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Science et techniques - Page 51

  • Energie : dix solutions méconnues qui peuvent changer le futur

    Le débat national sur la transition énergétique qui s’engage en ce début d’année est l’occasion d’agrandir son champ de vision sur les potentialités des énergies durables. Le futur offre un panel de ressources et de techniques d’énergies encore méconnues et néanmoins prometteuses.

    SEAREV (Système Électrique Autonome de Récupération de l’Énergie des Vagues)

    Qui dit énergies durables dit le plus souvent éoliennes, photovoltaïque, hydraulique ou biomasse. Mais le panier de ces énergies est plus grand qu’on ne croit et plein de surprise. L’avenir énergétique de la planète est en effet bien plus riche qu’il n’y paraît.

    Voici dix solutions encore peu exploitées, qui d’ici 10, 20 ou 50 ans viendront compléter notre mix énergétique. A condition que les recherches aboutissent, que les moyens financiers suivent et que l’éthique écologique soit associée au développement de certaines d’entre elles.

    1. L’huile d’algue

    D’aucuns l’affirment : la révolution de l’énergie se trouve dans les plantes. L’une d’elles est particulièrement intéressante, c’est l’huile d’algue. A l’instar des espèces oléagineuses, les algues ont la propriété de contenir jusqu’à 60% de leur masse en lipides. La force des algues : leur quantité. La productivité des végétaux marins est donc une carte maîtresse pour répondre à la menace que font peser les agrocarburants sur la biodiversité. Les algues sont capables de fournir de l’énergie sous 3 formes : biocarburant, biogaz et hydrogène. Leur exploitation est simple à mettre en œuvre. Il suffit, après collecte, de les concentrer et de les presser dans une centrifugeuse pour en extraire l’huile. Produire du carburant vert à partir d’algues microscopiques, tel est l’objectif du projet Shamash coordonné par l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et automatique).

    Sept équipes de recherche et un partenaire industriel travaillent sur le projet, dont Jean-Paul Cadoret, chef du laboratoire de physiologie et biotechnologie des algues de l’Ifremer. Pour ce dernier, ces microalgues qui, par photosynthèse, transforment l’énergie solaire en énergie chimique, offrent de gros avantages :

    « Elles n’entrent pas en conflit avec l’approvisionnement alimentaire comme c’est le cas pour le blé, le maïs ou le colza. Elles se cultivent facilement en bassin ou dans les bioréacteurs avec de l’eau de mer. Cela évite de puiser dans les réserves d’eau douce. Elles prolifèrent rapidement et peuvent fournir une récolte en continu. Leur rendement de production d’huile à l’hectare est bien supérieur à celui de toutes les autres plantes. Ce sont des machines à avaler le CO2. Elles le captent pour restituer de l’oxygène ». Vingt fois plus abondantes que les plantes terrestres, les microalgues peuvent fournir 25 000 litres d’huile par hectare, quand le colza n’en produit que 1 500 litres, le tournesol, 950, et le soja, 446.

    La consommation annuelle mondiale de carburant pourrait être assurée si les bassins d’algues étaient déployés sur 400 000 hectares (4000 km2), soit un tiers de l’Ile de France. Elles sont aujourd’hui présentées comme une alternative énergétique au pétrole, pouvant produire l’équivalent d’un quart des carburants fossiles. À l’heure actuelle, le litre de carburant d’algue coûte plus cher que le pétrole. Mais plusieurs éléments permettent d’espérer, à terme, une bien meilleure rentabilité.

    2. Le pétrole à base d’air

    Transformer l’air en pétrole , telle est la prouesse technologique réalisée par une société britannique qui a mis au point un procédé chimique complexe permettant d’obtenir un pétrole de synthèse à base d’air et d’électricité. Concrètement, « nous avons pris le dioxyde de carbone présent dans l’air et l’hydrogène présent dans l’eau, et nous les avons transformés en carburant, » explique Peter Harris, l’ingénieur responsable de l’innovation. Pour ce dernier, le carburant obtenu est beaucoup plus propre que celui obtenu à partir de pétrole fossile. De plus, il est compatible avec les moteurs existants, comme ceux des avions ou des navires. D’ici 15 ans, ce procédé encore récent et coûteux pourrait connaître un développement commercial.

    3. L’énergie osmotique

    L’énergie osmotique repose sur un phénomène physique : l’osmose. Le principe de l’osmose veut que, quand on met en présence deux liquides de concentrations en sel différentes, le liquide le moins salé va avoir tendance à se fondre dans le liquide le plus salé. La différence de salinité va donc créer un flux de l’eau douce vers l’eau salée. En faisant passer le flux du liquide concentré vers un liquide moins concentré à travers une membrane semi-perméable, cela provoque une surpression hydrostatique. Le volume d’eau contenu dans la membrane devient plus important. Cela accentue la pression sur les parois du contenant. Et cette pression peut être récupérée pour actionner une turbine qui va générer de l’électricité. Il existe un endroit où l’on trouve en permanence une ressource gratuite d’eau salée et d’eau douce : l’estuaire des fleuves. La question centrale de cette technologie, c’est la fabrication de membranes de grande taille, alliant des qualités de robustesse et de porosité. En dehors de ce problème technique, l’énergie osmotique représente une énergie renouvelable et permanente, ce qui est un avantage essentiel comparé au solaire ou à l’éolien. Les coûts d’exploitation seraient d’ailleurs minimes. Cette forme d’énergie offre de belles perspectives.

    Une production de 4W/m2 est nécessaire pour viabiliser la construction de centrales électriques. Actuellement, les Norvégiens atteignent 1,5 W/m2, mais planifient les premières applications industrielles d’ici à 2015, avec en moyenne 8000h/an de fonctionnement, soit deux fois plus qu’une éolienne. Le potentiel technique mondial de l’énergie osmotique est estimé à 1600 TWh. En Europe, il est de l’ordre de 200 TW.

    C’est la société norvégienne Statkraft, connue pour ses fermes éoliennes, qui a lancé la construction de la première centrale osmotique. 2.000 m2 de surface de membrane pourront générer environ 10 KW. Les ingénieurs de l’entreprise Statkraft, à l’origine du projet, travaillent actuellement sur une usine d’un à deux MW, ce qui nécessiterait une membrane de 200 000 m2. Si le procédé répond aux espérances des chercheurs, cette usine pourrait assurer 10% de la consommation énergétique norvégienne. Une autre centrale a été crée au Japon, et une troisième est en cours de construction aux Etats-Unis. Au plan mondial, le potentiel de l’énergie osmotique est estimé à 1 600 TWh par an, soit l’équivalent d’environ la moitié de la production électrique européenne en 2009. »

    4. Le thorium ou l’atome vert

    Le thorium est un métal, qui se trouve naturellement dans des minerais divers, dont la monazite, la bastnaésite et l’uranothorianite. Bien qu’il ne soit pas fissible lui-même, le thorium-232 est un isotope fertile comme l’uranium-238. Bombardé par les neutrons, il se transforme en uranium 233, matière fissile. Le thorium constitue une importante réserve d’énergie nucléaire, en raison de son abondance dans la croute terrestre ; il pourrait ainsi fournir trois à quatre fois plus d’énergie que l’uranium-238. Son utilisation nécessite la mise au point d’une nouvelle filière de réacteurs nucléaires surgénérateurs.

    Les chercheurs qui défendent ce minerai aux qualités particulières estiment qu’il représente la possibilité d’un nucléaire propre. Bien plus abondant dans la nature que l’uranium, il est difficilement utilisable pour fabriquer des bombes atomiques. Il est aussi économe en déchets, la plupart d’entre eux pouvant être remis dans le circuit du réacteur.
    Depuis plusieurs années déjà, des chercheurs du CNRS planchent théoriquement sur un réacteur sûr, très stable et facilement pilotable. Avec ce surgénérateur rapide à sels fondus (MSFR), qui utiliserait le thorium comme combustible liquide, 100% de la ressource utilisée comme combustible est consommée, Pour l’heure, il n’existe pas encore de prototype concret du MSFR en France.

