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religion - Page 47

  • L’IMPOSSIBLE RENOUVEAU THÉOLOGIQUE DE L’ISLAM DE FRANCE

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    Plusieurs centaines de personnalités ont dénoncé, dans une tribune publiée par Le Parisien-Aujourd’hui, le dimanche 22 avril, « l’antisémitisme musulman », un « nouvel antisémitisme » qui provoquerait « une épuration ethnique à bas bruit ».

    Cette tribune propose aux musulmans d’épurer le Coran des passages appelant au meurtre des juifs et des chrétiens. Pour faire contrecoup, et à l’initiative de Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, une trentaine d’imams « intégrés » ont signé une tribune contre l’antisémitisme et le terrorisme. Tareq Oubrou, lié aux Frères musulmans des « Musulmans de France » (nouveau nom de l’UOIF), par son appartenance à son conseil théologique, estime qu’il faut une nouvelle lecture des passages du Coran, et non découper celui-ci.

    Sur ce dernier point, il a raison : le Coran est un et indivisible, c’est la révélation suprême et on ne peut pas en expurger certains passages. Par contre, il dit aussi que l’on ne peut pas être musulman et antisémite ! Curieuse affirmation alors que les passages du Coran sur ce sujet sont assez explicites.

    Cette algarade a l’avantage de mettre en exergue, une fois de plus, le fossé existant entre la volonté politique de nos gouvernants de créer un islam de France, grâce à un renouveau théologique typiquement français, et la réalité de la situation de notre pays. Les coups de boutoir de l’islam radical continuent et cette idéologie religieuse gagne du terrain dans les zones de non-droit devant la léthargie des représentants de l’islam en France, noyautés par l’étranger et qui se drapent dans une critique exacerbée d’une islamophobie qu’ils fantasment. J’écrivais, en 2015, que la dégradation sécuritaire due au terrorisme djihadiste et la crise identitaire que connaît notre pays nécessitaient que la communauté musulmane française s’interroge sur les initiatives à prendre afin de s’exonérer et se démarquer des crimes commis au nom de l’islam par ces terroristes. Nous n’avons pas progressé d’un pouce, au contraire.

    L’apparition d’un islam de France, volonté encore affirmée par Emmanuel Macron, apparaît de plus en plus comme un vœu pieux, une alternative improbable. La possibilité juridique existe pourtant. En effet, il existe dans le Coran une troisième source du droit après le Coran et la Sunna ; il s’agit de l’« idjma ». L’institution est coranique. Elle puise son fondement dans le verset IV-115, duquel on déduit que tout ce qui a l’approbation générale des adeptes de l’islam est donc juste et doit être obligatoirement reconnu. Un hadith est même plus précis : « Ma communauté ne tombera jamais d’accord sur une erreur. » La doctrine de l’idjma, combattue par les califes des premiers siècles après l’Hégire qui vont chercher à restreindre son étendue, aboutit finalement, au VIesiècle de l’hégire, à une synthèse selon laquelle l’accord des théologiens juristes qualifiés (mudjtahid) appartenant à une même génération est nécessaire. Mais qui sont-ils, aujourd’hui ? Et encore, il faut attendre la disparition de leur génération pour que l’idjma soit définitivement établi. Les sunnites admettent tous ce principe, les chiites sont plus divisés. Comme il n’y a plus de mudjtahid après le XXe siècle, il paraît donc illusoire de le réveiller aujourd’hui. Je pensais, il y a quelques années, que les recommandations d’un « Conseil de l’idjma » français pourraient faire renaître ainsi cette source du droit de façon moderne, démocratique et laïque. Je ne crois plus dans cette possibilité, compte tenu de la radicalisation de la situation évoquée plus haut.

    Alors, que nous reste-t-il comme espoir ? Emmanuel Macron veut donner un coup de pouce à l’islam de France pour le transformer. Il retarde de plus en plus ses propositions sur ce sujet. On comprend le doute. En cas d’échec – ce qui sera vraisemblablement le cas -, il faudra en tirer toutes les conséquences et la puissance publique devra s’imposer afin de faire changer la soumission de camp. Une loi sur la laïcité s’imposera et l’islam devra s’y soumettre.

    http://www.bvoltaire.fr/limpossible-renouveau-theologique-de-lislam-de-france/

  • Les chrétiens d’Orient critiquent le bombardement de la Syrie

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    Jean X, patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et tout l’Orient, Ignace Ephrem II, patriarche syriaque-orthodoxe d’Antioche et tout l’Orient, et Joseph Absi, patriarche grec-melkite catholique d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem ont condamné et dénoncé ce qu’ils appellent une agression brutale, le 14 avril, contre la Syrie par les Etats-Unis, la France, et le Royaume-Uni selon les allégations de recours aux armes chimiques par le gouvernement syrien.

