
À la toute fin du XIXe siècle, raconte Charles Maurras dans un livre de souvenirs, lui-même et quelques jeunes intellectuels patriotes avaient pris l’habitude de se retrouver tous les jours « Boulevard Saint-Germain, au coin de la rue Saint-Benoît, assis de guingois » sur leurs chaises « au premier étage d’un café de quartier que décora jadis une statue de sa marraine, la jeune Flore, au-dessus de la porte d’entrée ». C’est là, un demi-siècle avant que « le Flore », envahi par Sartre, Beauvoir et les existentialistes, ne devienne le grand quartier général de la gauche bien-pensante, que Maurras et ses amis vont élaborer, en fumant, en mangeant et en buvant, les premiers éléments d’une réflexion nationale et royaliste « sous le signe et la protection de cette déesse du printemps ».