    Cette solution se heurte à la réticence des industriels de la filière nucléaire. Mais les Chinois, eux, investissent massivement dans cette technologie nouvelle. Les Indiens qui disposent du quart des réserves mondiales de thorium l’utilisent déjà depuis quelques années, dans des réacteurs de troisième génération.

    Le thorium se désintègre plus lentement que la plupart des autres matières radioactives mais sa radioactivité est de 14 milliards d’années. Les applications industrielles du thorium sont développées dans les alliages de magnésium utilisés pour les moteurs d’aéronefs.

    5. L’énergie thermique des mers

    L’idée de l’énergie thermique des océans est toute simple : tabler sur la différence de température entre les eaux chaudes de surface (+ 25° C dans les régions tropicales) et les eaux profondes (+5°C à 1000 mètres) pour produire de l’électricité et/ou de l’eau douce. Les océans représentent un gigantesque capteur d’énergie solaire contenue sous forme de chaleur dans la couche d’eau de surface. Ils reçoivent chaque année une quantité d’énergie équivalente à plus de mille fois la demande mondiale en énergie primaire. Un potentiel estimé à cent fois celui de la marée et cinq à dix fois celui du vent. L’exploitation de l’énergie thermique des mers (ETM) redevient d’actualité dans le contexte de la recherche d’énergies nouvelles, non polluantes, susceptibles de suppléer l’usage des combustibles fossiles qui renchérissent (pétrole, charbon, gaz,…). Bien que cela soit difficile, il est possible d’utiliser cet écart entre l’eau chaude et l’eau froide en installant des méga-pompes à chaleur capables de récupérer par « évapotranspiration » la vapeur qui va alimenter une turbine.

    Les atouts d’une centrale reposant sur l’énergie thermique des océans sont non négligeables : énergie stable, peu de frais de fonctionnement, gratuité de l’eau de mer, exploitable gratuitement 24h sur 24 tous les jours de l’année, pas de confinement ou de stockage de l’eau.

    6. Les bactéries carburants

    Tout le monde connaît aujourd’hui les défauts des biocarburants : leur impact environnemental. Produits à partir de canne à sucre, de betterave ou de maïs, ils nécessitent l’utilisation d’importantes surfaces de terres arables et sont très forts consommateurs d’eau. En outre, ils nuisent à la biodiversité. Une entreprise Joule unlimited affirme avoir réussi à surmonter cette contrainte majeure en produisant un bio carburant inépuisable et abordable. Le e-éthanol qu’elle a mis au point est en effet issu de bactéries génétiquement modifiées.

    Explication : les bactéries sont entreposées dans des tubes de trois centimètres de diamètre qui servent de réacteur, remplis d’eau non potable et de CO2 issu d’activités industrielles ; exposées au soleil, elles exploitent la photosynthèse pour produire de l’éthanol ou du gazole. Les rendements sont bien supérieurs aux biocarburants existants : 75 000 l/ha/an pour le e-éthanol, à comparer aux 7 000 l/ha/an de bioéthanol produit à partir de la betterave. Mais cela nécessiterait des installations énormes et l’efficacité de bactéries qui transforment le soleil en énergie, n’est pas aussi grande que celle des panneaux photovoltaïques.

    7. Les bouées de récupération de l’énergie des vagues

    L’énergie des vagues est liée au déplacement de la surface de la mer sous l’action de la houle. Le principe est simple. Lorsque les vagues arrivent sur un obstacle flottant ou côtier, elles cèdent une partie de leur énergie qui peut être convertie en courant électrique. L’intérêt de l’houlomotricité : les vagues se déploient de façon très économe. L’inconvénient : l’énergie perd en puissance lors de son acheminement vers les cotes. Pour que le dispositif soit rentable, il vaut mieux que les capteurs soient posés près du littoral, afin de récupérer le maximum d’énergie créée, soit 20 kW par mètre de côte. Selon la Commission Européenne, l’houlomotricité occuperait en 2020 la quatrième place des énergies renouvelables utilisées pour produire de l’électricité, derrière l’éolien on-shore et off-shore et l’hydraulique. Il existe aujourd’hui différentes technologies pour récupérer l’énergie des vagues : les bouées sous-marines en mouvement, les colonnes oscillantes, les débordements de chenal, les plates-formes à déferlement. Une cinquantaine de projets sont en cours dans le monde.

    Parmi eux, le « Searev » ; il s’agit d’une sorte de ferme sur mer, conçue par Alain Clément, chercheur au Laboratoire de mécanique des fluides (LMF) : constituée d’une bouée, elle génère du courant électrique pour récupérer l’énergie de la houle. A l’intérieur de ce « système électrique autonome de récupération de l’énergie des vagues », un pendule de 400 tonnes, en oscillant sur les vagues, actionne tout un système de pistons et de pompes à huile. Le mécanisme fait tourner un arbre métallique entraînant vers un alternateur. Le tout est relié au continent par câble. L’objectif est de générer une puissance maximale comprise entre 500 et 700 kilowatts par bouée. De quoi alimenter jusqu’à 200 foyers en moyenne par an.

    8. Les éoliennes entonnoirs

    Même s’il fait partie des énergies renouvelables d’avenir, l’éolien, on le sait, présente bien des inconvénients : stockage, caprice du vent, raccordement au réseau… une petite entreprise américaine, Sheerwind, pense avoir trouvé la solution à ces difficultés : des éoliennes en forme d’entonnoir pour augmenter la vitesse du vent. D’où son nom Invelox (Increasing the velocity of the wind. Le principe est simple : l’air est aspiré dans un conduit où sa vitesse est multipliée par dix, avant de passer dans une turbine ou un générateur. Le rendement énergétique serait ainsi trois fois plus important qu’avec une éolienne classique, d’un coût 40% inférieur et d’une taille plus petite.

    9. Les aérogénérateurs volants

    De nombreux scientifiques ont les yeux rivés sur le « jet stream ». Pas le Gulf stream qui traverse l’océan. Non… le jet stream, juste à quelques 10 000 mètres au dessus de nos têtes, une source d’énergie qui souffle jour et nuit, 365 jours par an. A cette altitude, la force de ces vents représente une énergie pouvant produire cent fois plus d’énergie qu’une éolienne sur terre, capable de produire un kilowatt/heure pour deux centimes d’euros, soit la moitié du coût usuel d’énergie. Leur souffle est régulier et non capricieux comme sur terre. Ces puissants courants aériens qui ceinturent la planète sous la forme de deux anneaux atteignent parfois des vitesses surprenantes comprises entre 300 et 400 km par heure. Cette puissance résulte du contraste thermique existant à cette altitude entre la troposphère et la stratosphère. De l’air froid et de l’air chaud se rencontrent à des altitudes de 5 000 à 10 000 m, où les différences de température et de pression atmosphérique sont cependant beaucoup plus prononcées que dans les couches inférieures de l’atmosphère. Cette énergie des vents d’altitude suscite nombre de projets d’aérogénérateurs aussi originaux les uns que les autres.

    Une nouvelle génération d’ingénieurs soucieux de l’environnement juge la technique des éoliennes déjà dépassée. Au lieu de gâcher les paysages en alignant des éoliennes terrestres, pourquoi ne pas installer des aérogénérateurs volants ? C’est fait avec le Sky WindPower. Plusieurs projets très imaginatifs de cerfs-volants, de ballons spatiaux ou de « kites » installés dans l’espace à dix mille mètres au dessus de nos têtes permettent de capter, au dessus des nuages, des vents puissants réguliers et non capricieux comme sur terre. Exemple : le prototype développé par Dave Sheppard, responsable d’une société établie à San Diego, Californie. Le prototype de Sky WindPower possède quatre rotors qui lui permettent de rester en suspension dans l’air et de faire tourner des dynamos générant de l’électricité. Dans son version commerciale, il serait relié à la terre par un long câble en aluminium conduisant l’énergie.