    Voici les principaux éléments de cette déclaration :

    Nous élevons nos voix pour affirmer ce qui suit :

    1. Cette agression brutale constitue une violation manifeste des lois internationales et de la charte des Nations Unies, car il s’agit d’une agression injustifiée contre un pays souverain, membre de l’ONU.

    2. Nous souffrons de constater que ces bombardements aient été perpétrés par de puissants pays auxquels la Syrie n’a causé aucun préjudices d’aucune sorte.

    3. Les allégations des États-Unis et d’autres pays selon lesquelles l’armée syrienne utilise des armes chimiques et que la Syrie est un pays qui possède et utilise ce type d’arme, sont injustifiées et non étayées par des preuves suffisantes et claires.

    4. Le calendrier de cette agression injustifiée contre la Syrie sape le travail de la Commission d’enquête internationale indépendante, sur le point de se rendre en Syrie.

    5. Cette agression brutale détruit les chances d’une solution politique pacifique et entraîne une escalade de la violence et davantage de complications.

    6. Cette agression injuste encourage les organisations terroristes et leur donne un élan pour poursuivre leurs actes barbares.

    7. Nous demandons au conseil de sécurité de l’organisation des Nations Unies de jouer son rôle en apportant la paix au lieu de contribuer à l’escalade des guerres.

    8. Nous appelons toutes les églises des pays qui ont participé aux frappes, à remplir leurs devoirs chrétiens, selon les enseignements de l’Évangile, à condamner cette agression et à appeler leurs gouvernements à s’engager dans la protection de la paix internationale.

    9. Nous saluons le courage, l’héroïsme et les sacrifices de l’armée arabe syrienne qui protège courageusement la Syrie et assure la sécurité de son peuple. Nous prions pour les âmes des martyrs et la guérison des blessés. Nous sommes convaincus que l’armée ne s’inclinera pas devant les agressions terroristes externes ou internes ; elle continuera à lutter courageusement contre le terrorisme jusqu’à ce que chaque centimètre de la terre syrienne soit purifié du terrorisme. Nous saluons également la position courageuse des pays alliés de la Syrie et de son peuple.

    Pour lire, la déclaration intégrale, c’est par ici

    https://fr.novopress.info/

  • La détérioration des relations Eglise-Etat réside dans la dégradation de la liberté religieuse

    De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :

    6a00d83451619c69e201bb0a04eab2970d-250wi.png"Lundi 9 avril, Emmanuel Macron était reçu au Collège des Bernardins, par les évêques de France. Un certain nombre de catholiques ont protesté contre cette invitation, manifestement pensée sur le modèle des dîners du CRIF. Pour ma part, cette invitation me semblait plutôt logique et bienvenue : aussi important qu’ait été le catholicisme dans la construction de la France, il est bien évident que le nombre de politiques, d’intellectuels et de journalistes qui connaissent encore en profondeur la pensée catholique s’amenuise à vue d’œil. Dès lors, ce genre de réunions s’impose pour tenter de faire comprendre les préoccupations des catholiques aux hommes politiques.

    En sens inverse, plusieurs hommes politiques de gauche ont considéré qu’Emmanuel Macron avait violé la sacro-sainte laïcité, particulièrement en déclarant : « Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé et qu’ il nous importe, à vous comme à moi, de le réparer. » Cependant, là aussi, je ne vois rien que de très logique : il saute aux yeux, effectivement, que les relations entre l’Église et l’État ne sont pas bonnes.

    Mais personne, ni les évêques, ni le président, n’a semblé intéressé par les causes de cette détérioration des relations Église-État. Pire, le président, malgré son opération de séduction, fort bien menée, a tout à fait pour aggraver la situation.

    La cause profonde de cette détérioration réside dans la dégradation de la liberté religieuse. Et cette dégradation vient de deux sources principales.

