attentats à la bombe de Bali qui se sont produits en octobre 2002, il était il y a quelques mois l'hôte de Sohail. Le 25 janvier 2011, l'Indonésien a été arrêté à Abbottabad, tandis que dés faux rapports annonçaient qu'il avait été tué le 14 septembre 2006 dans la province de Sulu, aux Philippines. Sohail dit que son fils « avait ramené un hôte étrange qui ne comprenait ni l'anglais ni l'ourdou et qu'il avait besoin d'une charité musulmane ». Ainsi, au nom de là charité, Sohail abritait le vice-commandeur de la mouvance Al-Qaïda pour le sud-est asiatique et habitait à trois kilomètres de L'abri où Ben Laden a été débusqué. Tant de hasards fortuits laissent penser que la traque de Ben Laden est bien un mensonge et qu'il fut protégé pendant plusieurs années par les mêmes qui prétendent l'avoir supprimé.
ABBOTTABAD, REFUGE DE CHEFS TERRORISTES
Située aux pieds de l'Himalaya, la ville d'Abbottabad recense 150 000 habitants. Dotée d'une académie militaire et d'écoles prestigieuses, elle avait depuis longtemps la réputation d'un havre de paix jusqu'à ce que le 2 mai des unités spéciales américaines découvrirent la piste de Ben Laden. La réaction des islamistes survint onze jours plus tard. Deux attentats suicides explosèrent le 13 mai dans le nord-ouest du Pakistan à Shabqadar, tuant au moins quatre-vingts personnes qui appartenaient pour l'essentiel à l'école de police. Par cette attaque les talibans pakistanais entendaient se venger de la mort de Ben Laden. L'armée du Pakistan soutenue par l'aide américaine tient à Abbottabad son fleuron. Et c'est précisément cette ville qui à présent connait une vive poussée de violence. Ben Laden se serait réfugié dans ce lieu extrêmement sécurisé ! De plus, le très puissant service secret pakistanais, l'ISI (Inter-Services Intelligence), ignorait qu'Abbottabad était le refuge de chefs terroristes. Ce qui est impensable. Durant les neuf jours où Patek fut son hôte, Sohail dit qu'il a bien peu appris des plans du terroriste indonésien. Le fils de Sohail a été emprisonné à cause des soupçons de complicité. L'homme qui les aurait trahis, réside dans une maison, cinq mètres plus loin. Son nom est Tahir Shehzad. Ce délateur était un jeune homme barbu qui ne redoutait de se rendre au bureau de la poste principale d'Abbottabad pour prendre des paquets et verser de l'argent. Il était « un Djiahdiste pur et dur », attestent les habitants de la ville. Depuis août 2010, Shehzad a été pris en filature par les services secrets. Il a été arrêté le 23 janvier 2011 à Lahore. Deux jours plus tard, la police en savait déjà suffisamment pour arrêter Patek qui aurait fourni des renseignements décisifs sur la cache de Ben Laden. Au bout de toutes ces révélations, Ben Laden n'était qu'une simple cible à atteindre. Incroyable !
