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  • Gilets Jaunes : de l’essoufflement à la prise de conscience ?

    Gilets Jaunes : de l’essoufflement à la prise de conscience ?

    Réflexion de Franck Abed :

    Personne n’aurait pensé en octobre 2018 que les Gilets Jaunes continueraient leurs manifestations en mars 2019. Comme nous l’avons déjà écrit, la détresse de ces derniers et leur grande motivation ne doivent jamais nous faire oublier le sérieux dramatique et désillusionné du constat politique. Il était naïf de croire que les Gilets Jaunes pourraient changer le rapport de force entre les dominants et les dominés. En réponse, Macron leur a accordé le « Grand Débat National », qualifié par Mélenchon de « grand bavardage macronien ». Le GDN a montré les deux faces de la comédie républicaine : « la dictature, c’est ‘ta gueule’ ; la démocratie, c’est ‘cause toujours’ ». Pour être clair, nous n’obtenons jamais le droit à la parole, et si les responsables politiques, pour calmer l’ire populaire, semblent l’accorder, ils s’en moquent en réalité éperdument.

    D’une manière générale, nous constatons que ni les revendications des Gilets Jaunes, ni bien sûr les thèmes imposés par l’exécutif pour le GDN, n’abordent les vrais sujets : Dieu, la France, la légitimité politique, les questions institutionnelles, la morale et les mœurs – en particulier les attaques continuelles contre la famille – la souveraineté de notre pays, l’immigration légale et clandestine, la crise identitaire, la propriété privée face à la confiscation d’état, etc. Est-ce là l’explication principale de l’insuccès de cette « révolte citoyenne » et du GDN ? Nous le pensons fortement. Posons le sujet clairement et reprenons les trois tamis du grand Socrate : vérité, bonté, utilité. Les sujets évoqués esquivent la vérité : pour beaucoup, ils expriment un ressenti personnel ou sentimental. La bonté est quant à elle mise à mal par des violences que le pouvoir sait sinon susciter, du moins laisser faire, et instrumentaliser pour manipuler l’opinion. Quant à l’utilité… : à quoi cela sert-il de contester un système si, en définitive, les « contestataires » ne le remettent pas en cause dans ses fondements ?

    Alors que notre pays traverse une crise religieuse, (géo)politique, sociale, philosophique et morale sans précédent, les préoccupations de beaucoup de Français se concentrent sur les taxes, les vacances estivales, la météo pour pouvoir déjeuner dehors, l’élimination des clubs français de football des compétitions européennes, leur future coupe de cheveux ou le prochain tatouage maori sur l’épaule… Toute proportion gardée, nous vivons la chute de Rome. Nous sommes très peu à nous en rendre compte. A quand une prise de conscience massive ?

    Rappelons tout de même que les Gilets Jaunes n’ont, selon leurs propres chiffres, jamais réuni plus de 300 000 manifestants dans la rue (1). Alors oui, chacun sait que pour le comptage il existe souvent un décalage entre les données fournies par les organisateurs et le gouvernement. C’est encore le cas dans notre affaire. Néanmoins, nous remarquons que la tendance relevée par les Gilets Jaunes et le Ministère de l’Intérieur montre clairement une baisse de la mobilisation depuis l’Acte IX du 12 décembre 2019 : l’écart porte sur le niveau de mobilisation, non sur l’évolution de fond. Tout indique clairement une courbe descendante, et il n’y a rien d’étonnant à cela… Nous l’avons répété maintes fois depuis des mois : les Gilets Jaunes ne perçoivent pas l’enjeu civilisationnel de notre époque.

    Sisyphe fut condamné par les dieux – pour les avoir défiés – à essayer éternellement de faire rouler jusqu’en haut d’une colline du Tartare un rocher, qui, avant d’atteindre le sommet, redégringolait chaque fois tout en bas. Il y a un peu de cela chez les Gilets Jaunes. En effet, ils continuent leurs actions pour… les continuer. Le sens de leur combat semble s’être évaporé au fil du temps, car il s’est heurté à la fois au mutisme du gouvernement et à l’indifférence de la majorité des Français. Finalement, la dynamique n’a jamais penché en leur faveur. La première journée de mobilisation fut la plus forte et ensuite celle-ci s’est distendue, puis étiolée. Nous sommes loin de l’effet boule de neige. Pour ne pas se déjuger et perdre la face, ils appellent encore à défiler dans la rue les samedis. Mais c’est fini : les Gilets Jaunes ne renverseront pas le régime macronien. Ce dernier ne prendra pas réellement en considération la majorité des revendications. Ne serait-il pas enfin venu le temps d’une réelle prise de conscience politique ?