    La principale, c’est qu’une conception délétère de la loi, purement positiviste, s’impose de plus en plus – et le discours de M. Macron pousse dans cette direction. Cette conception a été admirablement résumée par l’ancien sénateur socialiste (et co-fondateur du très marxiste Syndicat de la Magistrature) Jean-Pierre Michel : « La loi, c’est l’expression d’un rapport de force à un moment donné. Point final. » A ce compte, on voit mal sur quelle base contester les lois raciales du IIIe Reich, votées dans les formes par un parlement régulièrement élu, et exprimant clairement un « rapport de force à un moment donné ». Même si la plupart des catholiques eux-mêmes ne s’en aperçoivent pas clairement, c’est là qu’il faut chercher les raisons de l’opposition des catholiques aux lois « sociétales ».

    Et, là-dessus, Emmanuel Macron exigeant – sans qu’aucun évêquene songe à protester! – que toutes les lois de la république soient respectées par-dessus tout, sans aucun compromis («loi d’airain», ajoute-t-il), ne peut pas ignorer que sa revendication est exactement une revendication totalitaire. Les lois de la république ne peuvent s’appliquer que dans les limites de la loi naturelle, qui s’impose à toutes les lois positives. L’ ignorer, ou pire le nier, comme vient de le faire Emmanuel Macron, est évidemment exiger des catholiques qu’ ils choisissent entre leur foi et la république.

    L’autre source de la dégradation de la liberté religieuse en France est la question de l’islam. C’est, en effet, parce que l’islam s’installe en France que l’on rogne nos libertés (religieuse, de circulation, scolaire, d’expression ...). Or, il est significatif qu’Emmanuel Macron n’ait parlé d’islam que pour vanter le dialogue interreligieux. Comme s’il méprisait délibérément le fait que l’islam n’est pas une religion comme le christianisme, mais bien davantage une doctrine politique totalitaire. Tant que le président ignorera notre légitime attachement à la loi naturelle et les spécificités de l’islam, toutes ses opérations de séduction seront vaines."

    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2018/04/la-d%C3%A9t%C3%A9rioration-des-relations-eglise-etat-r%C3%A9side-dans-la-d%C3%A9gradation-de-la-libert%C3%A9-religieuse.html

  • Trahison ecclésiastique : rassemblement « islamo-chrétien » au couvent de l’Annonciation des dominicains de Paris

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    Samedi 14 avril, un rassemblement « islamo-chrétien » (« Ensemble avec Marie ») s’est tenu au couvent de l’Annonciation des dominicains à Paris… Au programme : lecture coraniques et évangéliques, lecture de la lettre adressée par l’imam Ali à l’un de ses compagnons devenus gouverneur d’Égypte et « invocation commune » dans le couvent !

    « Si nous sommes ici, c’est que, tous, nous aimons Marie », ont souligné tour à tour Mgr Michel Dubost, évêque émérite d’Evry et le cheikh Ismael Al-Khaliq, imam de l’association chiite Imam Al-Khoei, basée aux Lilas, en banlieue parisienne.  
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  • L'économie monastique, une alternative au modèle capitaliste