Abbottabad était la demeure d'Al-Qaïda. Cette affirmation se trouve renforcée par la piste Abou Faradch al-Libi. Arrêté en mai 2005, il était responsable d'Al-Qaïda au Pakistan et successeur de Chalid Cheihk Mohammed à qui l'on prête l'organisation des attentats du 11-Septembre. Libi aurait envoyé sa famille à Abbottabad dès 2003. D'ailleurs, dans sa biographie, l'ancien président pakistanais Pervez Musharraf écrit en 2006 que Libi a utilisé trois maisons d'appui à Abbottabad. Jusqu'alors, l'ISI n'avait jamais vérifié ces renseignements (1). Il n'est pas étonnant que la majorité de la population tienne la version officielle sur la cache de Ben Laden à Abbottabad comme un énorme bobard américain menant à mal la réputation de l'armée du Pakistan et de l'ISI. Car il demeure peu crédible qu'une puissance nucléaire comme le Pakistan n'ait pas su que sur son sol un commando américain menait une action contre le plus grand des terroristes.L'IGNORANCE SUSPECTE DE L'ISI
Abbottabad, où des généraux et des guerriers de Dieu vivent ensemble comme nulle part ailleurs, est devenue le reflet des états d'âme du Pakistan. L'armée, pour sa part, fierté de la nation pakistanaise, a perdu dans cette affaire toute son aura. Depuis la troisième guerre indo-pakistanaise de 1971 qui a abouti à l'indépendance du Pakistan oriental sous le nom de Bangladesh, l'armée du Pakistan aspire toujours à déséquilibrer le puissant voisin indien par le biais des revendications des groupes islamistes terroristes du Cachemire. Ce travail de sape était l'œuvre des services secrets de l'ISI qui en revanche ne savaient rien des activités et des personnalités d'Abbottabad qui se déplaçaient sous les yeux de l'armée et des services secrets. « J'ai honte d'avoir été dans une administration qui avait quelque chose à se reprocher », confie le général Asad Munir, qui occupait un poste élevé à l'ISI et était un ancien responsable de la lutte contre le terrorisme le long de la frontière afghane. Il souligne : « En mon temps nous menions toutes les actions avec la CIA. Nous connaissions le terrain, ils avaient la technologie. Je peux à peine croire que nos forces ne savaient rien de la mission contre Ben Laden ».
« Nous avons combattu pendant dix ans aux côtés des Américains contre la terreur et les Oussama Ben Laden, ensuite le butin est là, et qu'est ce que nous en avons ? Rien, seulement des critiques et des moqueries », explique un politicien d'Abbottabad Raja Kamra Khan, dont la maison se trouvait aussi à proximité de la cache de Ben Laden. Il ajoute : « Ben Laden, ici, personne ne pouvait imaginer sa présence. Personne ne croit que le chef d'une organisation terroriste mondiale soit parvenu à échapper à la curiosité et à la vigilance de ses voisins ». Le gouvernement d'Islamabad fait preuve de peu de clarté. Il ne veut pas être tenu pour responsable de la mort d'un homme considéré dans le pays comme le porte-drapeau de l'Islam. Islamabad passerait pour un valet des Américains. La position du ministre de l'Intérieur Rehman Malik n'est guère plus confortable. Il avance que l'attaque lui a été communiquée quinze minutes après son commencement et qu'il ignorait tout du but de la mission. Ce drame se tourne donc autour de l'identité du Pakistan, sur le double-jeu opéré entre les relations avec la CIA et les liens d'un pays avec les terroristes.L'HYDRE BEN LADEN
Le général Asad Durrani, ancien chef de l'ISI, déclare : « Sous mon commandement, nous avons exécuté toutes les actions avec la CIA ». Il relate qu'autrefois pendant le Djihad contre les Soviétiques en Afghanistan, de nombreux agents de l'ISI étaient des compagnons de route très proches des actuels terroristes. Selon lui, des milliers d'Oussama Ben Laden vont arriver dans chaque village et dans chaque montagne, « parce que ses racines sont encore ici » D'après les informations américaine, Ben Laden serait retourné à Abbottabad parce qu'il souffrait d'une blessure à la jambe gauche occasionnée lors de combats à Tora Bora. Son infection aurait engendré une hépatite. À moins de cent mètres de la prétendue maison de Ben Laden, le docteur Amir Aziz était propriétaire d'une villa. Le chef d'Al-Qaïda était-il si imprudent ? Le Dr Amir Aziz fut emprisonné en 2002 car il aurait déjà prodigué des soins à Ben Laden. Des soupçons se sont également portés sur les spécialistes de l'hôpital militaire d'Abbottabad qui dans ce cas auraient pu soigner le chef d'Al-Qaïda. Pour tenter de se disculper, Mohammed Karim Khan, responsable de la police dans la circonscription d'Abbottabad, explique avec gêne : « Je visiterais seulement l'hôpital militaire si je voulais être tué. Beaucoup n'en ressortent pas vivants ». Tout cela est bien illogique.