    Effectivement, depuis leur lancement, les Gilets Jaunes se sont trompés dans leurs idées et dans l’expression de celles-ci. Un seul exemple pour illustrer notre propos : au lieu de bloquer les Français aux péages ou aux ronds-points, il aurait fallu tenter de bloquer les institutions : l’Elysée, Matignon, le Sénat et l’Assemblée ? ou tout simplement les Impôts, Mairies, Préfectures. Nous sommes, nous Français, épris de liberté. France vient du peuple Franc qui signifie « homme libre ». Entraver notre liberté fut une véritable erreur tactique qui découle d’une très mauvaise analyse politique. Certains l’oublient d’ailleurs trop souvent, mais en République il faut demander le droit de manifester… En 1789 ou en 1917, je ne suis pas certain que les révolutionnaires aient supplié Louis XVI ou Nicolas II pour se réunir sur la place publique et mener leurs exactions. Autres époques, autres mœurs !

    Selon les chiffres de l’AFP, 400 à 500 000 personnes auraient participé à la grande farce de la consultation démocratique. Ajoutons à ce chiffre les Gilets Jaunes, et nous arrivons en tout et pour tout à moins d’un million de personnes qui ont concouru à ces deux exercices ‘démocratiques’, dans un pays où nous sommes 67 millions. L’exécutif déploie même toute son énergie pour trouver des participants en vue de clôturer les travaux du GDN. Cela en dit long sur le succès de cette entreprise… Quand est-ce qu’ils comprendront tous que la démocratie ne correspond pas à l’expression du génie de notre peuple ?

    Tocqueville ne figure pas dans notre panthéon intellectuel, mais nous reconnaissons qu’il a développées certaines analyses remarquables. Les institutions et les pratiques démocratiques, écrivait-il, « réveillent et flattent la passion de l’égalité sans jamais la satisfaire pleinement ». Les Gilets Jaunes et le « Grand Débat » illustrent parfaitement ce constat. A bien y regarder, le « grand bavardage » ressemble étrangement au RIC (2) réclamé par… les Gilets Jaunes. Les participants aux deux événements, souvent les mêmes d’ailleurs, oscillent entre l’espoir vain d’être entendus et la crainte réelle d’être trompés. Voilà la réalité démocratique que nous ne cesserons jamais de dénoncer. Elle s’érige d’elle-même en véritable imposture. Vouloir rester dans ce cadre institutionnel indique clairement qu’on ne mesure pas la nocivité d’un tel système. Et dire que des partis dits de droite, de droite dure, et de droite extrême soutiennent le RIC et la démocratie populaire. Pas étonnant qu’ils échouent depuis des années à conquérir le pouvoir ! (3)

    Macron a beaucoup de défauts, les plus importants étant ses idées politiques, mais ne faisons pas l’erreur de le considérer comme un stupide. Les Gilets Jaunes veulent le RIC. Il leur accorde un hochet auquel personne ou presque ne participe. Cependant, le Président pourra toujours expliquer qu’il a entendu les aspirations profondes des Gilets Jaunes en ayant organisé le GDN. Entendre n’est pas écouter ! Il faudrait être un véritable idiot ou une personne très cynique pour considérer que les inquiétudes, les révoltes, les crises dans lesquelles nous sommes plongés depuis des lustres, seront réglées par des logorrhées verbales sentencieuses…

    Dans un système sain, comprendre une monarchie catholique de droit divin, l’opinion publique (abreuvée par les mass médias), les sondages (réels ou truqués), les organisations financières nationales ou transnationales ne gouvernent ni n’exercent une pression négative sur l’Etat. Pourquoi ? Tout simplement parce que le Roi ne tire pas sa légitimité du peuple, de l’élection, ni de l’onction cathodique. Le pouvoir royal est absolu. Ce mot tire son origine du latin « ab-solutus », sans lien. Il faut comprendre cela comme être indépendant vis-à-vis des puissances terrestres, ce qui ne signifie pas sans entraves ni sans limite aucune. De plus, le Roi a pour lui la dimension du temps et l’expérience des siècles. Etant donné que sa place ne se joue pas à la compétition du tous contre tous, il dispose des marges de manœuvre nécessaires pour travailler, non pas à l’intérêt général, mais au bien commun. Louis XIII le Juste avait écrit : « La France a bien fait voir qu’étant unie elle est invincible, et que de son union dépend sa grandeur, comme sa ruine de sa division. » Ne l’oublions jamais, et commençons par être tous unis derrière la bannière fleurdelisée…