    Un autre projet du même genre est mis au point par une entreprise italienne dans le cadre d’un partenariat européen. Le Manège KiWiGen, c’est son nom, est une sorte de manège de plusieurs centaines de mètres de diamètre, composé d’ un rotor et de bras pivotants sur lesquels sont tirés des câbles très résistants reliés à des cerfs-volants de quelques dizaines de mètres carrés, réalisées en polyéthylène alvéolaire. Disposés en batteries, ils peuvent atteindre 700 mètres de haut. Mis au point par une entreprise italienne et soutenu par des experts et des chercheurs européens, ce manège baptisé KiWiGen, (Kite Wind generator) produit des dizaines de mégawatts, via une turbine. Chaque cerf-volant est équipé de deux capteurs intelligents à même de détecter les accélérations du vent. Un programme électronique de contrôle calcule les variations d’orientation nécessaires pour lui faire suivre, toujours avec une portance maximale, un parcours circulaire. Les cerf-volants utilisés auront une envergure de quelques dizaines de mètres carrés.

    10. Les films solaires de 3ème génération

    Les cellules solaires organiques font actuellement l’objet d’une attention particulière. Très simples, elles sont compatibles avec des films et des textiles. Leur mise en forme, par exemple à partir d’encres ou de peintures, offre l’avantage de couvrir de grandes superficies. Cette flexibilité permet d’ouvrir à de nombreuses applications : emballages, vêtements, écrans, recharge de téléphones cellulaires ou d’ordinateurs portables.

    Des chercheurs du CNRS et de l’Université d’Angers ont développé une approche avec des cellules solaires à base de molécules organiques et ont obtenu des rendements très élevés. Contrairement au silicium cristallin dont la production nécessite de très hautes températures, leur fabrication implique un faible coût énergétique et un faible impact environnemental.

    A plus long terme, on peut imaginer une contribution décisive de leur potentiel à la conversion photovoltaïque de l’énergie solaire. Les tests montrent que les taux d’efficacité des molécules solaires organiques développées et synthétisés en laboratoire sont de 15% à 25% plus élevés que les cellules en silicium cristallin et les films solaires en couches minces, soulignent les ingénieurs de la société allemande Heliatek, la seule entreprise solaire au monde qui utilise le dépôt de molécules organiques à basse température. Ces dernières sont composées de fines couches nanométriques ultra-pures et d’une grande homogénéité. Cela permet de concevoir une architecture capable d’améliorer systématiquement l’efficacité et la durée de vie des cellules.

    place-publique.fr via http://fortune.fdesouche.com

  • Énergie en Méditerranée

    L'approvisionnement en énergie de l'Europe est très dépendant du pétrole et du gaz russe. Cette situation ne serait pas étrangère au projet de couvrir de panneaux solaires toute l'Afrique du Nord et les pays du Proche-Orient.

    Les relations euro-méditerranéennes ont pris un tour décisif avec le lancement de l'Union pour la Méditerranée sous l'égide de Nicolas Sarkozy en 2007. En réalité, le président de la République a connu une défaite. En effet, son projet reposait sur l'idée d'établir des liens privilégiés entre les pays européens riverains de la Méditerranée et la rive sud. L'objectif était d'établir une zone d'influence française qui aurait fait contrepoids aux relations privilégiées de l'Allemagne en Europe centrale et orientale.

    Opposition allemande
    L'opposition acharnée d'Angela Merkel fit capoter le projet. En effet, lors d'une rencontre entre les chefs d'État français et allemand en mars 2008 à Hanovre, le chancelier exigea que tous les pays de l'Union européenne, dont l'Allemagne, participent au projet de l'Union pour la Méditerranée. Face à l'insistance d'Angela Merkel, le président français céda sur toute la ligne. Vidé de sa substance d'origine, le projet politique de Sarkozy s'est européanisé au profit des lobbies de Bruxelles et de leurs alliés de Berlin. Comment peut-on expliquer une telle volonté d'abattre le projet français au profit des instances européennes ? La réponse est simple ; elle tient à l'énergie.
    En effet, l'approvisionnement en énergie de l'Europe pose problème. Dépendant du pétrole et du gaz, les dirigeants bruxellois se sentent pieds et poings liés face au géant russe Gazprom. Afin de se dégager de cette emprise, des dirigeants d'instituts européens en liaison avec des pays sud-méditerranéens ont décidé de lancer en 2003 un projet misant sur l'énergie solaire. Il s'agit de couvrir de panneaux solaires toute l'Afrique du Nord et les pays du Proche-Orient afin d'irriguer l'Europe en énergie.
    Inversement, les pays sud-méditerranéens seront en mesure de bénéficier de la technique nécessaire pour dessaler l'eau de mer. Ainsi, leur agriculture verrait les rendements augmentés pour le plus grand profit de leurs économies. Sous l'égide de la branche allemande du Club de Rome, de la Fondation hambourgeoise pour la protection du climat (la HKF) et du Centre national de la recherche énergétique de Jordanie, une "Coopération trans-méditerranéenne pour les énergies renouvelables" (TREC) a vu le jour.

    Ces compléments venus des déserts
    C'est un véritable réseau international réunissant l'Europe (EU, essentiellement allemand), le Moyen-Orient (Middle East, ME) et l'Afrique du Nord qui, sous le sigle EU-MENA, a décidé de se lancer dans une politique définie comme suit : « Fournir de l'énergie propre à bon marché pour l'EUMENA, aussi rapidement que possible en se basant sur une coopération entre les pays de ces régions. TREC voit l'électricité en provenance des déserts comme un complément aux ressources européennes en énergie renouvelable ainsi qu'un moyen d'accélérer le processus de réduction des émissions européennes de CO² et d'augmenter la sécurité d'approvisionnement énergétique européenne. Pour les populations du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (MENA), ce projet apporterait une fourniture importante d'énergie propre, des emplois, des sources de revenus économiques, des infrastructures améliorées, des possibilités de dessalement d'eau de mer et de nombreux bénéfices potentiels (comme par exemple l'agriculture) apportés par l'ombre des collecteurs solaires. »

    Projet titanesque
    Afin de promouvoir cette coopération trans-méditerranéenne, TREC s'est doté d'un outil appelé Desertec. Lancé lors d'une réunion à Munich en juillet 2009, avec l'appui d'une multitude de groupes financiers essentiellement germaniques, il consiste à engager plus de 400 milliards d'euros jusqu'en 2050. Ce projet titanesque repose sur l'idée phare de resserrer les liens politiques et économiques entre les deux rives de la Méditerranée. Il préfigure cet idéal ancien d'unifier l'Occident et l'Orient en un seul et même bloc comme au plus beau temps de l'Empire romain. Toute la question est de savoir si les pays musulmans accepteront ce projet et sa finalité voulus par les financiers apatrides de Bruxelles, de Londres et de Berlin.
    Pierre Hillard L’ACTION FRANÇAISE 2000  du 1er au 14 avril 2010

  • Pepsi et le cannibalisme

     

    [un article inédit du journaliste Laurent Glauzy]

    Le 28 mai 2011, des centaines d’organisations de droit à la vie encourageaient au boycott des produits Pepsi, grand groupe américain qui a formé un partenariat avec Senomyx. Cette société, qui a bâti sa fortune dans la biotechnologie, utilise des cellules de bébés avortés pour la recherche et l’élaboration d’exhausteurs de goût, au profit de l’industrie alimentaire.

    Le site de défense pro-vie Life-Site News déclare que de grands consortiums de l’industrie alimentaire comme Pepsi et Nestlé collaborent au savoir-faire de Senomyx.

    Aux États-Unis, les groupes pro-vie accusent Senomyx et les grandes sociétés qui lui sont affiliées de pratiquer le cannibalisme. Ainsi, Senomyx fait de la mort de l’enfant à naître un secteur particulièrement porteur.

    D’après Life-Site News, la recherche et le développement financier de Senomyx sont soutenus par Pepsi, qui a acheté la licence d’utilisation du HEK 293, un exhausteur de goût utilisé pour sa production de boissons gazeuses.

