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  • La “remontada” d’Emmanuel Macron? Logique

    macron-bis.jpgLe gouvernement  poursuit sa politique du court terme (après nous le déluge)  de bradage des bijoux de famille. Après les autoroutes et les barrages, sont programmées  les cessions d’actifs de  trois emblèmes nationaux  : Aéroport de Paris (après celui de Toulouse), Engie et La Française des Jeux (FDJ). Pour autant, les médias commentent ce matin l’incroyable, la formidable, l’inattendue remontada d’Emmanuel Macron si l’on en croit le sondage  Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud-Radio. Une hausse de la cote de confiance du président – 34% de Français approuveraient son action-  qui  tendrait à prouver que « cette fois, Emmanuel Macron reprend vraiment la main.»  Selon l’analyse faite par Paris-Match, « le président récolte les fruits de ses annonces du mois de décembre (10 milliards d’euros en faveur du pouvoir d’achat), de ses vœux offensifs du 31 décembre et surtout du lancement réussi de son grand débat » (sic).  « Il remobilise incontestablement son socle électoral, constate Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. Il séduit 42% des professions libérales et cadres sups (+17 points); 35% des cadres moyens (+4) », progresses chez les sympathisants de la droite libérale,  «et surtout il apaise enfin ses relations avec les 65 ans et plus puisqu’il gagne 16 points en deux mois (42%). »  Alors certes,  « le point de chute de ce grand débat est encore flou. Qu’importe, le président s’est redonné des marges de manœuvre » et désormais «  Emmanuel Macron se sent assez fort pour envisager un référendum. »  « Le président est, en tout cas, en campagne. Une campagne permanente. Pas pour l’Europe. Mais pour sa réélection. Il a tout simplement lancé la plus longue campagne de réélection de l’histoire de la Ve République. »

    Cette embellie de l’image d’Emmanuel  Macron   reste à confirmer  mais au-delà de cet article analysant très subjectivement  les résultats de cette enquête, il convient de noter que cette remontée est tout sauf surprenante. D’abord  parce que le débouché concret, politique  des manifestations des Gilets Jaunes n’est pas évident pour nos compatriotes, quand bien même  près de deux Français sur trois «approuvent» encore le mouvement (58% selon l’Ifop). Français abreuvés par les médias d’images de violences commises par l’extrême gauche, les casseurs, les antifas dont l’entrée en scène est une « divine surprise » (encouragée ?)  pour ce gouvernement en ce qu’ils salissent l’image de cette fronde populaire. Nos compatriotes inquiets du chaos, réprouvant  les violences,  se solidarisent  logiquement avec le monarque incarnant un  pouvoir garant de l’ordre républicain, quand bien  même sombre t-il dans des dérives inquiétantes (voir ici et ici).

    Pareillement,  la tentative de mainmise sur cette mobilisation par la gauche syndicale et politique (CGT, SUD, NPA, LFI, PC…) comme on l’a vu notamment hier avec  les défiles cégétistes auxquels avaient été habilement invités des  GJ, est désastreuse pour l’image de cette mobilisation citoyenne. Comment ne pas voir que cette gauche immigrationniste cégétiste,  qui a appelé à voter Macron à la présidentielle,  pour la constitution européenne en 2005,   est  bien  sûr  résolument  rejetée par une majorité de Français. A  commencer par cette France périphérique qui forme l’ossature, qui structure cette révolte populaire, patriotique,  qui réclame une véritable justice sociale, dénonce la fiscalisme confiscatoire et défend intrinsèquement des valeurs de droite.  Enfin, à quelques mois des élections européennes, il n’est pas aberrant  que le tiers de Français (encore) convaincu des bienfaits de l’Europe bruxelloise, se coalise derrière la figure de proue du seul parti, avec EELV à quelques nuances près, qui défende sans ambiguïtés le modèle eurofédéraste  et immigrationniste.

    Notre ressenti est d’ailleurs corroboré  par l’étude réalisée par  David Nguyen – Direction Conseil en stratégies d’influence au Département Opinion et Stratégie d’Entreprise de l’Ifop - portant  sur la  validité structurante du clivage  entre  « nationalistes » et « progressistes » pour le scrutin du 26 mai :  « Deux visions européennes s’opposent : une vision nationaliste et une vision progressiste. Par cette déclaration fin août 2018 à l’attention de M.Orban et M.Salvini, Emmanuel Macron fixait l’axe de sa campagne pour les élections européennes » rappelle M. Nguyen en   préambule de son analyse. Elle démontre, note Bruno Gollnisch,   que les thématiques que  l’opposition nationale a su imposer dans le débat politique ont largement infusé dans l’opinion, sont en phase avec ses attentes…même si elles seront évacuées du référendum macronien.