    Franck ABED

    (1) Le Nombre Jaune sur Facebook

    (2) Référendum d’Initiative Citoyenne

    (3) Lire « Panorama critique de la droite nationale » de l’auteur

    https://www.lesalonbeige.fr/gilets-jaunes-de-lessoufflement-a-la-prise-de-conscience/

  • Moins d’impôts, moins de taxes : les revendications originelles des Gilets Jaunes.

  • Le refrain de la "réponse sociale"

    6a00d8341c715453ef0240a471ebdf200d-320wi.jpgL'insubmersible Ian Brossat, pilier communiste de la majorité municipale parisienne, intervenait ce 19 mars sur RTL. Le jeune apparatchik était interrogé au micro d'Élizabeth Martichoux. Celle-ci lui rappelait l'étroitesse durable de son score prévisionnel en vue des élections européennes de mai. Les sondages accordent à la liste qu'il conduira, sous la bannière du PCF, environ 2 % des voix.

    Cette prévision décourageante lui était assénée par une interlocutrice usant d'une certaine lourdeur rhétorique, coutumière à cette radioteuse. Concédons-lui, à vrai dire, qu'elle s'adresse chaque matin, semble-t-il efficacement, à plus de 700 000 auditeurs[1], dont quelques crétins nécessitant qu'on écrive en gros caractères.

    Quant à son invité, une autre constante ne manquait pas de réjouir les habitués du discours des responsables communistes : leurs doctrines et leurs vieux trucs ne changent jamais.

    Un mot d'ordre familier se dégageait, en effet, de son propos : la nécessité, l'urgence, l'impératif, d'une réponse sociale.

    Auparavant, le camarade Brossat nous avait servi un argument, comique mais inusable, tel un geste de vieux clown : 1/3 des candidats de sa liste, assure-t-il, n'appartiennent pas au parti.

    Une telle évaluation, officielle, quasi statutaire, a longtemps servi à la CGT à hauteur de 1/2. La moitié des responsables cégétistes étaient étiquetés non-communistes. Ceci a duré longtemps, à partir de 1943, jusqu'au jour où la centrale stalinienne n'a plus disposé d'un nombre suffisant de faux chrétiens vraiment de gauche, de membres cryptocommunistes du grand orient, de soi-disant résistants de septembre 1944, de patriotes autoproclamés en 1941, de prétendus progressistes et autres dociles compagnons de route pour peupler ses comités et instances dirigeantes. Elle s'est vue alors obligée de baisser ses prétentions, pour arriver, autour de l'ère Krasucki, à ce 1/3.

    Or cette vieille nuisance exerce toujours une sorte d'antériorité et de primature idéologique, sur toute la gauche française, et même au-delà, sur l'université, sur les comités de rédaction, sur le sciences-po dénaturé par Richie[2] Descoings, et sur tous les ateliers du prêt à penser de la technocratie parisienne.

    Les mots d'ordre que diffuse le PCF n'entraînent presque plus personne de manière directe.

    En revanche ils explicitent ce que les autres formations, les autres revues, les autres tendances, toutes issues, elles aussi, de la nébuleuse marxiste, développent de manière biaisée, diffuse et alambiquée. Et, en cela, la disparition de L'Humanité, si un jour les tribunaux de commerce consentent à en finir, avec ce qui reste de cette officine subventionnaire, priverait l'observateur d'une grille de lecture simple.

    L'intervention de Brossat sur RTL rend le même service. Elle livre, brutes de décoffrage, deux clefs des ritournelles que l'on va entendre, plus subtiles, de la part de la gauche la plus intelligente du monde, mais aussi hélas, des pseudo-centristes, et autres perroquets politiquement corrects.

    D'une part : opposition à toute forme de répression. Brossat décline "pour sa part" toute responsabilité dans la violence des autres. Mais il s'oppose à ce qu'il appelle la répression. Pas question d'appliquer le Code pénal. Ce petit livre rouge dispose pourtant en son article 322-6 : "La destruction, la dégradation ou la détérioration d'un bien appartenant à autrui par l'effet d'une substance explosive, d'un incendie ou de tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes, est punie de 10 ans d'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende." N'évoquons même pas l'apologie du crime. Elle semble bénéficier de la liberté d'expression.