    Debi Vinnedge, présidente de l’organisation américaine pro-vie CGL (Children of God for Life), dénonce depuis des années l’utilisation de la chair de bébés avortés pour la production de gammes de cosmétiques et de médicaments. Elle affirme que Semonyx et Pepsi cachent au consommateur que le HEK 293 contient ces mêmes cellules embryonnaires. Debi Vinnedge argumente que l’Occident plagie les pratiques barbares de la Chine communiste qui, à partir de ses origines dictatoriales, donne naissance à un nouveau type de capitalisme conquérant et dépourvu de toute morale.

    Le 5 août 2011, un documentaire de la chaîne sud-coréenne SBS accuse les entreprises pharmaceutiques chinoises de fabriquer des pilules aphrodisiaques à partir de chair de bébés morts. Les cliniques chinoises rentabilisent les bébés morts à la suite d’une fausse couche ou d’un avortement pour faire de l’argent avec de grands groupes pharmaceutiques.

    Ces cliniques reçoivent des cadavres de bébés conservés dans des frigidaires chez des familles consentantes afin de ne pas susciter de soupçons. Ensuite, les cadavres de bébé sont séchés dans un appareil à micro-ondes. L’ultime étape de la pulvérisation sert à la fabrication des pilules. Tel est le témoignage livré images à l’appui par l’équipe de SBS, qui effectua même des tests d’ADN.

    Il ressort que ces pilules sont composées à 99,7 % de chair humaine, avec également des restes de cheveux et d’ongles.

    Les journalistes de SBS ont aussi levé le voile sur un réseau étendu, en Corée du Sud, qui subvient à la demande croissante de la péninsule en capsules de bébés morts. Le commerce de placenta séché par micro-ondes et fabriqué de manière dissimulée par des hôpitaux chinois est, d’après la chaîne SBS, une des manifestations d’un cannibalisme en plein développement, n’épargnant pas les canettes des consommateurs occidentaux.

    Laurent Glauzy http://www.contre-info.com

    Informations tirées de : Frank Hills, Chemtrails existieren doch,
    Pro Fide Catholica, 2012, pp. 66-68.

  • Les décroissants : Être et ne plus avoir…

    Fatigués de la course au “toujours plus”, ils ont choisi de vivre mieux avec moins. Une nouvelle éthique de vie qu’ils mettent en actes au quotidien. Témoignages.

    Qu’on les baptise « décroissants », « créatifs culturels », « consomm’acteurs », que l’on range le mouvement dans un tiroir intitulé « simplicité volontaire » ou « downshifting », peu importe… Car la dynamique est bien là : de plus en plus de personnes, en Amérique du Nord comme en Europe, veulent cesser de se laisser déborder par une vie qui ne leur convient plus.

    Pour l’instant, impossible de chiffrer avec exactitude l’ampleur de la vague, mais des instituts d’études en marketing évoquent déjà une « tendance significative et en expansion (1) ». Aux États-Unis, environ 20 % de la population serait concernée, et plus de dix millions d’Européens auraient déjà modifié profondément leur manière de vivre. « On peut parler d’un étouffement des individus dans cette société dévorée par les objets et la technologie », souligne le psychanalyste Jean-Pierre Bigeault.

    Prise de conscience et passage à l’acte

    Surconsommation, course à la réussite sociale, ravages de la pollution et diminution des ressources… les décroissants font le même constat que beaucoup d’entre nous : leur vie ne tourne pas rond. Mais eux passent à l’acte. Une montée de conscience qu’explique la psychanalyste Luce Janin-Devillars : « Pour endiguer les ravages de la pollution, certains comprennent qu’il y a une noblesse à réparer ce qui peut l’être, à inverser la tendance du jetable pour préserver l’avenir des générations futures. »

    Une fois le processus du « désengagement » enclenché, la diminution des besoins matériels est remplacée, peu à peu, par une grande richesse intérieure. Un peu comme si l’espace « dégagé » laissait entrer une autre dimension, spirituelle, presque mystique. Il ne s’agit pas de renouer avec de vieilles traditions contemplatives religieuses, retiré du monde, à la recherche d’un dieu. Cette spiritualité-là, au contraire, va à la rencontre des humains, chacun se sentant partie intégrante d’un tout, et non plus maître arrogant de la planète.

    Luce Janin-Devillars en est persuadée : « L’éducation, la socialisation, le vivre avec les autres, le religieux au sens premier de religare, “relier”, sont là pour nous humaniser, nous conduire vers une créativité aussi propre que possible. » En tout cas, c’est ainsi que les décroissants que nous avons rencontrés cherchent un nouvel équilibre. Des fous ou des avant-gardistes ?

    Qui sont-ils ?

    Les « décroissants »

    Ils contestent la société de consommation, réduisent leur pollution, mangent bio. S’y retrouvent écologistes, altermondialistes, déçus de l’action politique… et bien d’autres, d’aucun bord en particulier.

    Les consom’acteurs

    Des « décroissants » particulièrement impliqués dans la consommation de produits équitables.

    Les downshifters (ou « désengagés »).

    L’expression existe aux États-Unis depuis 1986. Ils veulent ralentir dans tous les domaines, mais surtout dans le travail.

    Les slow food et les slow life

    Ils participent, de près ou de loin, au mouvement international, créé en Italie, qui promeut les « vrais » produits, la « vraie » nourriture, la convivialité, en opposition à la fast food et à la fast life.

    Et aussi…

    Le Mouvement de la simplicité volontaire lancé par Duane Elgin, essayiste canadien ; les No Logo, qui refusent le diktat des marques et de la publicité ; les Soho-Solos, qui travaillent seuls ou en toutes petites unités.

    Témoignages: “nos amis se fichaient de nous. Maintenant, ils nous envient

    Francis, 41 ans, marié, deux enfants. Lui et sa femme ont quitté Paris il y a quinze ans pour vivre en lisière de la forêt de Fontainebleau, dans une maison construite de ses mains.

    « On a longtemps vécu à Paris. On y a fait nos études aux Arts déco. En 1991, je me suis installé ici quatre jours par semaine, dans une cabane construite par mon grand-père, au milieu du jardin. Mes parents venaient de mourir d’un cancer, à peine âgés de 50 ans, à quatre ans d’intervalle. Les voir mourir comme ça… On ne pouvait plus envisager notre vie de la même façon. Passer son temps à travailler, comme eux, ne pas profiter de la nature, de la vie… Charlotte est venue me rejoindre. Tous nos amis se fichaient de nous !

    J’ai commencé à travailler le bois. Puis, après la naissance de nos filles, l’idée d’une maison en rondins s’est imposée : des matériaux naturels ne nécessitant aucune énergie, 100 % recyclables, une isolation naturelle parfaite. Je l’ai construite en deux ans. Ce choix correspond absolument à nos désirs de simplicité, d’harmonie, de protection de l’environnement. Nous élevons nos enfants dans cet esprit : respect de la nature, vie avec les saisons, pas de gaspillage…

    Je construis une cuve et un bassin de récupération de l’eau de pluie. On pratique beaucoup le voisinage : je te donne des tomates, tu me prêtes la main. Financièrement, ce n’est pas toujours facile. Charlotte est free-lance pour des magazines, je cultive des légumes… Mais on est tellement plus heureux ! Le plus marrant, c’est que nos amis qui nous prenaient pour des dingues nous envient et nous demandent des conseils pour en faire autant ! »
    Sans mes enfants, je serais prête à lâcher encore plus

    Laurence, 43 ans, mariée, trois enfants. Ex-architecte, elle a créé une boutique de design écologique et équitable en région parisienne.