    A la question « 10 ans après, si c’était à refaire, voteriez-vous oui  ou non au référendum de ratification de la constitution européenne? »  62% des sondés voteraient « non », soit   « 7 points de plus  par rapport à 2005. » Il est notable également que le fait   identitaire, au sens large, est particulièrement prégnant dans les préoccupations de nos compatriotes.  Pour preuve, les réponses  enregistrées par l’Ifop à cette question : « Parmi les problèmes suivants, lequel explique le mieux selon vous la montée du populisme et des votes protestataires en Europe ? » 32 % des sondés placent   « L’immigration » en tête, devant « La dégradation des conditions de vie - pouvoir d’achat, logement » (29%), « Les problèmes d’intégration des personnes d’origine étrangère » (13%), « Les problèmes de sécurité » (12%),  « Le chômage »(9%)…

    « 58% des Français pensent ainsi que dans 10 ans l’UE sera plus fragile et faible qu’aujourd’hui. Comment dès lors vouloir coûte que coûte défendre une institution qui ne vous écoute pas et ne vous apporte pas de résultats? » s’interroge David N’Guyen. « A terme, c’est l’attachement même à un système démocratique qui est remis en question : en octobre 2017, près de 4 Français sur 10 adhéraient à l’idée selon laquelle  la direction du pays devrait être confiée à un pouvoir politique autoritaire, quitte à alléger les mécanismes de contrôle démocratique s’exerçant sur le gouvernement. S’il ne s’agit ici que de déclarations purement théoriques, il serait néanmoins illusoire et naïf de croire en un attachement éternel et universel au système démocratique en Europe »  écrit encore M. N’Guyen. Mais il  peut être pertinent d’être moins catégorique en expliquant  cette remise en question du système démocratique du fait de  sa confiscation par une caste qui refuse justement  de répondre  aux aspirations populaires majoritaires de protections sociale, économique et identitaire…

    Mais nous sommes pleinement en phase avec la conclusion de l’auteur de cette étude quand  il relève qu’ « Il existe bien un clivage transpartisan entre pro et anti-européens au sein de l’opinion française Ces ingrédients laissent présager une montée des suffrages anti-européens dans les prochaines intentions de vote et, par réaction, un regroupement des pro-européens derrière la bannière étoilée la plus haute à ce jour : La République en Marche. » Nous y sommes et le tableau  du  rapport des forces devrait  encore  se préciser dans les semaines à venir.

    https://gollnisch.com/2019/02/06/la-remontada-demmanuel-macron-logique/

  • Stéphane Ravier : « Cette loi anti-casseurs n’est pas anti-casseurs, elle est anti-Gilets jaunes »

    Entretien du 5/02/2019 avec Stéphane Ravier, sénateur RN des Bouches-du-Rhône. 
    Pour RT France, il apporte son point de vue sur la loi anti-casseurs qui a été votée par une large majorité des députés et qui doit être examinée au Sénat le 12 mars.
    Source: RT France (YouTube)

  • Au-delà de la révolte contre le fiscalisme :LA NÉCESSAIRE RÉVOLUTION IDENTITAIRE

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    Editorial du n°50 de la revue Synthèse nationale 

    Roland Hélie Directeur de Synthèse nationale

    Chaque samedi depuis le 17 novembre, date de la première mobilisation nationale des Gilets jaunes, c’est la même rengaine : le ministre de l’Intérieur Castaner tente piteusement de mettre sur le dos de "l'ultra droite" les scènes de violences qui émaillent les manifestations à Paris et en pro­vince. Il s'agit là d'une véritable imposture.

    La tarte à la crème du "complot d'extrême droite", tant de fois servie par les cé­nacles de paranos qui depuis des décennies servent de "gouvernements" à la France et relayée par la presse aux ordres, était la recette parfaite pour tenter de marginaliser les opposants au Système. Mais celle-ci ne fait plus l’effet es­compté. Castaner a beau essayer de la remettre sur la table, plus personne n'est dupe.

    Le 24 novembre, sur les 140 interpelés, n'en déplaise au pouvoir chancelant, au­cun n'était fiché "extrême droite". Samedi 1er décembre, ceux qui ont saccagé en toute impunité et devant les caméras de télévision l'Arc de Triomphe ou brûlé des voitures dans Paris n'étaient pas des nationalistes. C'était, d'une part, les supplé­tifs d'ultra gauche du ministère de l'Intérieur envoyés par Castaner et sa clique pour discréditer le soulèvement populaire et, d'autre part, les bandes eth­niques venues en découdre et, éventuellement, "faire leurs provisions" à moindre frais à quelques semaines des fêtes de fin d’année. Assez de men­songes, le jour approche où les manipulateurs de l’information devront enfin rendre des comptes.

    L'extrême gauche mélanchoniste et son excroissance intitulée "antifa" ne sont que les petits domestiques serviles du Parti de la Finance mondialisée incarné par Macron, Castaner et consort... Ils sont là pour exécuter les basses œuvres que leur commandent leurs maîtres. Rien de tel qu'un gauchiste internationaliste pour servir les intérêts d'un financier mondialiste. Cette mascarade a assez du­rée...