    Selon les jours, alternativement, le pouvoir se réclame plus ou moins de la fermeté. Les fonctions exécutives ou judiciaires dans un État de droit devraient obéir aux règles fixées par l'ordre législatif. Mais la ministre Belloubet, quoique juriste, ne paraît guère vouloir s'investir dans de telles rigueurs. C'est manifestement à contrecœur que, garde des Sceaux, elle voit son administration traiter, avec retard les milliers de dossiers d'activistes d'extrême gauche, de pillards opportunistes et autres provocateurs, lesquels ont pollué, avec le concours de la pensée unique étatiste de gauche, un mouvement se présentant au départ comme un légitime sursaut contre le fiscalisme.

    D'autre part : plutôt que de réprimer, on se propose de trouver des excuses. Le criminel, le délinquant, ne doit jamais, dans cette philosophie misérabiliste, être tenu pour responsable. La faute incombe toujours à la société. Et pour la réparer quoi de plus naturel que de faire payer les contribuables, les honnêtes gens, pardon : les salauds de bourgeois.

    On appelle cela : donner plus de moyens[3], en particulier à cette école étatique monopoliste aux résultats éducatifs si brillants.

    Foin de la loi, par conséquent, vive la réponse sociale : on en sort difficilement de ce discours d'origine marxiste.

    JG Malliarakis  

    Apostilles

    [1] Rappelons à cet égard les chiffrages de l'audimat : RTL obtenait 11,2 % de part d'audience sur janvier/mars 2014, selon Médiamétrie. La radio reste également numéro 1 en durée d'écoute, avec 2 h 26 chaque jour et numéro 1 à chaque instant avec 762 000 auditeurs en moyenne par quart d'heure. La station est la seule au-dessus de 10 points. Viennent ensuite France Inter et Europe 1, avec respectivement 8,9 % et 8,1 % . La première "musicale", NRJ, venaint en 4e position, avec 7,7 % sur la période. Elle est suivie par RMC avec 6,8 % et France Bleu 6,7 %.
    [2] cf. Le livre indispensable de Raphaëlle Bacquet "Richie" (ed. Grasset)
    [3] Dans ce registre j'avoue avoir souri en lisant les caricatures de Fabrice Erre, enseignant et auteur de BD, "Il n'y a pas de fatalité. Une année au lycée"

    https://www.insolent.fr/

  • L’inébranlable Castaner – Journal du mercredi 20 mars 2019

     

    L’inébranlable Castaner

    Christophe Castaner enchaîne les fiascos et se maintient. Après les violences et les saccages des Champs Elysées, le ministre de l’Intérieur a sauvé sa peau sans mal en se débarrassant du préfet et des responsables de la sécurité parisienne. Une manière de se décharger de ses responsabilités… mais jusqu’à quand ?

    Brexit : J-10 ou pas ?

    Empêtrée dans une crise intérieure, Theresa May a réclamé un report de la date du Brexit au président du Conseil Européen Donald Tusk. Un délai qui divise Bruxelles.

    4000 SDF à Paris : le fiasco de Macron

    Il en avait fait une des priorités de son quinquennat, Emmanuel Macron voulait en finir avec les SDF en France… Résultat deux ans plus tard : un chiffre qui explose et une situation encore plus dramatique…

    L’actualité en bref

    https://www.tvlibertes.com/linebranlable-castaner-journal-du-mercredi-20-mars-2019

  • Dysfonctionnement : le mot est faible

    6a00d8341c715453ef0240a49614ee200b-320wi.jpgDepuis maintenant quatre mois, le pouvoir jupitérien, tous ministres confondus, n'est pas parvenu à déjouer la montée des violences anarchiques inadmissibles développées à la faveur des manifestations des gilets jaunes.

    La première s'analyse à l'évidence en termes d'incompétence et de légèreté. Les deux ne se combinent pas toujours. Mais elles se conjuguent brillamment chez l'actuel ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Ses talents existent, comme souvent chez les politiciens méridionaux hâbleurs et roublards. Mais cela ne suffit pas plus aux métiers du maintien de l'ordre qu'à ceux de l'industrie lourde. Parler de dysfonctionnements paraît, une fois de plus, bien indulgent pour les hommes de l'État.