    « Je suis de nature révoltée. Enfant, je voulais être avocate, chirurgien, sauver des vies. Je suis devenue architecte, pour créer de beaux endroits pour les gens. Mais la quarantaine arrivant, rien ne me convenait plus : ni notre mode de vie, ni mon boulot. Surtout, l’environnement me posait une grande question : qu’est-ce que nous allions laisser à nos enfants ? Tout ce gaspillage, ce déséquilibre…

    La mort de mes parents, à très peu de temps d’intervalle, m’a mise debout. J’ai compris qu’ils s’étaient épuisés à travailler. Il n’y avait plus de temps à perdre. Il nous a fallu deux ans pour concrétiser notre projet : vivre ailleurs, autrement, changer d’activité professionnelle.
    Le premier pas a été l’achat de notre espace au sein de ce que l’on appelle “l’usine”, à Ivry-sur-Seine, en région parisienne. Aujourd’hui, elle est devenue un lieu de vie en commun, où nous habitons à une quinzaine de familles, partageant le jardin, des objets, des repas…

    Ensuite, j’ai arrêté l’architecture et ouvert ma boutique de design écologique. On a revu nos dépenses à la baisse, on recycle, on bricole. Sans mes enfants, je serais prête à lâcher encore plus, y compris ma maison. A vivre de très peu. A renoncer vraiment à “l’avoir” pour laisser la place à “l’être”. On me dit souvent que mon magasin, c’est un truc de bobos, de privilégiés… je m’en fiche. Les comportements, les sociétés ont toujours changé grâce aux classes les plus favorisées. Tout le monde doit s’y mettre, on n’a plus le choix… »

    Nos ressources ont baissé de 25 %, et alors ?

    Robert, 40 ans, marié, trois enfants. Anglais, il a quitté son entreprise d’agroalimentaire pour s’installer dans le Gers et devenir consultant indépendant en marketing.

    « En 2001, nous avons décidé de quitter Bristol, en Angleterre, où je travaillais pour une entreprise d’agroalimentaire. Je voulais sortir de la vie d’entreprise dans laquelle j’évoluais depuis quinze ans, reprendre mon activité en main. Je ne supportais plus de vivre dans cet environnement de performance financière, de penser sans cesse au profit des actionnaires… Ma femme est française, nos enfants, bilingues, cela a facilité la décision.

    Ma femme a pu intégrer l’Éducation nationale comme professeur d’anglais. Et nous nous sommes installés à dix kilomètres d’Auch, le Sud-Ouest. Nos ressources ont baissé d’environ 25 %, et alors ? Nous avons tellement gagné en contrepartie : du temps pour les enfants, les amis, du plaisir… Je suis plus créatif. Je travaille pour moi, et surtout je maîtrise tout ce que je fais, de A à Z… Ce qui ne veut pas dire que je vois le monde de l’entreprise comme le grand méchant loup : je n’exclus pas d’y entrer de nouveau. Mais je pense qu’il faut envisager d’autres types de relation au travail.
    Les Soho-Solos (2) que je côtoie ici ont tous ce même désir de modifier les rapports avec l’entreprise. C’est un vrai mouvement qui s’amorce.
    »

    Je voulais travailler pour vivre et non l’inverse

    Marc, 40 ans, marié, deux enfants. Ancien cadre supérieur chez Elf-Aquitaine, il est aujourd’hui enseignant en éthique des affaires à Barcelone.

    « A ma sortie de Sup de Co, j’ai été engagé chez Elf- Aquitaine comme cadre supérieur dit “à haut potentiel”, très bien payé. Pourtant, il me manquait quelque chose…

    Je voulais m’enrichir intellectuellement, travailler pour vivre et non l’inverse. J’ai démissionné. En même temps, Sybille, ma femme, quittait son travail de directrice commerciale pour commencer un DEA en économie de l’environnement.

    J’ai alors repris des études à l’Institut européen des affaires. Nos ressources ont été divisées par deux mais, de nouveau, j’étais libre. A la fin de mon doctorat, j’ai choisi délibérément un poste moins prestigieux que d’autres, à l’université de Barcelone où j’enseigne l’éthique des affaires. Nous vivons très simplement, sans télévision ni radio, avec ce même désir d’être le plus possible en accord avec nous-mêmes, avec notre famille. Depuis quelque temps, j’ai entamé un nouveau processus : me détacher de “l’avoir”, de la reconnaissance sociale flatteuse, pour aller vers “l’être”.

    Aujourd’hui, j’essaie même de me détacher du “faire” pour aller encore plus vers “l’être”. Je quitte peu à peu le domaine de la compréhension intellectuelle pour me diriger vers une
    plus grande contemplation, une capacité à m’émerveiller de ce que je ne comprends pas, comme les émotions, ou simplement la beauté d’un paysage. Abandonner les “objectifs”, déverrouiller la porte, laisser entrer les “autres”. Auparavant, j’étais à la recherche du bonheur, maintenant, je suis davantage à la recherche de ma vie.
    »

    Notes

    1- Trends Research Institute (institut américain de recherche sur les tendances).

    2 – Le Soho-Solo est un programme européen destiné à faciliter l’installation des travailleurs indépendants dans les régions de l’Ouest de l’Europe. Site : www.soho-solo.com

    Psychologies

    http://fortune.fdesouche.com

  • Un ado français remet en cause les théories d'Einstein

    Le Point

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    La galaxie Andromède vue par le télescope spatial infrarouge américain Wise en février 2010. © JPL. Caltech / Sipa Press
     
    C'est un lycéen strasbourgeois de 15 ans. Sa découverte lui vaut de faire la une du magazine scientifique britannique "Nature".

    Avec son père astrophysicien anglais du CNRS et d'autres chercheurs, il a découvert qu'une grande partie des galaxies naines voisines de la galaxie géante Andromède effectue une rotation autour de cette dernière. Une théorie qui remet en cause "tout un pan de l'astrophysique moderne", a réagi fièrement sur RTL Rodrigo Ibata, père de Neil.

    À la fin des vacances d'été, son père a voulu lui apprendre la programmation. "J'ai demandé à mon fils de programmer une modélisation des mouvements de ces galaxies naines et en un week-end, il a découvert qu'elle formait un disque qui tournait !" a expliqué Rodrigo Ibata dans le journal L'Alsace. Rodrigo Ibata et son équipe ont ensuite interprété les résultats pour en conclure que le placement des petites galaxies autour des grosses ne se fait pas de manière aléatoire.

    La théorie de la gravité à revoir ?

    Neil a avoué sur RTL que la tâche avait été "relativement complexe". "J'ai pu utiliser les notions de vecteur qu'on avait abordés récemment avec mon professeur de mathématiques." Selon ce lycéen en 1re scientifique, ces travaux remettent en cause la théorie de la gravité. En tout cas, "il y a quelque chose qui ne va pas, mais on ne sait pas où."

    "Cela faisait plusieurs années que des astronomes prétendaient que les galaxies naines situées dans le voisinage de plus grosses structures comme Andromède ou notre Voie lactée n'étaient pas réparties de façon aléatoire", a déclaré Neil au Figaro. "La physique d'Einstein et de Newton n'est pas exactement correcte", a ajouté son père sur RTL. Neil, qui n'avait pas "bien compris sur le moment les implications que sa découverte pouvait avoir", aimerait travailler la physique théorique plus tard. Il a sans nul doute un bel avenir devant lui.
    http://france.eternelle.over-blog.com/ 
    http://fr.sott.net/article/12348-Un-ado-francais-remet-en-cause-les-theories-d-Einstein
  • Le manque d’eau pourrait briser le règne des énergies fossiles

    L’année 2012 s’achève dans le gris. Les discussions sur le réchauffement climatique se sont enlisées et se terminent dans l’épuisement collectif. Les climato-sceptiques ont gagné la seconde manche.

    Sécheresse aux Etats-Unis, été 2012

    Ils avaient perdu la première, lorsque l’immense majorité de la communauté scientifique, une bonne partie des pays de l’OCDE, l’Agence internationale de l’énergie et beaucoup d’ONG étaient parvenues à inscrire le risque climatique à l’agenda régulier des nations. A Doha, c’est l’échec et peut-être la triste réalité décrite dans ce journal (LT du 19.12.2012) par Raphaël Arlettaz, professeur d’écologie à l’Université de Berne : «[…] Nous sommes dans le déni des dommages que l’on cause à la biosphère et, par ricochet, à notre propre espèce. […] Même lorsque nous sommes conscients de notre impact, l’action nécessaire pour en éviter les conséquences n’est que rarement mise en œuvre.»