    Seul le gouvernement porte la responsabilité des événements : 

    • En conduisant le peuple français à la précarité en multipliant les taxes et les vexations, il a suscité la juste et saine colère des Gilets jaunes. Et lorsque l'on tabasse son peuple, il ne faut pas s'étonner que celui-ci réagisse parfois de ma­nière violente. Cela, Macron ne l'a visiblement pas appris à l'école (fut-elle de la ré­publique)...
    • En ayant laissé se développer une immigration incontrôlée engendrant dans les banlieues des bandes de racailles semi-sauvages qui font régner la terreur et qui sont complètement dépourvues de toute éducation, il ne faut pas s'étonner que celles-ci viennent, « au mieux » saccager les villes et piller les magasins et au pire, comme ce fut le cas à Strasbourg, massacrer des passants au hasard... 
    • En envoyant ses sbires gauchistes provoquer des débordements, le pouvoir joue aux apprentis sorciers... Avec de telles sottises, il ne faut pas s'étonner si l'on se retrouve dans une situation qualifiée "d'insurrectionnelle".

    Et les nationalistes dans tout cela ?

    Conscients de leur rôle d'aiguilleurs du peuple, les nationalistes sont bien-sûr présents, à Paris comme sur les ronds-points en province, pour expliquer au Gi­lets jaunes que, au-delà de leur légitime révolte, c'est une véritable révolution qu'il faut préparer. Une révolution nationale, sociale, populaire et identitaire... Macron est en train de brader la France. La course contre la montre est engagée. Dernier exemple : le gouvernement vient, en toute discré­tion (à croire que les émeutes tombent à pic pour faire passer la pilule), de ratifier, les 10 et 11 décembre derniers à Marrakech le pacte de l'ONU sur les migrants qui légitime une immigration encore plus massive vers l'Europe.

    Synthèse nationale a publié un tract pour expliquer aux manifestants le soutien que les nationalistes apportent à leur action. L'accueil enthousiaste que nous ont réservé les Gilets jaunes montre que ceux-ci commencent à prendre conscience du véritable combat qu'il faut mener. Nous n'en sommes plus au stade des négociations ou des compromis. Le Système est au bout du rouleau. Il n'y a plus rien à attendre. Il faut une véritable rupture avec les dogmes qui sont ceux des politicards, de gauche comme "de droite", qui se partagent depuis trop long­temps le pouvoir. Il faut que notre pays retrouve son indépendance vis à vis des conglomérats multinationaux, il faut une politique au service de la France et des Français d'abord.   

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    http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2019/02/05/au-dela-de-la-revolte-contre-le-fiscalisme-la-necessaire-rev-6126744.html

  • Royalistes et Gilets jaunes, aujourd'hui.

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    En ce début février, les manifestations des Gilets jaunes n’ont pas cessé, et si le nombre des manifestants semble décroître, il n’est pas certain que les raisons de manifester, elles, sont moins nombreuses ou moins importantes. En ce sens, le grand débat national, pour motivant qu’il soit pour la réflexion et la proposition, n’est ni suffisant ni satisfaisant pour apaiser les colères multiples qui ont envahi le champ social et les lices politiques, ce qui ne signifie pas qu’il faille le déserter mais simplement qu’il ne faut pas en attendre grand-chose de concret, référendum ou non.

    Désormais, le samedi est devenu, au fil des semaines, le marqueur des manifestations, et le calendrier passé en compte déjà douze depuis le 17 novembre, date inaugurale des promenades en jaune. Les royalistes y ont sorti régulièrement leurs drapeaux, comme nombre d’autres mouvances, et la photo d’un sacré-cœur chouan côtoyant le portrait de Che Guevara en est la plus récente illustration, inattendue autant que surprenante pour qui oublie les conjonctions paradoxales des temps d’épreuves et de tempêtes : en 1940, les royalistes d’honneur que furent Honoré d’Estienne d’Orves, le colonel Rémy ou le camelot du roi Luc Robet, et tant d’autres, ne se posaient pas la question des opinions de ceux qui partageaient leur aversion pour cette Occupation malvenue et choquante que tous subissaient. Bien sûr, et fort heureusement, nous ne sommes pas en 1940, mais, pour nombre de royalistes sans œillères et lecteurs de Bernanos, l’alliance des « Blancs » et des « Rouges » contre le Pouvoir en place et pour la revendication, fort légitime, de justice sociale (formule chère aux monarchistes qui n’oublient pas que c’est le roi Louis XVI qui l’a « inventée » !), peut justifier ces compagnonnages étranges et limités dans le temps. D’ailleurs, en réaction à cet état de fait, certains provocateurs se réclamant d’un nihilisme brutal ou d’un trotskisme suranné n’ont pas hésité à jouer les « épurateurs » contre les volontaires du Roi, au risque de faire le jeu d’un Pouvoir qu’ils disent combattre quand, concrètement, ils le protègent par leurs exclusives politiciennes.