    À un tel niveau l'erreur de distribution des rôles relève, au-delà même du Premier ministre, supposé seulement proposer la composition de son gouvernement, mais au chef de l'État qui en nomme les membres, et auquel on ne peut en imposer aucun. Ceci fonctionne même dans les périodes dites de cohabitation[1].

    Une caricature impitoyable illustrait ce 19 mars, l'article de Jean-Dominique Merchet dans L'Opinion[2]. On hésite à la paraphraser.

    Député de droite de la bonne ville de Cahors Aurélien Pradié rappelait au président, ce 19 mars, son exclamation du 25 juillet dernier "Ce n’est pas la République des fusibles ! Le responsable c’est moi !".

    Par surcroît, il existe incontestablement une inhibition politique. Notre précédente chronique évoquait le complexe de Malik Oussékine. Freud définissait l'hystérique comme un malade souffrant de réminiscence. Celle-ci paralyse depuis 30 ans les pouvoirs publics. Thibault de Montbrial va plus loin, qui souligne à juste titre : "On paye deux mois de critiques sur la violence des policiers". Deux mois seulement, cher Thierry de Montbrial ? N'oublions pas, dans ce registre, le rôle, délétère et destructeur en toutes circonstances, du très chiraquien Défenseur des droits[3] Jacques Toubon.

    Or, à la suite des critiques à l'encontre de l’emploi des LBD, les syndicats de police se plaignent à leur tour des nouvelles munitions, moins puissantes, livrées à la veille du 16 mars et ils déplorent surtout les "consignes inappropriées".

    Face à la violence inouïe des agressions antipolicières, un officier ajoute même : "par prudence, on se retient par rapport à ce que le Droit nous autoriserait à faire, face à des émeutiers".

    Nul ne doit minimiser enfin, dans ce processus paralysant, le rôle de la magistrature syndiquée. Que Mme Belloubet ait été épargnée jusqu'ici par les médias relève d'une indulgence inexplicable.

    Répétons-nous : le mot dysfonctionnement paraît bien faible.

    JG Malliarakis  

    Apostilles

    [1] Il fallut une longue négociation pour faire accepter à François Mitterrand la nomination de Charles Pasqua en 1986 lors de la constitution du gouvernement Balladur.
    [2] article "Sécurité: les dessous d’un échec"
    [3] Invention de la réforme constitutionnelle de 2008, sous la présidence Sarkozy.

    https://www.insolent.fr/

  • Un policier révèle les méthodes étonnantes utilisées contre les Gilets Jaunes.

  • Général Vincent Desportes : « Cette décision d’utiliser Sentinelle est politiquement et humainement dangereuse. »

    Le général Vincent Desportes analyse la décision et les risques d’utiliser les militaires de l’opération Sentinelle pour les manifestations de samedi prochain : « On risque de se retrouver dans des situations compliquées. »

  • En Marche arrière toute

    6a00d8341c715453ef0240a447e7b3200c-320wi.jpgOn le pressentait déjà depuis plusieurs semaines, à la faveur notamment des interventions présidentielles dans le prétendu grand débat. Les espérances dans quelques velléités réformatrices annoncées lors de la campagne de 2017, se sont évanouies.

    Le simple fait de se contenter du fusible Delpuech, certes assez médiocre devant les caméras, victime expiatoire bon marché des violences inouïes du 16 mars, ne trompe évidemment personne. Il a été limogé, nous explique, avec toute la force de conviction qui se dégage de sa propre personnalité si charismatique, le Premier ministre Édouard Philippe, en raison de "consignes inappropriées" concernant l’usage du lanceur de balles de défense.

    On se demande presque, si ce qui lui est personnellement reproché ne serait pas d'avoir trop cherché à réprimer ou à contenir la furie des casseurs. Les images insupportables et les propos satisfaits, chargés de haine, non seulement des incendiaires mais même de prétendus responsables délirants, les déclarations d'un Ruffin ou celles d'un Fabien Roussel par exemple, devraient pourtant nous éclairer. Le nouveau chef que s'est donné le Parti communiste, Pierre Laurent se révélant décidément trop mou, Jean-Luc Mélenchon s'étant démonétisé, ose théoriser la France "au bord de la guerre civile".

    Et l'on enchaîne dans les médias autour de la légitime révolte que vient enrichir la mobilisation pour le climat. À partir de 1962 on a commencé à ironiser sur le thème de référendums consacrés à la double question, définie par les humoristes : "voulez-vous qu'il fasse beau et que le général De Gaulle reste au pouvoir ?" Une seule réponse par oui ou par non. Aujourd'hui, le ridicule s'est trouvé une interrogation rhétorique inversée : "voulez-vous qu'en 2040 il ne fasse pas trop chaud et que Macron soit réélu en 2022".