    Raphaël Arlettaz parle d’une incapacité intellectuelle à intégrer une menace à laquelle l’humanité n’a jamais été confrontée, «un mismatch évolutif». Au plan économique, cela se traduit par des prix d’énergies polluantes ou dangereuses pour l’évolution des espèces qui n’intègrent pas le futur, en dépit du lourd tribut déjà payé par l’humanité.

    Au contraire, l’impensable imaginé lors de l’élaboration du Traité de Kyoto est en train de se produire. Le charbon fait son retour en Europe, en Allemagne notamment, aux Etats-Unis et progresse fortement en Asie. Selon les derniers scénarios de l’Agence internationale de l’énergie, la consommation de houille, la forme la plus sale des énergies fossiles, pourrait surpasser celle de pétrole en 2017. Un cauchemar pour le climat et les maladies respiratoires, une source de pollution au mercure et, moins connue, de radioactivité.

    Autre révolution imprévue : l’abondance de gaz et de pétrole non conventionnels repousse sans doute d’une ou deux décennies la pénurie tant annoncée, le fameux «pic» pétrolier. Si l’on applique la thèse du biologiste, il est quasi certain que ce risque quantitatif ne soit détecté par les prix que la veille des mauvaises nouvelles. C’est les limites des bienfaits de la spéculation: dans le déni, les acteurs économiques ne changeront pas leurs pratiques.

    Le moment gris devient carrément sombre, à tel point que beaucoup imaginent déjà que la seule voie raisonnable est de jeter l’éponge et de se préparer à affronter frontalement les conséquences du réchauffement. Il existe pourtant une lueur d’espoir. Le développement des hydrocarbures pourrait être contrecarré par le manque d’eau et les coûts de plus en plus exorbitants du refroidissement.

    Michael Lieb­reich, directeur de Bloomberg Energy Finance, livre quelques chiffres intéressants dans l’une de ses dernières études. Les chaudières thermiques (gaz, charbon et nucléaire) utilisent des quantités phénoménales d’eau.

    Ainsi, une centrale à gaz de taille moyenne aux Etats-Unis (450 mégawatts, soit la moitié de la puissance d’une centrale nucléaire) consommera 74 millions de mètres cubes d’eau durant l’entier de son activité; une centrale au charbon de 1,3 gigawatt (1300 mégawatts) en engloutira 1,4 milliard de mètres cubes, soit sept fois la consommation annuelle d’eau de la ville de… Paris.

    Le bilan du nucléaire est encore plus sévère. Certes, il existe des tours de refroidissement. Une partie de l’eau est évaporée et retourne au cycle naturel, mais elle aura été prélevée à un autre endroit. Quant aux usines proches des rivières ou de la mer, leurs rejets «chauds» perturbent de plus en plus les écosystèmes. A tel point que des réacteurs nucléaires américains sont aujourd’hui à l’arrêt. Personne n’a oublié les très graves difficultés d’EDF à l’été 2003, contraint de stopper l’équivalent de 16 gigawatts de son parc nucléaire et thermique.

    De fait, selon un autre rapport que vient de publier l’Agence internationale de l’énergie, plusieurs projets de centrale nucléaire ou au charbon sont stoppés en Inde ou en Chine en raison des difficultés à les alimenter en eau.

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Rien qu’en Europe, on estime le secteur de l’énergie responsable pour 44% des prélèvements d’eau ou 8% de la consommation, principalement par les tours de refroidissement visibles au loin par leur grand panache blanc. En Asie, selon l’un des directeurs de General Electric, cité par Michael Lieb­reich, plusieurs grands projets de centrale thermique devront être tout simplement abandonnés, alors même que le risque de pénurie d’électricité est patent. Même en Arabie saoudite, pays qui regorge de pétrole, les besoins pour le refroidissement des centrales thermiques nécessaires à la dessalinisation de l’eau sont tels que le royaume va investir massivement dans l’éolien, contraint de réduire ses coûts liés à l’usage d’eau.

    Pour Michael Liebreich, la molécule bleue pourrait bien devenir le meilleur avocat des énergies vertes, solaire ou vent, qui consomment très peu d’eau. Mais le combat, une fois de plus, est inégal. Selon le New York Times, le lobby des énergies fossiles a dépensé, durant la campagne américaine, 153 millions de dollars pour promouvoir les énergies fossiles, contre à peine 41 millions pour les énergies propres. Au final, le facteur déterminant, ce sera celui des prix. Et là, les nouvelles sont plutôt rassurantes. Ce sera l’objet d’une chronique en 2013. De joyeuses Fêtes d’ici là.

    Le Temps (21 décembre 2012) http://fortune.fdesouche.com

  • La DCRI explique comment pirater un smartphone

     

    "On peut tout faire", selon le service de renseignement intérieur français. Effrayant. 

    Nous avions été intrigués en consultant le programme du congrès du Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE), qui s'est tenu à Paris. Le document promettait en effet une "démonstration sur les capacités de cyberattaque par un représentant de la DCRI", le service de renseignement intérieur français. Nous n'avons pas hésité une seconde : nous y sommes allés. Et nous n'avons pas été déçus.

    Si le commissaire de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) n'a pas fait de démonstration en "live" pour ne pas risquer de "dévoiler les photos de la maîtresse d'un des participants", il a toutefois expliqué à quel point il était facile de pirater un smartphone, captures d'écran à l'appui. Son but : sensibiliser les responsables de sécurité informatique des entreprises. Les smartphones des employés sont déjà un outil majeur pour l'espionnage industriel et étatique. La DCRI a donc réalisé "une présentation pédagogique de ce que risque une entreprise ou une organisation publique"

    Un logiciel qui fait tout

    "Aujourd'hui, le niveau de prise de conscience du risque est de zéro", a regretté le commissaire en relevant que le taux d'équipement de 10 % des smartphones en antivirus correspond au taux d'équipement des PC en 1990. Et le smartphone, "ça se pirate comme un ordinateur". Le scénario présenté par la DCRI est celui du vol à l'arraché d'un iPhone, mais personne n'est dupe : ça sent le vécu, comme on dit... 

     

     

    "En 30 secondes, le voleur a extrait la carte Sim", ce qui signifie que "l'opérateur ne peut plus effacer les données du téléphone à distance". Ensuite, il suffit au voleur d'extraire les données "avec un logiciel qui fait tout" et qui coûte "le prix de trois places pour le concert des Rolling Stones". Soit entre 400 et 1 500 euros (selon le placement !). Le code de verrouillage du téléphone passe à la casserole en quelques minutes. "Un code à quatre chiffres est cassé en trois à dix minutes, selon l'appareil." 

    "Apple, un château fort au pont-levis en carton" 

    Et mauvaise nouvelle pour les geeks : plus le téléphone est puissant, plus son processeur cassera rapidement son propre code à l'aide du fameux logiciel. Les codes à six chiffres tiennent jusqu'à 50 heures, et les codes à huit chiffres, jusqu'à 165 jours. "Tout peut être cassé, mais l'important ici est de ralentir l'accès aux informations sensibles", pour avoir le temps de prendre les mesures nécessaires, comme le changement des mots de passe et des clés de sécurité. Et de rappeler que huit chiffres, c'est bien, sauf si l'on met sa date de naissance ou celle de l'un de ses proches, trop faciles à deviner pour un espion. 
    Une fois le code de verrouillage du téléphone cassé, le logiciel s'attaque au "keychain", un fichier rassemblant de nombreuses informations sensibles. Temps nécessaire : 40 minutes. Et il ne faut pas se fier aux apparences : "Apple est un château fort... dont le pont-levis est en carton", ironise le commissaire. Grâce au keychain, l'espion trouvera toutes vos informations personnelles. Vraiment tout. Les identifiants pour se connecter à votre messagerie électronique, les codes d'accès au réseau de votre entreprise, tous les lieux où vous vous êtes rendu grâce à la mémoire du GPS, tous les codes Wi-Fi que vous avez un jour enregistrés, l'historique de votre navigateur web, vos photos et la géolocalisation qui les accompagne éventuellement, vos identifiants bancaires si vous avez installé l'appli de votre banque, etc. "Après un vol de smartphone, qui pense à changer sa clé Wi-Fi en rentrant chez lui ?" s'interroge l'homme. Avec raison... 