    Les royalistes, dont la fibre sociale s’est révélée plus sensible que chez nombre de « conservateurs » partisans d’un « ordre républicain » qui n’est rien d’autre, en définitive, qu’un « désordre établi », continuent à jouer une partition particulière dans cette contestation inédite : enracinés dans leurs terroirs et dans l’histoire longue de la nation France, cette nation qui n’est pas née en 1789 ni par la mort du « roi Capet », les royalistes évoquent la nécessaire justice sociale, préférant souvent le mot d’équité à celui, plus ambigu, d’égalité même si, en privant cette dernière d’une majuscule qui la pétrifie sans profit pour les citoyens et en la qualifiant selon les lieux et les corps publics, elle devient plurielle et légitime. Oui, l’équité territoriale, c’est-à-dire la reconnaissance d’une inégalité protectrice car prenant en compte les situations et les conditions particulières des provinces, des communes et des corps intermédiaires ; oui, la justice sociale, c’est-à-dire le refus des inégalités démesurées et injustifiées qui ne sont rien d’autre, alors, que des injustices, parfois légales mais toujours illégitimes ; oui, l’égale dignité des travailleurs et de ceux qui n’en sont plus, par la retraite ou par la rente, dans la société et dans la contemporanéité ; oui, l’ordre public, qui n’est pas forcément « républicain », pour que chacun soit préservé des effets dévastateurs des désordres et des incivilités qui sapent la bonne entente sociale au profit des plus méprisants ou des plus violents (qui sont parfois les mêmes)…

    Le message royaliste n’est pas, pour autant, un message utopique ou seulement catégoriel : il est le rappel de ces quelques principes simples qui peuvent ordonner la vie sociale comme le débat politique et institutionnel. S’il peut offrir aussi un débouché à la contestation et à la discussion, c’est que, bien que partisan, il prône une magistrature suprême de l’Etat dont la légitimité ne repose pas sur des urnes présidentielles qui sont trop souvent de véritables boîtes de Pandore, mais s’appuie sur la longue suite des temps et l’indépendance statutaire ouverte par le mode même de transmission du sceptre de père en fils, sans que ni l’un ni l’autre ne puissent s’en échapper… Ce non-choix est la condition première de sa position d’arbitre institutionnel au-dessus des partis et des factions, au-delà des péripéties parlementaires et des pressions des nouvelles féodalités financières et économiques. Elle est, à l’heure des campagnes millionnaires et communicantes, la liberté possible et nécessaire de l’autorité suprême qui rend possible les nécessaires libertés publiques.

    Puisque les questions institutionnelles s’invitent dans le débat après être descendues dans la rue, il n’est pas incongru que les royalistes conséquents et constructifs prônent l’instauration d’une Monarchie royale qui pourrait, de par sa nature et son statut, ouvrir la voie à la refondation des « républiques françaises », provinciales, locales, professionnelles, susceptibles de se gouverner par elles-mêmes dans le cadre protecteur de l’Unité française et sans le corset de « l’indivisibilité » qui, trop souvent, n’est que le synonyme de l’uniformité et de la contrainte venue d’un Etat parisien trop jacobin pour être honnête…

    http://nouvelle-chouannerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1531:royalistes-et-gilets-jaunes-aujourdhui&catid=53:2019&Itemid=64

  • Les gilets jaunes, c’est l’irruption des trolls dans l’action politique

    Les gilets jaunes, c’est l’irruption des trolls dans l’action politique

    Vincent Glad a notamment travaillé pour 20minutes.fr et Le Grand Journal. Journaliste à Libération, son approche du mouvement des gilets jaunes diverge de celle de ses confrères :

    Je pense que le traitement journalistique a beaucoup manqué d’empathie, de capacité à écouter et à prendre au sérieux les revendications des gilets jaunes. On a trop essayé de plaquer les codes politiques de notre classe sociale — où toute personne doit être classée rigoureusement sur une échelle politique allant de l’extrême-gauche à l’extrême-droite — sur les gilets jaunes qui, eux, ne se reconnaissent pas du tout dans cela. Au départ, pour la presse, le mouvement ne pouvait être que d’extrême-droite, manipulé par des gens plus intelligents qu’eux, c’est-à-dire Marine Le Pen et ses amis.

    C’était une forme de théorie du complot. Marine Le Pen n’a rien à voir là dedans, c’est un mouvement grassroots créé par des vrais gens, à partir d’une vraie colère. Un mouvement dans lequel on retrouve des gens d’extrême-droite, mais aussi des gens d’extrême-gauche et surtout beaucoup de gens apartisans.

    C’est un mouvement très compliqué, qui échappe totalement aux grilles d’analyses traditionnelles. Selon moi, les gilets jaunes sont dans la droite lignée des mouvements des places du début des années 2010, les Indignés espagnols ou Occupy Wall Street, qui réunissaient des sociologies très différentes, plus urbaines et plus diplômées. Mais c’était la même logique de collectifs auto-organisés avec des procédures de coordination horizontale.

    Les gilets jaunes ne disent plus « On est contre les 1% » mais « On est contre Macron ». Ce simple mot d’ordre « Macron démission ! » permet d’agréger beaucoup de gens ensemble qui ne pensent pas forcément la même chose. C’est faire du collectif avec des idées politiques antagonistes, en mêlant une diversité d’idées.

