
La rumeur courait depuis 48 heures, on ne parlait plus que de cela et on faisait circuler, en frissonnant, sur les réseaux sociaux des photos de blindés militaires s’approchant de la capitale : les Parisiens et le Grand Est allaient être confinés. L’exode, impressionnant, avait déjà commencé. À pied, à cheval, en voiture, ils avaient pris la route, la grand-mère assise sur la valise dans la carriole et les gosses suivant à pied, les godillots poudreux, dans la précipitation comme s’ils avaient les Allemands aux trousses et la perspective d’une zone libre, là-bas, dans la ferme, avec le cochon à tuer et les topinambours à volonté. Oubliant qu’ils emmenaient peut-être avec eux, tapi dans l’ombre, l’ennemi qu’ils voulaient fuir et, ce faisant, auquel ils servaient de cheval de Troie… prêt à partir à l’assaut d’innocentes campagnes jusque-là point assez denses pour être contaminées, et comportant modeste hôpital, tout juste dimensionné aux besoins ordinaires d’une population peu nombreuse. L’imprudente menace de confinement pourrait-elle avoir l’effet tout inverse de celui escompté et contribuer, au contraire, à déployer le virus dans des zones jusque-là préservées ?