    Vos données lisibles à 15 mètres 

    Du côté du NFC (Near Field Contact), une technologie d'échange d'informations sans contact utilisée dans les smartphones, mais aussi dans les cartes de métro ou les documents d'identité, le constat est alarmant. Si les fabricants assurent que la lecture des données ne peut se faire qu'à trois centimètres d'une borne, la DCRI affirme pouvoir collecter ces informations à 15 mètres, soit 500 fois plus loin. Une révélation effrayante si l'on songe au respect de la vie privée. D'autant plus au moment où les banques proposent des cartes bancaires NFC, et des outils de paiement intégrés aux smartphones via le NFC

     

     

    "N'importe qui pourrait scanner vos données bancaires, même à trois centimètres. Cela peut se produire facilement dans le métro, par exemple", explique encore le commissaire. Avec une portée de 15 mètres, impossible de ne pas songer aux pires scénarios de science-fiction où les personnes sont suivies à la trace dans tous leurs déplacements... Hollywood n'avait simplement pas imaginé que cela se ferait via les cartes de métro ou les cartes bancaires... 
    La présentation du commissaire de la DCRI a eu le mérite de sensibiliser les responsables de sécurité présents dans la salle. Pour enfoncer le clou, il a diffusé à la fin de son intervention une vidéo prise en caméra cachée dans une chambre d'un "hôtel asiatique", où l'on voit des agents de sécurité s'intéresser au contenu du téléphone d'un visiteur européen pendant son absence. Leçon du jour : le smartphone, c'est l'outil parfait pour l'espionnage. Et de conclure sur une citation de l'acteur et humoriste Francis Blanche : "Il vaut mieux penser le changement que changer le pansement." Essayons d'y penser...

    Source Lepoint  http://www.oragesdacier.info/

  • BUFFON : Vulgarisateur, scientifique et philosophe

    Pline l’Ancien fut, au premier siècle de notre ère, l’auteur d’une Histoire naturelle dans laquelle, les siècles suivants, jusqu’à Darwin lui-même, ne cessèrent de puiser (1). L’année 1707 a vu naître un “Pline du Nord”, le Suédois Karl von Linné, et un “Pline français”, Georges-Louis Leclerc, futur comte de Buffon. Pour célébrer ce tricentenaire, une sélection de textes et d’illustrations de l’oeuvre de celui-ci a été publié dans la collection de la Pléiade (2).
    Intendant au Jardin du Roi
    Au muséum, une exposition : Buffon et Linné, un regard croisé sur la science, marque le début de l’année Buffon. En 1735, paraît le Systema naturae de Linné qui présente une classification de plantes, fondée sur les caractères tirés du nombre et de la disposition des étamines, ainsi qu’un ouvrage similaire consacré aux animaux. L’un et l’autre feront autorité pendant plusieurs siècles.
    En 1739, Buffon, fils d’un conseiller au Parlement de Bourgogne, originaire de Montbard, est nommé Intendant du Jardin du Roi, peu après la mort de Charles-François de Cistenay du Fay. Ce savant avait eu le mérite d’insuffler un esprit nouveau à une institution jusqu’alors gérée de façon strictement professionnelle par des médecins. Il en a fait un jardin d’essai, ouvert à toutes les espèces, et non plus seulement aux végétaux de la pharmacopée. Se sentant décliner, il avait écrit à Maurepas, secrétaire de la Maison du Roi et ministre de la Marine, soucieux de promouvoir la production du bois destiné à la construction de navires, pour y recommander Buffon. Car ce jeune homme avait fait dans ses propres forêts des observations dont les résultats avaient donné lieu à des mémoires, rédigés en collaboration avec lui et présentés à l’Académie des Sciences. Ainsi, Buffon a pu l’emporter sur de redoutables concurrents : Maupertuis, Duhamel de Monceau.
    Son intendance dure cinquante ans. Il achète des terrains, double la superficie du Jardin, enrichit ses collections et s’entoure d’un brillante équipe dont Antoine-Laurent de Jussieu et Louis Daubenton, son compatriote de Montbard. Indiscutablement, Buffon se révèle un grand administrateur. Il s’intéresse aux flores d’outre-mer, entretient par exemple une correspondance avec un médecin de Cayenne, et, pour encourager les envois d’échantillons, il fait créer un brevet honorifique de “Correspondant du Jardin du Roy”. Mais alors que dans sa jeunesse il avait été un “touche à tout” intellectuel (3), Buffon reçoit de son ministre une mission précise : entreprendre un catalogue des collections accumulées dans ce “cabinet du Roy” qui dépend du jardin. De cette tâche, naîtra l’Histoire naturelle. Buffon se trouve encouragé par la parution de l’Histoire générale des voyages de l’abbé Prévost (4) dont le succès montre le goût du public pour la nature et l’exotisme.
    L’Histoire naturelle
    En septembre 1749, paraissent les trois premiers volumes in-4° de l’ Histoire naturelle générale et particulière. Cette première édition (entre 500 et 1 000 exemplaires) est épuisée en six semaines. Suivent une édition in-12°, où les illustrations sont réduites, une édition hollandaise en français, une traduction allemande.
    Dans tous les cercles où l’on se pique de sciences ou de belles lettres on lit, ou on affirme avoir lu Buffon. De fait, ses descriptions d’un style à la fois clair et majestueux, sont très vivantes (5). On lit et on fait lire aux enfants des textes appelés à devenir célèbres : sur le chien, sur le chat, sur le loup, sur le cheval, « la plus belle conquête que l’homme ait jamais faite », etc. (6). Consécration de son talent littéraire, Buffon est élu à l’Académie française. Au lieu de faire l’éloge de son prédécesseur, ainsi qu’il est de tradition, il prononce, le 25 août 1753, un Discours sur le style, « un classique de l’art oratoire » que des générations d’élèves étudieront jusqu’au XX° siècle...
    Cependant, on remarque dans ce texte que ce n’est pas l’esthétique des Lumières que Buffon admire, mais celle du Grand Siècle. Il est alors au sommet de sa gloire. Drouais exécute de lui un portrait où, selon le mot de David Hume, il semble vêtu comme un maréchal de France ! Il continue à publier des tomes de l’Histoire naturelle présentant des animaux sauvages d’Europe, et commençant, conformément au plan initial, l’étude des espèces exotiques.
    Sa vie semble pleinement réussie, d’autant plus qu’il a épousé une demoiselle de vieille noblesse bourguignonne qui lui a donné un fils, surnommé “Buffonet”, chargé en 1783, d’aller offrir à Catherine II le buste de son père par Pajou (7).
    Buffon a des collaborateurs de talent, dont l’abbé Bexon, Lamarck dont il soutiendra la publication de La Flore française, Lacepède qui écrira le volume consacré aux cétacés et aux reptiles. Il est ami de Mme Necker et apparaît parfois dans son salon. Il devient industriel : des forges installées à Buffon, près de Montbard, sont une affaire fructueuse. En outre, elles lui permettent de réaliser l’expérience, puérile, de boulets portés au rouge pour étudier le refroidissement de la terre.
    Autorité scientifique ?
    Il se pose en autorité scientifique et ose critiquer les travaux de Linné, alors que l’ensemble de son Histoire naturelle relève de la synthèse de travaux antérieurs et de leur vulgarisation bien plus que de la présentation de résultats de recherches personnelles.
    Dans son Histoire de l’homme, il affirme que les différentes races humaines relèvent d’ensembles bien distincts, existant depuis les origines. Toutefois, s’il ne s’affirme pas, comme Voltaire, polygéniste, il n’en appartient pas moins au courant “philosophique” alors en vogue. Il témoigne de la sympathie à Diderot emprisonné à Vincennes, et à Rousseau, en conflit avec ses compatriotes. Mais si les philosophes reconnaissent en lui un membre de leur famille de pensée, il se montre personnellement d’une extrême prudence.
    Extrême prudence
    Le 15 janvier 1751, les députés et syndic de la faculté de théologie de Paris « lui font parvenir une liste de quatorze extraits de l’Histoire naturelle jugés non conformes à l’enseignement de l’Église. Le 12 mars, il fait amende honorable, du moins formellement, sur tous les points relevés par la Sorbonne. Il proteste de sa bonne foi, et affirme que son intention n’a jamais été de contredire le texte de la Bible. Comme son système personnel est purement hypothétique, dit-il, “[je] ne peux nuire aux vérités révélées qui sont autant d’axiomes immuables, indépendants de mes hypothèses personnelles, et auxquels [j’] ai soumis et [je] soumets mes pensées”. » (8)
    À la tension intellectuelle, qui prend de plus en plus d’importance, et aboutira plus tard aux thèses évolutionnistes de Lamarck et de Darwin, Buffon offre une solution, en opérant une coupure radicale entre sciences (de la nature) et théologie (de la Création). Comme Linné, il a choisi la voie d’un accommodement prudent.
    Les pages consacrées à la mort, dans son Histoire naturelle de l’homme, « sans être fondamentalement irréligieuses, n’ont assurément rien de très chrétien ; elles ont des accents éminemment épicuriens, évoquant le ton de Lucrèce dans le chapitre III du De rerum natura » (9).
    René PILLORGET, professeur émérite d’histoire à l’université d’Amiens et à l’Institut catholique de Paris L’Action Française 2000 du 6 au 19 septembre 2007
    1 - Jacques Arnould : Dieu versus Darwin. Éd. Albin Michel, (pp. 168-170).
    2 – Buffon : OEuvres. Préface de Michel Delon. Textes choisis, présentés et annotés par Stéphane Schmitt, avec la collaboration de Cédric Crémière. Remarquable illustration, notamment. Éd. Gallimard, 2007.
    3 - Pierre Chaunu : La Civilsation de l’Europe des Lumières. Éd. Flammarion, 1982 (p.220).
    4 – Abbé Prévost : Histoire générale des voyages. Paris, Didot, 1746- 1780. 20 volumes. Manon Lescaut est du même auteur.
    5 – Ed. La Pléiade : ex. Le chien (p. 640, 688), Le chat (p. 689), Le loup (768), etc.
    6 – Ibid : Le cheval (p.503)
    7 – Georges-Louis-Marie Buffon dit Buffonet. « Le plus pauvre chapitre de l’Histoire naturelle » selon Rivarol. Ce malheureux garçon, compromis dans un hypothétique complot, fut exécuté le 22 messidor an II.
    8 – Ed. La Pléiade. Correspondance avec la Sorbonne (pp. 411-420).
    9 – Ibid, pp. 1462-1463, note 19. Buffon mourut à Paris, le 16 avril 1788, en présence de Mme Necker, et après avoir reçu l’extrême onction : « On le doit au culte public » aurait-il déclaré à Hérault de Sechelles (cf. Ibid. p. LXXVI). Ses obsèques furent célébrées en grande pompe.