    Il est frappant de voir que le mouvement des gilets jaunes, qui a débuté sur la question des prix du carburant, a abouti à une revendication majeure qui écrase toutes les autres, à savoir le Référendum d’initiative citoyenne (RIC). À force de délibération sur les groupes Facebook et sur les rond-points, les gilets jaunes sont arrivés à la même conclusion que les Indignés espagnols ou Occupy Wall Street : le problème, c’est la démocratie représentative. Les Indignés espagnols disaient « Ils ne nous représentent pas », on pourrait reprendre ce slogan sur les rond-points.

    Les journalistes et les politiques ont eu du mal à comprendre cela au départ, alors que tout était exprimé clairement sur Facebook. Dans un mouvement social normal, on n’a pas accès aux réunions stratégiques de la CGT ou de la CFDT. Avec les gilets jaunes, tout est exprimé de manière claire sur Facebook, dans les Facebook Live d’Eric Drouet ou de Maxime Nicolle et surtout dans les millions de commentaires des internautes. C’est une masse d’informations qui est inédite. C’est un incroyable trésor. Le problème, c’est que sur ces groupes, l’énonciation est profondément différente du langage médiatique : c’est une parole plus brute, avec beaucoup de points d’exclamation, des fautes d’orthographe, une manière d’écrire qui ne se regarde pas écrire, une manière d’écrire comme on parlerait.

    Un journaliste normal – et moi le premier au départ – est entraîné à considérer cela comme de la parole dite de « troll ». Les trolls, ce sont ces gens qui vous répondent vigoureusement sur Twitter pour vous dire que votre article c’est de la merde, que vous êtes un vendu au pouvoir, voire un « collabo ».

    En fait, les trolls, plus largement, ce sont ceux qui ne pensent pas comme vous et/ou ne s’expriment pas comme vous. C’est une population que les journalistes ne voient plus sur internet. Ils existent, ils commentent sous tous les articles, mais on préfère ne pas les voir. Les gilets jaunes, c’est cela, c’est l’irruption des trolls dans l’action politique. Ces gens qu’on a négligés parce que leur parole était trop brute, trop loin de nos formats d’écriture qui sont aussi des formats de pensée.

    En tant qu’interface entre le Facebook des rond-points et le Twitter des centre-villes, je suis aux premières loges de cette incompréhension entre les deux mondes. Dès que je poste une capture d’écran d’un message d’Eric Drouet ou de Maxime Nicolle, je reçois une volée de commentaires méprisants sur leur orthographe: « Et encore cette orthographe de primates ! », « Le point commun entre tous les gilets jaunes est l’orthographe, la conjugaison, la grammaire et d’une façon générale le Q.I. », « Ils ont le niveau intellectuel proportionnel à celui de leur orthographe !! » (sic).

    Le mépris social par rapport aux gilets jaunes, je me le prends en pleine face tous les jours sur Twitter. Alors j’essaye tant que faire se peut d’expliquer que tout est plus compliqué que cela, que non, ce ne sont pas des débiles, qu’ils ont inventé des formes de mobilisations très intéressantes, que leurs leaders informels font preuve d’une transparence qu’on aimerait voir chez les leaders politiques.

    Je trouve que les meilleurs articles produits sur les gilets jaunes ont été faits par des journalistes qui ont pris le temps d’écouter les gens sur les rond-points, qui ont fait preuve de beaucoup d’empathie et ce, sans mépris social. C’est l’attitude qu’on aurait tous dû avoir. En journalisme, il ne suffit pas de tendre un micro. Il faut aussi et surtout écouter les gens et comprendre leur logique, ce qui est tout à fait différent. […]

    Au-delà des actionnaires, je trouve que le problème actuel du journalisme est que nous vivons dans une véritable bulle, loin de la vraie France. Je ne parle ici que du journalisme national, la presse régionale a moins ce problème et est nettement plus au contact de ses lecteurs. En Allemagne, les journaux nationaux sont basés à Berlin, Francfort, Hambourg ou Munich. En France, tout est centralisé à Paris. Être journaliste à Paris, c’est souvent n’avoir que des amis journalistes parisiens, ce qui crée ce qu’on appellerait sur internet « une bulle de filtres ». Quand j’ai fait mon école de journalisme, j’étais un petit mec de 19 ans venu de Lorraine. J’ai l’impression qu’on m’a appris à devenir un journaliste parisien. Pendant deux ans, je n’ai rencontré que des journalistes ou des futurs journalistes et quand je suis arrivé à Paris, j’étais parfaitement prêt pour intégrer cette bulle.

    Sur les gilets jaunes, c’est évident qu’on n’a rien vu venir. C’est une classe sociale qui n’est pas du tout celle des journalistes, avec un mode d’expression, un niveau de langage radicalement éloigné du nôtre. On a profondément manqué d’empathie au début, avec une forme de mépris social vis-à-vis de cette révolte qui ne ressemblait à aucune autre. On n’a pas voulu prendre au sérieux leurs revendications. Le « Macron démission ! » n’a pas été analysé, il a juste été vu au départ comme de l’ignorance, comme le témoignage de manifestants qui ne comprennent rien à la politique, alors que c’était littéralement leur programme politique.