Ainsi, nous pouvons penser que dans la ville la plus sécurisée du Pakistan, Ben Laden bénéficiait des meilleurs appuis et des plus grandes complicités. Bien entendu Washington ne pouvait ignorer cette réalité. Tous ces éléments tendent une fois de plus à démontrer que les États-Unis et ses milliardaires apatrides sont bien les vrais fondateurs d'Al-Qaïda. En outre, dans le centre d'Abbottabad, des hauts-parleurs des voitures de Jamaah Islamiyah font entendre en toute liberté les revendications contre les « plus grands terroristes au monde », les Américains, qui ont dirigé sur le territoire pakistanais des attaques mortelles avec des drones, alors que Ben Laden était encore en vie dans une des plus grandes villes pakistanaises, et de plus à seulement soixante kilomètres au nord d'Islamabad. Dans une arrière cour paisible, bien qu'il soit pessimiste sur la situation du Pakistan, le père Akram Javed Gill parle de paix. Ce prêtre a la charge de la paroisse saint-Pierre Canisius, édifiée il y a plus de cent ans. C'est le dernier des nombreux bâtiments scolaires d'Abbottabad qui n'appartient pas à l'État et est placé sous la surveillance de l'armée pakistanaise.LE PAKISTAN ET LA MENACE DU TERRORISME
Le taux d'analphabétisation dans la ville est sous la moyenne nationale. Ce résultat est dû aux écoles des missionnaires. La population doute que la fin de Ben Laden puisse être le début de temps meilleurs pour le Pakistan. Le père Gill atteste que nous ne savons pas vraiment ce qui s'est passé dans, la maison qui aurait abrité Ben Laden. En tout cas, les Chrétiens d'Abbottabad ne veulent pas payer pour la mort de Ben Laden : « C'était une ville paisible. Nous avons demandé à la police une protection renforcée ». À cause des protestations de musulmans, le prêtre avait déjà fait surélever il y a plusieurs années et disposer des sacs de sable autour du terrain de l'Église saint-Pierre Canisius et de la statue de la Sainte-Vierge. Si tout semble contredire l'action des États-Unis contre le terrorisme, la version officielle sur la mort de Ben Laden pourrait aussi embraser un Pakistan qui s'enliserait à la manière de l'Afghanistan et de l'Irak dans la violence et le terrorisme.
Laurent BLANCY. Rivarol du 27 mai 2011
(1) Der Spiegel du 16/5/11 dans Der unheimliche Nachbar (Le voisin inquiétant).Lien permanent Catégories : actualité, géopolitique, insécurité, international, lobby, magouille et compagnie 0 commentaire -
Bilan des explications du chômage
Le chômage est devenu la lèpre de notre société. Il ne peut se comparer à l'inflation puisqu'à la différence de celle-ci, il n'est pas qu'un chiffre ou une variable économique mais la somme de drames humains. Viviane Forester dans son livre « L'horreur économique » a bien décrit la situation de tous ceux qui en sont victimes. Nous allons donner les principales explications de ce fléau qui mine la France depuis bientôt trente ans.
Avant de traiter cette question, il faudrait savoir combien de personnes souffrent du chômage ou d'être plus ou moins exclus de l'activité économique. On ne peut bien sûr se fier au 9 % officiel. Il faudrait compter la population oisive et pourtant apte à travailler. On arriverait, si la proportion de la population travaillant était la même que dans les pays occidentaux développés comparables au nôtre, à une dizaine de millions de personnes inemployées. La grande majorité, bien sur, n'est pas comptabilisée comme étant au chômage. On a aussi là l'explication de la baisse en France enregistrée l'année dernière au classement des pays en considérant le PIB par habitant. Ceci avait mis en émoi toute la classe politique.
Le mot mondialisation est devenu galvaudé. On l'accuse de tous les maux. Est-ce si simple ? Ou alors faut-il encore démontrer son rôle dans la montée du chômage en France. La mondialisation ou globalisation consiste dans la suppression des frontières sur le plan économique et en partie politique puisque maintenant nous avons la libre circulation des biens, des capitaux et des hommes même si bien sûr existent encore des traces plus ou moins fortes de protectionnisme.
Le facteur de chômage le plus immédiat est le différentiel de taux de salaire qui peut exister entre les pays développés et les pays qu'on appelle émergents qui produisent à moindre coût. Cette explication du chômage a été particulièrement mise en avant par Maurice Allais dans de nombreux articles. Il propose donc de pratiquer un certain protectionnisme avec les pays émergents, pays envers lesquels les pays européens ne peuvent concurrencer, c'est-à-dire redonner un sens à l'Union européenne sur le plan économique.