    Ingénieur et chef d’entreprise à la retraite, Benoît-Joseph Pons a soutenu en 2016 une thèse sur l’économie monastique, qui vient d’être publiée aux éditions Peuple libre. Il nous explique en quoi l’économie monastique peut aider à fonder une économie alternative pour notre temps. 
    Vous avez commencé ce travail de recherche après votre retraite. Comment ce projet est-il né ? 
    J’ai exercé des fonctions d’ingénieur de chef d’entreprise. À la retraite, je me suis intéressé en même temps aux questions d’œcuménisme, d’économie sociale et de commerce équitable. Cela m’a conduit à entreprendre des études de théologie et, en raison de mon expérience professionnelle, j’ai été appelé à diriger un master de développement durable à la Catho de Paris. Comme j’avais également des liens avec le milieu monastique, ce sujet m’a permis d’associer tous mes centres d’intérêt. Elena Lasida était intéressée par mes thématiques de recherche et elle a accepté de diriger cette thèse, qui est aussi un regard critique sur quarante ans de ma vie. 
    Pourquoi vous avez-vous limité votre étude aux monastères suivant la règle de saint Benoît ? 
    L’approche de la vie et la relation aux biens matériels sont très différentes entre les ordres inspirés par la règle de saint Benoît et les ordres mendiants. Les bénédictins et les cisterciens veulent vivre de leur travail, les ordres mendiants et prêcheurs veulent être libérés de ces contraintes pour pouvoir porter la parole de Dieu. Pour des raisons d’unité du corpus, je me suis concentré sur les premiers. Ce n’est pas du tout un jugement de valeur ou l’affirmation d’une éventuelle supériorité de la règle de saint Benoît. 
    Quelles sont les principales caractéristiques de l’économie monastique dont pourrait s’inspirer une économie alternative ? 
    L’économie monastique repose deux aspects fondamentaux : la désappropriation et l’économie des besoins. La désappropriation consiste à dire qu’on n’est propriétaire de rien personnellement. Par exemple, il y a certain nombre de monastères où un moine ou une moniale ne dira pas « mon stylo » mais « notre stylo ». Elle concerne aussi le pouvoir et la gouvernance. Théoriquement, un moine considère qu’il n’a de pouvoir sur personne, même s’il est abbé. Mais il y a les objectifs vers lesquels les moines tendent, et la réalité de leur vie. Cela dit, dans les monastères, il y a des structures de pouvoir bien organisées : en plus de l’abbé ou de l’abbesse, il y a le conseil et le chapitre, sans oublier les abbés visiteurs. Tout cela rend très difficile la transformation de l’abbé en gourou. 
    Quant à l’économie des besoins, de quoi s’agit-il ? 
    Elle est basée sur l’altérité : elle considère que vous n’êtes pas moi et que dans certains domaines vous avez besoin de plus que moi, et moi de plus que vous. Les moyens accordés à chaque moine pour faire son travail peuvent être très simplistes ou très sophistiqués. Une moniale céramiste de talent a ainsi obtenu le meilleur modèle de four pour cuire les céramiques qu’elle fabrique pour le monastère. Pendant ce temps, la maîtresse des novices de Solesmes utilise pour préparer ses textes un ordinateur qui a plus de vingt ans. Pour reprendre les termes d’Amartya Sen, prix Nobel d’économie, il s’agit de donner à chacun ce dont il a besoin pour réaliser ses « capabilités ». 
    Votre recherche s’intéresse aussi au travail. Qu’apporte l’économie monastique sur ce sujet ? 
    L’élément essentiel est la dissociation du travail et de la rémunération. C’est une forme de mise en pratique du revenu universel dont il a été question depuis quelques temps. Les moines sont rémunérés selon leurs besoins, sans prise en compte du niveau d’études. Ce mode de rémunération élimine la compétition pour les postes : être abbé ou cellérier n’apporte aucun avantage matériel. Le travail monastique interroge aussi les écarts de salaires. Un coefficient de 1 à 10 ou 1 à 20 peut aller. Un coefficient de 250 est anormal. Ce que peut dire aussi l’économie monastique, c’est qu’il n’y a pas besoin de fixer des rémunérations immenses pour attirer de bons managers. Mais il faut alors se demander qui fixe la barre des besoins dont dépend la rémunération dans l’économie des besoins. Au monastère, il y a une référence supérieure qui est la règle. Pour que cela marche dans le monde laïc, il faut que la société se dote de références supérieures. 
    Le rapport à autrui est aussi une caractéristique de l’économie monastique. 