    Les médias ont eu un gros temps de retard sur le thème des violences policières. Moi qui suis plongé dans deux bulles de filtre différentes, celle des gilets jaunes sur Facebook et celle des journalistes sur Twitter, je voyais le fossé se creuser chaque jour un peu plus entre les deux arènes. D’un côté, Facebook pleurait avec ces mosaïques de gueules cassées au flashball. De l’autre, rien ou presque, à part le travail exceptionnel du journaliste indépendant David Dufresne, qui recense un par un tous les cas de violences policières sur son compte Twitter.

    Au début, je ne voulais pas y croire, je me disais que ce n’était pas possible. Le gouvernement ne pouvait pas sciemment demander à sa police de tirer à coup de lanceur de balle de défense sur la tête des manifestants. J’ai l’impression que j’ai été victime de l’habitus journalistique qui fait qu’on se méfie toujours de toute théorie du complot, qu’on est toujours trop mesuré, trop lent avant de s’indigner. Je me disais « ce n’est pas possible, l’État ne peut pas faire ça, ça ne peut être que des bavures isolées ».

    De toute façon, si la presse n’en parle que peu, c’est bien que ce n’est pas un sujet… Et puis les vidéos de violences policières s’accumulaient, s’accumulaient sur mon Facebook. Twitter était toujours aussi silencieux sur la question. Finalement, ce n’est qu’après l’épisode du commandant Andrieux à Toulon début janvier que la presse a commencé à vraiment traiter le sujet. On s’est rendu compte que le nombre de blessés suite à des tirs de lanceurs de balle de défense était délirant. Quand Check News de Libération a sorti le 14 janvier le décompte des blessés graves chez les gilets jaunes et les journalistes (94 à ce jour), j’ai réalisé qu’on avait vraiment merdé. Ce décompte fondé sur les documents amateurs qui circulait sur Facebook, on aurait dû le faire bien avant, dès début décembre. On n’aurait pas dû considérer que cette masse de photos et de vidéos policières qui circulait sur les réseaux n’était au fond qu’une forme d’infox.

    Je ne dis pas que la presse n’en a pas parlé. De manière éparse, la presse a évoqué ces violences policières. Mais elle ne s’en est jamais indignée. La police tirait sur la tête de manifestants et on faisait comme si c’était normal. Le rôle de la presse, ce n’est pas que d’informer, c’est aussi parfois de s’indigner. Et je trouve que dans notre grande majorité, on a perdu cela. Le journalisme n’est plus militant ou si peu.

    Nous sommes devenus des petits fonctionnaires de la vérité, obsédés par le fait de ne pas relayer des infoxs. Les vidéos de violences policières pleuvent sur Facebook mais nous sommes au-dessus de cela, on ne va quand même pas prendre au sérieux des documents amateurs qui ne prouvent rien. Or, c’était précisément notre métier de sortir ces vidéos de Facebook, d’enquêter sur le contexte et d’attester qu’elles étaient authentiques pour les porter dans le débat public. Qui a été montrer à Christophe Castaner ces vidéos ? C’était pourtant notre rôle. Si le journalisme a perdu ce côté militant, ce n’est pas de la faute de Drahi, Bolloré ou autres. C’est de notre propre faute. […]

  • Gilets Jaunes et syndicats : attrape-moi si tu peux ! – Journal du mardi 5 février 2019

     

    Gilets Jaunes et syndicats : attrape-moi si tu peux !

    Je t’aime moi non plus ! La CGT tente de rattraper le train de la contestation des Gilets Jaunes. Assez maladroite depuis le début du mouvement, la direction de la Centrale se verrait bien récupérer le mouvement.

    Banlieues : Macron en marche vers le clientélisme ?

    Toujours aux abois face à la crise des Gilets Jaunes, Emmanuel Macron poursuit sa tournée pour le grand débat national. Mardi, le président avait rendez-vous à Evry pour angler sa communication sur les banlieues, un terrain cher aux politiques pour faire de la récupération facile.

    “Deepfake” : la technologie au service des “fakenews”

    Après les fakenews, les deepfakes. Le phénomène de trucage hyperréaliste de vidéos inquiète autant qu’il fascine. Ce nouveau procédé de manipulation de l’information

    L’actualité en bref

    https://www.tvlibertes.com/gilets-jaunes-et-syndicats-attrape-moi-si-tu-peux-journal-du-mardi-5-fevrier-2019

  • Facture d’électricité : la baisse promise par le gouvernement devient… une hausse

    Et hop encore une bonne nouvelle pour les pauvres retraités les classes moyennes  Macron enterre la France il nous ruine ce type est ignoble , il nous prends pour des vaches a lait;

    FACTURE D’ÉLECTRICITÉ : LA BAISSE PROMISE PAR LE GOUVERNEMENT DEVIENT… UNE HAUSSE

    Les taxes sur le carburant ont valu au gouvernement une fronde qui dure maintenant depuis un mois et demi. L’essence est pourtant loin d’être la seule énergie surtaxée par l’État : la moitié de la facture d’électricité correspond à des impôts payés par le consommateur. Une baisse avait été annoncée par Edouard Philippe. C’est pourtant une hausse de presque 6% qui sera prévue.