Cette thèse a été contestée par Jean-Paul Fitoussi qui écrit dans son livre « Le débat interdit » :
« Il n'existe pas de déséquilibre dans les échanges commerciaux de la France avec les nouveaux pays industrialisés d'Asie. Cela signifie qu'un protectionnisme français n'aurait aucune influence bénéfique sur le chômage. »
Le raisonnement de Jean-Paul Fitoussi n'est pas complet puisque les produits exportés par les pays européens développés contiennent moins d'emplois que les produits exportés par les pays à bas salaire.
Il y a donc bien transfert d'emplois et il faut redonner raison à Maurice Allais sur ce point.
Ceci a une conséquence sociologique, puisque c'est la population française peu qualifiée qui subit le plus le chômage. Vis à vis de la mondialisation, il existe une France à deux vitesses, celle qualifiée ou diplômée et l'autre déconnectée de l'économie mondiale, ceci d'autant plus que selon l'économiste Krugman, le progrès technique élimine avant tout le travail peu qualifié. On peut dire que les trois quarts des Français vivent assez bien, le quart restant difficilement. Certains ont appelé cela la fracture sociale. Mais à part donner un nom à un phénomène, cela n'a pas eu beaucoup d'applications pratiques.
Les délocalisations, de façon évidente, font perdre autant d'emplois en France.
Dans la libre circulation des capitaux financiers tout ce qui est investi dans les pays émergents ne profite pas au pays émetteur. Les flux nets de capitaux privés en provenance des pays développés et à destination des marchés émergents ont pratiquement quadruplé depuis le début des années 90.
Quoi qu'en disent les optimistes béats de la mondialisation, elle a contribué pour la France à l'augmentation du chômage même si on peut difficilement y échapper.
La construction européenne a été posée comme étant métaphysiquement le bien. Les effets négatifs qui peuvent en résulter sont donc pour les élites qui nous gouvernent négligeables, le chômage en particulier.
La politique du Franc fort et la mise en place de l'euro ont coûté selon certaines estimations économétriques entre un million et un million et demi de chômeurs supplémentaires. Cet euro existant ne pourra qu'exacerber les politiques de désinflation compétitive, puisqu'on ne pourra jouer sur le taux de change, avec aggravation du chômage.
Quant au pacte de stabilité les Allemands connaissent le syndrome du pont de la rivière Kwaï et leur discours revient à ceci : « Le pacte de stabilité est mauvais pour l'économie allemande et donc européenne, mais comme c'est nous qui l'avons conçu, nous l'appliquerons avec zèle ». Toute cette construction européenne a été faite dans l'esprit du monétarisme et du libéralisme mondialisé et consiste à ôter les unes après les autres les prérogatives aux gouvernements nationaux et peuvent ainsi de moins en moins mettre en place des politiques nationales antichômage.
Le terme euro-mondialisation utilisé par un certain parti politique n'est pas aussi stupide.
La construction européenne a consisté aussi à favoriser le développement économique de certains pays comme l'Irlande ou le Portugal malheureusement au détriment de ceux qui n'étaient pas considérés comme prioritaires.
Le capitalisme de nos jours est devenu financier. Les fonds de pension exigent par exemple des taux d'intérêt de plus en plus élevés et il faut donc licencier pour augmenter les valeurs des actifs financiers.
Cette globalisation financière qui implique le pouvoir des créanciers est une conséquence du libéralisme mondialisé imposé par les différents organismes internationaux : Commission de Bruxelles, OMC, FMI, banque mondiale... et bien sûr la puissance des États-Unis.
Cette financiarisation de l'économie est donc un facteur supplémentaire dans l'augmentation du chômage avec toujours aussi, nous allons le développer après, le choix en faveur de la lutte contre l'inflation au détriment du chômage..
Nous l'avons vu, il reste très peu de pouvoir aux gouvernements nationaux, mais la politique économique française a été constante depuis une vingtaine d'années : elle a été celle de la désinflation compétitive. Qu'est-elle ? Elle consiste à avoir une inflation moindre que les autres pays concurrents.