  • Bioéthique : la dérive

    C'est exactement ça. La France a le courage de se doter d'une loi bioéthique qui encadre et limite les droits des chercheurs et des médecins dans le domaine fondamental de la vie humaine. Mais en même temps, de révision en révision, le législateur laisse passer des transgressions de plus en plus manifestes. Il n'y a pas d'amarre solide à une certitude de référence - pourtant la marque des lois françaises « classiques » est dans la concision et la clarté de ces principes juridiques, qui permettent de faire l'économie de longues descriptions et d'énumérations qui limitent en réalité le champ de la loi. Plus on rentre dans les détails, plus on perd de vue l'essentiel, et plus on court le risque de laisser des portes ouvertes parce que telle éventualité, et, dans le cas qui nous préoccupe, telle nouvelle technique n'auront pas été imaginées.
    Le principe était pourtant simple. Et le droit français le respecte dans le domaine successoral. Il remonte à l'Antiquité, au temps où l'on ne savait pas ce qu'est exactement l'enfant à naître dans le sein de sa mère, et il aurait permis de régler par avance tous les problèmes : Infans conceptus pro natus habetur quoties de commodis ejus agitur - l'enfant conçu est tenu pour déjà né chaque fois qu'il y va de ses intérêts. Principe raisonnable et non confessionnel s'il en est : c'est une fiction juridique qui - déjà ! - pose, il y a plus de 2 000 ans, une sorte de principe de précaution. Vous pouvez croire ou non que l'enfant conçu, l'embryon, est une personne. Mais vous ne pouvez pas faire comme s'il n'était pas un être humain, un sujet de droit, à qui sont dus le respect de l'intégrité de sa vie, et la protection face aux mauvais traitements.
    Les députés, réunis pour un passionnant débat au Palais Bourbon, ont achevé dans la nuit de jeudi à vendredi l'examen des amendements proposés au projet de révision des lois bioéthiques, en attendant une adoption solennelle prévue pour mardi prochain. Débat passionnant parce qu'on s'y est réellement battu contre les dérives de la culture de mort, de l'eugénisme, de la chosification de l'être humain, mais débat à la marge où des députés courageux ne pouvaient qu'essayer d'élever des digues ponctuelles face à des scientifiques et des politiques fascinés par le pouvoir sur l'homme, ou animés d'une « compassion » dont ils ne mesurent pas les dangers, ni les erreurs.
    Sans coup de théâtre d'ici à mardi, ont donc été adoptés des amendements aggravant le sort du tout-petit d'homme. La recherche sur l'embryon, interdit en principe, bénéficiera d'autorisations plus larges de la part de l'Agence de biomédecine. La procréation médicalement assistée (PMA), qui permet de fabriquer des embryons en éprouvette, sera ouverte aux couples non stables. Le don d'ovocytes (sperme et ovules), maintenu anonyme contrairement à la proposition de Roselyne Bachelot, sera possible pour les hommes et les femmes n'ayant jamais eu d'enfants. Et pour améliorer les stocks, sans doute - alors que 150 000 embryons humains sont déjà gardés « hors du temps » en France dans leurs cuves d'azote - une technique de congélation plus efficace, la vitrification, a été approuvée. Rejetée, la proposition de ne laisser féconder que trois ovules par PMA, ce qui aurait limité le nombre d'embryons détruits ou conservés : cette limitation paraissait « dramatique » à Bernard Debré qui ne voit pas « au nom de quoi on limiterait le nombre d'embryons à féconder ». Jouer avec la vie de l'homme, cela anesthésie très efficacement.
    Le diagnostic prénatal est lui aussi conforté, dans une moindre mesure que celle voulue par le gouvernement mais tout de même avec une nouvelle obligation faite au médecin de proposer tout examen, relative à une condition susceptible de « modifier » le cours de la grossesse, « lorsque les conditions médicales le nécessitent ».
    A ce propos on a voulu faire croire qu'on récuse l'accusation d'eugénisme (comme celle portée par Marc Le Fur) : Xavier Bertrand a voulu prouver l'absence de celui-ci en indiquant que « sur 6 876 IMG il y a 505 dépistages de trisomie : cela prouve que ce n'est pas la trisomie qui mène à une IMG ». En fait, ce n'est pas seulement la trisomie. Mais 96 % des trisomiques sont victimes d'avortements tardifs. Les opposants ont cependant obtenu, et c'est nouveau, une information des femmes pour qu'elles puissent connaître des familles ayant accueilli des enfants handicapés, et un délai de réflexion d'une semaine.
    Pendant les débats, les accusations de catho-intégrisme ont fusé de la part des partisans de gauche de la dérive bioéthique. C'est ainsi qu'on veut faire taire la voix de la vie. Raison de plus pour la faire entendre plus fort.
    J.S. Présent du 12 février 2011