    Oui. Il est basé sur la reconnaissance de l’altérité : chaque personne est une personne différente, qui a sa valeur et mérite d’être considérée comme telle. À partir du moment où cette reconnaissance de base est admise, cela évite la recherche de personnalisation : il n’y a pas de personnalisation par l’habit pour dire quelque chose de nous-mêmes, comme cela peut se faire dans le monde laïcs. Dans ma recherche, je me suis intéressé aux artistes, qui sont des personnes souvent originales. L’habit monastique n’étouffe pas leur personnalité. 
    Par rapport à ce principe, comment se passe l’affectation d’un moine à une tâche dans un monastère ?  
    Il est de la responsabilité de l’abbé de confier un travail à chaque moine, mais aussi de trouver un moine pour chaque fonction nécessaire au monastère. Mais comme le travail et la rémunération ne sont pas liés, on peut donner à un moine un travail qui n’est pas justifié par sa rentabilité. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il y a des travaux inutiles. Le rapport à autrui a aussi des conséquences sur le rapport au travail : il permet de considérer au même niveau le travail d’autoproduction et le travail salarié. Si une mère de famille s’occupe de ses enfants, ce n’est pas pris en compte dans le PIB de la nation. Si elle paie une nounou pour le faire, cela rentre dans le PIB. L’économie monastique sort de ce système. 
    La dernière dimension à laquelle vous avez voulu accorder de l’importance est l’écologie… 
    Au départ, c’était même mon axe principal. Et puis je me suis rendu compte que dans les monastères, l’écologie était prise en compte avec des aspects méritant d’être approfondis y compris par les moines eux-mêmes. Du coup, j’ai trouvé que ce qu’ils avaient à dire sur le travail était plus important. Cela dit, je suis arrivé à la conclusion que les monastères avaient des pratiques écologiques informelles qui ne se perçoivent pas comme telles. Ainsi, l’abbaye de La Pierre-qui-Vire a abandonné l’agriculture productiviste, non par conviction mais parce que cette approche les conduisait à la faillite. Autre exemple : le monastère de Randol fait des fromages qui n’ont pas de certification bio, parce que cela ne leur apporte rien de plus sur le plan marketing, même si dans la pratique, ils sont bio. 
    Un autre aspect de la dimension écologique de la vie monastique est que, dans la plupart des monastères, le psautier est chanté entièrement une fois par semaine. Quand vous dites « caeli enarrant gloriam Dei » (« les cieux racontent la gloire de Dieu »), de manière régulière, cela finit par avoir des conséquences sur vous. Un adage dit : lex orandi lex credendi (« c’est la loi de la prière qui est la loi de la foi », autrement dit : « ce qu’on dit dans la prière génère ce qu’on croit »). Même s’il ne s’en rend pas compte, un moine qui prie le psautier toutes les semaines et qui croit ce qu’il dit est forcément écologiste. 
    Les moines et moniales qui vivent selon ces principes se voient-ils eux-mêmes comme un modèle alternatif ? 
    Ils voient leur rapport aux biens, au monde et à autrui comme un témoignage évangélique reposant sur l'hospitalité : « venez voir comment nous vivons ». La notion d'« économie alternative » est une construction académique d'économistes et de sociologues qui n'entre pas dans le discours monastique typique. Mais on trouve dans le discours monastique une critique de l'approche mondaine de l'économie : critique de l'appât du gain, critique de l'individualisme, critique de l'immédiateté, critique du manque d'ouverture sur le spirituel… 
    Est-ce que la règle de saint Benoît a quelque chose à apporter au monde non-chrétien aujourd’hui ? 
    Ce que montrent les monastères, c’est qu’en suivant la règle de saint Benoît, on peut être heureux sur terre. Les moines et moniales sont heureux. Bien sûr, on ne peut pas dire que leur bonheur n’a rien à voir de leur spiritualité. Mais leur mode de vie aide à se satisfaire de ce qu’on a et montre qu’on peut vivre hors de l’idée que, pour être plus heureux, il faut avoir plus de biens. Un certain nombre d’organisations tout à fait laïques essayent de s’inspirer d’une approche monastique de l’économie et du management. Le père Hugues Minguet, qui est maintenant à Sereyx (Haute-Loire), assure ainsi des formations de master à HEC à partir de la règle de saint Benoît. De même, de plus en plus de consultants en management s’inspirent de cette règle. L’organisation monastique n'est pas généralisable à l'ensemble de la population, mais elle montre que d'autres prémisses peuvent être posées et suggérer une mise en mouvement dans une direction donnée, susceptible de générer du nouveau et de l'inattendu. On est en plein dans Laudato Si’.