    Car la grande préoccupation n'est plus vraiment de rassembler les Français sur la base de promesses de réformes. Certaines s'étaient pourtant confirmées des plus urgentes et nécessaires. Elles restent à la traîne depuis les deux mandats de Chirac (1995-2007), l'enlisement de l'hyperactif hyperprésident Sarkozy (2007-2012) et le gros mollasson Hollande (2012-2017) soit aujourd'hui 24 ans de relatif immobilisme français.

    Dès 2007, François Fillon, au soir d'un jour estival ensoleillé dans l'île de Beauté, fatigué, exaspéré par les demandes entendues en Corse, avait osé lâcher qu'il se trouvait "à la tête d'un État en faillite". Mais, depuis, rien n'a suivi et, notamment, la dette publique de l'État central parisien, englobant celle des régimes sociaux, a explosé. Elle atteint désormais 100 % de la richesse annuellement créée comptabilisée sous le nom de produit intérieur brut.

    Parmi les réformes dont l'évidence saute aux yeux, figure celle des 42 régimes de retraites par répartition recensés docilement par les commentateurs agréés. Le candidat Macron s'était acquis, sur ce terrain, une image de courage. On se souvenait alors qu'il avait fait fonction, sous le quinquennat Sarkozy de secrétaire du comité Attali, puis, sous le quinquennat Hollande, l'un des principaux inspirateurs de la loi El Khomry.

    Summum des promesses : on allait enfin aligner le calcul des droits à pensions et celui de l'âge de départ dans la fonction publique et le secteur privé. Sur le papier : parfait.

    Premier accroc : la nomination d'un Haut commissaire chargé de ce projet en la personne du chiraquien Delevoye, caricature du franc-maçon, tel que défini par Jean Rigaud comme : "sensuel et sans férocité". Avec lui, dont on aimerait mieux connaître la situation relative aux droits à pensions, comme tout va bien, on risque d'être assuré que rien ne bougera vraiment.

    Sa récente controverse avec Agnès Buzyn ministre de la Santé confirme en effet ce pressentiment. Théoriquement, je veux dire : juridiquement, en charge de l'ensemble de la sécurité sociale, laquelle comprend la branche vieillesse et sous l'ombre de la citadelle Bercy bien entendu, elle a osé, mentionnant sa formation de médecin, considérer que l’âge légal de départ à la retraite, actuellement 62 ans en France contre 65 ans en Allemagne, en Belgique ou au Danemark, et beaucoup plus dans certains pays, pourrait donc augmenter en France, du fait de l'allongement de l'espérance de vie, sans qu'elle formule d'objection à cette hypothèse. Horresco referens. Le Haut-Commissaire Delevoye manifeste son exaspération. Blanc sur rouge rien ne bouge disent les œnologues : avec Delevoye, soutenu par Raffarin, tout fout le camp.

    Pour revenir et bien comprendre, par conséquent, les dispositifs policiers défaillants du 16 mars, il convient de mesurer la peur panique de Jupiter et de ses Olympiens, tétanisés devant l'hypothèse d'un nouveau Malik Oussékine, dont la mort accidentelle en 1986 bloqua la réforme Devaquet.

    Que les protestataires, aussi bien la nuisance black blocs que les manifestants radicalisés et les pillards opportunistes se félicitent publiquement et ouvertement, des incendies, des dégradations et de leurs hauts faits de récupération individuelle, tout en refusant d'endosser les conséquences de leurs actes et de leurs délires verbaux, tout cela demeurant impuni, en dit long sur la dérive et les renoncements prévisibles du quinquennat.

    JG Malliarakis

    https://www.insolent.fr/2019/03/en-marche-arriere-toute.html

  • Le jaune, le noir et le pouvoir

    6a00d8341c715453ef0240a44766b2200c-320wi.jpgAinsi l'acte XVIII des gilets jaunes nous a-t-il donné l'occasion de rappeler plusieurs caractéristiques de cette crise d'un genre nouveau.

    Toutes origines confondues, vrais gilets comme black blocs ou simples pillards, on a compté officiellement plus de 14 000 manifestants, dont, fait nouveau, les trois quarts à Paris.