Tout d'abord elle a l'avantage et la force de faire sérieux, avec des mots qui ronflent bien «austérité», «rigueur». Elle a été théorisée et doit donc en principe amener de l'emploi dans le moyen ou long terme. C'est « il faut que cela saigne aujourd'hui pour aller mieux demain ». Les chômeurs ont donc une fois de plus été sacrifiés. On a même considéré cyniquement que leur augmentation était une bonne chose puisque cela faisait pression à la baisse des salaires.
Le différentiel d'inflation est devenu de nouveau favorable à la France comparé à l'Allemagne et la balance commerciale de nouveau excédentaire. Si humainement cela été négatif, nous avons incontestablement eu une réussite pour les indicateurs globaux ou ceux que l'on considère pertinents. Cela pose quand même les questions : Faut-il exporter pour exporter et l'économie ne doit-elle pas avant tout être au service des hommes ? La France avait-elle la possibilité de faire autrement ?
On s'aperçoit déjà dans cette série d'explications que tous les facteurs macro-économiques depuis 73-74 ont joué à favoriser la montée du chômage si l'on excepte les années miraculeuses (98, 99, 2000) dues à l'exceptionnelle croissance américaine.
En tout cas les explications de la fin des années 70 sur la crise et le chômage dues à l'augmentation du prix du pétrole ou à l'effondrement du capitalisme pour les marxistes ont aujourd'hui quelque chose de surréaliste.
Quant à la distinction entre chômage classique et chômage keynésien de la théorie économique que l'on apprend aux écoliers cela semble bien désuet et peu pertinent dans une économie plus qu'ouverte même si on peut encore puiser dans la théorie certains éléments pour agir surtout si l'on est resté keynésien en dépit du terrorisme intellectuel libéral. La force de la pensée libérale, en dépit d'un outillage mathématique assez sophistiqué est d'être assez proche de la pensée de quelqu'un sans connaissance économique, alors qu'il faut plusieurs années à un économiste pour assimiler toutes les finesses de la pensée keynésienne.
Dans son livre, bon par ailleurs, Jean-Paul Fitoussi se vante d'aborder sans tabou toutes les questions relevant du chômage, mais il se garde bien d'aborder le tabou de l'immigration.
Il est pourtant évident que, dans un contexte où l'emploi est devenu de plus en plus rare, pratiquer une politique de forte immigration comme on l'a fait depuis trente ans, ne pouvait qu'aggraver le chômage.
La mesure prise par Giscard en 1980 d'organiser le retour des immigrés dans leur pays d'origine était avec du recul plutôt sage. La politique d'immigration n'a pas de fondement économique depuis longtemps si ce n'est satisfaire le fanatisme idéologique du métissage et quelques chefs d'entreprise à l'âme de négrier et secteurs (nettoiement, confection... ) qui représentent peu par rapport au PIB. Certains pensent, l'immigration alimentant le chômage, que cela fait pression à la baisse pour les salaires, le coût étant pour la collectivité, le désagrément pour ceux habitant les quartiers que l'on appelle pudiquement sensibles.
Après avoir donné les explications majeures du chômage la question est bien sur de savoir si on peut améliorer cette situation ou faut-il demander aux chômeurs de souffrir en silence en attendant une hypothétique reprise américaine. La politique gouvernementale est ligotée par une multitude de traités que la France a signés et qui appliquent un libéralisme de plus en plus radical et mondialisé. Il est difficile de s'y soustraire en tout cas brusquement, la France ayant sa signature. Des transferts de souveraineté immenses ont été faits et c'est sans doute la raison pour laquelle la gauche au pouvoir a voulu combattre le chômage par les trente-cinq heures et les emplois jeunes. La réduction du temps de travail a braqué les entreprises ; quant aux emplois jeunes il n'est jamais très sain économiquement de créer de faux emplois si ce n'est occuper une jeunesse en grande partie issue de l'immigration dont on ne sait quoi faire. Ce n'est pas comme cela que l'on rétablira la compétitivité de la France. Les mesures possibles seraient de reconsidérer certains traités et faire fortement diminuer l'immigration.