  • « Quand nos mamans portaient le voile catholique » : le mensonge de Castaner

    Invité ce lundi 16 avril de RTL Matin pour faire le service après-vente de la prestation de son patron la veille, le délégué général (LREM) est revenu sur plusieurs passages de l’interview d’Emmanuel Macron dimanche soir par Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. Notamment celui sur le voile islamique, au sujet duquel le président de la République a déclaré que « dans la République, nous devons le tolérer », tout en critiquant l’inégalité entre les sexes qu’il induit : « Ce n’est pas conforme à la civilité dans notre pays, c’est-à-dire au rapport qu’il y a entre les hommes et les femmes ».
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  • L'église soutenant les valeurs de la République est-elle Catholique ?

  • Éric Zemmour : « Macron a tendu un piège aux catholiques et les laïcards sont tombés dedans »

  • Une réflexion d'Annie Laurent : L’islam n’est-il qu’une religion ?

    2513127177.jpgLe Figaro daté du 20 mars 2018 a publié une tribune intitulée « Non au séparatisme islamiste ». Signée par 100 intellectuels, parmi lesquels plusieurs sont de souche musulmane, ce texte s’alarme du « ségrégationnisme » qui accompagne le développement de l’islam en France. « Le nouveau séparatisme avance masqué. Il veut paraître bénin, mais il est en réalité l’arme de la conquête politique et culturelle de l’islamisme ».

    Ce texte pose en filigrane la question de l’identité réelle de l’islam. Est-il seulement une religion, à considérer comme les autres, ainsi que le répète le discours officiel, ou bien doit-on le définir comme une idéologie ? A l’heure où le gouvernement cherche à organiser un « islam de France », cette question doit être posée en toute clarté. C’est à une réflexion sur ce thème difficile qu’Annie Laurent vous invite aujourd’hui. Et, naturellement, l'on peut en débattre.

    Rappelons qu'Annie Laurent nous honore de son amitié ; qu'elle est intervenue dans plusieurs de nos cafés politiques et réunions, dont les vidéos existent ici ; qu'elle a collaboré à Lafautearousseau. Nous recommandons d'ailleurs à nos lecteurs de suivre ses publications et ses interventions diverses.    LFAR

    Après un XXème siècle marqué par l’émergence d’idéologies totalitaires prétendant imposer leurs systèmes au monde, le XXIème siècle s’est ouvert sur l’apparition d’un autre projet dominateur : celui de l’islam conquérant. Les attentats spectaculaires et très meurtriers commis le 11 septembre 2001 contre les Tours jumelles de New-York ont inauguré cette nouvelle forme de totalitarisme paré de couleurs religieuses qui, depuis lors, se répand dans tout l’univers, perturbant un monde largement touché par la sécularisation. Face à cette situation imprévue et déroutante, une interrogation revient de plus en plus souvent : l’islam est-il vraiment une religion ? N’est-il pas plutôt une idéologie ?

    Il convient d’abord de situer la question dans l’ordre général, comme le fait le philosophe Rémi Brague dans son dernier ouvrage, Sur la religion (Flammarion, 2018), où il développe une pensée puissante sur ce thème, en accordant à l’islam une place importante. Observant le foisonnement de réalités que le terme « religion » recouvre (panthéon de dieux, monothéisme, religion séculière, etc.), l’auteur refuse d’y voir un concept unique qui répondrait à une seule et même définition. En fait, écrit-il, « le christianisme est la seule religion qui ne soit qu’une religion et rien d’autre ». Et de remarquer : « Toutes les autres religions ajoutent au religieux une dimension supplémentaire » (p. 40). C’est pourquoi « la nature exclusivement religieuse du christianisme explique le fait que le concept de religion, appliqué à des phénomènes aussi divers que le bouddhisme, l’islam, le confucianisme, le shinto, etc. – bref, ce que nous avons pris l’habitude d’appeler “des religions” – ait été forgé dans un contexte intellectuel chrétien et s’applique mal aux autres “religions” » (p. 42).  L’auteur exprime bien la complexité de la question posée. Il ne nie pas la dimension religieuse de l’islam mais il sait que celle-ci n’est pas exclusive.

    I. L'islam comme religion

    Les musulmans se placent sous le regard d’un Dieu unique (Allah) en qui ils reconnaissent leur Créateur, auquel ils rendent un culte dans des lieux appropriés (mosquées) et dont ils espèrent la miséricorde, tout comme ils aspirent à une vie après la mort. Il n’est donc pas possible de refuser à l’islam la qualité de religion. Mais de quel genre de religion s’agit-il ?  

    RELIGION OU RELIGIOSITÉ ?