    Le prix de votre facture d’électricité n’est pas seulement dû à votre consommation domestique, mais aussi aux taxes : soit 54%, un chiffre n’apparaissant pas sur les factures. D’après le Canard Enchaîné, elles ont presque doublé en 15 ans. Dans le détail, sur 100 euros de consommation, l’Etat prend 35 euros d’impôts, 40 euros sont réservés à la distribution et au transport et 25 euros dédiés à la production. En clair, ramenés au prix hors taxes, les prélèvements de l’État représentent 54 %.

    Le kilowattheure n’est pas seulement frappé par la TVA (20%) mais par une série d’autres taxes. La Contribution au Service Public de l’Electricité (CSPE) a sérieusement augmenté et compte pour 15% dans le prix du kilowattheure. En 2002, cette taxe vous coûtait 3 euros, aujourd’hui elle s’élève à presque 23 euros. Elle servirait à racheter les énergies renouvelables (solaires et éoliennes).

    La Contribution Tarifaire d’Acheminement (CTA) représente 5% et est prélevée par le fournisseur. Elle financerait le régime spécial de retraite des salariés du secteur électrique.
    La Taxe sur la Consommation Finale d’Electricité (TCFE) serait reversée aux départements et municipalités. Elle représente 7% du prix du kilowattheure initial.

    LE GOUVERNEMENT FAIT VOLTE-FACE

    En décembre dernier, le gouvernement avait promis de revoir les taxes à la baisse dès le 1er janvier 2019. Pourtant, le gel des tarifs réglementés ne vous fera peut-être pas réaliser d’économies. Une augmentation de 5,9% TTC du tarif de l’électricité pratiqué par EDF est prévue dès juin prochain. Les ménages, se chauffant à l’électricité, pourront voir leur facture atteindre jusqu’à 85 euros par an. C’est ce qu’a proposé la Commission de Régulation de l’Energie (CRE). Le gouvernement prendra sa décision dans les trois prochains mois. Il est cependant possible de choisir des offres à prix fixe et par conséquent d’éviter des hausses de taxes. Le fournisseur s’engage à ne pas augmenter ses tarifs (dont le prix HT de l’abonnement et celui du kWh) pendant une certaine durée. Des sites de comparateurs proposent différentes offres comme Hopenergie.

    https://www.valeursactuelles.com/economie/facture-delectricite-la-baisse-promise-par-le-gouvernement-devient-une-hausse-102604

    https://ns2017.wordpress.com/2019/02/05/facture-delectricite-la-baisse-promise-par-le-gouvernement-devient-une-hausse/

  • Éric Zemmour : « La France, terre de violences et patrie de la guerre civile »

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    Manifestation à Toulouse, le 26 janvier. - Crédits photo : AFP

    Le thème de « la haine française » molle ou violente, est ancien. Haine de soi ou haine entre soi. Maurras en a traité il y a un siècle dans un livre - Quand les Français ne s'aimaient pas, (1916) - dont le titre a été des milliers de fois repris en divers sens.  Aux exemples qu'il donne, Zemmour aurait pu ajouter la Fronde, la Commune ou l'épuration. D'autres encore. Son analyse appliquée à l'actualité est d'une grande lucidité. Comme d'habitude. (Figaro Magazine du 1.02). LFAR

    Des blessures à la tête, des gens éborgnés, des mains arrachées.

    A chaque semaine, son nouvel acte de manifestations de « gilets jaunes ». A chaque semaine, son nouveau lot de heurts, de violences, de blessures graves. Les « gilets jaunes » se plaignent des brutalités policières. Les policiers se plaignent de la violence des manifestants. Dialogue de sourds. Les deux camps n'ont pas tort. Depuis novembre, il y a eu, dans les rangs de la police, plus de mille blessés. Mais on n'avait jamais vu depuis Mai 68 les forces de police aller ainsi au contact des manifestants, les viser à tir tendu, à face d'homme et à courte distance ; jamais on n'avait vu charger la police à cheval, jamais on n'avait vu des blindés se mettre en branle, jamais on n'avait vu les effectifs de la BAC se déployer et attaquer. Depuis la mort de Malik Oussekine, en 1986, la police française s'enorgueillissait de ses méthodes pacifiques, qui évitaient le contact, et donc les risques de blessures ou de morts, ce que ne faisaient pas ses homologues anglo-saxonnes.

    Mais c'était avant. Avant le 1er décembre. Avant le saccage de l'Arc de triomphe retransmis par les télévisions du monde entier. Une humiliation nationale qui a été lavée par un changement de doctrine policière. Désormais, le temps du contact est revenu. Et le temps des dégâts aussi. D'où cette impression d'inédit, de deux poids deux mesures. D'abord, ce ne sont pas des « gilets jaunes » qui ont saccagé l'Arc de triomphe, mais des bandes de pillards venus de banlieue. Et puis on se souvient justement des émeutes de banlieue de 2005. Alors, aucune manifestation n'était déclarée (!) et pourtant les émeutiers ne furent jamais inquiétés. C'était le temps de l'ancienne doctrine. Celle du refus de tout contact. Une doctrine qui est toujours d'actualité dans les banlieues, lorsque les forces de police sont accueillies à coups de boulons, molestées, quand leurs voitures ne sont pas brûlées, y compris avec des hommes à l'intérieur.