PATRICE GROS-SUAUDEAU
STATISTICIEN - ÉCONOMISTE -
Bilan économique de la construction européenne
Va-t-on vers une « révision déchirante » ou s'agit-il de simples gesticulations préélectorales ? Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent - celle de Chevènement le 13 décembre sur France Inter - pour dénoncer les méfaits de l'euro et au sommet socialiste de Lisbonne, une semaine plus tôt, Ségolène Royal - qui milita pourtant pour l'adoption des traités de Maastricht et d'Amsterdam puis, en 2005, pour le oui au référendum sur le projet de constitution européenne - avait attaqué bille en tête la Banque centrale européenne qu'elle avait accusée de ruiner la France.
Pendant vingt ans en effet, dans un contexte de mondialisation, les pays comme la Chine ou l'Inde ont eu des taux de croissance de 10 % ou 8 % ainsi que de nombreux pays émergents. Pendant ce temps, la France s'est empêtrée dans la construction européenne, ce qui a eu comme conséquence des taux de croissance ridicules, des taux d'endettement et de chômage très importants. Comment en est-on arrivé là, après tous les discours dithyrambiques sur l'Europe ?
Pour nos soi-disant élites, l'Europe est une idéologie (sens de l'Histoire, postnationalisme, universalisme) et pour elle, par fatalité ou fanatisme, la construction européenne ne peut donc être que le bien, l'économie devenant bizarrement secondaire.
Ce serait à la rigueur compréhensible si nos gouvernants avaient pour objectif la "décroissance" afin d'améliorer l'état de la Planète bleue. Mais ils nous font au contraire miroiter de mirifiques taux de croissance, évidemment jamais atteints car, au lieu de chercher réellement à obtenir un taux de croissance élevé, avec pour corollaire un faible taux de chômage, ils ont agi pendant des lustres dans le seul but de respecter les critères de Maastricht, de défendre un franc fort dans le but de la parité franc-mark. A une époque de compétition exacerbée entre les puissances économiques, cela nous a fait perdre un temps considérable et descendre dans la hiérarchie mondiale qui est devenue celle des P,I.B. La justification était : « Il faut que cela saigne aujourd'hui pour aller mieux demain », les décideurs bien sûr ne faisant pas partie des chômeurs. Plus techniquement, cela s'appelle la désinflation compétitive. Edmond Alphandéry, ex-ministre de l'Economie, avait même écrit un livre sur le « soleil de l'euro » !
Toutes ces années de restriction n'ont abouti qu'à la mise en place d'un euro très, trop fort qui, sauf pour l'achat des produits pétroliers, handicape maintenant lourdement l'économie française (0 % de croissance au troisième trimestre 2006).
On peut donc dire que notre pays a sacrifié en partie son économie sur l'autel de la construction européenne.
Pourquoi l'Europe est-elle devenue un handicap aussi important ?
La France a toujours été, comme l'Allemagne, un pays contributeur plus que bénéficiaire. Cela a consisté dans les faits à ce qu'elle paye pour que les entreprises aillent s'installer dans des pays considérés comme prioritaires pour Bruxelles (Irlande, Espagne, Portugal, Grèce, maintenant les pays de l'Est) au détriment des pays considérés comme riches (Allemagne, France ... ) L'Europe a donc grandement contribué à désindustrialiser la France et n'a pas su la protéger face à la mondialisation puisque la commission de Bruxelles a accepté le libre-échange, ce que critiquait vertement le Prix Nobel d'Economie Maurice Allais. La concurrence fiscale ainsi que les coûts salariaux entre pays européens favorisent l'Est de notre continent au détriment de l'Ouest et l'intégration européenne n'a fait qu'accélérer ce phénomène. On s'aperçoit aussi qu'il n'y a pas de solidarité économique entre les pays européens importants. La Grande-Bretagne a gardé sa monnaie qu'elle gère au mieux de ses intérêts, ce que nul ne saurait lui reprocher. Quant à l'Allemagne, le géant économique de l'Europe, premier exportateur mondial, elle manque singulièrement de coopération. Elle a engagé une politique de désinflation compétitive paf les coûts au détriment de l'économie de la France et de l'Italie. En ce domaine, Berlin mène une politique ! cynique et l'existence d'une devise unique fait que la France et l'Italie ne peuvent plus réagir. n'ayant plus de politique monétaire.