    En 1994, évoquant l’islam dans son livre Entrez dans l’espérance, saint Jean-Paul II parlait de « la religiosité des musulmans », sans définir le sens du mot « religiosité » (Plon-Mame, p. 153). Or, comme l’explique le philosophe Patrice Guillamaud dans un ouvrage d’une profonde intelligence, religiosité n’équivaut pas à religion. La religiosité se réfère à l’attitude de tout homme, naturellement religieux et donc disposé « à rapporter chacune de ses actions à l’absolu divin », tandis que la religion est un ensemble d’éléments de doctrine et de culte (cf. Le sens de l’Islam, éd. Kimé, 2017, p. 21-26).

    En ce sens, la religiosité est d’autant plus frappante chez les musulmans pratiquants que le culte se doit d’être ostensible et sonore. En admirant « le musulman superlativement pieux », les chrétiens « confondent sa vertu de religion avec celle de foi », constate avec pertinence l‘historien Alain Besançon (Problèmes religieux contemporains, Ed. de Fallois, 2015, p. 181). Cette visibilité a frappé le bienheureux Charles de Foucauld et l’a conduit à s’interroger sur la religion de son baptême qu’il avait délaissée (cf. Pierre Sourisseau, Charles de Foucauld, Biographie, Salvator, 2016).

    RELIGION OU FOI ?

    Ch. de Foucauld a néanmoins compris que si la religiosité des musulmans peut s’accorder avec la vertu de religion, classée par saint Thomas d’Aquin parmi les vertus morales (la justice), elle ne ressort pas de la foi.

    Je voyais clairement qu’il [l’islam] était sans fondement divin et que là n’était pas la vérité »

    écrivit-il à Henry de Castries (cité par A. Laurent, La Nef, n° 287, décembre 2016). La foi est une vertu surnaturelle, infuse dans l’âme par le baptême ; elle est précisément théologale parce que relative au Dieu trinitaire (au même titre que l’espérance et la charité).

    FOI ET CROYANCE

    La Déclaration Dominus Iesus sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Eglise (2000), rédigée à la demande de Jean-Paul II par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, a rappelé cet enseignement traditionnel de l’Eglise catholique. Puis, le texte précise : « On doit donc tenir fermement la distinction entre la foi théologale et la croyance dans les autres religions […]. Cette distinction n’est pas toujours présente dans la réflexion actuelle, ce qui provoque souvent l’identification entre la foi théologale, qui est l’accueil de la vérité révélée par le Dieu Un et Trine, et la croyance dans les autres religions, qui est une expérience religieuse encore à la recherche de la vérité absolue, et encore privée de l’assentiment à Dieu qui se révèle » (n° 7).

    Cette distinction s’applique à l’islam, qui n’est pas accueil de la Révélation de Dieu mais, selon le Coran, religion originelle de l’humanité, voulue par Dieu parce qu’elle est appropriée à la nature de l’homme, innée en quelque sorte.

    . Aujourd’hui, j’ai rendu votre Religion parfaite ; j’ai parachevé ma grâce sur vous ; j’agréée l’islam comme étant votre Religion (5, 3) ;

    . Acquitte-toi des obligations de la Religion en vrai croyant et selon la nature qu’Allah a donnée aux hommes, en les créant. Il n’y a pas de changement dans la création d’Allah. Voici la Religion immuable ; mais la plupart des hommes ne savent rien (30, 30). 

    DIEU L’INCONNAISSABLE

    Pour l’historien des religions Gérard Van der Leeuw, la foi est « la confiance de l’homme envers Dieu personnellement rencontré ». C’est pourquoi sa première spécificité « ne consiste donc pas à croire que Dieu existe mais à croire que l’homme existe pour Dieu » (cité par le P. Bernard Sesbouë, Actes du colloque « Qu’est-ce que croire ? », Institut Catholique d’Etudes Supérieures, 15-16 avril 2013, p. 26).

    Dans l’islam, Dieu est « l’Inconnaissable » (Coran 6, 50 ; 7, 188 ; 11, 31 ; 27, 65). Il ne se fait pas connaître des hommes, comme Il le fait à travers Jésus-Christ dans le christianisme ; Il ne dialogue pas avec eux dans une relation d’amour ; Il ne s’engage pas par une Alliance, comme Il le fait par Abraham dans la Bible (cf. François Jourdan, Islam et christianisme, comprendre les différences de fond, L’Artilleur, 2015, p. 254-260). La Révélation d’Allah ne concerne que sa volonté et sa loi. « Entre Créateur et créature, un abîme est béant » (R. Brague, Sur la religionop. cit., p. 186).