    Jamais le ministre de l'Intérieur ne donna alors l'ordre aux forces de police de charger - bien au contraire ; jamais non plus les ministres, les députés de la majorité ne se permirent de lancer des insultes et d'accabler les banlieues du mépris dont elles abreuvent les « gilets jaunes ». Déjà, lors de la manifestation de 2013 de la Manif pour tous, on avait remarqué que les ordres donnés aux policiers étaient moins tendres. Mais le pacifisme des manifestants avait alors évité le pire.

    En banlieue, la passivité des forces de l'ordre a été interprétée comme de la faiblesse ; le rapport de force a changé d'âme ; la peur a changé de camp. On comprend que les policiers ne veuillent pas revivre ça. Mais pourquoi se venger sur les « gilets jaunes »? Cette violence, cette fureur, cette colère, venues de toutes parts, rappellent à ceux qui l'avaient oublié que la France a toujours été un pays violent, un pays de haines mal recuites, d'affrontements brutaux, de luttes des classes, de guerres de religions et de guerres civiles. La France est ce pays où les Français passent beaucoup de temps à ne pas s'aimer et même à se détester les uns les autres. Et ce temps semble bel et bien revenu. 

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    Eric Zemmour

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/02/04/eric-zemmour-la-france-terre-de-violences-et-patrie-de-la-gu-6126176.html

  • Balles en caoutchouc ou « bastos » ?

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    À la mi-janvier, un médecin, le docteur Laurent Thines, neurochirurgien au CHRU de Besançon, ému par la gravité des blessures provoquées par l’utilisation des lanceurs de balle de défense lors des manifestations, a lancé une pétition pour demander un moratoire dans l’utilisation de ces LBD et des grenades de désencerclement.

    Cette pétition a, semble-t-il, rapidement recueilli un grand nombre de signatures. La plupart des blessés graves l’ont été au visage, ce qui est étonnant sachant que, théoriquement, les policiers ne doivent pas viser la tête. Il peut, bien sûr, s’agir d’accidents dus à des tirs mal contrôlés. Les blessures au visage sont non seulement graves, mais aussi spectaculaires, et marquent davantage l’opinion publique que des blessures au thorax ou des ecchymoses sur les jambes. L’impact dissuasif est beaucoup plus important. Est-ce l’effet recherché ?

    Les enquêtes nous le diront peut-être un jour.

    A-t-on relevé autant de blessures chez les émeutiers de banlieue, par exemple en 2005 ou, plus récemment, au début de l’année 2017 après l’affaire Théo ? Il semblerait que non. Et si le caillassage de policiers et de pompiers fait désormais partie des faits divers, on a encore à l’esprit les images d’un chef de l’État se précipitant au chevet d’un jeune homme qui n’était pourtant pas un enfant de chœur.

    Y aurait-il deux poids deux mesures ? Comme si on acceptait que des truands puissent faire la loi dans certains quartiers en toute illégalité et que des citoyens français ne puissent manifester leur mécontentement en toute légalité ! Pourquoi utilise-t-on des blindés et des moyens de répression extrêmement violents dans les rues de Paris et pas dans les banlieues ?

    Est-ce parce qu’on considérerait que le mouvement des gilets jaunes qui remet en cause la vision jacobine de l’État et l’abandon des décisions politiques au profit de celles imposées par la loi du marché est plus dangereux pour la nation que l’établissement de zones de non-droit dans la périphérie parisienne et de certaines grandes villes ? Ces questions méritent d’être posées.

    Si c’est effectivement le cas, et si les « gilets jaunes » représentent pour les institutions un danger tel qu’il faille à tout prix enrayer ce mouvement, alors j’ai bien peur, malheureusement, que ces lanceurs de balle de défense ne deviennent insuffisants et qu’il faille avoir, un jour, recours à de véritables « bastos », comme le suggéraient des policiers toulousains dans un enregistrement révélé par le syndicat de police VIGI et publié par France 3 Occitanie le 31 janvier.

    Depuis le début, les autorités n’ont pas su prendre la mesure de ces manifestations. Le gouvernement enfermé dans sa tour d’ivoire, comme pourrait l’être un monarque entouré de courtisans serviles, a sans doute pensé que la violence suffirait à décourager les « ploucs » qui manifestaient.

    Après plusieurs semaines de trouble, on peut estimer que la répression violente est un échec et qu’il faut trouver des solutions durables à ces problèmes sociétaux, et pas seulement poser des rustines pour arrêter ce qui risquerait un jour de devenir de véritables émeutes.

    Sinon, les balles en caoutchouc ne suffiront plus pour sauver le régime.

    Dr. Jacques Michel Lacroix

    http://www.bvoltaire.fr/balles-en-caoutchouc-ou-bastos/

  • Sachez-le :

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