Le bilan de la construction européenne est donc négatif. Pourtant le contexte économique mondial n'avait jamais été aussi favorable (5-6 % de croissance mondiale) depuis des années. L'idée européenne sert encore à certains hommes politiques comme le général Morillon au quel le slogan « Plus d'Europe » a permis de se faire élire eurodéputé avec tous les avantages qui vont avec. Cela permet aussi François Bayrou de se démarquer des autres candidats en jouant cette partition si préjudiciable économiquement et dont les milieux économiques longtemps les plus favorables à l'idée européenne commencent à douter. L'exemple le plus caractéristique fut Silvio Berlusconi, farouche européiste qui, à de nombreuses reprises, a regretté l'existence de l'euro pour l'Italie que la monnaie unique a plongée dans le marasme économique.
Mais cette repentance, nos élites n'accepteront jamais de la formuler.
Patrice GROS-SUAUDEAU, Statisticien-économiste. -
Bashar el Assad : dernier bastion contre le néo-ottomanisme d’Ankara
Le projet du Premier Ministre turc Erdogan de faire de la Syrie aussi une “démocratie” islamo-modérée a échoué: Damas a dit “non”!
L’arabisme contre l’ottomanisme : tel est l’enjeu aujourd’hui au centre des débats au Proche Orient. Le défi est le suivant: pour être au diapason du grand projet occidental, il faudra forger une aire proche-orientale totalement rénovée et ravalée, avec partout des pays alliés à Washington, souples à l’égard d’Israël, qui, de surcroît, ne seraient plus que des réservoirs énergétiques, prompts à satisfaire les exigences de l’économie globale. Après les révolutions d’Afrique du Nord — qui ont été habilement déviées et orientées vers des objectifs fort différents de ceux qu’espéraient voir se réaliser les protagonistes premiers de ces effervescences révolutionnaires et populaires — la pièce maîtresse qui devait rapidement tomber, pour faire triompher le projet occidental, était la Syrie. Cependant, il s’est vite avéré impossible de renverser El Assad par une simple révolte populaire téléguidée : une bonne partie des Syriens continue à appuyer le gouvernement, surtout quand on s’aperçoit, à l’évidence, que les “manifestations pacifiques” contre le régime ne sont en réalité et dans la plupart des cas que des actes terroristes de facture islamiste perpétrés contre les autorités du pays. Damas résiste donc à toutes les tentatives de déstabilisation intérieure comme à toutes les menaces extérieures. Et Damas résiste surtout aux pressions qui voudraient faire perdre au régime ses dimensions laïques pour faire du pays une nouvelle pièce dans la mosaïque d’Etats islamistes modérés, qui devraient tous devenir les meilleures alliés de l’américanosphère occidentale. Le modèle que l’on suggère aux Syriens est le modèle turc et c’est justement Ankara qui s’est mis en tête de gérer cette “islamisation modérée” que l’on peut parfaitement définir comme un “néo-ottomanisme”.
Il y a quelques semaines, le premier Ministre turc Erdogan s’est rendu dans les pays du “printemps arabe”, l’Egypte, la Tunisie et la Libye. Cette tournée diplomatique a été célébrée par les médias turcs comme une volonté d’amorcer de nouvelles relations avec les gouvernements issus de cette “révolution”, dans l’optique de réaménager les équilibres au Proche Orient. Au même moment, Erdogan a changé de ton vis-à-vis de la Syrie et, quelques jours plus tard, en marge de l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York, il a, lors d’un entretien avec Obama, officialisé le “changement de front”, en annonçant “qu’il avait bloqué les pourparlers entamés avec Damas” et qu’il était désormais prêt à participer aux sanctions que l’on imposerait à la Syrie. Mais ce ne sont pas les violences présumées que l’on attribue au régime syrien qui ont poussé Erdogan à se ranger contre un ancien allié de la Turquie, posé désormais comme ennemi. Il s’agit bien plutôt du “non” catégorique qu’a opposé Bashar El Assad au projet turc de subvertir subrepticement le caractère laïque de la république arabe syrienne. C’est au cours du mois de juin 2011 que la rupture réelle a eu lieu, quand “le premier Ministre turc Recep Tayyip Erdogan a proposé au Président syrien Bashar El Assad de réserver un quart voire un tiers des postes de ministre dans son gouvernement aux Frères Musulmans et d’user alors de toute son influence pour mettre un terme à la rébellion, si Assad s’exécutait”. Erdogan a essuyé un refus clair et net. C’est ce qu’a révélé un diplomate occidental à l’AFP, du moins d’après ce que rapportait, vendredi 30 septembre, le quotidien libanais en langue anglaise, The Daily Star.