    L’islam serait-il donc une religion païenne ? Alain Besançon l’exclut.

    « Si nous restons dans la logique de la théologie chrétienne, on ne voit pas que l’islam connaisse le Dieu que cependant il adore. […] Ne connaissant pas le vrai Dieu et l’adorant néanmoins, il en résulte des conséquences qui mettent l’islam à part des paganismes antiques contre lesquels il s’est dressé. Les païens, même quand ils adoraient le dieu unique, adoraient un dieu immanent, qui faisait partie du monde. Un Dieu “moindre” par conséquent que le Dieu d’Israël, créateur du ciel et de la terre, omnipotent, transcendant. Mais à l’égard de ce Dieu incommensurable, l’islam demeure dans une position idolâtrique » (op.cit., p. 178).

    UNE RELIGION D’OPPOSITION 

    L’islam n’est pas une religion anodine ou neutre puisqu’il se veut réaction dogmatique au christianisme. Le Coran combat le cœur de la Révélation divine. « La négation de la Trinité est le sens premier de l’islam » ; elle est « son élément primordial de fondation […], le principe même de sa genèse » (P. Guillamaud, op. cit., p. 119).

    Son monothéisme – concept que l’on rencontre aussi en dehors du champ religieux (cf. le Divin Premier Moteur d’Aristote, le déisme des Lumières, signalés par R. Brague) -, et la présence de personnages « bibliques » dans le Coran ne font pas de l’islam une religion apparentée au judaïsme et au christianisme. « En son sens premier, l’islam est fondamentalement, non pas la simple continuation de la révélation biblique mais sa reprise dans la négation même de son accomplissement chrétien » (Guillamaud, ibid.).

    Dans Le malentendu islamo-chrétien (Salvator, 2012), le Père Edouard-Marie Gallez explique que l’on considère généralement l’islam comme une religion « d’avant » le Christ au sens théologique, et pouvant éventuellement y conduire, alors qu’il se revendique comme post-chrétien au sens où il entend dépasser le christianisme et s’y substituer.

    C’est pourquoi,

    « que ce soit du côté islamique ou du côté chrétien, il apparaît évident que la notion d’Ecritures saintes ne revêt pas la même réalité. Si le Coran voit dans les révélations qui ont précédé le temps de l’islam des “portions” du “Livre-Mère” envoyées par Allah sur des prophètes eux-mêmes envoyés à des peuples, l’Eglise catholique, elle, ne voit pas dans le Coran une quelconque continuité ou récapitulation de la Révélation judéo-chrétienne » (P. Laurent de Trogoff, « Révélation et Coran », in Sous le regard de Dieu, abbaye Sainte-Anne de Kergonan, n° 2017/2, p. 12-21).

    Cette position a été rappelée par le Concile Vatican II : « L’économie chrétienne, étant l’Alliance nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de Notre-Seigneur Jésus-Christ » (Dei Verbum, n° 4). L’Eglise n’a jamais considéré Mahomet comme un prophète ni le Coran comme un Livre révélé.

    Père Samir-Khalil Samir, islamologue égyptien :

    « Je ne dirai pas globalement : “Oui, l’islam vient de Dieu”, et je ne dirai pas globalement : “L’islam est l’œuvre de Satan”. Je ne le pense pas non plus. L’islam est l’œuvre d’un homme qui a vécu une expérience spirituelle réelle, mais qui vivait en son temps, dans son contexte socio-culturel désertique fait de guerres et d’attaques de tribus contre tribus » (Site Aleteia, 10 janvier 2018). 

    On ne peut donc porter sur l’islam un regard indifférencié avec le judaïsme et le christianisme. D’où l’inexactitude de formules telles que « les religions monothéistes », « les religions abrahamiques » et « les religions du Livre ».

    Leur usage banalisé fausse la compréhension des fondements anthropologiques, cultuels, sociaux, juridiques et culturels sur lesquels misent les dirigeants européens héritiers du christianisme pour organiser un « islam européen ». 

    L'ISLAM, Annie Laurent,
    Editions Artège, 285 p., 19,90 €

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2018/04/09/l-islam-n-est-il-qu-une-religion-6041895.html