    Des violences intolérables ont été commises sur les Champs-Elysées par l'extrême gauche. Des dégâts considérables ont été infligés à 80 enseignes pillées et vandalisées, autant à de petits kiosquiers qu'aux boutiques de luxe, au Fouquet's ou au Drugstore Publicis. Mais la voyoucratie trouve toujours quelques bons apôtres pour les excuser au nom de l'idéologie.

    Tout le monde savait la veille que les forces de l’ordre redoutaient un regain des actions violentes. On ne doit donc pas s'étonner des protestations politiques. Elles sont venues aussi bien de la mégère Hidalgo à gauche, que de François-Xavier Bellamy, chef de file de la liste de droite en vue des Européennes. Celui-ci ne manque pas de déplorer que "l'ordre républicain n'est plus assuré dans Paris" et de souligner que "jamais l'État n'a baissé la tête à ce point-là[1]".

    Première caractéristique : le contraste de plus en plus affirmé entre le jaune et le noir.

    Autant ce qui demeure de la protestation proprement dite réaffirme son aspect initial pacifique sinon bon enfant. Certains allaient même jusqu'à se mêler à l'affligeante manif climatique des bisounours. Autant, de leur côté, les casseurs et autres black blocs donnent la mesure de leur sauvagerie.

    Cette frange ultra-violente est évaluée par le ministère de l'intérieure entre 1 000 et 1 500 activistes. Or, cette nuisance s'est montrée, plus que jamais, bien distincte des porteurs de gilets, ne serait-ce que par leur accoutrement noir.

    Une deuxième question interpelle désormais aussi une part importante de l'opinion publique comme des commentaires médiatiques. Nous la posions dès le 26 novembre[2] : celle des responsabilités de l'actuel occupant de la place Beauvau.

    Quand tirera-t-on les leçons de son incompétence ?

    Car enfin à qui fera-t-on croire qu'il se révélerait impossible, dans un pays si anciennement administré et centralisé comme la France, de prévoir en mars les événements qui se sont produits, et reproduits, depuis novembre et décembre.

    Certes, en 2008 ce fut une double erreur de la présidence Sarkozy et de son ministre de l'Intérieur Hortefeux de supprimer, sans la remplacer, la Direction centrale des Renseignements Généraux. La création de la nouvelle DCRI vit fusionner cette vieille machine remontant à la Troisième république, aux fonctions multiples, pas toujours bien remplies, avec la DST. En 2014, lorsque le gouvernement Valls chercha à remettre en place le Renseignement territorial (SCRT) il lui assigna un rôle précis, celui d'informer le gouvernement sur l'état de l'opinion et des mouvements sociaux. Nous payons donc des impôts pour ce service public. Il emploie 2 600 fonctionnaires. Son patron, Henri Bricq, a été nommé en août 2017, donc par le gouvernement d'Édouard Philippe, sous le règne de Jupiter Ier.

    Et il ne semble pas, par ailleurs, que les autres missions de renseignement soient mal remplies par les services français, plutôt efficaces malgré des moyens matériels pauvrement dotés.

    Le pouvoir aurait, par conséquent, dû le savoir. L'acte XVII, le 9 mars, avait été marqué, avec 28 000 gilets jaunes recensés dans l'Hexagone, par la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement. Mais en vérité on pouvait s’attendre à voir, pour l’acte XVIII du 16 mars, une remontée en nombre de manifestants, sinon sur toute la France, du moins à Paris sachant que les mots d'ordre gauchistes prétendaient, depuis plusieurs jours, frapper un grand coup dans la capitale, réalisant ainsi une réponse centralisée à l'opération grand débat s'achevant la veille, au 15 mars.

    Les mouvements de blacks blocs et les voyous de banlieue ne sont pas apparus si soudain que l'on ne puisse les identifier, les pénétrer, les suivre sur les réseaux sociaux, les ficher, au gré par exemple des milliers d'arrestations opérées depuis novembre etc.

    Ne succombons pas à la tentation d'imputer la médiocrité du dispositif à la malice du pouvoir. Certains l'imaginent désireux de capitaliser en sa faveur la frayeur des honnêtes gens. Cela semble faire beaucoup d'honneur à ces responsables du maintien de l'ordre qui n'ont su protéger que les Palais nationaux.

    Votre chroniqueur penche plutôt ici pour une explication qui se vérifie trop souvent : les coefficients B, comme bêtise, V comme veulerie, L comme lâcheté dont les valeurs paraissent assez élevées dans le cas du ci-devant maire de la charmante petite ville de Forcalquier. Nous n'avons pas affaire à un machiavel de sous-préfecture mais à un médiocre danseur de tango.