Cette nouvelle a été confirmée par un autre diplomate européen, qui a, lui aussi, préféré garder l’anonymat : “Les Turcs, dans un premier temps, proposèrent que les Frères Musulmans occupassent quatre ministères importants, en arguant que les Frères sont une partie importante du paysage politique syrien”. Les Frères Musulmans, en réalité, ont été mis hors la loi en Syrie dès 1980, à la suite d’une campagne terroriste particulièremet sanglante que leurs affidés avaient menée à cette époque-là; aujourd’hui, ils font partie de ceux qui, ouvertement de l’extérieur et clandestinement depuis la Syrie elle-même, sèment la terreur dans toutes les régions du pays. Le 9 août 2011, le Ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu a indirectement confirmé l’alliance de facto entre les Frères et les néo-ottomans turcs en confiant au Président syrien un message écrit par le Président turc Abdullah Gül, dans lequel ce dernier explique qu’avant de former le parti pour la Justice et le Développement, actuellement au pouvoir à Ankara, il avait appartenu à une organisation proche des Frères Musulmans. Dans un débat face à face avec le Président syrien, Davutoglu a, une fois de plus, “réclamé le retour des Frères Musulmans en Syrie”. El Assad a répondu "qu’à titre individuel, certains Frères pourraient récupérer leur citoyenneté syrienne mais ne pourraient pas se constituer en parti politique parce qu’un tel parti serait basé sur des principes religieux incompatibles avec le caractère laïque de la Syrie”.
Revenu en Turquie, dès son débarquement à l’aéroport d’Ankara, Ahmet Davutoglu, bien loin de révéler le contenu de ses discussions avec El Assad, a lancé un ultime message à Damas : “Nous espérons que certaines mesures seront prises dans les prochains jours pour mettre fin aux effusions de sang et pour ouvrir la voie à un processus de réformes politiques”. Vingt jours plus tard, le 28 août 2011, le Président turc Gül affirmait qu’Ankara avait “perdu confiance” en la Syrie. Peu de temps auparavant, lors d’une rencontre avec une délégations des associations chrétiennes du Moyen Orient, El Assad avait déclaré — et ses déclarations avaient été répercutées par de nombreux médias — “qu’il avait refusé que l’ottomanisme se substitue à l’arabisme et qu’Ankara redevienne le centre majeur de décision pour le monde arabe”. El Assad répétait ainsi son opposition à toute participation des partis religieux dans la politique syrienne, parce que “cela permettrait aux Frères Musulmans, qui ont un siège à Ankara, de contrôler toute la région”. Toutes les démarches qui ont suivi vont dans le sens d’un rejet par l’alliance américano-turque de ce laïcisme arabiste : les sanctions prises par la Turquie contre Damas ; la Syrie devenue un pays ennemi de l’Occident car trop laïque pour s’insérer dans le nouveau Moyen Orient islamo-modéré voulu par Washington et les projets atlantistes.
Alessia LAI. ( a.lai@rinascita.eu ). (article paru dans “Rinascita”, Rome, 1 & 2 octobre 2011 – http://www.rinascita.eu ).
par R.Steuckers -
Racisme anti-français : il existe, nous l’avons rencontré !
Si jamais on se risquait à prétendre que le racisme anti-noirs ou anti-arabes n’existait pas, on serait immédiatement pendu en place de Grève, et la meute des journalistes, hurlant avec les loups, crierait haro sur le baudet. Mais le racisme anti-blanc peut être occulté, cela ne pose pas de problème. Voilà où mène la haine de soi… Alors, le racisme anti-blanc ou le racisme anti-français n’existent pas, vraiment ?