    JG Malliarakis  

    Apostilles

    [1] cf. BFM Politique. [2] cf. "Castaner ministre de la chienlit"

    https://www.insolent.fr/2019/03/le-jaune-le-noir-et-le-pouvoir.html

  • Violences à Paris : l’Etat faible et incompétent, par Ivan Rioufol

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    Les lampistes paieront, après le saccage des Champs-Elysées, samedi, lors de la 18e mobilisation des Gilets jaunes. Le préfet de Paris pourrait notamment y laisser des plumes. Toutefois, Emmanuel Macron et Christophe Castaner ne s’en tireront pas à si bon compte. Ils ont eux aussi à répondre devant l’opinion de leur légèreté. L’amateurisme du ministre de l’Intérieur est devenu une risible curiosité devant tant de maladresses accumulées. Il y a une semaine, Castaner se laissait voir dans une boite de nuit branchée de la capitale en train de siffler des verres de vodka. Samedi matin, il estimait devant des télévisions que les Gilets jaunes avaient perdu : une auto-persuasion visiblement insufflée par le chef de l’Etat, parti skier pour le week-end avec son épouse dans les Pyrénées, à La Mongie. Le retour précipité de Macron, samedi soir, dit à lui seul l’imprévoyance du pouvoir et sa constante incapacité à mesurer la gravité de la révolte populaire. Avant de faire le procès des Gilets jaunes, il faut s’arrêter sur l’incompétence des plus hauts dirigeants.

    Macron, qui prétend représenter le parti de l’Ordre, se montre aux yeux du monde comme le président d’un Etat incroyablement fragile. Samedi, 1 500 casseurs ont été laissés en paix pour mettre à sac durant 10 heures plus de 90 commerces le long de l’avenue. Une banque a été incendiée, mettant en péril les habitants des étages supérieurs. Le Fouquet’s, célèbre restaurant, a été vandalisé. Quatre kiosques à journaux ont été brûlés. Ce lundi sur RTL, Laurent Munez, bras droit de Castaner, a estimé que tous les Gilets jaunes présents samedi à Paris (10.000) étaient des “ultras”, sans “aucune distinction”. Pour sa part, le premier ministre avait tenu à distinguer entre les manifestants et les incendiaires.

    Cette faiblesse de l’Etat est aggravée par son aveuglement idéologique. Depuis le début, Macron met en garde contre la “lèpre qui monte” avec les nationalistes, tandis que des ministres alertent sur la ‘peste brune’, qu’ils assimilent aux citoyens en colère. Or la plupart des observateurs s’accordent à reconnaître que l’extrême droite n’a tenu qu’un rôle marginal, sinon inexistant, dans les dernières violences. Seule Anne Hidalgo, maire de Paris, assure avoir vu, ce week-end, “des groupes d’extrême droite” à côté des pilleurs. En réalité, ce sont 1 500 black-blocs, antifas, anarchistes, zadistes, islamo-gauchistes qui ont librement semé la terreur en signant leurs actes. Parmi les tags tracés sur les Champs-Elysées : “Intifada partout”. La plaque en mémoire du capitaine Xavier Jugelé, assassiné par un terroriste islamiste le 20 avril 2017, a été recouverte du sigle de l’anarchisme.

    Ces faits, observables depuis longtemps, devraient inviter les autorités à nommer les vrais coupables. Or il n’en est rien. Il y a bien eu la désignation d’un commission d’enquête parlementaire, à la demande de la France Insoumise (extrême gauche), mais elle vise… l’extrême droite : une tartufferie parmi d’autres. Reste aussi cette autre constatation inquiétante : il est exact que des Gilets jaunes excédés commencent à se laisser eux-mêmes gagner par la violence. Certains d’entre eux ont prêté main forte aux casseurs professionnels. Or cette banalisation de la brutalité risque de s’aggraver si le pouvoir persiste à jouer la montre tout en insultant quiconque lui tient tête, quitte à laisser le chaos s’installer pour décrédibiliser le mouvement. La France malade attend toujours, en urgence, un médecin. Elle n’entend pas croupir dans l’oubli. Faudra-t-il qu’elle hurle ?.

    Ivan Rioufol

    Texte daté du 18 mars 2019 et repris du blog d’Ivan Rioufol

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